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De quel bois est-ce que tu te chauffes ? [ Feat Tlaxlheel Azcalxotil ]

De quel bois est-ce que tu te chauffes ? [ Feat Tlaxlheel Azcalxotil ] Brandw10
Lun 24 Oct - 17:06
Journal de Neela. Page 31 :

Toujours faire attention à sa garde. C'est très important, Journal. Le combattant sous mes yeux vient d'abattre sa masse d'arme au sol à trois reprises, probablement parce que son adversaire est trop rapide pour lui. Il perd à chaque fois de précieuses secondes et reste à découvert pendant tout ce temps. Ofihr Ira·Seol passe son temps à me répéter que la stratégie est bien plus importante que...


« Excusez-moi... Je ne veux pas vous manquer de respect en vous dérangeant, mais vous écrivez depuis un moment déjà... Vous... Vous êtes la Princesse Neela, n'est-ce pas ? » Demanda timidement l'inconnu.

La Demoiselle faisait toujours bien attention en sortant du palais. C'était son rituel : enlever ses bijoux, mettre une tenue passe-partout à capuche et prendre son journal dans une besace bas-de-gamme. Histoire de passer, en théorie, inaperçue.  Dommage.

« Si seulement. Mon père est poissonnier, vous l'avez sûrement déjà croisé au port. » Répliqua t-elle, fermant son journal sèchement. « Bonne journée à vous. »

Neela se leva et grimpa un peu plus haut dans les gradins, espérant cette fois-ci être tranquille. Généralement, c'était le cas. Les spectateurs de l'arène, en temps normal, restaient assez concentrés sur les affrontements et les entrainements pour ne pas remarquer la Princesse en fugue. Une nouvelle fois, elle dégaina son carnet.

Journal de Neela. Page 31 :

Ofihr Ira·Seol passe son temps à me répéter que la stratégie est bien plus importante que les capacités physiques en elles-mêmes. Le combattant avec la masse d'arme est plus puissant, certes, mais aussi beaucoup plus lent, et son adversaire se sert de cette faiblesse.

Depuis quelques semaines, je passe beaucoup plus de temps à l'arène. C'est fascinant d'analyser les combattants, leurs armes, leurs techniques. J'ai hâte de progresser. Le monde m'attend.


La descendante Deshmukh rangea son livre dans sa vieille besace et déposa cette dernière dans un casier adapté et prévu à cet effet. Elle se présenta ensuite au cœur de l'arène, faisant craquer ses doigts entremêlés, étirant ses membres et cherchant surtout autour d'elle un futur adversaire. Il s'agissait d'une période de combats libres, ce qui signifiait que chacun pouvait se présenter et s'entrainer à sa guise avec les adversaires de son choix. Toujours bien camouflée dans sa tenue noire, soigneusement encapuchonnée, la Princesse était prête à en découdre grâce à sa lance en bois d'entraînement. Une jeune femme se présenta rapidement en face d'elle, épée en bois en main.

« Duel à l'abandon, ça te va ? » Demanda t-elle.

La duelliste n'attendit pas longtemps avant de se mettre en garde. Cette dernière avait l'habitude des combats, c'était indéniable. Qu'importe, on apprend plus d'une défaite que d'une victoire. Elle allait lui montrer de quel bois elle se chauffe.

« Parfait. Bonne chance. »

Sans attendre plus longtemps, la frêle guerrière sprinta en avant, balayant son arme dans les airs. Un coup esquivé pour Neela. Deux. Un coup reçu dans la cuisse. Une nouvelle esquive. Un second coup dans le bras. La Princesse tenta une riposte, visant le ventre de sa lance, mais se prit en échange un coup de pied au même endroit après une superbe esquive de son adversaire. Tenant avant tout sa capuche pour ne pas révéler son identité, elle s'écrasa au sol, reprenant tant bien que mal son souffle. Elle n'eut pas le temps de se relever et de ramasser son arme : son cou était déjà menacé par la lame fictice opposante.

« J'a... J'abandonne. » Fit-elle.


Dernière édition par Neela Deshmukh le Jeu 27 Oct - 17:56, édité 2 fois
Jeu 27 Oct - 9:16
Il n’était pas venu jusqu’ici. Il fallait traverser Aramila et ses sables, et s’éloigner du ventre mou et blanc du monde. Le sud d’Uhr s’ouvrait sur des mers inutiles, gangrénées par les infections nocives de la brume. Contrairement à ses terrains de chasse habituels, ils n’étaient pas ouverts. Pas encore. Et Lapis était plus éloignée encore qu’Aramila. Plus éloignée qu’Epistopoli. Il fallait traverser la jungle, dur avec les roues pourtant lourdes de son véhicule. Mais il l’avait fait. Il était là, maintenant, parce qu’il voulait voir l’arène. On lui avait parler d’un gigantesque colisée, plus grand que la plus grande des fosses de la Crevasse, dans lequel étaient forgés les guerriers de ce continent. Il avait mis du temps à accomplir ce pèlerinage, sans doute parce que rien ici ne lui permettait de penser que les méthodes qui produisaient les bipèdes qui infestaient ces terres étaient particulièrement pertinentes.

Maintenant qu’il avait l’endroit sous les yeux, tout doute était dissipé.

Des rats. Des petits rats, minuscules et chétifs, qui jouaient comme les danseuses qui bondissaient sur leurs scènes. Ils tenaient leurs armes comme de grands jouets, et s’enfonçaient dans leurs armures comme dans des déguisements. Rien de bon ne pouvait sortir d’un tel endroit. Il grogna, le bruit naissant au fond de sa gorge jusqu’à s’immiscer entre ses crocs serrés, vibrant et mauvais comme le bruit d’un moteur mal entretenu. Son aventure précédente lui avait ôté un bras : le warg s’était révélé un adversaire coriace, et Tlaxlheel, s’il était globalement ravi de cette expérience, pouvait néanmoins reconnaître qu’il avait besoin de se préparer de nouveau. Sans doute s’était-il laissé quelque peu endormir par les manières douces de ces gens, sans doute avait-il consommé avec un peu trop d’hédonisme les plaisirs qu’ils lui proposaient. Il avait, dans sa jeunesse, fait ses cornes et aiguisé ses crocs sur des proies plus coriaces. Plus maigres, plus vicieuses, plus désespérée. La population locale, grasse et occupée à se disputer sur la meilleure manière de brouter, ne permettait d’entretenir un état d’esprit convenable. C’était cela, qu’il devait retrouver. La peur froide qui serrait ses tripes, l’incertitude poisseuse qui rendait sa sueur collante. Sa bite qui se dressait quand il frappait un monstre coriace et hurlant, quand il lui serrait entre ses doigts son échine jusqu’à ce qu’elle craque docilement. Les choses vraies, les choses pures. Les choses bonnes.

Il regarda le dernier combat, s’abstint de tout commentaire. La jeune femme cachait son visage de sa capuche. Mais ses doigts étaient longs, et ne comportaient aucune cicatrice. Sa peau était douce, et protégé des rigueurs de la vie. Son corps était celui d’une personne qui n’avait jamais connu le moindre jour de labeur dans sa vie. Il ne savait pas qui elle était. Il n’en avait pas besoin. Son adversaire, plus habile, eut tôt fait de la défaire. Le saraph s’extirpa de l’endroit ombragé dans lequel il s’était enfoncé, franchissant les quelques pas qui le séparait du bord des gradins. Il sauta dans l’arène, son arme avec lui, et s’appuya dessus. Il regarda autour de lui, sa langue léchant distraitement la base de sa défense droite. Il fit rouler ses épaules, et s’avança au milieu.

« Quelqu’un peut venir, annonça-t-il d’une voix forte. Je ne suis pas regardant. Je tenterai de me plier à vos règles, mais je doute que vos corps soient faits pour résister à mes assauts. »

Il souleva son arme pour appuyer son propos, avant de la laisser retomber et s’enfoncer dans le sable. Il ne possédait plus qu’un bras, et la manier était difficile, même pour lui. Capable de soutenir avec aisance le toit d’un temple, son instrument était au-delà de ce que même sa portée, pourtant connu pour son amour des armes lourdes, considérait comme raisonnable. Les moins imaginatifs établissaient souvent un lien entre sa taille et un quelconque complexe. Tlaxlheel, pourtant bon vivant, ne riait généralement pas, et trouvait des moyens alternatifs de contribuer à l’humeur badine produite par ces traits d’esprits.

Le combat fut rapide. L’individu qui se présenta à lui était en tout cas courageux, suffisamment pour aller à l’encontre de l’instinct qui devait posséder sa race. Il se tenait droit devant lui, et son odeur lui rappelait celle de la mousse sèche sur les pierres noires. Ce n’était pas une mauvaise odeur. Pas une bonne, non plus. Son ennemi hésita à couvrir la distance qui les séparait. C’était moins sage. Ses chances de victoire, aussi maigres soient-elles, dépendaient de sa capacité à se rapprocher, à profiter du handicap du géant et du manque de maniabilité de son arme. Tlaxlheel plaça cette dernière sur épaules, et se jeta en avant, lui faisant décrire un grand arc de cercle dans les airs. Il possédait une allonge de plus de six mètres, et quand le coup vint s’écraser au sol, soulevant un épais nuage de poussière et créant un rugissement de fin du monde, il craignit que son ennemi n’ait pas eu le temps de réagir. Ce dernier avait apparemment réussi à esquiver, et se rapprochait de lui, une lueur effarée figeant son visage.

Tlaxlheel pivota, tendant son bras et tirant derrière lui son arme, la forçant à s’extraire du sillon profond qu’elle venait d’imprimer. Son corps effectua un grand mouvement circulaire, et il eut cette fois la satisfaction profonde de voir son ennemi interrompre sa course, et tenter d’esquiver la masse de bois et de métal qui se dirigeait vers son torse. Il avait déjà vu des gens tenter de bloquer ses assauts. Ce dernier semblait, encore une fois plus éveillé. Il voulut glisser en dessous, s’applatissant au sol. Tlaxlheel, lui sourit de nouveau, et se contorsionna encore. Transférant son poids sur un pied unique, il leva l’autre pour l’envoyer appuyer sur la base de massue, et inverser sa course. Il gronda, l’effort prodigieux faisant brûler ses muscles, et la masse de son arme vint s’écraser sur sa cible.

L’homme vivait. L’arme-pilier laissait à côté de son corps un nouveau sillon, et imprimait un message clair. Cela n’était pas satisfaisant. Après avoir gouté à l’extase suprême que le warg lui avait apporté, le saraph se rendait compte que ce genre de préliminaire ne pouvait pas lui suffire. C’était impossible. Son adversaire eut le bon sens de déclarer forfait, et le saraph de sortir de là. Il se rapprocha de la jeune femme précédente, et posa son auguste fessier près d’elle. Il n’était pas certain de ce qu’il pouvait avoir à lui dire, ne de si elle pouvait lui apporter quelque chose. Mais si ce champ de bataille se révélait stérile, peut-être qu’une personne suffisamment étrangère à ses mœurs pourrait contrecarrer son influence néfaste. Ca, ou autre chose. La vérité était sans doute moins alambiquée : il s’emmerdait. Elle avait l’air de quelqu’un avec un certain nombre de secrets. Elle serait sans doute amusante. C’était sans doute plus proche de la vérité.

« Pourquoi tu veux te battre ? fit-il simplement. »

C’était une bonne question. Une des rares qui puissent prétendre à cet honneur.
Jeu 27 Oct - 18:56
Ce n'est évidemment pas la première fois que la Princesse échoue et perd un duel, mais il s'agit malgré tout d'un moment démoralisant, comme à chaque fois qu'elle se retrouve au sol. À juste titre, à priori. Au cœur de l'arène, inondée de centaines de regard, elle n'avait pas tenue une minute. À peine trente secondes. Son adversaire arrive à son niveau, tendant sa main pour l'aider à se relever.

« Merci, et bien joué à vous. » Fit Neela, souriante.

La Demoiselle est généralement bonne joueuse, et sait très bien que toutes les occasions sont bonnes à prendre pour progresser. Cette dernière pense d'ailleurs déjà à ce qu'elle va écrire dans son Journal et à comment analyser ses erreurs et ses points de progression. Ce n'est pas en restant passive qu'on progresse, au contraire.

« La prochaine fois, ne tente pas de dissimuler ton identité. Concentre-toi sur le combat et sur ton adversaire. Rien d'autre ne soit exister autour de toi. » Réplique la combattante en se voulant bienveillante.

Un précieux conseil. Mais ce n'est si simple, malheureusement, la Princesse sait qu'elle risque gros à dévoiler son identité. Sa famille également, et par extension la couronne. Soudain, un bruit sourd retentit non loin d'elle. Une créature venait de sortir victorieuse d'un combat, manifestement épique selon les applaudissements de la foule. Cette dernière se rapproche d'ailleurs de la demoiselle. Elle lève un sourcil dissimulé par sa capuche. Elle connait les Saraphs, probablement grâce à son éducation stricte et à ses livres dévorés à propos de cette race, mais c'est la première fois qu'elle en rencontre un en vrai. Elle ne dévisage pas trop longtemps la créature rougeâtre, en guise de respect, et lui offre avant tout un sourire.

« On doit tous se battre d'une manière ou d'une autre. » Réplique t-elle calmement, nettoyant en même temps ses vêtements poussiéreux. « Je choisis juste de le faire avec une lance. »

Elle avait évité d'être trop claire sur ses intentions et ses envies. Personne ne doit connaître son rêve de voyage et d'aventure, les rumeurs se propageraient trop rapidement aux oreilles de son père. En parallèle, la question de son interlocuteur n'était pas si précise, Neela peut donc se permettre d'être vague. Elle se dirige après cette réponse vers une zone hors de l'arène, et incite son interlocuteur à faire de même. Premièrement pour ne pas gêner les autres combats, et deuxièmement pour ne pas être à la vue de tous.

« Je n'ai pas vu votre affrontement. C'est dommage. J'ai sûrement pleins de choses à apprendre de votre style de combat. » Poursuit-elle, enjouée.

La Demoiselle ne s'attarde pas visuellement sur le membre manquant du Seraph, ce serait d'ailleurs malvenu de l'interroger concernant la raison de cette blessure. Elle s'adosse à une rambarde, remettant en place sa capuche. Rares sont les occasions où la Princesse sort de son palais sans arborer ses précieuses fioritures et ses parures étincelantes. Elle se sent bien plus invisible que d'habitude ce qui n'est absolument pas désagréable. La jeune femme ne questionne pas la bête concernant son identité, ne souhaitant pas nécessairement révéler la sienne.

« D'où venez-vous ? » Demande t-elle. « Je ne vous ai jamais croisé à Lapis. »

La cité est grande, bien trop pour connaître tout le monde, mais elle s'en rappellerait si elle l'avait croisé à un moment donné. Sa carrure ne lui permet sûrement pas de se dissimiler aisément à travers la foule.
Sam 29 Oct - 6:00
Il écouta distraitement la réponse de la petite chose. Sa voix était à la mesure de son apparence et de ses manières : chétives, rapide, sans poids. Elle faisait le bruit d’un gravillon jeté au pied d’une cascade, et en avait la consistance. Ce qu’elle disait était du même acabit. Tous n’avaient pas à se battre. Pas ici. Pas dans ces cités aux hautes murailles et aux populations bien régimentées, qui toutes marchaient de concert en bêlant vers des futurs radieux. Et elle, certainement, n’avait pas à le faire. Tlaxlheel l’écouta parler. Au moins avait-elle la décence de comprendre son infirmité. Elle regrettait de ne pas avoir vu son combat, quand la seule chose qui l’en empêchait avait été d’ouvrir ses grands yeux. Leur pourtour n’était pas marqué par les cernes tombants qui amollissaient la peau des gens qui se levaient tôt. Là encore, elle était immaculée. Vierge. Comme totalement épargnée par les affres de la vie. Elle termina par une question, et il renifla profondément, raclant au passage sa gorge, avant de reprendre la parole :

« De la Crevasse. De loin. »

Ce n’était sans doute pas la réponse à laquelle elle s’attendait. Elle ne lui demandait pas d’où il venait. Elle lui demandait où allait son allégeance ici. A laquelle des quatre cités il offrait ses services. L’esprit des herbivores était conditionné pour associer naissance et obéissance. Celui de leurs castes dirigeantes plus encore.

« J’ai établi mes quartiers à Opale, ajouta-t-il donc. Ce n’est pas important, précisa-t-il, pris d’un élan charitable peu habituel. Je viens te parler parce que tu n’es pas une combattante. Et tu n’as pas à combattre, grogna-t-il. »

Il fallait reste courtois. Il avait affaire à une personne importante. Cela voulait dire qu’en se la mettant dans la poche, il pouvait sans le moindre doute établir un point d’entrée dans cette ville. Et aussi proche du trou du cul monde qu’elle puisse être, il n’était pas saraph à ignorer ce genre de possibilité, surtout quand on la lui présentait déjà presque totalement prémâchée. Il suffisait de ne pas s’en foutre partout, et de faire attention à ses manières. Il réprima la dizaine de commentaires sardoniques qui menaçaient de s’échapper d’entre ses lèvres épaisses, et se reprit, tentant de garder un ton conversationnel. Un ton affable, poli, à la diction claire et élégante :

« Mais j’comprends qu’tu veuilles rester discrète. Mais à ce rythme, tu seras crevée avant d’être capable de faire quoi que ce soit. Le prends pas mal, hein, mais t’as pas franchement une gueule de tueuse. Tes ongles sont lisses. Ta peau est douce. Y’a pas de corne sur tes doigts. T’as des mains de concubine, et c’pas à ce rythme que tu vas parfaire ton déguisement de guerrière à capuche. J’ai du mal à comprendre les sans-cornes, parfois. C’pour ça que j’te pose la question, et crois-moi, j’ai autre chose à faire que de m’occuper de ton sort. M’enfin. »

Il s’étendit plus totalement sur les marches, l’ombre de son arme le protégeant quelque peu des rayons du soleil. Sa peau épaisse et la teinte foncée de celle-ci l’empêchait de cramer sous ses rayons, mais il préférait tout de même la fraicheur. Cet endroit était trop humide. Trop pesant. Il gratta sa défense d’un ongle pensif, et conclut d’une phrase simple son monologue :

« Tout ça pour dire que ouais, t’as des trucs à apprendre. Mais c’est toute ton existence qu’il faut transformer si tu veux butter des types. »

Il doutait qu’elle veuille combattre pour ces raisons. C’était rarement la raison pour laquelle voulaient comprendre les autochtones. Pourtant, la réalité était simple autant qu’évidente, et personne n’aurait pensé à affirmer le contraire : on apprenait à se battre pour tuer son prochain. Le reste n’était qu’excuses et rationalisations, et Tlaxlheel n’était encore suffisamment amolli pour accorder même le plus infime crédit à ces conneries. Cela en revanche ne l’empêchait pas d’être consumé par sa curiosité habituelle, et de se demander quel curieux mécanisme avait pu enclencher chez la jeune femme une telle volonté. Certes, elle s’entrainait en dilettante : griffonner dans son cahier pendant qu’autour d’elle les gens ahanaient et beuglaient était une idée stupide et improductive, mais là encore, il ne voyait pas ce qu’il pouvait attendre d’autre d’une oie grasse. Ayant terminé de faire reluire sa première défense, il passa à la seconde, passant là aussi un ongle explorateur afin de la débarrasser de toutes les particules que l’atmosphère chargée des lieux aurait pu y déposer.
Dim 30 Oct - 16:55
La discussion divague dans une direction qui ne plaît aucunement à la Princesse Neela, et elle ne se gêne pas d'exagérer ses expressions pour le faire comprendre à son interlocuteur. Elle écoute la fière créature silencieusement, respectueusement, mais ne peut s’empêcher de réagir face à ses inepties qui sont déblatérées et qui agressent presque les tympans de Neela.

« Je ne peux vous contredire, je ne suis pas une combattante. C'est indéniable. » Réplique t-elle finalement. « Et vous avez encore une fois raison, je ne suis pas une tueuse. C'est d'ailleurs tout à mon honneur, vous ne trouvez pas ? »

La deuxième partie de sa phrase est énoncée de manière bien plus sèche, bien plus piquante sans atteindre par ailleurs l'agressivité. C'est à ce moment que la Princesse laisse derrière elle une partie de ses bonnes manières et de son éducation soignée et soutenue. Elle se permet désormais de regarder la bête rougeâtre sous toutes ses coutures, comme un air de défi. Ses cornes luisantes. Ses crocs acérés.

« Vous parlez de butter de gens avec tant d'aisance. Je reprends vos termes. Où est-ce que vous vous croyez ? » Demande t-elle. « Cessez d'être vaniteux. Vous n'avez manifestement pas à l'être, vos propos ne sont pas à votre avantage. »

La jeune femme comprend que l'individu en face d'elle ne parle que de se battre avec ses poings, ses crocs et ses cornes. Avec son arme tenue à la seule force de son unique bras. Avec violence, quelle que soit la situation. Des valeurs qui sont bien loin de celles de Neela.

« Que vous le croyiez ou non, je vais m'améliorer et progresser pour des raisons que vous ne comprendrez probablement jamais. » Poursuit-elle. « Maintenant, suivez-moi. Les regards sont malheureusement un peu trop braqués sur vous. »

Elle se dirige alors vers son casier attitré et récupère son bien si particulier : son tendre Journal, avec comme bonus sa besace contenant le reste de ses affaires. Elle sort de l'arène, suivie par la bête, en passant par l'arrière de la structure et en espérant surtout ne pas avoir attiré l'attention des plus curieux. La Demoiselle Deshmukh n'avait sûrement pas envie d'expliquer la situation à son père. Les deux individus s'arrêtent après une minute ou deux de marche, isolés dans un parc, et la Princesse se sent enfin suffisamment à l'aise pour retirer sa capuche. L'espace en question illustre le calme et la concorde de la nature notamment grâce aux nombreux arbres fruitiers, aux buissons taillés au millimètre près et aux fleurs aux mille fragrances alléchantes. Une fierté de la grande famille gérant l'agriculture, la faune et la flore de Lapis. Neela laisse tomber ses longs cheveux noirs, passant ses doigts fins à l'intérieur de sa crinière. Elle arrache un fruit de son arbre, s'assoit sur un banc et souffle un coup, avant de se concentrer de nouveau sur l'Insatiable.

« Quel est votre nom ? » Interroge t-elle le Saraph. « Qu'est-ce que vous êtes concrètement venu faire à Lapis ? Vous n'êtes quand même pas venu d'Opale pour un malheureux affrontement, n'est-ce pas ? Ni pour me dire que je dois entièrement changer mon existence pour tuer ? La route est bien trop longue, bien trop éprouvante. »

Neela croque dans aliment fraîchement trouvé, grimaçant une seconde à cause de l'acidité, et se prépare mentalement aux réponses probablement dédaigneuses et fières de la bête, prenant soin de retenir toutes les informations fournies par cette dernière.
Lun 31 Oct - 7:58
La petite chose semblait revêche. Elle se gonflait, et l’air chaud qui sortait de ses poumons prenait des formes pleines de reproche. Elle lui parlait de son incapacité et de sa faiblesse comme des choses dont il fallait être fier. Tlaxlheel leva un sourcil interrogateur. Il n’était pas certain de savoir pourquoi alors elle voulait manier une arme, si ce n’était pas pour pouvoir tuer quelqu’un. Peut-être pensait-elle que se défendre pouvait se faire sans qu’on ait à planter le tranchant de sa lame dans les entrailles de la personne en face. Elle tourna les talons, et l’invita à le suivre. Au moins semblait-elle avoir du caractère. Certes, il était facile d’en avoir quand on avait été habituée toute sa vie à la facilité et à l’obéissance, que le danger était pour soi une notion particulièrement abstraite. Mais tout de même. Il jeta un regard sur l’arène, et balaya du regard les quelques personnes en train de lutter ou d’attendre leur tour, avant d’hausser les épaules et de suivre la jeune femme, soulevant son arme et la plaçant sur son épaule.

Il manquait toujours un peu d’équilibre, et son corps penchait trop à gauche. Il aurait à corriger cela.

Il la regarda progresser jusqu’à un casier contenant ses affaires, puis, ayant visiblement terminé de pérorer, elle le mena jusqu’à un jardin ombragé, plus éloigné des regards indiscrets. En d’autres circonstances, le saraph aurait pu penser qu’elle tentait de l’isoler. Ca n’aurait pas été la première fois, mais contrairement à nombre de ses congénères, le côté tabou de ces relations quasi-zoophiles ne l’excitait pas. Pas en tant que tel, pas sans qu’on y rajoute un élément suffisamment transcendant. Ce n’était de toute façon pas le propos de l’instant, et elle s’empressa de le questionner. C’était une enfant. Peu heureuse d’être considérée ainsi, elle le questionnait sur des sujets triviaux, et mâtinait ses interrogations d’accusations molles et larvées. C’était un moyen trivial de retourner ce qu’elle percevait comme une agression. Ces bipèdes étaient fascinants. Le saraph considéra le meilleur moyen de lui répondre, avant de décider, comme souvent, d’aller au plus simple.

« Plusieurs questions, plusieurs réponses, répondit-il en tentant vainement de masquer son amusement. Non, ne pas avoir tué n’est pas à ton honneur. Je ne vois vraiment pas d’où peut te venir cette idée saugrenue, surtout quand tu t’entraines pour le faire. Parce que c’est ça : une arme, ça sert à butter la personne en face de soi. On peut enrober les choses, mais à la fin, la vie c’pas une belle histoire. »

Il doutait qu’elle comprenne ce qu’il était en train de lui dire. Ce n’était pas spécialement important, et ce n’était pas son objectif. Il parlait pour avoir le plaisir de dire des choses. Pour voir ce qui se passait, pour démontrer sa supériorité.

« Tu vois le fait de tuer, de te battre, comme quelque chose de négatif. C’est un processus. Et sans le comprendre, je peux ici te le garantir : jamais tu ne seras autre chose qu’une personne déguisée, lorsque tu te saisiras d’une arme. C’pas qu’il soit particulièrement dur à piger, en plus. Quant aux raisons de ma venue ici, crois-le ou non, j’suis là pour visiter, et prendre du bon temps. Pour l’instant, c’bof bof, fit-il en joignant le geste à la parole et en faisant tourner sa main dans les airs. Et j’suis Tlaxlheel. Mais j’t’en prie, si t’as d’autres questions, pose-les. Je suis un livre ouvert. Avant, juste, si tu pouvais me donner ton nom ? Nan parce que c’pas super la classe mondaine que d’exiger celui de ton vis-à-vis sans offrir le tien avant. »

Il marqua une pause, avant de se pencher légèrement en avant et de conclure d’une voix plus neutre :

« Parce qu’au cas ou t’aurais pas remarqué, j’suis pas un des sbires de maman-papa, et le problème quand tu veux te séparer de ta richesse et de ton influence, c’est que les gens qui ont l’habitude de supporter ce genre d’écart disparaissent aussi du paysage. »

Il ne pensait pas qu’elle allait continuer de fulminer. Elle manquait d’endurance, et son caractère semblait trop coulant. Quelques remarques passagères avaient été suffisantes pour bouleverser l’organisation de sa journée, et justifier une telle transformation. Elle n’avait pas le feu pour continuer de brûler comme ça. Il espérait simplement avoir tort. Distraitement, il tenta de se rappeler de qui elle pouvait être. Il était loin d’être un expert de la politique locale, et la créature qu’il avait en face de lui était sans doute une figure très secondaire. C’était de toute évidence la fille d’une famille affluente, mais il ne savait pas encore si son sang était en premier lieu lié à l’argent ou au pouvoir.
Mar 1 Nov - 16:20
La jeune femme, sans perdre de son éternelle grâce, plonge sa main dans sa besace de fortune pour sortir de ses entrailles un mouchoir en tissu. Elle s'essuie les mains, tapote sa bouche, puis jette l'outil consommé dans une poubelle. C'est en croisant les jambes qu'elle se rassoie en face de la créature rougeâtre.

« Je vais encore vous le répéter. Une seule fois, ce n'est manifestement pas suffisant. » Réplique t-elle sèchement. « Je ne m'entraîne pas pour tuer. Compris ? »

Les sentiments néfastes ressentis par la jeune femme de montent pas crescendo. Elle contrôle ses sentiments, ses émotions, mais tend de plus en plus à les montrer au grand jour. Les barreaux de la prison dorée qui lui est imposée depuis toujours s'effritent peu à peu, et ce n'est d'ailleurs pas pour lui déplaire. Elle lève un sourcil, prenant quelques secondes de réflexion.

« Je suis juste d'accord avec vous dans le sens où il s'agit effectivement d'un processus. » Poursuit la Demoiselle. « Je pars de loin, malheureusement... »

La deuxième partie de sa phrase est presque étouffée volontairement. Pas besoin d'insister encore une fois sur le fait qu'elle n'est, pour l'instant, clairement pas à la hauteur. Après la rapide présentation de la créature nommée Tlaxlheel, la jeune demoiselle ne peut d'après elle plus se dérober, et doit faire face à ses responsabilités. Elle se redresse légèrement.

« Je suis la Princesse Neela Deshmukh, fille légitime du Roi Amitabh II Deshmukh. » Énonce la jeune femme, comme une phrase qu'elle récite ainsi depuis des années.

Elle ne souhaite aucunement impressionner la bête cornue de cette manière, et doute même de pouvoir le faire de quelque manière que ce soit. Le rang, la richesse, la gloire et le prestige ne sont de vraies valeurs que quand l'individu le mérite, ce qui n'est pas le cas pour la Princesse de Jade. Elle prouvera sa valeur par ses actes et ses actions, et pas uniquement grâce à un nom et à un statut simplement hérité. Elle passe immédiatement à autre chose, pour le faire comprendre à la bête.

« Monsieur Tlaxlheel, donnez-moi un conseil. » Demande t-elle subitement.

Tous les avis sont bons à prendre, n'en déplaise, elle le sait très bien. Surtout venant du guerrier que semble être Tlaxlheel. La créature avait assisté à son combat contre l'autre guerrière, et avait donc également aperçu sa défaite.

« Malgré certaines bêtises que vous racontez, vous avez sûrement des choses à m'apprendre. N'en profitez pas pour être une nouvelle fois vaniteux, je déteste ça. » Ajoute t-elle.

Un jeune couple passe à travers la végétation du jardin, à une dizaine de mètres derrière l'Insatiable, et ces derniers finissent par apercevoir et examiner avec insistance la Princesse. Ils ne semblent pas sûrs de la reconnaitre, mais se laissent toutefois guidés par leur curiosité. Ils s'arrêtent et chuchotent entre eux, jonglant du regard entre Neela et Tlaxlheel.

« Chérie... La Princesse... » Chuchote le vieil homme à sa femme.

La Demoiselle remet immédiatement ses cheveux dans sa capuche, réajuste cette dernière et se décale légèrement de manière à ce que son interlocuteur imposant la dissimule des voyeurs. Peut-être que le message allait passer de cette manière.

« Contrairement à vous, je n'ai pas la possibilité d'être un livre ouvert. » Conclue t-elle.

Encore une fois, loin d'elle l'idée de vouloir se plaindre, elle énonce simplement les faits. Une cage dorée ne s'effrite malheureusement pas en deux temps trois mouvements.