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[Event] Les souterrains

[Event] Les souterrains - Page 2 Brandw10
Mer 15 Fév - 20:51

POST MJ : LES SOUTERRAINS



L'Être se prostre, sur la défensive ; tandis que vous lui annoncez vos noms dont il n'a, au fond, que faire. Planent encore quelques interminables secondes durant lesquelles la chose ne fait rien de plus que vous regarder, tour à tour, avec une insistance particulière sur toi, Jessamy. Gémissant, marmonnant comme s'il ne trouvait pas les mots pour vous répondre, comme s'il ne se souvenait pas de la réponse à cette question pourtant si simple que tu lui as posé, il s'écrase contre le mur, comme pour s'éloigner de vous. C'est ta question, peut-être, Jessamy, qui l'a mis dans cet état... ? Car il doit bien avoir compris que tu lui avais renvoyé la sienne, dans le peu de conscience qui lui reste. Mais dans ce cerveau ravagé par le Temps, son nom ainsi que tout ses souvenirs ne sont plus qu'une épaisse mélasse incohérente et douloureuse.

Il semble pendant un moment si calme que le temps lui-même se suspend dans cette étroite cage. Cela fait si longtemps qu'il n'avait pas été confronté à son ancienne identité. Perplexe, visiblement perdu, le Reclus continue de marmonner, et les plus fines oreilles remarqueront que ce sont les mêmes murmures, le même disque qui tourne en boucle à travers sa voix ignoble. Les mêmes mots, les mêmes réflexions, les mêmes pensées qu'il explore sans cesse dans son esprit en ruines. La même Obsession.

Remarquez comme il ne veut pas vous le montrer... Son autre bras, celui qui ne se termine pas par une faux. Remarquez, maintenant qu'il vous en laisse le temps, l'étonnante lueur bleutée qui se dégage de son bras gauche boursouflé...

Tout occupées que vous étiez à contempler le Reclus, à vous assurer qu'il ne vous sauterait pas dessus, vous avez cependant commis une grave erreur.

Eh bien ! Le sergent Stolos, votre vaillant commandant. Vous en aviez oublié son existence, mais il était lui aussi rentré avec vous. Mais dans ces ténèbres, perchés entre fascination et peur, vous aviez baissé votre garde. Stolos est sorti de votre champ de vision, et si vous êtes capables de détacher vos yeux de l'abominable résident de cette cage, vous pourrez percevoir la silhouette de votre sergent dehors,

Et entendez sa voix s'abattre comme un couperet sur votre gorge,

Désolé et merci.

Tandis qu'il tire la lourde porte, suspendue à ses faibles gongs. Celle-ci, grinçant comme si elle était sur le point de céder pour de bon, arrache de lourds râles à la créature, pour laquelle ce bruit et ces lumières sont un stressant trop-plein de stimulis. Le Reclus commence à vibrer, laissant craquer os et chair, vous l'entendez crier d'une voix stridente, frappant et déchirant frénétiquement de sa faux le métal du sol. Il semble que c'est à toi, que le Reclus s'adresse, Jessamy ; peut-être parce que tu es la première à avoir prise la parole, peut-être parce que tu as touché son restant d'Humanité en lui posant une simple question, ou peut-être parce qu'il te trouve menaçante ? C'est en tout cas sur toi qu'il crie le plus, c'est dans tes tympans qu'il est en train de vider l'air rance stagnant dans ses poumons.

Stolos, avec peine, est en train de refermer derrière vous cette grande porte et de vous enfermer avec cette malheureuse compagnie. Il vous jette sa lanterne, un vicieux cadeau d'Adieu, dont la lumière vient brûler les rétines de la pauvre créature ; aveuglée et paniquée, et ayant, dans sa misère, oubliée qu'elle pouvait échapper à cette lumière en tournant la tête, elle s'agite d'autant plus et continue de te crier dessus, Jessamy.

Tandis qu'il poursuit la fermeture de la porte, Stolos ne peut s'empêcher de vous donner un indice sur la vraie nature de sa mission.

Grand est le Mandebrume.

Le sergent Stolos n'a jamais été de votre côté.

Résumé:
Ven 17 Fév - 18:18
Les murmures du Reclus, pendant quelques instants, occupent tout l’espace de la cage : lancinants, ils expriment une souffrance millénaire et indicible. Rinne écoute. Elle aimerait déceler le sens de ces sons, comprendre et connaître l’étendue des tourments que ses semblables ont infligé à cette créature. Savoir dans quelle mesure elle doit répudier les siens. Outre l’intensité de l’émotion, c’est la nature cyclique des murmures qui transparaît. À cet instant, elle se sent proche du Reclus : elle-même comprend l’épuisement qui découle du fait de ressasser inlassablement des obsessions.

Son élan d’empathie est interrompu par la perception du mouvement de Stolos. Rinne, surprise, se tourne vers l’entrée. Elle qui est restée le plus en retrait est aussi celle qui comprend le plus vite les manigances du sergent. Quelques paroles habituellement cavalières, le bruit d’une porte massive mise difficilement en mouvement, le jet d’une lanterne qu’elle sent s’échouer par dessus son épaule. Le monde se réduit à une glaçante observation : Stolos va les enfermer dans un funeste destin.
Et le Reclus, derrière elle, crache son désespoir avec un acharnement calamiteux – désespoir, peut-être, bientôt partagé par des quasi-prisonnières.

Rinne n’aurait pu autant cultiver sa foi si elle n’avait été dotée de la fatalité du croyant : le sens du sacrifice, et la capacité à accepter humblement les circonstances, aussi accablantes soient-elles. Mourir aux mains d’une création tordue de ceux professant sa foi est une mort qui n’est pas dénuée d’ironie tragique : une mort fatidique, et, peut-être même à sa façon, une grande mort.
C’est Stolos qui interrompt ce chemin de pensée. Stolos qui révèle son allégeance à on-ne-sait-quelle entité impie. Stolos qui, ayant si habilement mené son double-jeu, n’est finalement d’aucun côté hormis le sien. Stolos qui, il y a peu, avait toujours un peu de mépris à lui réserver : la poussait à terre, lui reprochait ses croyances et nourrissait en son sein ces desseins traîtres.
Elle refuse d’être condamnée par lui.

Ces pensées – fugaces, fluctuantes –, se cristallisent en un moment d’action.

Empoignant son totem d'appel, elle fait apparaître une créature dont elle n’a pas le temps d’élucider la nature exacte. Désemparée – c’est la première fois qu’elle emploie ce genre de méthodes –, elle lui indique la porte. Elle espère que l'invocation comprendra et ira retarder leur enfermement, peut-être même attaquer le sergent.

Cela ne suffit pas. Ses paumes brûlent d’envie d’agir elles-mêmes. Et Rinne brûle d’envie d’une attaque cathartique, propre à expier la rage de la trahison, l’envie de revanche, la détresse de voir des certitudes minutieusement construites s’effondrer à nouveau. Elle lâche un avertissement rapide à ses camarades.

–– Fermez les yeux.

La conscience de la présence de Krista non loin d’elle interrompt son élan – ou plutôt la conscience de la souffrance de l’Opaline, gémissant de douleur. Prenant en considération la perte de son masque et le jet de lanterne, sa condition de mutante, Rinne devine sa sensibilité accrue à la lumière. Elle n’a pas d’appréciation particulière pour la scientifique – méprisante, antireligieuse et même certainement dangereuse du fait de son absence criante d’éthique –, mais elle n’irait pas la faire souffrir délibérément.
D’un geste vif, Rinne retire son bandeau – pas indispensable : un bandeau d’apparat, pour signaler son état, intriguer ou du moins épargner aux autres la vue de son regard un peu troublant, grisé, fixant le lointain – et le lui tend.

–– Prends-le et protège-toi avec. Tu vas en avoir plus besoin que moi.

Sa propre rétine ne pourra pas être plus brûlée qu’elle ne l’est déjà.
Faisant à nouveau face à la porte, elle puise en elle et tâche de se rappeler la première utilisation de son pouvoir. Pas un usage léger auquel elle s’est habituée, non, elle l’attrape à pleines poignées, sous les acclamations de sa Voix, trop heureux de prêter sa force à quelque chose de véritablement ambitieux. Les Esprits peuvent être impitoyables, c’est bien connu, et celui-là frétille d’envie à l’idée d’une action sainte et violente.
Lorsque ses paumes sont pleines de lumière au point d’effacer toute pensée, au point où leur intensité défie sa raison, Rinne oriente son pouvoir vers Stolos. Et le relâche.


Résumé:
Dim 19 Fév - 20:40

LA POURSUITE DU SECRET ORIGINEL

LES SOUTERRAINS



L'être semble… Perdu, est ce la solitude qui l'a rendu ainsi ? Perdu, est ce la solitude qui l'a rendu ainsi ? Un mystère de plus pour Krista, un mystère qui n’aura sûrement jamais de réponse, car la seule personne qui aurait pu fournir une réponse n’a manifestement plus toute sa tête.

Se désintéressant des murmures incompréhensible que le mutant est en train de ressasser Krista s'intéresse plus à sa chair, elle observe, dissèque visuellement la créature qui leur fait face et elle remarque très vite qu’il tente de cacher son autre bras, mais il finit tout de même par le leur dévoiler.
Cette lueur… Krista laisse échapper un mot à la vue du bras luisant du mutant.

-Myste…

Ce mutant n’est pas un “maudit” mais un “créé”, il ne doit pas ses mutations à une intervention cruelle de la brume, mais aux Hommes. C’est un “sang de brume” comme le disait le panneau. Mais à qui doit-il son état ? Les moines ? Opale ? Une autre organisation ? Encore un mystère et toujours pas la moindre petite parcelle de réponse à l'horizon…

Puis la voix du sergent sort la scientifique de sa contemplation. Elle se tourne vers la porte et le regarde.
Tiré la porte sans réagir, prise de court, elle n’arrive pas immédiatement à comprendre ce qu’il est en train de faire, mais très vite elle réalise ce qui se passe quand l’homme jette sa lanterne vers eux, l'éblouissant au passage.

La colère de Krista commence à gonfler, la mutante a beaucoup de colère, envers sa famille, envers ses collègues, envers la religion, et même envers elle-même… Et cette trahison vient s’ajouter à la liste. Et c’est la fois de trop. Krista se sent submergée par la rage. Dans un dernier éclair de lucidité, la scientifique arrache le bandeau que lui tend la pieuse Rinne et le met sur ses yeux.
Aveuglée par sa haine et son envie de tuer, elle n’a même pas remarqué l'énervement du Recul ou même l’apparition soudaine de l’invocation de la prêtresse.
Quand la lumière irradie la zone, Krista a déjà le bandeau noué sur les yeux. Mais la puissance est telle qu’elle à l’impression de brûler, la peau de son visage, seule partie exposée la brûle.

Quand le flash s'éteint, Krista n'attend pas une seconde, elle baisse le bandeau de ses yeux et dégaine son arme avant de s'élancer vers la porte maintenant maintenue par la bête de Rinne. Profitant de l'espace, elle se glisse de l’autre côté et braque son arme sur le traître.
Son visage, déformé par la rage, laisse apparaître une myriade de veine violacée légèrement luisantes et ses yeux rouges semble bien plus lumineux, Krista ne ressemble plus à une humaine.


- CRÈVE SALE RACLURE !

À peine a t’elle rugit sur Stolos que le premier tir fuse, suivit de 5 autres, jusqu'à ce que le barillet de son arme soit vide et même la elle continue d’appuyer sur la detante, déversant des décennies de rage refoulé sur Stolos.


Résumé:
Mer 22 Fév - 1:09
Il se prostre au fond de sa cage, comme blessé ou acculé. Sa carcasse tordue se colle à la pierre ; il semble vouloir s’y fondre comme le clerc aux yeux absents. Jessamy ne dit mot ; elle n’esquisse aucun geste. Se demande si elle ne l’a pas davantage effrayé. Sa voix râpeuse psalmodie les mêmes syllabes, mais elle ne parvient pas à en saisir la profondeur. Depuis combien de temps croupit-il dans cette cellule ? Depuis combien de temps n’a-t-il pas vu âme qui vive ? Comment se fait-il qu’elle soit ouverte ?

Son regard se fige sur le bleu céruléen qui luit le long de son bras boursouflé. Celui qu’il cache aux intruses avec peine. Jessamy connaît cette couleur. Cette couleur synonyme de torture, d’enfermement, de douleurs si vives qu’elles l’ont assommée des jours durant. La savante prononce son nom pour elle. Myste. Sa gorge s’assèche. Au fond, elle s’en doutait déjà un peu. Il est sans doute plus proche d’elle qu’elle ne l’aurait deviné. Elle se souvient s’être réfugiée dans un coin de sa cage, elle aussi, dans le maigre espoir qu’on ne l’attrape plus. Pour que son fatum aux mains gantées se referme sur son écorce, sans détour.

Elle a toujours fini enfermée.
Cela a juste pris un peu plus de temps, cette fois.

Elle aurait voulu sauter à la gorge du traître, le plumage gonflé par la colère, griffes et crocs prêts à lui déchirer les chairs. À la place, Jessamy ne bouge pas. La rage (ou la terreur, elle n’arrive pas à discerner) de la créature déferle sur elles en vagues nauséabondes et grinçantes. Un cri affreux, pire que celui d’une Banshee à ses tympans blessés. C’est comme si le hurlement du Reclus empalait son corps gracile de part et d’autre, la projetant au sol sans sommation. Jessamy se recroqueville en se couvrant les oreilles, sa rétine souffrant au contact de la lueur éclair. Sa respiration s’accélère au brâme déchirant, et à travers son regard larmoyant elle ne voit que des ombres ramper sur les murs, découpées par les fêlures. Elle croit même voir une forme animale apparaître sur la pierre.

Rinne ordonne de fermer les yeux. Sa voix a changé. Taiseuse, la croyante se fait meneuse. Jessamy ne se fait pas prier. À travers ses paupières closes, elle perçoit un éclair rouge, une déflagration plus terrible encore que la lumière artificielle de leur geôlier. Ses pensées se tournent vers celui qui hurle de plus belle, aveuglé par la douleur. Le crépitement étouffé, la mutante cligne des yeux. Sous son sac, sa poitrine est à l’étroit ; son attirail et sa peur la maintiennent au sol. Elle se force à inhaler des goulées d’air poussiéreux, faute de mieux, pour les exhaler avec autant de force. Son regard dévale les rainures saillantes de son semblable sur sa peau grisâtre, carne mêlée de métal remuée par des muscles secs. Sa tête dirigée vers celle qui a déversé sa haine et toutes ses balles contre – ironiquement – le plus humain d’entre elles. Jessamy s’arrête sur la main faucheuse qui ne cesse de marteler le sol. Un détail la frappe.

Tant d’occasions s’offrent à lui de faucher leurs vies. Il pourrait souffler leurs existences d’un revers de lame. Il pourrait l’étreindre jusqu’à réduire ses os en petits morceaux. Ses anciens adelphes, ennemis, codétenus, l’auraient fait sans hésiter. Elle l’aurait fait sans hésiter, comme tant d’autres fois. Mais pas lui. Lui se contente de faire trembler le sol, de hurler sa peine. Elle s’accroche à ce que son instinct devine.
Tuer n’est pas son but.

Son bras s’avance sur le sol, et elle se traîne jusqu’à la lampe à l’œil aveuglant. Elle s’accroche à la pierre comme à sa seule conviction : il lui faut calmer la bête, avant qu’elle ne change d’avis sur leur compte. Ses mains parviennent enfin à agripper la lampe, arachnides, et les plongent dans la semi-obscurité.

Ses prunelles rougeoyantes cherchent et croisent le regard fauve du prisonnier, obnubilé par la provenance des coups de feu. Jessamy le fixe avec intensité, espérant faire passer son message.
Tu vois ? Je suis de ton côté.


Résumé:
Ven 24 Fév - 12:39

POST MJ : LES SOUTERRAINS



Vous l'entendez d'abord s'effondrer derrière la porte, hurlant de douleur. Il l'a vu venir, ce flash, mais il s'est retiré trop tard, et peste de ne pas avoir été capable d'anticiper ça entièrement. Ton flash est rentré dans ses yeux, Rinne, durant une fraction de seconde ; cela a suffit à lui cuire la rétine, a le rendre malade de haine, à lui faire s'arracher son masque, dans l'espoir vain de recouvrer un peu de vision.

Un visage dur, balafré, sculpté par les traumatismes. De multiples prothèses sont venues réparer ses yeux, sa mâchoire, l'arrière de son crâne. Son corps a autrefois été malmené par nos sœurs de Brume, puis reconstruit par son peuple, formant cet odieux mélange de chair et de fer... mais ce n'est pas tout.

Car le sergent a déjà vu tes balles, Krista. Il a déjà perçu tes balles, avant que tu ne les tires ! Lorsque tu vides ton chargeur, c'est inutile, car le sergent s'est déjà décalé, instinctivement. Nous sentons se déployer, en lui, un morceau de nous, qu'il nous avait caché. Ce morceau de nous qui semble lui murmurer des secrets concernant le futur...

- Connasses ! Vous croyez que j'ai besoin d'yeux ? Le Mandebrume me guide ! hurle-t-il en s'éloignant de la porte, titubant. Il vous a sous-estimé, et il constate qu'un disgracieux tortaupe est en train de se frayer un chemin vers lui, écartant la porte et le mettant en danger. D'où vient-il ? Encore un paramètre venant te prendre de court, sergent Stolos. Il éructe, de sa gorge giclent de répugnants jurons à votre encontre ; particulièrement envers toi, Rinne : il a bien compris que c'est toi qui vient de le priver de sa vision du Présent, et aurait apprécié pouvoir voir encore plus loin dans le Futur pour te jeter aux miroitants quand il en avait eu l'occasion.

Oui, mesdames, il vous a sous-estimé. Regardez comme je souffre, Maître ! Donnez moi la force de vous protéger !, hurle-t-il, ses rétines encore brûlantes. Il pense à la mission qui lui reste à accomplir.

Puis il s'en va, craignant que la situation ne lui échappe encore davantage. Il a confiance en le Reclus pour terminer le travail qu'il a bâclé. Sa vraie mission l'attend, Stolos se jette dans les couloirs sombres, ses capteurs oculaires inondés de lumière blanche. Vous l'entendez activer le crépitement de son horrible arme électrique...

Cet homme, si vous avez eu le temps d'apercevoir ses yeux jaunes luire dans les ténèbres, comme deux fenêtres derrière lesquelles brûlent un brasier de souffre, vous en déduirez qu'il est habité de Brume, ET fourbu de prothèses. Oui, nous sentons notre Brume se débattre derrière ces deux yeux vitreux froids, inexpressifs. Brume et électronique, quel mélange maudit...

Tandis que le traître s'échappe, la lampe se tait et les ténèbres réinvestissent la cellule. Tu as rendu ses yeux au Reclus, Jessamy, et tu lui as rendu le pouvoir de se révolter contre cet enfer qu'il est en train de vivre. Il te rend ton regard, l'espace d'une fraction de seconde : mais il n'y a rien qui transparaît à travers ces multiples yeux insectoïdes, sinon quelque chose de furieux et d'animal. Il voudrait que vous cessiez tous d'exister, vous qui avez perturbé son interminable retraite, vous qui l'avez perturbé dans son éternelle idolâtrie. Ces cris, ces tirs, cette lumière, tout a érodé la fragile sérénité dans laquelle il baignait lorsqu'il restait seul, voûté dans son petit univers, à caresser sans lassitude son mystérieux bras gauche, à lui murmurer à quel point il tient à lui.

Le Reclus ne semble voir comme solution que la fuite et c'est la fuite qu'il choisit ! Krista, tu es sur sa route, et ce chargeur que tu as maladroitement vidé résonne encore sous le crâne de la pauvre chose. Avant que tu n'aies le temps de te retourner, voilà que tes jambes ont douloureusement quitté le sol. D'un revers de faux, il t'a envoyé voler à la rencontre d'un mur, des os cassés devraient complexifier encore ta vengeance... Vous devez bien comprendre, mes pauvres amis, que tout ce stress que vous lui avez engendré est bien plus douloureux pour lui que des os en miettes ne peuvent l'être pour Krista !

Le Reclus se précipite sur la grande porte, piétinant ton tortaupe, Rinne, cet infortuné tortaupe et ses trente secondes d'existence est réduit en une bouillie agitée de soubresaut. De grands coups de faux résonnent sur la porte, jusqu'à ce qu'elle cède, ses gongs broyés, elle cède et s'effondre dans un vacarme assourdissant. Puis la créature vous quitte, sans un regard, elle s'en va galoper dans les couloirs.

C'est ainsi qu'à cet instant, deux monstres viennent d'être libérés dans la prison. Deux monstres bien différents, deux monstres qui étaient autrefois des Hommes.

Résumé:
Dim 26 Fév - 17:12
Cela la surprend, cette satisfaction féroce lorsqu’elle sait que son attaque a fait mouche. Il y a une sorte d’exaltation dans le fait d’avoir infligé ce châtiment, et son Esprit célèbre en elle, il exulte. C’est donc ça, la justice pieuse. Même les insultes de Stolos sonnent comme du miel à ses oreilles. Elles signifient que Rinne, du moins à cet instant, s’est montrée dangereuse : n’a plus été cette petite chose chétive que l’on peut balayer du revers de la main.
Finalement Stolos lui ressemble : lui aussi a un pouvoir, a été changé par la Brume, est guidé par un maître spirituel. Et grâce à elle, lui aussi est aveugle. Elle a l’impression d’être face à un étrange miroir et irait presque jusqu’à regretter la fuite du sergent, alors qu’il aurait tant de réponses à livrer.

Pourtant Stolos a lâchement quitté les lieux, et le reste (fuite du Reclus, décès de la créature qu’elle a invoquée) n’est qu’arrière-pensée.
Pendant quelques instants, il n’y a que le silence des trois femmes dans leur petite cage.

Rinne se sent vidée de tout : vidée du pouvoir qu’elle a dépensé en si grande quantité, vidée des émotions dont elle s’est déchargée, vidée de toute énergie, et même de sa capacité à s’interroger sur les évènements. Elle a l’impression d’émerger d’un rêve, tâche de se trouver quelque chose à faire, quelque chose de réel auquel se raccrocher.

S’approchant du corps inconscient de Krista d’un pas chancelant, elle vérifie son pouls d’une main tremblante.

–– Elle est mal en point. Je ne sais pas si elle pourra marcher seule.
Et toi, Jessamy ? Moi… je crois que je suis un peu fatiguée.



Résumé:
Lun 27 Fév - 13:50
Le regard multiple du Reclus attrape le sien au vol. Cette expression, Jessamy la connaît. Elle devine la triste vacuité qui s’est depuis longtemps nichée dans ses prunelles. La solitude. Le néant. Et cette rage animale, ancienne, qui fige même la mutante.
Et puis, il s’enfuit.
Elle se protège le crâne de ses mains griffues, tandis que le corps puissant de la bête s’échappe de sa geôle. Elle entend les borborygmes spongieux de la chair écrasée, le craquement des os qui résonne jusqu’à ses tympans, lui arrachant par réflexe une grimace de douleur. Agenouillée sur le sol, elle relève la tête et fixe l’ouverture laissée béante par l’impulsion, la poussière soulevée se mêlant aux filaments de Brume irisés.

Elle perçoit le pas nerveux de Stolos et la marche furieuse du Reclus s’éloigner. Le calme revient. Un semblant de sérénité, avec pour seule perturbation la respiration des soldates désœuvrées. Sa bouche exhale une expiration venue des profondeurs de sa cage thoracique. Ses paupières se ferment un instant, appréciant le retour du silence.

Jessamy essuie d’une manche la fine pellicule de sueur qui recouvre son visage. Elle rouvre les yeux, apercevant Rinne au chevet de l’Opalienne. Une telle abnégation se fait rare. Si la vestale éprouve du ressentiment pour leur comparse, si encline à étriller ses croyances, elle le dissimule très bien. Elle ne sera sans doute jamais capable d’une telle compassion.

La mutante attrape sa canne sur le sol et se relève en grognant. La douleur lui cisaille les vertèbres, lui faisant payer chaque mouvement. Elle s’approche de la blessée ; son regard trébuche sur le faciès aussi rouge que de la chair à vif, sur l’hémoglobine violacée qui s’écoule dans les sillons pierreux. Jessamy pince les lèvres. Hoche la tête aux dires de la soigneuse. Son regard vermeil fixe un instant le sol.

« Ouais... On pourrait peut-être lui trouver une attelle dans les cellules d’à côté. Ou un brancard. », fait-elle d’une voix éteinte.

Rinne s’enquiert aussi de son état et cela la ferait presque frémir. Six ans, et elle doit encore s’habituer à la possibilité qu’une personne lui demande, avec sincérité, comment elle va. Au milieu de leur agonie poussiéreuse, ces mots lui apportent un peu de chaleur. Sa question résonne différemment de celle de Stolos, tout à l’heure. Sa mâchoire pointe à travers sa joue ; elle regrette de ne pas avoir su déceler sa traîtrise. À bien y réfléchir, elle les a menacées tout au long de leur chemin. Jessamy aurait dû s’en douter dès lors que le belliciste a levé la main sur la prêtresse. Une rancœur vorace gangrène la méfiance qu’elle a éprouvé jusqu’alors.

Elle ouvre la bouche, sans réussir à mettre de mots sur ses émotions. Un maelström bilieux lui emplit la tête. Fatigue. Colère. Tristesse. C’est trop. Trop de cris. Trop d’obscurité. Trop de murs. Un nœud lui enserre la gorge, et elle lance à Rinne une œillade humide. Les nuages qui encombrent ses rétines lui apportent un curieux réconfort. Elle s’essuie les yeux du dos de la main en reniflant. Grince faiblement :

« Je sais pas... J’me sens pas bien. Il fait sombre et... et il a failli nous enfermer... Et j’ai mal... »

Elle détache les bretelles de son sac à dos pour se recroqueviller, la tête enfouie dans les genoux. Des sanglots secs secouent sa frêle ossature, tandis que ses élytres frémissent doucement. Sa voix se fait à nouveau entendre, étouffée par le tissu de ses vêtements :

« Pardon... Je crois que je suis aussi fatiguée. »


Résumé:
Dim 5 Mar - 15:17

LA POURSUITE DU SECRET ORIGINEL

LES SOUTERRAINS


Ténèbres, douleur, haine.

Krista ouvre difficilement les yeux, son corps la lance violemment et elle sent un liquide chaud couler de sa bouche et son nez. Elle a mal, mais ce n’est pas pire que la fois où son corps fut réduit en lambeau sanguinolent ou quand la panacée la guéris. La douleur qu’elle ressent est horrible et elle donnerait cher pour ne plus la ressentir, mais elle n’est pas insoutenable.
La vue de la scientifique finit par s'éclaircir et elle voit la religieuse à son chevet, cette scène est vraiment ironique. Celle avec qui elle a été la plus désagréable est la première à essayer de lui venir en aide. Krista ne peut se retenir de rire. Ce qui s'avère être une très mauvaise et douloureuse idée.

- Urgh ! Il avait de la force ce bonhomme… Tenez sœur Rinne. J’avais oublié de vous le rendre.

Oui, Krista a utilisé le titre de “sœur” pour s'adresser à Rinne, une manière pour signifier son respect à la jeune femme. La mutante tente de dénouer le bandeau qui pend à son cou, mais la douleur qui irradie de ses côtes brisées par l’impact rend cette manœuvre compliquée. Elle finit néanmoins par le retirer et le tendre à la religieuse.

Puis difficilement et en poussant des gémissements de douleur la Reddington tente de se relever seule, mais bien vite elle abandonne l’idée, cela lui fait trop mal, elle ne peut pas se redresser seule et elle va devoir faire quelque chose pour ses côtes cassées.

- Sœur Rinne, ou mademoiselle Jessamy, pourriez-vous récupérer mon sac ? J’ai des bandages à l'intérieur. Oh et si vous pouviez m’aider à retirer ma combinaison. Il faut que je bande tout ça.

Elle parle sur un ton léger, mais on peut aisément remarquer à sa voix qu’elle serre les dents, par fierté, elle minimise la douleur qu’elle ressent.


Résumé: