Light
Dark
Bas/Haut

Les plans des vertueux (Caleb)

Les plans des vertueux (Caleb) Brandw10
Mar 18 Oct - 14:08
Il était bon d’être malin. Il le savait, parce qu’il était bon, de manière générale. Bon dans ses largesses avec ses affidés et ses vassaux, gens intelligents qui se plaçaient dans son ombre protectrice et paternelle. Bon dans ses méthodes, efficaces et tranchantes. Bons dans ses desseins, qui irradiaient tous de l’énergie vitale propre à sa race, qui se retrouvait chez lui violemment amplifiée. Violemment.

Violemment.

Mais aujourd’hui, il devait se placer sous un soleil conciliant, et laisser sa lumière adoucir les pointes de ses cornes. Il avait rendez-vous avec des gens de Xandrie, qui entendaient requérir son aide gracieuse et ses services précieux pour faire avancer leur cause. Etablir avec le réseau clandestin un rapport de confiance suffisamment solide pour leur permettre de l’accueillir avait demandé beaucoup de patience, et un peu de finesse. Il ne s’adressait après tout pas à des professionnels. Comme tous les idéologues, c’étaient des gens pleins de grandes idées et possédant peu de moyens. Ils étaient en vérité tellement dépourvus qu’ils en devenaient incapables de voir clairement leur situation, et d’en tirer les conclusions qui s’imposaient. Si cela n’avait pas été le cas, ils n’auraient jamais accepté de rencontrer le saraph : leurs positions étaient trop différentes pour qu’une quelconque négociation puisse avoir lieu. Le mercenaire avait beaucoup à proposer, très peu à gagner et beaucoup à perdre. L’inverse n’était pas pour les pauvres bougres très vrai. Fort heureusement pour eux, le saraph n’obéissait que très partiellement à la logique des herbivores d’Uhr, et il s’était donc dirigé sans faire trop d’histoires vers le lieu choisi par les marginaux. Il savait qu’il retirerait de cet entretien beaucoup de choses rares et précieuses, et que mieux encore, ces gens ne s’en rendraient même pas compte.

Comment le pourraient-ils ?

Personne ne voyait jamais les évidences les plus lumineuses, malgré les nombreux efforts entrepris.

Peu importait, au final. Il avançait, et dans son sillage la lumière la plus crue qui puisse être s’amoncelait en torrents discordants. Sans doute se laissait-il aller à ses tendances les plus dramatiques, mais la réalité avait de ses façons de se contorsionner pour lui plaire. Ou en tout cas, de se laisser suffisamment faire, tout en opposant ce qu’il fallait de résistance. Ce qui lui plaisait tout autant. Ces grandes considérations philosophiques et métaphysiques arrivées à leur inévitable conclusion, il se concentra sur la chose qui revêtait aujourd’hui un minimum d’importance. Les gens qu’il devait rencontrer aujourd’hui. Malgré la manne qu’Opale consentait à prêter à Xandrie, peu de gens dans la ville profitaient réellement de ces opportunités. C’était la preuve d’une terrible incompétence, et d’un pouvoir incapable de prendre des décisions correctes : l’émergence de ces indigents et de ces protestataires n’avait engendré en temps et en heure aucune réaction proportionnée, et la formidable opportunité qu’ils représentaient n’était nullement exploité.

L’ironie était mordante. De la même manière qu’Opale fournissait aux maîtres de la cité de quoi se développer, c’était elle qui allait aussi fournir à ses oubliés de quoi exprimer leur colère. Tlaxlheel doutait sincèrement qu’ils parviennent à quoi que ce soit, et que le cas échéant qu'ils améliorent réellement la situation locale. Mais cela aussi n’était pas spécialement important. Comme dans beaucoup de choses, c’était le processus et non le résultat final qui comptait vraiment. Finissant sa marche dans les rues populeuses de la ville, il arriva finalement dans un des quartiers les plus acquis à la cause révolutionnaire. Il le savait sans l’ombre d’un doute, non pas grâce à ses hypothétiques connaissances en matière de démographie et de politique xandrienne, mais simplement grâce à l’odeur : l’endroit puait un peu plus. Il n’avait pas fait d’efforts particulier pour se faire discret, sachant que c’était de toute façon peine perdue, et se planta devant le guetteur qui faisait tous les efforts nécessaires pour avoir l’air intimidant. Il n’était pas particulièrement bien nourri, son torse était maigre, et il lui manquait quelques centimètres. Le saraph lui adressa un salut paresseux de la main, et hésita un instant, avant de prendre la parole :

« C’est moi. Tlaxlheel Azcalxotil. Euh, le mot de passe, si y’en a un, j’ai pas retenu. Le renard ne se montre pas au chasseur ? Les vautours présagent un festin ? offrit-il en plaisantant. »

Il n’y avait pas de mot de passe. Mais il voulait vérifier certaines choses, et cela lui semblait une très bonne façon de le faire. Il hésita à en rajouter, mais se retint de forcer un rot. Son estomac creux aurait certes fourni une belle caisse de résonnance, mais mieux valait garder un minimum de crédibilité professionnelle à mâtiner avec sa désinvolture affectée.


Dernière édition par Tlaxlheel Azcalxotil le Lun 31 Oct - 7:12, édité 1 fois
Dim 30 Oct - 16:42
Ce point de chute, perdu dans un quartier mal famé et peu enviable de Xandrie, grouillait de révolutionnaires, tout comme lui. Tous étaient ralliés sous une même bannière, celle d’Elsbeth et du changement, de la justice pour la nation de la salamandre. Ils avaient beau tous s’entendre sur un point commun, ils n’étaient pas fichus de s’entendre pour autant. L’Hespéride, en leur compagnie, se sentait vidé de son énergie. La cabane, c’est comme ça qu’ils appelaient tous ce lieu de ralliement en particulier, était pleine d’agacement, de colère, de pics et de remarques désobligeantes. Pour le commun des mortels, l’ambiance était pourrie. Pour Caleb, elle était pesante, usante et suffocante.

- Eh Caleb, t’es silencieux, mais pourtant va falloir trancher un jour. Le type et sa petite sœur, tu penses vraiment qu’ils ont quoi que ce soit à apporter à la Révolution ?

- « Eh Caleb ? », le respect et la hiérarchie ça te parle, ou chez vous les aramilans on beugle sur tout ce qui bouge ?

- Ferme-la, ça fait longtemps que je suis plus d’ce pays-là !

C’était reparti. L’Hespéride était plongé dans le silence. Un débat interne l’empêchait de parler. À la fois il ressentait toutes les émotions les plus proches, à la fois il ne savait pas quoi répondre. Quiconque offrait sa vie pour apporter plus d’égalité à Xandrie méritait qu’on lui accorde une chance, selon lui. Néanmoins, il est vrai qu’un estropié et sa petite sœur à peine en âge de tenir son couteau sans se couper… Le général des armées de la Révolution poussa un long soupir. Il venait à peine de réaliser qu’on l’avait tutoyé, devant d’autres révolutionnaires, et qu’il n’avait rien fait pour faire preuve d’autorité. Dans sa langue à lui, celle des émotions qui font vibrer l’âme silencieusement, une telle hiérarchie n’existe pas, si bien qu’il est toujours bien incapable d’imposer le respect de son rang dans la Révolution. Il aurait pu imposer le calme, avec quelques contacts physiques, mais il n’en avait pas envie. Son pouvoir, don de sa race, n’était pas voué à calmer les ardeurs des uns, ni à éduquer les autres.

Usé, il posa sa joue sur sa main et observa le spectacle sous ses yeux : c’est l’histoire de deux révolutionnaires de Xandrie, l’un est aramilan, l’autre a une belle mise à prix sur sa tête…

- Mon général, je crois qu’on a un vrai boute-en-train à la porte. L’Hespéride se redressa, prêt à écouter le révolutionnaire. Il a des cornes. Du genre très vilain avec une dentition particulière.

Il perçut une pointe d’amusement, mêlée à une certaine peur. Quand bien même l’excitation s’était propagée, en réalisant qu’un type bizarre s’était pointé à la cabane, la méfiance gagna bien plus vite du terrain et tous se tenaient prêts à rapidement intervenir. Intervenir pour quoi ? Un type seul, contre plusieurs révolutionnaires, cornes ou pas cornes, ils n’auront pas grand-chose à craindre. Caleb haussa les épaules, persuadé d’avoir parlé à haute voix. Celui qui venait de lui parler, ayant compris qu’il oubliait souvent que les humains lambdas avaient besoin de mots pour se comprendre, perdit légèrement patience :

- Qu’est-ce qu’on fait ? Il était prévu au programme ou bien on doit s’inquiéter et voir la police débarquer à sa suite et détaler au plus vite ?

Dans un geste se voulant rassurant, l’Hespéride voulut rappeler que les conclusions hâtives étaient le meilleur moyen de mettre la Révolution en déroute, alors qu’elle n’était une entité solide que depuis peu de temps.

- Faisons-le entrer. S’il vient à nous, c’est bien qu’il a une raison.

La moitié des révolutionnaires haussèrent à leur tour les épaules, l’autre moitié gardait les yeux rivés vers l’embrasure, par là où venait d’apparaître le Saraph. Un colosse presque aussi large que haut, pourvu de deux cornes, de deux défenses (la fameuse dentition bizarre) et d’une peau écarlate. Juste derrière lui venait d’apparaître le garde, chétif à ses côté, pâle comme un mort et ridiculement petit en comparaison. Il venait de quitter son poste, assuré qu’un autre prenait la relève, pour faire son rapport.

- Ce rigolo nous parle de mot de passe. Comment il a su où nous trouver ?

Ah, il était jeune et voulait bien faire. Son général avait envie de lui dire que trouver une poignée de révolutionnaires n’avait rien de bien difficile, si l’on savait écouter, observer et additionner un et un pour faire deux. Voilà pourquoi ils changeaient constamment de planque et ne risquaient jamais de tous se réunir dans un même endroit. Si des têtes sautent, ainsi, d’autres sont là pour prendre la relève.

- Il m’a dit qu’il s’appelle Tlaxcjkehfoiz. J’ai pas compris. Vous le connaissez, général ?

- Nenni. Pourtant, je doute que cela soit son prénom. Pouvez-vous vous présenter et nous dire la raison de votre visite ici ? Nous n’avons pas l’habitude de faire affaire avec des Saraphs.

Malgré la tension chez certains des révolutionnaires, Caleb, lui, affichait une certaine quiétude en s’adressant au cornu.
Lun 31 Oct - 7:33
Les petites souris s’agitaient dans leur antre, et aucun morceau de pain ne se cachait dans la sacoche du bon saraph. Pas le moindre petit bout de fromage, rien pour les rassurer et leur montrer qu’il n’était pas l’heure de grouiller si urgemment. Tout allait bien se passer, et il ne voyait pas vraiment comment le leur expliquer ; plus important, comment s’assurer qu’ils comprennent. Il suivit le garde quand ce dernier lui fit signe d’entrée, glissant comme il le put sa grosse carcasse au travers de la porte, prenant soin à ce que son arme ou ses cornes ne raclent pas le plafond. L’exercice fut complexe, comme souvent, mais il avait l’habitude, et était possédé de la grâce de l’hippopotame le plus opiniâtre. Faisant encore une fois la démonstration de sa grande générosité et de sa patience fonctionnellement infinie, il ne réagit pas lorsque le bipède écorcha son prénom. Fort heureusement, il était physionomiste, et il se promit de faire des guirlandes avec ses entrailles à la première occasion. Que l’on puisse entendre Tlaxlheel, nom élégant aux consonnances liquides et éthérée, et recracher ce qu’il venait de recracher était au-delà du raisonnable, et méritait bien une petite correction.

Notant que l’on n’avait eu ni la bonté de lui proposer une chaise ni la décence de lui offrir de quoi apaiser la faim qui le tiraillait, il décida de prendre les choses en main. Faisant glisser au sol le pilier qui lui servait d’arme, il s’assit dessus, son coude se posa sur son genou et sa main dans sa paume. Dévisageant celui qui semblait le chefaillon de la cellule, il laissa passer quelques secondes après sa question, prenant le temps de sagement considérer sa réponse, et surtout de laisser à ses braves sbires le temps de bien prendre la mesure de ce qui se passait. Il en profita pour se gratter le menton, ses doigts griffus cherchant au travers de sa barbe drue le chemin de son cuir. Puis, enfin, il consentit à parler, doucement, prenant soin à ce que sa voix naturellement plus forte que les leurs ne viennent pas trop étouffer l’atmosphère :

« Tlaxlheel Azcalxotil. Je suis surpris que l’association de mon nom, même écorché, et celle de mon apparence ne déclenche pas chez vous de déclic. Sans doute vos organismes de renseignements ne sont-ils pas assez extensifs pour inclure les forces étrangères. N’y voyez là aucune offense. »

Il était bon de leur rappeler leur situation. Qu’ils opéraient sur un terrain naturellement restreint. Que leur vision était étriquée. Que des solutions qui apparaissaient comme évidentes aux personnes plus influentes étaient pour elles difficiles à imaginer, et plus encore à mettre en œuvre. Et que certaines opportunités, quand elles se présentaient, se devaient d’être saisies. Il voulait également voir à quoi il avait affaire. Son examen préliminaire était assez peu concluant, mais peut-être ses vis-à-vis présentaient-ils comme lui le faisait un jour particulier. Il en doutait. Cela restait possible. Il aimait ce genre d’interaction.

« Quant à la raison de ma venue ici, elle est simple. Votre entreprise, pour l’heure, est vouée au plus tragique échec. Oh, je ne dis pas que vous ne renverserez pas le roi. Que vous ne changerez pas le régime, ou que sais-je encore. C’est possible. Assez peu probable, mais malgré tout possible. Le problème vient de l’Etat dans lequel sera Xandrie après votre action. Pour découvrir le lendemain de votre grand soir autre chose qu’un champ de ruines, vous avez besoin d’arguments plus solides. »

Il retira sa main de sa paume, cette dernière glissant jusqu’à sa défense, pour la gratter doucement.

« Vous vous en doutez, je peux vous fournir ces choses, ou vous donner accès à qui pourra le faire. »

Présenter aussi platement les choses n’était pas sans risque. Donner son vrai nom non plus. Mais il avait ses propres idées, et ses propres garanties. Et il fallait forcer la porte de ces gens, habitués depuis trop longtemps à vivre calfeutrés, s’il voulait s’imposer comme un partenaire de choix. Ayant terminé sa tirade d’introduction, il patienta, un vague sourire déformant un peu sa gueule. Il savait que ce genre d’expression était pour les autochtones difficile à déchiffrer. Ces braves herbivores, après tout, interprétaient pour une raison qui lui échappait le fait de montrer les crocs comme une preuve de bonne volonté. Leurs dents étaient faites pour macher de l’herbe, après tout. Libéré du besoin immédiat de parler, il en profita pour commencer à détailler son interlocuteur principal, se demandant ce qu’il allait bien pouvoir dénicher.
Ven 4 Nov - 9:00
Le colosse était parfaitement détendu, assis sur son imposante arme de destruction, laissant le temps passer sans se presser pour répondre à son vis-à-vis. Cette lenteur, pour ne pas parler de nonchalance, n’était clairement pas partagée par les autres révolutionnaires et cela se ressentait dans les émotions qui flottaient autour de Caleb. Lui-même n’était pas le plus à l’aise, mais c’était principalement la faute de ses compagnons de révolution. Il subissait cette atmosphère pesante, sans pouvoir s’en détacher, ni s’en plaindre. Certains suspectaient qu’il soit un magicien, un Portebrume capable de modifier le mode de pensées d’autres créatures douées de raison, mais à très peu d’hommes, il n’avait révélé sa nature d’Hespéride. Ici, il n’y en avait qu’un en qui il ressentait assez de confiance pour le lui avoir révélé. C’est à ce dernier qu’il fit un signe de tête, après avoir longuement zieuté un tabouret dans un coin de la cabane. Le révolutionnaire l’apporta sans conviction au Saraph, en gardant une distance de sécurité. L’invité avait donc son trône, s’il le souhaitait. Bizarrement, personne ne fut convaincu qu’il abandonnerait son arme pour s’asseoir sur ce ridicule bout de bois plat avec trois pieds bancals.

N’y voir aucune offense serait bien difficile après pareil critique de la révolution. Certains de ses partisans se sentirent piqués à vif, là où ça fait mal, rageant d’être une fois de plus comparés à des amateurs ou à des gueux incapables d’avoir un service du renseignement digne de ce nom. Caleb, lui, garda le silence en hochant de manière presque imperceptible la tête. Il écouta la suite de la critique, parfois ponctuée d’un peu d’espoir à coup de « vous réussirez peut-être, mais à quel point le pays sera-t-il en ruine ? ». Personne n’osait parler, pourtant le langage corporel de chacun et les messages véhiculés dans chacune de leur expiration, dans chacune des gouttelettes de transpiration qui perlaient sur les fronts, étaient clairs et nets : ce type était exécrable et tous avaient envie de lui faire payer son insolence.

Lorsque le Saraph bougea rien qu’un peu pour tâter sa défense, du coin de l’œil le général remarqua que l’un de ses hommes, le fameux aramilan dont la notion de respect est vague, semblait prêt à bondir sur le colosse de cuir pour lui arracher les yeux. Et quand l’invité surprise se mit à sourire, Caleb se leva d’un bond pour intercepter son révolutionnaire avant qu’une grave erreur ne soit commise. Posant sa main sur son épaule, il lui insuffla une contenance, du calme et de la raison. Il se heurta à des vagues de colère et un besoin impérieux de faire justice. Quelle justice ? Celle que Xandrie impose à ses citoyens ? En ressentant la poigne de son général sur lui, il parvint tout de même à ramener à la raison l’homme des dunes de sable qui se retira vers le fond de la pièce.

Puisque le tabouret bancal n’avait aucune utilité, le général de la Révolution xandrienne le tira pour se positionner face au Saraph, dont le sourire était encore plus glauque de si près. À une distance d’un bras de son invité, Caleb s’assit, persuadé que converser dans ces conditions redonnerait un peu de contenance à ses hommes. S’il montrait qu’il n’avait pas peur, les autres révolutionnaires n’apparaîtraient plus comme des roquets prêts à bondir et à agiter leurs armes pour prouver leur valeur et celle de la Révolution.

- Bienvenue Tlaxlheel Azcalxotil, chef des Irrémédiables.

Il lui tendit sa main, celle en apparence d’un homme, bien plus petite que le bestiau de cuir en face de lui. Chez les personnes civilisées, dans à peu près toutes les sociétés dans lesquelles Caleb a vécu, lors d’une première rencontre, on se serre la main. Le Saraph va-t-il accepter ce geste supposé apaiser les tensions, s’y plier en rechignant, ou tout simplement refuser de toucher la paluche d’un inconnu ?

- Je me nomme Caleb et suis à la tête du peu d’hommes qui se trouvent ici et de bien d’autres. Nous n’avons pas l’habitude de faire affaire avec des mercenaires et ne comptons pas de Saraph dans nos rangs. Votre réputation vous précède, pas votre portrait.

Et quel portrait ! Il planta son regard quelques secondes sur les deux énormes défenses qui déformaient sa gueule. Curieuse particularité physique, il faut bien l’admettre. Néanmoins, il n’était pas là pour parler de sa fascination pour les anomalies des uns et des autres. Ainsi, son regard revint vers ses prunelles, alors qu’il s’interrogeait.

- Je comprends que cette visite inopinée est donc pour nous proposer une alliance temporaire avec les Irrémédiables. Une telle aide pourrait servir la Révolution, mais que pourrions-nous apporter à votre compagnie ? Du Myste ? Des accords en votre faveur une fois la Princesse héritière au pouvoir ? Un titre et des terres pour vous établir ?