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[REQUÊTE] Ad Nauseam

[REQUÊTE] Ad Nauseam Brandw10
Jeu 18 Avr - 19:50

Acte I, scène I

Retrouvons nous, grandioses esprits, découvrons nous, esprit innocent


L’air sentait la poussière. La poussière lourde, encore meuble, martelée longuement par des pas incessants, la paix d’une ville entière troublée par quelques âmes avides. Andoria se tenait fière, citadelle dans la crevasse des terres brûlées, prise d’assaut par les crocs des envieux. Certaines personnes peuvent lire l’avenir dans les nuages, d’autres dans le marc de café. Alors qu’un long filet de fumée s’échappait de ses lèvres rouges, parviendrait-elle à lire leur avenir dans ces ondulations? Secrètement, elle espérait y lire les intentions carnassières de quelques joyeux lurons venus lui faucher l’herbe sous le pied.
Ils étaient arrivés à Andoria depuis moins d’une journée. Un petit groupe, une délégation minuscule, même. Et aussi hétéroclite que diverse. Les Xandriens sont fiers, marchent la tête haute au milieu du sable, de la cendre, troquant la glace pour le sol noir de suie. Mais leur projet secret valait bien toute la suie du monde, et les tâches sombres sur leur joue deviendraient les marques qui peignent les guerriers quand ils seraient auréolés du triomphe des vainqueurs.

Si seulement.

- Hari est furieux.

Une voix féminine résonnait derrière son épaule, tirant la petite poupée de Xandrie d’un songe éveillé. Lan-Lan tranchait sur l’Immaculée, citée des justes et des enfants de la pluie. Trop colorée, trop rouge, une spinelle mordante sur un lit de calcite. Abritée sous son ombrelle, elle semblait perdue, hors de son décor de velours et loin de ces salons coquets où seuls transpirent arômes nobles et exotiques. Apprêtée de ses atours de Xandrie, elle faisait… Tâche. Une tâche claironnante à l’image des anneaux de jade qui jalonnaient ses cheveux tressés, teintant joyeusement avec chacun de ses gestes comme une comptine ancienne, minérale. Ses yeux vinrent rapidement retrouver ceux de Miyuke, longue figure gracile, habile produit des cours ayant finit son parcours au Conservatoire. L’une comme l’autre se toisait secrètement, trouvant en l’autre la même réponse taciturne et le même désappointement. Pour Lan-Lan, cela se traduisait en un soupir nerveux, et le réflexe de mordiller le bout de sa pipe avec une nervosité qu’elle ne prit pas la peine de cacher.

Elle était en position de puissance sur cet échiquier sauvage. Ses chaussures n’étaient pas celles des nobles aujourd’hui mais celles des monétaristes, jolies souliers cousus d’Astras, d’or et d’aventures… Rentables. Oh, c’était une belle couverture, bien sûr. D’autres ambitions se logeaient sous ce front laiteux. Mais il était bien inutile de les révéler au grand jour.

J’imagine que les nouvelles ne sont guère charmantes. Il me tarde de les entendre. Un sourire jaune sur les lèvres, elle appuyait là où ça faisait mal.

Il fallait dire qu’ils avaient mis les astras sur la table pour aider le Conservatoire dans sa quête de connaissance. Une mission qui d’ordinaire n'intéressait pas beaucoup ses confrères, plus avides d’opérations financières ou d’objets rentables. D’ordinaire, elle aurait suivi sagement - ses affaires, elle les faisait ailleurs. Mais là… L’occasion était trop juteuse, l’objet de ses désirs trop sombre, trop mordant, servi sur un plateau de pitié. L’étude du viscuphage, maintenant, alors que le monde court à sa perte? Après tout, pourquoi pas, finançons le. Finançons-les, vous verrez. Tout est bon pour aider le monde dans ses découvertes, et c’est l’occasion de faire briller la nation, non?
C’était trop beau. Bien sûr, les bouches s’étaient déliées trop vite, l’opération avait fuité.

Opale et Epistopolie ont tous les deux dépêché une délégation. Avoua la scientifique. Leur objectif serait le même que le nôtre.

Miyuke cachait secrètement sa nature d’élémentaire de terre sous une silhouette élégante. Elle était une des trois scientifiques du Conservatoire à partir en quête du monstre. Les deux autres, Lilian et Yuri, devaient encore être en train de négocier le départ à la hâte pour espérer devancer les potentiels concurrents.
Devant ce piètre spectacle, Lan-Lan regardait d’un œil circonspect la tragédie en trois actes, dont le premier consistait en la découverte des racines de son mal.

C’est fâcheux. Ses lèvres s’entrouvrirent à peine, laissant seulement s’échapper un filet de fumée blanche en plus des mots énervés. Très fâcheux.

La vapeur poivrée s’envolait vers les colonnes, s’enroulant avec malice autour de la pierre. Ancienne, ocre, comme toute la ville qui semblait issue des contes qu’elle lisait enfant. Des histoires de princes, de princesses, de brume et d'histoires simples. Mais tout cela n’avait rien de simple. Et des princesses, il n’y en avait plus que dans l’imaginaire des petites filles.
Et notre fille était désappointée. Dans sa main roulait le bout de sa pipe, un épais bloc de bois d’ébène taillé de la forme d’un tigre dont les yeux jugeaient tout, et dont la gueule ouverte crachait sans cesse de grosses louches d’une fumée opaque et blanche. Ce n’était certainement pas du tabac, et ses senteurs boisées et fleuries laissaient supposer qu’il s’agissait d’un mélange savant d’herbes sauvages et rares.

Ne pas se précipiter… Si la situation semblait chaotique, elle ne l’était finalement qu’en apparence. Dans les faits, le jeu était plus doux. Trois factions, trois objectifs, une même cible, loin, au delà des frontières de la brume.

Faites prévenir Hari, nous allons devoir parlementer.

Miyuke releva un sourcil. Lan-Lan, quant à elle, se redressa, rangea son ombrelle, révélant à sa nuque les anneaux ondulants d’un dragon. Huang-Long, salamandre dorée aux écailles aussi brillantes que de l’or. Fidèle ami, obéissant reptile, il ne pouvait pas ne pas faire partie de l’aventure, n’est-ce pas?
Face à l’air surpris de Miyuke, la princesse sourit de plus belle.

Pourquoi cet air interloqué? Votre conservatoire est rattaché à l’Alliance, il serait mal avisé de ne pas brandir votre drapeau quand vous le pouvez. C’est une expédition dans la brume, qui plus est. Il n’y a pas de concurrence, là bas. Que la mort, si nous nous obstinons. La petite noble sonnait sans doute bien imbue d’elle-même pour sonner ainsi, petite conquérante coquette. Mais le sérieux de sa voix et son visage sage ne laissait rien passer, ni arrogance, ni mépris. Et je suis curieuse de connaître nos ennemis. Cette partie, là, était sans doute la plus sincère de son discours. Qui dit connaître, dit point de pression. Il y avait sans doute un accord à trouver. Et sinon…


Vous feriez mieux de prévenir le reste de notre délégation. Si nous ne trouvons pas un accord, nous allons devoir jouer le jeu de la vitesse. Jeu dangereux, surtout avec trois scientifiques à protéger. Mais quand il n’y a pas d’autres choix, c’est à celui qui avance le plus vite.

Et quelque chose lui disait que ces fous pourraient peut-être se révéler particulièrement habile pour la course de fond.
Lentement, elle inhala une dernière fois une bouffée de ce tabac sucré. Quand on mélange des fous avec d’autres fous, on s’expose à des surprises.

On reprend les mêmes.
Et on recommence.
Ad nauseam.


Résumons:

Ven 19 Avr - 17:29
Beaucoup trop de choses s’étaient passées à Opale. Des choses néfastes telles qu’on pouvait en attendre de la part d’Epistopoli et de sa façade de gouvernement. Mais rien n’échappait à l’œil du Magistère, ni à ses tentacules. Ils avaient livré un portebrume dans les tréfonds du Magisterium, un médecin qui avait participé à une expédition dans la Brume commandée par les quelques dignitaires qui portaient intérêt à l’avenir d’Uhr. Vladimir Von Arendt n’en avait pas fait partie, son supérieur ayant mésestimé l’importance ce qui serait découvert là-bas. Depuis, il avait pressé ledit médecin pour en extraire toute la substantifique moelle et en avait appris des informations d’envergure. L’existence d’un cristal d’omniscience que cet incapable larbin du Tartare n’avait pas été capable de leur ramener. Le cristal lui avait été dérobé, et il savait par qui. Vladimir, le savait. On ne parcourait pas ce monde pendant tant d’années sans en comprendre les coulisses. S’il ne pouvait mettre un nom, il en avait une vague idée et il avait mené ses recherches …

Ce fut donc sur ces mauvaises pensées que la diligence ornée des armoiries de la famille Von Arendt se stoppa à une dizaine de mètres devant les portes de la cité d’Andoria. Bien que le Myste fût de vigueur en Opale, nulle pile n’alimentait l’attelage, mené par des chevaux tout aussi authentiques qu’imposants. Il n’était pas pertinent d’embarquer trop de technologie issue du Myste dans le cadre d’une expédition dans la Brume. Pourtant, de larges véhicules automatisés suivaient la diligence, garnis des couleurs du Magistère et présentant leur sceau. Austères dans leurs armatures de métal, ils étaient tout en angles et ronronnaient en réponse aux lumières bleutées qui émanaient de leurs structures. Pareil détachement n’était jamais bien vu dans des contrées aussi reculées. Le Myste n’y était pas bienvenu, pas plus que l’ingérence d’Opale.

Une silhouette vêtue d’un justaucorps blanc qui le couvrait jusqu’à ses genoux s’extirpa d’un des véhicules à l’arrêt et tonna quelques ordres à la ronde. D’autres individus s’extirpèrent des véhicules et entreprirent d’en décharger les larges coffres. Des caisses métalliques aux relents inquiétants. Cerclée par des verrous mécaniques, elles semblaient contenir un large attirail en vue d’une opération de grande envergure. Rapidement, l’étendard du Magistère fut dressé et plusieurs balises électrogènes furent déployées de façon à repousser et maintenir toute incursion malicieuse. Des individus en armure noire s’affairèrent à déballer un grand nombre d’équipements de mesure qu’ils organisèrent en cercle autour d’une tente drapée du rouge magistérien.

- Baron, votre quartier est déployé. revint informer l’aide de camp qui semblait mener l’organisation du déploiement.

Il frappa au carreau de la diligence. Le pommeau argenté d’une cane écarta le rideau noir qui en protégeait l’intérieur. On devina un visage pâle dans lequel s’enfonçaient des prunelles orangées, surmontées par des sourcils courroucés. Le cocher descendit ouvrir la porte et laissa la place à un noble vêtu avec sobriété. Sa tenue était élimée sur les coutures et trahissait une mode un peu dépassée. Il tira avec lui une mallette usagée surmontée d’un nascent métallique et posa un talon sur le marchepied. Il contempla dans la clarté du jour le camp qui s’édifiait et où, au centre, une tente plus grande et décorée trônait. Vladimir opina du chef.

- Dépêchez-vous, nous devons prendre de vitesse nos concurrents. Hors de question qu’ils nous devancent. J’ai établi un itinéraire jusqu’au Lac, informez les Tartares. tonna-t-il, confiant d’un geste négligeant un parchemins gribouillé d’inscription indéchiffrables.

Il s’avança vers le camp en devenir, se retourna pour observer les murs d’Andoria. Il présageait peu de l’hospitalité de la cité, tout comme il n’avait aucun intérêt à y mettre les pieds si ce n’était pour les vivres nécessaires à leur trajet. Quelques commis chargés d’astras étaient aller s’en occuper avec pour dessein d’en apprendre un peu plus sur cette concurrence qui s’annonçait. Opale était en danger et personne ne semblait s’en soucier. Chacun y allait de ses desseins secrets. Pourtant, le danger était concret : le Mandrebrume se construisait une armée. Pire encore, selon le Tartare Jeremiah, il se rendait à Zénobie. Là où tout avait commencé. Hors de question de se laisser devancer par un arriviste doté d’un pouvoir qu’il ne maîtrisait pas. Vladimir savait que l’urgence était réelle : il fallait créer un contrepoint d’opposition. Un pouvoir propre à défaire leur adversaire. Tout ça dans la déliquescence que vivait Opale à présent. Il n’avait pas vécu si vieux en mettant tous ses nascents dans le même panier, tout comme il n’était pas venu ici par hasard.

- Friedrich, Alonzo. Etablissez-moi un cap sûr, et assurez-vous que le relais soit opérationnel avant notre départ. ordonna le Docteur aux deux autres scientifiques qui émergeaient de la diligence, et avec qui il s’était entretenu de la marche à suivre durant tout le trajet.

- Bien, monsieur. Le Docteur Forth s’attend à de nos nouvelles, dois-je le contacter ? Les premiers tests du projet sont … concluants. Êtes-vous certain de devoir poursuivre aussi loin ? questionna le premier, une sorte de petit blond aux yeux noirs.

Il portait la blouse traditionnelle des Assistants, tout comme son comparse chauve à qui il tira un regard perplexe lors que Vladimir soupira et s’en alla sans répondre. Ils savaient le personnage original et dangereux, mais beaucoup de secrets tournaient autour de lui. Comme pour la plupart des membres haut places du Magistère. Les deux assistants haussèrent des épaules et entreprirent de décharger une partie du matériel de la diligence tandis que le cocher s’occupait des chevaux. Au loin, sur les remparts, on pouvait déjà voir la garde de la cité qui s’agitait en les pointant du doigt. Il n’y avait jamais rien de rassurant lorsqu’une unité du Magistère s’installait à côté de chez vous.

Sous la tente trônait un portique dans lequel était suspendue une grande armure d’où exsudait une odeur nauséabonde. Des bougies parfumées avaient été disposées çà et là, cherchant à gommer l’odeur de putréfaction qui s’en échappait. Vladimir s’approcha de l’armure, tira de son sac une pièce d’armure marquée d’un nascent. Il en dégrafa la protection de torse et révéla une chair livide, scarifiée et gorgée de sutures. Encore chaude. Sans s’en conformer, il glissa la pièce d’armure à l’intérieur de la protection, sur sa face interne, et l’équipement se mit à vibrer. D’un geste précis, il referma le tout et verrouilla l’armure. Les vibrations s’intensifièrent. Puis, au bout de quelques secondes, les bras de l’armure se murent. Puis ses jambes.

- Prométhée, m’entends-tu ?

Silence, puis mouvement de tête. L’odeur s’estompa petit à petit pour ne plus laisser qu’un relent suave de transpiration mêlé d’une teinte saumâtre de sang. Les pièces de l’armure frétillèrent avant de se figer. Les gestes devinrent plus fluides et sous un signe du Spectre, l’armure fit un pas. Une bouffée d’orgueil envahit la poitrine de Vladimir. Si cette aventure dans les tréfonds de Xandrie avait pu servir à une chose, c’était bien celle-ci. Il sourit, posa sa main sur la poitrine de sa création. Bientôt il doterait le Magistère d’une armée à son image.

- Et à ma seule commande … se murmura-t-il, avant de secouer la tête.

Il frémit et ravala ce sentiment qui n’avait fait que s’amplifier depuis que l’existence du cristal d’omniscience lui avait été révélée. Pour la science, pour repousser les limites du possible. L’enrichissement personnel n’était … qu’un co-produit appréciable. Il calibra l’armure, resserra les lanières et conduit plusieurs tests de réactivité. Plusieurs heures s’écoulèrent tandis qu’il finalisait et adaptait les réglages. Puis, une fois qu’il fut satisfait, prit quelques pas de recul pour admirer son oeuvre.

- Parfait. Suis-moi et assure ma protection. ordonna-t-il tout en s’emparant d’un gant garni d’un cristal dissimulé.

Le Docteur s’affaira à s’équiper de ses menus effets avant de confier sa mallette à l’armure qui s’en empara d’un geste trop fluide pour être réel. Il s’engouffra hors de la tente et admira avec plaisir que tout avait été disposé en un temps record, de nombreux câbles s’étalant d’un ensemble d’écrans à quelques batteries de Myste. Des antennes et radars étaient disposés et les deux assistants étaient affairés à paramétrer on ne savait quels ustensiles de mesure. On y découvrait des relevés topographiques, des cartes de la Brume mais aussi des informations sur les diverses créatures et dangers qu’on pouvait rencontrer dans cette zone. Ils s’occupaient autour de l’itinéraire jusqu’au lac établi par Vladimir en identifiant les points de passage et, très certainement, leur propre agenda concernant les échantillons à collecter.

- Ah, Baron ! Tout a été installé, nous sommes prêts. Nos commis ont identifié une présence épistote et xandrienne non négligeable … Eux aussi nous ont repéré et nous avons, comme le Docteur Forth vous l’a ordonné … ahem, demandé … tenté d’établir des liens de coopération avec eux. l’interpella le chauve.

Il semblait suer à grosses gouttes à côté de l’armure qui accompagnait Vladimir, comme si la présence de la créature lui avait suggéré qu’il valait mieux rappeler ses éléments. Au cas où. Coopérer avec les rats de Xandrie ou les parvenus d’Espistote … de belles perspectives en somme.

- Venez-en au fait, Alonzo. Nul besoin de faire de l’exposition. soupira le Baron.

- Il … hum … n’est peut-être pas opportun que le projet vous accompagne. Le test est purement … mécanique.

- Votre esprit est étriqué, cher Assistant. Ne cherchez pas à concevoir les limites d’un ‘Projet’ dont vous ne connaissez que les contours. Tâchez-donc de m’arranger une entrevue avec les dignitaires des autres factions intéressés par notre proie, et expliquez-leur que de notre expédition résultera le salut d’Uhr. Je leur expliquerai personnellement pourquoi il est nécessaire qu'ils cessent toute concurrence et se soumettent à mon autorité.

Vladimir claqua des talons et tourna le dos au pauvre Assistant qui en resta bouche bée. L’armure riva quelques secondes son casque vers lui, comme s’il le jaugeait, puis emboîta le pas du Docteur. Une grande épée lui ceignait le dos. Le Baron lui avait fait revêtir une cape noire qui cachait son dos et battait au gré du vent. Il ressemblait en tout point à un soldat en armure intégrale. Il se déplaçait d’un pas lourd et régulier. On avait presque l’impression qu’il s’exhalait un râle régulier d’elle, qu’elle respirait.

- C’est … de l’humour, non ? commenta le chauve en observant le Baron et sa créature se présenter aux portes de la cité.

- J’espère. Je ne crois pas que les équipes concurrentes obtempèrent face à cette demande. répondit le très blond Friedrich.
Sam 20 Avr - 7:48

Acte I, scène I

La grande vadrouille


Sa main effleurait la pierre poreuse de la colonne avec une forme d’émerveillement. Les sables brûlants avaient été jeté par la fureur des siècles contre les édifices de la Cité Immaculée. Elle était toujours aussi blanche et fière. De toutes les villes qu’il avait pu voir, Andoria était de loin la définition de la splendeur. Son architecture n’était pas seulement belle. C’était trop facile. Elle véhiculait les erreurs et le génie de civilisations depuis longtemps oubliées. Et pourtant bien vivantes, à travers leurs descendants.

Il défit le voile de son turban indigo pour exposer son visage au vent cinglant. Une ombre planante fondit sur lui du bâtiment d’en face. Avec agilité, le petit narangpé avait volé en se servant de sa queue comme balancier et s’était agrippé à sa manche avant de se jucher sur son épaule.

-« Qu’est-ce que tu as encore été dérobé, Nagendra? Ne va pas déjà nous attirer des ennuis. »
Le narangpé avait l’air trop heureux pour plaider l’innocence. Ce qu’il fit quand même. De sa position, Keshârem surplombait un marché et voyait tout un panorama de tours et de coupoles aveuglantes. Si sa peau était plus blanche que la plupart des habitants et ses yeux d’une couleur improbable, son habit se fondait dans le décor.

Ou plutôt non. Car il avait été produit par un tailleur sur recommandation de Seraphah le Flamboyant, connu pour sa démesure. La kurta de soie bleue était tissée de sequin et de fil d’or sur sa partie inférieure, ainsi que sur le liseré autour de son cou. Il n’avait pu embarquer qu’à la condition de se livrer à un défilé, mais était parvenu à obtenir une version plus adaptée au voyage en terrain marécageux. Il avait à présent grande hâte de se rendre à la maison des Lames pour se changer. C’était la maison d’amis de l’ambassadeur. Val avait dû arriver le premier grâce à son hypervélocité. Et les scientifiques l’avaient précédé. Tous étaient partis en trombe d’Epistopoli à bord d’un dirigeable monté sur turbines pour devancer le Conservatoire.

Le pilote les avait déposé à deux lieux de la ville pour éviter d’attirer l’attention ou d’impressionner les Andorians.

Keshâ’rem ne pouvait pas faire l’impasse sur un moment d’émotion en se connectant à la cité de ses ancêtres. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il avait accepté cette dangereuse mission. Sans doute ne serait-il pas là sans sa participation à la mission d'Yfe, ou sans Val'Ihem pour se porter garant de lui.

-« Non ! Mais ne serait-ce pas mon petit renard argenté ? » roucoula une voix chaude un peu éraillée.
Incrédule, Keshâ’rem se retourna pour faire face à la vieille dame.
-« Mao ! C’est incroyable… tu ne peux pas être ici ! »
[REQUÊTE] Ad Nauseam 140h
-« Pourquoi donc ? Je voyageais seule bien avant toi… et je voyagerai encore bien après. » La légende disait que la marchande d’épices d’Epistopoli les enterrerait tous. Elle l’entretenait avec soin. « Et qui est cette ravissante petite chose ? L’as-tu trouvé en chemin ?»
-« C’est Nagendra. Un ami me l’a offert. »
-« Un ami… » se fend-elle d'un sourire espiègle de quelques dents manquantes.
Faisant claquer sa canne sur le pavé, elle fit mine de le contourner par la droite, puis par la gauche pour l’admirer.
-« Tu es devenu un fringuant jeune homme, Keshâ. Mais ce n’est pas une tenue d’aventurier ! »

Il ne saurait donc jamais ce qu’une vénérable vieille femme faisait seule à l’autre bout du monde. Elle avait un réseau commercial étonnant, de sorte qu’elle dénichait toujours les meilleurs thés et les épices les plus fines des quatre coins d’Urh. Mais il l’imaginait plutôt envoyer des coursiers pour entretenir ses contacts. Elle s’était toujours vantée de ses pérégrinations, mais il croyait qu’elle en inventait la moitié pour le faire rêver. Selon son idée, elle n’était jamais allée beaucoup plus loin que Xandrie.

-« Comment m’as-tu trouvé ? »
Le visage frippé de Mao se para d’une moue conspiratrice alors qu’elle regardait de droite à gauche, l'air zinzin.
-« Les korrigans, mon garçon. Ils sont partout. Personne ne fait attention à eux…
Je sais ce que tu fais là… ah la fièvre de la jeunesse… prend garde à toi ! Et change de tenue… tiens, attend, avant que j’oublie, j’ai quelque chose à te donner et je suis un peu pressée… »


Des innombrables replis de son habit en loques, elle tira un mouchoir brodé replié autour d’un petit coffret.
-« C’est ton héritage. Ne pose pas de question, accepte-le. Je t’expliquerai plus tard. Tu en auras besoin si tu comptes traverser les marais de Drolzin. »
Une expression perplexe se grava sur ses traîts.
-« Femme ! » tonna une voix caverneuse.
-« Olah ! Je dois te laisser, mon garçon. Sinon, il se pourrait que j’aie de gros ennuis. »

Keshâ’rem se tourna pour voir à qui appartenait cette voix imposante. Il s’agissait d’un élémentaire de terre, le premier qu’il ait pu voir jusqu’ici. Le temps d’interroger Mao du regard… elle s’était volatilisée.

-« Bonjour étranger », appela l’élémentaire, qui faisait trembler l’escalier de sa démarche à la fois lente et implacable. « Que te voulait cette femme ? Et où est-elle partie ? C’est une bannie. Lui parler est interdit. »
Trop de surprises en peu de temps lui faisaient craindre l'impair. Il était trop stupéfait par ce numéro de Mao. C’était quoi cette scène ?

-« Euh… je ne sais pas. Elle voulait me vendre un peu d’eau fraîche contre deux piécettes. »

L’homme-montagne était assez intimidant. Sept pieds de haut et des traits anguleux invitaient à ne pas l'énerver. Il ne laissait passer aucune émotion. Un long silence s’installa, comme si l’élémentaire avait pris racine et oublié leur conversation. Ou peut-être n’avait-il plus rien à dire. Les élémentaires de terre n’avaient pas l’air de chercher à meubler.
-« mmmh…. Etes-vous déjà venu à Andoria, Etranger ? Quel est votre nom ? »
-« Euh… je m’appelle Keshâ’rem Evangelisto. Je viens d’Epistopoli. Mais il paraît que je suis né ici. »
Un nouveau silence immuable s’installa. Seules les fentes de calcite au milieu du visage de pierre lui confirmaient que l’élémentaire le regardait. Il semblait avoir de l’autorité au sein de la cité.
-« Evangelisto… Comme le mari d’Aadhya… ces mêmes yeux… » découpa-t-il de sa langue rugueuse.
-« Oui, mais, oui je te dis. Une voiture du Magistère aux portes de la ville, avec toutes leurs tentes ! Ils vont nous envahir ! Elle portait un blason…» piaillait avec une animation une voix d’enfant en contrebas.
Malgré l’intérêt évident de la conversation, le sang de Keshâ’rem ne fit qu’un tour. Cela ne pouvait être une coïncidence. Il ne venait jamais pour rien. Pas question de se faire coiffer au poteau !

Keshâ’rem se pencha dangereusement par-dessus la rambarde et interpela le groupe de gamins :
-« Eyh ! »

L’homme-montagne aussi semblait prêter oreilles à la rumeur, sous des dehors impassibles.
-« Dis-moi, petit… tu es sûr de toi ? Tu peux me décrire l’emblème. »

A grands renforts de gestes les gamins s’exécutèrent dans le chaos. Mais le jeune homme avait un déplaisant sentiment de déjà-vu. Si c’était lui, raison de plus pour s’éclipser immédiatement. Il bondit dans l’escalier.
-« Quand vous aurez un peu de temps… » l’arrêta l’élémentaire, « revenez à la Citadelle et demandez-moi : Arvane. »

Il hocha fortement de la tête mais il était déjà en train de bousculer les citoyens entre les étals pour débouler à la maison des Lames sans être annoncé. Il agrippa la robe du premier scientifique de l’expédition :
« Remballez tout ! On part dans la demi-heure. Opale est ici. »
Des protestations s’élevèrent.
« Mais quel est ce boucan ? Vous n’avez même pas pris la peine de saluer notre hôte… je viens de défaire ma valise… »
-« Vous le voulez votre crocodile ou pas ? »
-« Ce n’est pas un crocodile, c’est un Viscuphage, jeune homme. É-norme Nuance ! »
-« Si vous voulez. Donc, le Magistère est là. On doit partir immédiatement. Où est Val’Ihem ?! On doit être prêts dans moins de trente minutes ! »

Ils avaient tous cassé son instant de communion avec Andoria. Mao, Arvane, le Magistère, le scientifique geignard. Pas même le temps de filtrer ce qui venait de se passer. Il vérifia dans un éclair de lucidité que Nagendra était toujours accroché à son épaule et se souvint qu’il avait cet étrange cadeau de Mao en main…
-« Val !! Où est le guide promis par le maître des Lames ? »
Résumons:
Mer 24 Avr - 12:38

Comme ce n’est absolument pas surprenant de tomber nez à nez avec les délégations d’Opale et d’Epistopoli. Qui d’autres sinon ? Aramila ? Laissez-moi rire. Ma chère Lan-Lan envoie cette chère Miyuke nous informer de la situation. Je la remercie mais elle doit probablement voir à mon regard que je m’en cogne un peu. Le roi m’a fait dépêcher en ces lieux qui me sont hostiles, en qualité de représentant de la couronne, mais officieusement comme un soldat de l’ombre devant s’assurer de la réussite de l’entreprise de mademoiselle Fà. Ce n’est pas vraiment un souci, j’ai déjà eu l’occasion de bosser avec elle, c’est une chic femme. Peut-être un poil trop princière, mais comment le lui reprocher étant les rapaces qui lui tournent autour. La présence de Violette m’étonnait davantage. Mais pas tant que ça non plus. Lan-Lan lui a certainement promis une riche récompense, lui offrant probablement une belle avance en signe de bonne foi.

De mon côté, je suis confortablement installé dans ma voiture, peut-être même trop. Le coude plaqué contre le rebord, la tête complètement posée contre la paume de ma main, je m’ennuie terriblement. Je ne recherche pas forcément de l’action, mais au moins de la bonne compagnie. Non. On ne m’offre même pas cette compensation. Je suis voué à obéir et subir les caprices des autres, dans l’ombre, sans rien en retour. Foutue vie d’assassin. Vivement que je quitte cette organisation de malheur et que je mette fin au règne de mon prétendu grand-père, le roi de Xandrie en personne. Je jette un coup d’œil à la scientifique encore présente à ses côtés. « Miyuke, prévenez mademoiselle Fà, je pars me dégourdir les jambes. Le voyage fut bien trop long. Et ces embouteillages m’exaspèrent. Elle comprendra. »

Elle n’a même pas le temps d’émettre la moindre protestation que je suis déjà parti. Puis, me fondant dans la masse, je disparais complètement, largement aidé par mon cristal de Camouflage. Je me faufile aisément à travers la foule, les différentes délégations, reconnaissant partiellement ce brave Vladimir Von Arendt. Est-ce une surprise ? Pas vraiment. Fervent scientifique du Magistère, sa présence n’en est que plus évidente. Il semble mener les opérations de son côté. Comme il est amusant de retrouver ces personnes rencontrées dans ce foutu manoir, ici, à Andoria, dans un contexte complètement différemment. Serons-nous amis ou ennemis ? Difficile de le déterminer. Lan-Lan enrage à l’idée d’être doublée par Opale, ça n’annonce rien de bon. Dommage, car Vladimir, aussi détestable soit-il, pourrait fort bien nous être utile.

Et enfin, Keshâ, lui aussi membre de cette fabuleuse équipe qui a mis fin aux agissements d’un terrible assassin. Un brin mystérieux, assez discret, mais pas moins autoritaire. Il dispose de beaucoup de ressources, j’en suis intimement convaincu. Ce n’est pas le petit aventurier qu’on croise aux abords de la Brume (oui, je pense à moi). Non. Lui, c’est un type qui a vécu des aventures, de véritables aventures au cœur de la Brume, aux côtés de patrouilleurs expérimentés, dans lesquelles sa vie s’est probablement jouée à peu de choses. En d’autres termes, dans tout cet attirail d’individus potentiellement dangereux, le plus terrifiant reste cet Epistolien. Non loin de lui se trouve un élémentaire que j’apprécie particulièrement : Arvane. J’attends qu’ils terminent leur discussion pour l’apostropher.

« Arvane ! Quel plaisir de te re voir ! Probablement le seul plaisir, d’ailleurs… »
« Mmmh. Vous êtes ? », rétorque-t-il d’une voix fort peu complaisante.

Quel idiot ! Je n’ai pas du tout la même allure que la dernière fois. Aujourd’hui, j’ai une longue chevelure blonde, lisse et soyeuse, coiffée en queue de cheval tenue par un somptueux nœud. Après tout, je suis un représentant de la couronne. Quant à ma tenue, je suis malgré tout équipé d’une tenue adéquate pour l’aventure à venir, mais d’une élégance tout de même supérieure. Les bottes, le pantalon et le manteau que je porte, à eux seuls, démontrent que je ne suis pas un simple cocher. Je peux ainsi comprendre qu’Arvane ne m’ait pas reconnu.

« Ne le répète à personne, mais c’est moi, Azur. Mais à ce jour, on m'appelle Geralt d'Omanie. »
« Comment aurais-je pu te reconnaître ? Cette tenue, cette tignasse, ce n’est pas l’homme que j’ai hébergé chez moi. », dit l’élémentaire d’un air songeur.
« Laisse tomber, mon ami. Bien trop long à t’expliquer, même si je suis certain que tu as déjà une vague idée. Puis, rappelle-toi, on me recherchait pour cette foutue carte. C’est probablement toujours d’actualité. Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ? »
« Comme tu le vois, c’est peuplé et bruyant. J’espère que vous allez rapidement trouver ce que vous cherchez. »
« Je l’espère tout autant que toi. »

Quelques échanges cordiaux et nous nous quittons amicalement. Arvane est un chic type. C’est un peu le papa de la Cité, le grand-frère, celui qui règle les soucis de sa famille. Bref, il est temps pour moi de voir ce qu’on peut faire pour accélérer les choses. Je déteste piétiner. Plus vite on s’enfoncera dans le bourbier et plus vite on rentrera. Ou on mourra. Je m’empresse alors de rejoindre celle que je sers au nom de la couronne. Son regard terrifiant, hautain, supérieur, peut bloquer tout individu sensé de l’approcher. Moi, le sens, vous savez ce que j’en fais.

« Mademoiselle Fà. », dis-je simplement pour saisir son attention. « Certains de vos amis semblent représenter les délégations étrangères à la nôtre. Mes instincts me poussent à faire le nécessaire pour définitivement mettre un terme à leur avancée, mais la doxa me dire que nous ferions là une terrible erreur. Mes fonctions ne sont que représentatives et contemplatives. Vous êtes celle qui donnez les ordres. Que décidez-vous, Mademoiselle ?»

J’ai envie de lui dire qui je suis, mais ce n’est pas utile pour l’heure, alors je préfère conserver cette formalité, cette distance entre nous. Apprendre qu’Azur se trouve ici ne rassurerait personne. Sa présence signifie souvent la Mort.

Résumé:
Mer 24 Avr - 20:31

Bordel c'est ça devenir adulte ?

Club des 5 (6)




Quelques jours plus tôt, Quartier Général des Maraudeurs

Dans le bureau du capitanat maraudeur qui depuis les tristes événements qui avaient secoué Opale n’était plus occupé, silencieusement posé sur une chose tout en regardant le ciel et les nuages, Violette était pensive.

Ce bureau… Le sien désormais. Succession avait été faite à travers l’expédition dans les montagnes, est désormais cette salle tout comme cette guilde était sienne. Du moins en théorie car l’absolutisme vis-à-vis de ses troupes n'avait toujours été dans l’histoire qu’une idée tout à fait théorique.

Coup sur coup, par son sauvetage du Roi puis sa nomination, cela faisait étrange au portebrume de passer subitement en moins de quelques mois de l’ombre la plus reculée à la lumière la plus totale. C'était un sacré changement qui à défaut de le faire changer l'oblige tout du moins à être plus sérieuse ne serait ce pour ne pas donner trop d'armes à ceux qui désormais voulait lui nuire ou la tuer.

Cela ne faisait que quelques jours, mais elle comprenait déjà toute la difficulté de ce genre de poste. Le poids des responsabilités, le poids du bilan, la jalousie, le pouvoir, le désir. Elle vivait déjà dans un monde de mort et de sang mais tout devenait si subitement plus concentré. Il lui faudrait du temps pour se fondre parfaitement dans le rôle que celui qui était son mentor et son prédécesseur voulait lui offrir.

Alors que le silence régnait, soudainement la porte s’ouvrait laissant passer un homme avec une pile de lettres à la main. En voyant ce tas, Violette soupira.

… Encore ?

L’homme la regarda.

Oui encore. C’est une des missions du métier. Uniquement se battre c’est pour les souffrir, maintenant vous allez aussi devoir apprendre à communiquer autrement que par les poings.

Cet homme du nom de Siegfried, élémentaire de glace de son état, était ce que l’on appelait un des hommes de l’ombre de la Guilde. Ceux qui se chargeaient de tout le volet administratif indispensable au fonctionnement d’une institution conséquente qui ne pouvait uniquement se reposer sur des imbéciles qui ne pensaient qu’à faire couler le sang et gagner de l’argent. Gestion administrative, réception des missions et des primes, garantie des caisses de la mutuelle des maraudeurs car oui, cette guilde avait sa propre mutuelle interne pour assurer les risques de ses membres confirmés en cas de blessure grave ou de mort.

Eeehhh…

Violette s’affalait sur sa chaise, fatiguée d’avance de la suite. L’élémentaire ne semblait pas s’en offusquer. Il avait l’habitude il fallait dire, en plusieurs siècles d’existence, il avait eu le temps d’en voir des maîtres de guilde différent, la plupart faisait toujours au départ preuve de mauvaise volonté avant de prendre de l’âge. D’aucuns se demanderait pourquoi n’est il pas devenu lui-même maître de la guilde. La réponse était toute simple, il ne voulait pas de cette lumière. Être dans l’arène, très peu pour lui. C’était bien plus agréable et surtout beaucoup plus libre que de son contentant de poste non exposé qui pourtant concentrait des pouvoirs importants.

Surtout si c’était pour devoir répondre à toutes ces lettres insipides de personnes qui désirait comme c’était l’habitude établir des liens avec un nouveau maître d’une grande guilde xandrienne en postulant sur son origine sociale en faisait une cible naïve et peu connaisseuse du jeu. Violette ne l’était pas, mais il fallait avouer que celà lui faisait tout drôle d’un seul coup recevoir de l’attention. La prudence n'empêchait ainsi nullement le fait qu’elle n’y était pas totalement insensible.

En dehors de toutes ces lettres inutiles, il y en a une qui a retenu mon attention, c’est celle des Fà, d’une de leur fille je crois. Regarde ça en priorité.

Il la posa sur son bureau avant de reculer et de partir laissant Violette avec ses devoirs complètement dépités.

Bordel…

Elle baissa alors les yeux vers la lettre de Lan-Lan qu’elle commença à lire. Lan-Lan, celui-ci lui rappelait quelques souvenirs. Madame 100 000. Le spectre machin bidule. Visiblement, elle la demandait pour une mission dans les terres brûlés, pour aller récupérer une saloperie dans les terres brûlés pour des motivations qui lui était purement personnelles et qui pour ainsi dire n’importait que peu la maraudeuse tant que ses motivations n’étaient pas portées contre sa personne.

En soit, en tant que cheffe de guilde, elle pourrait aisément refuser une telle demande même d’une grande famille mais… cela pourrait être utile de faire des liens d’une certaine manière… De plus, elle l’aimait bien. Une des rares personnes à être à la fois riche et pas chiante. Comme ce détestable vladimir, un enculé de première. Cela valait le coup de faire une faveur…

C’est ainsi qu’elle rejoignait l’expédition xandrienne, son rôle et son statut étant différent, Géralt et Lan-Lan pouvaient qu’elle dosait quelque peu ses vices par rapport à ce qu’elle pouvait faire tantôt. Quand bien même elle restait une mercenaire et qu’il fallait éviter de la provoquer ou de lui marcher sur les pieds. Elle se fondait petit à petit dans un rôle assez violent et rebelle pour lui permettre de ne pas se nier mais qui obligeait à certains codes, uniquement avec certaines personnes.

Une fois à Andoria, les dernières préparations pour avancer en terrain hostile tournèrent court quand la Fà rameuta tout le monde en constatant la présence de délégation étrangère ayant le même but qu’elle.

Silencieuse lorsque la noble expliqua la situation, Violette ne put retenir un sourire narquois et amusé quand Azur répondit.

J’te pensais pas si patriote.

Elle soupira avant de hausser les épaules.

M’enfin, s’ils veulent passer devant moi j’les encourage. Ils ne savent pas ce qu’ils font. Le lac c’est des kilomètres et des kilomètres de marécages hostiles. Et en dehors de la brume, il n’y aucun environnement plus difficile à franchir que ce genre de truc à part les jungles vierges et encore ça se discute. Même un mec expérimenté y va mollo, alors à marche forcée y aura des morts.

La boue, l’eau stagnante, la vase, les sables mouvants, les insectes, l’odeur, les parasites, une végétation parfois très dense, tout ça sans parler des monstres. C’était complexe. Surtout que contrairement à bien des endroits dans la brume, bonne chance pour affronter et esquiver un monstre adaptée aux marécages en ayant les pieds dans la boue et l’eau au genou.

C’était bien pour cela que ça l’étonnait de voir Lan-Lan décider d’aller elle-même sur le terrain accompagnée de scientifiques. Elle comprenait que cela lui tenait à cœur mais à moins d’avoir une carte en main qu’elle ne connaissait pas, ils devaient sans aucun doute clairement sous estimé la rudesse et la complexité de ce genre d’environnement. Les technos’ d’Opale et d’Episto devaient en faire tout autant.

Après… ce serait quand bien même mieux de négocier. Un déplacement groupé, c’est moins de risque de mort dans ce genre de lieu. Mais inutile de s’écraser, en cas de course le premier qui passe risque le plus la mort.

Enfin bon… il faut mettre tous les moyens de son côté…


Elle sortait alors son emblème de capitanat maraudeur avant de le mettre en évidence à son épaule. Un moyen assez simple de conforter Lan-Lan dans les futures négociations. Tout était une question de rapport de force, et la force serait avec ceux qui sont les plus crédibles à pouvoir réussir cette mission. Et le fait d’avoir avec elle, le chef de la plus grande guilde de mercenaire d’Uhr, rendrait bien plus crédible Lan-Lan en lui donnant par incidence encore plus de poids qu’elle n’en avait déjà pour imposer ses vues.

Jeu 25 Avr - 17:51

Acte I, scène I

Plus on est de fou, plus on rit ?


Quelle chaleur… Je n’avais jamais supporté les températures élevées. Et les terres arides ne portaient pas ce nom sans raison. J’avais l’impression que le turban qui entourait mon visage et mes cheveux était contre-productif. L’ample tunique beige qui cachait ma tenue de soldat était en revanche plutôt agréable à porter. Elle maintenait un léger air frais entre le tissu et ma peau. Et elle avait le mérite de masquer ma tenue qui aurait pu faire tache dans la vieille cité. Idéale pour se déplacer librement et glaner les informations des autres délégations en écoutant les échanges des habitants sur mon passage.

Les habitants d’Andoria étaient loquaces. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’une expédition passait par la cité. Bon… Peut-être pas trois dans la même journée. Mais je savais qu’une de mes expéditions était déjà passée ici. Je me souvenais être venu dans la ville, avoir été dans la brume en partant d’ici. Une sensation étrange s’était installée dans mon esprit. C’était comme si je ne connaissais pas cette ville. Les grandes colonnes, les rues pavées, les habitations en ruines… Ce n’était pas un paysage commun. Et pourtant, j’avais l’étrange impression de les avoir oubliées. J’étais venu avec Keir… Dans un flash, un visage masqué par les ombres et à la chevelure d’ébène se dessina dans mon esprit. Mais il disparut aussi rapidement qu’il était arrivé. Non… C’était avec Samy.

Mon second me manquait. Il était efficace et on pouvait compter sur lui. J’avais pu sentir un peu de jalousie en l’abandonnant à Epistopolie. Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas occupé d’autre chose que de former nos nouvelles recrues de la caserne. Entre temps, j’avais été envoyé à droite et à gauche en mission et cette fois encore, c’était sans lui. Au moins, je n’étais pas tout à fait seul. Il y avait quelques scientifiques. Mais surtout, il y avait Keshâ.

Lui aussi, je pouvais compter sur lui. Après tout, nous avions survécu à l’usine des bas-fonds. Une aventure entre la vie et la mort, ça rapprochait toujours. Quelque part, j’étais rassuré de ne pas avoir été envoyé seul ici. Et puis je n’étais jamais très à l’aise en présence de scientifiques. Il y avait quelque chose qui me dérangeait dans les blouses blanches sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Les militaires et scientifiques étaient probablement trop différents dans leur façon de penser… Il fallait peut-être que je retourne à la maison des lames histoire de ne pas laisser Keshâ seul avec eux…

La maison des lames était en pleine ébullition à mon arrivée. Tout le monde s’activait. Les 5 scientifiques qui nous accompagnaient avaient empaqueté toutes leurs affaires et étaient presque prêts à se remettre en route. Et de ce que je pouvais voir un autre groupe d'individus que je jugeais être des locaux préparaient également leurs sacs. Au milieu de tout cela, le jeune homme aux cheveux blancs appelait mon nom.

- Je suis là. C’est une bonne chose que vous soyez prêt à partir. Opale est là aussi. J’ai vu leur convoi.

- On le sait. C’est pour ça qu’il faut partir vite. On nous a dit que vous aviez un Zeppelin. Ça nous fera gagner du temps. Mais une fois aux portes de la brume, il faudra continuer à pied.

Je jetais un regard interrogateur à Keshâ. Qui étaient ces hommes qui allaient nous accompagner ? Ils n’avaient pas l’air d’être des soldats. J’avais l’impression d’être le seul bras armé de notre expédition. Mais ils ne nous accompagnaient pas sans raison. Ils connaissaient la région et les chemins les plus sûrs pour atteindre notre destination. C’était bien pensé. Le jeune Epistote avait un coup d’avance sur moi et sur le convoi Opalien.

- Très bien. Partons vite avant qu’il ne se passe quoi que ce soit qu’on regretterait. Avec un peu de chance, on sera déjà loin quand Opale et Xandrie se mettront des bâtons dans les roues.

Et aussi vite que nous étions arrivés à Andoria, notre convoi reprit la route qui menait au Zeppelin. Nous n’étions un peu plus nombreux qu’à notre arrivée. Mais les guides ne nous ralentissaient pas. C’était une bonne chose. Les scientifiques n’étaient pas des plus débrouillards. Avec un peu plus de monde, il allait falloir que je sois d’autant plus sur mes gardes. Un convoi d’une quinzaine de personnes pour un seul soldat… Ça n’allait pas être une partie de plaisir si les choses dégénéraient. Et il était impossible de prévoir quoi que ce soit dans la brume. Je me tournais vers Keshâ.

- J’aurais préféré des soldats plutôt que des guides… Mais on devra s’en contenter, j’imagine. Bien joué quand même. Au moins, on pourra peut-être conserver notre avance sur les autres.

Le Zeplin n’était plus très loin. Nous n’avions plus que quelques centaines de mètres à parcourir avant d’être à l'abri et de décoller. Avec un peu de chance, personne ne nous aura vu partir. Et avec encore plus de chance, nous serons arrivés à la frontière de la brume avec une bonne longueur d’avance sur les autres participants. Mon administration n’avait pas arrêté de me rappeler l’importance de notre succès. Ce n’était pas aujourd’hui que j’allais les laisser tomber.


Résumé:
Ven 26 Avr - 9:48

Acte I, scène II

Allons, nous n'allons pas nous faire la guerre, si?


Épines, épines, petites épines… La rose musquée se fane, ses pétales tombent en rafales, mais demeurent les épines…

La comptine lui revenait en tête à chaque pas qu’elle faisait vers les portes de la ville. Une histoire ancienne de romance empoisonnée, de passion toxique, d’avides représailles sous des traits élégants. Dans ta paume glisse la tige, épines, petites épines.

Quand la rose se meurt, quand tes yeux se ferment et que ton souffle s’épuise, seules demeurent les épines.


On pouvait ainsi la suivre dans les rues d’Andoria, les mots quittant ses lèvres en semant derrière elle un parterre de mélodies anciennes et piquantes, ne laissant pour seules écorchures qu’un mantra désastreux. Un feu secret animait ses prunelles mauves, spinelles rieuses qui couraient au devant du danger. Etait-ce l’esprit de la guerre, le besoin irrépressible de mettre le feu aux poudre? Ou tout simplement l’envie de tisser l’histoire et d’être l’instigateur secret de manigances chaotiques. Seul demeurait, en cet instant de solitude, le sourire extatique de pouvoir enfin semer quelques calamités.
Mais comme tout le reste, la joie n’a qu’un temps. Comme les calamités.

En arrivant aux portes de la ville, une première chose attira son attention; Geralt, d’une part, Violette, d’une autre, quelques hommes et femmes des maraudeurs en renfort et Miyuke derrière eux qui revenait avec Yuri et Lilianne, les deux autres scientifiques du Conservatoire qu’il faudrait escorter. Avec elle, la délégation atteignait une dizaine d'âmes: bien assez pour affronter la brume.
Miyuke avait vite fait, Lan-Lan détourna sa route vers eux quand une ombre remarquable l’attira vers un autre spectacle - et quel spectacle. Comme les dictateurs et leur parade militaire, un convoi signé Opale donnait tout ce qu’il pouvait pour voler l’attention. Une débauche de moyens qui lui donnait presque la nausée. Un sourire acide éclaira son visage. Dans la brume, on ne jouait pas à qui avait la plus grande, autant de moyens pour si peu… Ses yeux s’arrêtèrent un moment sur le blason qu’ornait un char. Familier… Trop familier. Se pourrait-il…?

Retrouvant ses comparses, elle ne put retenir une moue désobligée; mais Geralt passa outre pour lui donner un avis… Tout aussi acide.

Monsieur d’Omanie… Murmura Lan-Lan à l’attention de son comparse, garde-fou seigneurial et fine lame bien camouflée sous des airs princiers. Un tableau dont elle avait déjà pu apercevoir l’esquisse, recouverte d’autant de couches que de secrets. Elle mourrait d’envie d’enfoncer ses ongles dans cette peinture, d’arracher de ses propres phalanges son véritable nom, puisque le sien changeait d’une histoire à une autre. Le tigre blanc du roi devait bien cacher son jeu non? Tout le monde porte un masque, en ce bas monde. Mais elle voulait voir le sien tomber. Ne vous rabaissez pas, nous savons tous les deux que vous êtes bien plus qu’un atout contemplatif ici. Mais je comprends votre empressement.

Couper court à leur élan? L’idée était appréciable, même si son exécution n’avait rien de faisable. Du moins, pas sans passer du mauvais côté de la diplomatie. Sang versé, intoxication… Arrêter tout un convoi n’était pas si compliqué. Mais mieux valait rester cordial avant d’en arriver là.
La remarque de la maraudeuse lui arracha un sourire amusé. Violette semblait du même avis - elle gardait un œil luisant d’intérêt sur la mercenaire, dont l’apparence avait un rien changé en quelques mois. Des souvenirs d’Opale - toujours Opale - qui lui avaient coûté un œil. Son aura était celle d’une guerrière, à présent couronnée de son écusson de cheffe. Elle apprécia son renfort discret et sa présence subtile, un geste qui ne passait pas inaperçu pour la monétariste. Avoir le soutien de son groupe avait de quoi griser n’importe qui. Mais dans ces circonstances… Il fallait savoir garder son sang froid.

Votre sagesse vous honore, Violette. Je partage votre point de vue. Elle se félicita intérieurement de l’avoir conviée. Comparé à la débauche de moyens qu’Opale avait mis en œuvre pour leur subtiliser leur butin, ils semblaient bien peu nombreux, petits Xandriens.  

Et pourtant, ils ne manquaient pas de poids. Et elle le savait bien, petite noble aux airs de poupée. Au-delà du renfort des maraudeurs et de la couronne Xandrienne, elle représentait avant tout son client - le Conservatoire, lui-même un rejeton de l’Alliance. Et tenter de siphonner ce précieux consortium diplomatique pouvait coûter cher. Qui pourrait faire un procès à un juge? Vouloir devancer Panoptès dans ses affaires pouvait avoir de sacrées retombées, surtout en connaissance du climat actuel. Alors que la brume rongeait Opale un peu plus chaque jour, et qu’Epistopoli se retrouvait sous le feu garnis du monde pour avoir engraissé son pire ennemi, le Mandebrume, ces deux délégations allaient devoir retrouver leur juste place dans ce débat. Au risque que leurs égos ne viennent les rattraper jusque sur la scène internationale, Lan-Lan était déterminée à ne pas perdre sa vie pour des ambitions puériles. Les siennes? Peut-être. Mais elle était bien trop fière pour le reconnaître.


D’un pas décidé, elle se lança à l’assaut. Légère. Souriante. Accueillante. Mais tout son corps trahissait qu’elle ne tolérerait pas un refus. Ce fichu écusson… Le destin joue parfois des tours curieux. Rapidement toisée par le cortège, elle fit comprendre d’une main indiquant la maraudeuse et le représentant royal, d’une autre, elle révélait la présence de Huang Long à son cou - à lui seul une clef qui ouvre bien des portes - qu’elle n’avait rien d’une spectatrice ordinaire. Pris de court, on les laissa passer sans faire trop d’histoires. Ah? Autant de zèle pour qu’ils fendent le cortège? Cela ne pouvait signifier qu’une chose, les Opalins cherchaient aussi à les rencontrer et étaient ouverts au dialogue. Un bon début.
Toisant du regard cette horde bigarrée, elle cherchait une silhouette familière dans cette marée… Une silhouette détestable.

Docteur Von Arendt! Vous, ici. Elle leva un sourcil, tira ses lèvres dans un sourire faussement ravi en apercevant le bon Docteur. La dernière fois qu’ils s’étaient vu, elle lui donnait un bocal plein de meurtres et de sombres pensées. Le monde est petit, n’est-ce pas? C’est un plaisir de vous retrouver ici. Seriez-vous par hasard le chef de cette charmante délégation?

Son air hautain lui indiqua que oui. Intéressant, donc. On avait libéré la bête de sa cage pour lui permettre de se dégourdir les jambes? Son dernier souvenir de lui était celui d’un mania que l’on force à moitié dans une voiture, plus comme on le ferait avec un prisonnier qu’avec un éminent scientifique.
Sa présence à Andoria supposait qu’on laissait pendant un temps un peu de mou sur sa laisse, assez pour pouvoir chercher le viscuphage - par ambition scientifique, ou personnelle, la chose n’était pas encore très claire. Mais devant cette concordance, il y avait, heureusement, plus d’un levier à tirer.

J’ai moi-même l’honneur de représenter mes clients, le Conservatoire, à l’origine du corps expéditionnaire. Vous n’êtes pas sans ignorer son rattachement à l’Alliance, n’est-ce pas? Murmura-t-elle tranquillement, chassant un mouton de suie qui s’était accrochée sur son épaule.

Un jeu aussi ridicule que charmant, tous ces esprits qui s’échauffent, cette lutte, cette chasse sournoise pour briguer la même chose. Mais une compétition insensée. Ils ne s’affrontaient pas pour un yearrk, mais pour une créature qui aura plus rapidement fait de les éventrer tous, qu’eux de récupérer le moindre échantillon. Se jeter tête baissée dans les marécages pour espérer le voir en premier ne rimait à rien - sauf si l’ambition secrète d’Opale et d’Epistopoli étaient de tuer des hommes.
Elle choisissait ses mots avec calme et minutie, laissant planer au-dessus d’eux l’ombre de Panoptes.

Ne tournons pas autour du pot, nous savons vous et moi que nous partageons le même objectif. Nous opposer serait idiot, et risquerait de mettre en périle votre opération, et la nôtre. Les égos n’ont pas leurs places ici, fussent-ils les nôtres ou ceux de nos nations. Elle leva alors vers lui des yeux scintillant comme des mirages. Et c’est l’occasion parfaite de faire briller votre génie auprès du consortium, n’est-ce pas? Nos scientifiques gagneraient à apprendre de vous.

Il y avait bien plus à gagner que des avancées scientifiques, ici. La diplomatie, la radiance du magistère: se terrer et ignorer la diplomatie revenait à reconnaître, ouvertement, l’hostilité de celui-ci dans le dialogue international. Une prise de décision risquée alors même que le pays sombrait doucement aux mains de la brume. En économisant ses mots, elle distillait sagement la possibilité des retombées d’une pareille alliance pour lui qui cherchait à s’émanciper autant qu’à briller.

Après tout, nous sommes là pour la science. Lui murmura-t-elle sous un sourire polie. Pas pour la guerre.

Elle aurait pu poursuivre si Miyuke ne lui avait pas tiré sur la manche sans manière - Lan-Lan lui montrait déjà un air offusqué lorsque que l’élémentaire lui glissa quelques mots dans l’oreille. Sa main se crispa. Sur sa tempe, une veine palpita plus que d’ordinaire. Comme c’est fâcheux. Elle se retourna discrètement vers Violette et Geralt, tant pour leur verbe que pour leur rapidité.

Le ballon d’Epistopoli se prépare à larguer les amarres…Soit nous les rattrapons, soit ils s’offrent une belle avance.

résumons:
Ven 26 Avr - 19:12

Vivre ou Mourir

Club des 5 (6)




Suivant Lan-Lan, le groupe des xandriens et de l’alliance parvint jusqu’aux Opalins. Il faut dire que ce n’était pas bien difficile dès lors que ces derniers avaient également le désir de parlementer afin d’arriver à un arrangement à l’amiable, qu’importe ce qu’il fut. C’était surprenant de reconnaître dans ce cortège Vladimir, car vu sa nature et sa personnalité, ce n’était sans doute pas ce que la maraudeuse appellerait une mission facile pour lui. Il y avait après tout de grandes chances de se retrouver dans une position inconfortable dans cette histoire. Complexe pour une personne qui tenait à sa fierté et à toujours rester au dessus des autres.

Quoi qu’il en soit, la xandrienne ne commentait pas, laissant le choix à la noble empoisonneuse de se charger de toutes les choses ennuyeuses et liées à l’art des relations humaines. C’était son domaine et sa spécialité après tout, elle n’avait rien à lui apprendre sur ce sujet et c’était même le contraire pour être honnête.

Il fallait lui reconnaître qu’elle avait le don pour être persuasive et flatter les égos. Elle le voyait lorsqu’elle tentait de prendre le strigois dans le sens du poil. Décidément la diplomatie est un art compliqué. Ce n’était elle pas dans sa nature d’être faussement avenante, du moins pas à partir d’un certain niveau.

Assez passive, ce ne fut que lorsque la monétariste l’avertie discrètement des actions des épistote que la maraudeuse se réveilla, hochant la tête avant de répondre rapidement.

M’en occupe.

Le timing était serré s’il était déjà sur le point de partir, mais ce n’était pas infaisable, loin de là. Avec l’hypervélocité, il ne faudrait que quelques secondes pour les rejoindre en ligne droite.

Elle fit alors un geste de la main pour dire aux autres maraudeurs de rester là avant d’inviter Geralt à la suivre d’un signe de tête et de préciser en quelques mots ce qu’elle voulait de lui.

Suis moi, mais j’ai besoin qu’une fois à portée tu restes dans tes ombres et ne te révèle pas.

Elle partait alors à vitesse grand V en ligne droite, générant une légère bourrasque au départ. Pour ne pas ralentir via des détours, elle utilisait son intangibilité pour traverser les pâtés de maison sans avoir besoin de ralentir.

Une fois arrivée, elle tombait nez à nez avec le zeppelin dont on commençait à détacher les amarres. Elle attrapa alors l’un des fonctionnaires du port chargé de détacher le navire par l’épaule avant de le reculer rapidement pour l'empêcher de faire l’irréparable. et de détacher le zeppelin de la terre.

Volonté de l’alliance, ce zeppelin ne doit pas décoller.

Heu ?... hein ?

L’homme n’avait pas l’air de comprendre, mais puisqu’il y avait le mot alliance, il décida de reculer.

Elle se posa alors sur un ponton en précisant quelques petites indications à Géralt.

Toute l’attention sera braquée sur moi. Monte sur le bateau quand tu pourras. Si jamais ils refusent de descendre, sabote le zeppelin de manière à ce qu’il vrille une fois en altitude, je m’occuperais du reste.

Elle était à portée pour maudire n'importe qui après tout.

Le regard de Violette restait braqué sur le zeppelin. Inspirant un grand coup, elle cria en direction des épistotes.

L’Alliance, Xandrie et Opale veulent vous voir pour discuter à terre ! Est ce que vous voulez prendre le risque d’avoir pour ennemi la moitié du continent ou bien vous voulez éviter une confrontation inutile ! A vous de choisir !

Libre à eux de choisir leur destin, néanmoins si Géralt était un minimum compétent, l’un de ces destins risquait sérieusement de finir par une belle explosion dans le ciel d’Andoria.

Lun 29 Avr - 18:26
Passer la porte fut le moindre des tracas. Cependant, face aux derniers événements, toutes les cités commençaient à avoir peur et la rumeur d’attentats avaient poussé le monde à revoir ses consignes de sécurité. Ainsi, il n’était pas aussi aisé d’entrer dans les cités. Encore moins les sièges de pouvoirs qui avaient déjà été durement frappés. Vladimir passa devant la queue qui se faisait et agita d’un air négligent les papiers justifiant de son statut au nom d’Opale. Un des gardes commença à lui dire de se mettre dans le rang mais le casque de Prométhée, pivotant vers lui, sembla lui faire marquer un temps d’arrêt protocolaire. Ajouté à ses armoiries, cela suffit pour que le soldat lui bégaye qu’il pouvait passer. Le Baron ne se fit pas prier et jubila sous les regards courroucés de la plèbe qui attendait. Tout comme il appréciait qu’on se soit chargé de la paperasse pour lui. Il jeta néanmoins un regard arrière sur son camp qui avait pris forme et soupira. Il aurait bien profité d’un aéronef chargé de Myste pour cette expédition, mais le prototype n’était pas prévu pour un test aérien.

Ce fut là qu’il les trouva, la cible de sa petite visite dans la cité. Ceux qu’il savait trouver sur sa trace, ceux qu’il était venu … débusquer. Ceux qu’il avait une envie infernale de titiller car Forth lui avait expressément interdit de leur nuire. Vladimir n’était pas stupide, il avait bien pris mesure de la fragilité actuelle d’Opale. L’exploitation du Myste avait doublé en vue de quadriller la cité de balises et de protections, tout comme la plupart des départements s’étaient affairés à trouver de quoi survivre à l’Apocalypse en devenir. Sa présence ici ne tenait qu’à une chose : il avait conçu la Chose. Il avait trouvé comment … fabriquer de quoi affronter la Brume sans perte humaine. Mais il avait aussi un autre dessein. Ce qu’il avait créé saurait aussi trouver preneur chez d’autres êtres au sein d’Uhr. Le Magistère lui devenait de plus en plus … austère. Pourtant, et cela n’arrivait pas assez souvent pour qu’il le reconnaisse, il fut surpris.

- Dame Fà. lui répondit-il, avec une révérence tout à fait accordée à son statut mais juste un peu trop appuyée pour être ... inconvenante.

Il lui sourit avec ses canines effilées et envahit l’espace avec une fragrance doucereuse de naphtaline. Vladimir releva le menton à la mention de sa délégation et haussa un sourcil, comme si elle avait pu en douter.

- En effet. J’ai ouïe dire que vous étiez mêlée à cette … expédition et je me suis dit que … et bien il serait propice de … joindre nos efforts. commença-t-il, se rappelant les affres de ce sinistres manoir et les talents cachés de la jeune femme. Pour le salut d’Uhr, bien entendu.

Le Baron lui sourit de nouveau. C’était tout sauf naturel chez lui. Conservatoire et Alliance, c’était surtout eux qu’il s’attendait à trouver. Mais la Xandrie, ici ? Qui plus est la famille Fà ? Voilà qui jetait un trouble inquiétant sur cette affaire. Que venait-elle chercher ici ? Quel intérêt pour le Viscuphage ? Le Conservatoire, il comprenait … mais elle ? Ils se toisèrent de leur politesse feinte jusqu’à ce que la jeune femme prenne les devants. Il détestait cela. Elle était plus agile que lui à ces jeux. Autant se montrer ouvert pour découvrir ses desseins. Autant … profiter de cette main tendue pour ne pas s’empoisonner en la croquant.

- Je n’ai jamais eu d’autre but que de coopérer …
mentit-il. Je venais justement ici à cette fin car j’apporte avec moi le salut d’Opale et de la guerre à venir. Vous n’êtes pas sans savoir que le Régent nous a tous trahis et a mené un attentat au cœur même d’Opale ? J’aurai cru que le Grand Sapiarque se serait donné du mal pour éliminer toute idée d’accointance mais … non.

Il croisa les bras tandis que son Tartare fit de même en une pathétique imitation du Docteur.

- Comme vous l’avez annoncé, dame Fà, cette expédition vise le progrès. Et la coopération de nos nations serait du plus bel effet pour raffermir les liens distendus après de pareils … événements. Je ne cherche qu’à protéger Opale, et du salut d’Opale dépend la Xandrie. continua-t-il avec un raccourci un peu trop gros, mais assez suave pour qu’il passe. Il laissa planer le doute sur le 'et inversement' qui ne vint jamais.

Vladimir se lécha une canine sous ses lèvres étirées. Il étudia les quelques individus qui entouraient Lan-Lan. Il savait Epistopoli aussi sur la piste du Viscuphage pour on ne savait quelle raison. Il ne les avait vu nulle part mais ne doutât pas du fait que, eux, l’aient vu. Il n’avait rien fait contre. Tous avaient besoin de voir Opale puissante et active. Bientôt la rumeur de sa création parviendrait aux oreilles des autres nations et, à nouveau, il changerait la face d’Uhr. Il s’apprêta à demander les ressources dont disposait Lan-Lan et à quelle fin elle se prêtait à ce jeu lorsqu’ils furent interrompus par l’arrivée d’une femme longiligne qui lui parla à l’oreille.

- Epistopoli ? Diantre. Ces chiens n’ont donc aucune limite à leur perfidie ? murmura-t-il à voix assez haute pour être entendu. Nul doute que Lan-Lan ait élevé la voix pour qu’il le perçoive aussi.

Ce fut là qu’il remarqua les deux individus postés derrière elle. Suffisamment discrets pour passer inaperçu. Mais l’une d’entre eux, il la reconnaissait. Pervenche, ou quelque chose comme ça. Et l’autre avait un visage familier. Il retenait surtout Pervenche qui avait été mimée par la chimère du Manoir dans sa précédente rencontre avec la Fà. Tiens donc … et cet accoutrement. Maraudeuse ? Eux il les connaissait, tout comme il y avait eu du grabuge chez eux récemment. Nouvel intérêt à coopérer avec la Xandrie, donc. Il lui offrit un sourire vide.

- S’ils désirent se lancer seuls dans la quête du lac, et affronter la Brume sans les protections opalines et les chaînes de ravitaillement du Conservatoire : autant les laisser faire non ? Ils feront de bons appâts pour les dangers de la Brume et nous sécuriseront la voie. Mes assistants sont en train de repérer les lieux et de préparer les balises électrogènes. Des nascents d’écholocalisation ont été déployés et les Tartares ont commencé les premières reconnaissances de la route.
proposa-t-il, tout en restant assez flou pour laisser suggérer de l’impact que pourrait avoir son équipe sur le bon déroulé de la mission.

Non pas qu’il aimât particulièrement coopérer, mais il savait reconnaître un enjeu valable quand il en voyait un. Il n’avait besoin que d’un morceau de la créature après tout. Mais plus que la créature, qui représentait le Graal de sa création, c’était les données qu’il récupèrerait sur le chemin aussi. Peut-être les quelques fragments nécessaires à son amélioration ? Qui savait … Cela lui coûtait mais Forth avait raison en un sens. Il fallait coopérer. Ainsi tous verraient ce qu’était prêt à déployer Opale. Qui de mieux placer pour évaluer sa Chose que ceux qui avaient dû affronter la créature qui en avait été la genèse ? Il ricana à cette idée. Pervenche et Lan-Lan n’allaient pas cesser d’être surprises. Et cet autre gusse au visage familier, là aussi. Il avait l’air important lui aussi. Dommage que le petit Keshô ne soit pas dans les parages lui-aussi … trop occupé à têter le sein de son cher cousin Seraphah, hm ?
Hier à 17:12

Acte I, scène I

Le Mur


Ils étaient deux, dragon spectral et dragon de ténèbres, à fendre la Cité Immaculée. Leur célérité resterait dans les mémoires et ranimerait les mythes. A l’autre bout de la cité, à un quart de lieu des portes, le dirigeable était stationné. Toute l’équipe scientifique entassait à la hâte des caisses et des équipements pour larguer les amarres.
-« Sacrebleu ! … Que sont ces sornettes ?! »
-« Violette ! »
-« Comment ? »

[REQUÊTE] Ad Nauseam Zynh

Toute personne située dans un proche périmètre du Zeppelin Epistote fut immédiatement affectée. En particulier celles liées à une nébula. Elles la sentirent s'éteindre. Plus marginalement, celles qui auraient été en train de faire usage d’un nascent ou de cristaux. Toute magie s’étiolait à une vitesse alarmante, jusqu’à s’étouffer dans l’œuf, aspirée par le Gargan. La fabuleuse chimère occupait quasiment tout l’espace intérieur du ventre rebondi de l’aéronef. Pris de stupeur, Andorians et scientifiques durent se tasser près des parois cloutées de l’appareil.

Légèreté. Presque un vide. C’était donc cela qu’on ressentait une fois libéré de sa nébula. Bien que temporaire, le soulagement était divin pour Keshâ qui découvrait ce rare totem d’invocation pour la première fois. Plus rapide que la réflexion, le totem était apparu dans sa main par spatiokinésie comme une piqûre pavlovienne. Il avait suffi que la voix de Violette retentisse au dehors.

-« C’est une mafieuse. Et maraudeuse. » précisa-t-il comme s’il poursuivait naturellement la conversation.

Le Gargan se courbait pour épouser la voûte du plafond, sa queue translucide était d’une longueur infinie. Elle s’enroulait sur elle-même avant de sinuer entre les savants, tenant plus lieu de tentacule. Pour ceux qui se trouvaient les plus proches de la sortie, comme c’était le cas d’Archibald Van Schönbourg-Hartenstein, une tête de chouette était visible. La Sapiarque arborait une moue méprisante en voyant un simili emblème de la Cité des Sciences prendre naissance comme tête du Gargan.

Affectée par l’inconscient de son invocateur, la tête du Gargan rappelait clairement l’Ulule rencontré à Yfe qui n’était autre que Déméphor. A peine stabilisée, une autre tentait de pousser en déformant la peau de son cou, comme si des mains géantes enfermées dans son gosier tentaient de s’en extirper.

-« Excellente initiative, Shantalam. »
-« Hum. C’est Keshâ’rem. »
-« C’est presque ce que j’ai dit. N’est-ce pas Wilberg ? » demanda le zoologue de renom à son disciple.
-« Euh… oui, en effet, Sapiarque Van Schönbourg-Hartenstein. »

[REQUÊTE] Ad Nauseam Wqs7
-« Quelle idée aussi pour un citoyen Epistote de conserver un prénom autochtone… Ne perdons pas de temps… Officier Karmine… activez deux des robots de combats Pacificateur V6 et emmenez-les en ronde pour inspection complète de l’appareil. Passez tout au crible en recherche d’anomalie technique ou d’intrus… les maraudeurs n’agissent que rarement seuls et affectionnent la perfidie… Officier Karmine ?... L’œil de notre guide Suprême, le Grand Sapiarque, est sur vous… soyez digne de notre état-major… donc sans pitié. Rompez, soldat.»

Ce qu’il fallait savoir est que les scientifiques Epistopolitains n’étaient pas des boutonneux terrorisés à protéger. Même s’ils étaient des hommes de tête, ils avaient la fierté et le rang de la noblesse. Plusieurs d’entre eux appartenaient de près ou de loin à l’appareil d’état.

D’aucuns auraient pu penser que l’expédition était dégarnie de forces militaires. C’était oublier qu’il s’agissait d’une faction totalitaire versée dans la technologie. Les robots de combats scanneraient les murs en quête de problèmes. Tout le personnel digne de partir en expédition devait a minima avoir reçu une formation dans le maniement des armes électroniques de pointe, comme ce Gauss 35, qu’Archibald venait de dégainer. Keshâ n’entendait pour sa part rien à cet arsenal.

-« En tout cas, excellente initiative, mon garçon… j’avais des doutes sur vous… mais l’état-major a insisté sur l’utilité d’un invocateur… je ne peux que remercier l’officier Karmine d’avoir soutenu votre participation. »

Vladimir, Violette… Keshâ’rem commençait déjà à se dire qu’il n’aurait jamais dû accepter ce contrat. Il ne maîtrisait sa nébula qu’à renfort de médication. Mais il comprenait maintenant qu’on l’avait engagé non pas tant pour protéger l’équipage « dans la brume », qu’ « avant la brume ».

Relégué au rôle d’exécutant, le jeune homme regardait le sapiarque ouvrir la porte du Zeppelin tel un pont levis et s’embraser de la lumière crue du désert, face à ce qui devait être Violette. Mais il ne pouvait pas la voir d’où il se tenait. Il n'aimait pas beaucoup cet homme cassant.
-« Vous m’en direz tant, jeune personne. » maugréa le sapiarque face à la maraudeuse.

« Petra. Radio. » Il tendit la main en attendant que sa collègue scientifique lui transmette l’appareil de transmission peu soucieux de faire poireauter la maraudeuse sous un soleil de plomb.

« Transmission. Archibald Van Schönbourg-Hartenstein, sapiarque du comité d’Epistopoli, zoologue et chef de l’expédition scientifique envoyée dans les Terres Brûlées, en escale diplomatique à Andoria… » égrainait-il à l’antenne de leurs alliés à Andoria, qui relayerait immédiatement à travers différents points relais vers l’état-major d’Epistopoli.
« Nous sommes arraisonnés par une… « maraudeuse » - c’est bien le badge de la guilde que je lis sur votre poitrail ? – qui prétend représenter l’Alliance, et à peu près le reste du monde, dont Xandrie et Opale…. Elle semble menacer notre sécurité immédiate et utilise les termes « ennemis » et « confrontation ». Considérez comme casus belli en l’absence de nouvelles de ma part dans de courts délais. »

Relâchant la radio dans la main de Petra qui se tenait à côté de lui, il jaugea le Pacificateur, automate de dernière génération que venait de libérer un autre collègue pour se placer aux côtés du sapiarque.

-«Mademoiselle. Sont-ce des menaces ? Notre nation est souveraine et place la science au sommet de ses préoccupations. Nous sommes venus en paix. Mais comme vous pouvez le voir, en cas de conflit, nous n’hésiterons pas à faire feu. Et quand je parle de feu, je ne parle pas de l’Hypathie, mais des bombardiers qui pourraient se trouver en quelques heures dans les cieux des factions attentant à la sécurité de notre territoire, auquel ce bâtiment est réputé appartenir. »


C’était son introduction, juste histoire de remettre le laboratoire au centre de la métropole.
-« Vous dites donc que que Xandrie et Opale veulent discuter. Fort bien. Wilberg… ramenez des lèvres innocentes, parmi nos amis Andoriens. »

Le jeune Ghassan qui devait avoir à peine dix-sept ans sortit de l’appareil d’une démarche incertaine pour rejoindre le sapiarque. Il était évident qu’il aurait préféré ne pas être mis en lumière. Mais le geste démontrait qu’en cas d’avarie funeste, Andoria elle-même se retournerait contre ce « commando diplomatique » venu empêcher leur expédition de décoller.
-« Garçon. Va chercher Opale, Xandrie et l’Alliance. Seulement les hauts dignitaires. Oublie les sous-fifres, la piétaille et la soldatesque. On prendra leur siège comme une offense appelant représailles. En priorité, ramène-moi leur plus brillant scientifique pour m’entretenir avec… Et la personne qui l’a envoyé, elle. »

Se retournant vers Violette, qu’il considérait enfin, il sourit, d’un sourire sans joie. Epistopoli négocierait. Selon ses termes. Sur son territoire. Par clémence. Les quémandeurs feraient le déplacement comme il se doit. Les blâmes seraient consignés avec tous les noms. Elias Van Beck en ferait ce qu’il voudrait. Malgré les fulminations noires, personne dans tout Urh ne pouvait s’opposer à lui. Sauf peut-être les Caravaniers. Mais on n’allait pas le laisser penser.

Donnant l’air de faire la conversation, il temporisa :
-« Vous devez savoir que l’Alliance est un regroupement coopératif basé sur les hautes cités et certaines cités secondaires… Urh n’étant pas une fédération, l’Alliance ne régissant aucun état… son pouvoir symbolique ne lui autorise nullement à ordonner quoi que ce soit à un état souverain, en partance vers un territoire neutre… Opale n’est pas capable d’empêcher sa capitale de sauter, ce serait bien drôle de les voir nous dominer militairement à Andoria… Xandrie ?... Xandrie ? … depuis combien de temps arborez-vous ce pin’s ? Une semaine ? »

Archibald était sûrement une raclure hautaine. Mais il allait falloir descendre de deux ou trois tons pour parler à Epistopoli. On ne vient pas prendre otage la plus puissante des factions en prétendant tendre une branche de lauriers. Avant toute chose, Van Schönbourg-Hartenstein attendait le rapport de Karmine.

Résumons: