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Rencontre hasardeuse et inopinée [ft. Jivar]

Rencontre hasardeuse et inopinée [ft. Jivar] Brandw10
Mar 20 Déc - 12:32


Travailler pour le roi n’avait rien gratifiant. La cour n’étaient composée que de cousins et d’autres ordures attendant patiemment la mort du roi pour lui prendre sa place. Des manigances avaient lieu tous les jours, des pactes, des alliances, des conspirations contre le roi. Au sein du palais, il était extrêmement délicat d’entendre des choses ou de tomber par hasard sur les plans d’action d’un tiers. Travaillant officiellement comme un serviteur du roi, Azur n’écoutait que les ragots inintéressants et jamais rien de bien concluant. Il profitait de servir le roi dans ses quartiers pour obtenir ses ordres. Mais cette fois-ci, le vieil homme ne lui donna pas de mission pour le royaume, mais uniquement pour lui. La mission ne se ferait pas en-dehors du royaume.

En effet, l’un de ses plus proches conseillers craqua et lui confia les desseins de ses neveux. Tout était bon pour l’atteindre et pas nécessairement physiquement. D’après les dires de cet homme, un attentat serait organisé dans les bas-fonds de la capitale. Sur Xandrie, la loi régnait et la sécurité de chaque habitant devait se sentir en sécurité. Si un tel attentat devait survenir, la légitimité du roi dans ses fonctions pourrait être remise en cause. Trop sénile pour régner et gérer un royaume tel que celui-ci, penseront les hauts dignitaires. Régner était bien trop difficile pour un seul homme, surtout quand ses proches faisaient tout pour l’abattre.

« Ce que je vais te demander, fils, est peut-être bien plus délicat que tout ce que j’ai pu te demander auparavant.
- Je sais pertinemment ce que vous allez me demander, grand-père. Seul, sans la moindre information, vous allez me demander de me rendre sur place, d’infiltrer les terroristes et de mettre un terme à ce projet ô combien dangereux. Me suis-je trompé ?
- Tu fais bonne route, fils. Habituellement, tu sers les intérêts du royaume, mais tu devras aujourd’hui servir mes propres intérêts.
- Cela servira au royaume. Vos successeurs ne sont définitivement pas à la hauteur.
- Tu es également un prétendant au trône, Azur Long. »

Il n’y avait jamais songé mais il disait vrai. Cependant, l’idée de régner sur un tel royaume n’intéressait pas l’assassin. Pas pour le moment du moins. Le jeune homme aux yeux bleu-azur s’inclina respectueusement avant de s’en aller. Il retrouva rapidement ses quartiers, abandonna sa tenue de palefrenier contre une vieille tenue de pouilleux. La nuit tombait et l’homme-lige jugea que c’était le bon moment pour partir. Autrefois, il dut user de nombreux stratagèmes, connaître toutes les issues du palais pour sortir. A présent, sa capacité de camouflage, dans cette obscurité de surcroit, lui permettait de s’échapper sans la moindre difficulté. Seuls les cheveux hennissaient en sentant son odeur, mais les gardes ne s’en souciaient guère.

Ainsi, un blond aux yeux bandés, enroulé dans une cape trouée, pieds nus, errait dans les ruelles sombres des bas-fonds de Xandrie. Même pour un assassin, il était particulièrement dangereux de roder seul ici en pleine nuit. Les criminels avaient le don de nettoyer leurs crimes et chaque meurtre passait pour une simple disparition, pour la tranquillité du roi. Après tout, seuls les miséreux s’entretuaient, puisque la bourgeoisie xandrienne, ainsi que les célébrités, ne mettaient jamais les pieds en ces lieux. S’ils avaient des « courses » à y faire, comme le roi le faisait avec Azur, ils envoyaient quelqu’un d’autre à leur place. C’était de cette manière que fonctionnait ce commerce dissimulé.

« Par où vais-je bien pouvoir commencer ? », marmonna l’assassin en observant les alentours.


Mar 20 Déc - 18:19
Comme un air de fête dans la fange.
Les brandons éclairaient un cercle dans une cour retranchée d'où affluaient plusieurs artères crasses. Si chaque soirs pouvaient être un coupe-gorge, il convenait d’honorer la vie. Celles des illusionnés, tout comme celles de celleux dans le secret cynique : ils ne n'étaient rien [souffrance].
Un tord-boyau immonde se déversait de cruchons en gobelets, liquidant peines et foies. N'était-elle pas belle la générosité [insolence] des démunis ?

Larmoyant, les oreilles qui sifflaient dans la cacophonie [hymne] grotesque produite par plusieurs musiciens autodidactes aux styles hétéroclites qui tentaient de s'harmoniser sans conviction, Il se tenait au centre. L'excitation [damnation] ambiante lui vrillait le crane, ne laissant qu'une bouillie peu intelligible. La pensée suintait en une satyre sardonique, qu'il clamait bien fort, surplombant la masse, du haut de sa petite scène improvisée.

« Aaah plébéiennes, plébéiens, Il leva un doigt, s'interrompant lui-même et reprit, faussant sa voix. Ce n'est pas moi qui le dit, misérables, tendez l'oreille… un peu plus… oui ça vient de bien loin d'ici… vos quartiers à manches, vos quartiers à rapines…  oui, les quartiers qui nous rejettent. ''Où qu'j'vais ?'' Roh, voilà qu'on préférerait écouter l'annonceur pédant plutôt que votre serviteur… Bouuuuuh ! Honte ! Il racla sa gorge, haussa un sourcil et mima un parchemin qu'on déplie. Vous êtes réunit ce soir pour boire à votre soif,je serais vous j'y toucherais pas,manger à votre faim,les habituelles brochettes de rat,et nous oublier, par la Malice… car pour nous, c'est déjà fait ! Exemptés de taxe, vous n'existez plus ! Savourez, parias, votre vie de rien ! »

Extatiques, les mots roulaient de lui, sans but, des évocations grumeleuses, enrobés de parodie, transis par les rires d'une foule qui ne l'écoutait probablement que d'une demi-oreille. C'était amplement suffisant, surtout si l'on prenait en compte les mutilés. Aveugles, manchots, cul-de-jatte, augmentation de rouille et oreilles assourdis.
Quel désespoir dans l'ombre de la capitale. Un bal dans une cour des miracles. Xandrie illuminée loin des exploitations, luttant piteusement alors que les industries opalienne gangrenaient cette Isthe terrestre.
Et Lui ? Il était leur bouffon, bien heureux soient-ils. Il n'avait rien à offrir d'autre ce soir et ce répit dans la violence [paix] quotidienne lui faisait le plus grand bien.

C'était la fête et tout le monde était le bienvenue, qu'il soit attendu ou non. Dans les bas-fonds il n'y avait pas de rendez-vous. La seule présence équivalait à un carton d'invitation. Bien qu’enrubanné dans de la soierie en aurait alléché plus d'un. Mais quel noble fou serait venu s'égarer [instruire] ici…

Le cyborg chuta de son promontoire en un pas chaloupé. S’arrêta satisfait sur les mines hilares, avant de hisser le prochain duo sur la scène, sans avoir à forcer sur ses jointures. Une grimace déforma tout de même son masque de fête, un instant de Douleur. Le brouhaha continuait de le stimuler, fatigant sa demi-conscience. Il riait de sa lassitude éternelle [éphémère] à glisser entre les pans d'une réalité qu'il percevait par bribe. Voile artificiel, comptine numérique. Même la joie était écarlate, l'enivré comme le syphilitique, tous, à ses yeux, été peints de la même teinte émotionnelle. Il était venu se mettre en retrait prés de l'embouchure d'une ruelle, pour un panoramique, un souvenir incrusté dans sa mémoire, non daté.

- Vous savez quoi ? Commença-t-il au débotté sans prendre le temps de voir à qui il s'adressait – ni si il s'adressait bien à ''quelqu'un''. Seuls les malheureux peuvent festoyer ainsi… tous devraient admirer cette déchéance. Les grands sont ignorants, le néant est la véritable grandiosité.

Puis il veilla, le regard absent, sentinelle figée, témoin effacé.
Hors de la nuit.
Celle-ci appartenait à d'autres ombres qui dansaient dans la lueur des flambeaux.
Moqueuses.
Impitoyable…
Elles ne connaissaient nulles trêves et ne servaient que le chaos [beauté]. Il déglutit. Des murmures lointains lui parvenaient, oppressant le bruit des réjouissances. La lueur rouges de ses yeux scannaient les alentours… Il avait un mauvais pressentiment. Comme souvent. Trop souvent. Pourtant il ne pouvait s’empêcher d'y prêter attention.
À moins qu'il n'était là pour ça ?
Chasser la mascarade !
Devrait-il troquer la persona du clown pour celui d'enquêteur lunatique ? L'idée le tentait.
Jeu 22 Déc - 0:48


« Eh bien. Quel sacré boucan ! », souffla discrètement l’assassin en s’apercevant de l’agitation. On aurait dit une soirée organisée, une fête, à l’intersection de plusieurs ruelles. Du monde affluait de toutes parts, tandis que d’autres repartaient. Un flux continuel et interrompu. Ecouter des conversations dans ce capharnaüm relevait du miracle. Azur fut pris dans la tambouille, se retrouvant bientôt en plein milieu de cette euphorie. Quel était le motif de ce grand rassemblement ? Est-ce qu’il y avait réellement besoin d’une raison pour des personnes désespérées ? Les boissons coulaient à flot, les ivrognes commençaient déjà à se bousculer, les instruments battaient et percutaient à plein régime…

Mais l’assassin avait tout de même un certain pressentiment. C’était paradoxalement le lieu idéal pour faire des plans sur la comète. Qui pourrait entendre la moindre conversation dans ce brouhaha ? Il était toutefois délicat de trouver quoi que ce soit d’un tantinet concret. Les recherches s’annonçaient peu fructueuses. L’assassin s’agaçait de piétiner, de résister aux poussettes, de devoir supporter cette sonorité qui l’empêchait de réfléchir correctement. Dans un intervalle extrêmement étroit, il put observer un groupe d’individus adossés à la façade d’un pitoyable bâtiment. Entraîné par les mouvements de la foule, Azur se laissa glisser vers la direction souhaitée, faisant mine d’arriver par hasard par ce groupe d’hommes et de femmes.

« Dites, j’vais pas vous déranger longtemps, vous avez d’la bonne ? », balança l’assassin en prenant l’allure d’un camé. « Tire-toi le drogué. Laisse les adultes parler entre eux de choses sérieuses.
- Allez, juste une dose, rien d’plus. J’vous laisse tranquille après ça.
- M’oblige pas à t’en mettre une, gamin. »

Alors que le rustre s’apprêter à coller son poing sur la tronche de l’homme-lige, un de ses coéquipiers l’arrêta d’une main à l’épaule. « Attends, Andrews, donnons à ce gamin la chance de se payer une dose. » Le dit Andrews esquissa un mauvais sourire et se calme aussitôt. Azur était capable de sentir quand une situation sentait le poisson pourri. « C’quoi l’plan ? Vous m’promettez d’me fournir ma dose ?
- Evidemment. Prends-toi un godet et écoute attentivement ce que l’on va te raconter. T’es avec nous, gamin ?
-Si y a ma came à la clé, j’en suis ! »

Un récipient qui ressemblait vaguement à un verre en main, l’assassin se retrouva rapidement entouré de braves hommes aux tronches malintentionnées. A sa place, beaucoup seraient totalement paniqués, mais son plan fonctionnait à merveille. Peut-être trop. Passer pour un camer, c’était laisser porte-ouverte à toutes les propositions les plus farfelues. Tout ce qui nécessitait de se salir les mains pour les autres. D’une part, il était à peu près certain de ne pas recevoir sa came s’il survivait ; d’autre part, il était encore moins certain de s’en sortir vivant. Au mieux, il se ferait exploser et ne sentirait pas la douleur.

En même temps, ses pensées n’avaient rien de très naturelles.


Sam 24 Déc - 5:25
Les yeux cernées, le visage émacié, la mise en plis absente, la silhouette ingrate se contentait de picorer une de ces brochettes épicés à l’extrême qui était proposée à un stand moyennement miteux. Une grimace qui achevait de réduire son attirance à néant. L'ancienne patrouilleuse se contentait de surveiller d'un œil les alentours. Mais tout portait à croire que son répit était finit…

- Oh Serisse… toi ici ? Quelle surprise !
- On est arrivé ensemble tout a l'heure… j'avais peur de t'avoir perdu.
[Le sourire macabre qu'elle avait aux lèvres lorsqu'elle s'essayait à l'ironie ne fut absolument pas considéré]
- Bien possible… mais c'est affreux !! Ne t’inquiètes plus, je suis là à présent ! Aucun problème de ton coté ?
- Des problèmes ? Je sais éviter les nauséeux et refroidir fissa les impudents. [Elle écarta légèrement un pan de son manteau délavé, dévoilant Citronnelle, sa fameuse poivrière à huit barillets qui ne la quittait jamais] Tous n'ont pas la chance d'avoir ce petit bijou à leurs cotés… je crois avoir vu un type qui n'a déjà plus ses yeux pour pleurer lorsqu'il se sera fait dépouiller.
- Un aveugle ? [Cet air ravi qu'il avait… ne lui disait rien qui n'aille]
- … Ouais… ?
- C'est merveilleux ! Quoi de mieux pour un assistant ! Il saura m'aider à y voir plus sombre !

… Et moi alors ?, Une simple pensée fugace qui lui traversa l'esprit alors qu'elle arrachait un nouveau morceau de carne de sa brochette.
Il fallait absolument qu'ils retrouvent le camé avant que la lubie de la soirée ne change de cible. Jivar pouvait être très versatile… Au moins avait-il l'air de passer une bonne soirée. Ce qui ne le rendait que plus fatigant à gérer. Si ce n'était pas une arme epistote aussi efficace qu'il pouvait l'être lorsqu'il le fallait, elle se serait opposé à Tomyr le jour où il l'avait ramassé. Enfin… soit. Elle le suivit donc, rebroussant chemin à travers une foule qui semblait s'écarter instinctivement devant le cyborg.

* * *

Dans ses oreilles bourdonnait la description susurrée [hurlée] à travers les interstices du Bruit. Des cheveux blancs, poussiéreux, couvert de penailles crasses… C'était bien trop vague. Combien, ici, correspondaient ? Un déguisement parfait pour se fondre dans la masse. « Et celui-là, il ferait pas l'affaire ? » Non… non et non, comment pouvait-elle tourner en dérision leur mission ? Si visuellement leur cible ne détonnait pas, peut-être qu'olfactivement une fragrance [puanteur] la trahirait ? Mais la prégnance pugnace de l'huile brûlée et de la suie ne laissait passer aucune subtilité… ce qui valait sans doute mieux au vue de la faune locale.

[voix 1] - Bon écoutes, c'est pas compliqué, tu vois l'échoppe du vieux Bernil ? Bah deux pâtés plus bas, tu as…
[voix 2] - … Nan, mais t'expliques mal… l'est aveugle le gamin !
[voix 3] - D'ailleurs on pourrait peut-être trouver…
[prenant les deux autres à parti le premier reprend, dans un chuchotement maladroit et alcoolique]
[voix 1] - Raaah, mais chuteuh ! Même des camés on en trouvera pas cinquante pour accepter ça ! Alors on prend l'temps qu'y faut pour s'assurer que ce s'ra bien fait !

Voici donc qu'il l'avait trouvé… le bandeau sur les yeux, les spasmes erratiques des mains, les reniflements sporadiques, la sueur qui perlait de son front livide témoignant d'une fièvre… la simulant, peut-être ? À la lueur d'un brasier alors que l'homme grattait ses bandages, l’œil alerte du cyborg ne constata par de marque [séquelle] profonde… On ne pouvait le duper. Le jeu devait être entier, l'acteur immergé. Un simple détail pouvait distraire le spectateur. Malheureusement… ce spectateur-ci l'était très facilement. Les percussions rythmaient son cœur. Les tressaillements, les picotements, tous insidieux qu'ils pouvaient être, se lissaient un instant. Crispation. Sa bouche se fendit, adoptant la mimique du martyr. Il tomba à genou.

- Grâce… grâce, pour un shoot de neuro-inhibiteur – Texbatyl de préférence, pour son goût mentholé, sa capsule trois fois plus fine, pour un effet instantané, déconseillé pour les femmes enceintes, les enfants en bas âge, les gnomes mineurs… – grâce, que dis-je, que demande-je, sinon un instant de grâce… Mon coin de trottoir, ma taule parcheminée, pour de la Texbatyl – 200mg, je prends pas en dessous ça fait plus rien.

Il se traînait à terre, déchirant ses jambes de pantalon contre les pavés fissurés, agrippant, de sa poigne d'acier, le bras d'un des truands qui entouraient le pauvre [fabuleux] infirme.
Serisse avait tourné le dos dés le début de la scène, grande actrice qu'elle pouvait être, également, lorsqu'il s'agissait d'éviter la pâmoison [gêne].
Le cyborg avait face à lui le groupe de guignoles hébétés et l'aveugle… qui ne pouvait voir sa merveilleuse prestation ce qui était profondément navrant… Mais il savait s'adapter. Alors, il avait ajouté quelques effets sonores : à chacun de ses gestes, un sifflement mécanique avait claqué dans l'air. Soumettant ses jointures à une pression inutile, et aux Aiguillons vicieux de s'élancer contre ses nerfs.
Lun 26 Déc - 18:45


De légers bruits mécaniques couplées à ceux d’articulations, à peine perceptibles à l’oreille. Le fait de ne plus percevoir décuplait ses autres sens. L’ouïe, qui lui permettait de déceler des détails insignifiants, lui indiquait que la personne à genoux, juste à côté de lui, n’était pas entièrement humaine. Il allait tout faire capoter. Azur préféra ne par réagir pour l’instant et jouer son rôle du mieux que possible. Il fit mine d’écouter ce que disait l’inconnu en regardant dans la mauvaise direction. Les cibles de l’assassin restèrent pantoises quelques instants avant de retrouver leur sérieux. Était-ce la folie de ce type ou une réelle surprise ?

« Ça ne me plait pas.
- Qu’est-ce qui ne te plait pas, Jared ?
- Que deux types complètement barrés se présentent à nous presque en même temps.
- Que d’mande le peuple ? On est gâtés !
- Ou grillés.
- C’que t’es rabat-joie. Attends, regarde. J’te dis qu’il est aveugle c’lui-là. »

Le gros costaud, le même qui l’accueillit, arma son bras lentement en ricanant. L’assassin le sentit et eut l’envie de parer son offensive, l’amputer et l’achever dans la joie et la bonne humeur. Dans ce cas, autant annoncer au roi qu’il n’a rien pu faire. Il serra alors les dents et encaissa le coup qui le plia en deux.

« Arg ! B-bordel ! Qu’est-ce que j’vous ai fait, merde !
- J’te l’ai dit qu’y voyait rien. Même pas un réflexe. Rien. Il n’a rien vu v’nir ce con !
- C’est d’accord pour lui. Et l’autre ?
- Un putain d’amélioré. Il a b’soin d’sa dose pour ses rouages ou que sais-je encore ! »

Ils se concertèrent quelques instants, à l’abri du regard de l’amélioré et de l’ouïe de l’assassin. Ce dernier, d’ailleurs, fit mine de regarder, une fois encore, dans la mauvaise direction pour accentuer sa cécité. Azur ne désirait qu’une seule chose : se rendre au Vieux Bernil. L’un d’eux avait évoqué cette vieille auberge, probablement un test avant d’être envoyé dans Xandrie même. Il attendit. Ces quelques secondes parurent être une éternité pour cet homme de devoirs.

« Bien, bien, bien. Après une petite concertation avec mes collaborateurs, nous avons décidé de vous laisser une chance de nous prouver que l’on peut compter sur vous.
- La dose promit et j’ferais tout c’que vous voudrez, rétorqua immédiatement l’aveugle par intérim.
- On n’en doute pas. Connaissez-vous l’auberge du Vieux Bernil ? Si vous êtes bien d’ici, j’imagine que oui. »

Il est habile celui-ci, pensa Azur. Il vérifiait encore leur fiabilité en évaluant leur connaissance du terrain. S’ils ne connaissaient pas l’auberge en question, cela signifiait qu’ils ne connaissaient pas les bas-fonds et leur couverture serait quasiment envolée. La lige du roi dut se rendre ici, sous plusieurs couvertures, pour au moins autant de raisons, alors aucun problème.

« Qui n’connait pas l’auberge tenue par ce sagouin de Roland ? Evidemment qu’on connaît le tavernier le moins agréable du coin ! Et qu’est-ce qu’on doit y faire ? », balança Artémis en battant du bâton au sol. En réalité, Roland était le plus intègre de tous. Enfin, c’était celui qui proposait une carte à peu près correcte, mais ça restait un homme des bas-fonds. « Eh bien. En voilà un beau portrait. Le propriétaire de cette auberge nous cause quelques torts et on aimerait que vous lui laissiez un message de notre part. Dans ton cas, l’aveugle, je ne sais pas vraiment comment tu comptes t’y prendre, mais bon. Tiens, je te donne déjà une petite part du butin promis, en guise de confiance. »

Le gros rustre attira Azur vers lui. « Tiens, enfile c’te ceinture, ça va repousser tous ceux qui voudraient s’approcher trop près d’toi. » En tâtant brièvement, l’assassin reconnut une ceinture d’explosif. Il rigolait comme un abruti. Pas difficile de comprendre pour le nouvel entrant suscitait davantage d’intérêt qu’un aveugle. La dose donnée par le plus sage d’entre eux était destinée à le défoncer pour qu’il se fasse sauter dans l’auberge. Astucieux. Décevant dans un sens, mais astucieux tout de même. Il attacha naturellement la ceinture qu’il dissimula dans sa cape. Rieurs, le groupe de malfrats s’en alla, laissant derrière deux inconnus avec un objectif commun. Après un court laps de temps, Azur se pencha cette fois-ci du bon côté, en direction de l’amélioré.

« Maintenant qu’ils sont partis, tu peux cesser cette horrible comédie. Ils sont plutôt bons publics, je t’aurais déjà jeté des tomates à la figure si ça ne tenait qu’à moi… Je déteste être suivi. Quel est ton objectif ? »

Dans de telles circonstances, il préféra attraper le taureau par les cornes et aviser ensuite. Un réel allié ou un gêneur ? Dans le dernier cas, la mort serait la seule issue possible pour l’un des deux.



Mar 27 Déc - 11:19
Bien… Il n'avait tout simplement rien comprit de ce qu'il venait de se passer ! Pourquoi donc ces misérables loqueteux l'envoyait faire leurs courses ? Et Roland était un chic type, son tripot était le seul endroit où il pouvait trouver sa boisson favorite sans sortir des bas-fonds. Du fait de son air hébété, il avait laissé le blanchâtre répondre. Ce qui valait sans doute mieux, si il s'était prit un coup, il n'aurait sûrement pas pu rester aussi calme que le jeune homme. Déjà que les réactions à sa prestation avaient été bien en deçà de ce qu'il avait escompté… les gens de goût se faisaient bien rare par ici.

Et l'aveugle – qui paraissait d'un coup un peu moins camé, rassuré d'avoir une dose sous la main sans doute – n'avait pas l'air non plus d'avoir apprécié son intervention. Il partait mal l'assistant, tout médisant qu'il était… il en avait renvoyé pour moins que ça.

- Teuh teuh teuh ! Y a t-il une seule raison pour suivre un aveugle dans le précipice ? Non ? Oui !? L'amusement et le sens de l'investigation ! Il n'a plus moyen d'être aveuglé tout en se plaisant dans l'obscurité profonde d'un dessous de paupière capitonné. Alors, je n'ai, pour ma part, qu'une question, Wallace – Permettez que je vous appelle Wallace ? – Flairez-vous la mascarade ?? À défaut des explosifs B12 que vous enfilez à votre taille si adroitement. *léger rire* Ça vous fait un embonpoint qui vous va à ravir ! Non, mais si vous réajustez votre cape ainsi aussi…

Il se tourna vers le groupe, qui les observaient toujours de loin, effectuant un salut bien courbé, crissant son dos. Ah, si seulement la Texbatyl fonctionnait véritablement pour lui… Mais rien ne l’apaisait sauf la mélopée glacée qu'il sentait en son cœur de temps à autre. Roulis, roulas, boulis, boulas. Ses pensées encombrées, l'ambiance l’épuisait autant qu'elle l'excitait. Si il avait su à un moment ce qu'il cherchait exactement, ce n'était plus le cas à présent…

Serisse soupira dans son coin et préféra s'en aller filer les malfrats pour le reste de la soirée. Ils prévoyaient un truc, c'était évident. Et une information n'était jamais perdu.

Le regard vif de l'epistote revint sur son acolyte.

- Hé bien en route mon brave, nous avons un Roland à secourir ! Il en saura bien plus. Les aubergistes, personne n'a fait mieux pour récolter les ragots… Sinon les vieilles à chats… mais les chats n'ont pas la vie longue dans le coin. C'est les gobs ça. Oh, je dis ça, mais j'ai de très bons amis gobelins, je vous les présenterais à l'occasion !

Le fait qu'ils étaient les menaces dont il voulait protéger Roland ne l'effleurait même pas. Il ouvrit la marche plutôt naturellement, exagérant les bruits métalliques qu'il produisait par considération pour l'aveugle pendant au moins une bonne minute avant de suspendre sans que cela ne semble perturber la progression du binôme. Les oreilles de l'handicapé étaient décidément meilleurs que ce qu'il avait voulu faire croire à leurs ''employeurs''.

Alors qu'ils s'éloignaient de la cour, le bruit s'amenuisait à mesure que l'odeur d'urine s'invitait, indiquant qu'ils n'étaient plus bien loin du coin à troquets.
Épargné par les festivités, le cyborg se montrait plus silencieux. Son scan balayait les environs, vaguement vigilant… bien que vigilant à quoi soit la question.

Clouée à même la façade délabrée, l'enseigne du Vieux Bernil avait connu des jours meilleurs… à moins qu'elle n'ait été installée dans cet état afin de mieux se fondre dans le décors.
Sans plus de cérémonie, la porte fut poussée.

- Patron, l'habituel lait de drakesse !

Un canon scié de troisième main sur le bras, Roland tremblait de derrière son comptoir immaculé. Le seul endroit à des mètres à la rondes qui servaient des bières dans des chopes propres ! Une hérésie que certains puristes n'appréciaient guère. Mais au vu de la réaction de l'homme, la raison de cette prime officieuse ne devait pas être aussi triviale.
Une bonne dizaine de piliers étaient également rassemblés là, vinassés, mais toujours assez alerte pour avoir mis la main sur leurs coutelas – sur leurs pistolets pour les plus équipés.
Les épaules se relâchèrent lorsque l'arrivant fut identifié.

- Hé dit, nous fait pas d'frayeur com' ça ! Il arrive ton lait… j'suis bien content que t'en boives aussi, tu sais, quand j'étais seul dessus ça finissait par tourner ! Et… ton ami, y prend quoi ?
- Wallace… mon assistant pour la soirée, reprit-il immédiatement. Il s'est passé un truc ? Vous êtes étranges ce soir ?
- Oh… des mecs qui m'ont promis une visite. Jared, tu connais ? Un sale type qui s'est mis en tête d'aller déverser du feu grégeois directement sur le Pagode depuis un drake. Il a peur que j'ébruite son plan alors il compte me mettre au silence, mais tu me connais, j'suis une tombe au naturelle, moi !
- Je vois… je vois. Les petits tracas quotidiens. On va les attendre avec vous alors !

L'aveugle, bien qu'il avait prétendu connaître l'aubergiste ne devait pas venir fréquemment, même si Roland avait plutôt une bonne mémoire, ça devait lui arriver d'oublier des présences aussi effacées que celle de son ombre à la chevelure blanche. Discret au moins lorsqu'il n'était pas en manque. D'un doigt d'acier, l'augmenté avisa une table un peu reculé et s'en alla s'y installer.

- Bon… et a présent ? Vous sentez quoi que ce soit de nouveau ? J'ai comme l'impression que c'est une fausse piste… l'ambiance n'est pas au complot !

Il porta le verre à ses lèvres et soupira. La dernière fois il était tombé sur un cercle de cultiste tout encapuchonné, ça avait tout de même plus de charme qu'une poignée d'ivrognes dans un bar.
Mer 28 Déc - 22:04


Roland n’avait pas changé, sa boutique toujours en si piteuse état, mais son service toujours aussi efficace. Azur avait pour habitude de boire un coup ici après chacun de ses succès dans les bas-fonds. Sous plusieurs couvertures, il était venu ici s’abreuver, alors le tavernier ne le reconnaissait naturellement pas. La choppe de bière récupérée, les deux partenaires s’installèrent un peu plus loin. Azur écouta attentivement ce que lui dit l’amélioré, qui n’avait probablement pas tort dans le fond, mais la situation était un peu plus complexe qu’elle ne paraissait. Il ne s’agissait pas que de cet homme qu’il semblait tenir en estime.

« Il est évident que Jared souhaite rendre difficile l’existence de ce brave Roland. Et je rejoins ton avis concernant ce dernier : c’est chic type malgré ses airs de gros dur. »

L’assassin bloquait. Sacrifier Roland, aussi sympathique était-il, lui importait peu tant que cela lui permettait de confirmer ou non une piste. Son camarade semblait intelligent et pourrait aisément le comprendre, sans l’accepter pour autant, mais bon.

« Pour tout te dire, je souhaitais entrer dans les petits papiers du groupe de Jared et définitivement les arrêter. Il est possible que le Vieux Bernil ne soit qu’un simple test et que de plus grosses demandes soient réalisées plus tard. »

Difficile de lui dire qu’un attentat est prévu dans Xandrie et qu’il tentait de l’empêcher. Il ne pouvait pas non plus lui dire qu’il travaillait pour le compte du roi. Quel merdier, pensa-t-il en tâchant de ne rien laisser paraître à son vis-à-vis.

« J’œuvre pour le bien de notre chère cité, cher ami. Alors que devrions-nous faire ? Quelle approche proposes-tu ? Si Jared est l’homme que je recherche, alors la sacrifice du Vieux Bernil n’est-il pas un moindre mal pour la sureté de notre royaume ? En toute honnêteté, je n’ai pas la bonne réponse à cette question. Je m’en remets à toi, l’amélioré. », conclut l’homme-lige en dirigeant précisément son regard – dissimulé par un bandeau – vers Jivar.

Il but une lampée de bière, laissa lourdement son bras retomber sur la table et attendit patiemment. Le temps s’était comme arrêté. Roland semblait encore sur ses gardes, comme les quelques clients ou amis présents avec lui. Azur était très calme en sachant qu’il représentait le danger qu’attendait Roland et que sa ceinture d’explosifs pouvait être balancée à tout moment. Pas de gaité de cœur, mais uniquement pour le bien du royaume.


Jeu 29 Déc - 18:09
- Oh, Wallace ! Assistant depuis moins d'une heure et déjà à la familiarité ! Merveilleux ! Détective… – hum… quel nom avait-il celui-là ?… – Barjolin !? Que notre collaboration soit longue !

Après cette présentation quelque peu bancale, le cyborg fit signe à Roland qui apporta bien vite une sorte de ragoût bien odorant dans deux auges rutilantes.

- Mais, dis moi… Pourquoi faudrait-il un tas de cendre pour comprendre le fonctionnement d'un rat ? Puis, mon royaume à moi, c'est le Vieux Bernil ! Regardes ! On se voit dans les couverts !? Tu sais à quel point c'est unique par ici ? Ah… peut-être pas, j'oubliais. Un aveugle qui se la joue justicier… j'adoube ! Je serais tes yeux, tu seras l'obscurité qui me fait défaut. Marre du monde en nuance de rouge, mais l'énucléation me fait pâlir… Qu'est-ce qui a donc fait pourrir tes orbites ? Et t'as pas touché à ta dose encore ? T'es moins nerveux que tout à l'heure pourtant…

Il alternait de temps à autre entre le plat inconnu et son lait, se léchant les babines pour effacer les petites perles blanches qui s’agglutinaient au-dessus de sa lèvre supérieur accompagné par un bruit de roulis de métal mal huilé.

- Bref, l'auberge reste debout, on est d'accord ?

Ses intonations sonnaient juste, entraînante malgré la pente déviante, mais ses traits… à présent que seul quelques chuchotis s'infiltraient dans le silence de leur dialogue, et non ces tambours tonitruants de la grande cour des miraculés, ses traits étaient presque figés. Non pas qu'il agissait ainsi par calculs face à la cécité de sa rencontre nocturne… l'exaltation était achevée.

- Quelle importance il aurait ce Jared au fond… il ne parait pas bien amusant. Bien que nous envoyez ici garder Roland au chaud alors qu'il compte venir le refroidir... N'est-ce pas inspirant quelque part ? Comme une volonté de forger l'adversité ! Ah ! Quel sera l'acte final ? Sur quel rempart s'embrocheront-ils ? Et ce drake qu'il compte chevaucher… ça ne t'intrigue pas ?

L'épistote avait toujours sa vision de la situation bien à lui… Une de celle si profondément gravé au fer rouge qu'elle ne pouvait dévier des sentiers tourbés dans lesquels il pataugeait.
Sam 7 Jan - 23:52


Il ne fallait pas être un grand cerveau pour comprendre que le robot ne souhaitait absolument pas la destruction de cet établissement et qu’il était prêt à le défendre. Azur, dans cette mission, avait déjà bien trop à gérer pour se faire un ennemi supplémentaire. Il prit le temps de réfléchir quelques instants. De toute évidence, les hommes destinés à exécuter les menaces se trouvaient déjà dans le bar : l’amélioré et l’aveugle. L’assassin se demanda si son interlocuteur avait bien pris en compte cet élément. Il but une gorgée de sa chope sans piper mot. Peut-être, finalement, Jared enverrait des personnes finir le travail. Après tout, s’il tenait réellement à mettre un terme aux affaires de Roland, il ne pouvait pas faire confiance à deux branquignols rencontrés à la volée.

« Roland ! », fit-il en regardant la mauvaise direction. L’aubergiste approcha. « Dis-moi, qu’est-ce qu’il te veut, ce Jared ?
- C’est évident !, dit-il brusquement. Il veut ma peau ?
- Allons, Roland, pour quel motif ? Ne m’fais pas croire qu’il recrute du monde, pour t’exploser la tronche avec ton commercer, sans la moindre raison.
- Euh…
- Allez, j’veux bien t’aider mais va falloir cracher l’morceau.
- Mais qu’est-ce qu’un aveugle va bien pouvoir faire ?
- Moi, pas grand-chose, mais lui cogne bien, fit-il en désignant l’amélioré. Allez, accouche.
- J’ai eu le malheur de tomber sur une discussion compromettante.
- C'est tout ? Quelle discussion ?
- Un plan. »

Azur arqua un sourcil. Cet homme l'intéressait déjà un peu plus.

« Lequel ? Va droit au but.
- Je suis une tombe. J'ai un réputation à tenir.
- Tu as surtout une auberge à tenir. Si tu veux que l'on t'aide, va falloir en dire davantage.
- Il... Il souhaite séduire une noble, un gonzesse proche de la cour du roi. Une nana qui n'a rien à voir avec notre monde.
- Et donc ?
- Il s'est naturellement fait jeter comme une pauvre merde. Plutôt que d'accepter et passer à autre chose, cet abruti persiste et tente le tout pour le tout.
- Je ne vois toujours pas le motif qui le poussa à t'attaquer. Mais je suis d'accord avec toi, c'est complètement débile.
- M'en parle pas. En fait, pour l'impressionner, il a l'intention de... de faire sauter le pagode. »

Azur laissa lourdement tomber sa tête sur la table, sonné. Ce n’était qu’une histoire d'amour qui tournait mal. Un pauvre crétin qui n'était pas capable de savoir où était sa place. Et quoi de plus malin que de nuire direction au centre des directions de Xandrie pour séduire une prétendante. A moins que cette dernière n'ait une idée derrière la tête. Un semblant de dessein se dessinait dans la tête de l'assassin qui, pour la première fois depuis un moment, se tourna vers son collègue amélioré. Naturellement, il ne pouvait vraiment le voir, mais il devina que celui-ci pensait à la même chose. Après un léger temps de réflexion, l'homme-lige décida d'aider Roland à repousser les éventuelles menaces. Son intérêt était évidemment de capturer Jared et lui soutirer des informations concernant cette demoiselle. Au mieux, il neutralisera un potentiel terroriste.

« Bien. Comme promis, je patienterai ici pour repousser d'éventuels nuisibles. », dit Azur en balayant la question d'un geste de la main, comme si elle était réglée.

Attendons, songea l'assassin, les sens aiguisés et prêt à bondir sur le premier suspect. Si Jared avait réellement était mandaté pour cette opération, d'autres l'ont probablement été à leur tour. Ou alors, l'initiative venait tout simplement de cet idiot et il fallait l'arrêter sur le champ. Le blondinet entendant des pas provenant de l'extérieur. Roland et le cyborg les entendirent quelques instants plus tard. Quand ils observèrent l'arrivée du groupe d'hommes, Azur n'était plus là. Roland, ses quelques copains et l'amélioré étaient les seuls personnes présentes pour défendre le Vieux Bernil.


Lun 9 Jan - 17:28
Ses yeux rougeoyant s'en allait rêvasser, langoureux, nostalgiques. Il n'avait pas pensé à demander les raisons qui auraient pu conduire Jared au terrorisme. Avait-on besoin de véritable raison ? Si l'acteur ce retrouvait mélé à l'Histoire par simple coup du sort, ce voyou avait un petit coté fleur bleu brute mais sincère qui l'y avait conduit. D'un coup il lui paraissait plus humain. L'épistote expatrié se redressa sur sa chaise. Le seul tord de ce brave voyou des bas-fonds était de vouloir faire de cette petite auberge un dommage collatéral de sa croisade romantique. Il hochait la tête devant Roland, se tenant le menton d'une main, sans rien dire. L'aubergiste maniaque le fixa un moment à son tour avant de prendre ses distances et de retourner derrière son comptoir. Prés de son fusil. Juste à temps pour que… dans un courant d'air, Serisse refasse apparition. La salle était sur ses gardes et ne semblait pas avoir remarqué l'aveugle s'éclipser… de toute façon peu devait réellement le penser capable de quoi que ce soit. Les regards s’échangèrent, la tension ne baissa pas cette fois ci.

[Serisse] - Ils arrivent.
- Merveilleux ! Wallace, nous…

La déception était de mise… le voici sans assistant au début d'une nouvelle scène d'importance, il le sentait. Devait-il rester le détective avec ces nouvelles avancés ? N'était-ce pas le moment idéal pour reprendre les sentiers de la violence et du chaos, laisser ce mal qui le rongeait, s'exprimer pleinement ?
La nuit avançant, une bruine c'était installée à l'extérieur, rafraîchissant l'air.
Une table fut renversée et les soiffards se tenaient prés à défendre leur refuge. Des voix commençaient à se faire entendre… l'isolation dans le quartier n'était pas de la meilleur qualité et la discrétion de la bande de malfrat pas une priorité.

[Jared] - Voilà… je vous avais dit que c'était une mauvaise idée… elle est toujours debout cette foutue auberge !
- On aurait peut-être du amorcer la ceinture de l'aveugle…
[Jared] – On aurait dû… on aurait dû… raah c'est trop tard de toute façon ! Et vous êtes sûr que la bécasse qui nous filait soit aller par là ? Mais merde, qu'est ce qui se passe au Vieux Bernil ??
- Pourtant j'avais coupé sa dose avec un stimulant… le cocktail aurait du le faire dérailler… Jared, je comprends pas, ça me paraissait être une bonne idée. La jouer fine pour une fois…
- Chut ! Je crois qu'il y a du mouvement à l'intérieur !

Et la porte vola en éclat.

- Ah, désolé patron, va falloir que tu sortes la porte de secoure ! Une simple défaillance mineure, mais il semble que j'ai manqué la poignée ! Le cyborg se tourna vers le trio pantois. Jared !! Petit cachottier ! Mais je ne peux que signer à cette déclaration flamboyante d'amour ! Un coup double ! Zip ! Et sur les ruines du pouvoir célébrer le bienheureux mariage !

Jared finit par se ressaisir.

[Jared – criant] - … Roland ! Chien ! T'avais promis de tenir ta langue si je ne te buttais pas !
[Roland – criant depuis l'intérieur de l'auberge] – T'avais le flingue de Bobby sur la tempe, Jared, fait pas semblant d'avoir de la pitié !
- Oh, si on pouvait régler ce petit différent plus tard… Ah, qu'à cela ne tienne ! Il n'aura plus lieu d'être une fois le Pagode en cendre ! Allons, dis moi tout Jared… Elle s'appelle comment ?

De nouveau les jeux de regards, de nouveau des doutes… de chaque cotés. Sauf de celui de l'acteur illuminé sous la lanterne qui marquait l'entrée de l'auberge. Tout était limpide. C'était une bonne soirée.
Ven 13 Jan - 23:19


« Et voilà que le tas d’ferraille se prend pour un détective ! Elle bonne celle-là, Jar’ ! On devrait p’tre lui faire la peau et vendre les pièces qui le composent au plus offrant, non ? » , fit le costaud qui accompagnait Jared. Invisible de tous, Azur se déplaça de sorte à pouvoir mettre fin – de manière expéditive – à toute tentative que l’on pourrait qualifier meurtrière. Par exemple, démembrer un camarade d’infortune n’était pas quelque chose de vraiment acceptable, bien que l’assassin n’était pas du genre à s’attacher aux connaissances qu’il rencontrait durant ses péripéties.

« Eh, le gros, je crois que nous avons un petit contingent à régler. », fit l’assassin au dos du gros molosse. Lorsqu’il se retourna, il fut presque consterné de le voir derrière lui. « Comment… ». On ne lui laissa pas le temps de répondre, Azur envoya un puissant kick en plein ses rotules qui le déséquilibra. Le blondinet en profita aussitôt pour lui coller un bon uppercut au niveau du menton. S’écartant rapidement, celui qui le coucha un peu plus tôt dans la soirée, tomba inconscient. Azur caressa son poing. Il était réellement solide le bougre.

« Purée, y cogne fort pour un aveugle. », s’enthousiasma Roland.

Mais ce n’était pas fini. L’assassin détacha sa ceinture d’explosifs et l’attacha autour du cou de l’homme de Jared et le sortit de l’établissement. « S’il bouge, il saute. Nous aurons enfin la paix, maintenant. Je t’en prie, Jared. Installe-toi donc auprès du fameux tas d’ferraille. », fit le blondinet en lui indiquant du doigt le chemin à prendre. Jared, impuissant, obéit et s’assit à la table où se trouvaient précédemment les deux compagnons. Mais le suspect semblait bien trop serein malgré la situation qui lui était défavorable. L’homme-lige ne le sentait pas.

« Que prépares-tu ? Je connais assez bien les saletés de ton espèce. » Mais le pseudo-terroriste souriait. Il décida de changer de stratégie. « Quelle est l’idiote qui t’a fait croire que tu pouvais la courtiser ? Ou elle t’aurait dupé ? ». Sous le silence de Jared, le couteau du roi fit mine de réfléchir avant de reprendre. « Tu es peut-être mignon, mais pas suffisamment beau pour qu’une de ces femmes ne gâche sa carrière politique pour toi. Non. C’est autre chose. Quelle femme dans la cour du roi pourrait profiter de la destruction de la Pagode ? T’entends ça, Barjolin… Le type est prêt à gâcher sa misérable vie pour une nana qui se sert de lui pour servir ses intérêts. »

Les traits de Jared se fermaient peu à peu. En fait, la provocation n’était pas infondée. Au contraire, Azur débitait simplement ses pensées à voix haute. D’une part, cela lui permettait de faire le point sur la situation ; puis de semer le doute dans l’esprit de ce pauvre manipulé d’autre part. Une pierre deux coups. « Maintenant que je sais où chercher, je la retrouverai avec ou sans toi. Dommage pour toi de croupir le restant de tes jours dans une cage où des rats finiront par te bouffer. Tout ça pour quoi, finalement ? Une femme dont tu es physiquement tombé amoureux et qui t’a promis de l’épouser ? Nous autres, les hommes, sommes définitivement faibles. Grâce à toi, m’accorderont-ils peut-être l’accès à la bourgeoisie ? »


Maintenant, il fallait lui laisser un petit temps de réflexion. L’amélioré, Barjolin, avait peut-être d’autres objectifs ? Une autre approche ?

Lun 23 Jan - 18:18
Il était vif, l'enguenillé, le regard rougeoyant traquait ses mouvements, les coups n'étaient pas feints, les chocs produisaient cet agréable bruit d'un os qui se fracture. Il venait d'envoyer au tapis un homme qui le dépassait bien de deux têtes. Sans aucun mal. Et, alors que Wallace traînait l'homme – qui pourrait être à la tête d'un projet bien trop ambitieux pour son bien – pour l’interroger, le tas d'feraille n'écoutait que d'une oreille distraite. Mais quel manque de considération de bouleverser une Idylle naissante de cette façon ! Son assistant était aigri sur la question… une rupture difficile ? Alors qu'il était interpellé, il hocha la tête, dans un claquement métallique, non qu'il approuvait ni les questions ni la méthode, il y avait là comme un réflexe. Mais son attention était une nouvelle fois attirée ailleurs.
Il laissa le soin de l'inquisition à l'aveugle et, au milieu de la tirade, commença à s'éloigner vers la porte, vers l'homme statufié contre le mur extérieur, la ceinture amorcé. Il semblait encore groggy, la mâchoire en vrac, le nez pissant le sang sans qu'il n'arrive à se décider de l'essuyer. Par peur de l’irréparable. D'un feu d'artifice malencontreux. La baraque malmenée lui lança un regard. Paniqué. Si profond. Et pourtant… réussissant à implorer. Oui, l'homme implorait grâce ! De sa gueule patibulaire renvoyée à l'enfance de ses premières rixes.

- Même le plus offrant ne donnerait prix d'or pour un tas de fusible disjoncté… Mauvaise proposition…

Son mal avait commencé par cette pique après tout… à moins qu'il n'y avait souscrit dés qu'il avait cueilli l'estomac de Wallace sur la place au brasier. L'augmenté épongea le sang pour le blessé, un sourire malsain au lèvre. Il savait ce que c'était. La douleur. L'épée de Damoclès. Qui se rappelait à eux par sa diode clignotante.

- Ahah, t'aurais pas cru ça d'un aveugle… bah moi non plus ! Un être tout spécial… hum mais son discours a quelque chose que je n'aime pas… Puis laisser un homme se gorger d'effroi comme ça… à souiller ses braies à la porte d'une auberge… Heureusement que Roland lessive ses murs toutes les semaines t'imagines poiroter là dans l'odeur de gerbe de tous les ivrognes du quartier ?

Ceux qui buvaient dans des chopes sales, ailleurs, chopaient les Ancients savaient quelle peste, avant d'arroser la devanture du Vieux Bernil… Pitoyable qu'ils étaient…
Le malfrat restait abasourdi, balbutiant de temps à autres des « mais vires moi ça », « j'te jure, j'me range », « avant j'bute l'aveugle » ou des « rien à foutre des plans à Jared… ». Il était vrai qu'il avait l'air de donner dans le mauvais coup… enfin celui-ci en l'occurrence.

- Aller, relaxe, qu'il lui fit intensifiant son sourire, Tic, tic, tic. Fil bleu ? Fil rouge ? Il y avait ce petit coté loterie qui le réjouissait sur le moment. Mais ça n'amusait pas vraiment le molosse, les yeux exorbités, une petite écume sanguinolente aux lèvres. Arrêtes ce regard ! Tu ne peux pas rester là comme ça ! Puis, c'est bien ce que tu voulais lorsque tu demandais ''vires moi ça'' ? Non ? Me trompe-je ? Alors… Était-il pleinement conscient de ce que ça impliquait ? Sachant que sa conscience était chose lointaine qui avait même tendance à s'atrophier encore plus plutôt que de s'empleinir… … serre les dents !

À l'intérieur, la salle reprenait son calme, le troisième larron de la bande de Jared tenu en respect par la clique d'habitués de la taverne. De l'avancée de l'interrogateur, l'épistote ne savait pas grand-chose, mis à part les quelques cris qui lui parvenaient, tantôt insultant Roland, tantôt simplement d'acerbe et brève déclaration « fais pas celui qui sait, ''l'aveugle'' »… Jared avait tout l'air de gagner du temps.

Un temps au moins suffisant pour que l'augmenté se décide à arracher les deux fils d'un coup.
Après un moment d'hésitation, sans le bruit d'une seule respiration, la lumière s’éteignit. Le bougre avait été sauvé par le destin. Et alors que le miraculé sautait au cou de son sauveur, une détonation retentit. Du toit d'une vieille bâtisse, un éclair s'était fait discret, la balle du sniper fila  à travers la vitre poncé du Vieux Bernyl, qui vola en éclat, avant de finir sa course dans le crâne de Jared.

De toute évidence l'aide qu'il espérait dans son insolence face à Wallace ne viendrait pas. Roland fondait en sanglot devant le sang qui s'épandait et les bris de verres… Encore du ménage. Il n'aurait jamais du remettre de vitre pour commencer…

- Et bah voici que tu viens d'être libéré de deux chaînes… conclut le cyborg devant l’ébahissement du molosse. Avant de reprendre en criant : Wallace ! Serisse ! Ça venait de là-bas !

Et l'épistote repartit à travers les rues vides des taudis, espérant pouvoir coincer l'assassin de l'amouraché. On ne respectait décidément rien à Xandrie…
Dim 29 Jan - 21:43


Une détonation, une vitre brisée, une giclée de sang sur le visage. Puis le silence. Le corps de Jared tomba lourdement. Pour ne pas trahir sa couverture, l’assassin se força de conserver son bandeau au niveau des yeux. Inutile de voir pour comprendre que son interlocuteur venait de se faire abattre d’une balle. Ce pauvre amoureux n’était qu’un pion sur un échiquier trop grand pour lui. Les sanglots de Roland lui permirent de retrouver de la consistance. Il pleurait pour le ménage à effectuer et cela amusait l’homme du roi. Cela n’avait pourtant que peu d’importance, maintenant libéré d’un potentiel danger.

Barjolin donna la direction sans vraiment le faire. « Je te rappelle que je n’y vois rien, mon Barjo’. La vitre m’a empêché d’entendre d’où venait la balle. » La dénommée Serisse lui saisit le bras et l’entraîna dans le bâtiment. Elle le laissa seul pour rattraper l’amélioré qui avait pris de l’avance. Azur n’espérait pas retrouver le coupable. Les snipers étaient entraînés pour atteindre leur cible et décamper aussitôt le travail effectué. La réaction logique, presque systématiquement, était de partir à la recherche du tireur. Parfois impossible à localiser, quand c’était le cas, il prenait la poudre d’escampette. Comment le lui reprocher ? Quand il arriva dans la pièce, Barjolin s’y trouvait déjà.

« Il était ici. Je sens encore la poudre. Mais il n’y est plus à présent, comme je l’imaginais. Il est certainement en train de sauter, de toits en toits. En tout cas, ce meurtre confirme mes doutes. Jared n’était qu’un sous-fifre, la partie visible de l’iceberg. Le tireur n’est probablement le commanditaire. Une personne puissante, avec du pouvoir, conspire contre la royauté pour prendre sa place. Pourquoi attaquer la Pagode sinon ? »

Ils ne pourront enquêter librement au sein de la capitale. Puis ne laissait pressentir que l’amélioré souhaitait enquêter. D’ailleurs, quels étaient ses dessins ? Pas le temps de lui poser la question. Ils devaient absolument intercepter le tireur avant qu’il ne quitte les bas-fonds. Azur se dirigea vers la sortie l’appartement et s’arrêta au seuil de la porte. « Je ne sais pas ce que tu projettes, Barjo’, mais je dois absolument rattraper ce type. Mes yeux ne me permettent pas de voir la couleur de tes yeux, mais j’entends des choses que peu de personnes peuvent entendre. Le royaume court un grave danger. »

Il s’éclipsa. Invisible, il atteignit rapidement le toit et trouva des traces de pas fraîches. Il décida de les suivre, ne doutant pas qu’il s’agissait des pas de quelqu’un d’autre. En restant invisible, le fuyard ne doutera pas d’être suivi et ne s’inquiétera pas. L’assassin, lui, se déplaça à pleine vitesse au point s’époumoner. Agile, sauter ne le dérangeait pas le moins du monde. Il n’avait pas de fusil sur son dos, contrairement au meurtrier de Jared. Ainsi, il le rattrapa après une longue-course poursuite. La frontière entre capitale et bas-fond se trouvait là, juste devant eux.

Le jeune homme dégaina deux fines dagues dans sa course, toujours à l’abri des regards, prêt à les lancer sur sa cible. Il attendait le bon moment. De se rapprocher un peu. Juste quelques petits mètres.



Dim 5 Fév - 14:13
Lieu : Une chambre aménagée sous les combles d'un taudis de Xandrie.

Jivar fait les cents pas sur la scène, l'air particulièrement agité
- Déliquescence…
- Hmmm ?
Serisse entre
- Oh ? Tu es montée finalement ?
- *soupire* Comme tu le vois… Et, donc… Déliquescence ?
- Le véritable danger du ''Royaume'' si cher à notre nouvel ami…
- Il est parti sur les toits… je crois.
- Wallace pense que l'assassin s'est enfuit par la voie des tuiles… Mais… tu crois ? Bien inhabituelle ça !  Tes yeux ne peuvent suivre un aveugle ?
- *léger rire* Celui-là en tout cas… je le sens pas, d'ailleurs.
- Cette soirée promettait d'être bien plus amusante… Quelle tragédie…
- Rien d'amusant ni même d'utile de ce que j'ai pu entendre de Jared pendant que je le filais.
- Comment allons nous pouvoir annoncer la perte à sa dulcinée ? Aaaah misère !
- … Je croyais à une blague avant…
- Pauvre Roland ! On ira lui donner un coup de main ! Le corps, il s'en débarrassera vite, mais la vitre… le sang !
- Deux secondes d'attention, c'est trop demander ?
- Oooh, Voyons, ma Serisse, tu as toujours toute mon attention, tu sais !
- … Pourquoi ce débile s'est fait tuer ? Surtout comme ça ? C'est de la dernière solution. Il avait réellement une information compromettante.
- Ou un autre prétendant jaloux ? Il ne faut jamais sous-estimer la passion !
- Si la pagode est une cible pour un groupe sérieux… Les évènements pourraient bien finir par tourner un peu dans notre sens.
- Révolution !
Jivar tourne au milieu de la pièce, les bras grands ouverts, rédempteur
- Surtout le chaos qui vient avec. Mais si on peut placer judicieusement deux, trois, pièces…
- Mes poches sont vides… Les solutions plus directes profitent bien mieux d'une telle situation ! Et nous correspondent bien mieux également ! Ahah !
- Pas dit que ce soit la véritable cible par contre… on verra bien si leur action se concrétise.
Serisse s'approche de la petite fenêtre contre laquelle une table a été collée, s'allonge dessus, prend la position de tir et avise coté cour
- Angle parfait sur le Vieux Bernil. On l'attendait.
- Choisit mieux tes amis à l'avenir, Jared. *rire sardonique*
- … *soupire* Le tireur nous a laissé l'interroger. Pas longtemps, mais tout de même. Il avait l'occasion avant…
- L'aveugle ?
- Ou un augmenté clairement anormal… Les raisons ne manquent pas pour expliquer le délai.
Serisse s’assoit sur la table
- Par exemple : une filature improvisée de la cible par une ancienne patrouilleuse qui aurait gêné une élimination plus discrète dans une ruelle des bas-fonds…
- Serisse ?
- Hmmm ?
- Pourquoi on reste là au juste ? C'est vide, pas le moindre indice…
- À mon avis, après ce soir il n'y aura plus d'indice pour remonter le fil. Ils nettoient ce qui dépasse.
- Si Jared avait été cinq centimètres plus petit…
- La question est : dépassons-nous à présent ?
- Eh bien, quelle question ! Si ce n'est pas encore le cas, on a sans doute encore un peu de temps pour se faire remarquer ! Tu connais beaucoup de ranch de drake que Jared aurait pu démarcher ?
- Hmmm nan, deux, trois tout au plus. Mais pour le coup, je ne sais pas si la piste est porteuse… ça semblait être la touche perso' de Jared.
- Oh… J'aurais adoré visiter…
- … Peut-être pour une autre fois. T'as l'air fatigué…
- Tu penses ? Probablement pour ça que je fixe ce coin de rue depuis tout à l'heure… Je dois imaginer des choses.
- Puis… pas de tirade en cinq minutes, faut pas te connaître beaucoup pour savoir qu'il y a un truc qui va pas. Aller, on retourne au Bernil.
- La récolte de Wallace sera peut-être fructueuse ! Et fallait me le dire si mes monologues te manquaient ! Extrêmement décevant… à chaque espoir de ce soir, le dénouement est pièce avinée ou complètement désertée… Où est ma mascarade ? En demandais-je tant ? Même mon sentimentalisme s'est retrouvé accaparé… avant d'être écervelé. ''Une menace pour le royaume'' si seulement, si seulement… Pauvre bonhomme, sûr qu'il aurait fait un bon gendre ! D'ailleurs, c'est quoi ces histoires de royaume à défendre ? C'est pas un discours de nos méandres ! Si on le retrouve, c'est à lui qu'il faudra tenir le crachoir ! Oh… que dis-je encore… Pression sur assistant, ça sonne comme de l'abus de pouvoir ! Ah ! Mais attend ! C'est toi qui réclame, faut savoir !
Serisse quitte la pièce suivit par Jivar

En fond de scène, une ombre inconnue range son dispositif d'écoute et part côté jardin
Lun 6 Fév - 14:14


Il était à rien de le rattraper, mais la cible était bien trop proche de la capitale. Azur enrageait à l’idée de ne pas être capable de le rattraper avec ses seules capacités physiques. Il était pourtant athlétique, sauf que le tireur avait trop d’avance et qu’un être-humain, même s’il tentait de les surpasser jour après jour, était physiquement limité. Cela faisait partie de son apprentissage. Ranger sa fierté et utiliser les atouts disponibles. D’un seul coup d’un seul, la vitesse de l’assassin augmenta drastiquement et il se retrouva rapidement en-face du tireur. Ce dernier freina, stupéfait. Il dégaina deux révolvers. Presque immédiatement, sans même avoir le temps de viser, le voici perforé par une dague à chacun de ses poignets, l’obligeant à lâcher ses armes.

« Je dois admettre que tu es un véritable professionnel. Tu m’as poussé à… me surpasser pour te rattraper. A priori, tu n’as absolument rien laissé trainer avant de partir. Un superbe travail. »

Dans sa douleur, le sniper ne put dissimuler un sourire de satisfaction. Ces types avaient tous un énorme égo. Azur y comprit.

« Les types comme toi ne marchent qu’avec des contrats. Je pourrais t’embaucher à l’avenir.
- Ne t’embête pas, mon vieux. Tu n’as pas les moyens de t’offrir mes services.
- C’est la réplique que tu sors à tout le monde ? Mon banquier est très généreux.
- Très bien. J’aurais besoin d’un acompte pour ma convalescence, fit-il en désignant du regard les deux dagues.
- Fort bien, cher ami. Avant ça, j’aimerais savoir qui t’a embauché pour cette exécution, dans le Vieux Bernil.
- Je m’attendais à un bourbier de ce genre. Un type aussi habile que toi n’a pas besoin d’un tireur comme moi. »

Détrompe-toi. Tu me serais plus utile que tu ne l’imagines, pensa l’assassin.

« Hélas, même pour tout l’or du monde, je ne dirai rien.
- Quoi ? Ton commanditaire t’a menacé et tu crains pour ta vie ?
- Non.
- Alors la souffrance ? Crois-moi sur parole, je suis la pire chose qui puisse t’arriver.
- Je n’en doute pas. Enfin dans d’autres circonstances, du moins. »


Le sniper ricana.

« Quelle est la plus grosse erreur que peut faire un type comme nous ? »

Azur resta silencieux et comprit parfaitement où voulait en venir. Cet homme avait fait l’erreur de s’attacher à quelqu’un, de fonder une famille. Chez les assassins, c’était un rêve irréalisable, car ce n’était rarement quelque chose de permanent. Soit l’assassin mourait, soit sa famille se faisait enterrer par d’autres assassins. Cet homme le savait : il vivait ses derniers instants, et cela, pour le bien de sa famille.

« Je ne peux donc rien te dire. Ma famille ne sera jamais en sécurité tant que je serai en vie, le secret entre mes mains. Mort, ils les laisseront en paix.
- Même pour tout l’or du monde, hein… Tu n’as pas été rémunéré pour ce meurtre. Malheureusement, j’ai également des directives et je dois obtenir des réponses. »

L’aveugle dégaina une nouvelle dague et s’approcha du tireur qui, à la surprise générale, se mit à genou. Sans un mot, il croqua dans quelque chose qui se terrait dans sa bouche. Azur comprit aisément de quoi il s’agissait, s’arrêta et rangea sa dague. Quelques instants plus tard, celui qui détenait les réponses convulsa, s’écroula et laissa tomber un filet de bave. Il s’était éteint sous ses yeux. Face à ce cadavre, une horrible sensation d’échec s’empara de lui. Cela aussi faisait partie de son apprentissage. Au-delà de l’avoir laissé mourir, il a surtout manqué d’obtenir des informations. Retour à la case départ. Le néant absolu. La seule bonne nouvelle était que l’attentat serait peut-être retardé.

Il écrivit rapidement un rapport des événements pour son roi et grand-père. Un petit bout de papier enroulé, déposé dans l’encoche d’un support accroché à la patte d’un aigle qu’il avait appelé en sifflant. Ceci étant fait, la bête ailée s’envola en direction des quartiers du souverain. Azur prit le temps de réfléchir quelques instants. Que restait-il ? Ni l’amélioré ni son amie détenaient d’informations complémentaires. Par ailleurs, il ne connaissait toujours leurs desseins et s’était lui-même trop dévoilé. Trop d’erreurs accumulées. Il devait absolument se reprendre. Dans le vague, il repensa à l’homme qu’il avait envoyé valser en-face de l’établissement de Roland. Il devait certainement détenir des informations.

L’assassin décida de retourner au Vieux Bernil où il espérait retrouver ses camarades d’infortune.


Sam 11 Fév - 16:00
- Mais j'te jure, Roland, j'en sais rien des aventures à Jared ! Dis à tes mi… à tes potes de baisser leurs armes…
- Mais je l’envoie à qui la facture ?!

De loin, on entendait déjà les cris qui venaient du Vieux Bernil. Les riverains ne s'en plaignaient pas. Aucune tête qui apparaissait à la fenêtre pour jeter des pots de fleurs ou ce qui tombait sous la main. Rien. La rue était calme. De ce calme relatif qui subsistait alors qu'un funambule frustré foulait le pavé de son pas traînant et lourd de prothèse, à frapper de son pied de petits débris rocailleux et à suivre un sillon boueux, un pied derrière l'autre, bras tendus, piètre performance à l'équilibre précaire.

- Voilà que les bas-fonds revêtent toute leur splendeur à la faveur de l'aube !

Les flaques d'eaux croupis luisaient sous les rais timides, les rats se faufilaient sous les taudis et, à l'autre bout de la rue,  la devanture de la taverne était maculée de sang frais. Roland avait passé ses nerfs sur l'armoire à glace repentant. Son corps, comme celui de Jared, devait déjà avoir été mené au porcher. Au moins un pour qui la nuit aurait été profitable. C'est qu'ils étaient voraces les cochons de Xandrie.
Une nouvelle détonation retendit.
Celle-ci était signé du scié de Roland et il n'avait pas loupé sa cible. Le troisième et dernier larron de la bande de Jared beugla un grand coup avant de réussir à étouffer ses lamentations.
Le cri d'un mollet en fricasser.

- *Respiration haletante* Put' *Déglutissement et sanglots* Roland ! Il est debout ton Bernil ! J'pourrais dire qu'il faut pas y toucher ! Aller ! Tu me reverras plus…
- Un nom, Shun… juste un nom.
Un bruit de liquide qui se déversait parvint aux oreilles de l'augmenté. Et un autre gémissement.
- J'crois que tout a commencé… j'sais plus… NAN, NAN, je… ! Il revenait… Jared… du quartier des lanternes… Pi Xihuang…
Un nom avait été donné. Une dernière détonation. Puis plus rien. Roland n'était plus à une cervelle à devoir essorer.
- *Rire nerveux* Et maintenant, Roland ? Tu vas envoyer la note à Péxi ?
Un simple soupire en réponse. Le Bernil venait d'échapper à une destruction sauvage, ce n'était pas pour s'offrir à une des têtes de la pègre local.

Le gérant se recoiffait d'une main lorsqu'il vit le duo de terroristes amical réapparaître.
- Vous tombez bien, vous deux, y'a du ménage à faire… Et vire moi tes sabots crottés Jivy… Sérieusement c'est pas le moment d'en rajouter.
- Le ménage ! Le ménage ! Scandait à l’unisson la clique d'habituée de l'établissement.
- T'as déjà promis la tournée une fois que ça serait finit, je vois !
- Hummf… Plus besoin de promettre.
- Haha ! À Épistopoli, ils appellent ça du renforcement positif je crois… Enfin… il me semble ? Serisse ?
- Aucune idée…

Patins aux pieds, serpillières à la main, les voici tous à l’œuvre. Le Bernil ouvrirait de nouveau le lendemain. Bien qu'il était pour l'heure déjà grand ouvert aux courants d'air.

- Faites gaffe aux bouts de verre ! Pis, qu'on me trouve une planche pour la fenêtre en attendant… Et racontez donc ce que vous avez trouvé de votre coté, ça changera peut-être l'ambiance !
- Rien de fou… Mais comptez sur moi pour vous narrer ça !
Sam 4 Mar - 21:50

S’approchant enfin du Vieux Bernil, l’assassin haleta et reprit sa casquette de mal-voyant. Il s’approcha de l’établissement dans lequel il découvrit Barjolin, Serisse et Roland passer la serpillère. Aucune trace du second larron qui accomagnait Jared. Peut-être avait-il pris la fuite ? Comment le lui reprocher ? Son chef et ami s’était pris une balle en pleine, presque sous ses yeux. Le prochain, c’était probablement lui. Le tueur engagé était mort, mais d’autres pourraient l’être de nouveau. Flanqué devant les trois compagnons, Azur fit mine d’analyser le coin.

« Des patins, de l’eau qui ruisselle, une odeur parfumée, des frottements… Ne seriez-vous pas en train de passer la serpillère ? D’mon côté, ça n’faisait probablement aucun doute pour vous, mais le tireur m’a carrément échappé. Impossible pour moi de le suivre. Surtout quand il a commencé à sauter sur les toits… Tiens, il n’y avait pas un type qui l’accompagnait ? »

Il avait entendu des cris et des coups de feu en s’approchant.