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Toi et moi, passant une chouette journée

Toi et moi, passant une chouette journée Brandw10
Lun 8 Mai - 11:34
La machine raconte une histoire tordante : quand je lui ai donnée une âme à broyer, elle l'a avalée de travers, digérée n'importe comment puis l'a chiée mou, c'est ce qu'on appelle faire un "caca de Brume". Victime de diarrhée fulgurante, ma broyeuse à âmes a ensuite pris feu, et maintenant la voilà hors service en train de pisser du Myste gâté partout. En compagnie de ma fidèle assistante, je passe la serpillère magique dans mon atelier ravagé, et je grommelle.

Sapristi hein !

Toutes les opérations matinales ont foiré, la ca-ta-strophe totale, je te ra-con-te pas le dawa. Et puis, ce midi, j'ai découvert qu'il ne me restait plus de champignons catapultes à cerveaux, et que tout mon stock de tablettes d'acides de recherche avait été grignoté par des rats, tous tombés raides morts après le meilleur trip de leurs vies.

Enculés hein !

Y a des jours comme ça où tu aurais préféré n'avoir jamais existé mais Ratamahatta (moi) pense qu'une journée minable, ça reste une journée vécue, et qu'une journée vécue, c'est mieux qu'une journée à rien branler dans le néant, à ne pas exister du tout et donc à ne rien branler. Ratamahatta (je) est le petit prince des transformations, capable d'alchimiser une journée merdique pour la changer en teuf inoubliable, j'ai envie de me déhancher et de convulser sur un dancefloor. Mais lequel ?

Vilaine, mon assistante, m'interpelle depuis l'autre bout de l'atelier.

" R ! Zut, R ! Votre cafetière sorcière aussi a eu un court-circuit. Elle a fondue, on dirait une sorte de cake trop cuit. "

Oh bah ça alors non ? Pas ma cafetière sorcière quand même ? Y a des jours où il vaut mieux être mort qu'en vie non quand même ?

" Trop c'est trop, dis-je en déboutonnant ma blouse de laboratoire, afin d'aérer mes pectoraux.
Trop c'est trop, dis-je, je jure que s'il nous arrive encore une tuile avant la fin de la journée, je compresse Epistopoli dans une tête d'épingle pour la changer en trou noir, puis je me la mets dans le cul,
Trop c'est trop, dis-je, on va organiser une petite fête pour se changer les idées. D'accord ? "

Mon assistante de laboratoire, Vilaine, me rejoint. Fixement, elle me regarde de ses huit grands yeux rouges, un sourire naissant sur ses lèvres poilues. Elle comprend où je veux en venir.

" Tu sais de quoi on a besoin ? D'un invité spécial "

La curiosité monte dans les yeux composés de Vilaine, elle commence à bourdonner d'excitation.

" Cherchons un invité spécial, oui
- Mais tous les copains sont déjà super spéciaux ? Comment trouver plus spécial ?
- Chercher un invité spécial qui serait différemment spécial
- Dans la basse-ville ?
- Dans le quartier. Y a pas besoin de partir dans la galaxie d'à côté pour trouver des aliens
"

Je veux un alien beau, drôle, amical ; vaguement perdu, par exemple, faudrait qu'il lui manque une partie de son cerveau, ou bien qu'il soit brisé ou malheureux. Je veux un alien drôle et malheureux.

" Un alien clown triste. Tu vois le profil ? Tu me sonnes si tu en dégotes un de ton côté. Va rameuter la bande.
- On fait la fête où ?
- Dans mon labo. Fallait que je le rénove de toute façon, alors autant tout cartonner une fois pour toutes, et alors ensuite je reconstruirai sur des bases saines
- On finit pas de nettoyer au moins ? Les gens vont se péter la gueule s'ils glissent sur du Myste et ils vont mourir peut-être.
- Je veux pour ma fête un cadre à l'hygiène douteuse, de la musique pour cuire les oreilles, des invités drôles et malheureux, un parfum de fin du monde, et dans deux ou trois semaines quand la fête sera finie alors nous serons tous soit morts, soit déments, et tous purifiés
- Wow vous devez être super en pétard monsieur R ! Le programme a l'air génial, j'en frétille, regardez ! Ben je vais vous assembler tout ça. Je file prévenir la Tête, Zizi, Bagnole, le Crotale Fou, et tous les autres ! On va vous trouver un invité spécial !
"

Lorsqu'une fête de R se prépare, la nouvelle circule à une vitesse supérieure à celle de la lumière... car l'appel du Fun traverse instantanément les murs, le ciel, l'espace noir, et les coeurs ; et on se retrouve avec un quartier entier prêt à s'enflammer des jours durant, tandis que mes amis monstres sortent de leurs cachettes en dansant.
Mer 7 Juin - 0:32
Wilhelm avait été autrefois un brillant employé d’une compagnie d’assurance épistote. Employé modeste, mais travailleur, il avait toujours désiré montrer ce qu’il pouvait faire pour l’entreprise et son historique professionnel était véritablement remarquable. Cependant, son manque de caractère et son air quelconque s’étaient toujours mis en travers de sa route, ce pourquoi il avait cherché à devenir plus que ce qu’il était. La drogue, les augmentations, il devint de plus en plus misérable jusqu’à ce qu’il rencontre R.
R lui avait promis que sa vie changerait, que son véritable lui ressortirait et qu’il se sentirait libéré.

Ce qui le fit se sentir d’autant plus pathétique quand les phalanges d’acier de l’OAP s’enfoncèrent dans son abdomen duveteux. Les plumes violettes volèrent tandis que leur propriétaire était catapulté dans les planches derrière lui. Wilhelm n’eut pas le temps de se relever que la machine empoignait déjà son long cou, lui faisant échapper un couinement qui illustrait l’origine de son nouveau surnom à la perfection.

« Suspect appréhendé, procédez à l’interrogation, agent Bernardo. » ordonna la voix synthétique de Hrodland.

Le dénommé Bernardo rangea sa matraque et dégaina un calepin de sa poche pectorale. Son visage était crispé et écarlate, et on voyait par moments l’extrémité de ses lèvres remonter furtivement avant de parvenir à se maîtriser.

« Très bien… je… monsieur Pouic krkrkrkrkrkr. »

Un agent de terrain terrassé par l’effet comique d’un homme-poulet violet surnommé Pouic parce qu’il produisait le fameux son quand on lui appuyait dessus. Hrodland n’en revenait pas. Sa poigne se raffermit autour du cou du pauvre mutant qui commençait à suffoquer. Le regard écarlate de l’automate se dirigea lentement vers l’agent Bernardo qui perdit son sourire et déglutit longuement avant de se saisir fébrilement de son stylo.

L’interrogatoire prit moins d’une dizaine de minutes. Pouic cracha très vite le morceau dans une symphonie de bruits ridicules qui donnèrent plusieurs fois envie à l’OAP de rompre son cou d’une pression de sa main. Les trois jours d’enquête au milieu de la cacophonie de mutants dansant dans des ruelles crasseuses et saccageant tout ce qui se trouvait dans le quartier venaient de prendre fin. Pouic leur indiqua la direction du lieu de la fête, un vieux sous-sol transformé en labo clandestin d’où sortaient régulièrement de nouvelles abominations de la nature resculptées par des méthodes totalement illégales. Plusieurs mutants énormes trainaient devant l’entrée, tout autant hypnotisés et euphoriques que le reste des fêtards, mais Hrodland et Bernardo préférèrent mobiliser une petite escouade d’intervention assez largement équipée pour arrêter tout le monde si ça dégénérait.

Les agents se mirent en place sur les toits, fusils de précision à la main. On envoya un policier en équipement de patrouille toquer à la porte du labo tandis que Hrodland entrait dans l’appartement délabré du dessus, scrutant le chaos répugnant qui régnait en bas à travers les espaces entre les planches arrachées du parquet.

« Méga-fêtard à Invités surprise, je rejoins la fête. » grésilla la radio de Hrodland.

« Bien reçu Méga-fêtard, Copain sobre est à la contre-soirée, il vous raccompagnera si vous buvez trop. Confirmez, Copain sobre. »

« Copain sobre, bien reçu, confirmez Méga-fêtard. »



Silence radio. Un éventuel grésillement de temps à autre mais aucun mot ne fut transmis de la part de Méga-fêtard à ses coéquipiers.

« Merde, le sous-sol doit isoler les ondes. Copain sobre, un visuel ? »

Hrodland chercha l’agent depuis sa cachette avant de se résoudre à manifester de son bras un tentacule métallique se terminant en un capteur visuel semblable à ceux placés sur sa tête. Le troisième œil se glissa dans un trou et put observer la fête plus librement, identifiant plusieurs mutants déjà connus des forces de l’ordre ainsi que l’agent qui se faisait pousser d’une manière un peu trop confiante par un homme-ours mutilé de toutes parts accompagné d’un… type avec un pied géant à la place des jambes. Ils se dirigeaient vers une sorte de… cheval avec une queue de paon ? Hrodland enveloppa son corps d’une couche additionnelle de blindage, se préparant au combat.

« Méga-fêtard en visuel, il parle avec le patron visiblement. On se tient prêts si ça dégénère. » prononça Hrodland.


Dim 11 Juin - 20:37
Vous m'apportez quoi. Un type ? Tu sais qu'il a le parfum de la loi, ce type ? Tandis que j'essaye de le regarder, il se découpe en milliards de fractales noires. Voyant que ma cervelle n'arrive pas à bien encaisser ce phénomène, je me reglisse quelques cristaux de Myste dans les nombreuses plaies qui arpentent mes gencives -ah ! Quel coup de fouet ! Hue dada ! Pas vrai ?

- R, regarde.
- Ce petit mec a toqué à la porte pour rejoindre la fiesta.
- Tout seul.
- Tout seul. Il dit qu'il veut rejoindre.
- Nous on est sûrs qu'il vient tout gâcher.
- Il. Va. Tout. Gâcher.

Il tremblote, le pauvre, terrorisé par Nounours et Patte folle... Il a froid, c'est pour ça. On se gèle les couilles ici, mais ça vient sûrement du fait qu'on est tous quasiment a poil et que nos vaisseaux sanguins sont horriblement dilatés.

Attirés par l'attraction, les copains de l'atelier se rapprochent de nous. Ils se demandent de quel droit un petit bonhomme aussi normal, aussi ennuyeux, s'est permis de poser une patte dans l'antre de R. Contrairement à ces grossiers personnages, moi, je ne le juge pas ! Je veux pas savoir qui il est, ni ce qu'il fout là, ni même s'il me veut du mal. Moi je veux juste savoir son groupe sanguin, c'est important eh oui quand j'injecte ma potion magique.

- Je... venais voir la fête, m-monsieur... madame ? Euh... on m'a d-dit que c'était génial.
- Génial ? C'est une blague ?
La fête joue de nous,
que j'affirme en lui montrant que lorsque je tire sur ma peau flasque elle vibre comme si on soufflait dedans, Nous sommes les instruments de la fête et elle jouera de nous encore et encore, et quand on sera trop usés, ce sera dans la benne que nous finirons.

Je lui chatouille la glotte tandis que nous parlons ! Mes doigts sont suffisamment longs pour explorer sa bouche, et vérifier s'il n'y aurait pas quelques mensonges coincés sous sa langue ? Je les retire, surpris, car je n'en ai trouvé aucun ? Est-ce que ce petit homme puant serait de bonne foi ? Mais non, quand même pas ? Il sent à plein nez l'atroce fumet des zozos epistotes à képis ?

- Non ! Je... vais repartir ! Désolé pour le dérangement. Je repars tout de suite. Je...
- Je vais t'inviter
Une invitation officielle et chaleureuse de Ratamahatta, à rejoindre la fête éternelle et à faire naufrage avec nous
Le doux naufrage dans nos cotoneuses abîmes !


Comprenant mon intention, mes loustics attrapent le nouveau-né, nous allons l'éduquer selon la tradition. Ils lui injectent aussitôt l'anesthésique artisanal de bibi, qui projette illico presto dans un sommeil noir et profond. Il a même pas le temps de crier.

- Laisse toi aller, tu te réveilleras dans le rêve

J'ai une idée claire du corps que je vais lui peindre. Il m'a suffit de me plonger dans les fractales dont mes yeux sont actuellement envahies, un gouffre infini d'inspiration dans lequel je me suis jeté, émerveillé. Vilaine se ramène, excitée comme la petite puce qu'elle est, déjà prête à préparer ma toile, elle me mate et se rend bien compte que je suis en phase d'inspiration, et que quand ça voudra sortir, ça sortira DUR et ça en foutra PARTOUT. Elle est impatiente de m'assister dans l'opération.

Je dois peindre un amalgame grandiose de confusion et de rire, quelque chose qui fasse honneur à mon défunt labo qui m'a ouvert à des centaines d'heures de jouissance artistique et de prouesses scientifiques.

Et puis.
PATATRAS.

SOUDAIN, je bondis de surprise en henissant comme une tarlouze ! Dans un énorme barouf, un citron gigantesque vient de traverser le plafond, venu se planter tête la première dans une flaque de Myste froid, dans un boucan infernal ! Regarde, non mais regarde, ce citron géant a carrément fissuré le bitume en se cassant la gueule ! J'en ai le coeur tout frétillant, quel putain de délire ! Oh la la la la la putain de bordel, putain de mince !

- Très belle impro, j'ai sursauté
C'est la première fois de toute ma vie que je sursaute, sans rire
Regardez comme je tremblote !


Qu'avons nous là ? Une sorte de citron vert gigantesque, j'écoute ses odeurs métalliques. Ça se relève subitement en grinçant, oh ! C'est méchant ! C'est agressif ! Mes amigos larguent aussitôt leur première prise par terre, et encerclent en hurlant le nouvel invité surprise. Tu pardonneras les réflexes peu commodes de mes videurs : afin d'accélérer leur réactivité lorsqu'il s'agit de protéger ma fiesta, je leur ai offert de nombreux lots de sucre non-euclidien, une poudre miraculeuse que tu t'enfonces dans les oreilles et qui te rend vaillant et violent.

Si je laisse toute cette violence dégénérer, je n'aurai même pas le temps de rigoler un peu avant de me faire décapiter et transformer en trophée funky par ce gros citron.

Alors, dans ma grande sagesse, je m'emploie tout de suite à pacifier tout ce beau monde.

- Y a pas lieu de s'exciter, tu sais
Tu veux pas baisser ces vilaines griffounes et discuter avec moi ?
Comment tu t'appelles, mon grand citron ?