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[Event] Le fleuve

[Event] Le fleuve Brandw10
Ven 6 Jan - 20:44

POST MJ : LE FLEUVE



De tous ceux qui étaient venus nous importuner, un petit groupe s’était séparé bien avant d’arriver dans la cité glacée. Nous avions la chance d’être partout, d’avoir des yeux dans chaque parcelle de cette terre maudite, contemplant la vaste plaine dont l’herbe verte se mêlait à la boue dans l’humidité glaciale qu’apportait le Dain dont le cours tranquille laissait entendre ça et là les sons de la faune que ces visiteurs dérangeaient. Certaines de ces créatures étaient nos gardiens féroces, venus avec nous quand Dainsbourg fut engloutie dans le Gris, d’autres encore étaient de simples bêtes que nous acceptions de laisser tranquilles car elles permettaient la vie sur notre domaine.

Mais la bête qui nous inquiétait portait le nom d’humain, il fallait que nous restions vigilants à son égard, même si au sein de cette meute se trouvaient des créatures que nous nommions presque « amis ».

Parmi ceux qui glissaient sur l’eau, dans trois étranges pirogues creusées dans des troncs de bois couleur charbon, mais qui n’avait pourtant pas brûlé ; un de nos Autres nous soufflait que ces arbres venaient du désert, bien au-delà de la civilisation humaine, et qu’ils dévoraient nos bêtes avec des bouches immenses. Un des rameurs était ce que l’on pouvait considérer comme un camarade de longue date. Amir avait passé des années à essayer de nous comprendre, n’avait jamais tenté de nous faire du mal et une partie de nous vivait en lui, dans une relation presque fusionnelle. Son regard vif perçait à travers notre voile, et de ce fait, il guidait l’autre pirogue, quant à elle propulsée par un être méprisable qui faisait partie de ceux qui nous arrachaient le Pouvoir sans notre accord.

C’était le Naufragé, que nos yeux parvenaient à discerner sous son habit de chair. Il se voulait monolithe de confiance, mais n’était qu’un enfant déguisé. Peut-être allions-nous tenter de révéler son vrai visage ? Amir semblait lui faire confiance pour maintenir l’embarcation à flot, ceci dit.

Dans cette même embarcation se trouvait Percéphale, à la peau grise et aux doigts palmés. Les Tritons nous fascinaient, qu’avait-elle vu dans les profondeurs ? nous y avions rarement accès.

Enfin, Halie complétait le trio de leur embarcation. Les douces Hespérides nous apaisaient par leur présence, mais était-elle prête à voir la cruauté du monde de l’autre côté de notre voile ?

Amir avait voulu que Tiphaine monte dans son embarcation, comme ils étaient la première ligne, il espérait que ses compétences de tireuse puissent leur servir à confronter les ennemis qui se dissimulaient dans le Gris, et sa relation avec la créature qu’elle prenait pour son capitaine leur donnait l’occasion de mieux coordonner les pirogues.

Eole était la troisième de l’embarcation frontale, éveillant en nous une curiosité plus grande que pour Percéphale. Pourquoi les avait-elle rejoints ? les richesses de Dainsbourg l’avaient-elles attirée, ou bien était-ce la soif d’aventure qui l’avait poussé à briser sa routine ?

Pour finir, Amir avait demandé à Jeleb de patrouiller le long des rives, faisant confiance à sa nature d’être aérien pour vite revenir à bord. Amir nous connaissait bien, il savait que nous ne ferions pas de mal à notre propre chair, même si elle revêtait une forme aussi grossière.


Un poisson sauta hors de l’eau non loin de vous, une délicieuse libellule s’était un peu trop approchée de la surface de l’eau. Le clapotis soudain vous tira de la torpeur qu’avait créé la routine qui s’installait. Le monde vous sembla d’un coup beaucoup plus intense, les sons plus nets, le froid plus insidieux qu’auparavant. Étiez-vous seulement éveillés jusque-là ?

« Nous arriverons à Dainsbourg dans une bonne demi-heure à ce rythme. D’après les plans de la cité que nous possédons, nous devrions trouver un accès à un canal souterrain qui nous permettra de rallier les catacombes. »

Amir demeurait imperturbable, ses yeux étaient toujours fixés sur l’horizon à part dans les rares occasions où il semblait remarquer un bruit suspect, mais il pagayait inlassablement. À vrai dire, nous le laissions relativement tranquille, mais vous autres n’aviez pas encore suffisamment fait vos preuves à nos yeux.


Peut-être que perdre votre matériel serait un bon début, après tout, tout était entreposé au même endroit, sur la troisième pirogue vide. Oui, cela semblait un bon plan considérant qu’il se trouvait sur ce bateau quelque-chose de plus menaçant que les humains. Car la bête qui nous terrifiait véritablement était sans aucun doute M̶i̸r̵e̵i̷l̶l̷e̸, cette abomination qui ne méritait pas de fouler notre territoire.

Notre pouvoir se mit à l’œuvre, le sifflement des batraciens sur les rives s’intensifiant un peu plus chaque seconde alors que crapauds et grenouilles se rassemblaient dans l’herbe et s’harmonisant en un chœur enivrant qui perça les barrières de votre esprit. Le Naufragé s’effondra le premier, nos Autres étaient bien plus agressifs à son égard, puis vint le tour de Percéphale, Éole et Tiphaine avant que finalement, Jeleb, Halie et Amir ne cèdent, constatant dans leurs derniers instants de conscience que la corde qui reliait la pirogue transportant M̶i̸r̵e̵i̷l̶l̷e̸ et le matériel aux deux autres embarcations était en train de se désagréger. Ils n’entendirent que le claquement de la corde avant de sombrer.

Peinant à ouvrir les yeux, le goût de la terre et la sensation de l’eau froide sur votre peau finirent de vous sortir totalement du royaume des rêves. Vos pirogues étaient renversées sur une rive boueuse tandis que vous gisiez mollement au sol. Un saule pleureur solitaire vous recouvrait de ses longues branches pendantes, et au loin, les meuglements de ce que vous supposiez être M̶i̸r̵e̵i̷l̶l̷e̸ retentissaient sans que vous ne puissiez apercevoir quoi que ce soit.

Nous n’allions pas vous laisser continuer aussi facilement.


Dernière édition par Aaron Leonhardt le Sam 7 Jan - 14:31, édité 1 fois
Ven 6 Jan - 22:13
Que faisait-elle là, déjà ? Plus le temps passait, et plus elle se demandait si elle ne ferait pas mieux de faire demi-tour. Qu'est-ce qui lui avait pris de vouloir suivre les élucubrations des humains ? Elle et sa fichue curiosité...  D'un autre côté, il était maintenant trop tard pour reculer. Elle se trouvait déjà dans... Qu'était-ce, d'ailleurs ? C'était du bois... Mais c'était la seule chose dont elle était certaine. Etait-ce donc l'une des raisons pour lesquelles les humains détruisaient les forêts ? Est-ce que cela en valait vraiment la peine ? Pourquoi vouloir traverser un cours d'eau lorsqu'on n'était pas adapté à cet environnement ? Quelle idée étrange...

Après avoir passé plusieurs longues minutes à s'interroger sur la nature, le but et l'utilité du bateau, elle s'intéressa à ceux qui se trouvaient dans la même embarcation qu'elle. Si elle la connaissait, l'expression "on est tous dans le même bateau" aurait pris tout son sens... Elle se sentait piégée. Tout en se disant que c'est elle qui avait voulu tout cela. Il fallait briser ce silence gênant. Mais comment ? Elle n'était pas la plus douée en matières de relations sociales... Alors, elle décida de ne rien dire, et d'attendre que l'un de ses compagnons prenne la parole... Si tel finissait par être le cas. Avec un soupir, elle finit par se résigner, et observa la surface de l'eau. Combien de mystères se cachaient là-dessous ?

C'est alors qu'elle tendait la main vers une algue, hypnotisée par cette végétation si différente de celle qu'elle connaissait, que le poisson surgit. Surprise, elle fit un bond en arrière, atterrissant au fond de la barque, qui ne sembla pas apprécier ce mouvement trop brusque, à en juger par son instabilité soudaine. Et tout cela était sa faute.

- Désolée...

Finalement, l'embarcation finit par se stabiliser, juste à temps pour permettre à ses occupants d'écouter les informations données par leur dirigeant. Mais, à peine eut-elle le temps de les digérer que tous ses compagnons d'infortune s'effondrèrent l'un après l'autre... Et elle eut à peine le temps de se demander ce qui leur arrivait avant de les suivre à son tour. Quel endroit étrange...


Le froid. Ce fut la première chose qu'elle ressentit. Elle avait certainement fait un plongeon... À cette idée, elle frissonna, et, cette fois, le froid n'avait rien à voir là-dedans. Etait-ce cela, la mort ? Quelle plaie... Mourir alors qu'elle faisait les plus grandes découvertes de sa vie... Et cet arbre, juste là... Oui, il était impossible qu'il soit réel. Alors, pourquoi s'approchait-elle, jusqu'à toucher l'une de ses branches... Ce qu'on touchait avait-il vraiment l'air aussi réel, une fois qu'on avait cessé de vivre ? Décidemment, elle allait de découverte en découverte, en ce jour...
Ven 6 Jan - 22:36

~ Le Naufragé ~

[Event] Le fleuve HloVyn8

Quelle sensation familière…

J’ai passé le plus clair de mon existence dans cet état de grisaille.
L’esprit s’use, vous savez ? En l’absence de stimulations, pour ne pas croupir, il trouve le moyen de se protéger.
Cet état, je le nomme “gris-rêve”.

En son sein, les perceptions sont ouatées.
Le passage du temps se fait moins abrasif.
Je me sens l’âme légère, comme en train de flotter.

Terriblement vulnérable.

Ici, je ne suis plus que la proie d’une force gigantesque.
Je peux la sentir dans l’air, son aversion, son haleine avide… et c’est une hostilité qui me ravit.
Cette intuition m’a toujours été délicieuse : celle d’être épié ; celle d’être percé à jour ; celle d’être vu pour ce que je suis.

Vous n’avez pas idée de la façon dont deux-cent années d’isolement ont pu distordre ma psyché ; je peine à contenir mes frissons. Mon souffle s’accélère. Mon Capitaine s’étrangle dans un raclement de gorge abrupt.

Quelque chose approche. Je le sens.
Et à cet instant…
…nous émergeons du gris-rêve.


***

~ Le Capitaine Joshua Lawrence ~

[Event] Le fleuve VW2Phqm

Je recrache l’eau limoneuse du fleuve en m’étouffant.
Ma chair me pèse lourdement tandis que je rampe sur la rive. Ma barbe est maculée de boue et mes escarcelles de poudre à canon sont foutues.
Me retournant sur le dos pour laisser respirer la vieille carcasse du Capitaine, qui menace de s’étrangler, je vérifie du bout des doigts que je n’ai pas égaré mes possessions les plus importantes.
Mon cristal d’audiokinésie, c’est bon.
Mon brave pistolet à silex est là, lui aussi, même s’il ne risque plus de faire feu. Ce n’est pas important ; mes pensées sont les seules cartouches dont il a besoin. Je fixe le Nascent à mon ceinturon, et sans faire de gestes brusques, je commence à me redresser (vous moquez pas, à 61 ans, c’est toute une aventure…).

Toph, éructé-je, veillez à ce que nos gars n’prennent pas trop la flotte et faites l’inventaire du matériel.
J’espère que nous avons encore suffisamment de vivres pour finir le voyage, mais déjà…
…je vois ce qui manque.

Perte dramatique : mon radiocassette est ruiné. Nous n’écouterons pas davantage les tubes lyriques de “Nimrod” au gré de notre glorieuse épopée ; je crois qu’Amir esquisse un sourire soulagé, quinze fois qu’il m’a demandé de baisser la musique pendant notre traversée.  
Mireille a également profité du naufrage pour s’offrir une petite balade.
Sale con de ruminant…

(Oui, c’est probablement ce que le Capitaine en aurait pensé.
Et ensuite, il aurait entrepris l’action la plus stupide que je puisse envisager.
A savoir…)

Bon, moi, j’vais chercher ma vache.
Parfait.
Voilà, séparons-nous du groupe principal.
C’est la bonne méthode pour rester en vie ; des fois, je me fatigue moi-même ; j’en ai vu mourir des pléthores de ces couillons d’explorateurs, alors pourquoi je m’amuse à reproduire leurs comportements fumeux ?

Le sourire de canaille du Capitaine Lawrence me tire sur la lippe.
Heh, je sais bien pourquoi. C’est parce que ma vieille cervelle de marin est complètement imbibée.

(…mais c’est parce qu’il est ainsi… qu’il me fascine.)
Je fais quelques pas pour m’éloigner de la berge, en direction du meuglement que je perçois dans le lointain, et…

Ah, devinez quoi…?
Tandis que je patauge, le radiocassette crachote, et puis voilà qu’il se rallume, ce vieux tas de ferraille.
Haha, je peux voir d’ici Amir qui tire la tronche.
De mon côté, c’est un rictus plein de morgue qui se découpe à travers ma barbe. Je ramasse ma camelote dégoulinante, qui continue à cracher sa musique à bas volume, alimentée par sa pile au myste.

Et le pas rythmé de son tempo humide et crépitant, je pars à la recherche de ma vache.

[Event] Le fleuve Rouqv0H

Oh yeeeeah… ♫ You’re never gonna get away ♪
Sam 7 Jan - 0:19
Flottant doucement dans l'eau peu profonde, au milieu du matériel et des explorateurs peinant à reprendre leurs esprits, Jeleb se laissa aller quelques secondes, les yeux vers le ciel timidement caché derrière les branches du saule pleureur. Tout semblait si calme. Une petite pensée douce-amère vint au sujet du sergent d'Epistopoli, que l'élémentaire avait pris soin d'éviter, pensant se retrouver aux bons soins d'une équipée moins rude. Au moins avait elle un coté disons, éclectique...

Le fleuve paraissait une bien belle perspective, sur le papier. Plus belle que les souterrains, en tout cas. C'est du moins la réflexion qui avait guidé son observation plutôt optimiste de la première phase de leur progression. Faire le guet et jouer les éclaireurs ne sortait pas trop de ses habitudes, et entrait en plein dans ses compétences. Que demander de plus ? Un peu de réussite, peut-être...

L'attaque était tombée sur eux aussi soudainement que sans le moindre signe avant-coureur. L'élémentaire se redressa, les vêtements alourdis par l'eau. Attirant à lui quelques affaires peut-être sauvables, quelques lentes enjambées l'amenèrent sur la berge meuble, traitresse. Une sacrée équipe, à n'en pas douter... L'idée que leur groupe s'était fait cueillir avec tant de facilité - sans même parler de sa personne - sonnait comme la promesse de bien vilains moments. Quelques pas de plus, le terrain se faisait enfin plus clément, assez pour chercher du regard l'homme censé commander cette expédition.

Un drôle de bougre, cet Amir. Enfin drôle, il fallait le dire vite. Ses mérites ne se laissaient pas facilement nier au moins, et ses spécificités non plus. Plus rigide que flexible cependant, trop lucide pour se laisser facilement influencer et pas assez pour tout bien voir. Quoique. Il rappelait à l'élémentaire feu une vieille connaissance, un individu taillé à la serpe, durci par une vie de conflits, issu du désert également. Plus qu'à lui souhaiter un meilleur sort... Dans tous les cas Jeleb le repéra, se sécha d'une petite bourrasque puis alla se mettre à la hauteur du guerrier.

- Al-Khadir, dites moi. La Brume a-t-elle jamais fait telle démonstration devant vous ?

Question un peu large, certes, mais il fallait bien commencer quelque part. Le reste de leur groupe commençait déjà à s'égayer, mais ils n'iraient pas très loin, mieux valait l'espérer.
Sam 7 Jan - 10:09
Le tumulte du rassemblement d'Oman avait laissé place à la quiétude d'une croisière fluviale. Nul besoin de préciser que pour Tiphaine, l’effervescence du départ était plus enviable que le sérieux de la mission. À dire vrai, les mystères du monde lui importaient bien moins que trouver sa place dans ce dernier. S'il fallait pour ce faire rejoindre un équipage ou prendre part à une expédition historique, elle ne rechignerait jamais à la tâche.

Elle avait pris grand soin de ne pas quitter Lawrence d'une semelle. Leur escouade n'avait rien d'homogène et elle pensait que c'était pour le mieux. Un bon équipage – avait un jour dit Rosarque – c'est un équipage de tarés. Faut qu'tout le monde soit assez chelou pour s'faire respecter des autres mais qu'personne soit assez dingue pour s'croire le meilleur. Cigarillo au bec et nattes bien resserrées, elle s'était présentée à tous les membres sommairement, offrant à Amir un hochement de tête respectueux en dernier lieu. Si elle paraissait intrépide, personne ne savait mieux qu'elle l'importance de la hiérarchie dans le bon fonctionnement d'un travail d'équipe.

La source de ses mots s'était tari au fil de l'eau. Elle n'avait obtenu d'Amir, avec qui elle naviguait, que de vagues informations. Était-ce son statut ou sa peau qui lui rappelait la sienne, toujours est-il que Tiphaine lui obéissait dans un premier temps au doigt et à l'oeil. Après tout, elle n'avait pas souvent la chance d'évoluer aux côtés d'un compatriote. Sa longue vue à vision thermique ne lui offrit aucune information ni aucun avantage. Elle ne vit rien – ce qui était assez rare pour être un événement. Rien, du moins, qui aurait pu les avertir de ce qui les attendait.

Elle se redressa, poisseuse et leva immédiatement le troisième doigt à l'attention du dos tourné de Lawrence.

- Inventaire terminé, Cap'taine, j'ai mon doigt le plus important ! Répondit-elle avant de se relever complètement. Par les Douze, qu'est-ce que c'est qu'ce merdier...

Elle aida ceux qui le désiraient à se redresser puis dressa effectivement la liste du matériel qu'elle trouvait là. Son fusil avait pris l'eau et ne lui serait plus d'une grande utilité sans avoir séché. Sa lame, heureusement, était toujours accrochée à sa ceinture. Mais ni son briquet, ni ses cigarillos ne lui serviraient plus. Elle soupira longuement, ré-ajusta sa tenue malmenée par les flots et approcha d'Amir.

- Désolée, mais j'peux pas laisser le Capitaine tout seul. Faut qu'on le suive.

Et, sans vraiment attendre de réponse de l'aramilain, elle suivit Lawrence, guidée par les crachotements insupportables de son appareil de malheur. La hiérarchie avait du bon, certes, mais elle ne pouvait pas quitter Lawrence. Loyauté, suspicion, un peu des deux... Qu'importe. Elle le suivit.

Sam 7 Jan - 17:51
Assise sur la pirogue qui ouvrait la voie, Éole vivait un calvaire : au lieu de conserver son énergie et de se laisser porter par les eaux et le coup de pagaie du chef d’escouade, elle affichait un visage épouvantable, claquait des dents à cause du froid, de la peur grandissante en elle, et tremblait de tous ses membres. Partagée entre l’envie de ne pas louper une miette de cette aventure et la pulsion de se couper du monde en se voilant les yeux et se bouchant les oreilles, elle avait finalement opté pour l’immobilité imparfaite et se tenait légèrement voûtée sur l’une des places assises de l’étroite embarcation, cherchant un début de paix intérieure en regardant Amir, déterminé et imperturbable. Inspire, expire. Inspire, expire. Coup de pagaie, attente. Coup de pagaie, attente. Non loin de leur emplacement, des éclaboussures la firent sortir de son état proche de l’hypnose, suivi d’un bruit sourd et de remarques à voix basse provenant de la seconde pirogue. Éole percevait de la tension également chez d’autres membres du groupe, à la fois rassurante pour son égo et inquiétante pour remplir la mission de l’escouade. De toute évidence, il leur faudra se serrer les coudes et travailler de concert – se soutenir moralement aussi – pour ne pas laisser de place au doute et à l’hypothèse d’une éventuelle fuite. La jeune femme resserra sa prise sur ses vêtements et son écharpe, les sourcils froncés, avec la ferme volonté de ne plus laisser transparaître d’émotions qui seraient interprétées par de la faiblesse ou une inaptitude à bien se comporter en pareille occasion. Inspire, expire. Inspire, expire. Coup de pagaie, attente. Coup de pagaie, attente. Et pendant ce temps-là, l’atmosphère devenait de plus en plus lourde.

Elle avait déjà pataugé sur les berges de la Sinue et mis les pieds dans l’eau du lac Oman, mais cela n’avait absolument rien à voir : le fait de naviguer en terres hostiles, avec la Brume d’une part et des formes de vie tout autour d’elle d’autre part, commençait à sérieusement l’angoisser ; phénomène amplifié par sa passivité depuis plusieurs dizaines de minutes.

Rien n’a de sens. J’ai dû m’endormir dans un établissement d’Oman et la véritable aventure ne débutera que demain. Ce qui se passe à des allures de rêve, tant le sentiment d’étrangeté est fort. Même le pagayeur commence à être distrait par de petits bruits anodins. Soit le rêve déraille, soit la réalité s’apprête à tourner au cauchemar.

Sur ces réflexions, la situation évolua en une poignée de secondes. La jeune femme cligna des yeux une fois, deux fois, et le chaos se propagea aux trois pirogues. Elle n’avait pas eu le temps de comprendre exactement ce qu’il se passait lorsque sa tête pesa subitement une tonne et la fit basculer vers l’avant. Et l’impact* qui s’ensuivit ne la réveilla pas.

* * *

Éole reprit connaissance, un goût amer dans la bouche. Lorsqu’elle se releva avec difficulté au contact de la matière glissante du sol, la xandrienne remarqua qu’elle avait pris un bain forcé avant de s’échouer sur la rive pleine de boue qui la recouvrait désormais. Ses compagnons étaient déjà sur pied pour la plupart, en proie à un léger malaise et un début de colère après ce début d’aventure peu glorieux. Quelques paroles furent échangées, brèves mais fermes. Tout n’était peut-être pas perdu si l’on parvenait à récupérer la troisième embarcation et son contenu intacts.

Tout le monde va bien ? Qu’est-ce que… qui nous a… c’était quoi… Éole refit un rapide exercice de respiration, et poursuivit : Que s’est-il passé ? Quelqu’un a une idée ?

Ses interrogations rejoignaient la question que posait l’élémentaire Jeleb à Amir. Il était probable que toutes les réponses obtenues ne leur conviennent pas, c’était en tout cas l'hypothèse d’Éole qui espérait comprendre qui ou quoi leur faisait face, refusant d’imaginer une attaque similaire se produire une deuxième fois, par surprise, sans préparation.

Le groupe se scinda en deux et Éole préféra s’affairer sur la rive où étaient échouées les pirogues. Elle demanda de l’aide pour les retourner, en attendant les prochains ordres de l’aramilain. Son comportement, et le rôle qu’il jouait dans cette histoire, lui dictaient de rester dans les parages… et elle devait l’avouer, sa nervosité la paralysait aussi.

*C’est un direct d’Aaron, non ? Ah pardon, je dois me taire ^^
Dim 8 Jan - 1:58


Le Fleuve

- ft.  la fine équipe


Le sel sur les lèvres et dans les cils pâles, ses longs cheveux trainant dans la vase, Percéphale se sentit comme bercée à son réveil par la délicatesse du limon frais et le doux parfum de la fange. Elle ouvrit grand ses yeux grèges et fixa le ciel un instant, sentant ses compagnons de route s'agiter à quelques pas de là. La mercenaire restait là, béate, encore quelques secondes, profitant de ce sentiment de familiarité si agréable et paisible: Sachant pertinemment qu'une fois sortie de là, il n'y aurait plus que le froid et l'incertitude pour la cueillir. En tournant son regard vers le reste de l'escouade, elle sourit en constatant qu'elle n'était pas la seule à vouloir profiter de l'accalmie du rivage; un de ses compagnons, qui s'était présenté comme Jeleb, se laissait porter quelques seconde de plus, lui aussi. La chute avait été brusque et incompréhensible. Une expérience qui, aux voix inquiètes et confuses de ses camarades, semblait être celle de tout le monde.

A contrecœur, Percéphale se redressa et examina le chaos ambiant un instant. Une partie des affaires était éparpillée, dans la boue, dans la vase, dans l'eau; le reste, tout bonnement disparu, peut-être emporté par le courant, les grenouilles, ou la brume. Le plus important était de ramasser tout ce qu'ils pouvaient. Elle repéra sa hallebarde égarée plus loin dans les roseaux - une chance qu'elle n'ait pas coulé dans les fonds des eaux territoriales, elle n'aurait pas eu le cœur à aller la chercher seule - et, d'un geste, s'assura que ses deux stylets étaient toujours fidèlement attachés à sa taille. Le plus important était là. Elle n'avait pas apporté beaucoup de provision, de toute façon. L'amphibienne s'attela généreusement à aller quérir les affaires les plus éloignées, encore portées par les flots délicats. Le meneur de l'expédition, à deux pas de là, émergeait lui aussi encore de l'incident. Amir, de son nom. Elle n'avait pas beaucoup d'opinion à son sujet, sinon qu'il semblait savoir ce qu'il faisait, et où il les menait, et que c'était bien tout ce qu'elle attendait de lui.

L'écho saccadé d'une chanson grésillante interrompit de nouveau les croassements des grenouilles et rafla une grimace à la nudibranche. De toutes les affaires qui s'étaient échouées dans la vase, elle aurait préféré que cette maudite radiocassette en fasse partie. Toute la durée du trajet, la musique avait arraché à la jeune femme la quiétude du voyage. L'homme qui avait servi de navigateur à sa barque, imposant d'âge et de carrure, se mettait en chemin, le pas décidé, déclarant comme le grand fou qu'il semblait être qu'il partait au secours de sa vache. Parlons en, tiens; qui emmène une vache en expédition dans la brume?

Ne fusse t-il pas suivi de sa seconde que Percéphale se serait contentée de le laisser partir sans un mot; mais enfin, ils n'étaient pas si nombreux dans cette escouade, et de tous les récits que son vieil ami Erald lui avait conté, se séparer n'avait jamais vraiment bien fini pour les aventuriers perdus.

« Attendez une minute, vous permettez qu'on ramasse nos affaires avant de courir après votre fichue vache ? » La vase jusqu'aux genoux, des affaires trempées et poisseuses dans les palmes, l'amphibienne jeta un regard sale vers la radiocassette et ajouta d'un ton bas et désabusé; « Et, par pitié, j'aimerais bien que cette horrible musique ne soit pas la dernière chose que j'entende avant de mourir. »




Dernière édition par Percéphale le Sam 21 Jan - 1:46, édité 2 fois
Dim 15 Jan - 3:16

POST MJ : LE FLEUVE



Qu’il est bon de voir les invités indésirables être remis à leur place… nous commencions à être frustrés de voir ce troupeau de rustres bardés de métal errer dans nos rues, alors imaginez quelle aubaine ce fut de pouvoir vous déranger un peu. Non pas que nous vous aurions mis en danger, nous ne voulions pas décevoir Amir tout de même, mais il est vrai que voir certains d’entre vous se montrer aussi stupides sitôt les péripéties rencontrées nous frustrait tout particulièrement. Naufragé, tu allais passer un sale quart d’heure à n’en pas dou-

« "Voyez chers amis, si j’ai bien retenu quelque chose de mes voyages, c’est que même si notre amie la Brume peut se montrer changeante, elle restera toujours une grande enfant. Non sieur Jeleb, je n'ai aucune idée de pourquoi elle a pu faire ça, probablement par caprice, mais si elle voulait nous tuer, elle l'aurait déjà fait. »

Quoi donc ? Voulais-tu réellement te lancer dans un tel jeu, Amir ? Tu osais t’amuser à nous provoquer alors que tu étais encore en train de retirer la boue de tes cheveux en pestant intérieurement contre nous. C’était ridicule, profondément ridicule, personne ne nous défiait sans en subir les conséquences. Nous allions te rendre la monnaie de ta pièce.

« Ceci dit, nous séparer n’est clairement pas la meilleure idée. Il faut qu’on les rattrape tout de suite, sinon on ne pourra pas les retrouver. »


Tu récupéras ta lance encore trempée et intimas au reste du groupe de te suivre, la silhouette de vos camarades était déjà bien difficile à distinguer à travers notre voile. Mais il fallait dire que nous fournissions un effort considérable au vu du projet que nous développions dans les parages. Pour l’instant, vous alliez devoir vous contenter du menu fretin.

« Y a quelqu’un ? »

Une voix masculine étouffée par le filtre de son masque à gaz trouva le chemin des oreilles de ceux qui étaient restés en arrière, et bientôt une série de silhouettes perça la grisaille, toutes vêtues de noir, cinq au total. Impossible de discerner leurs visages sous les plaques métalliques et les épais verres protecteurs de leurs masques, mais ils étaient armés de fusils automatiques et semblaient préparés au combat. Une chose était certaine, Jeleb, tu reconnaissais là l’uniforme sinistre de l’armée epistote.

« On a entendu des bruits bizarres au loin, alors on est venus vérifier qu’il n’y avait aucun danger pour qui que ce soit. Vous êtes bien loin de la cité tout de même, vous voulez peut-être qu’on vous escorte ? »

Bien entendu, tout cela devait vous sembler trop facile, ce qui vous attendait restait un grand mystère, mais combien de temps alliez-vous mettre à trouver les réponses à vos questions ? Une chose était certaine pour toi, Halie, cependant : s'ils semblaient aussi surpris et perplexes que vous, un soupçon de paranoïa et d'hostilité s'échappait de leur esprit, peut-être devais-tu rester sur tes gardes.



Pendant ce temps, Naufragé, Tiphaine et Percéphale, votre quête de l’abomination de la nature se poursuivait, et cela faisait déjà quelques minutes que vous n’entendiez plus les meuglements de Mireille. Par où aller ? comment revenir auprès de l’escouade ne semblait plus être une question importante… Soit.

Alors que votre marche en direction du dernier cri de Mireille s’éternisait, l’air vous sembla changer autour de vous tandis que vous remarquiez que vos poils et cheveux se dressaient sur votre corps et votre tête. Tout devint incroyablement silencieux, comme si tous les animaux avaient fui et que le vent s’était estompé. Ce fut alors que la créature croisa votre regard : son immense œil d’un bleu pâle et terrifiant devait faire la taille d’une petite maison. Il était à votre hauteur mais s’éleva bientôt dans le ciel à plus de cinquante mètres de haut. La silhouete de la bête était très difficilement distinguable à cause de notre voile, mais ses dimensions colossales instillaient en vous une peur primaire qui vous hurlait de fuir et de retrouver vos camarades. L’être bougeait et agissait tout en lenteur, votre présence lui était insignifiante pour le moment. Cependant, vous parveniez à constater que ses pas semblaient la diriger vers Dainsbourg, et aucun d’entre vous ne comprenait ce qui la motivait
Dim 15 Jan - 20:10
Tout le monde semblait bien réel... C'était étrange. Alors, étaient-ils tous morts ? Dans ce cas, pourquoi personne ne parlait du naufrage, qui avait probablement constitué leur dernière aventure ? Et pourquoi une séparation était-elle une si mauvaise idée ? Après tout, s'ils étaient morts, ils ne pouvaient pas mourir une deuxième fois, si ? Ou alors... Tout cela était-il vraiment réel ?

Enfin, quoi qu'il en soit, celui qui avait été désigné comme leur chef d'équipe leur avait donné un ordre. Et jamais elle n'imaginerait contester de tels mots. Surtout quand, tout ce qu'on lui demandait, c'était de suivre son guide. Ce n'était pas compliqué, elle pouvait le faire. Et donc, elle le fit.

Avait-elle eu raison de se fier aveuglément à lui ? Car le chemin emprunté à sa suite les mena à une armée. Enfin, était-ce bien ainsi que l'on nommait un groupe de soldats ? Se souvenait-elle bien des conversations entre humains épiées du haut d'un arbre ? En tous cas, une évidence s'imposait à elle : si elle percevait des émotions...

- Au moins, ils sont réels. Ce n'est pas une illusion... Mais méfiez-vous quand même.

Elle ne savait pas vraiment si ses coéquipiers l'avaient entendue. Elle avait parlé à voix haute, oui, mais plutôt dans un murmure que d'une voix assurée. Non qu'elle doute de ses capacités, non... Simplement, cet environnement la poussait à la prudence, et elle sentait confusément, sans vraiment se l'expliquer, que si elle haussait la voix, elle risquait d'énerver quelque chose là-dedans, et que cela ne pourrait pas avoir de conséquences positives.

Pour ce qui était de la proposition d'escorte... Instinctivement, elle se tourna vers leur dirigeant. Après tout, si quelqu'un devait parler en leur nom à tous, ce serait lui, non ?
[spoiler=Capacité passive de Halie ]Elle perçoit les émotions de ceux qui l'entourent.[/color]
Dim 15 Jan - 23:51
[Event] Le fleuve VW2Phqm[Event] Le fleuve HloVyn8


Je me rappelle leurs ailes métalliques.
Les cercueils profanés.
Semblable à une nuée de sauterelles d’acier, les insectes viennent y collecter les boyaux évidés des défunts.

La chose qui surplombe le mausolée est mi-machine, mi-dépouilles pourrissantes.
Cet être composite se gorge du cimetière, il en démantèle chaque sarcophage pour faire bombance de chair.

Les corps s’entassent, s’agrègent et s’accumulent pour former un grand scolopendre de viande putride, capturée sous une armature de métal rouillé. Cette fusion contre-nature s’achève tandis que les mandibules oxydées s’enfoncent profondément dans la matière grise des cadavres, arrachant un cri d’outre-tombe aux défunts qui la composent. La profanation est totale.
Le liquide lymphatique s’écoule de leurs crânes ruisselants.

Sur le visage tordu de l’abomination, je ne rencontre que des orbites vides.
Gouffres insondables, dont le regard, inextricablement, est rivé dans le mien.

Elle ne me voit pas.
...mais c’est mon âme qui l’attire.
...qui l’appelle et qui l’enivre.
...elle sait que je lui appartiens.


”Souvenir-souvenir”:


Ouaip. Figurez-vous que c’est le genre de bestioles qui peuplent mon top 5 des rencontres traumatisantes sous la brume.
Vous concevrez donc que je garde mon calme.
Même alors que le silence vient se saisir du monde.
Que nous retenons notre souffle face à la monstruosité colossale, comme pour empêcher – avidement, fébrilement – la vie de nous échapper.

Le fait d’être de chair m’est une expérience stimulante. C’est une chose de se savoir prêt – intellectuellement parlant – à affronter toutes les horreurs que le monde voudra bien me dévoiler sous son jupon de brume. C’en est une autre d’éprouver jusque dans ses os ce sentiment de terreur primale.

Le corps du Capitaine réagit.
Je dois fournir un effort conscient pour garder le contrôle de son sphincter (je préférerais éviter de fournir à Toph de quoi me charrier jusqu’à la fin de ses jours).
Une réaction chimique, là-haut, dans ce qui me fait office de cerveau, provoque une disruption des facultés cognitives. Si j’avais eu besoin de matière grise pour penser, sans doute serais-je aussi béat que mes deux camarades d’infortune.

Béat, je ne le suis pas.
Mon corps est paralysé par l’effroi.
Mais mon esprit, lui, est pareil au vif-argent.
C’est pourquoi je prends conscience de la réaction du Nascent de Persuasion passé à ma ceinture. Cette infime palpitation qui m’indique que les conditions sont remplies ; l’œil géant nous a observé ; il y a eu contact visuel.

Tandis que la tête du monstre drapé de brume s’élève vers les nuées, je dégaine mon pistolet avec un air songeur.
Les pas pesants de la créature lui font suivre la course du fleuve.
Vers Dainsbourg, évidemment.
Mon front se plisse de concentration. Et si j’essayais de...
Réagissant à une impulsion, je vise le titan du canon de mon Nascent.
Mon petit cerveau spectral, bien rompu à l’exploration de ruines anciennes a tôt fait de poser la situation en termes clairs : si on la laisse finir son bonhomme de chemin, cette créature risque de nous poser bien des problèmes dans un proche avenir. Et il se trouve que j’ai ici une opportunité insoupçonnée ; seulement une maigre chance d’éviter le pire, je le conçois, mais c’est une occasion de tenter quelque chose, une occasion qui ne se présentera pas deux fois.

Le sourire en coin du Capitaine me tire sur la lippe.
Lawrence a toujours été très parieur.
...et moi, j’ai toujours eu un talent pour compter les cartes.
Je dis que ça s’tente.

Je fais feu.
Mais ce n’est pas une balle qui part. Profitant de la connexion qui s’est forgée entre mon Nascent de Persuasion et la créature, je tire dans sa direction une unique balle de pensée. Sur la trajectoire balistique, l’énergie issue du myste fuse, traverse et vrille le dense rideau de brume, pour venir frapper le titan à l’occiput.
...Lawrence n’a jamais été un fin tireur, mais ma cible fait la taille d’une petite maison.

La pensée éclate à l’arrière du crâne de la bête.
Créature indolente qui marche pesamment en direction de son objectif.
Est-ce instinctif ? Hypnotique ? Le tremblement de terre a-t-il mis en branle un phénomène ayant tiré ce géant de sa torpeur, qui exercerait une traction sur son esprit ? Je l’ignore, mais la brume m’a présenté une opportunité sur un plateau, et je l’ai saisie.
C’est pourquoi, le monstre gigantesque se demanderait bientôt :
Et si j’allais à gauche, plutôt ? ; mes mots s’agrégeant dans son cerveau primaire, afin qu’il reformule mes idées selon son propre mode de pensée.
Et si je n’allais pas à Dainsbourg ?

Aucune certitude que ça fonctionne. Il y a trop d’inconnues en jeu.
Le coup d’éclat est peut-être hors de ma portée, et dans ce cas, si nous avons de la chance, peut-être qu’il fera un petit détour avant de se rappeler son objectif.
Par contre, si on manque de pot, peut-être que ce monstre est particulièrement sensible aux intrusions psychiques, et qu’il risque de se retourner vers moi à tout instant. (Auquel cas, c’était l’énorme connerie.)

La main encore un peu tremblante, je range mon pistolet à silex.
Je pourrais tenter d’autres manœuvres pour l’éloigner de Dainsbourg, mais aucune qui ne soit aussi “prudente” que de lui décocher une pensée. Et malheureusement, je ne suis pas seul.
Je tourne un regard en coin vers mon maître d’équipage – toujours fidèle au poste – et vers la tritonne – pourtant récalcitrante – qui nous a emboîté le pas. Tâcher d’exploiter les opportunités : c’est le jeu, aucun explorateur digne de ce nom n’aurait refusé de tenter le coup que je viens de jouer.
...mais je ne mettrais pas davantage mes deux équipières en danger.

Sacré bestiau, pas vrai ?” dis-je dans le calme ambiant, espérant silencieusement voir le monstre bifurquer, et prendre la décision de ne pas nous précéder vers notre destination. “N’empêche, avec tout ça, j’ai toujours pas vu ma vache.

Profitant du fait que ma voix soit bien plus audible dans le silence surnaturel qui s’est établi, je relance :
Woh, Mireille, t’es où ?

[Event] Le fleuve Rouqv0H

Là, par contre, je tire un peu sur la corde.
Mais bon... elle ne s’est tout de même pas envolée, ma vache.


***


Notes du Naufragé pour moi-même* :
*afin de me distraire de ces interminables nuits de patience où le corps du Capitaine est au repos, mais que mon esprit reste actif, à feindre le sommeil et la normalité pour ne pas que l’équipage se doute de quelque chose. Foutue promiscuité, sur le prochain navire, j’aurais ma propre cabine.

- Le titan-à-l’œil-bleu de cinquante mètres se fraye péniblement une position dans mon top 10 des rencontres les plus stimulantes. Juste derrière la grenouille-à-plasma suceuse d’ichor et le grigori-de-pierre qui se rapproche dès que vous clignez des yeux.

- Toph continue de me coller aux basques. Je ferai bien d’être prudent. Enfin, non, justement : je ferai bien de faire le guignol autant que possible, pour ne pas attiser ses suspicions.

- Elle a du cran, la tritonne (ou juste le grain de folie qu’il faut pour s’aventurer sous la brume). Si elle voulait réduire les risques, elle aurait pu rester en arrière avec Amir. C’était quoi son nom, déjà ? Percéphale ?
Je lui demanderais à l’occasion si un poste sur le Naufrageur serait de nature à l’intéresser.

[Event] Le fleuve QfjAEHs

(Nono a l’air de bien s’amuser.)

C’est une sacrée aventure qui s’annonce.
Le risque de mort violente fait tout le sel de ces petites péripéties, mais je ferais bien de calmer mes ardeurs. Mes projets se verraient sensiblement compliqués si le corps du Capitaine devait dépérir au cours de cette expédition ; je ne tiens pas à entrer en décomposition ; ce serait mauvais pour les affaires.


Dernière édition par Le Naufragé le Dim 29 Jan - 0:20, édité 2 fois
Lun 16 Jan - 17:19
Elle se souviendrait longtemps de son dernier pas. De ce mouvement décomposé dans l'atmosphère grisée d'une bien triste dernière journée. Elle avait levé le pied gauche, ramener son genou à hauteur de l'autre et c'était tout. Avant qu'elle n'ait eu le loisir de le reposer au sol, elle l'avait vu. Ce soleil d'un genre nouveau, cette évanescente rondache bleue qui perçait la brume, dardant de ses rayons invisibles jusque dans son cœur. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, et à cet instant précis, son cœur lui dit de préparer son oraison. Car à l'horizon rien ne se levait sinon ce soleil d'un genre nouveau.

Combien de temps faudrait-il à la bête pour les atteindre ? Étaient-ils déjà à la portée de ses membres ? Souffrirait-elle longtemps, ou un coup suffirait-il à lui briser la nuque ? Que resterait-il d'elle, ensuite ? Un râle, un souvenir, de pâles sourires ? Rien sans doute. Rien qu'un nom un peu lointain, une histoire sans fin. C'est fou ce que la mort apporte de questions là où la vie offre si peu de réponses. Elle comprit alors ce qu'était la mort. Ce n'est pas la disparition, le mutisme ni l'absolution. La mort, c'est un mouvement figé. La mort, c'est l'immobilisme. C'est le monde qui s'écroule à l'instant T, faisant fi du futur comme du passé.

Elle se serait souvenu longtemps de son dernier pas si Lawrence n'avait pas rompu le silence brumeux que la mort traîne partout avec elle. Tiphaine releva la tête, cherchant à comprendre ce qui se passait dans l'esprit de son supérieur. Quand elle le comprit enfin, il s'apprêtait à faire feu. D'un geste brusque, elle détacha la longue vue de son ceinturon. L'objet se déplia et elle le porta à ses yeux. Le nascent qui lui était adjoint lui permit de suivre la balle jusqu'à son point d'impact.

- Touché, dit-elle simplement à Lawrence sans abaisser son bras.

Profitant de la vision thermique dont bénéficiait sa longue vue, elle essaya de distinguer l'ampleur de ce qui se dressait devant eux. Rien dans sa mémoire ne put se comparer à l'immensité de la créature.

- Put' de brume... siffla-t-elle à voix basse. C.. Capitaine, c'est énorme ce truc. Si ça nous voit, on est foutus. Tu l'as vue aussi ? Demanda-t-elle au triton qui les suivait.

Elle continua de dessiner les contours de l'aberration au travers de la brume, essayant de distinguer quoi que ce soit qui puisse lui fournir une information sur sa nature, ses intentions ou ses points faibles. Elle bougeait à nouveau. La mort attendrait. Jusqu'à son prochain dernier pas.
Mar 17 Jan - 12:16
Pour Éole, appréhender la Brume et ses manifestations revenait à observer un moustique, avoir l’intention de l’attraper avec sa main d’un geste vif, fermer le poing le sourire aux lèvres, puis l’ouvrir et s'apercevoir qu’il n’y avait rien à l’intérieur. Lorsqu’elle s’aventurait hors de la capitale, et c’était extrêmement rare, sa compréhension limitée du phénomène l’amenait à le définir, le catégoriser, le mettre dans une case pour atténuer son emprise sur sa santé mentale. Force est de constater qu’une fois de plus, elle s’était trompée en imaginant que quelque chose voulait la tuer : cette chose voulait jouer avec elle avant de la tuer. Une nuance ayant certes peu d’importance, tant l’on connait le destin de la proie dans les deux cas.

À entendre la réponse d’Amir, la jeune femme passa sa main sur son front puis sur ses cheveux mouillés. Humeur changeante, grande enfant, volonté de ne pas tuer… leur chef tentait-il de les rassurer, ou son vécu s’était exprimé et l’on pouvait s’y fier ? Sa dernière phrase donnait la chair de poule à Éole, qui s’imaginait pouvoir se défendre, agir d’une façon ou d’une autre, avant de rendre son dernier souffle. Si la Brume était vraiment capable de les tuer en un claquement de doigts, avec une soudaineté semblable à celle dont ils avaient fait les frais quelques instants plus tôt, c’en serait fini d’Éole Miklanta. « Apu la dame ! », écho d’une voix enfantine et omnipotente sur son terrain de jeu. C’était véritablement cette pensée qui troublait à présent la tailleuse, l’horrible sensation d’être insignifiante, sans défense, impuissante sur le territoire d’une entité qu’elle n’arrivait pas à dépeindre physiquement. Son maigre entraînement, sa détermination, sa dextérité, son maniement de la rapière, ses connaissances et capacités en combat rapprochée : rien de tout cela ne lui servirait et elle en était absolument malade. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ? Non mais qu’est-ce qui lui était passé par la tête, vraiment ? Avait-elle ingéré une quantité d’alcool inhabituelle et, dans un brusque élan d’héroïsme et de témérité, s’était porté volontaire pour participer à une telle entreprise ? Quelle belle forme de suicide assisté.

La tête basse, elle emboîta le pas lorsque l’ordre fut donné de se lancer à la poursuite du reste du groupe. Une décision sensée. Rejoindre les autres. Reconstruire l’escouade initiale. Reformer les rangs. Raffermir notre résolution. Retrouver du courage dans ce début de marasme. Tant qu’elle était accompagnée, elle se sentait capable de continuer.

Une voix qui ne lui était pas familière s’éleva dans le brouillard. Tiens donc, déjà de retour et avec un dispositif modifiant la voix ? Ce serait trop beau pour être vrai. Par prudence, et parce qu’elle ne s’imaginait pas en droit de parler à ce moment précis, elle ne manifesta aucune réaction. Lorsque les silhouettes sortirent de la grisaille, habillées de noir et le visage dissimulé, sa main droite se porta instinctivement à sa ceinture, à quelques centimètres du pommeau de la rapière maculée de boue. Son état d’alerte, déjà bien haut avant cette rencontre improbable, venait de gagner encore un niveau. Parce qu’il fallait bien accorder sa confiance à quelqu’un, et qu’il était moins énergivore et contreproductif de considérer le reste de l’escouade comme des non-ennemis, Éole ne remettait pas tout en question les concernant. La Brume, les conditions météorologiques, et les péripéties sur les pirogues, lui susurraient cependant d’être sur ses gardes en permanence. En d’autres occasions, s’il n’y avait pas eu de chef d’équipe par exemple (et encore, rien n’en était moins sûr), elle aurait brandi son arme et, dans une parodie d’intimidation, exigé des explications sur leur présence. Au lieu de ça, elle observait ses compagnons, guettait leurs réactions pour se calquer dessus.

Halie semblait formuler une phrase, mais seuls lui parvenait des phonèmes ne pouvant être mis bout à bout. La xandrienne la regarda avec insistance, demandant par la gestuelle de répéter ses paroles, mais elle n’obtint rien de plus. Aurait-elle parlé plus fort si ses propos pouvaient être perçus sans risque par leurs opposants ? Existait-il un monde dans lequel les fusils automatiques de ces individus pouvaient être mis en joue et cibler, dans son dos, à son insu, une moitié d’escouade déboussolée ? La proposition d’escorte, sous son apparence d’offre alléchante, cachait-elle en réalité un autre piège qui leur fallait déjouer ?

Lasse de tous ces calculs, de cet environnement complexe et indéchiffrable, Éole soupira et répondit avec désinvolture.

– Pourquoi pas, mais passez devant. On vous suit.

Cette simple phrase la libéra d’un immense poids. Autour d’elle, tout le monde se figea.
Mer 18 Jan - 0:27

Le Fleuve

- ft.  des futurs gens morts


Dans le silence brusque et l'air froid et sec, Percéphale s'était figée. Avant de voir et d'entendre, la nudibranche avait senti; sa peau molle s'était crispée, ses muscles immobiles, ses rhinophores dressées hautes en alerte, une vague de froid et de crainte drapant son voile sur son épiderme. Elle se sentait se noyer dans le brouillard et l'appréhension une fraction de seconde avant de le voir lui, tranchant la brume de son gargantuesque iris de glace et se redressant de toute sa hauteur dans la confusion du ciel. Et tétanisée devant l'immensité de cette monstruosité sans nom, la jeune femme étouffa. Son souffle coupé, elle se sentait infime devant ce difforme titan de chair; elle, et ses deux compagnons d'infortune. Dans un frisson, l'effroi se glissa jusque dans sa nuque.

Par reflexe et dans un instant de désillusion, la Perce·rive dessina un pas lent en arrière, main à sa hallebarde, comme si la lame pouvait ne serait-ce que lui percer la peau. Le capitaine fut plus rapide à réagir. Une balle indistincte retentit dans l'air, heurtant la monstruosité à la base de son crâne, suivie rigoureusement par son autre collègue derrière sa longue-vue. Le triton n'avait pas la moindre idée de ce qu'il venait de faire, et elle doutait quelque peu de la santé mentale du type qui avait décidé de s'aventurer dans la brume pour retrouver une vache; mais sa seconde, elle, ne semblait pas douter un instant de son capitaine, et cela suffit à la rassurer. Peut être que ça ne devrait pas, mais il était un peu tard pour se poser ce genre de question.

Percéphale déglutit. « Difficile de pas le voir. Il pourrait même pas se noyer dans les abysses. » D'un regard hasardeux, elle analysa les environs. La végétation était éparse et sèche, pas très dense mais suffisamment sauvage. Ils avaient marchés un moment et s'était bien éloignés de la rive. Le dénommé Lawrence semblait déjà prêt à se remettre en route pour aller sauver son damné de bovidé. Dans un élan de lucidité, n'étant pas sûre de la réaction du colosse, elle attrapa ses deux comparses par le col et, de toute sa force, les tira avec elle, s'accroupissant au raz des herbes fauves, dans un espoir de se dissimuler à l'immense iris livide.  « Vous m'excuserez, mais je sais pas ce que vous avez fait, et on est jamais trop prudents. »

On avait conté à Persival des récits de rencontre avec des titans de chair errants dans la brume. Peut-être que ces histoires n'étaient pas les plus glorieuses, mais une chose était sûre; les seuls qui avaient pu les lui conter étaient ceux qui s'étaient cachés.


Jeu 19 Jan - 20:33
Réponse un brin cavalière, attendue pour un habitué des ordres et des facéties de la Brume, Jeleb s'en contenta. Son expérience lui disait la même chose, mais cela ne donnait qu'un éclairage ténu sur la marche à suivre. Tout allait un peu trop vite à son goût. Si elle pouvait faire preuve d'une furie étonnante dans de rares occasions, ce coup d'envoi brutal faisait forcément signe vers quelque chose de plus complexe que de simples enfantillages.

Sans trop s'avancer non plus, l'élémentaire ne donnait pas cher de la peau des quelques imprudents qui avaient trouvé malin de s'éloigner de la sorte alors que la situation prenait, alors que Dainsbourg n'était même pas encore si proche. Comme pour lui donner raison, une jeune humaine vint ajouter son grain de sel, sans que la discussion ne prenne une direction très productive, et avec un petit sourire aimable, sa grande silhouette se tourna vers le fleuve, et lorsque fut donné l'ordre de se mettre en route, elle resta en tête de marche.

- En espérant que nous n'en sommes pas à déjà devoir calculer au plus court pour réduire des pertes inévitables...

Dans leur équipe disparate, Jeleb se savait, ou du moins entretenait la raisonnable hypothèse que sa personne faisait partie des plus aptes à voir à travers et réagir aux possibles étrangetés que la Brume pourrait leur montrer. Lorsque des voix émanèrent de ses profondeurs, un geste léger aida à dissiper la grisaille pour révéler des silhouettes un peu trop familières, à la posture de mauvais augure. Les uniformes enfin visibles, l'élémentaire fronça très brièvement les sourcils.

Il ne pouvait voir leur matricule, mais les cinq escogriffes avaient tout de l'escouade epistote, dans sa glorieuse et technologique noirceur. Ni leur chef ni le reste des soldats ne sembla reconnaître le membre du Comité qui se trouvait devant eux, mais si leur attitude restait dans les bornes de l'attendu pour des militaires en détachement... Quelque chose dans tout cela clochait. Non loin d'eux, il entendit Halie les assurer au moins d'une chose, elle indiscutable : ils n'étaient pas de simples illusions de la Brume. Il n'en fallut pas plus à certains pour déjà se proposer à emboîter le pas, et Jeleb pesta intérieurement, et leva sa main, tant pour saluer les soldats que pour faire signe d'attendre à quelque impatient derrière eux, jeta un discret regard à Amir et prit la parole.

- Citoyen, voir des camarades de la Capitale du Savoir ici nous soulage tous. Mais votre présence me surprend. Qui vous a dépêché ici ?

Lun 23 Jan - 23:37

POST MJ : LE FLEUVE


Quelque chose changea. Quelque chose s’éveilla.

Naufragé, quoi que tu aies tenté de faire, l’énergie du Myste que tu contrôlais vint embraser celle de l’être que ta balle mentale venait de toucher. À cause de toi, les individus les plus en harmonie avec nous sentirent notre appréhension, une terreur si grande que nous eûmes l’impression de retenir un souffle que nous n’avions pas, attendant que la catastrophe arrive. Le titan s’arrêta, lui aussi perturbé par ce qu’il venait de se passer.

Pauvre Amir, en te retournant par pur instinct en sentant notre détresse, tu ouvris ta garde. Quoi que tu fasses, la situation n’aurait pu être que mortelle. Jeleb, Halie, vous étiez sans doute trop distraits par le frisson qui parcourut votre échine alors que vous perceviez des bribes de notre détresse, mais Éole put voir et entendre très distinctement le projectile partir du fusil d’un des soldats épistotes. La pointe de métal vint se loger dans l’épaule d’Amir qui tomba à genoux en hurlant.



Percéphale, ce fut à ce moment que tu le sentis, comme un coup de poignard dans le crâne. Tes rhinophores détectèrent avant que quiconque d’autre ne puisse s’en apercevoir, l’ionisation brutale de l’air. Tes instincts de survie te dictèrent probablement de te cacher à ce moment-là, mais tu avais beau regarder autour de toi, vous sembliez condamnés.

Et nous aussi…

Le titan leva son œil cyclopéen vers les cieux, éclairant d’un faisceau azuré la nappe de nuages qui voilait l’astre solaire. Une nouvelle fois, vos poils se hérissèrent sur votre épiderme, tractés par le statique qui envahissait l’air dans un rayon qui s’étendait à plusieurs kilomètres autour de vous. Vous n’auriez su dire en cet instant si vous contempliez notre plus dangereuse création, un miracle de vos Esprits, ou bien un cataclysme comme l’on en voit une fois tous les millénaires. Ce dont nous étions certains, c’était que nous devions fuir au plus vite, déjà des arcs de foudre bleutée s’échappaient de la source du halo de lumière, rebondissant sur les nuages et frappant par endroits le sol loin autour de vous. Au choc du tonnerre se mêla une vibration plus grave, plus caverneuse, une parole prononcée sans langage, un grondement animal.

L’être mugit dans une cacophonie de plasma et de secousses. Chacun d’entre vous, tout comme les soldats d’ébène, ressentit au milieu du tonnerre une pression contre son esprit, et tout comme nous, vous fûtes bientôt témoins de la pensée de la bête, comme si elle communiquait à travers son pouvoir destructeur. Quant à nous, nous nous retrouvâmes contraints de nous disperser aussi vite que nous le pouvions, une immense part de nos Autres commençait déjà à brûler au milieu de la tempête électrique. Cette créature maudite ne nous a apporté que des ennuis depuis qu’elle a pénétré notre voile, et même en recevant notre bénédiction, elle ne reconnaissait qu’un seul maître : le visage et la main du capitaine Lawrence apparurent devant vos yeux hypnotisés par le spectacle de lumières, venant caresser votre museau et vous donnant votre ration de foin.

Un peu plus de nous disparaissait chaque seconde, tandis que nous brûlions dans la foudre maudite. L’un d’entre nous parvint à trouver un refuge, un endroit qui le protégerait. Dans un élan de désespoir, alors que son enveloppe commençait déjà à se consumer, il traversa le torse de Tiphaine, et de son embrasement naquit une fumée grise et étouffante qui tourbillonna autour d’elle. Bientôt, Tiphaine, tu entendis une voix intérieur te remercier de l’avoir accueillie.

Notre enveloppe fut dispersée à tel point que vos deux groupes étaient désormais hors de notre portée tandis que nous essayions de retrouver notre contenance. Et alors que chacun revenait à ses sens pour se rendre compte que la foudre avait anéanti les alentours sans pour autant les toucher, vos regards ne purent se tourner autre part que vers les cieux, devant la créature qui s'était révélée à vous

Halie, un profond sentiment de panique et d’intention meurtrière submergea ton esprit alors que les soldats derrière toi levaient leurs fusil à l’unisson.

« VOUS N’ATTEINDREZ PAS LE SERGENT »

Un premier coup de feu partit, tandis que là où se trouvait Amir se tenait désormais un monstrueux reptile gris de trois mètres de haut, qui déjà en sifflant de rage se jetait sur les soldats.

Résumé:
Mar 24 Jan - 11:38
Trop. Tout cela était trop. Sans avoir pu l'anticiper, elle fut submergée par des vagues d'émotions qui ne lui appartenaient pas. Elle sentait la peur de créatures dont elle ne savait rien, mais qui lui semblaient nombreuses et une seule à la fois. Tout cela dépassait son entendement. Comment était-ce possible ? Ayant toujours vécu seule dans sa forêt, ne serait-ce que l'idée d'apprendre à se barricader contre trop d'émotions n'avait même jamais traversé l'esprit de la demoiselle. À présent, elle le regrettait. Aurait-elle mieux résisté si elle l'avait appris ? Probablement. Mais ce n'était pas le moment de pleurer sur les occasions manquées du passé. Elle était venue avec un groupe, elle devait prendre soin de ses coéquipiers. Après tout, cela avait été sa motivation principale, n'est-ce pas ? La curiosité n'avait pas du tout pris le contrôle de son esprit une fois de plus, n'est-ce pas ? Elle avait uniquement été poussée par l'altruisme. Oui. Absolument rien d'égoïste dans tout ça.

Lorsqu'elle réussit à reprendre plus ou moins le contrôle d'elle-même, elle sentit immédiatement l'odeur du sang, qui l'attira vers Amir. Elle eut juste le temps d'évaluer l'étendue des dégâts avant que l'environnement l'empêche à nouveau de porter assistance à celui qu'elle aurait pu secourir. Alors, elle prit juste le temps de lui recommander de ne pas retirer l'objet qui le blessait, de laisser la personne qui le soignerait le faire au dernier moment pour lui éviter de se vider de son sang, avant de lever les yeux vers ce qui se passait plus loin. Qu'était-ce ? Elle n'en savait rien. Mais ce dont elle était sûre, c'était que ce n'était pas amical. En effet, si même la Brume fuyait... Que pouvaient-ils faire, eux, pauvres mortels ?

Lorsque l'illusion s'empara de son esprit, elle secoua la tête, laissant échapper un grognement agacé. Laisse ma tête tranquille, à la fin ! Elle le savait, tous ces efforts mentaux l'épuiseraient vite, bien plus que ses camarades, certainement. Mais elle ne pouvait pas non plus rester sans rien faire. Elle refusait d'être un fardeau pour les siens. Et elle ne cessait de penser à cet homme, qui avait besoin de ses soins... Mais elle ne pouvait pas se permettre de les lui accorder tant qu'ils ne seraient pas en sécurité. Si elle les faisait tuer tous les deux, la situation ne serait pas meilleure que celle qu'ils vivaient actuellement.

Alors, elle se débattit contre l'illusion, gaspillant probablement plus de forces que nécessaire dans ce combat mental, mais, d'une manière ou d'une autre, elle finit par en sortir victorieuse. Non, elle n'était pas... Quoi, d'ailleurs ? Elle ne connaissait pas cet animal auquel on voulait l'assimiler. Qui le voulait ? Pourquoi ? Elle n'avait aucune réponse, et, honnêtement, ces dernière lui importaient peu.

Une fois de plus, perdue, elle observa autour d'elle... Et esquiva un projectile sans trop savoir comment. Pardon ? Pourquoi ces étrangers les attaquaient-ils ? Ils ne comprenaient donc pas qu'ils se trouvaient dans la même situation. Néanmoins, alors qu'elle voulait offrir à Amir, son blessé, le maigre barrage de son corps, il la devança.

- Non !

Trop tard, il ne l'écoutait visiblement pas. Alors, elle se prit à pester.

- D'accord, vous voulez nous aider, mais vous risquez d'aggraver votre cas si vous ne vous ménagez pas.

Néanmoins, si, même blessé, cet homme continuait à se battre pour les siens, elle lui devait de l'aider, comme elle le pouvait. Parviendrait-elle à y survivre ? Peu importait, après tout. Elle devait aider. Alors, visant celui qui semblait le chef des soldats, elle le visa de son pouvoir, se préparant mentalement au pire. Va-t-en, arrête de t'attaquer à ceux qui ne t'ont rien fait...
Spoiler:
Mer 25 Jan - 11:43
Sa longue vue heurta le sol. Le laiton passé se froissa contre un caillou mal placé. Le bruit mat lui fit rouvrir les yeux et l'arracha à sa torpeur. Voilà combien de temps, voilà combien de jours, voilà combien de nuits qu'elle était là, immobile, en conversation avec le vent ? Des siècles, peut-être moins. Le siège de son esprit prenait fin. Rien n'a de sens pour les soldats au levant que la conscience de leur propre existence. Elle était en vie, debout, au centre d'un champ de bataille où bien des corps auraient pu s'entasser. Triste décor pour une drôle de journée.

Elle voulut parler, inquiète de ne voir autour d'elle ni son capitaine ni son éphémère alliée cachée. Tout autour d'elle était devenu fumée, et de sa bouche aussi sortait l'épaisse nuée. Elle porta les mains à sa gorge, paniquée, mais de ses doigts le gris était né. Elle hurla, se débattit, implora les Douze jusqu'à l'aphasie. Mais aucun d'eux ne lui répondit et Tiphaine demeura enveloppée de gris. Sa chaire semblait fondre, et la mélasse se doublait de visions troubles de ses êtres chers. Qui violait ainsi son esprit et son corps, qui pouvait prendre le contrôle du contenu comme du contenant ? Pillés les souvenirs d'autrefois, les sourires et les larmes, les soupirs et les armes. On l'avait trouvée, pénétrée, déchiffrée. Plus rien n'était à elle seule. Elle portait en elle ce qui l'avait choisie. Ce qui se débattait sous ce panache de gris.

Ses gesticulations ne firent qu'amplifier le phénomène. Bien vite, la fumée enveloppa ses deux compagnons toujours près d'elle accroupis. Et enfin elle les vit. Derrière cet opaque rideau gris, elle pleura à chaudes larmes. De ses larmes même la fumée jaillit.

- Put' d'expédition je... J'sais pas ce qui m'arrive mais y'a un truc qui m'a touché et... J'ai du mal à le contrôler mais au moins on doit être cachés...

Elle ferma les yeux et un petit espace de vide se fit autour d'eux. Elle regarda Lawrence. Elle le revoyait la nourrir de paille, dans cet étrange interstice du temps où elle avait glissé. Elle revit les tours de Dainsbourg, l'orage titanesque. Elle comprit alors que les Douze ne lui répondraient plus. Voilà longtemps qu'ils étaient hors d'atteinte de leur miséricorde.

- Dainsbourg est pas loin mais... On sera probablement crevés avant.
Jeu 26 Jan - 14:39
Éole ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose ne tournait pas rond. Dans les attitudes comme dans les regards, ses trois compagnons montraient des signes d’agitation plus ou moins visibles, probablement en réponse à des manifestations qui l’affectaient peu. Sa sensibilité au moment présent, que l’on pourrait plutôt qualifier de « prudence » ou de « nervosité », lui permit d’assister à ce qu’elle redoutait tant, et ce aux premières loges.
Avec une froideur saisissante, les soldats épistotes braquèrent leurs armes sur le groupe. L’instant d’après, une explosion brève mais redoutable la secoua de tout son corps. Une arme à feu. Une arme à feu pointée sur nous. Sur moi. Un canon portable à la puissance mortelle. Un couloir glacial hors du temps, où un nombre incalculable de pensées se bousculent pour animer des muscles tétanisés, une volonté paralysée. L’horloge du temps semble fonctionner au ralenti. Tic. Nous y sommes. Tac. Le piège se referme. Tic. La proie est immobilisée. Tac. Je vais me prendre une balle aussi.

Éole regarde la scène avec stupeur, observe Amir tomber à genoux et hurler. Elle s’attendait à ce que cette aventure dresse des obstacles mystérieux, des créatures bestiales affamées, des abominations hybrides qui lui retourneraient le ventre. Non, au lieu de ça, ce sont des humanoïdes civilisés qui constituent la véritable première menace. Dans un mouvement rapide et fluide, la bretteuse dégaine sa rapière et se met en garde, avec la curieuse impression que cette posture défensive ne lui sera pas d’une grande aide : elle doit combler la distance qui les sépare, ou se cacher pour éviter que d’autres projectiles ne l’atteignent, elle.

Sans crier gare, une attaque mentale la surprend et la fait tituber. Une image se dessine dans le néant, prenant finalement la forme et l’apparence d’un Capitaine Lawrence rassurant, bienveillant et bienfaisant. Face à cette perte de contrôle étonnante, la citoyenne de Xandrie assiste à la vision en étant spectatrice, jusqu’à ce que les choses reviennent progressivement à la normale et qu’un paysage désolé, auparavant dissimulé par le brouillard, ne soit mis au point et accepté comme vérité par ses sens. Là, au milieu du décor à peine reconnaissable, un colosse domine les environs avec en toile de fond la cité en ruines de Dainsbourg : ses dimensions vertigineuses, inimaginables, laissent la jeune femme bouche bée, tant le rapport de taille est déséquilibré. Dans sa contemplation d’une légendaire et majestueuse créature toute puissante, Éole relâche la pression sur la poignée de son arme, qui tombe et heurte le sol sans faire de bruit.

Un nouveau coup de feu la ramène à la priorité du moment, à savoir survivre à l’assaut de l’escouade épistote. Elle se jette au sol, récupère sa rapière et regarde autour d’elle pour prendre une décision, trouver une réponse à la question : que faire en pareille situation ? Toujours en une fraction de seconde, elle constate que trois options s’offrent à elle. Elle pourrait foncer sur les gardes et les attaquer, mais elle risquerait de se faire abattre avant même de les atteindre. Une autre possibilité consisterait à se cacher, mais où et pour quoi faire ensuite ? Si tout se passe bien, elle devra s’expliquer sur sa couardise, et dans le pire des cas, elle sera éliminée dès qu’elle sortira de sa cachette. Enfin, elle pourrait également fuir… et exposer son dos à des tireurs heureux d’avoir une cible facile. Le genre de propositions que l’on commente en faisant une moue éloquente.

Amir, transformé en reptile de trois mètres de haut, se rue sur les cinq soldats. Ignorée jusque-là, Éole se jette à l’eau et lui emboîte le pas, décidée à utiliser comme bouclier la stature impressionnante de l’aramilain sous sa forme bestiale. Bien qu’invraisemblable, l’initiative se révèle payante et elle arrive au corps-à-corps avec l’envie d’en découdre. Elle fait appel à ses souvenirs récents d’entraînement pour adopter la bonne posture et attaquer. Rassemblant son courage et son explosivité, elle bondit sur un tireur légèrement en retrait dans une fente peu académique mais franche. La protection du soldat absorbe la première attaque à la poitrine sans céder. Pour autant, un léger mouvement de recul indique à la jeune femme que son coup l’a ébranlé. En un battement de cils, elle assène un autre coup au bras du soldat portant l’arme, mais le manque de puissance combiné à la robustesse de l’armure n’inflige, là encore, pas vraiment de dégâts. Entravé par la proximité de son opposant, l’épistote masqué ne parvient pas à cibler Éole, qui finit par se jeter sur le soldat et tente de le désarmer à mains nues. L’effet de surprise lui donne un avantage temporaire, mais la rage déployée est loin d’être suffisante pour prendre l’ascendant et le mettre hors d’état de nuire. Dans la mêlée, son adversaire retrouve sa contenance, repousse la jeune femme sans ménagement, et l'envoie valser d'un coup de crosse bien placé. Éole gémit. Avec l'impression d'avoir reçu un coup de poing monumental, elle atterrit face contre terre, le visage en feu, étourdie.

Derrière elle, le soldat épistote jure. Elle s'attend à être exécutée à tout moment.
La respiration sifflante, elle tente de se relever au prix d'une atroce souffrance.
Elle a besoin d’aide, et vite.
Sam 28 Jan - 0:07
Jeleb sentit une vague affreuse en lui, aperçu d'un océan d'émotions répugnantes. Ses instincts prirent le relai presque immédiatement, et dans un souffle brutal sa longue silhouette décolla, presque à la verticale, laissant le reste du groupe se perdre dans le brouillard au dessous. On ne vivait pas des siècles en se jetant bêtement dans le danger. Son esprit s'éclaircit suffisamment pour entendre les bruits d'un conflit, encore un, ouvrant la porte aux hypothèses les plus funestes. Des morts, déjà ? Ses yeux se fermèrent.

En allant toujours plus haut, le sifflement du vent à ses oreilles s'intensifia au point de masquer les quelques cris en contrebas. Toutes les bonnes pensées ne suffiraient pas à éviter des pertes, et Jeleb n'en avait même pas. Les plongées dans la Brume n'étaient jamais des plus aisées, mais la violence avec laquelle on semblait leur faire comprendre que leur curiosité se trouvait, ici plus que jamais, très mal placée... Voilà qui faisait revoir les considérations plus aventureuses. Comme pour en attester, une vibration profonde résonna, sans que l'on puisse clairement en déduire la provenance.

Pourtant ce grondement fut ce qui fit ralentir l'élémentaire, dont l'ascension ralentit, de plus en plus, jusqu'à le laisser suspendu dans les nuages l'espace d'un instant, son sombre regard tourné vers les pensées qui agitaient la matière derrière ses paupières closes.

- Les désirs de tous se tournent vers toi, pourtant tu te dérobes et tu nous fuis, tu te voiles de mille gouttelettes...

La Brume saurait se montrer patiente un autre jour, et Jeleb aussi. l'heure n'était plus à la timidité, et bientôt sa descente s'amorça, plus rapide encore que sa fuite précipitée, une chute tout juste contrôlée dans sa trajectoire. Ses yeux percèrent le couvert des nuages assez pour voir le reste de leur groupe, comme on pouvait le craindre, pris dans une échauffourée avec les soldats epistotes, tout sauf amicaux. L'élémentaire n'aurait pas l'occasion de faire dans la dentelle. Juste avant l'impact avec le sol, son entier se fit bourrasque puissante, sans préavis aucun.

Un très court instant, à peine le battement d'un œil, mais le souffle aurait la force de projeter la majorité des belligérants, alliés comme ennemis, de mettre une pause brutale dans cet échange qui ne semblait pas tourner à l'avantage des explorateurs. Alors que la longue silhouette reprenait forme, cependant, deux constats s'imposaient. La confusion ne durerait pas longtemps, et son apport martial ne serait guère plus grand passé l'effet de surprise, aussi Jeleb se mit presque aussitôt à courir dans une trajectoire oblique à ce qu'il voyait des soldats, sur leurs pieds ou non.
Dim 29 Jan - 0:18



Nous voici planqués dans les fougères avec Percéphale.
La tritonne s’inquiète, à raison. Toph est renseignée sur la nature de mon arsenal, mais ce n’est pas son cas. J’ouvre la bouche pour lui faire le topo : peut-être la rassurer un peu sur le fait qu’aucun de mes outils n’est susceptible de provoquer (directement) l’ire de la créature, mais...
Tonnerre de Brest ! m’exclamé-je tandis que le monde se retrouve brutalement noyé sous les éclairs.

...okay, en fait, j’ai rien dit.
Je viens peut-être de gravement me planter.
En catastrophe, nous nous aplatissons tous les trois dans les herbes fauves.

C'est un sacré coup de bol si on ne se fait pas fulgurer le derche.
Tandis que la foudre danse la gigue au-dessus de nos têtes, essayons de faire le point sur ce qui s’est passé...

Le titan s’est arrêté.
Dans un grondement bestial, la tempête électrique a explosé dans les nuées.
Non, plus qu'un grondement, c'était...
Un mugissement, plutôt ? L’espace d’un instant, j’ai l’air assez perplexe.
Fronçant les sourcils, je relève le regard sur la créature qui émerge du rideau de Brume carbonisé.

Sacrénom d’une pipe, Mireille ! C’était toi ?


***


[Event] Le fleuve HloVyn8

Est-ce que je l’avais déjà compris ?
Cette relation antagoniste entre la Myste et la Brume ?
Non, mais l’intuition d’un explorateur spectral doté de deux cent années d’expérience n’est pas à prendre la légère.
De seconde en seconde, ce spectacle phantasmagorique prend davantage de sens.

Pourquoi cette attaque soudaine de la Brume ?
Sa réaction avait été si épidermique, consistant à couler directement nos embarcations, et plusieurs vies d’exploration m’avaient appris qu’elle ne lançait que rarement d’assauts aussi directs. De plus, si elle nous avait réellement voulu du mal, pourquoi étions-nous saufs ? A l’exception de Mireille, qui avait tout bonnement disparue.

Elle manifestait ici un comportement étrange, et je croyais en déceler le dénominateur commun.
Après tout, la dernière curiosité en date, à savoir le déluge foudroyant, avait été provoqué par... une balle infusée de Myste.

Héhé...

HAHAHAHAHAHAHAHA !

Un rire enfantin éclate dans les tréfonds de mon âme tandis que la Brume hurle et convulse sous l’action de l’électricité. Ou du Myste. Ou peut-être des deux.
En mon for intérieur, je me moque de l’entité toute puissante tandis que je constate qu’elle et moi, nous partageons la même faiblesse.

Je dissimule mon rictus derrière la main du Capitaine ; je sais précisément ce qu’elle ressent.
Autrefois, il m’a fallu plusieurs dizaines d’années pour que la souffrance s’estompe et que mon membre commence à se reformer, après que le tir tesla d’une arme Opalienne m’ait foudroyé le bras.


***


Me voilà bien, doté d’une vache électrique de 50m de haut.

...comment je vais la nourrir, maintenant ?
Bon sang, je suis déjà en train de m’imaginer venir déverser périodiquement plusieurs centaines de tonnes de foin dans le Pays de Dain. Le coût de revient me paraît astronomique ; cette expédition a vraiment intérêt à me rapporter gros...
...autrement, cette vache va me mettre sur la paille.


***


[Event] Le fleuve VW2Phqm


Le bombardement de foudre a des conséquences hasardeuses, parmi lesquelles : Tiphaine est touchée par une nébula et devient instantanément une chiffe-molle.
Dainsbourg est pas loin mais... On sera probablement crevés avant.
Ses geignements me font lever les yeux au ciel.
Écoutez-vous parler, Sterling, ricané-je. On dirait m’sieur Patipoton.
Pas sûr qu’elle apprécie d’être comparée à notre recrue la plus incompétente (dactylographe Xandrien de son état, c’est une loque bouffie aux petits doigts en forme de saucisses que le Guet aurait arrêtée pour détournement de fonds ; un vrai poids mort ; sa survie en expédition relève du Miracle des Esprits). Espérons que ça lui fasse un électrochoc de réaliser qu’elle est le maillon faible de notre équipée car je n’ai pas le temps de la materner. La partie ne cesse de se complexifier et le mastodonte électrique qui se dresse sur notre chemin requiert toute mon attention.
Je demande à Percéphale de bien vouloir ramener mon maître d’équipage auprès du reste du groupe.
Inutile que vous restiez dans les parages si elle me pulvérise par mégarde, pas vrai ? dis-je en désignant Mireille du pouce.

Quittant notre cachette, je me dirige vers la vache géante.

Bon, voyons voir c’que ça donne... Je concentre ma voix dans mon cristal d’Audiokinésie. La gemme fermement serrée dans mon poing s’anime d’une énergie pulsatile tandis que j’accrois le volume, à répétition, avant de lancer ma bombe sonore en direction du ciel, vers la tête de la vache géante.
Mon message magnifié par Audiokinésie explose dans ses esgourdes.

MIREILLE ! APPROCHE MA BELLE !

Est-ce que ça va suffire pour attirer son attention ?
Sculptant les mélodies par la pensée, je creuse un sillon dans l’air et laisse s’écouler la musique de mon radiocassette vers son crâne. Après des semaines à cheminer ensemble en chanson, il y a des chances qu’elle se souvienne du petit air d’accordéon que je lui projette directement dans la cervelle.

Et maintenant, va-t-elle me suivre ? Il y a intérêt, car je ne vais pas avoir assez d’énergie pour procéder à plusieurs tentatives. Après le tir au Nascent et la Bombe Sonore, l’endurance du Capitaine vient d’en prendre un sacré coup. Ses mains sont prises de tremblements, des taches de couleur pourpres viennent saturer mon champ de vision ; le corps du vieux marin a vécu 61 ans sans jamais établir le moindre contact avec les artefacts des anciens, il n’est pas habitué à la charge mentale qu’ils provoquent.

Appâtant l'animal avec ma musique, je tâche de rebrousser chemin, avec un temps de retard sur Toph et Percéphale.
Difficile de savoir si Mireille va m’obéir. Même avant sa transformation, elle n’a jamais été très futée, comme bestiau.
Je vais tâcher de la ramener avec moi, essayer de l’amadouer, mais si elle ne me suit pas, ça ne pose pas vraiment de problèmes (tenter de l’inclure à notre petite expédition pourrait également se révéler périlleux, après tout, elle pourrait nous marcher dessus ou tous nous fulgurer la tronche en lâchant un pet par inadvertance).

En plus, maintenant, je sais où elle est.
Et grosse comme elle est devenue, je ne risque plus de la perdre, ma vache.
Sacrée Mireille, va.

Hérault du tonnerre et brouteuse de Brume.
Mireille, au Mugissement Foudroyant.

[Event] Le fleuve WCqxpZz

J’ai r’trouvé ma vache.


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