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Comme une fragrance d'orange [ Feat Bora Seol ]

Comme une fragrance d'orange [ Feat Bora Seol ] Brandw10
Jeu 27 Oct - 17:44
À travers la jungle de Lapis, sources de délicates fragrances entremêlées, se tient la Princesse Neela, adossée à un arbre. Aux yeux des créatures sauvages, elle se distingue de la nature et l’inonde des reflets de lumière provoqués par ses parures. Aux yeux de son garde du corps, Argas, elle est une rose fragile qui doit être protégée et ne doit aucunement perdre de son éclat.

« Tout va bien, Princesse ? Faisons une pause. Nous marchons depuis un moment, déjà. N’allez pas vous surmener. » Demande t-il, soucieux. « Vous m'écouterez, la prochaine fois, et prendrez un cheval quand nous partirons en voyage. »

La Demoiselle venait de s’arrêter, haletante, profitant d’un instant pour réellement contempler la faune et la flore. Elle offre un sourire à son protecteur, avant de se décoller de son support.

« Ça va. Ne va pas croire que je suis en sucre, Argas, je vais me vexer. » Répliqua Neela, reprenant sa route.

Sans surprise, le garde du corps suivit le pas, faisant avancer avec lui la bête de somme chargée de porter les affaires comme les armes de Neela et quelques provisions. Se tenant aux aguets, les sens en constante concentration, le soldat surveille chaque danger potentiel et balaye du regard l’ensemble du décor forestier. Il dégage, plus que de la droiture, une pleine rigueur et ne prend pas son rôle à la légère. Quels que soient les évènements à venir à venir, il se tenait prêt. Sa main droite sur le manche de sa lame, endormie dans son fourreau, peut en témoigner.

« Dis-moi, Argas, tu ne rêves pas plus grand ? » Demanda la Princesse, d’un ton moins léger que d’habitude.

Elle aurait pu voir la moue du jeune homme en armure si elle s’était retournée.

«  Précisez votre pensée, Mademoiselle. » Réplique t-il, du même ton calme et respectueux qu’il semble garder en permanence.

Cette fois-ci, c’est au tour de Neela de faire la moue, avant de souffler volontairement plus fort que nécessaire. Elle se tourne un instant, mais pas entièrement afin de pouvoir poursuivre sa route.

« Tu sais... La liberté. Cette sensation d’occuper la juste place au juste moment, la sensation de vivre plus fort, de se sentir… Entier. Vivant. » Poursuit-elle. « Je sais que je t’ennuie avec mes affaires. Pauvre Princesse qui se plaint du caviar qu’elle déguste dans sa cuillère d’argent. Que la vie est dure. »

Le garde ne laissa aucun silence s’installer.

« Ce n’est pas ce que je me dis, Princesse. » Avoue t’il.

La protégée ne répond pas de suite, enjambant un tronc d'arbre et esquivant les quelques branches envahissant le chemin. Elle est vêtue d'une robe colorée moulante, pas trop longue, mais pas vraiment courte non plus. Sa couronne est posée fièrement sur sa tête, et de nombreux bijoux et fioritures complètent sa tenue. Cette dernière n'est manifestement pas adaptée à une excursion dans la jungle. Heureusement pour elle que les deux compères ne s'éloignent pas du chemin.

« Tu es payé pour me protéger. Ta seule présente me rappelle constamment la prison dans laquelle je me trouve. Mon devoir. » Poursuit Neela. « Le pire, c’est qu’elle me rappelle aussi à quel point je suis hypocrite de me plaindre, alors que rien ne m’empêche de prendre mes affaires et de m’en aller à tout jamais, loin des conséquences de la couronne, loin de cette incessante guerre du trône, loin de ces responsabilités qui me rendent folle. »

Il ne répond pas. Probablement parce qu’il s’agissait, selon lui, d’une question rhétorique. La jeune femme se frappe les joues doucement à l’aide de ses paumes, comme pour se forcer à changer d’humeur. La punition d’avoir, encore une fois, sombré dans ses ruminations qui attisent son mal-être. Elle se retourne quelques secondes.

« Que ce soit ton travail ou non, je suis contente que tu sois à mes côtés, Argas. » Avoue t-elle.

L’homme n’aura pas eu le temps d’apercevoir les joues rosées de la Princesse. Il venait de faire basculer son attention sur un arbre, plus particulièrement sur l’une des branches feuillus qui composent son chapeau végétal. Il sort légèrement son épée du fourreau, comme pour se préparer à la pire des rencontres.

« Princesse, arrêtez-vous. » Demande t-il dans un mélange de politesse et d’ordre

De sa main gauche, il tire sèchement les rênes, histoire d’arrêter la progression de la bête de somme. Quelque chose se tenait dans l’arbre. Pas un écureuil ou un mignon petit poodie. Quelque chose d’autrement plus imposant...
Ven 28 Oct - 11:04


Comme une fragrance d'orange

- ft.  Neela Deshmukh


Un amoncellement de couleurs éblouissantes et de brillances vives avait attiré l'œil d'une petite créature à l'abri, haut perchée dans les ombres exotiques. Loin des éclats de la rive qui se versait dans les creux de la jungle à deux pas d'ici et des éclats du soleil qui réchauffait l'air de son odeur brûlée, ceux-ci semblaient renfermer une multitude de nuances qu'on ne voyait jamais en ces lieux. Ils piquèrent sa curiosité, à lui, un narangpé aux abords anodins et dont la queue, par l'excitation de son intérêt piqué, se balançait fièrement entre les branches. De ses grands yeux vermeils, il fixa tour à tour la jeune noble qui portait ces somptueuses couleurs et l'homme qui l'accompagnait, dont l'armure faisait miroiter des fadeurs inégalées. C'était un bien curieux duo. Il ne comprenait pas tout de cette conversation, mais tendant l'oreille, crut percevoir une lassitude certaine dans la voix de la brunette. Sa voix lui était familière. Bora était persuadé de l'avoir entraperçu au palais quelques fois.

Ses pattes pourpres se recroquevillèrent sur une branche plus éloignée et, d'un élan, il se pencha plus bas encore, espérant observer davantage cette scène inhabituelle pour l'endroit. A sa surprise, le combattant, main portée au manche de son arme, le fixait déjà avec un mélange de méfiance et d'appréhension. En levant les yeux, les soupçons du singe se confirmèrent; devant lui se tenait la princesse Neela Deshmukh, qu'il avait eu l'occasion de croiser dans les palais de Lapis. De toutes les opportunités qu'il avait désormais pour aller se dégourdir les pattes dans la jungle, fallait-il vraiment qu'il choisisse ce jour-là ? Pour y croiser l'une des membres de la noblesse qu'il cherchait tant à fuir ?

Fut-il humain aurait-il soupiré et grimacé devant l'allure déterminée du jeune combattant; comment diable allait-il signifier sa présence dans son état ? Il semblait bien décidé à en découdre. Peut-être pouvait-il encore s'échapper et prétendre ne les avoir jamais vu. Il ne comprenait pas même ce que la princesse venait bien faire dans ce territoire, seule avec son garde du corps. Ce n'était clairement pas habituel de croiser des membres de la noblesse Lapisienne si loin dans la jungle. Ils semblaient transporter des bagages avec eux. Bora voulu bêtement prononcer un mot, mais rien ne sortit de ses lèvres, sinon un piaillement sans aucun sens. D'un bond, il assena un coup de patte sans aucune force sur le front du jeune homme et remonta dans son arbre pour disparaître dans les feuillages...

...puis atterrir un mètre plus loin sur les épaules de la demoiselle et s'y réfugier. Une espèce de citron dans les pattes, il lui tendit avec cérémonie, comme en guise d'offrande de paix. A l'heure actuelle, il fallait être étranger à la cité pour ne pas savoir que le fils des Ira·Seol, qu'on avait tant cherché à dissimuler, était aussi l'une de ces bêtes espiègles qui se tapissait dans les arbres. Peut-être que la jeune femme aura cette intuition qui le sauverait de la lame de son protecteur. Ou peut-être venait-il de signer son arrêt de mort, blotti contre son dos royal. Peut-être que le dernier fils de la famille mourra ainsi, en singe, et que jamais plus on ne le reconnaîtra comme un homme.

Peut-être son immaturité et son indiscrétion auront raison de son poil, mais il était curieux de comprendre ce qui se tramait ici bas.




Dernière édition par Bora Seol le Mer 17 Mai - 17:18, édité 6 fois
Ven 28 Oct - 19:20
Le Garde du corps n'a pas attendu longtemps pour se mettre dans une position autrement plus agressive. Il n'a pas eu un temps de réflexion et de compréhension suffisant pour prendre les bonne décisions vis à vis de la créature. Probablement que l'assaut qu'il venait de recevoir de cette dernière, certes sans aucune douleur, venait instinctivement de lui faire croire qu'elle était hostile.

« Princesse ! Ne bougez pas. » S'exclame t-il, dégainant une bonne fois pour toute son arme et se ruant vers les deux êtes en face de lui.

La réaction de la Princesse avait été bien plus contrôlée, bien plus réfléchie. La surprise avait laissé la place à la curiosité en l'espace de quelques secondes. Elle avait senti que la créature sur ses épaules ne lui voulait pas de mal, et par extension, à son garde non plus. Les yeux de la Demoiselle se sont d'ailleurs émerveillés dès qu'elle les a posé sur cette bien curieuse créature poilue.

« Argas, stop. » Réplique t-elle, allongeant son bras et écartant la main qui, elle l'espère, s'interposera entre l'homme et sa cible.

En une fraction de seconde, l'homme s'arrête sans lâcher un seul instant le primate des yeux. Il essaye manifestement de comprendre la situation et les dangers qu'elle implique.

« Argas, baissez votre arme. » Exige la Demoiselle, sans vraiment laisser l'opportunité au garde de la contredire. « C'est un ordre. »

Encore une fois, le garde s'exécute sans pour autant relâcher la concentration. Heureusement pour la créature, il comprend peu à peu qu'elle n'est à priori pas menaçante. En tout cas, pas avec sa protégée. Il range son arme fraîchement dégainée à l'intérieur de son fourreau et se redresse légèrement. Neela tourne sa tête vers le primate qui tient dans ses étroites mains un citron. Un cadeau, visiblement. Elle attrape délicatement l’offrande et rapproche cette dernière de son visage, histoire de sentir tous les arômes du fruit exotique.

« Un singe. Il semble que je me sois emporté. Excusez-moi, Princesse. » Avoue Argas.

La Princesse exprime un rictus, qui se transforme rapidement en un éblouissant sourire. Elle sent que l'animal n'est pas totalement rassuré, et offre alors une rapide caresse à la créature au niveau de ses longues pattes fines cramponnées à ses propres épaules.

« Non. Je crois que tu te trompes. » Répond t-elle avec panache. « Je crois qu’il s’agit d’une personne bien particulière. »

Plus elle contemple le singe, plus elle semble reconnaître ce pelage d’ivoire. Ces yeux. Cette frivolité. Nombreuses sont les fois où la Demoiselle pense à ce curieux personnage et aux moyens de provoquer une rencontre.

« Bora ? » Demande t-elle, d’une manière plus ou moins rhétorique.

À vrai dire, la jeune femme n’est pas totalement sûre d’elle, ce n'est d'ailleurs pas possible de l'être, mais elle suit malgré tout son intuition qui est probablement le meilleur des outils. Le Garde ne semble pas comprendre ce qui se passe, et n’arrive pas à se détendre totalement. Sourcils froncés, mains crispées, il ne lâche pas la bête du regard. La dulcinée se sent obligée d'expliquer la situation à l'homme en armure.

« Argas, tout le monde est au courant à Lapis. Tu ne vis pourtant pas dans une grotte. » Fit-elle, moqueuse. « N'as-tu donc jamais entendu parler de la dernière naissance des Ira·Seol ? »

Elle range l'agrume dans le sac attaché à la bête de somme, sans se presser, sans à-coups, au summum de la délicatesse. En échange, elle décroche l'une des pierres précieuses accrochées à son pendentif. Une pierre de Jade, luisante, scintillante, qu'elle tend au singe, tout sourire.

Jeu 24 Nov - 13:20


Comme une fragrance d'orange

- ft.  Neela Deshmukh


Devant la pierre de jade, délicatement posée entre ses petites pattes, des étoiles dans les yeux, Bora s'immobilisa un instant pour l'observer. Les reflets du soleil dansaient dans ce vert d'eau, le noyant dans une chaleur attendrissante. L'élégance de ses contours complexes et riches, dessinés dans le minerai d'une manifeste main de maître, l'impressionnait toujours. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait ce travail d'orfèvre; à Lapis, dans la haute société, c'était un luxe courant que l'on pouvait s'offrir sans mal, mais pour Bora, le petit narangpe à qui on ne voulut rien céder, c'était la première fois qu'on lui offrit un cadeau aussi précieux.

En levant les yeux vers la princesse, comme pour répondre à sa gentillesse, il fut frappé de constater que ses iris étaient si semblables au jade qu'il tenait entre ses pattes. Chauds, attendrissants, riches et complexes, illuminés par un sourire délicieux qu'il se promit de ne jamais oublier. Bora n'avait pas l'habitude qu'on le traite avec tant de bienveillance, et l'espace d'un instant, il demeura là, ému devant ses iris affectueux, sans bouger. Et brusquement, reprenant ses sens, il sembla s'incliner un instant, laisser une caresse fantôme sur la joue de la princesse d'un petit coup de tête, et s'enfuit à nouveau dans les hauteurs, ignorant ostensiblement son garde encore clairement mal à l'aise de ne savoir sur quel pied danser.

Dérobé aux regards curieux, quelques mètres plus loin, Bora cherchait le chemin de son havresac, perché entre les branches des arbres. Il y dissimula la pierre précieuse dans une poche sournoisement caché dans le fond, comme on abrite un trésor inestimable, tira les sangles de son sanctuaire fugace pour le fermer et le fit tomber lourdement sur le sol, quelques secondes plus bas. Un bruit sourd retentit dans le dos du garde qui réagit au quart de tour, sous le regard amusé du singe. Quelques fruits mal sécurisés tombèrent du sac en même temps et vinrent s'écraser sans aucune délicatesse dans l'herbe chaude. Une grenade s'aplatit sur l'épaule d'Argas, explosant au passage de tout son jus.

Il s'éclipsa à nouveau au plus proche du sol, emportant avec lui ses vêtements et à l'abri des regards pour reprendre forme humaine, et une grimace déforma aussitôt son visage. Bora avait beau s'y habituer, la douleur était toujours perçante, creusée au fond de ses muscles et de ses os, comme si sa chair se déchirait à mesure qu'il grandissait. Il avait vite compris qu'il était plus judicieux d'avoir toujours avec lui ses vêtements, histoire de ne pas finir entièrement nu devant des personnes qu'il ne voudrait pas croiser. Comme, par exemple, une princesse. C'était un argument qui se valait. Habillé à la hâte, il réapparut derrière un arbre, un peu plus loin, mi-gêné, mi-amusé par la situation. « Je crois qu'il faudra laver cette armure, messire. Désolé. » Son regard se posa à nouveau sur Neela et il lui offrit un sourire chaleureux, quoi que teinté d'amertume. « Ce nom n'est plus le mien, mais c'est vrai que peu de gens ignorent mon existence, de nos jours. Je crois que je suis la bête de foire la plus réputée de Lapis. »

Quelque peu intrigué, ignorant son sac et sa réserve de fruit grassement écrabouillée au sol à quelques mètres de là, Bora s'adossa à un arbre, levant un sourcil interrogateur. « Que faites-vous par ici ? Ce n'est pas souvent qu'on croise des Lapissiens si éloignés dans la jungle. De surcroit quelqu'un de votre statut. »




Dernière édition par Bora Seol le Dim 24 Déc - 19:44, édité 5 fois
Lun 23 Jan - 17:03
La caresse du singe, douce et hâtive, fit fondre l'espace d'un instant le cœur de la Princesse de Jade. Cette rencontre, elle l'attendait et la désirait depuis bien des années. Les gens qui étaient capable de comprendre la situation actuelle de Neela n'étaient pas nombreux, ils se comptaient sur les doigts de la main : il s'agissait des descendants des quatre grandes familles de Lapis. Probablement parce qu'ils comprenaient mieux que quiconque cette pression qui leur collait à la peau depuis toujours. Cette guerre froide et stupide. Ce climat de tension. Après une voltige maitrisée, l'animal se cacha quelques secondes dans les arbres avant de descendre dans un torrent fruitée.

« Merci le singe. » Fit le garde, visiblement agacé.

Il balaya son épaule de la main, histoire de nettoyer grossièrement son armure. À vrai dire, l'apparence n'était pas tellement importante pour lui. La sécurité de la Princesse demeurait sa principale préoccupation. Quelques minutes après la disparition du primate, un jeune homme sortit des feuilles. Neela arborait toujours le même sourire chaleureux.

« Les humains aiment critiquer et rabaisser les autres pour se sentir mieux, ça leur permet d'oublier leurs propres faiblesses. » Répliqua la jeune femme. « J'avais hâte de te rencontrer, Bora. »

Elle fit quelques pas pour attraper le sac du Zoan, et par la même occasion les quelques fruits encore entiers. Elle tendit le tout à son nouvel interlocuteur. Argas se rapprocha légèrement de la Princesse. On ne savait jamais comme pouvait réagir les inconnus.

« Je suis à la recherche d'une espèce particulière qui serait endémique à la jungle de Lapis. Je t'avoue que, pour l'instant, ça ne porte pas ses fruits. »

Elle n'éprouvait pas le besoin d'en dire plus, mais elle devait quand même s'assurer d'une chose.

« D'ailleurs... Mon père n'est pas au courant, donc... Est-ce que ça peut rester entre nous ? » Demanda t-elle avec un clin d'œil.

Elle imaginait déjà le pire si le Roi l'apprenait : se promener seule avec un pauvre garde dans la jungle, sans raison valable, et oser discuter avec le rejeton des Ira·Seol ? Quel affront.

« Je te retourne la question ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

La réponse semblait évidente, mais la question se devait quand même d'être posée.

Dim 24 Déc - 19:42


Comme une fragrance d'orange

- ft.  Neela Deshmukh


Le timbre de la jeune femme semblait posé et assuré au premier abord, mais on pouvait y sentir tissés des cheminements nerveux à la mention de son père. Bora ne pouvait que les comprendre et les partager; ses intentions semblaient se porter loin du mépris que le jeune narangpé subissait à la capitale, mais être vue en sa présence, ici, loin du confort de la soie colorée et des brises maritimes, cela ne pouvait clairement pas être bon pour elle. En particulier en connaissant le contexte politique qui déchirait leurs familles respectives. Il l'entendait bien volontiers.

La nervosité de son garde, par contre, l'amusait grandement. Qu'avait-il à craindre d'un ridicule petit singe à peine conscient de ses capacités et de sa condition physique ? Le sourire du jeune homme s'étira doucement, peu à peu plus carnassier, en imaginant les milles et une farces qu'il pouvait tendre au malheureux Argas. « Je connais cette jungle comme mon propre berceau. Je pourrais t'aider à trouver ce que tu cherches. » Son objectif initial en s'aventurant dans cette végétation n'était plus très loin, et il avait quelques plantes à trouver lui-même. Il avait entendu des échos un peu plus tôt, au gré des premiers voiles de lumière du matin, que certains braconniers avaient trouvés leurs chemins parmi les refuges de son espèce, et il était venu s'assurer qu'aucun n'était blessé. D'une pierre deux coups, comme on dit, n'est-ce pas ? « Je suis venu donner un coup de patte à mes frangins. Ils ont laissé débarquer des braconniers dans la région. C'est un vrai problème. » Sur son visage d'enfant se dessina une grimace fugitive, amère. « C'est pourtant pas la première fois qu'on les menace, mais dès qu'ils ont quelques pièces dans les mains, ils deviennent sourds, sur le port, et ils laissent passer tout le monde. »

Il jeta un œil narquois à Argas et le dévisagea, laissant peser dans l'air quelques secondes de silence, lourdes, interminables.  « T'as pas trop chaud avec ton armure ? Si tu la nettoies pas bien, ça va attirer les mouches. J'aurais pas envie de puer l'orange pourrie au soleil, moi. » D'un bond, il attrapa son havresac et l'installa sur ses frêles épaules, n'oubliant pas de remercier la princesse d'un geste de la tête. Il esquissa de partir, trainant ses pieds nus dans l'herbe avec moins de grâce qu'il n'en avait plus tôt, et glissa doucement à Neela dans un identique clin d'oeil : « Si tu me suis, je te suis, et personne n'en saura rien. »

Le soleil était encore lourd, mais la journée ne tarderait pas à décliner. L'air ambiant, doucement, se rafraichissait, et les insectes allaient se blottir dans leurs nids petit à petit, laissant place aux bioluminescences de la jungle. Si elle se perdait, la Princesse n'avait pas plus d'une heure ou deux avant que l'étoile ne décline pour laisser sa place à la nuit noire, et Bora se doutait que, dans l'obscurité, se guider dans la luxuriante mais dangereuse végétation de la région ne serait pas une partie de plaisir. Et puis, c'était assez rare qu'on ne le traite pas comme une bête pour qu'il accepte d'en profiter plus longtemps.