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Entre ressemblances et différences [Naetish]

Entre ressemblances et différences [Naetish] Brandw10
Jeu 29 Déc - 21:04
Encore une journée comme les autres. Du moins, c'était ce qu'Halie s'imaginait, sans se douter un seul instant qu'elle changerait à jamais le cours de sa vie. Comme à son habitude, elle avait débuté la journée en prenant soin de l'arbre mort dans lequel elle avait établi son logement ainsi que les deux arbres, bien vivants, eux, qu'elle avait plantés à ses côtés, ain de permettre à la forêt de se renouveler. Grâce à ses soins attentifs et quotidiens, l'arbre mort n'avait pas pourri et ne s'était pas fait dévorer, que ce soit par les termites ou par les vers, et ses frères vivants avaient encore de beaux jours devant eux. La demoiselle traquait en particulier la moindre pousse de lierre à leur pied et l'arrachait sans hésitation si elle en trouvait.

Une fois ce contrôle de routine effectué, elle partit à l'aventure, à la recherche de nourriture. Evidemment, elle connaissait déjà les meilleurs endroits pour cela, mais y aller directement manquait cruellement d'attrait. Et trouver d'autres sources, même si elles pouvaient être de moins bonne qualité, était toujours une récompense parfaite pour notre petite curieuse, qui, malgré le temps depuis lequel elle vivait dans cette forêt, ne cessait de la découvrir.

Néanmoins, lors de son exploration, elle trouva quelque chose de bien plus intéressant. Une créature... Une personne ? Oui, probablement, car elle lui ressemblait. Néanmoins, fidèle à elle-même, Halie resta perchée dans un arbre, suivant l'inconnue, sautant discrètement sur l'arbre voisin lorsqu'elle s'éloignait trop, l'observant, l'étudiant, afin de déjà obtenir un début d'informations à son sujet.

Puis, une fois satisfaite, elle se laissa glisser au bas de son arbre, restant pour l'instant derrière l'inconnue. Alors, elle se retrouva devant un dilemme : que devait-elle faire ? Se signaler, quitte à faire une mauvaise rencontre ? Ou se contenter de continuer à la suivre discrètement, afin de savoir ce qu'elle cherchait à faire sur son territoire ? Après avoir hésité encore un moment, elle finit par rattraper l'inconnue... Perdant ainsi sa discrétion au profit de sa hâte.

Donc à présent, il fallait parler.

- Excusez-moi... J'ai juste été curieuse en vous voyant. D'où est-ce que vous venez ?

Vivre seule avait parfois des inconvénients : en effet, la demoiselle n'avait pas appris les règles élémentaires de politesse comme, par exemple, dire bonjour avant de parler ou se présenter en rencontrant de nouvelles personnes...


Dernière édition par Halie Lunia le Dim 8 Jan - 11:38, édité 1 fois
Jeu 29 Déc - 22:40
Jeune tritonne en ballade le long des berges de l'Inconnue. Tout d'exotisme parés, les lieux se détaillaient dans des canopées telles qu'elle n'aurait pût en imaginer. Déambula à bâbord, déambula à tribord. Bien loin des flots. Bien loin du bateau qui l'avait lâché sur les berges pour un repos mérité après le passage du cap au sud de Ventdune. Premier passage sous la Brume qui ne lui laissait pas un merveilleux souvenir. Une péripétie, petite frayeur qui ne lui laissait nulle chair de poule – sa condition lui épargnait ces fluctuations épidermiques et ses écailles restaient bien dociles sans se dresser devant le moindre monstre. Mais ici, dans ce décor enchanteur, elle en venait à se demander si elle n'était pas en faute de n'avoir découvert le monde qu'au travers de récits, écrits ou contés, devant les feux ou sous les flots.
Et cette chose ? Un insecte ? Une chenille, peut-être ? Bien différente de celles du désert. Si chatoyante. Pourquoi les croquis n'en donnait pas une telle impression ? Elle n'avait pas le temps de se culpabiliser qu'elle dérivait à nouveau vers un petit bruissement au loin.

Au bout d'un moment, une voix trancha son élan. Net. Naetish fixa l'inconnue droit dans ses fins rameaux. Qu'était-ce donc ? Ses grands yeux dorés s’arrondirent un instant.

« Je viens de par la mer, je viens des sables chauds. » qu'elle lui sourit doucement, sans même bredouiller.

« Mais que fais-tu ici ? Seule… » suspendit ses mots. Elle même devait être bien loin du navire à présent. Combien avait-elle de quartier libre avant qu'il reparte déjà ? Comme si la réponse à cette question pouvait l’intéresser à cet instant.
Le silence régnait dans les sous-bois. Non pas ce silence écrasant qui ne s'écartait qu'à la lecture des saintes lignes, mais un bien plus semblable aux profondeurs aquatiques. Un calme naturel… le bruit réconfortant des ondés en moins.

Elle fit deux pas sur la gauche, dévisageant la petite chose bénit par Nagidir. Comment pouvait-il en être autrement ? Si innocente qu'elle se présentait à elle… Ou bien était-ce l'un de ces monstres rusées qui sourdaient des tapies de feuilles ? Un demi-pas en arrière, réluctant sous la prudence.

« Si une porte s'ouvre, qu'une ombre emprunte le passage, pourquoi la porte ne se referme pas ? » qu'elle énonça de mémoire, un soupçon dans le regard.

Oh, elle allait bien vite savoir si l'aventurier lui avait menti en lui suggérant ce faux problème pour cerner les menaces. Quelles étaient les réponses possibles et les réactions qu'elle devait adopter déjà ? Le regard crispé sur Sa Curiosité, elle ne pouvait estomper son sourire bien plus franc que son instinct lui suggérait. Si elle criait, combien de matelots accourraient ? Et Pamila allait-elle de nouveau surgir sa lame impie à la main au moment opportun ?

De petits bois qui se dandinaient sur une tête ingénue… Que pouvait-elle bien en craindre ?
Ven 30 Déc - 12:28
La mer, le salble ? Voilà qui attisait encore plus sa curiosité. Tant de notions dont elle ignorait tout... Enfin, ce n'était pas complètement vrai : en effet, certaines clairières présentaient un peu de sable mêlé à la terre qui y était plus commune, mais la mer... Elle n'avait aucune idée de ce que c'était. Alors, elle hésita à peine avant de formuler sa pensée :

- La... Mer ? Qu'est-ce que c'est ? Et je ne savais pas que le sable pouvait être chaud...

La question qui suivit la surprit. Tout en réfléchissant, elle l'étudiait du regard, la tête légèrement penchée sur le côté. Seule ? Elle l'avait toujours été. Mais surtout... Pourquoi l'inconnue lui posait-elle la question... Alors que de toute évidence, elle aussi était seule ?

- C'est très simple, je vis ici. Mais vous êtes seule aussi, non ? Oh, peut-être... Que vous voyagez ? Je peux vous indiquer la direction que vous cherchez, peut-être ?

En réalité, elle était presque certaine de ne pas être capable de lui donner cette information. En effet, en dehors de cette forêt, la demoiselle ne connaissait rien. Mais après tout, il paraissait que se montrer serviable était bien vu, alors, pourquoi ne pas essayer ? Et puis, elle pourrait toujours s'en sortir en lui disant qu'elle ne connaissait pas cette destination quand la voyageuse potentielle lui en aurait parlé, n'est-ce pas ?

Puis vint une... Devinette ? À laquelle la demoiselle ne comprit pas grand-chose. Une porte ? Une ombre ? Qui voulait de tout cela en ce lieu ?

- Euh... Je ne suis pas sûre de vous suivre. Les portes ne sont pas la chose la plus courante ici. Quant aux ombres... Elles révèlent une autre version de la réalité. Certains peuvent en avoir peur, c'est vrai. Pour moi, c'est simplement une réalité toute aussi présente qu'en pleine lumière. Euh excusez-moi, je me suis perdue.

Elle se tut un instant, le temps de réfléchir sans se perdre, du moins, elle l'espérait.

- D'ailleurs, pourquoi une ombre attendrait-elle qu'une porte s'ouvre pour passer derrière elle ? Elles sont intangibles, rien ne peut leur bloquer le passage lorsqu'elles décident d'aller quelque part.

Bon, encore une fois, elle s'éloignait du problème. Et finalement, elle finit par opter pour la sincérité :

- D'accord, soyons honnête. Je ne comprends pas votre énigme. Je ne sais pas ce que vous cherchiez à prouver, mais vous allez devoir soit chercher à le faire autrement, soit abandonner, je ne vois pas d'autre solution.

Elle s'en voulait un peu de lui parler aussi sèchement, mais elle s'en serait encore plus voulu de lui mentir... À condition de savoir le faire, ce qui n'était pas certain non plus.
Ven 30 Déc - 22:57
Portées par une douce voix les réponses s’enchaînaient, pleines de confusions et d'ignorances. Mais également de notions de bons sens qui rassurèrent immédiatement la parcelle de doute de Naetish. Bien qu'imaginer des ombres esseulées franchir des seuils étaient tout de même une bien étrange idée. Mais… elle n'était toujours pas convaincue par le moyen de l'aventurier. Quelle chose pouvait bien répondre ''Nulle porte n'est ouverte, nulle ombre n'emprunte, jamais. Les portes sont closes, mais les ombres prennent, toujours'' ? Une logique d'ailleurs peut-être ? Ou juste une histoire d'ivrogne fatigué de courir la Brume. Elle hocha tout de même la tête d'un air convaincu – bien plus qu'elle ne l'était réellement.

« Je crois bien avoir cerné ce que je voulais vérifier. » Pour le moment… qu'elle omit d'ajouter.

L’étrangère en ces lieux médita un temps, tournant volontiers les yeux vers le moindre bruit. Pourquoi l'inconnue devait effrayer ? Pourquoi tant restait chez eux ? Comme elle, pour des quêtes d’étagères ? Mais dans les livres, ni même dans sa cité, elle ne pouvait vivre la rencontre du bizarre. Des rencontres à conter, plus tard, lorsqu'elle serait rentrée. Encore fallait-il que se poursuive le contact. Bascule de tête, retour vers les yeux calmes de son vis-à-vis.

« Alors comme ça, tu vis ici !?… Tu es seule depuis bien longtemps, n'est-ce pas ? Je n'imagine pas nombre de voyageur passer par ses bois sauvages… entre les routes et le fleuve ils ont l'embarras du choix.

J'ai remonté un peu le fleuve d'ailleurs, mais l'air est bien plus frais que dans le désert, j'en suis sortis pour marcher, comme invitée. Et rapidement les collines ont laissé place à… Ici. Je sais d'où je viens, je pourrais repartir rejoindre l'équipage ! – normalement du moins… – Mais, merci de te proposer en guide.

Mais si tu ne savais pas que le sable pouvait être chaud… le désert j'imagine… Aah, Le sable y tapisse le sol, parfois sans rien offrir d'autres à la vue, sous un soleil qui le rend brûlant… C'est… bien différent d'ici. Un autre charme. Tu devrais y aller un jour, Aramila accueille toutes âmes. En tant que voyageuse novice je ne peux que le conseiller… qu'aie-je loupé toutes ses années…
 »

Jeune ondine a confidence facile, elle se livre un point après l'autre, s'approchant, espiègle, par pas millimétrés. Un peu plus proche à chaque phrase. Combien de mot avant de pouvoir, de prés, observer les merrains sinueux ?

Qu'à t-elle pu lire sur de telles créatures ? Une osmose si naturelle… Qu'es-tu ? que son regard clamait, jusqu'à en déborder. Une main passe dans sa besace, en retire un petit sachet en tissu, empli de billes émeraudes, perles d'algues sucrées.

« Une spécialité d'où je viens », qu'elle annonça, en présentant une poignée. En passant, elle en prit une elle même, qu'elle fit rouler immédiatement sous sa langue. Le goût des côtes d'Etyr, l'azure des marées en moins.
Dim 1 Jan - 18:45
Une telle curiosité... Mine de rien, Halie appréciait. Et également la manière de parler de l'inconnue... C'était inhabituel, quelque peu... Poétique. Elle l'observa, curieuse elle aussi. Ce paysage qu'elle décrivait... Si elle était honnête, Halie devait admettre qu'elle n'avait pas envie de le découvrir. Du sable, brûlant, sans rien d'autre ? Où était la vie-là-bas ? Avant même d'y penser, elle était en train de poser la question à voix haute :

- Un tel endroit existe donc vraiment ? Il doit être impossible d'y vivre... Pas d'arbres, pas d'animaux ? Comment avez-vous pu y survivre ? Mais vous parlez... D'une ville, c'est bien ça ? Il y a donc assez de personnes pour créer une structure... Comment faites-vous pour réussir à y vivre ? Ici, l'ombre salvatrice est facilement accessible dès que le soleil se fait trop puissant. Et chaque recoin grouille de vie, on peut toujours trouver des oiseaux, ou une multitude d'autres animaux. Ce sont ces animaux qui m'ont appris la vie, d'ailleurs. Comment faites-vous, sans eux ?

Elle laissa passer une pause, puis se souvint que la demoiselle lui avait également posé des questions.

- Ah, et pour vos questions... Oui, je suis seule, la plupart du temps. Des humains passent cependant de temps en temps par ici, je les observe, pour apprendre d'eux. Mais j'aime ma tranquillité. Si vous le demandez, c'est que vous avez l'habitude de vivre en communauté ? Ce n'est pas étouffant, par moments ? Surtout dans... Le désert, c'est comme ça que vous l'appelez ?

Instinctivement, elle fit quelques pas en arrière lorsqu'elle remarqua que l'étrangère s'était approchée. Certes, elles étaient au moins aussi curieuse l'une que l'autre vis-à-vis de leur interlocutrice, mais... Elle ne saurait pas vraiment expliquer ce mouvement de recul, en fait. Après tout, elle ne sentait aucune hostilité à son égard dans les émotions de la demoiselle, alors, pourquoi ? Pourquoi son corps se méfiait-il plus que son esprit, qui ne demandait que toujours plus d'informations à son sujet ?

Et lorsque l'objet de sa curiosité lui proposa une friandise, comme un cadeau, elle hésita. Si elle l'acceptait, cela signifierait-il qu'elle devrait également lui offrir quelque chose en retour ? D'un autre côté... Il y avait bien une denrée dont elle était très friande, et qui se trouvait assez facilement dans ces lieux... À condition de savoir où chercher et de ne pas réellement tenir à son intégrité physique. Alors, prise d'une inspiration soudaine, elle lança :

- Attendez.

Puis, sans lui laisser le temps de poser plus de questions, elle grimpa dans l'arbre le plus proche, et, aussi rapidement que possible, revint vers le colosse déchu qu'elle occupait. Elle ne mit pas beaucoup de temps à trouver ce qu'elle cherchait, et, l'objet dans les mains, reprit rapidement le même trajet en sens inverse. Puis, alors qu'elle réatterrissait devant celle qui semblait en train de devenir une émissaire d'un autre monde, elle lui tendit, avec mille précautions, l'objet : un récipient en verre, qui constituait le seul objet venant de chez elle qu'elle n'avait pas créé elle-même, par nécessité, avec les moyens du bord. Celui-là, elle l'avait troqué avec un humain croisé par hasard, contre un objet dont elle avait d'ailleurs tout oublié. En observant l'objet, le goût de la demoiselle des bois pour l'art se révélait discrètement. En effet, c'était principalement pour les ornementations discrètes qu'il arborait qu'Halie avait insisté pour l'obtenir. Sans compter, également, que le verre était une matière qu'elle ne connaissait pas, au plus profond de sa forêt.
Mais ce qu'elle voulait réellement utiliser comme monnaie d'échange était le contenu de ce récipient si exceptionnel à ses yeux : un liquide sombre et sucré, qu'elle appréciait plus que toute autre nourriture.

- Je vous propose aussi de goûter ce miel produit pas très loin d'ici. Je l'adore, vous m'en direz des nouvelles !

Elle ne prendrait la perle offerte que si son interlocutrice acceptait également de goûter sa propre "spécialité".
Mar 3 Jan - 17:08
Les questions affluèrent, en torrent innombrables. Les yeux clairs de la forestière brillaient autant que les siens. Comment imaginer des contrées inconnues ? Tout autant que l'image qu'elle pouvait se faire des forêts était contrefaite, celle-aux-cornes-tendres ne pouvait accéder aux déserts et a leurs beautés réservées aux initiés.

Avant qu'elle n'ait pu répondre, sans même que son présent soit accepté, l'inconnue s'élançait à travers bois, jusqu'à disparaître dans les profondeurs de la forêt. Quelle adresse, quelle vitesse. Naetish resta un moment a observer le vent siffler entre les branches. La sombre forêt… elle sentait que si elle avançait, elle serait rejetée… ou pire encore. Devait-elle réellement attendre le retour de son hôte sans même savoir quand elle reviendrait… ni si elle comptait bien revenir. Avait-elle fait quelle chose pour la froisser ? La choquer ? Tout semblait pourtant si bien se passer.

Alors que, les lèvres pincés, elle déposait le sachet de sucrerie sur une pierre, s’apprêtant à repartir vers le large, la douce voix la rappela à l'ordre, un bocal plein d'un liquide sirupeux, quelque peu grisant juste à l'odeur pour les ventres à sucres.

« Oh, euh je… » qu'elle fit, dans une volte-face embrassée de l'éclat d'or de ses grands yeux. Elle s'approchait à nouveau de la boisée, cette fois jusqu'à pouvoir plonger un doigt – d'écailles couvert jusque mi-phalange – dans le pot qui lui était tendu. Gluant. Un peu comme cette pâte à base de larve de phasme-coral… qui était longtemps d'être son plat préféré. Mais cette nouveauté n'en avait que la couleur et l'aspect. Son goût, alors qu'elle léchait allégrement le miel, elle ne pouvait qu'admettre, d'une mine réjouit, la découverte. Le retour juste à temps de son vis-à-vis n'était sans doute pas étranger à cette satisfaction.

« Désolé, je ne voulais pas partir mais… je n'étais pas sûr que tu puisses être de retour assez vite… je dois retourner au navire avant la nuit. Tu comprends, je suis sûr… J'aurais adoré explorer un peu plus les lisières de tes bois. Son regard filait entre le sommet du crâne de la jeune femme et celui des arbres alentours. Peut-être une autre fois *Silence* Mais si tu n'as rien à faire, tu pourrais m'accompagner ! La mer n'est pas si éloignée d'ici, tu sais. Le désert et ses richesses, je ne peux te les montrer, mais l'océan… Les tritons y vivent en communauté soudés, j'y suis habituée... si je dois m'isoler maintes bibliothèques m'y invitent, tu n'as simplement connu que ces bois, mais le monde est vaste comme... comme... l'océan. L'océan... pour ainsi dire, c'est ma maison – en un sens – alors cela ne serait qu’échange réciproque ! »

L'ondine ramassa l'offrande qu'elle avait laissé à la pierre et la retendit vers l'inconnue, le regard en coin, le sourire franc.

« Naetish, du clan To', enchantée. Tu ne connais que la vie des bois. Mais ne la sous-estime jamais, les encyclopédies me l'ont appris. Elle sait s’adapter, à tout – même à la Brume. »

Elle frissonna, se remémorant les rangées de dents ciselés qui avaient failli la gober. Tant de chose qu'elle savait… et pourtant…

« Je dois apprendre des forêts, et toi des déserts et des océans. Si tu as des questions, mes réponses n'en amèneront que d'autres, et le temps qui s'écoulent te laissera insatisfaite. Et Lugrilen annonce : que seuls les voyages sauront payer l'âme des pionniers curieux. Volontés des premiers sera récompensées. »

Elle s'étira un instant, allongeant ses longs membres vers le sommet des arbres, luttant contre l'envie intrusive, d'un bras à saisir, pour mener la cornue vers son propre Inconnue.

« Le choix est tient ! » Quelques pas en arrières, une main inviteuse tendue, à saisir ou à suivre.
Mar 3 Jan - 18:10
Visiblement, l'inconnue ne lui faisait pas confiance. Halie ne voyait pas d'autre explication à ces gestes, qu'elle identifiait sans problème comme des préparatifs pour s'en aller. Malgré ces mots, Halie ne pouvait pas croire qu'elle n'aie pas réellement voulu s'enfuir. D'un autre côté... Loin d'elle l'idée de retenir quelqu'un contre sa volonté. Elle voulait lui prouver sa bonne foi en lui proposant un raccourci vers sa destination, mais elle n'en eut pas le temps. Il serait difficile de déterminer qui parlait le plus, dans la situation actuelle. D'un autre côté... Elles se trouvaient sur le territoire d'Halie. Il était donc parfaitement en son pouvoir de lui offrir une visite.

Néanmoins, avant de dire quoi que ce soit, elle lui laissa le temps de savourer le miel. Ce serait un sacrilège que de ne pas laisser quelqu'un en profiter ! Même si elle avait eu l'air prudente, presque défiante, au début, Halie avait fini par reconnaître dans ses prunelles la même lueur que celle qui se trouvait probablement dans les siens lorsqu'elle savourait cette sucrerie naturelle.

Enfin, à présent que son cadeau était accepté, c'était à elle de goûter également la spécialité de l'émissaire de... D'un peuple dont elle ne connaissait rien, pour ne pas changer. Alors qu'elle s'exécutait, elle passa immédiatement en mode "analyse". Ce mets était également sucré, mais d'une manière différente de son miel. C'était... Etrange. Pas désagréable le moins du monde, mais... Différent.

- Comment vous appelez cela ?

Peut-être qu'un jour, elle se trouverait là où ces perles étaient produites, après tout. Personne ne pouvait dire de quoi l'avenir était fait... Même si elle se sentait très attachée à cette forêt et particulièrement aux quelques arbres dont elle s'était juré de prendre le plus grand soin, celui où elle vivait compris, elle ne pouvait pas ignorer la possibilité qu'un jour, on puisse la convaincre d'aller voir autre chose. Après tout, sa curiosité ne se satisfairait pas éternellement du même paysage, même s'il lui semblait impossible de trouver un meilleur environnement ailleurs. Et puis, malgré tous ses soins, il ne fallait pas oublier qu'elle habitait un arbre mort, donc, que tôt ou tard, il finirait par pourrir ou par tomber en poussière car trop vieux... Le bois n'était pas un matériau éternel. Elle le savait, bien sûr, mais faisait de son mieux pour ne pas y faire attention. Après tout, l'avenir n'avait jamais été une grande préoccupation pour elle. Ceux qui se souciaient de l'avenir finissaient toujours par céder au pessimisme. Du moins, c'était ce qu'elle avait remarqué en étudiant les humains de passage. Alors, même si cela la menait à la naïveté, elle continuerait à ne se soucier que des problématiques immédiates. Et puis, en quoi la naïveté était-elle un problème, lorsque l'on était seul la plupart du temps ? Seuls les animaux de la forêt la croisaient régulièrement, et ils avaient des préoccupations bien plus urgentes que de juger leurs voisins. Voilà le grand avantage des animaux par rapport aux humains. Chacun vit sa vie selon sa propre philosophie, et personne ne juge ni n'est jugé. Le paradis, en somme.

Elle fut sortie de ses pensées lorsque la deuxième humanoïde se présenta. Ah. Oui. Cela faisait partie des choses qu'il fallait faire, avec ces êtres.

- Enchantée. Je suis Halie, de... eh bien, de cette forêt. Je me suis moi-même confié la mission d'en prendre soin, vous comprendrez donc que je n'ai pas vraiment envie de la quitter... Si je m'en vais, qui empêchera les humains de la raser pour étendre leur ville ? J'ai plus ou moins réussi à effryer certains d'entre eux. C'était certes involontaire, mais ça a certainement aidé la forêt à rester telle qu'elle a toujours été. D'ailleurs, ils sont étranges, ces humains, non ? La forêt n'a jamais tenté de les envahir, mais ils ont quand même l'air de vouloir se venger...

Malgré toutes ses tentatives, Halie n'avait jamais réussi à vraiment comprendre les humains. Peut-être d'ailleurs devrait-elle abandonner ? Cet objectif était-il voué à l'échec ?

Enfin, une fois de plus, elle s'égarait.

- Mais, visiter l'océan... C'est de l'eau, non ? Un peu comme les lacs ? J'avoue que j'ai déjà essayé d'aller voir ce qui se trouvait sous la surface, mais j'ai toujours échoué, parce que je ne sais pas respirer sous l'eau... Et si j'arrête de respirer, je ne tiens pas longtemps. Vous...

Elle l'observa. Sans jugement, évidemment, puisqu'elle n'avait pas hérité ce défaut des humains, malgré ses nombreuses séances d'observation. Simplement, comme à son habitude, elle analysait... Et tentait d'apprendre.

- Vous semblez adaptée. J'imagine que chacun est adapté à son environnement. Je n'ai pas le vertige et grimpe facilement aux arbres, vous savez respirer et vous orienter sous l'eau. Je pourrais vous guider dans la forêt, en m'arrangeant pour rester au sol, mais comment voulez-vous que je puisse vous suivre sous l'eau ?

Elle se laissa encore un peu de temps de réflexion, puis se lança :

- Vous devez être rentrée avant la nuit, c'est bien ça ? Est-ce que vous savez à peu près à quel endroit ? Je peux vous ramener sur la berge, mais, disons qu'il est possible de se tromper de plusieurs mètres si on n'a pas de destination précise. Et pourquoi ne pas prendre un itinéraire plus long que nécessaire, afin de visiter un peu les environs ? Vous pourrez toujours revenir plus tard, quand vous aurez le temps, si vous voulez en voir plus.
Jeu 5 Jan - 21:46
Elle baissa la main. En effet, après tout, pourquoi devait-elle tant se presser, le soleil était encore haut. Bien assez, du moins, pour que plus de deux heures soient à disposition, même si le trajet avait était long, avec une guide, le retour le serait moins.

Quelque part, elle se demandait si Halie n'était pas en train d'éviter de s’aventurer hors de sa forêt, mais l'ondine ne fut pas compliquée à convaincre. Un rapide tour des lieux qui ne la mettrait pas en retard ? Elle hocha de la tête, guillerette. Elle pourrait toujours tenter de l'entrainer à l'aventure plus tard.

« Tu connais peut-être un courant dans la foret qui rejoint le fleuve souterrain que j'ai remonté tout à l'heure ? Le bateau est amarré en contre-bas. Bien évidement, tu ne pourras m'y suivre… d'ailleurs, je ne te proposais pas de visiter le dessous des flots – tu n'as pas l'air équipée pour, en effet – je voulais juste que tu vois la mer… le bleu à perte de vu, l'horizon déchaîné sous les tempêtes de brume, jouant d'un nuancier infini pour s'exprimer… les jours verts devraient te rappeler ta forêt… *Pause* Je ne sais pas si je reviendrais un jour par ici… tu peux conserver les Vaak'Namelerinn si tu souhaites. Les humains appellent juste ça perles d'Etyr… Enfin ! Montres moi d'abords les alentours ! »

Elle s'était de nouveau approchée, et plongeait de nouveau dans le pot de miel. Il y avait de quoi devenir addict… chaque fois elle s'étonnait, presque écœurée du trop sucré… et pourtant, elle y retournait.

Avant de se mettre en marche, elle perdit son regard vers les profondeurs de la forêt. Presque méditative.

« Les plantes invasives, les bois précieux… les opalins ne manquent pas de prétexte pour détruire ce qui les gênent ou ce qu'ils convoitent… Mais de part le monde, les civilisations sont bien différentes. Celles qui se souviennent des enseignements d'Urh n'agiraient jamais ainsi. Ces prêches qu'elle avait appris continuèrent de s’égrainer dans la conversation. Mais je suis bien curieuse de savoir comment tu as pu faire fuir ces pilleurs… Qui peux-tu bien effrayer ? »

À moins qu'elle ne soit véritablement une sorte de monstre comme elle l'avait redouté au début… un monstre faussement amical qui lui offrait du miel pour mieux l'engraisser et une visite pour mieux la fourvoyer… Que devait-elle faire pour s'assurer de sa sécurité ? D'une main, elle effleura le pendentif de Nagadir qui tombait sous sa tunique – elle n'avait pas compris pourquoi mais lorsque le marchand lui avait présenté, elle l'avait immédiatement voulu… un désir de possession comme elle n'en avait jamais connu, un jeu de la destiné probablement.

Les yeux de Naetish était de retour à observer Halie, la tête légèrement inclinée. Elle s'était identifiée tritonne, mais la seconde ? Toujours pas plus avancée, toujours indéterminée.
Une rencontre d'inconnue dans les bois. Il y avait bien des légendes qui commençaient ainsi... et les disparitions étaient bien souvent le devenir des malheureux. Une biche boisée, protectrice de la Nature... N'y avait-il pas une légende bien plus encourageante à ce propos ?
Ven 6 Jan - 13:39
Seulement voir la mer ? Vraiment ? Dans ce cas... Cela devenait envisageable. Mais en avait-elle vraiement envie ? Voulait-elle vraiment abandonner sa forêt pour aller découvrir un autre endroit ? D'un autre côté... Elle se voilait la face, elle le savait. Bien sûr qu'elle avait envie de découvrir autre chose ! Mais il restait vrai qu'elle n'abandonnerait jamais la forêt. Si elle allait voir d'autres paysages, elle le savait, elle tenterait toujours de revenir le plus tôt possible pour prendre soin de ce lieu, profondément ancré dans son coeur. Se retournant, en toute confiance, n'imaginant même pas un instant que l'inconnue puisse tenter de la poignarder dans le dos, elle observa la forêt, son territoire, et toutes ses nuances de verts. Puis ell fit de son mieux pour tenter de remplacer tout cela par les mêmes nuances... De bleu. Des arbres bleus... Il fallait l'admettre, ce feuillage bleu semblait sortir d'un autre monde. Elle eut alors une pensée pour la première personne à qui elle avait vraiment parlé. Un artiste, qui avait réussi à transformer un paysage qu'elle semblait connaître. Aujourd'hui, par le pouvoir de son imagination, elle faisait la même chose... Avec probablement bien moins de succès, évidemment. Même si elle disposait d'une certaine sensibilité artistique, elle n'était elle-même pas artiste. À peine artisane...

- Vaak... Quoi ?

Ce fut sans grand succès qu'elle tenta de répéter le nom des friandises... Tiens, d'ailleurs, en y pensant... Elle reprit une bille. Certes, cela ne remplacerait jamais ce fameux miel dont elle était si friande, mais c'était un goût loin d'être détestable... Et en parlant de friandises. L'inconnue semblait avoir le même appétit qu'elle pour la production des abeilles. Avec un sourire ravi, elle lança :

- J'adore ce récipient, donc je ne vous le donnerai pas, mais... Si vous en avez un, je peux vous donner ce miel ! Un peu ou tout le contenu, peu importe, je sais le trouver. Et si vous acceptez, je ne saurais trop vous conseiller de ne pas tout manger en une fois, ce serait dommage... D'autant plus que c'est tellement sucré que ça se conserve longtemps, gardez-en pour plus tard. Un moment où vous aurez besoin de réconfort, ça marche bien pour se remonter le moral.

En réalité, pour Halie, il n'y avait aucune vertu que le miel ne possédait pas. Il réconfortait, soignait, rendait heureux, conservait... C'était en quelque sorte son ingrédient miracle, qu'elle avait l'habitude de nommer le trésor de la forêt. Certes, il n'était pas rare, mais, dans cet environnement, elle n'avait jamais rien trouvé d'autre qui puisse remplir autant de fonctions différentes... Et positives.

Cette bonne humeur fondit comme neige au soleil lorsque la demoiselle évoqua les humains destructeurs. Ce fut d'un air sombre qu'elle lança :

- Si je les rencontre, je le jure, ils ne feront plus le moindre mal après ça. La forêt sait se défendre seule, mais je l'aiderai autant que possible. Les plantes invasives, oui, je les arrache aussi, lorsqu'elles menacent mes arbres. Mais qu'en font-ils après ? Il faut simplement les laisser se décomposer là où elles n'auront aucune chance de repousser pour détruire un nouvel être. Au bout de quelques temps, elles formeront un terreau qui aidera à la croissance des plants qu'elles voulaient étouffer à l'origine. Et pour ce qui est du bois... Même mort, il est utile si on le laisse sur place, j'en suis la preuve.

Elle s'interrompit un instant. Elle s'était certainement emportée... Dans tous les cas, elle devait une explication à la demoiselle. Alors, prenant un moment pour retrouver son calme, elle finit par expliquer :

- Je ne sais pas comment font les autres hespérides, ni même s'il y en a par ici, mais moi, je me suis installée dans le tronc d'un arbre mort. Je suis convaincue que la forêt l'a mis sur mon chemin pour ça, pour me protéger, j'étais bien plus jeune à cette époque. Pour la remercier, j'ai planté d'autres arbres, qui eux sont bien vivants, et je prends soin des environs. Par contre... J'ai observé des humains, et la plupart avaient l'air plus curieux qu'autre chose...

C'est alors qu'elle se souvint qu'on lui avait posé une question. Elle haussa les épaules. Comment elle effrayait les humains ?

- À l'origine, ce n'était pas volontaire, je voulais juste apprendre leur langage... Mais je leur parlais, sans qu'ils me voient... ça vous ferait peur, à vous ?

Elle resta un moment immobile, perdue dans ses pensées. Puis, soudain, elle se reprit :

- Enfin ! On ne va pas rester là sans cesse, à attendre que le soleil se couche ! Je pense savoir à peu près où est votre destination. Vous voulez toujours faire un tour dans les bois ?

Puis elle la guida, résistant comme elle le pouvait à l'envie de sauter dans les branches de l'arbre le plus proche... Mais elle savait que cela reviendrait à abandonner l'inconnue, étrangère en ces lieux. Et l'hespéride savait que, plus particulièrement une fois la nuit tombée, ces bois n'étaient pas des plus hospitaliers pour les étrangers.... Elle-même n'avait pas vraiment à s'en faire, depuis le temps qu'elle vivait là, elle faisait partie du paysage. Elle était même plus âgée que la plupart des prédateurs, qui l'avaient donc toujours vue, et avaient appris à ne pas se méfier. Mais pour quelqu'un qui venait d'arriver... Oui, mieux valait rester avec elle jusqu'à ce qu'elle quitte le bois, et, surtout, s'arranger pour qu'elle soit partie avant la nuit.
Sam 7 Jan - 8:55
Que son air grave, empli de méfiance, ne lui allait pas… Était-ce les voyages qui ne lui réussissaient pas ? En ville jamais, même l'ombre la plus large et difforme ne l'avait mise sur ses gardes, et voici qu'en s'aventurant par delà les frontières sa nature s'en devait changer ? Face à une Hespéride ? Ah, par Nagidir, de ce qu'elle avait pu en lire et de sa première rencontre avec l'une d'elle comment donc pouvait-on en avoir peur ? Tant que l'on ne s'en prenait pas à leurs jardins… tant que nos intentions étaient bonnes. Ainsi les cornes venaient de là ? D'où au juste ? De la Nature animée ? Exprimée ? Les Hespérides restaient un mystère pour elle. Une notion diffuse empruntée à une thèse théologique sur l’expression de la volonté d'Urh.
Enfin… il y avait toujours la possibilité d'une fausse identité, d'un mensonge éhonté… mais… Ah ! Même dans ses menaces, même dans ses plus froides expressions, l'ondine ne pouvait voir qu'une jeune femme qui s'enfilait des Vaak'Namelerinn, goûtant à la nouveauté. Enfin ''jeune femme'' était peut-être moins sûr à présent… Les traits de certains êtres ne permettent pas d'en estimer l'age.

Et quel était ce moyen lunaire de causer l'effroi ?
C'était trop, quelque chose se contorsionnait dans son ventre, remontait tout du long, tordait son sourire en tremblements erratiques, mordait ses lèvres pour tenter de rester piéger.
Le miel qu'elle n'arrivait pas à digérer ?

*éclats de rire clairs*
« Faire fuir… juste par la parole ? Il faudrait que tu m'apprennes ! »

Et les rires reprirent, libérateurs, fous, un peu, de par leur longueur.
Elle n'avait pas à craindre ce genre de confrontation. Elle apprendrait bien à jauger les risques, ajuster la distance, savoir quand avoir peur à raison… se défendre en cas de besoin. Dans tous les cas, elle ne voulait pas finir à prendre la poussière au milieu des livres. Encore moins à présent qu'elle avait goûté à d'autres horizons. Elle s'adossa à un arbre, tentant de reprendre son souffle. Naetish évitait Halie du regard tant il lui fallait peu pour la relancer. Sa main couvrant ses yeux poissonneux.

« Et un tour de la forêt serait parfait ! Laisses-moi juste… le temps. Et si tu pouvais... te... tourner ??! »

Un coup d’œil circulaire, mais sa guide avait disparu... ce constat la calma net.
Il y avait eu trop d'émotions, trop différentes, en même temps. Elle en avait pris, tout du long de cette expérience, sa teinte saumon du sang qui lui était montée à la tête.
Le relâchement était violent, il n'en redonnait que d'autant un éclat vif aux lieux. Chancelante, un bref instant, elle se redressa, des légères douleurs au ventre et à la gorge. Rire à la surface avait toujours ce léger coté irritant pour les branchies… Mais cela faisait du bien.

La citadine respirait enfin. Qu'était advenu de l'hespéride ? Que lui réservait encore ces bois ? Est-ce que tout le bruit qu'elle avait causé n'avait inquiété qu'un couple de lapin, une nuée d'oiseau au plumage mêlant l'azur à l'écarlate et un cerf intrigué ? Elle voulait visiter les alentours, mais qu'ils viennent à elle ainsi n'était pas plus mal. Ces animaux étaient bien loin d'être les plus farouches qu'elle n'ait pu croiser… ce sanctuaire devait véritablement être préservé de la main de l'Homme.

Naetish se retrouvait seule, sans même son pot de miel qu'elle lui avait promise. Pourquoi ? Que c'était-il passer ? Elle n'avait rien entendu, ni pas, ni bruissement de feuille... mais elle n'avait pas été des plus attentives. Avait-elle fait quelque chose mal ?

« Halie ? » qu'elle se hasarda à appeler, doucement, en contraste complet avec le bruit qu'elle avait pu déclencher. La démonstration des capacités d'épouvante de l'ermite avait-elles commencés ?


Dernière édition par Naetish le Sam 7 Jan - 21:59, édité 1 fois
Sam 7 Jan - 21:54
Pourquoi riait-elle autant ? Halie avait-elle fait quelque chose de mal ? Légèrement vexée, elle décida de ne pas répondre à la demande qui fut formulée, et qui, selon elle, n'en était pas vraiment une. D'autant plus qu'elle y avait déjà répondu, non ? Ce n'était pas voulu, pour commencer ! Et pourquoi se tourner ? Décidemment, elle ne comprenait plus cette créature. Finalement, elle finit par décider d'aller se réfugier sur la branche la plus basse de l'arbre qui servait de support à Madame l'hilare. Elle disait que ça allait lui passer ? Halie l'espérait bien. Etrangement, elle n'avait soudain plus la moindre envie de lui faire visiter les lieux, ou de passer plus de temps avec elle. Et si elle ne lui disait rien et se contentait de la ramener directement à bon port, sans faire le moindre détour ?

Elle resta là, attendant avec impatience la fin de cet accès d'hilarité qu'elle ne trouvait absolument pas justifié. Comme elle le faisait souvent, elle se prit à envier les oiseaux. Eux avaient probablement fui lorsque l'étrangère avait créé tout ce bruit, aussi étrange qu'inhabituel dans ces bois relativement calmes la plupart du temps. Si elle avait leurs ailes, il y avait longtemps qu'elle aurait fui, elle aussi... D'un autre côté, elle le pouvait toujours. Certes, elle n'irait ni aussi vite ni aussi loin qu'eux, mais elle disposait d'un avantage sur l'étrange étrangère : la connaissance du terrain. Si elle choisissait de disparaître, la créature marine ne la retrouverait jamais. Mais elle ne pouvait pas se permettre de l'abandonner... Avec un soupir résigné, elle reprit l'attente.

Finalement, l'étrangère finit par se calmer. Et par l'appeler. Néanmoins, elle n'était pas prête à obéir à quelqu'un de si imprévisible... Alors, elle la laissa dans l'incertitude encore quelques instants, avant de daigner se laisser tomber au sol, juste devant l'ondine. Se retournant vers elle, elle lança, ayant perdu son apparente naïveté joueuse, visiblement réprobatrice :

- Merci d'arrêter. C'est trop de bruit pour une seule personne. Si vous avez de quoi le contenir, je suis toujours d'accord pour vous laisser du miel... Mais on va retourner là où vous voulez aller directement. Je ne suis pas à l'aise à l'idée de guider quelqu'un que je n'ai visiblement pas cerné correctement.

Puis elle prit la route, avançant néanmoins assez lentement pour qu'il soit facile pour l'étrangère de la rattraper.
Sam 7 Jan - 23:55
À peine se détendait-elle, que l’Hespéride s'en retrouvait agressée ? Pour un rire ? Avait-ce été si déplacé ? Impoli ? Naetish fronçait ses sourcils.

« … Tu n'as jamais entendu personne rire ? » d'étonnements en étonnements. Halie lui avait bien dit qu'elle n'avait eu que peu de contact avec les humains, mais tout de même… c'était à ce point sérieux ? Au point d'ignorer les émotions ? Une Hespéride ? N'était-ce pas leur rôle de connecter la Nature aux Hommes ? Enfin… ce n'était pas la première fois que des informations qu'elle avait lu se trouvaient imparfaites.

La tritonne se hâta à la suite de sa guide avant d'adopter son rythme, à quelques pas de distance. Si elle avait voulu, depuis le début de la rencontre, une caresse le long d'un bois qui s'élevait du crane de la forestière, elle se raviserait… les animaux semblaient avoir été tout autant troublés par son enthousiasme. Certes la forêt était calme, mais en quoi avait-elle été plus bruyante que l'aube chantée des oiseaux ou même que les brames puissants des cervidés ? Ces lieux étaient interdits à Themiatis ? Mais elle n'allait tout de même pas se forcer à se contenir… le parcours de retour s'annonçait pesant. Au bout d'un moment, elle tenta de renouer le dialogue.

« Je n'ai rien pour emporter le miel avec moi aujourd'hui… peut-être… si je reviens par ici ? » Si Halie acceptait toutefois de la revoir. La situation était par trop irréaliste à ses yeux de civilisés. Et si son fou-rire avait été impromptu… que dire de ce revirement de comportement ? Elle en soupirait. Au moins n'avait-elle plus a s'inquiéter d'être en retard pour le départ. Sûr que les marins seraient ravis de hisser l'ancre plus tôt… c'était le corps expéditionnaire qui avait demandé cet arrêt. Trop de mal-de-mer dans les rangs. Il serait triste d'arriver à Oman épuisé et l'estomac lessivé par le voyage.
Ainsi, elle ne visiterait pas les bois…
Était-ce là son plus grand dépit de la journée ?

« Merci de me remettre sur le chemin. Sans toi, peut-être, me serais-je perdue. » Et une piteuse banalité, vague reconnaissance sans gage d'affection dans la voix. La prêtresse n'avait pas l'habitude d'être repoussée de la sorte. Mais entre ses propres angoisses du début de la rencontre et la versatilité de la guide – si on omettait bien entendu sa nature atypique – pouvait-elle changer quoi que ce soit afin qu'elles ne se quittent pas sur ces entrefaites désastreuses ?

Au détour d'un sentier, elle s’arrêta.
« Halie ? Nous gagnerons toutes deux à éclaircir la situation, tu ne penses pas ? Comment donc pouvait-elle accepter d'être congédiée sur un rire !? Finalement déterminée à ne plus bouger jusqu'à ce que tout soit élucidé, elle dardait son regard inquisiteur vers la silhouette qui marchait devant-elle. Si j'ai fais quoique ce soit qui t'ai dérangé, je m'en excuse... mais un rire est bien naturel. Hum... ça traduit de la joie bien souvent. Et j'étais bien réjouie de... d'avoir dissipé mes doutes ? Peut-être est-ce que j'aurais bien été effrayée par ta voix venue de nulle part après tout, si je ne t'avais pas rencontré avant. Tu sais disparaitre sans bruit et rester cachée aussi longtemps que tu ne veut pas être remarquée. Dans ces conditions... tu peux faire un véritable fantôme. Et hors des villes ce monde peut-être bien dangereux... Si tu savais le nombre de monstre décrit dans les récits d'aventures... »
Bon sang, qu'il était compliqué de communiquer avec des êtres-enfants. Pour ce qu'elle en savait peut-être même que l'Hespéride n'avait que quelques années. L'ignorance de la solitude et de la nouveauté entre-mêlées. Allait-elle pouvoir s'en sortir ?
Dim 8 Jan - 11:36
Jamais entendu de rires ? Hum... Voilà qui méritait réflexion. Parmi les humains qu'elle avait observés, certains en étaient-ils venus à de telles démonstrations ? Il était probable que oui, puisqu'elle savait ce que ce terme signifiait. Mais pour que cela ne l'aie pas marquée outre mesure, ils avaient certainement su rester discrets.

- J'imagine que si... Mais jamais à ce point.

Elle avait envie de poser des questions, mais... Sans vraiment se l'expliquer, elle se disait qu'il serait mieux de s'abstenir. Alors, c'est ce qu'elle fit, alimentant sans le savoir ce silence pesant et le malaise de sa compagne d'excursion. Malaise qu'elle pouvait percevoir, mais sur lequel elle ne voulait pas s'attarder trop longtemps, consciente qu'elle ne saurait pas comment l'apaiser. Si vous ne savez pas corriger un problème, ignorez-le. Etait-ce la meilleure approche ? Probablement pas, mais, quoi qu'il en soit, c'était celle qu'elle adoptait.

Puis vint la problématique la plus importante. Elle n'avait rien pour transporter le miel ? Voilà qui était problématique... En effet, elle ne savait pas si elle souhaitait que cette femme revienne, tout en étant consciente que si elle le voulait, Halie ne pourrait pas l'en empêcher. D'un autre côté... S'il n'y avait pas de visite, elle avait peut-être le temps de... Mais... Serait-ce vraiment une bonne idée ? D'un autre côté, le troc avait été fait, elle avait obtenu quelque chose, à elle de s'arranger pour que la contrepartie, ce qui tenait lieu de paiement, puisse être emportée par cette partenaire commerciale improvisée.

- Peut-être... Je dois avoir quelque chose chez moi. C'est moins adapté que le verre, mais ça devrait faire l'affaire... Est-ce que ça vous intéresse ? Ce serait un récipient de bois. D'accord, il y a plus adapté, mais c'est tout ce que j'ai.

Elle hocha la tête aux paroles suivantes. C'était parfaitement normal pour elle, elle n'allait pas abandonner quelqu'un qui comptait sur elle.

- Je tiens mes promesses. Je pourrais facilement vous abandonner, mais je ne le ferai pas. Vous comptez sur moi, à moi de m'en montrer digne... Même si c'est parce que vous n'avez pas le choix, j'en suis consciente.

Puis l'étrangère décida de s'expliquer, en forçant Halie à s'arrêter, car si elle continuait, elle l'abandonnerait... Et elle venait d'affirmer ne pas vouloir le faire. Néanmoins, avant d'obéir à la nécessité de se stopper à son tour, elle laissa entendre un grognement. La demoiselle appréciait moyennement qu'on la force à quoi que ce soit... Si elle ne vivait pas en ville, en plus du fait de penser qu'elle n'y serait pas acceptée, c'était surtout car elle tenait à sa liberté. Elle ne voulait dépendre de personne, liberté que la forêt lui offrait. En effet, cette dernière ne lui avait rien demandé. C'était Halie elle-même qui s'était assignée la tâche d'en prendre soin, jamais personne ne l'y avait forcé. Et cela lui convenait parfaitement.

- Ah, vraiment ? J'ai pourtant eu l'impression que vous ne me croyiez pas... Alors que je vous avais bien dit que ce n'était pas volontaire. Je ne veux pas de mal à ceux qui ne détruisent rien. Et même vous... Non, je n'arrive pas à vous voir négativment. Je vous en veux, c'est vrai, mais c'est tout. Je ne veux pas vus empêcher de rire (d'ailleurs, est-ce que c'est seulement possible ?), mais... Essayez de faire moins de bruit la prochaine fois ? Si vous êtes encore ici, au moins. Ailleurs, je ne sais pas, les conventions sont sûrement différentes.

Elle prit un moment pour réfléchir à cette histoire de monstres et de danger.

- Vous savez, la Nature sait se défendre. Ce que vous appelez des monstres... Ce sont peut-être juste ses gardiens ? Son moyen de défense le plus efficace ? Les humains peuvent être vus comme une menace, à cause de leurs capacités de destruction. Par exemple, regardez-moi. Je ne suis clairement pas la plus forte, je suis seule, et pourtant, je suis toujours là ? Pourquoi ? Parce que je ne suis pas humaine, peut-être, et plus certainement, parce que je n'ai jamais rien tenté contre cet écosystème. Je suis du genre à planter des arbres quand j'en utilise un déjà mort, vous savez. Peut-être ces "monstres" n'attaqueraient-ils pas si vos aventuriers respectaient leur lieu de vie ? Pour finir, de mon point de vue, ce sont les villes qui sont dangereuses.

Elle pensait avoir terminé, lorsqu'elle se fit une réflexion, pour le moins dérangeante, qu'elle ne put s'mpêcher de partager.

- Dites... Est-ce que ça voudrait dire que je fais partie de ces monstres ?

Qu'était ce sentiment qu'elle ressentait soudain ? Une sorte de... Peur ? D'appréhension ? Pourquoi ? Elle n'en savait rien.
Lun 9 Jan - 6:38
L'ondine écoutait les explications de la recluse. Au moins elle n'avait pas cherché à fuir la conversation et se prêtait même au jeu en longues analyses aux nuances d'introspection et de crainte. Naetish hochait la tête de temps à autre – comme elle avait pu le faire à la proposition du pot de bois qui lui permettra d'emporter le miel, qui, bien qu'elle adorait, ne lui semblait plus aussi important qu'il l'avait été lors de l'échange. Elle hochait, donc, la tête, entre deux sourires timides, s’efforçant de garder le regard impassible alors que ses réserves face à l'Inconnue étaient exposées sous un angle discriminatoire. Tout s'acheva par une question. Une question et une mine déconfite entre les traits soucieux de l'Hespéride.

« Ahah, non, absolument pas ! Comment est-ce que ça serait possible de… *inspiration et soupire* Non… je… pardon. Tu peux, en effet, être un monstre pour certains. Une présence d'Ailleurs, qu'ils ne comprennent pas. Qu'ils fuient. Mais ça ne veut pas dire que… que tu en sois réellement un ! Surtout ne vas pas croire ça. Tu as raison, nombreux monstres ne doivent n'être rien d'autre que l'expression face à ce qu'ils – les aventuriers – ne peuvent appréhender, à des existences contraires à l'Humanité. Je ne demande qu'à apprendre à coexister… Si je vais de par le monde, je finirai bien par acquérir les codes de la nature sauvage. La Malice est les engeances qui s'y trouvaient n'appartenaient pas à la nature, ils étaient là les vrais monstres. Halie n'en avait simplement pas conscient mais ils existaient. Ils DEVAIENT exister. Sinon… sinon tout un pan de son monde s’effondrait. Mais… si, lorsque je tombe sur quelqu'un qui puisse m'aider à comprendre, je suis rejetée… ma quête n'en sera que plus compliquée. Tu ne penses pas ? Dans les mémoires de Akk Malemakis, il est d’ailleurs mentionné qu'il s'agit d'un rôle des Hespérides. Servir d’interprète entre les Hommes et la Nature… Mais j'ai également compris que vous étiez très rare… Peut-être a-t-il basé son observation et ses conclusions que sur bien peu de tes congénères… Voir même qu'il n'en avait même jamais rencontré et que n'était là qu'un compte-rendu sur des bribes de rumeurs qu'il avait réagencées à son aise. … Je n'aurais pas du évoquer ça… Chaque Hespéride doit être différente, comme chaque homme entre eux. Tu es comme tu es. La première forme d'Intégrité est exprimée envers soi-même. Enseignement de Bahlam 1.15. Alors, Halie, malgré mes rires, malgré ce que tu peux avoir mal cernée en moi, si tu pouvais m'apprendre – et aux suivants que tu croiseras après moi – à dissiper la nature monstrueuse de ce qui ne l'est pas… tu aideras énormément, je pense. »

Bien plus que la jeune prêtresse n'arrivait à en estimer l'impact réel, mais c'était pour elle une conviction sincère.
Elle n'avait pas quitté des yeux son vis-à-vis, prisonnière de sa promesse d'escorte. Peut-être était-elle têtue. Peut-être était-elle intrusive. Peut-être forçait-elle une pensée personnelle sur l'Hespéride… Était-ce mal pour autant ? Il y avait là, à son sens, bien plus de raison que bien des prêches qu'elle avait cautionné par sa présence.
Lun 9 Jan - 13:19
Son interlocutrice semblait pour le moins perdue dans ses propres propos. Halie inclina la tête sur le côté, cherchant à comprendre. Finalement, était-elle un mostre, oui ou non ? Elle ne pensait pas que cette question était si difficile, pourtant... Néanmoins, cela semblait être le cas. Ou alors étaient-elles toutes les deux mal tombées, en rencontrant précisément une personne qui ne pourrait pas la comprendre ? C'était très probable. Halie commençait à se rendre compte que, même en ayant observé de nombreux humains, il était possible qu'elle n'ait étudié qu'une toute petite portion du monde extérieur. Par conséquent, une fois exposé au reste, à ce qu'elle n'avait pas l'occasion de voir en restant chez elle, il était plus que logique qu'elle soit perdue. Pour autant, avait-elle envie de partir à l'aventure pour connaître toutes les personnes, et surtout tous les paysages, qu'elle ne connaissait pas ? Sa curiosité était-elle puissante à ce point ? Elle ne le saurait probablement que si elle essayait... Ce qui ne se produirait probablement pas ce jour-là.

Néanmoins, lorsque son interlocutrice mentionna les codes de la nature, Halie ne put se taire plus longtemps :

- Pour ça, je ne peux pas donner de mode d'emploi. Chaque instant, chaque être, est différent. Mais si vous observez, en restant aussi discrète que possible, si vous respectez tous les animaux et végétaux, peut-être qu'ils vous accepteront et que vous pourrez voir leur vraie beauté... Et, là, je pense qu'il suffira simplement d'être vous-même... Et toujours respectueuse, évidemment.

Cela serait-il utile ? Elle n'en avait aucune idée. Mais elle avait simplement voulu le dire, donc elle l'avait dit. C'était aussi simple que cela.

Puis la voilà qui se lançait dans un discours dans lequel elle faillit bien perdre Halie. Elle ne savait pas qui était ce Akk Malemachin, mais ce rôle d'interprète qu'il prêtait à son peuple... Honnêtement, Halie n'en savait rien.

- Peut-être certaines de mes soeurs sont-elles plus sociables. En ce qui me concerne, vous vous en êtes probablement rendue compte, je ne suis pas douée avec la communication... Je préfère agir.

Puis elle la fit réfléchir. Comment dissiper "la nature monstrueuse de ce qui ne l'est pas" ?

- Tout dépend de votre définition de "monstrueux"... Pour moi, rien ni personne ne l'est vraiment...

En effet, il y avait toujours moyen de trouver des raisons derrière tel ou tel comportement. Et quand on comprenait quelqu'un, ou quelque chose... Pouvait-on encore décemment l'appeler "monstre" ?
Mer 11 Jan - 21:49
Alors qu'elles échangeaient, un cerf blanc c'était approché. Distant observateur. Celui que la tritonne avait intrigué de son rire tout à l'heure ? Un ami de la forestière ? Il restait là, entre deux arbres robustes, le buste sortant des fourrées épaisses. Dans tout les cas, Elle ne comprenait pas : en quoi pouvait-elle être irrespectueuse ? Depuis toute jeune, elle était dans la contemplation. Des bancs de poissons, des récifs de coraux, de la valse des méduses. Dans son univers aquatique où les sons résonnent tous comme des chants. Était-ce une particularité de la surface que cette volonté de silence ? Peut-être que l'ermite n'avait rien a lui apprendre qu'elle ne sache déjà, si c'était le cas, elle apprendrait par elle même. Naetish ne s'était pas lassée des bois de l'Hespéride, mais elle profitait de la nouvelle présence pour changer d'horizon. L'esprit flottant, elle laissait venir l'image de la monstruosité qu'on lui avait inculqué.

« Le Monstre est ce qui va a l'encontre des Lois – celles du monde, celles qu'il ne faut perturber. Le Monstre est l'homme qui cherche à dominer la Création, celui qui choisit le chemin de la connaissance pour l’intérêt et la destruction. Le Monstre est la chose qui dort dans la Brume, seulement habitée de terreur et ne pouvait qu'exprimer celle-ci. Le Monstre est celle qui enjoint l'homme dans sa quête de pouvoir, le corrompant lentement car est là sa Nature… Le Monstre n'est pas ce qui échappe à l'entendement mais ce qui jamais ne pourra comprit car il est Insensé. »

Tout cela restait bien flou, elle en convenait, mais était là la Nature de l’Indicible après tout. Un monstre, un véritable monstre n'épargnait pas. Sous aucun prétexte. Il n'avait ni territoire ni besoin, il n'était que chaos.

« J'ai rencontré une aventurière un soir. Alcoolique indiscutablement. Son regard était vitreux, ses mots chapelet inintelligible… Elle ne soufrait pas de la perte de ses compagnons, ni d'aucune blessure. Sa raison s'était simplement évanouie… En l'espace d'un seul mois. D'une seule traversée jusque des Ruines submergés dans la Brume. Cette femme était une de mes paroissiennes. L'une des premières à m'avoir soutenu à sa façon. Fidèle à chaque précepte des Douze. À présent qu'elle entonne des litanies impies, tentant d'invoquer ce qui lui a dérobé une part d'elle même, qui peut prétendre qu'elle n'ait pas rencontré de Monstre ? »

Les yeux d'or étaient revenus sur l'Hespéride. Bien moins rieurs qu'ils l'avaient été jusque là. Que pouvait-elle bien ajouter. Ne valait-il pas mieux tout compte fait laisser la solitaire à son Isthe ? Si fantaisiste et naïf soit-il, il devait être protecteur. Loin de la société, loin de la Brume, elle pourrait vivre en paix. L'aventure ou l'illusion… toujours le même choix.

Profitant d'un blanc dans la discussion le cerf se hasarda d'un pas sur le sentier à peine marqué sur lequel le duo de curieuses s'échinaient à tenter de se comprendre… et à progressivement abandonner semblait-il.
Jeu 12 Jan - 11:50
Si elle résumait, ces monstres étaient donc des êtres inadaptés ? Ou qui ne suivaient pas les "règles"... Mais sachant que ces dernières différaient en fonction des cultures ? Comment savoir s'ils ne respectaient pas simplement les règles de leur propre peuple ? La Brume... Halie ne la connaissait pas tant que cela. Mais il paraissait que c'était quelque chose... De... Maléfique ? Elle n'en savait rien. Et pourquoi avait-elle soudain envie de savoir ce qu'était cette fameuse Brume ?

Mais, visiblement, elle n'avait pas besoin de partir en exploration, l'étrangère lui en offrait une. Une qui restait imaginaire, qui ne se produisait que dans leurs esprits respectifs, mais Halie appréciait néanmoins le voyage. D'un autre côté... Peut-être était-ce ainsi qu'elle pourrait voyager ? En pensée ? Ainsi, elle n'aurait pas à abandonner sa forêt. Mais elle pourrait néanmoins découvrir de nouveaux paysages, de nouveaux lieux, de nouvelles histoires.

- Alors... Elle serait elle aussi devenue un de ces monstres ?

Aucun jugement n'était présent dans sa voix. Simplement, elle cherchait à comprendre. La définition qui lui avait été donnée, mêlée à des termes qu'elle ne connaissait pas, lui semblait pour le moins confuse.

Ce ne fut qu'à ce moment qu'elle remarqua le cerf. Instinctivement, ses mouvements se firent plus imperceptibles, et c'est en chuchotant presque qu'elle ajouta :

- Vous vouliez connaître les codes d'ici ? Les animaux sont de bons professeurs. Si vous parvenez à ne pas l'effrayer, il pourrait vous montrer certaines choses intéressantes. Il n'est pas hostile, je pense qu'il devrait être assez facile à apprivoiser. Essayez, si vous voulez.

Puis elle se recula, laissant la tritonne au premier plan. Si elle décidait de tenter quelque chose, Halie ne voulait pas parasiter ses tentatives. Et si elle décidait de ne rien faire... Eh bien, on ne pourrait pas lui reprocher d'avoir été intrusive.
Sam 14 Jan - 16:59
L’aventurière était devenue un monstre ? Naetish n'avait pas voulu évoquer cette histoire dans ce sens… mais si elle y repensait, l'aliéné était-il Monstre pour elle ? Une fraction de seconde suffit à rompre la perturbation dans l'onde de ses pensées. Son regard s’éclaircit, mais elle ne répondit pas, préférant attendre un développement.

- Hum, interprétation intéressante que tu proposes, pourquoi as-tu cette impression ?

L'aramilane la sentait perdue… la question mériterait d'être creusé, mais plus elles parlaient plus elle constatait que certains de ses mots intriguaient la solitaire… Toute une vie passée dans les bois. Quelles notions culturelles avait-elle pu en garder ? Comment avait-elle même appris à parler ? Sauvage et curieuse. Le cerf blanc n'en était peut-être qu'un autre aspect. Un animal laissé au couvent de la forêt, bercé d'harmonie seule dans un coin préservé de l'Homme. Comme l'était les fonds-marins. Mais pour sa part, elle l'avait quitté tôt pour se baigner dans la foule de la Capitale pieuse.
En attendant la réponse, encouragée par Halie, un pas après l'autre, meumeumant un air des profondeurs dans une tentative d’apaisement, elle approcha doucement du cervidé. Celui-ci s'ébroua et recula. Mais la distance se réduisit en allant. Lorsque la tritonne tendit la main vers son museau, l'enchantement fur brisé. Les naseaux se firent erratiques, inspirant à grandes bouffées l'odeur de poisson saumâtre qu'elle commençait à dégager. Après un léger coup de tête pour la repousser, l'animal partit vif à travers les bois. Contrariée, elle revenait vers la forestière la mine baisse.

- J'aimerai t'y voir à tenter de charmer les raies… ça ne serait sans doute pas plus glorieux…

Elle devait véritablement être condamnée aux seules interactions marines après tout… Ici elle n'était pas la bienvenue, chaque rencontre lui rappelait. Sans violence. Juste par un constat froid et mordant à travers sa peau d'écaille. Peut-être n'avait-elle simplement pas la bonne méthode cela-dit… Elle s’accroupit donc dans l'herbe, prenant un sujet d'étude plus à sa portée : une colonne de fourmis. Le code d'ici qu'elle en déduisit étaient que les tritons devaient se satisfaire de l'observation de la dissection d'une feuille en tessons verdoyants portés inlassablement vers un nid grouillant fondé entre les racines d'un géant impassible… Peut-être pouvait-elle trouver règle moins spécifique.
Sam 14 Jan - 17:22
Ce qui lui inspirait son opinion ? En réalité, cela tenait plus de l'intuition qu'autre chose. Mais, à présent, elle devait verbaliser tout cela...

- Si j'en crois ce que vous dites, elle a complètement changé, non ? Ce n'est pas naturel. Dans la nature, il existe bien sûr des transformations. La plus spectaculaire est celle des chenilles en papillons. Mais elle prend beaucoup de temps. Une telle transformation n'est normalement pas possible en si peu de temps que ce que vous dites. Est-ce... Est-ce qu'elle a aussi changé physiquement, ou seulement mentalement ?

En quoi cette information pourrait-elle lui être utile ? Elle n'en savait rien. Elle savait simplement eu le réflexe de la poser, rien de plus.

Puis elle observa l'étrangère tenter d'apprivoiser le cerf. Cela était bien plus intéressant que ces réflexions bien trop profondes pour elle. Telle une mère ou un professeur, elle l'observa avec bienveillance, identifiant de possibles pistes d'amélioration dans son approche. Lorsque son élève improvisée revint, elle hocha la tête :

- J'imagine, oui. Mais vous aviez de bonnes bases dans votre approche. Et la chanson est une bonne idée... Si vous l'adressez à une créature comme ce cerf, qui n'est pas hostile. Dans le cas contraire, ça pourrait empirer son comportement. Mais quelque chose me dit que vous savez vous adapter à l'être face à vous, du moins un minimum.

Elle ne pouvait pas se permettre d'être catégorique à ce sujet, compte tenu de son éclat un peu lus tôt, qui semblait avoir définitvement brisé leurs tentatives de conciliation. Peut-être étaient-elles trop différentes pour s'entendre ? D'un autre côté, les humains aussi étaient différents d'elle, et elle parvenait à entretenir des relations... Oseraient-elle les qualifier d'amicales ? Avec au moins l'un d'eux. Alors, pourquoi cela ne pourrait-il pas être le cas ici aussi ? Peut-être pourrait-elle lui pardonner ? Après tout, ce n'était pas une découverte que cette femme ne venait pas d'ici. Par conséquent, il était normal qu'elle ait du mal à s'adapter... Mais la conversation n'avait-elle pas dérivé dans une autre direction, à présent ?

Enfin. Elle n'avait pas terminé son compte rendu. Le positif était dit, le moment était venu de passer à la partie la moins agréable à dire comme à entendre :

- Cependant... Vous auriez peut-être pu lui laisser plus de temps pour vous connaître. Le laisser plutôt venir à vous de lui-même, s'il en avait envie, après lui avoir fait comprendre votre volonté d'échanger. Mais, une fois de plus, je ne peux pas vraiment faire de généralité... Chaque individu est unique, et on ne peut pas communiquer sans comprendre le mode de fonctionnement propre de chaque créature.

Et, réalisa-t-elle soudain, cela pouvait ne pas être vrai qu'avec les animaux. Si elle suivait sa propre logique, elle devait donner une deuxième chance à la tritonne. Mais comment ? Et surtout, était-il vraiment nécessaire de revenir au sujet qui fâche ?
Dim 15 Jan - 1:30
To'Naetish aux yeux clos, s’imprégnait de la philosophie du lieu et de son occupante. Il lui sembla percevoir une légère pique à un moment, innocemment glissé, sincère, ce qui ne l’intensifiait que d'autant. Sa prêtrise aurait dû en faire une tritonne émissaire, porteuse de Leurs paroles. Comment pouvait-elle y prétendre si elle n'avait pas l'adaptabilité requise ? D'accroupie la voici qui finit dans l'herbe, à même la terre légèrement humide, l'odeur d'humus, la vie grouillante qu'un passereau venait gober au vol. Piaffant de joie alors que la sauterelle était broyée dans son bec. Cela aurait tout aussi bien pu être une chenille précoce ou un papillon après sa longue quête de sublimation. Terrassée. Elle continuait de laisser le temps couler, néanmoins vigilante aux réponses de la cornue. L'herbe… c'était différent d'aller se frotter aux coraux, de s’emmêler dans les algues, mais la sensation n'était pas déplaisante. Mais qui pouvait prétendre pouvoir communiquer avec toute chose, sans perturber l'accord implicite de la Nature à Nagadir ? L'ondine méditait dans le silence que l'on avait requis d'elle, tendue à l'approche d'une couleuvre entre les touffes végétales, mais à la fois fascinée par la texture des écailles de jade, si loin de la robe des vipères du désert.

Elle finit par tourner la tête de nouveau vers Halie. La voix soufflée, prise dans les quelques plies qui résistaient au filage doux de ses pensées chagrines.

- Les métamorphes spontanées sont en effet une horreur… Elle… a changé surtout mentalement, mais c'est bien suffisant pour que le corps s'en trouve dégradé lui aussi. Corps et esprit sont liés… Tu n'as jamais constaté pareils circonstances dans tes bois ? Nulles bêtes rendues folles par une Malice intangible ? *un court silence puis reprend, presque dans un murmure* Je ne veux pas la considérer comme un monstre. Seul ce qui a causé sa transformation peut-être considéré de la sorte…

L'étrangère à la forêt continuait d'inspirer lentement, laissant le rythme ambiant l'envahir. En aussi peu de temps qu'elle avait connu le lieu, elle ne serait pas surprise de l'apprendre domaine de paix éternelle, imperturbable, Halie en gardienne. Elle ne savait plus quoi lui conseiller. N'avait-elle pas que trop tenté de la pousser à l'aventure, l’encourageant sur des chemins que seul Lugrilen s'en pouvait éclairer ? L'ondine continua de s’effacer. Des conclusions trop rapides lui disait sa raison.

- Étais-je vraiment trop pressée ? qu'elle fit, avec l'espoir vague d'une possible réconciliation avec l’endroit même et sa faune. La main tendue vers la cime, jouant entre ses doigts avec le soleil décroissant. Elle ne savait même pas où elle était lorsqu'elle y pensait… Depuis le début du voyage tout avait été étrange. Elle ne s'en plaignait pas, mais ses routines n'étaient plus. Pour la première fois.