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[Requête] Les meurtres du sous-bois

[Requête] Les meurtres du sous-bois  - Page 2 Brandw10
Mar 12 Déc - 12:01

Heu...

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Par les aléas de la nuit, le groupe était désormais séparé. Chacun vaquait alors selon ses propres intérêts ou occupations en fonction de sa situation. Certains étant dans une situation plus agréable que d’autres…

BRANCHE AZUR

Azur, l’assassin royal, avait décidé de défier ce monstre à la nature inconnue, bien que l’hypothèse qu’il soit une horreur née du pouvoir d’animation d’une personne particulièrement douée devenait de plus en plus plausible.

Par sa prudence, bien qu’il prend quelques risques, le xandrien comprend rapidement que ce monstre de nature liquide demandait pour le battre une stratégie bien particulière. Il fallait contre lui prendre les mêmes mesures que contre un élémentaire de type intangible tel que les élémentaires d’eau ou d’air. Tant que l’on ne comprendrait pas les failles de l’élément qui le composait alors ce genre de monstre était littéralement immortel.

En soit, la stratégie de l’assassin d’éponger le monstre à l’aide de tapisserie pouvait être bonne, mais malheureusement pour lui, elle était insuffisante et cela pour deux raisons. D’une part, car la quantité d’encre était nettement supérieure à ce que le tissu pouvait absorber, d’autre part car même si cela ralentissait le monstre, il pouvait récupérer l’encre absorbée par un contrôle renforcé sur cette dernière.

A vrai dire, cela était désormais évident, il n’existait que deux moyens de le battre définitivement. Il fallait soit réussir à l’enfermer pour qu’il ne puisse pas ressortir comme c’était le cas pour la tapisserie, soit trouver un moyen de lui faire perdre le contrôle de son organisme en utilisant les propriétés de l’encre et les règles du pouvoir du monstre.

Quoi qu’il en soit Azur ne pouvait pas immédiatement réfléchir, le monstre ne lui en laissant pas le temps. Au moment où le xandrien avait écrasé le monstre sous la tapisserie, une partie de l’encre avait été éjectée vers l’extérieur sous le choc.

A l’instant même où Azur surfait sur le monstre et le tapis, des aiguilles d’encre solidifiées traversaient le tapis de part en part avec la volonté de charcuter l’assassin. Heureusement pour lui, il avait eu la présence d’esprit de rester debout plutôt que de s’allonger, néanmoins il avait intérêt à bouger ses pieds très vite s’il ne voulait pas savoir ce qu’avait ressenti le Christ lorsque l’on avait cloué les siens.

De plus, les problèmes étaient loin de s’arrêter ici, la partie de l’encre éjectée sous l’écrasement reprenant la forme du monstre en plus petit avec la ferme intention de fondre sur l’ennemi.

C’est alors qu’une nouvelle personne apparaissait dans le couloir…

BRANCHE LAN-LAN
Après avoir reçu le témoignage de la comtesse, l'empoisonneuse avait décidé à son tour de partir en exploration. De bonnes grâces, la vieille dame avait décidé de rester là, il fallait dire que les cris ne l'encourageaient pas à faire l’inverse.

A mesure que la noble avançait, elle entendait de plus en plus de bruit, un véritable refus, tout cela pour finalement tomber nez à nez sur Azur en plein dans son combat contre le monstre d’encre. La version plus petite du monstre qui jusqu’ici avait l’intention de dégager Azur pour libérer celle dans le tapis se retourna subitement vers la xandrienne, l’ayant déja repéré depuis longtemps via ses capacités sensorielles.

Puis sans vraiment hésiter, elle délaissa Azur pour foncer sur Lan-Lan. L’assassin était difficile à tuer avec ses pouvoirs, le monstre avait l’intention de se débarrasser d’abord de ceux qu’il estimait être les plus faibles.

BRANCHE KESHA - VLADIMIR

TW : Violence:

Où va ta loyauté ?
Où va ton coeur ?
Vont-ils dans la même direction ?


Au moment même où le duo faisait un pas dans la pièce, la bouche du majordome s’ouvrit de manière mécanique grâce aux fils, révélant un hologramme qui s’activant, dévoila une ombre à forme humaine.

Celle ci se retourna alors vers la porte avant de saluer le duo d’un signe de la main.

Coucou ?

J’imagine que vous êtes un peu surpris. C’est tout à fait normal, il ne faut pas avoir honte. Ce n’est qu’un jeu.. Amusez vous !

Comme vous vous en doutez, je suis la personne qui en veut à votre protégé… Enfin… puisque vous êtes si nombreux à vouloir m’attraper, j'accepte le défi. Je tuerais tout le monde dans ce manoir, un par un et tous d’une manière différente, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne. Inutile donc de vous borner à une seule personne car vous êtes désormais également mes cibles.

Mais bon… ce ne serait pas drôle si vous n’aviez aucune chance donc je vous donne un indice. Je suis parmi les 12… enfin 11.. trouvez moi avant que je vous trouve et vous aurez peut-être une chance…

Salut !


L’holographe s’arrête.

Vraie provocation, mensonge, coup monté, à vous de deviner...

Jeu 14 Déc - 22:46

Histoires de fantôme

On n'est jamais seul la nuit


Crack. Crack. Crack… Les bruits de ses pas faisaient grincer le vieux parquet de bois, laissant dans son sillage le lugubre croassement des planches de bois. Dernier rempart auditif - heureusement, sans quoi ce silence de mort aurait été étouffant. Il usait déjà les nerfs de l’héritière qui marchait dans la semie pénombre depuis quelques minutes. Curieux, la taille de cette bâtisse… Elle aurait juré à vue qu’elle était plus petite. Mais le couloir qui s’étendait sous ses yeux avec une décoration pittoresquement gothique semblait lui donner tort. A chaque fois qu’elle avançait le pied, elle commençait à regretter amèrement d’avoir laissé la comtesse. A ce stade, elle aurait bien pu partager son lit, et elles se seraient réveillées fraîches comme la rosée du matin après une bonne nuit de sommeil à ne penser à rien d’autre que compter les moutons.

Si elle s’était armée de courage quelques minutes plus tôt, elle en menait bien moins large, éclairée par quelques chandelles qui illuminaient le chemin. Maigre consolation quand les quelques choses qu’elles éclairaient étaient des peintures sinistres, des meubles de bois sombres, de vieilles tapisseries puantes et des têtes d’animaux morts. Charmant…
Malgré cela, Lan-Lan n’en était pas moins déterminée. Il en fallait plus pour atténuer le feu qui la consumait, à présent, et lui imposait d’aller toujours plus loin. Comme un immense puzzle, une partie d’échec macabre, elle avait la furieuse envie d’en savoir plus sur le coupable et d’enfin pouvoir le démasquer. Les questions tournaient dans son crâne de spinelle, invoquant visages et hypothèses sans vraiment percer le mystère.

A vrai dire… Plus elle retournait le problème, et plus certains suspects s’avéraient… Probables. Le père, d’abord, qui voudrait se débarrasser d’un enfant qui n’était pas le sien et tâchait son nom. La fille, ensuite, jalouse de ne pas hériter du nom et du domaine, à jamais deuxième derrière un bâtard fait roi.
Et… Non, c’était incongru. Et pourtant… Lan-Lan se pinça la joue avec ses joues, jouant avec le peu de chair qu’elle parvenait à trouver. Xi Ming… Il paraissait la parfaite victime, depuis son arrivée il n’avait jamais semblé être autre chose qu’une petite chose fragile et faible. Insoupçonnable… Peut-être un peu trop. Elle ignorait si c’était l’obscurité ou la nuit qui lui jouait des tours, mais la poupée xandrienne commençait à voir en Xi Ming un potentiel coupable. Pourquoi ne pas feindre sa propre mort, après tout? Il n’avait pas l’air d’avoir l’étoffe d’un dirigeant, et ne respirait pas la dignité. Sa disparition arrangerait tout le monde - et lui offrirait peut-être des perspectives de renouveau, quels que soient ses véritables désirs.

Elle arriva au bout du couloir, commença à descendre un escalier, quand elle fut attirée par des bruits soudains et brusques. On chahutait quelque chose non loin - redressant les oreilles, elle sentit la pression sur son ventre du reptile qui resserrait son étreinte - sans doute l’origine de ce qui l’avait tant troublé.
Comme par magie, toutes craintes s’envolèrent pour lui permettre de franchir les quelques mètres de pénombre qui la séparait du spectacle.

Et quel spectacle!

Geralt…?” Son sourcil se souleva. “Votre soirée est bonne?

Devant elle, face à ses yeux ébahis, le notable aux cheveux de suie se tenait debout, tant bien que mal, chevauchant une carpette maculée d’encre et curieusement animée, une cavalcade entre gloire et grotesque, éclairée remarquablement par quelques bougies - pour le pire ou le meilleure. C’était donc à ça que s’appliquait son comparse pour protéger l’héritier? Bel ouvrage. Elle sentit ses lèvres s’étiraient et aller lui lancer une nouvelle pointe amusée quand elle remarqua un mouvement de sous le tapis.

Finalement, la situation était peut-être moins cocasse qu’elle ne voulait bien le croire… Et son collègue de la soirée avait sans doute ses raisons de s’amuser avec le tapis des Xi. Avec stupeur, elle remarqua le tapis se mouvoir - et tenter de pourfendre Monsieur du Dains avec de longues pointes fines qui n’auraient pas manquer de l’embrocher si il n’avait pas été vif. Particulièrement vif.;. Très vif pour un noble de la petite cours. Intéressant… Elle aurait pu rester spectatrice si quelque soit l’entité qui hantait le bout de tapisserie n’avait pas décidé de retourner sa veste. Avant qu’elle n’ait bien le temps de se poser des questions, ce qui ressemblait à un fantôme ou un spectre s’élança dans sa direction. Il n’était pas de vapeurs et de transparence vêtu, cependant. La créature semblait palpable, un liquide en mouvement. Elémentaire? Certainement pas, cher Watson. Il ne semblait pas être fait d’eau, mais plutôt… D’encre. Saloperie. Il fallait penser vite.

Huang, je vais avoir besoin de feu!” Dit-elle à l’intention du dragon à sa taille, qui immédiatement s’élança contre les murs.

Le couloir était étroit, mais strié de différentes portes qui devaient, si elle le jugeait bien, donner sur la façade du bâtiment. C’était justement sa veine. En regardant le petit monstre foncer sur elle, elle remarqua sa surface légèrement huilée, reflétant par couloirs chatoyantes la lumière des bougies. Parfait…
Un regard vers Geralt - le tapis était maculé d’encre. Quelque chose lui soufflait que la créature devait avoir un aspect bien différent, quelques minutes plus tôt - il avait eu une certaine présence d’esprit pour avoir pensé au tapis. Malin - mais pas tueur. Et vu l’activité du monstre sous la carpette, il faudrait s’en occuper également.

Elle recula rapidement, son plan échafaudé sur une comète très brillante, attrapant au hasard une poignée de porte pour s’y faufiler au nez de la créature. Au même moment, Huang, une chandelle enflammée dans la gueule, fila à toute vitesse vers elle pour déposer la flammèche dans sa paume ouverte. “Merci mon ami. Monsieur du Dains,” Dit-elle en esquivant le monstre, le laissant rentrer brusquement dans la pièce. “Lancez-moi ce tapis. Je m’en occupe. A moins que vous ne vouliez encore jouer?

Elle imaginait bien sa réponse, mais la fière Lan-Lan s’amusait déjà de la situation. Un sourire ironique éclairait son visage de poupée - et quand elle obtint l’objet de son désir, elle lança au jeune homme un apparent clin d’oeil.

Fermez derrière moi, je vous emprunte un peu votre jouet…” La créature semblait furieuse. Bien. “... Calfeutrez bien la porte.

Cette fois-ci, son ton se fit beaucoup plus sérieux, pour ne pas dire grave. Huang avait de tout évidence vu clair dans son jeu - et il était ressorti de la pièce pour flotter avec anxiété derrière l’émissaire. La porte se referma sur eux. Les choses sérieuses pouvaient commencer…

Enfermée. La proie… La petite chose crachait d’hostilité, fondant sur elle comme un rapace. Chose fragile - Lan-Lan. Une petite demoiselle des quartiers riches, poupée noble aux traits de jade et de lait, comment t’abîmer? Un souffle et tu tombes. Si tu te fissures, comment te réparer? Même les roses ont des épines. Même les fleurs ont du venins. Proie, chasseur… Un coup de pinceau suffisait à faire fondre le vernis, révélant la peinture obscure cachée en dessous. Enfermée, la proie devenait le prédateur, étirant son sourire sous ses lèvres rosées à l’approche de la chose. D’un geste, la chandelle quitta sa main, la flamme flottant, tremblante… Jusqu’à atteindre le cœur de sa cible.

La créature s’enflamma presque instantanément, sa surface huileuse s’embrasant au contact de la mèche. Petite braise, il semblait hurler, torturé par le feu, répandant sur son passage une fumée épaisse et grisâtre. Ses narines se remplirent d’une violente odeur de brûlé et de soufre, mêlé à celle d’un gaz hautement chimique qui aurait pu brûler n’importe quels poumons… Sauf les siens. La dame aux toxines se tenait droite, bien droite, bien debout dans ce petit salon - qui bientôt ne ressemblerait plus à grand - chose - sans souffrir du gaz et des fumées toxiques que la créature dégageait. Mais dans son désarroi, elle ne semblait pas avoir dit son dernier mot - et fonça sur elle dans un sursaut furieux, énervée sans doute par son état.
Entre brume et adrénaline, Lan-Lan passa la paume sur le plat de sa lame, grimaçant en sentant le métal s’enfoncer dans sa peau, révélant une traînée de sang… Bouillonnant? Le liquide rouge semblait crépiter, d’une couleur plus proche du jaune, qu’elle projeta d’un geste de la main sur son agresseur.

Le feu redoubla, comme la rage de la créature qui semblait dépérir. Lan-Lan se tenait sur ses gardes, son sceptre d’une main, d’une autre sa paume fermée sur son sang qu’elle accumulait dans sa paume à plat. Viens, petit bonhomme… Approche toi encore… Approches toi seulement. Saloperie.

Saloperie…” murmura-t-elle entre ses dents de vipère.

Et elle s’approcha. Saloperie! Dans ses dernières forces, la créature tenta une dernière attaque, un chant du cygne sous la forme d’une attaque frontale. Tirant sur son agilité, elle fit un bond sur le côté, sautant par-dessus un canapé qui se trouvait sur son chemin, imprimant l’empreinte de sa paume sur le bois avec le sang qu’elle semait comme des miettes.
Le monstre ne la suivit pas. Ne la suivit plus… A la place, il expira, laissant une trace noire, achevant de brûler dans un crissement sourd. Bien… Fort bien.
Aucune chance qu’il ait s’agit d’un élémentaire normal. Non… Et avec toutes ces oeuvres d’art disséminé dans la maison, ça ne pouvait être que le fruit d’un pouvoir d’animation. Elle inspira, soupira doucement. Il était grand temps de tirer tout ça au clair; en ouvrant la fenêtre, elle prit une grande inspiration de l’air du dehors. Il était sûrement impossible de rentrer dans la pièce à l’heure actuelle, risquer de retrouver Huang et Geralt revenait à les mettre en danger. Quelques minutes de paix… Avant de retrouver l’enfer. En retrouvant la frontière de la porte, elle osa souffler un “La créature est morte.” au travers de la porte. Autant rassurer Huang et indiquer au noble que la situation était sous contrôle. Elle avait bien quelques questions pour lui… Si il n’avait pas prit une bouffée d’air de trop.

Résumons:
Sam 16 Déc - 15:11
L’arrivée de Keshâ dans son dos n’avait pas été de son goût. Il était encore à distance, mais non loin tout de même. Il aurait préféré conserver un peu d’intimité avec la jeune femme et aller plus loin dans ses … méthodes. Mais pour l’heure, ses yeux étaient accaparés par la scène macabre qu’il avait découverte en mettant un pied dans cette pièce nimbée de fragrances aussi diverses qu’à ravir. Un être quelconque aurait dû être horrifié par pareille mise en scène. Un être qui n’avait pas participé à des centaines d’années d’affaires horrifiques du Magistère. Qui n’avait pas sacrifié des créatures à ses expériences, qui n’avait pas nourri les découvertes abjectes menant aux nascents et au Myste. Vladimir haussa un sourcil et admira le travail d’orfèvre. Il n’était pas meurtrier, il n’en voyait pas la peine. C’était un risque inutile et la vie des autres n’avait pas assez d’importance à ses yeux : ne perdurait que le savoir et l’omniscience. S’il fallait sacrifier des créatures pour en arriver là, soit. Mais lui, lui était autre chose : il ne pouvait pas mourir tant que sa quête n’était pas achevée. Il avait bravé la mort et le feu pour revenir ici. Il savait que son essence était issue de la Brume … mais avant cela, il restait persuadé qu’il avait vécu quelque chose d’autre. Où il était un puissant guerrier dans les ténèbres.

Les fils étaient si fins qu’il ne les percevait qu’à l’aune du reflet qu’ils imposaient. Le visage d’Ernesto avait été découpé avec une précision qui ne pouvait rivaliser qu’avec le doigté du Docteur. Elmire était à deux doigts de s’effondrer derrière lui et il avait dû forcer un peu pour repousser les roses. Un tel matériel dans un tel endroit … il fallait un pouvoir pour cela. Qu’il était imbécile de ne pas avoir embarqué de matériel adéquat en quittant le Magistère. Il lui fallait de quoi contenir l’événement et en général son esprit suffisait. Là, face à cette débauche de mise en scène … et autant de candidats il ne savait qu’en penser. Chacun était suspect à ses yeux, tous agissaient avec assez de morgue pour être coupable. Le Docteur inspira et nota que le cadavre avait déjà entamé sa phase de décomposition. Peut-être anecdotique, mais cela en disait assez sur l’heure de la mort. Le sang autour des plaies indiquait clairement que la peau avait été prélevée du vivant du domestique. Une cruauté non nécessaire. Il détestait ce qui n’était pas nécessaire. Du temps perdu : comme traîner avec ces cancrelats indolents qui lui tenaient les talons.

L’Opalien s’avança, sondant air et terre pour ne pas tomber dans un piège calculé. Il repoussa la porte, chercha la faille. Il fallut qu’il s’avance pour découvrir ce qui avait été gravé en lettres de sang. Un parfait gâchis de bon matériel. Bien, un indice de plus sur cette sinistre épopée. Le cœur avait été sectionné net, ses artères parfaitement extraites et le trou béant de la poitrine indiquait une connaissance de l’anatomie plutôt précise. Un médecin ? Quelqu’un versé dans les arts occultes ? Il fallait s’avancer davantage pour en apprendre plus sur ce qui avait pu se passer ici. Avec encore moult précautions, Vladimir fit un pas dans la pièce et faillit bondir en arrière lorsque le corps d’Ernesto se mit en branle. La teneur du message n’était guère surprenante : le message avait été clair avec les tableaux, bien qu’écarté par Lan-Lan. Il savait qu’il avait raison. Il avait toujours raison. Vladimir se tourna vers Elmire. Tous, un par un ? A présent que sa propre vie était confirmée comme étant sur la ligne, il ne fallait pas prendre le moindre risque. Il posa une main sur l’épaule de la jeune femme, inspira une nouvelle fois son parfum de vanille. Une odeur ne signifiait rien : cela pouvait se déguiser. Elle avait découvert le corps : elle aurait tout aussi bien pu le mettre en œuvre avant de jouer les éplorées. Plus grand qu’elle, il la toisa et leva sa main droite.

- Keshâ, vous voilà.
constata-t-il, amer et ayant presque oublié la présence de l’importun.

Il entoura Elmire de son bras et agit comme s’il avait voulu lui cacher les yeux, ou la rassurer. Il planta son regard de feu dans celui du jeune homme et lui offrit un sourire qui n’en était pas un. Vladimir repoussa la jeune femme hors de la pièce et observa Xi avec un air nimbé d’arrogance.

- Bien. Maintenant que nous avons la confirmation que mes conjectures étaient exactes, entama-t-il en insistant bien sur ce dernier mot, nous devons agir en conséquence très cher Keshâ. Nous ne nous sommes pas quittés de la soirée sauf à l’heure d’aller chercher nos affaires. Ce qui nous place, Xi vous et moi dans l’innocence. Je me dois de confirmer l’heure du décès. Et d’inspecter le corps pour cela.

Il indiqua le bureau d’un geste et l’intégralité de la pièce. Il étudia d’un regard comment le tout avait été agencé et tenta d’estimer le temps de préparation, comment les éléments avaient pu être mis en place çà et là. Il repoussa la jeune femme dans les bras de Xi et s’affaira à étudier les divers éléments de la scène de crime.

- Oh, et je ne pense pas qu’il soit pertinent de prévenir nos camarades tant que nous n’en saurons pas plus. Eviter de hurler quoi que ce soit : notre ennemi se trouve parmi les 8 autres. reprit-il, son regard perdu dans les courbes d’Elmire.

Imaginer qu’il la reluquait aurait été abscons : il n’était pas de ce type d’homme. Non, il cherchait une goutte de sang, le moindre indice qui aurait pu la confondre. Il fit de même avec ses deux comparses puis se retourna pour déjouer la scène du crime. Il préférait éviter de toucher au corps même s’il aurait eu grande envie de le disséquer pour déterminer toutes les informations possibles sur son état. Le Docteur évita les fils, surveilla où il mettait les pieds puis se rapprocha du tout. Comment toute cette mécanique avait été mise en œuvre ? Magie Mystique ou ingénierie mécanique ? Tout était important pour déterminer le profil du tueur. Il s’approcha du cœur, observa les lésions. Fouilla les poches du majordome, inspecta ses ongles et l’état de ses muscles et muqueuses avant d’aller se livrer à l’inspection de sa cavité buccale. Il étudia autant l’environnement dans lequel il était que les témoignages laissés par le meurtrier : taille des coupures, coagulation du sang, nature des câbles ou des rayures. Il sortit son calepin et entreprit de noter tous ces éléments, allant jusqu’à renifler le sang et y plonger le doigt.

Vladimir devina sans s’y intéresser le regard choqué, voire écoeuré, des trois témoins. L’odeur ferrugineuse du festin qui se tenait devant lui ne le mit pourtant pas en appétit. Il parvenait sans peine à maintenir ses pulsions, surtout lorsqu’un met était avarié ou trop froid. En l’état, cela titillait ses papilles mais sans plus de résultat. La mise en scène impliquait trop de dangers et conséquences pour qu’il soit assez sot pour y céder. Il tira donc un mouchoir de sa poche pour essuyer le sang de son doigt. Intéressant.

- La mort est récente, elle date d'environ 4 heures soit aux alentours du repas ... Une arme très tranchante, qui devrait ressembler à un couteau ou un scalpel. Les cordes vocales ont été broyées pour le faire taire. Toute cette mise en scène demande un certain talent et compréhension de la mécanique. Sans compter ses lèvres maculées de ... poison ? Paralysant à n'en pas douter. Quant à cette holographe … avec assez de temps nous pourrions retracer son origine. Mais cela implique un certain niveau de vie et une certaine aisance financière pour se procurer de tels objets. Bien. Quelqu’un de brillant, à n’en pas douter. Une mise en scène parfaite pour m’inculper. développa-t-il, avant de revenir vers les trois autres, un regard suspicieux vers Keshâ tout de même : ne s'était-il pas absenté durant le repas ? Il semblait difficile d'avoir oeuvré aussi vite cependant ... mais il le garderait à l'oeil. Ma proposition de prendre le premier tour a dû le presser. Parfait.

Comme tout être arrogant et égocentrique, Vladimir avait une tendance à tout ramener à lui. Et à se penser au centre des événements. Mais il était rare qu’il se sente sous pression et c’était précisément le cas. Il ne pouvait révéler le fond de sa pensée sans se mettre tout le monde à dos. Eliminer Xi et Elmire ici leur permettrait de gagner du temps et, peut-être même de tuer le criminel avant qu’il ne les frappe. Neutraliser le fils Lua mettrait le tueur en rogne, à n’en pas douter. De quoi lui faire commettre des impairs. Et la servante … et bien cela aiderait à la retirer de la liste des suspects. Pragmatique. Tuer Keshâ semblait moins pertinent pour l’instant. Pour l’instant …

- Notre ennemi est intelligent et retors. Il va chercher à nous monter les uns contre les autres. reprit-il après quelques secondes perdu dans ses esprits. Bien, Elmire pourriez-vous avoir l’obligeance de me dire ce que vous faisiez avant de découvrir le corps. Et ce que vous aviez précisément vu lorsque vous avez passé la tête par l’encadrement de la porte ? Il est … très étrange que vous ayez poussé votre curiosité jusque-là sachant ma mise en garde au dîner sur l’odeur de la Rose. Vous deviez être distraite ou occupée. continua-t-il, avant de river ses yeux sur le fils prodigue.

Quelque chose le taraudait entre les deux. Ils étaient proches, se rassuraient un peu trop. Mais il ne préférait pas sauter aux conclusions. Pas pour l’instant. Peut-être que son binôme de fortune avait de plus amples questions ou avait pu observer de quoi les aiguiller davantage ? Dans le port de l’ombre, peut-être ou sa voix ?


Dernière édition par Vladimir Von Arendt le Dim 17 Déc - 19:12, édité 1 fois
Dim 17 Déc - 17:54

Les débuts d'une carrière de surfeur

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad





Si ce n’était pas une surprise de se retrouver face à la dénomée Lan-Lan. La situation semblait quelque peu cocasse et Azur ne semblait pas être fier d’être pris en flagrant délit de jouer au surfer du dimanche avec la création d’un meurtrier. Il se sentait jugé et cela… ne le dérangeait pas le moins du monde, finalement. S’il s’était ennuyé dès son arrivée au manoir, on ne pourrait pas lui reprocher de se distraire un peu. C’était dans l’amusement qu’on réfléchissait le mieux. De qui était cette citation ? L’assassin ne s’en rappelait plus, se demandant même s’il ne l’avait pas lui-même inventée. Rapidement, la noble demoiselle décida de prendre les choses, avec une idée bien précise de ce qu’elle allait faire. En plein exercice d’équilibre, le blondinet leva simplement ses épaules en guise de réponse. Alors que la bête détacha une partie d’elle-même, devant à présent une bestiole, elle se jeta sur Lan-Lan, qui l’attira dans une pièce qu’elle venait d’ouvrir. Des instructions survinrent aussitôt.

« Quoi ? Déjà ? Je m’amusais bien. », souffla Azur.

Il finit d’enrouler ce qu’il restait d’encre, usa de toutes ses forces pour soulever le tapis, en râlant, puis utilisa son hypervélocité pour tournoyer sur lui-même. On avait tendance à l’oublier, mais un tapis pesait relativement lourd, davantage encore quand il était gorgé d’encre. Alors comme une minuscule tornade, l’assassin et l’encre dansait leur dernière valse. Il était temps pour Azur de faire ses adieux à son nouvel ami. La rotation s’acheva sur un pas puissant et déterminé, après lequel le corps athlétique du jeune homme aux cheveux de suie bascula en direction de la porte menant à la pièce où se trouvait sa comparse. Profitant de la force générée par cette toupie, Azur put balancer le tapis avec une certaine fluidité.

« Ciao, maki à l’encre ! », hurla-t-il durant son lancer.

La porte se referme aussitôt. Dernier ordre : calfeutrer la porte. L’assassin n’avait pas besoin d’un dessin et comprit aisément ce qui allait se dérouler dans cette pièce. Ce qui l’étonna, c’était plutôt que la demoiselle décidait de s’enfermer dans un brasier. Elle n’avait pourtant pas de tendances suicidaires et c’était la raison pour laquelle le blondinet ne posa pas de question. Ouvrant la porte d’une pièce se trouvant en-face, il tomba sur une sorte de chambre d’ami, une de plus, dans laquelle se trouvait des draps pliés. Parfait, songea l’homme-lige du roi de Dynaste. Il s’en empara et exécuta les ordres de l’honorable Lan-Lan. Et quelques instants plus tard, une mauvaise odeur de brûlé s’empara des lieux. Azur s’écarta légèrement pour éviter d’être asphyxié. L’attente fut insoutenable, mais la demoiselle finit par annoncer que l’ennemi n’était plus de ce monde. Quel soulagement ! Il fallut attendre encore quelques minutes supplémentaires pour finalement la voir sortir.

« Vous êtes encore plus ravissante qu’à votre arrivée. L’action vous donne encore plus de charme, mademoiselle Fâ. », lança l’assassin avec son plus beau sourire. « Dites-moi, vous n’êtes certainement pas tombée sur moi par hasard et ce n’était votre tour de garde. Qu’avez-vous appris ? »

Comme deux clébards qui se reniflaient l’arrière-train, ils se lancèrent des regards suspicieux. La confiance régnait.

« Je vous dirais tout à condition que vous en fassiez tout autant, Geralt. », rétorqua-t-elle.

Il haussa une seconde fois les épaules, n’ayant absolument rien à cacher.

« Commençons depuis le début. Je m’apprêtais à rejoindre Morphée et parcourir un monde imaginaire dans lequel…
- Geralt. Allez droit au but, je vous prie.
- Pardonnez-moi, Lan-Lan. Alors que je m’endormais, j’ai entendu un drôle de bruit. En sortant de ma chambre, les tableaux se sont mis à tous me regarder avec une envie de me tuer. C’était absolument effroyable. Je n’ai même pas été en mesure d’hurler tant j’étais paralysé par la peur. En prenant la fuite, j’ai aperçu mademoiselle Violette et mademoiselle Xi. Hélas, j’ai été rattrapé par un monstre tentaculaire fait d’encre… Ne me demandez pas pourquoi, je me suis dit que l’enrouler dans un tapis serait la meilleure solution. La suite, vous la connaissez, puisque vous êtes venue à mon secours. Un grand merci, Lan-Lan. »

Son seul mensonge demeurait être le rôle du noble abruti de service qu’il jouait à la perfection. Tout le restait était exact. Mademoiselle Fà lui conta également les évènements survenus plus tôt jusqu’à son arrivée. Ils en conclurent que le tueur utilisait une capacité d’animation. L’histoire du fils illégitime était également très intéressante. Plusieurs membres de cette famille possédaient un mobile. Les adultères n’épargnaient personne. Suite à cela, Azur proposa de rattraper les deux demoiselles citées plus haut. En courant. Ils tombèrent rapidement sur elles, alors qu’elles semblaient avoir une discussion assez sérieuse. Discussion qui cessa aussitôt qu’elles les aperçurent.

« Il s'est passé quoi ? T'as l'air d'avoir fait un tour dans quelque chose de mouvementé. », questionna la maraudeuse.

Pour la troisième fois, l’assassin haussa les épaules.

« Vous n’imaginez pas à quel point ! J’ai eu la chance de surfer sur un monstre fait d’encre ! », s’exclama le blondinet avec une joie intense, levant les bras au ciel pour remercier les dieux de lui avoir permis une telle expérience.

Mais pas question de les laisser rebondir. La patate était encore chaude et mademoiselle Xi semblait particulièrement contrariée.

« Et vous ? Que quoi parliez-vous ? Ça avait l’air intense ! »

Si elles ne semblaient pas forcément surprises par les révélations de l’homme-lige, sa question semblait les avoir davantage bousculées. Elles se regardèrent toutes les deux, jusqu’à ce que Violette tapotât brusquement l’épaule de l’officière du Guet, répondant bien simplement : « Des affaires privées et peu intéressantes. » On aurait pu s’arrêter là, sauf que sa comparse ne semblait pas être de cet avis. La noirceur dans son regard et son poing serré évoquaient bien d’autres choses. Cette soirée promettait d’être finalement des plus intéressantes. Le jeune homme aux yeux azurs esquissa un léger sourire en les regardant intensément.

« Ce n'est pas le sujet de toute façon, on vient de nous dire qu'il y a eu un mort. Suis-nous, c'est mieux pour tout le monde de se rassembler. », poursuivit Violette pour balayer le sujet d’un revers de main.

Elles reprirent leur chemin. Azur se retourna vers Lan-Lan.

« On vient de nous dire qu’il y a eu un mort. Qui est ce « on » ? Je ne vois personne. Et vous, milady ? Par ailleurs, vous avez vu comme moi qu’un drôle de manège se tramait juste sous nos yeux ? »

Songeur, le duo suivit les deux femmes qui les menèrent dans une pièce où se trouvait la future victime, Vladimir et Kesha. Un peu plus loin, la dépouille du Majordome.

« Quelle horreur ! Paix à son âme. », lança Azur en feignant la tristesse.


Lun 18 Déc - 23:56

La vérité sous notre nez

Arrivera-t-on à temps?



Le subtil assemblage olfactif piquait d’abord les narines par la folle rondeur de sa note de tête, venue des innombrables roses violettes qui débordaient presque jusque dans le couloir. Venaient ensuite les relents morbides pour le corps qui frappaient le visage juste avant de se tenir devant le jour du panneau de la porte et tomber des nues sur le corps écorché de l’infortuné, Ernesto Higgins. S’y mêlaient à la stupeur la note de fond métallique qui équilibrait le mélange d’effroi.

C’était une chose de fuir des monstres dans a forêt, une autre de savoir qu’il existait dans les rues des malfrats capables d’écraser par plaisir de leur talon la boîte crânienne d’un passant jusqu’à lui faire sortir les yeux. Une autre encore de voir le luxe de détails et de raffinement morbide avec lequel le tueur avait positionné le majordome. Le visage pelé d’une manière si symétrique et sa transformation en jouet donnait un aperçu de la délectation qui avait présidé à cette construction minutieuse.

Il fallut un moment à Keshâ pour empiler à son dégoût le détail du cœur presque pulsant et ces lettres gravées qui se remplissaient de sang comme de petite piscine. Loyauté. Cœur. Etait-ce une farce décrivant un conflit interne du majordome ? Ou bien une forme de provocation qui leur était lancée à chacun ? Un indice que le majordome avait été tué par une personne qu’il aimait et en qui il pensait pouvoir avoir confiance ?

Ceux qui avaient un cœur dans la pièce, c’est-à-dire tout le monde, sauf Vladimir, manquèrent un battement lorsque l’holographe s’activa. Il fallait dire que le meurtrier savait rebondir et les prenaient tous au dépourvu. Face à cette scène, il n’était pas excité à l’idée d’être désigné comme victime.

-« Il bluff ! Il veut détourner l’attention de moi pour m’attaquer. »
s’écria Xi-Ming.
-« Je voudrais bien… » ajouta Keshâ. « La preuve qu’il est sérieux se trouve sous nos yeux. »
Il fit un pas de plus en bottant quelques roses en touches pour s’avancer dans la pièce et sortir du dos d’Elmire et Vladimir, songeur.

« En même temps, il brouille les pistes. Doit-on croire qu’il n’annonce que la vérité ? Ou bien veut-il seulement semer la discorde entre nous dans la poursuite d’un coupable ? »

Le Von Arendt déclara ses conjectures exactes et prévisibles, ce qui arracha un rire sans joie à l’Andorien, ses prunelles d’améthyste se découvrant en temps réels des reflets plus tranchants qu’à l’acoutumé.
-« Allons bon, docteur, ne déclariez-vous pas il y a de cela cinq minutes que j’étais votre suspect numéro 1 en raison de mon parfum et que je devais passer au crible de vos questions ? »

Ses yeux roulèrent au ciel en toute discourtoisie, pour attester de l’importance qu’avait pour lui les opinions du strigoi. Cela dit, une part de lui était soulagée que son cas ne soit plus dans la balance des opinions.

Vladimir adopta une posture ampoulée d’expert, il semblait en effet avoir la compétence d’analyser une scène avec la distance requise pour détecter des indices. Ce qui ne laissait à Keshâ que le rôle de figurant, s’employant à contrôler que l’enquêteur ne travestisse pas la scène. Apparemment, il ne fallait appeler personne d’autre. Soit. En pleine démonstration égotique, les éléments scientifiques relevés par Vladimir étaient intéressant, même s’il se garderait bien désormais d’exposer son propre holographe de peur de bondir à nouveau au classement des suspects.

-« Pour vous inculper ? » fit-il écho, machinalement. Comme si la seule préoccupation du tueur était sa personne.
Keshâ décrocha. Il n’en pouvait plus de sa masturbation mentale autoproclamée et jeta des regards alentours pour détecter une fenêtre ouverte, un passage secret, quelque chose qui ne devrait pas être à sa place en dehors du corps suspendu portant un myocarde et du tapis de rose. Il ne voyait rien. Il fallait dire que c’était la première fois qu’il entrait dans la pièce.
Il se mit alors à s’accroupir et à chercher, entre les roses, qui sait, se trouvait peut-être quelque chose, un médaillon, un ustensile, n’importe quoi, qui aurait échappé à la main du tueur. Vladimir en était à dire qu’on essaierait de les monter les uns contre les autres. Keshâ se disait de son côté qu’il y aurait bien peu d’efforts à fournir de ce côté-là.

-« Pendant qu’on y est… Xi-Ming, Elmire, êtes-vous amants ? Pas tous à la fois. »
La stupeur choquée qui s’était peinte sur leurs traits blanchis valait le détour. L’effet de surprise valait mieux que toutes les réponses.

-« Cette histoire de cœur et de loyauté me travaille. Si vous avez des secrets à nous révéler, je crois que c’est votre unique chance avant que ça déraille… oh, mais ! »

En écartant les roses, sa main venait de révéler le plancher. Attrapant à la volée une brassée de fleur, il les déposa derrière lui pour exposer le parquet, qui avait pris une teinte sombre. De sa jambe, il poussa les fleurs pour révéler un motif, qui s’étendait et semblait couvrir toute la pièce. Une fresque.

-« Xi-Ming, Elmire, vite ! Aidez-vous à pousser toutes les roses dans les coins, ou mettez-les dehors ! La mise en scène était peut-être seulement un stratagème pour nous terrifier et faire diversion, alors que le véritable indice se trouve sous nos pieds. »

Il s’activait devant le couple incrédule, bientôt rejoint, des formes se dessinèrent. On devinait clairement la robe verte de la comtesse, son voile, sa collerette, son air triste, le visage arraché du majordome comme étendard sur le profil d’une ombre assassine.
-« Madame ! » s’écria Elmire.
-« Nous devons vite trouver la Comtesse avant qu’il ne soit trop tard ! »
~ ° La Comtesse est la prochaine victime du tueur ! Dépêchez-vous ° ~ artisa-t-il tour à tour à Lan-Lan, Azur et Violette comme on sonne le gong d’un clocher. Mais la troupe de Mlle Xi et des enquêteurs les rejoignait.
-« Pas le temps ! Où est la Comtesse ! Elle est en danger. » tonna-t-il.


Résumé:
Mar 19 Déc - 17:17

Extinction des feux...

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Qu’est-ce que la raison face à l’émotion ?
Qu’est-ce que l’Homme face à la pulsion ?

Sommes nous libre si la plupart de nos actions sont prévisibles par qui sait lire les cœurs et les âmes. Prises au piège d’un échiquier fou n’ayant nul désir de s’arrêter, qui sombrera à ses désirs et qui par-delà sa condition parviendra à une vérité si décevante.

Après les déboires de ce début de soirée nocturne, le groupe parvient à se réunir progressivement. Violette rencontra Azur et Lan-Lan. Puis le trio en compagnie de la fille de la maison parvenait à la scène du crime.

Une scène terrible mais également fascinante. A défaut d’en reconnaître les bons traits, il fallait avouer que notre assassin avait au moins dans sa folie, un attrait certain pour les choses esthétiques et théâtrales. Il y avait en effet des manières bien plus simples et efficaces de tuer quelqu’un, Azur pourrait en dire quelque chose. Peut-être que ce que notre adversaire du jour cherchait était au-delà même de l’acte de tuer ? Après tout, quel tueur sérieux irait jusqu’à prévenir ses victimes de ses plans et pire décidé de tuer 11 personnes de 11 manières différentes.

Quoi qu’il en soit, il fallait désormais agir une personne étant en danger. Après le majordome l’ombre se dirigeait vers la comtesse… actuellement seule sur les conseils même de Lan-Lan.

Ce fut au final Violette répondit en première.

La comtesse ? On l’a vu tout à l’heure avec Yu’er.

Elle tourna son regard vers Lan-Lan.

Elle nous a dit qu’elle devait aller te voir pour je ne sais quelle raison…

Yu’er, fille du comte dont le nom venait enfin d’être révélé tourna alors son regard vers le cadavre avec une mine déconfite et une moue compliquée avant que finalement ses yeux ne tombent sur la fresque déblayée par Kesha. Elle se mit alors à blanchir et sans dire un mot de plus, elle se mit à courir vers les appartements de notre empoisonneuse, rapidement suivie par Violette et qui le voulait bien.

Il n’y avait pas vraiment d'intérêt de rester ici ou de se diviser de toute manière. A moins que quelques imprudents aient désormais envie d’être seuls et moins nombreux face à un tueur qui a promis de tous les liquider un par un.

Sur le chemin, les coureurs croisaient le comte qui était descendu à cause du refus. Il allait ouvrir la bouche pour demander des explications, mais sa fille le prit de vitesse.

Ernest est mort, mère est sa prochaine victime ! Viens !

Q-quoi ?

Il ne se fit pas prier non plus pour suivre le groupe. Tout le monde à l’exception de Marianne avait donc fait son apparition cette nuit.

Arrivant finalement à proximité de la chambre de Lan-Lan, devant les bruits dans le couloir, la comtesse ouvrit la porte en attendant les voix de son mari et de sa fille.

Mère !

Soudain… Toutes les sources de lumière disparurent. Quasiment simultanément, toutes les bougies, tous les chandeliers venaient de s’éteindre, les volets de toutes les fenêtres aux alentours venaient de claquer.

Nuit noire, pas même la lumière de la lune. Seulement des bruits et les ombres des présents.

10 personnes dans le noir, un tueur parmi eux. Celui-ci a t-il pour intention de tuer quelqu’un au nez et à la barbe de tout le monde ? Est ce forcément la comtesse ? Après tout la fresque a uniquement précisé qu’il se rendait vers la comtesse pas nécessairement que c’était elle la cible.

Mer 27 Déc - 1:23

Roman noir

Esprit, es-tu là ?



Le tueur se croyait-il incompris ? Porteur d’un message de satire sociale qu’il devait transmettre à tout prix. Il s’annonçait avant tout prêt à occire sans distinction. Car s’il avait eu des secrets ou des incartades morales à reprocher à la noblesse Xandrienne, que pouvait-il en être d’eux, humbles enquêteurs, dont le seul tord avéré était de se tenir en travers de son chemin ?  La démonstration d'un jusqu'au-boutisme absolu crevait les yeux.

On ne pouvait pas non plus simplement dire que le tueur à la rose se réfugiait dans les contrées de l’esprit et ne demandait qu’à être battu à son propre jeu. Non, il trichait et modifiait des règles abstraites en cours de route pour s’assurer la victoire. Encore une fois, ce profil collait quelque peu trop bien à Vladimir. Et Violette. Mais était-on à l’abri d’une surprise si Marianne se révélait être un grand génie du mal ?

Keshâ n’avait pas tous les éléments concernant l’adultère ou même le fait que Lan-Lan ait délibérément choisi de laisser la comtesse seule, sans quoi sa carte des suspects serait légèrement différente. Il voyait mal le comte attenter à la vie de son épouse pour le moment. S’il avait pu choisir, il aurait évité de révéler sa dernière trouvaille à tout le monde simultanément pour cloisonner les réactions. Mais il ne devait pas en être ainsi et Yu’er, Lan-Lan, Gerald et Azur débarquèrent sur la scène de crime, partant tout de go dans l’autre sens pour tenter de secourir la comtesse.

Keshâ piqua une pointe de vitesse pour les rattraper, s’accrochant durement le coude sur l’arrondi de la poignée de porte, un œil en arrière toujours posé sur Xi-Ming pour s’assurer qu’il suivait. Sait-on jamais, le tueur avait peut-être menti afin de relâcher leur vigilance collective et de l’atteindre plus facilement. Mais, soyons honnête, la cohue dominait. Le tueur était à l’initiative et les faisaient courir comme des marionnettes. Il avait peut-être même le front de se fondre parmi eux. Tout ceci était sans doute un revirement orchestré de longue date, comme en témoignaient les toiles vierges qui attendaient chacun des convives sur son lit.

Dérapage endiablé devant la porte de Lan-Lan. Tous manquent de s’encastrer les uns dans les autres au freinage. Pêle-mêle, le comte, Violette, Yu’er, Keshâ… bref soulagement à l’apparition du visage surpris de la comtesse sur exclamation de sa fille. Rideau. Début de l’acte II ?

Keshâ ne peut réprimer un recul hors de la foule pour éviter tout contact avec les autres. L’obscurité serait bien trop propice à un coup de poignard, bien que les méthodes du tueur semblent différentes. Cela pourrait être n’importe qui. Et n’importe où. Ce coup de théâtre n’intervient pas sans raison. L’intention est-elle juste de les faire paniquer et de savourer leur supplice ? Peut-être même que l’espoir est de les voir s’entre-tuer pour sauver leurs peaux ?

S’ensuit une bousculade chaotique de pensées et de chairs qui s’affrontent. Le jeune homme se place dos au mur pour être au moins capable d’assurer un minimum de défense. L’idée de planter quelqu’un par accident avec sa dague l’empêche de la sortir. Il tente de respirer au milieu des interjections échangées. Soudain, il manque de basculer. Le mur n’est plus derrière lui ! Il se trouve au milieu des autres et croit d’ailleurs reconnaître les voix de la comtesse et Lan-Lan.

Sa main saisit machinalement son totem d’invocation de gargouille. Un pari risqué dans un espace confiné, surpeuplé et sans visibilité. Le tueur est sans doute capable de se mouvoir avec aisance dans ces conditions et ils sont trop exposés à son plan. Alors, il tente le tout pour le tout et appelle Nergal. A sa surprise, l’invocation se passe bien. Il parvient à localiser la gargouille dans les airs et à la changer immédiatement en ténèbres ondoyantes. Grâce au fétiche élémentaire, la pierre devient comme l’eau et se coule sur les murs.

Ne rien voir est au combien inconfortable et peu pratique pour contrôler la créature de ténèbres, mais ses sens à elle sont intacts et elle reste capable de percevoir et d’agir de manière instinctive.

Keshâ infuse en elle l’idée d’attaquer toute silhouette manifestant de l’hostilité à l’encontre d’un autre humain en présence, ce qui a pour effet de le rassurer. Lan-Lan semble convaincu du bien-fondé de les entraîner dans une pièce.
-« Vous êtes sûre ? Votre chambre est bien plus proche. On risque de se blesser ou de tomber dans un piège. Avons-nous au moins pensé à nous éclairer une fois là-bas ? »




Résumé:
Mer 27 Déc - 14:49

Les démons de minuit

Mes amis, nous sommes royalement dans la m


Dire que les choses s’étaient enchaînées de façon chaotique aurait été un euphémisme - et aurait probablement fait rougir jusqu’aux parques. A ce point jouer de malchance ne relevait pas du hasard, mais du plan. Sous ses pétales carmins, la belle-de-nuit suivait Violette et Yu’er, ayant machinalement passé la main sous le coude d’Azur, plus par habitude que par besoin d’appui, et pour faciliter les secrets d’enquêteur à enquêteur. Duo désastreux ou esprits habiles, seuls le résultat compterait - mais il fallait bien se l’avouer, la rose était bien songeuse…
Le manège était drôle, en effet, Monsieur de Dains avait mis le doigt sur quelque chose. Etait-ce le mort, le “on”, ou la curieuse proximité - si on pouvait appeler cela ainsi - qui se tissait entre la mercenaire aux cheveux blanc et la recrue du guet qui l’interpellait le plus? Plus elle avançait, plus le manoir prenait des airs de conte, de roman noir ou de pièce de théâtre. Peut-être un peu des trois. Peut-être rien du tout. Ses sourcils fuchsia se froncent doucement, plissant un peu son front pâle. Huang Long a repris sa place à sa taille, discret reptile d’or. “Allons chercher nos cadavres, Monsieur de Dains…” Souffla-t-elle un rien rêveuse. Quand une voix raisonna dans son crâne en tout tintamarre, sans annonce ni trompette: Kashâ’rem. Keshâ’rem? Tiens donc? Elle regarda son nouvel acolyte. “J’ai comme une idée de qui est le “on”, maintenant…

Nouvelle piste à creuser: pourquoi Keshâ aurait prévenu Violette directement à la vue d’un corps? Décidément, tous les invités s’avéraient plein de surprise, et non dénués de ressources. Voilà un pouvoir des plus intéressant, Mr Evangelisto. Un cadeau du ciel, même. Peut-être de quoi dénouer toute cette histoire. Mais le timing était à revoir: à peine la voix de Keshâ se taisait dans son crâne qu’elle le devinait à l’angle de la porte, distinguant sa silhouette, celle de - arf - Vladimir Von Arendt, le fils et la petite servante, et…

Paix à son âme…” Répéta-t-elle, entre fascination et profond dégoût en voyant le majordome désossé façon faisan.

La scène était abjecte, mais d’une profonde minutie - elle n’aurait su dire si ce fut la mise en scène ou les efforts déployés pour créer pareille spectacle qui lui évoquait pareille respect. Un sentiment bien mal placé, et de bien mauvais mariage avec la nausée qui pointait le bout de son vilain nez dans son estomac - le choix du menu devenait soudain bien maladroit.

On s’emporta. La comtesse, la menace, la scène dessinée à même le sol sous un vaste parterre de roses. Sa vie en danger… Son sang ne fit qu’un tour - elle était la dernière à l’avoir vu, à lui avoir conseillé de rester à l’abri de sa chambre après avoir versé tant de larmes. Sa main s’enroula autour de son sceptre alors qu’elle s’élançait vers les étages, suivant sa fille alerte - sa main gauche faisait encore mal mais ne saignait plus, quoiqu’elle était sûre qu’un coup suffisamment sec rouvrirait la plaie sans mal. Arriver avant le tueur. Avant le…

Madame Xi?” La porte de la chambre s’ouvrit sur son visage - elle était en vie, apparemment, mais semblait ne rien comprendre à la situation. Soulagée, la princesse de porcelaine. Surprise, la poupée xandrienne.

Rideau.

Comme si le ciel se jouait d’eux, que quelque part un Dieu malveillant permettait à leur bourreau d’accomplir ses sombres desseins en toute fluidité. Ils étaient maintenant plongés dans le noir. Littéralement, par un caprice, volets, torches, plus rien ne leur offrait la moindre source de lumière. Etaient-ils condamnés? Certainement pas: même en dansant dans les bras du tueur, Lan-Lan comptait bien être la dernière épine dans son pied. En joignant à sa demande une caresse sur le crâne d’or, elle enjoint discrètement Huang à aller chercher sa botte secrète. Quelques secondes plus tard, elle posait sur ses yeux une paire de lunettes aux larges verres ronds et roses, et aussitôt, la lumière fut.

Doucement, perle de spinelle, n’abat pas toutes tes cartes maintenant. Garder toute sa main; n’était-ce pas le propre des gagnants? Le dragon retrouvait sa place à sa ceinture, tandis qu’elle parcourait la foule des yeux dans un silence de cathédrale. Elle cherchait les détails, les mouvements, les regards traîtres…
Puis elle vit ses yeux. Ses yeux. Un regard maudit à glacer le sang qui soutenait le sien à même l’obscurité, faisant fi des ombres pour la toiser - pas le temps de voir plus que cela, malheureusement, ni ses traits, ni son identité, tout devint flou, elle clignait des yeux pour dégager ses pensées lourdes. Quand elle recouvra ses esprits, plus personne n’était à sa place. Curieux…

Elle luttait pour garder son sang-froid. Un habile tour de passe-passe, cher éventreur, ses sens étaient en alerte et elle se savait épiée. Ne pas abattre ses cartes, avancer doucement, ne pas tuer le rythme… Suivre la danse.

Gardez votre sang-froid, Messieurs Dames.” Dit-elle paisiblement, le plus légèrement possible. “Il se trouve que je peux voir. Je vais vous mener en sécurité. Ma chambre n’est pas l’idéal, allons là où nous aurons de l’espace pour penser, pour s’installer jusqu’à ce qu’on puisse rallumer les chandelles…” Dit-elle calmement. Sa chambre aurait effectivement été le plus habile des choix, mais elle craignait qu’on trouve ses bricoles fumantes et trébuchantes, et les conséquences que pourraient avoir des mains malhabiles avec une fiole de paralysant en vue.

Un clic, un geste. Toisant l’ombre, elle remarqua Keshâ’rem agiter ses mains, se mouvoir dans un curieux réflexe, puis peu de temps après, une ombre près de lui, une ombre… Terrifiante. Pendant une seconde, elle retint son souffle - quel curieux spectacle! Une invocation? Elle observait la créature gothique et grotesque qui se fondait à merveille dans ce décor digne des meilleures nouvelles fantastiques. Une carte abattue. Bien jouer. Ne rien montrer - Lan-Lan, tu sais te tenir. Elle se savait vue, maintenant. Et si elle l’était, alors le tueur pourrait voir la gargouille sans entrave non plus. Mais maintenir les apparences aideraient peut-être à la garder discrète.

Sûre et certaine, jeune homme.” Dit-elle d’un ton mielleux. “Je me porte garante de la marche - une fois installés, nous trouverons bien un moyen de faire la lumière sur nous… Et la situation. Rester dans ma chambre ou un étroit couloir, très peu pour notre survie”. Joignant le geste à la parole, elle commença à fredonner, espérant mener le groupe au son. “Cher Monsieur Von Arendt, ne craignez rien: je vous rends la vedette bientôt.

Lentement mais sûrement, elle amena le groupe vers le rez-de-chaussée, ne manquant pas d’indiquer les obstacles sur leur chemin, les plis dans les tapis, les bibelots sommairement posés par terre. Quelque chose clochait. Tous les éléments dansaient dans son crâne. La lettre du tueur, son poème, les tableaux… Les masques. Pour une raison qui la dépassait encore, le tueur semblait obnubilé par ce concept de secrets, allant jusqu’à peindre ceux de la famille comme un pied-de-nez de la mort, n’hésitant pas à décharner le majordome… Son visage. Son masque.
Ils dansent les mots, ils révèlent leur secret. Et si celui-ci était sous ses yeux depuis le début? Si… Si le tueur portait un masque aussi. Le renard dans le poulailler. Le loup dans le village.
La cuisinière? Elle demanda rapidement, et Yu’er lui répondit qu’elle l’avait vu dans les cuisines pour la dernière fois. C’était la seule absente du tableau, mais comme ce regard la hantait encore, il était évident que le tueur était bel et bien dans le groupe. Malheureusement pour la servante, elle devait déjà être morte dans ses cuisines, ou laissée à elle-même. Elle n’était ni assez vaillante, ni assez altruiste pour proposer d’aller la chercher.

Fredonnant une vieille comptine xandrienne, elle finit par amener tout le groupe sain et sauf dans le salon, indiquant à chacun où trouver une place, une assise. Les fenêtres étaient suffisamment proches pour offrir une sortie, la porte également même si elle se doutait qu’elle serait fermée. Prenant place sur un petit fauteuil, elle se permit une dernière salve de questions à l’attention du maître des lieux.

Notre ami en a après les secrets. Il est grand temps d’arrêter de vouloir sauver les apparences. Avouez nous tout, crachez ces secrets. Les tableaux sont bien là pour nous aiguiller, il faut maintenant assembler les pièces du puzzle.

Quels secrets? Tout a déjà été dit!” s’emporta-t-il, se levant presque de son siège. “ A quoi bon en dire plus?! Et pourquoi l’un d’entre nous serait devenu un tueur sanguinaire pour ça? Tout ça dépasse de loin notre famille!

Mais oui. Pourquoi? Tout devint clair. Il n’avait jamais été question des Xi, ils n’étaient guère plus qu’une énième famille de pêcheurs, après tout. Rien de plus qu’autant de victimes choisies par un esprit plus grand qu’eux. Un esprit qui portait fièrement son masque pour mieux les faire tomber. Un esprit qui se glissait dans les peaux pour mieux atteindre sa cible. Le mimétisme… Oui, quelqu’un autour de cette table avait la peau d’un autre.
Elle regarda tous ces visages. Dix innocents… Non. L’un d’eux était un masque. Elle supposait que celui-ci était déjà mort, donc. Seul Ernesto gisait, les autres… Elle ne pouvait en être sûre. Comment cela fonctionnait-il, déjà? Elle tentait de se repasser ses cours, de revenir au cœur de la mécanique. Une apparence ne pouvait être maintenue qu’une heure après contact avec la personne. Ernesto n’était peut-être pas mort par hasard.

S' il avait bel et bien volé son visage, c’était pour mieux atteindre sa prochaine cible. Le comte… Ou la comtesse. Elle la scruta intensément - elle l’avait laissé seule, elle. Le faux majordome aurait pu la trouver sans crainte, se laissant inviter sans problème, malgré les conseils que Lan-Lan avaient pu lui donner. Son cœur était lourd de responsabilité. Doucement, elle indiqua à Huang de quitter sa cachette.

Faisons tomber les masques…” Lan-Lan croisa ses longues jambes, joignit ses mains, soufflant paisiblement. “Il y a parmi nous un usurpateur, Mr le comte. Un parasite qui dépasse bien votre famille, mais qui s’y est logé, et se nourrit de ses secrets. Quelqu’un qui porte le visage d’un autre en ce moment même…” Ses yeux parcouraient les visages dans l’ombre, elle scrutait. Elle cherchait ces yeux qui avaient soutenus les siens. “L’un d’entre vous n’est pas celui qu’il prétend. Nous sommes venus faire tomber les masques… Eh bien, qu’ils tombent.” Elle se retourna vers Keshâ et Vladimir pour tenter d’y voir plus clair. “Qui a trouvé le majordome?” La dernière personne à l'avoir vu aurait largement pu en profiter pour activer son pouvoir, mais elle doutait que ce fut elle. Le tueur aurait déjà dû quitter sa victime pour rejoindre la nouvelle, et récupérer une nouvelle identité au passage. Mais quelque part, elle espérait bien que ses acolytes en viendraient à la même conclusion. Il fallait maintenant les faire parler, et trouver qui de tous n’étaient pas capables de maintenir les apparences - une histoire discordante.

Elle souffla quelques mots à Huang-Long, lui intimant de retourner dans sa chambre pour s’assurer qu’il n’y avait pas là le cadavre de la comtesse. Si c’était le cas… Elle tenait  son coupable.

Résumons:
Jeu 28 Déc - 20:48

Bon dieu ! Qui est le coupable ?

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad




Tout devint si noir. L’obscurité la plus totale. L’assassin avait pour habitude d’agir dans l’obscurité, alors celle-ci ne le dérangeait pas. Néanmoins, ce qui le gênait un peu plus, c’était d’être dans cette obscurité avec neuf autres personnes peu recommandables. Que suggérait son instinct ? Déguerpir ? Cela avait du sens. Mais Azur préféra se rendre complètement invisible et observer, dans la mesure du possible, les réactions des uns et des autres. Naturellement, il ne voyait pas grand-chose, pour ne pas dire rien. Il percevait des sons, situait à peu près les personnes autour de lui, mais impossible de voir des regards ou autres détails intéressants.

Assez rapidement, Lan-Lan prit l’initiative d’emmener le groupe dans un endroit clos, probablement dotée d’une technologie ou d’une voix extraterrestre pour se repérer. Il l’aimait bien, ce petit bout de femme au caractère bien trempé, qui n’hésitait pas à prendre des initiatives. Jusqu’à même provoquer Vladimir en promettant de lui rendre la lumière qu’elle avait empruntée. Il n’en fallut pas davantage pour que l’assassin se mette à pouffer de rire. Cet homme provenant du Magistère était dangereux, on pouvait le sentir. Cela ne faisait pas de lui l’assassin, d’ailleurs Azur ne le voyait pas vraiment coupable. Mais il était dangereux malgré tout. La pièce dans laquelle la bourgeoise les avait menés contenait une fenêtre. Dieu merci, songea l’homme aux cheveux de suie. Ici, au moins, je pourrais prendre la fuite si un danger surgit.

Du grand Azur. Son courage ne l’étouffera pas. Il s’adossa au mur, à quelques centimètres de la fenêtre. D’une part, pour avoir une vision d’ensemble sur la situation, mais aussi – vous le savez – s’enfuir si nécessaire. Enfin ça, c’était ce qu’il prétendait. Voilà bien longtemps qu’il aurait pu prendre la fuite, et pourtant, le voici toujours ici accompagné de ces étranges individus. Finalement, l’enquête l’intéressait bien plus qu’il ne le prétendait. Inutile de croire qu’il s’investira plus que maintenant. Disons simplement que l’issue le captivait. Qui était le coupable ? Comment allaient-ils le neutraliser ? Si l’instinct de l’assassin l’avait directement dirigé vers une cible, il préférait attendre le grand dénouement pour s’en assurer.

« Un masque, hein. Fort intéressant. C’en est presque exaltant, n’est-ce pas ? En ce qui me concerne, je soupçonnais un utilisateur du pouvoir d’Animation. En fait, je le pense toujours, mais un cristal de Mimétisme peut aussi permettre d’utiliser cette capacité sous certaines conditions. Bien évidemment, je ne suis pas un suspect sérieux. Aucun d’entre vous ne m’a touché et Lan-Lan m’a secouru un peu plus tôt dans la soirée. Avant ça, j’étais dans ma chambre, comme la majorité d’entre vous. »

L’assassin se tint le menton.

« Cependant, j’ai l’impression que nous n’étions pas tous à l’endroit où nous devions être. Kêsha et Vladimir étaient de garde. Ce sont naturellement les premiers à être arrivés sur la scène du crime, alertés par la servante. Pardonnez-moi, mademoiselle, j’ai oublié votre nom. De mon côté, j’ai été alerté par un drôle de bruit, ce qui m’a conduit à un affrontement contre un espèce d’élémentaire fait d’encre. Dame Lan-Lan en a été témoin. Brrr… ça me fout les jetons rien que d’y penser. », fit-il en se frottant les bras, comme apeuré.

Mais il se ressaisit rapidement.

« Qui nous reste-t-il ? Madame la comtesse ? Non. Dame Lan-Lan était avec elle juste avant de me rencontrer. Monsieur le comte ? Hm. Loin de moi l’idée d’accuser l’hôte, le chef de cette résidence. Violette et Yu’er ? Hm. Vous étiez toutes les deux ensembles quand on s’est retrouvés. Je n’en sais pas plus. »

Que faisaient-elles ensemble ? Leurs chambres n’étaient pas forcément proches l’une de l’autre. Et pourtant, on aurait dit qu’elles marchaient dans le couloir depuis un moment, comme le feraient deux copines. Sauf que Yu’er tirait une sacrée tronche. Et cette Violette cachait des choses. Elle en savait bien plus que beaucoup ici. S’il s’était fait remarquer, c’était surtout pour son inutilité et celui lui convenait totalement. Impatient, il attendait le fameux dénouement, ce moment de tension qui approchait les révélations. Des cris, des pleurs, comme dans les nombreux livres tragiques qu’il avait lus. Le coupable se trouvait dans cette pièce. Un détail se trouvait ici, juste sous leurs yeux. Qui mettrait le doigt dessus ? Yu’er et Violette allaient-elles en dire davantage ou faudrait-il creuser davantage ?

Pour l’instant, Azur décida de ne rien dire, de ne pas les mettre mal à l’aise. Si l’enquête venait à trainer en longueur, alors il devra agir.


Dim 31 Déc - 13:47
Le Docteur resta devant la mise en scène, à la contempler. Keshâ était arrivé bien trop tôt, bien trop tôt … Sa main jouait dans sa poche, à la recherche d’un petit objet qui lui aurait été bien utile. Non, là aussi c’était encore trop tôt. Ce tueur en série qui n’était pas capable de jouer avec ses propres règles, qui les modifiait à son souhait pour se donner l’impression de maîtriser encore ce qui se passait ici. Risible. Preuve d’une incompétence crasse. Tout comme Keshâ qui se permit une remarque désobligeante, prompte à tirer un sourire carnassier au strigoï. Ecarté de la liste des suspectes – pour l’instant – ne le mettait pas à l’abri d’un accident … Les geôles du Magistère sauraient faire de lui un parfait animal docile … Il secoua la tête pour chasser les expériences qu’il avait en tête pour les arrogantes personnes promptes à lui manquer de respect.

Pourtant, la remarque du jeune homme sur les liens entres les deux personnages de cette pièce savamment orchestrée lui tira un sourcil interrogateur. Les deux, amants ? Hm, amusant. Intriguant même. Mais il n’était pas au bout de ses surprises : prompt à trainer des pieds, Keshâ révéla un détail supplémentaire qui lui tira un rire étouffé. Une fresque qui témoignait des intentions suivantes du meurtrier. Il se recula pour observer la croûte qui dépeignait de façon sommaire les actes prémédités de leur tortionnaire en devenir. Les autres arrivèrent sur ces entrefaits et ce fut la cohue générale. Vladimir soupira et étudia un instant l’opportunité de prendre le temps d’enquêter davantage. Attirés comme des insectes par la flamme qui s’allumait ailleurs : n’allait-il pas perdre des informations en partant d’ici ? Hm, mieux valait qu’il les suive. Il serait le prochain suspect sinon. Et cela n’avait rien à voir avec le fait que sa vie était en danger.

- Et bien, voilà qui s’annonce … commença-t-il, interrompu par la disparition de toute lumière.

Par réflexe, il fit émerger son silex et s’écarta des autres pour guetter le moindre individu propre à le menacer. Seule ressource en sa possession pour une nuit qu’il espérait calme, le strigoï huma l’air et tenta de déceler la fragrance recherchée. Une odeur de rose s’était-elle glissée parmi eux ? Il étira ses yeux, perturbé par les ténèbres. Il maudissait son manque de prévoyance, d’avoir laissé sa sacoche dans la chambre de la cible. Tout comme il aurait dû embarquer son matériel de laboratoire. Là, il capta quelque chose et … tout changea. Il en eut un léger vertige et comprit en quelques secondes qu’ils avaient été changés de place. Il tourna sur lui-même, tenta de se repérer. La voix douce et rassurante de Lan-Lan lui fit comprendre qu’il était arrivé à côté d’elle. Il pesta tout bas. Elle avait, comme c’était pratique, une solution à tous leurs tracas.

- Faites-donc, chère demoiselle. Vous êtes visiblement mieux équipée que moi pour cette nuit … assassine. Je n’avais pas prévu un tel dénouement, je dois l’avouer.
répliqua-t-il, sans prendre la peine de dissimuler le venin sous ses paroles de miel. Le Magistère sera très intéressé par tout ceci …

Chose qui n’était pas faite pour rassurer non plus, d'autant plus que face aux divers talents déployés l'intérêt n'était certainement pas innocent. Il gardait le contrôle de sa voix, vivre dans les ténèbres n’était pas chose inconnue pour lui. Il ravala ces quelques années traumatiques pour ne rien en laisser transparaître mais depuis l’accident avec le Dr Kotvik, il n’avait guère eu le loisir de vivre autrement que dans la nuit. Sauf depuis l’arrivée du Dr Forth … Ainsi était-il apte, de façon relative, à se repérer autrement. Il y avait tout une mise en scène autour de ce que se cachait cette famille ce qui signifiait que le peintre avait connaissance de leurs secrets à tous. Il ne comprenait pas les antécédents en lien avec ce tueur à la rose, pourquoi autant de liens avec cette famille ? Peut-être les avait-il infiltrés depuis longtemps ? Il avait dû étudier les cibles, se glisser parmi elles et passer des semaines en toute discrétion. Cela témoignait de pouvoirs … assez peu communs. Animation, pour les peintures et la mise en scène aussi nette. Dissimulation ? Camouflage ou bien Mimétisme. Ah, il avait déjà vu passer des Nascents ainsi constitués. Peut-être même un Nascent de Ténèbres ? Allez savoir.

Vladimir marchait au rythme des consigne de Lan-Lan, se laissant dépasser ou dépassant selon ce que son flair lui permettait de capter. Il cherchait ce qu’il avait pu percevoir quelques instants auparavant mais dans cet espace restreint, sous le risque de se faire lui aussi poignarder, c’était risqué. Toutes les bougies sur leur route avait été soufflées, mais la jeune femme savait où elle les menait. Il n’appréciait pas cela. Il aurait bien aimé récupérer ses effets, tout comme il tripotait sans cesse ses effets pour se rassurer et s’aider à réfléchir. Portant le visage du Majordome sur sa face, un couteau dans le dos. Il s’était trouvé parmi eux, et tous étaient suspects à ses yeux. Si quelqu’un était capable de changer d’apparence, de maîtriser autant de pouvoirs issus de la Brume et de la Science … Un esprit malade qui avait un grand besoin d’attention et de reconnaissance. L’appel du sang commençait à se faire sentir, il détestait être considéré comme une proie pareille aux autres. Il n’était pas n’importe qui, comment cet outrecuidant tueur de pacotille osait-il le mettre dans le même panier que les majordomes ou les parvenus ?

- Merci, dame Lan-Lan. trancha Vladimir sans le penser une seconde.

Il entreprit de chercher à tâtons les lampes et s’affaira à trouver de quoi les allumer à proximité. Une à une. La faible lueur leur permit à tous de se révéler et il entreprit de chercher les défauts dans les déguisements et manières. Son seul indice restait en cette odeur qu’il s’efforça de nouveau à chercher en faisant le tour des bougies à allumer. Il observa les visages, grava leurs traits et leurs mimiques dans son esprit supérieur. Jusqu’à ce que la jeune noble s’adresse à lui.

- C’était exactement la question à laquelle j’attendais une réponse lorsque Monsieur Evangelisto s’est mis à courir en se prenant les coins de table. Vous n’avez en effet pas répondu à ma question, demoiselle Elmire. Pas plus que vous n’avez contredit vos connivences sexuelles avec Xi-Ming. fit-il, guettant la réponse des tourtereaux avec un air sournois.

Ils pouvaient prendre l’apparence qu’ils désiraient : leurs expressions étaient limitées par leur jeu d’acteur. De sa position, le Docteur pouvait les observer dans la pénombre et capter leurs émotions et regards. Qui allait se trahir ? A moins que le tueur soit un acteur émérite en plus d’un peintre passable.

- Le Majordome a été tué aux alentours de vingt-heures, soit pendant le repas. Cette mise en scène a donc été orchestrée bien plus tôt. Je vous laisse réfléchir à qui n’était pas là pendant cet intervalle de temps, ou a dû s’absenter. A partir de là, durant la nuit, le tueur a pu prendre l’apparence de n’importe qui. Alors je vous propose quelque chose … il se trouve que je possède avec moi un cristal d’abrogation. continua-t-il, sortant de sa poche un bout de cristal.

Il le tint fermement en main et observa chacun des individus avec un sourire amusé. Était-il nécessaire d’en dire plus ?

- Acceptez de vous y soumettre et je m’y soumettrai en dernier. Nous aurons de ce fait le cœur net sur les pouvoirs déployés par notre cher tueur si ces derniers sont annulés et qu'il s'agit bien d'un usage du Mimétisme comme vous le signalez Geralt … Cher Comte, afin qu'une personne de votre stature ne soit pas plus longtemps salie par d'aussi impurs soupçons ?


HRP:
Lun 1 Jan - 3:54

1 partout

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





Dans cette chambre théoriquement à l'abri du gros des dangers, les discussions vont de bon train. Réflexion se fait, on discute, on accuse, on insinue. A l’aube d’un mystère complexe, suspicion et paranoïa se font entendre.

Difficile après tout de comprendre la logique de toute cette situation, alors que chacune des pièces que le groupe récupère ne semble avoir aucun connecteur logique avec les autres. Qu’est-ce qu’un tueur en série ferait d’une sombre histoire de famille ? En quoi pouvait-il être impliqué dans quelque chose dont les racines semblaient bien plus vieilles que la série de ses crimes.

Il n’y avait absolument rien de logique dans cette histoire. Mais l’absence de logique et de raison n’était il pas le propre de l’Homme ? Émotion et passion étaient de tout temps ennemies de la raison.

Quoi qu’il en soit les différents propos lancés n’avait pour effet que de jeter plus de froid sur l’ensemble du groupe. Entre Lan-Lan qui désirait des paroles de vérité d’individus qui avaient passé des décennies à se mentir mutuellement et ceux de Vladimir, si direct que cela en étonnait plus d’un au vu de la réputation de lâche qu’avait son pays, rien n’aidant à améliorer les choses, la tension grandissait.

Les ténèbres environnants cachaient plus ou moins les expressions de ce que ressentait chacun, chose était différente si l’on s’attardait sur les gestes des corps et le ton des réponses qui suivirent.

Ainsi alors que la bestiole de l’empoisonneuse revenait bredouille, signe qu’il n’y avait pas, tout du moins à cet endroit, de cadavre de la comtesse, chacun des membres de la famille commença à parler parfois sèchement, Yu’er dont le tempérament semblait bien chaud que celui de ses camarades ouvrant le bal.

Des secrets ? Quels secrets !? Qui ici ne sait pas que Xi-Ming est un PUTAIN de BATARD ! Que mère a trahi son homme, cette famille, sa famille pour le pitoyable amour d’un homme qui l’a déjà oublié !

On pouvait sentir à quel point ces mots transpiraient de colère, peut-être de haine, certainement de profonde tristesse, typique d’une âme blessée face à la trahison d’un être qu’elle avait aimé et admiré. L’adultère de la comtesse était de toute évidence aux yeux de Yu’er une trahison qu’elle ne pardonnerait jamais.

Yu…

Répondait faiblement la comtesse d’un désespoir absolu. Pouvait-elle dire quoi que ce soit dans sa situation ? Certainement pas. Pouvait-elle passer outre la haine qui lui portait désormais sa propre chair ? Absolument pas. Pouvait il y avoir pire situation pour une mère que d’être haï par son propre enfant pour une faute dont elle était à ses yeux totalement responsable.

Tandis que la mère, de nouveau en pleurs, ne savait que dire, un silence de quelques secondes s'installa. Ming, restait en retrait, ne sachant vraiment que dire, si bien que ce fut le comte lui-même qui décida de parler.

Silence. Yu’er, ce n’est pas le moment pour ses fadaises.

Fadaise ? Quelle fadaise ?

Je vais finir par croire que ce tueur, c’est toi…

Moi ?

La demoiselle riait légèrement de manière nerveuse.

Tu as toujours été le même. Près à sacrifier mon propre avenir pour ton propre honneur. Contrairement à toi, je me fiche entièrement de la respectabilité de cette famille. Xandrie préférera toujours une femme à un bâtard. Je n’ai pas besoin de tuer pour obtenir ce qui me revient. A vrai dire, tu es le seul que ça arrange de pouvoir tuer pour ta succession sans salir ton honneur en tant que cocu.

Yu’er.

Voix contenue, difficilement contenue.

Cela aurait pu continuer longtemps, mais Violette décida d’intervenir.

Bref !

Ca sert à rien de vous battre maintenant les débiles. Ca va juste foutre la merde et aidé l’assassin.

L’ordre était rétabli plus l’instant. De quoi laisser le temps à Vladimir pour exposer son propre plan. A la vue du cristal d’abrogation, une légère surprise passa dans l’auditoire. Pour les gens normaux, être exposée à un cristal était très loin d’être chose anodine.

Le comte ne put s'empêcher de dire un mot.

Hum… Il y a des effets secondaires ?

Néanmoins personne ne s’y opposa et Vladimir pu faire son office sans soucis.

Il passa sur le comte. Rien. Celui était nerveux certes, toutefois il restait le même.
Il passa sur la comtesse. Rien. Celle ci était toujours en pleurs, brisée par ses propres péchés. Mais rien ne changeait.
Il passa sur Elmire, rien. Notre petite servante ne semblait pas être fruit d’un mimétisme.
Il passa sur notre victime principale, Xi-Ming. Rien si ce n’étaient les claquements de ses dents et de ses genoux.
Il passa sur Yu’er, toujours rien.

Et il passa sur Violette. Et là surprise. Elle commença à fondre. Ce n’était pas du mimétisme… La maraudeuse… n’était rien d’autre qu’un produit de l’animation. Sans rien dire dans un premier temps, elle contenta de sourire alors que son corps se liquéfiait progressivement sous le coup de l’abrogation du spectre.

Elle ? C’était elle l'œil du tueur depuis le départ ? D’une certaine manière, cela expliquait pourquoi elle avait tout fait pour éviter de se retrouver avec Kesha par méconnaissance de l’intégralité du passif que la véritable Violette pouvait avoir avec lui. De l’autre, expliquer les infos de l’assassin uniquement par les traits d’une maraudeuse extérieure… c’était assez lacunaire…

Bravo je dois dire… J’avais en tête une révélation plus théâtrale de ma nature mais tant pis. Le magistère me surprendra toujours pas ses ressources. Un cristal d’abrogation… c’est vraiment pas de chance. Bien joué toutefois…

Le fait qu’elle ne soit pas dissipée instantanément montrait la puissance de la personne créatrice de cette image. Quand deux pouvoirs se confrontaient, tout était question de rapport de force. Il fallait un peu de temps pour que l’abrogation soit en mesure de consumer intégralement le pouvoir en œuvre.

Une action impromptue mérite récompense.

D’un pas chancelant, alors qu’un de ses bras et une partie de son torse avait déjà disparu, l’image de la maraudeuse se dirigea vers un mur avant de le toucher.

Vous avez bien dit, que certaines portes n’étaient plus ?

A l’instant où sa main toucha le mur, de l’encre coula de ce dernier, se déversant sur le sol pour laisser place à une des portes qui menaient vers les fameux sous sol.

Cette fois-ci, vous êtes gagnants. Les réponses à vos questions, la vérité derrière cette histoire. Tout se trouve plus bas.

Libre à vous de décider. Allez-vous venir à moi… ou dois-je venir à vous ?

Puis Violette fut entièrement dissipée, devenant une marée d’encre qui rejoignait celle déjà sur le sol. Sa dernière expression fut le dépit, Vladimir avait gagné cette manche et cela ne lui faisait pas plaisir. La riposte serait bien plus sanglante que prévue.
Mar 2 Jan - 0:06

Liquéfaction

In Vino Veritas



Lan-Lan tint paroles et guida l’attelage d’invités et la famille du comte Lua jusqu’au salon avec aplomb. Ses ânonnements mélodiques en xandrien dans le noir complet lui donnaient des airs de poupée maléfique, mais aucun traquenard ne se referma sur eux.

Quand Vladimir trouva à rallumer quelques candélabres en laiton terni, l’ombre foisonnante de sa gargouille se glissa juste à temps sous un grand Réquamier pourpre, où prenaient place la comtesse et la servante. Il s’assit calmement en tentant de respirer et de faire le vide dans son esprit. Son regard était fixe, mais Keshâ embrassait l’assemblée dans sa vision et tentait de relier les points entre eux. De son visage inerte, on ne pouvait rien deviner, car sa tension intérieure était suffisamment palpable.

L’assassin utilisait un cristal de mimétisme selon les enquêteurs. Ces histoires de pouvoirs étaient nouvelles pour  Keshâ. L’année précédente, il aurait encore réagi comme le Comte Lua et ses enfants. Il n’était pas possible d’obtenir de documentation exhaustive sur l’ensemble des classifications et des gradations de cristaux. Leur découverte récente remontait à une génération, ils restaient rares et Epistopoli tenait la haute main sur la recherche. Les rares livres complets en faisant mention étaient sous clef et consultables uniquement par de rares sapiarques.

Par contre, il avait assez côtoyé Seraphah Von Arendt pour bien connaître l’usage du cristal de mimétisme. Et il savait donc avec certitude que le repas ayant duré bien plus d’une heure, personne ne pouvait en avoir fait usage à ce moment-là. La substitution pouvait certes avoir eu lieu après.

Gerald de Dains émit l’hypothèse d’un cristal d’animation. A croire que la pouilleuse nation xandrienne avait une expertise cachée sur le catalogue d’artefacts anciens. Ce serait donc l’explication de tout le cortège de bizarreries qui les avaient assaillis dès leur arrivée : les tableaux, la valse des portes, les mises en scènes macabre et chirurgicalement exécutées, l’élémentaire d’encre… Une puissance absolument terrifiante. Comment l’arrêter ?

Il fut un peu désarçonné quand Lan-Lan le prit à parti au milieu de son tribunal des sorcières. Son idée d’enfermer tout le monde en cercle et de faire la lumière sans détour sur les faux semblants n’était pas mauvaise et devait acculer le tueur, au risque de le pousser à passer à l’attaque.

-« Allez à Dainsbourg… » adressa le jeune homme au Von Ardendt, les bras croisés alors qu’il le taclait en toute gratuité.

La famille Lua était déchirée. A la grande surprise collective, Yu’er s’avéra être le maillon faible et perça l’abcès pour remettre les pendules à l’heure chez tout le monde. Dès lors, Keshâ eut la certitude de l’innocence de l’officière du Guet et de sa mère. Sauf si elle faisait tout cela pour éliminer son frère bâtard et le père qui le protégeait au nom de l’honneur de la famille…

Contre toute attente, les hostilités cessèrent par l’intervention de Violette. Elle était tout aussi vulgaire qu’à l’accoutumée, mais il ne l’avait jamais vu déployer d’effort pour empêcher les gens de se taper dessus, un spectacle cynique qu’elle ignorait, ou dont elle se repaissait. Allez savoir.

Avec nervosité, tous regardaient Vladimir agiter son cristal autour des suspects. Ce qui se passa ensuite le pétrifia d’effroi. Il avait suspecté Violette, pour elle-même, comme tout le monde. Mais ce n’était pas Violette. Ce n’étaient pas ses manières, pas son sourire ni son regard. Sa chair dégoulinait. Elle fondait sous leurs yeux comme un morceau de cire à cacheter, tout en continuant à déambuler et à parler comme si de rien n’était. Une vision parfaitement horrifique. Bien que Violette ne fasse rien pour se faire aimer, Keshâ eut une pensée pour elle et se demanda où l’originale se trouvait et dans quel état.

Il se rendit compte alors qu’il s’était levé de stupeur, faisant face à l’animation en déliquescence en train de dévoiler une porte. Celle-ci menait vers les fondations de la demeure, dans une obscurité totale.

-"Pourquoi Violette?!" s'exclama-t-il. L'animation se contenta de le fixer en souriant avant de s'évanouir. Un silence médusé retomba sur la flaque sombre. Tous se regardaient d’un air incertain. Etait-ce une victoire ou bien ce dévoilement obérait-il encore davantage leur chance de s’en sortir ?

Personne ne semblait vouloir agir en premier.
-« Ca suffit ! J’en ai assez d’être le jouet de ce marionnettiste. Si personne ne bouge, j’irai voir. Alors ?... toujours pas ? Officière ?... Monsieur le comte ? Grand et honnorable Von Arendt ?... » conclue-t-il sur un ton sarcastique.

Un soupire excédé. Une part de lui espérait qu’au moins une personne se joindrait à lui. Mais tous se muraient dans un soutien silencieux. On était avec lui moralement, c’est ça… "Je constate que pour les histoires d'héritage ou tirer la couverture de cheftaine enquêteur, il y avait plus de monde."

Il piétina les restes de l’animation en contournant le Réquamier. Les éclaboussures d'encre projetées atterrirent sur les vêtements de la comtesse et de Lan-Lan. La diversion était idéale pour l’ombre grouillante de la gargouille, qui sauta dans son ombre. Sur le linteau de la cheminée, Keshâ se saisit d'un chandelier. Ses nombreuses bougies projetaient des lueurs chancelantes. De son ombre allongée sur le mur, l’œil alerte put-il entrapercevoir les ailes griffues qui s’étendaient de part des d’autre de ses épaules ?

Face à la porte, il marqua une pause, bloqué. Puis esquissa un pas. Rien ne se passa. Un autre. Nouvel arrêt, plus long. Personne n'a des scrupules et ne le suit? Il tendit l’oreille aussi loin qu’il pouvait en retenant son souffle tremblant. Un autre pas, les ténèbres lui léchaient les mollets. Un regard en arrière. Tous n’étaient qu’anticipation voyeuse.

Un doux fredonnement lui parvient enfin. Un chant anodin. Dans pareil contexte, son sang se glace dans ses veines et une goutte de sueur glisse de la naissance des cheveux sur sa nuque vers les processus épineux de ses vertèbres. Keshâ mobilise sa concentration et envoie Nergal en éclaireur. Longeant le plafond, l’ombre de la gargouille disparaît et réapparaît au loin au-delà de l’origine du son. Rien ne se passe. Mais il ne peut rien voir d’ici. La sentinelle en place, il progresse à pas de velours.

Son pied bute sur le sol qui devait être le vide menant à une nouvelle marche. Il est arrivé dans une grande cave à vin sordide où un homme s’attèle au dressage d’une tablée…

"Qui êtes-vous, qu'est-ce que vous voulez!"

Il se retourne. C’est le majordome… Ernesto. Le bougre n’est plus que cadavre animé, lui pointant sa gorge tranchée.
"Il est incapable de parler."

Faisant volte-face pour confronter les restes de Marianne, il ne peut contenir une grimace de pur dégoût pour la pauvre femme. Ses traits mutilés lui sourient odieusement, profanant sans limite la mémoire de l’humble servante.
"Nous avons été chargé de vous accueillir en ce lieu. Mais tes camarades sont bien peu courageux pour te laisser seul ici."
Il a bien du mal à croire qu’il converse avec des corps mutilés et derrière eux, un monstre sanguinaire, mais il est plus que temps de cesser les simagrées et de faire avancer les choses.

-« En effet. Ils sont couards » croassa-t-il en déglutissant avec difficulté. « Quel est votre plan pour la suite? Autant se dire les choses maintenant.
Après tout, je suis venu. Je crois que ça mérite un bonus sur les autres. »


-« Un plan ? Ah oui... un plan. Rien de bien terrible, dans le cas contraire tu serais la prochaine victime. Celui qui nous anime désire entendre vos théories. Vous laissez le temps de réfléchir et de respirer. Le coupable est bien dans les vivants après tout. Vous cherchez un endroit pour être tranquille, le voici. Tous ceux dans cette pièce seront protégés des attaques extérieures. Libre à vous de refuser la... trêve offerte. Néanmoins je doute que ce soit dans votre intérêt. »


Puisqu’il aurait fait une victime facile, Keshâ ne voit pas l’intérêt de fuir en dépit d’une sévère envie de rendre son dernier repas. Il avise Lan-Lan par télépathie.

~ ° Lan-Lan, c’est Keshâ. Je suis vivant dans la cave à vin… ce n’est pas joli… taisez-vous, s’il vous plaît. Je ne suis pas d’humeur à négocier ou à expliquer. Vous ne le méritez pas de toute façon. Vous m’avez tous laissé en pâture… maudite soit votre noblesse, à tous. Je vous choisis comme émissaire pour relayer le message, c’est plus simple. Le tueur nous invite à descendre. Il semble curieux d’entendre nos théories. Il semble aussi qu’un vrai coupable soit toujours là-haut. Le Comte… sa fille ? Bref, venez... Ne venez pas… mais parlez aux autres. Il dit que ceux qui restent dehors peuvent être tués séance tenante. Il doit penser qu'on va continuer le jeu... le trouver éventuellement... mais tous mourir à la fin. Je n'ai pas de meilleur plan, mais tout ceci consomme son énergie vitale en permanence... ° ~


-"A eux de décider, maintenant." dit-il en prenant place à la table.
"Quelle est votre motivation dans tout ça? Cela ne peut pas être que l'argent. Êtes-vous un errant? Histoire de tuer le temps en tête-à-tête avant que certains ne se décident à plonger dans l'escalier..."


Résumé:
Mer 3 Jan - 15:31

Rendez-vous en terre inconnue

Meilleurs ennemis


C’était là une suite d'évènements qu’elle n’avait pas vu venir. Les yeux bien ouverts derrière ses lunettes, elle observait la scène, écoutant attentivement le plaidoyer de Geralt, en approuvant silencieusement. Il semblait accuser Yu’er et Violette tout particulièrement, une suspicion qu’elle n’avait jusqu’ici pas encore approfondie. D’abord car elle trouvait le caractère froid de la maraudeuse tout à fait à son goût, et ensuite car elle avait, il fallait l’avouer, un certain respect pour le guet. Qu’on l’ait contaminé avec de si sombres manières lui semblait impossible. Mais c’est pourtant elle qui aboya en premier quand il fut question de jouer cartes sur table, la jeune soeur se redressant au nez et à la barbe de la famille pour exposer à tous l’illégitimité de son frère, provoquant au passage la tristesse de sa mère, et l’énervement de son père.
Le comte essayait de maintenir les apparences, c’est certain. Et une certaine dignité malgré la situation. Une forme d’énervement de façade pour cacher la réalité de sa situation: il était bel et bien cocu, et sa lignée était compromise par le sang impur d’un autre homme.

Leur réaction était bouillante, mais pas autant que celle du Docteur qui dévoila à l’assemblée un cristal éclatant d’abrogation. Merde. Merde merde merde. Son sang ne fit qu’un tour, et Lan-Lan devint presque aussi pâle que les Ming n’ouvrirent grand les yeux. C’était bien son jour! Le seul pouvoir qui pouvait réellement la tuer. Et pourquoi est-ce que ça venait de Von Arendt, parmi tous les convives? Elle s’amusait à enrouler ses anneaux autour de sa gorge, mais la voilà prise à son propre jeu, devenue la souris face au serpent. Elle ravala sa fierté. Si il s'approchait d’elle avec cette saloperie, il faudrait qu’elle synthétise les antitoxines, et vite. Fichu magistère. A bien équipé ses engeances…
Heureusement pour elle, il avait un ordre bien ficelé. A commencer par tous les Ming. De quoi lui faire gagner du temps.

Mais aucun ne se révéla sous un autre visage. Jusqu’à ce que… Face au cristal, la mercenaire se fendit d’un sourire avant de se liquéfier lentement, provoquant l’ir de Keshâ’rem qui se leva de son siège, visiblement révolté devant Violette qui devenait une flaque d’encre à vue d'œil. Curieux… Animation, donc. Pile à temps pour Lan-Lan de sauver ses jolies fesses, elle devait l’admettre - maintenant qu’elle se répandait par terre, elle espérait que l’Opalin arrête d’agiter son cristal partout.
Violette disparaît, une porte s’ouvre, Keshâ s’impose. Lan-Lan le regarda, silencieusement. Elle admirait sa bravoure et son impulsivité, mais n’arrivait toujours pas à se décider si elle y voyait du courage, ou une tentative de suicide. Elle aurait volontiers proposé qu’on envoie un éclaireur si le jeune homme ne s’était pas lui-même imposé sans demander son reste, visiblement outré du manque de soutien du reste de la foule. Finalement, son impatience eut raison de lui, et il s’engouffra avec hargne dans l’obscurité, non sans avoir piétiné l’encre de feu la maraudeuse au passage.

Sans doute énervé d’avoir perdu son amie…” murmura-t-elle, passant discrètement ses doigts sur les tâches pour changer l’encre en eau. Immaculée, jusqu’au bout.

Le comportement de Keshâ lui rappelait celui des jeunes louveteaux, ceux que la forêt n’a pas encore blessés, et qui peuvent encore se permettre de foncer tête la première dans le danger avant d’y perdre leur fierté, ou pire. Ou peut-être était-il simplement blessé de n’avoir pas su lire à travers la maraudeuse. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien en savoir; si il était assez têtu pour aller jouer les téméraires loin dans la gueule du loup, c’était son affaire. A ce stade, prudence est mère de vertu - agir comme un cheval fou ne mènerait à rien. Mais c’était cependant dans leur intérêt: le jeune homme pouvait bien cracher son sel dans les mains du tueur, au mieux il leur rapporterait de bonnes nouvelles, au pire ils sauraient où se trouve sa cachette.

Pendant qu’il disparaissait, Huang revint, apparemment bredouille. Bien. Ainsi, la comtesse était bien la comtesse, bien que désignée future victime. Discrètement, elle demanda au dragon de reprendre sa place autour de sa ceinture. Écoutant les miaulements de chats des autres convives, quelque chose crépita de nouveau dans son esprit. Keshâ. Non content de l’avoir allègrement éclaboussée, il la choisissait comme porte-parole? Culotté, jeune homme, culotté. Surtout pour cracher son sel à même son esprit. Cependant, elle n’était pas mécontente de savoir qu’il avait l’air de se porter comme un charme. Sauf si le destin lui était particulièrement clément, il était peu probable que le tueur se targue de pouvoir lui-même utiliser la télépathie… Non?
Elle pouffa discrètement. Décidément…

Keshâ’rem va bien, il est arrivé dans votre cave, mon seigneur.” Dit-elle sobrement. Elle ne désirait pas trop en dire, au risque de révéler aux agneaux l’adresse de l’abattoir. Maintenant, arriver à prendre une décision revenait à marcher sur des œufs - si le tueur épargnait tous ceux qui se trouvent dans le sous-sol, quid de ceux qui restaient dans la demeure? Fallait-il amener tout le monde? Seulement les innocents? Seulement les suspects?

Et comment l’expliquer proprement? A présent, elle avait confiance en Geralt qu’elle avait déjà trouvé en mauvaise posture, et dont le raisonnement avait déjà pointé Violette du doigt, et en - et ça lui faisait mal de l’admettre - Vladimir. Quant à la famille…

Je m’en vais le rejoindre. Il est peut-être en mauvaise posture; nous avons déjà perdu Violette, il serait dommage de perdre notre éclaireur en plus.” Elle se redressa, épousseta sa jupe. Même si elle s’imaginait mal laisser la famille en proie au tueur, elle commençait à croire qu’ils ne méritaient pas leur concours, et qu’au moins, cela réduirait la liste des suspects. Les laisser sans surveillance revenait à les conduire à l'abattoir. Mais des têtes en moins, c’était des chances de survie en plus. “Mr du Dains, Docteur. Votre aide nous sera précieuse si vous souhaitez me suivre, nous aurons plus de chance d’arrêter le tueur ensemble. Sinon, veillez bien sur la famille avant notre retour.”

Elle les regarda avec gravité, espérant bien leur faire comprendre qu’il était plus convenu pour eux de descendre que de rester, sauf si leurs plans impliquaient de récupérer quoique ce soit d’utile avec la famille. Si seulement elle avait eu le même pouvoir que Mr Evangelisto, elle aurait pu avoir un deuxième avis pour les aider. Elle regarda ensuite en direction des Ming, qu’elle abandonnait purement et simplement à leur sort. Cruel dilemne…

Huang, reste avec la famille, et vient me chercher si il y a quoique ce soit…” Elle comptait sur l’intangibilité et la rapidité du dragon pour tromper les attaques - celui-ci se positionna contre un mur, prêt à disparaître à son tour.

Lan-Lan ignorait encore si elle serait suivie par ses compères ou s' ils décideraient de rester avec les Ming. Qu’importe - elle s’élança avec grâce et légèreté dans les escaliers obscurs, traversant les ténèbres pour arriver quelques marches plus bas sur les flammes vacillantes de quelques torches. Charmants… Le tueur était un gentleman, apparemment; tout comme ce cher Monsieur Evangelisto qui était, visiblement, en merveilleuse compagnie. Son sel, son sel…

Je vous trouve bien aigris pour quelqu’un qui a décidé de se jeter seul dans la gueule du loup.” Dit-elle sans grande cérémonie, cherchant ce regard qui partageait la même teinte que le sien. “Que je sache, personne ne vous y a forcé.” Réajustant son col, elle prit un instant pour regarder autour d’elle. Partout tonneaux, barils, bouteilles… Un nirvana pour les oenologues. ”Vous apprendrez vite qu’il n’est pas sage de projeter sur autrui ses propres intentions, Mr Evangelisto. Et sauf erreur de ma part, vous étiez bien protégé.”

Elle n’était pas dupe, la gargouille qu’elle avait vu dans le couloir ne pouvait être que la sienne. Seul, vraiment? Il était peut-être mieux protégé que ce pauvre Mr de Dains qu’elle avait vu danser sur un tapis plein d’encre. Même si quelque chose lui soufflait qu’il n’avait pas révélé toutes ses cartes.
Ernesto, Marianne… Le visage mutilé, écorché. Ce tueur était un vrai psychopathe. Elle les contempla autant qu’elle les redoutait, le visage arraché avec une précision chirurgicale. Lan-Lan rejoint la table qu’Ernesto… Enfin, ce qu’il en restait, était en train de dresser. Le tueur les invitait à siéger à sa table.

Il est trop tard pour les chamailleries, vous aurez tout le loisir de vous plaindre et nous haïr quand nous aurons démasquer le coupable. Nous sommes un de moins après tout, mieux vaut se serrer les coudes. Pour ce que ça vaut Keshâ… Vous n’avez pas forcément tort non plus.” Maugréa-t-elle en jouant avec un rond de serviette. “On ne s’est pas précipités pour vous suivre. Bien. L’heure est venue de discuter, n’est-ce pas?” Elle se retourna vers Mariane. “Des avis, madame? Au point où nous en sommes, rejoignez le débat, plus on est de fous plus on rit. Vous êtes bien placée pour nous contredire.”

Il fallait le reconnaître, elle était énervée. Piquée à vif par le jeune homme et son impulsivité, menacée par le docteur et son joker dangereux, elle commençait à avoir hâte d’en finir avec cette histoire maudite, cette nuit tragique, et tout ce fatras dans laquelle -oui oui, madame, il est bon de reconnaître ses torts - elle était venue de son plein grès. Et l’idée d’être constamment observée et à l’affût du tueur n’était pas des plus agréables. Trouver le coupable… Attendait-il un nom? Une hypothèse? C’était autant à son avantage qu’au leur, quelle curieuse décision de sa part? Qui sait combien d’avatar d’encre se trouvait dans le salon à cet instant. Vases, pots, tableaux… Il n’y avait rien de bon là-haut.

C’est alors qu’elle comprit… Ce jeu était peut-être autant pour en savoir plus sur leur enquête que pour les séparer de la famille et les laisser vulnérable. Quel chien… Elle ne put contenir une moue aigrie - sans doute le sel de Keshâ qui la contaminait.

Dépêchons nous, sinon nous risquons de ne plus retrouver grand monde en remontant. Faisons le tour du tueur lui-même.” Commença-t-elle. “Nous savons qu’il s’agit d’un artiste, adepte du pouvoir d’animation. Il se considère sans doute comme un esthète, et doit avoir également de solides connaissances en médecine - vous êtes bienvenue pour me contredire, si vous le souhaitez. Ses meurtres ont un motif simple: exposer les secrets de ses victimes. Pour ce faire, il a semé dans la maison plusieurs tableaux, certains vierges, les nôtres, et d’autres déjà peints, ceux de la famille. Nous savons que le premier que nous avons vu concernait la comtesse… Les autres, il nous appartient encore d’en débattre.” Elle regarda un instant Ernesto - le cadavre ou une création d’encre encore, la belle affaire. “Le tueur a pris soin de nous laisser un poème pour mieux nous aiguiller. Il est en chasse de l’hypocrisie, sans doute.”

En récitant son discours, elle tapait doucement son doigt sur la table. Curieuse affaire, curieuse affaire…

Bien que je n’en sois toujours pas entièrement certaine, je ne pense pas qu’il s’agisse de la comtesse. Elle est sincèrement ébranlée par la situation, mais m’a confié que… Le père de Xi Ming pouvait être une menace, bien qu’elle s’est opposée à me révéler son nom.” Cela semblait gros qu’un père ressorte du néant pour traquer sa descendance, mais on n’est jamais sûr de rien. “Un amour perdu… Il ne faudrait pas le chasser du tableau. Quant au comte et à Yu’er… Je suis circonspecte.” Dit-elle solennellement aux autres auditeurs. “Je ne pense pas que le tueur fait partie de cette famille. Pourquoi aurait-il pris la peine de tuer à Xandrie avant, pour revenir à la maison finir le travail? Ils semblent assez ébranlés ainsi, et ce tueur est de notoriété national, maintenant. Pourquoi revenir commettre un crime fratricide maintenant?” Elle se redressa. “Où en sommes-nous sur les tableaux? Des propositions?

Elle finit par abandonner ses manières en basculant sur sa chaise, posant ses deux coudes sur la table.

Surtout, Mariane, ne vous gênez pas pour nous interrompre, votre avis est précieux. Ce qui nous laisse Elmire… Sauf erreur de ma part, elle n’a pas démenti être l’amante de Xi Ming.” Ses doigts se croisèrent sous son menton. “C’est une supposition, mais cela permettrait à quiconque prenant sa place d’entendre tous les secrets de cette famille sans avoir à se justifier d’en faire partie.” Son sourire s'étira doucement. “Quel dommage que nous ne puissions pas les paralyser tous en même temps, nous en aurions le coeur net.”
Résumons:
Jeu 4 Jan - 12:23

Stimule-moi, assassin !

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad




La révélation aurait dû le secouer, mais il fut surtout rassuré de ne pas avoir été touché par Vladimir. En son for intérieur, quelque chose lui disait qu’au simple contact de cet homme, des informations classées « secret défense » aurait été révélées, pouvant entraîner de graves répercussions à l’encontre du royaume de Xandrie. Maintenant rassuré, le drôle d’assassin se concentra sur la suite des événements. La Violette lui semblait louche, mais son corps actuel n’était qu’une animation et pouvait sous-entendre qu’elle était décédée, on ne pouvait pas encore l’affirmer. Kêsha prit immédiatement la mouche et partit tel un preux chevalier vers les sous-sols du manoir, à la recherche de sa vieille amie, ou du criminel en question. Tous les autres restèrent pantois. Azur s’efforça de ne pas pouffer de rire.

Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de mademoiselle Lan de nous annoncer que le preux chevalier se portait bien. Il se trouvait dans la cave du comte. Était-il en train de s’enivrer ? Le blondinet aurait payé pour s’abreuver d’une quelconque boisson aux doux épices. Celle en qui il avait le plus confiance décida de descendre sans trop d’hésitation, en laissant la famille à son sort. Elle proposa naturellement au blondinet de la rejoindre. Ce dernier se tint le menton quelques instants. Leur but à tous était de défendre le fils du comte. Or, à présent, tous étaient en danger, enquêteurs comme membres de la famille. Quelle tragédie, pensa-t-il. N’existait-il donc pas un moyen de les sauver ? A ce rythme, il ne resterait plus grand monde pour les payer.

« Entendu. Je vous suis, mademoiselle Lan. Monsieur le comte, son honorable famille, ce fut un plaisir de vous servir. Malheureusement, en ce qui me concerne, je n’ai pas été capable d’accomplir ma mission et je tiens bien trop à ma vie pour poursuivre dans ces conditions. Votre bourreau est bien trop dangereux. Peut-être nous reverrons-nous dans l’au-delà. », fit-il concluant d’un geste de la main et avant de suivre l’enquêtrice Fa.

Il fut tenté de se camoufler et observer ce qu’il se passerait ensuite, mais il semblerait la famille, accompagné de Vladimir, décidait finalement de descendre également. Il suivit Lan-Lan sans réaction particulière. En arrivant au sous-sol où se trouvait Kêsha, plus vivant que jamais, ils tombèrent sur ces corps – normalement morts – qui semblaient avoir retrouvé une seconde vie.

« Objectif zéro déchet. Pas mal le recyclage des temps modernes. », lança Azur sans réellement se soucier des regards qu’on pouvait poser sur lui. Il se tourna ensuite vers Kêsha, qui venait de se sermonner par Lan-Lan : « Si l’on m’avait dit un jour que j’assisterais à une crise d’adolescence dans un macabre manoir, rempli de cadavres, d’animations en tout genre et d’un tueur, je n’y aurais pas cru. Reprenez-vous, garçon. »

La dernière phrase fut plus sèche que les autres. S’il se moquait un peu de ce type, il ne tenait pas non plus à retrouver son cadavre. Par ailleurs, des actes inconsidérés pourraient mettre tout le monde dans l’embarras. Il s’installa à table, aux côtés de mademoiselle Fa, puis écouta attentivement, les bras croisés, le résumé étoffé de la demoiselle. Discuter avec des cadavres sans visage laissait l’assassin quelque peu dubitatif. Le véritable assassin devait bien s’amuser de cette scène absolument lunaire. Le blondinet se sentit presque honteux de participer bêtement à ces festivités sans aucun goût. S’il devait lui-même organisé un jeu macabre, il s’y serait pris bien autrement. En réalité, une pointe de jalousie parlait pour lui, tant les talents de la personne derrière ce jeu étaient exceptionnels. Lui, que l’on considérait comme un génie, n’était finalement que peu de chose. Maîtriser le pouvoir d’Animation à un tel niveau en disait déjà bien long. Il avait gagné le respect du jeune homme appartenant à l’une des guildes les plus prestigieuses dans ce domaine-ci.

« Pour l’instant, je suis bien d’accord avec vous, mademoiselle Fà. En d’autres termes, nous pataugeons. Mais je me réjouis d’entendre Von Arendt nous rejoindre, accompagné de notre belle famille, heureuse et aimante. Se séparer aurait probablement été une erreur. »

Alors que les personnes mentionnées arrivaient, Azur reprit la parole.

« Le tueur se trouve dans cette pièce. Il serait dommage que nous le perdions de vue, ne trouvez-vous pas ? »

Le Azur’s show allait démarrer. Alors que le Majordome continuait de dresser la table, que la famille du comte s’installait, que Vladimir se faisait attendre à vouloir jouer au détective, le jeune homme décida de voir s’il était possible de piquer l’orgueil de l’assassin.

« Et si je puis me permettre une réflexion, monsieur l’assassin, je trouve vos tableaux d’une immondice sans nom. Je parcours le monde pour m’acquérir des plus belles œuvres et les vôtres ne feront jamais parties de ma collection. Je conçois naturellement que la beauté est quelque chose de subjectif, mais il n’empêche que vos tableaux me révulsent et qu’une telle réaction ne m’arrive pour ainsi dire jamais. Quant à votre poème, il manque cruellement de saveurs. C’est fade. Je ne me sens pas emporté, un peu à l’image de vos tableaux, d’ailleurs. C’est sans vie. Voilà trop longtemps que vous jouez avec les morts et cela déteint sur vos talents d’artistes, morts avec vos victimes. C’est insultant de me retrouver au cœur d’un simulacre si mal maîtrisé. Quel ennui ! Sortez-moi d’ici. Appelez un cochet. »

Il fit mine de garder un visage dégoûté, vraiment lassé de se retrouver entre les mains d’un artiste aussi incompétent. Ce serait probablement un échec cuisant mais qui ne tentait rien à rien. Souvent, pour des trouver des réponses, il fallait pousser l’ennemi à commettre des erreurs. En tant qu’assassin de profession, Azur savait pertinemment qu’enchainer des actions augmentait la probabilité de commettre ces erreurs. Plus l’on commet d’erreurs et plus on permettait aux victimes de s’en sortir, voire de se découvrir complètement. Leçon de Wanath en personne, chef de la guilde des assassins, durant l’une des nombreuses leçons que suivaient l’homme aux cheveux de suie.

« Quand j’assiste à des spectacles, des représentations, des expositions, j’aime autant qu’elles soient à mon goût où qu’elles attisent ma curiosité. Ici, ce n’est pas le cas. »

Le bourreau de cette famille sera-t-il en mesure de prouver sa valeur ? Allait-il accélérer les choses ? Commettre des erreurs ? S’en prendre à Azur lui-même ?  Avec les provocations, il en était conscient, le risque de dommages collatéraux était élevé.

Résumé:

Mer 10 Jan - 8:14
Le scientifique releva son cristal et sourit, malicieux. L’abrogation n’avait été qu’un bluff. Un bluff qui avait fonctionné avec merveille car il avait vu collecter et intimider à la fois. Il n’avait pu utiliser suffisamment son cristal de cognition pour récupérer plus que des fragments à cause du trop bref contact, mais cela avait suffit. Les images construites ne pouvaient posséder de réelle histoire à conter, et la créature à l’origine de tout ceci avait certainement tenté de le devancer en détruisant ses illusions d’encre. Le Docteur dissimula de nouveau son outil, presque déçu de ne pas avoir pu aller aussi loin qu’il le souhaitait tout de même. Dénicher tous les sales petits secrets des membres présents auraient été un délice dont il se serait bien emparé. La création avait raison de craindre le Magistère. Vladimir en était sa plus pure incarnation, après tout il était là depuis le début. Il était le Magistère. Du moins, il se plaisait à le croire. Tout comme sa nature de strigoï et de spectre lui permettait de vivre au-delà de ce que son vestige aurait pu permettre. Il sentait le poids des ans, mais il avait encore de belles années devant lui à profiter des avancées permises par Opale.

- Le Magistère est tout ce qui compte, ma chère tâche d’encre. répondit-il, plus sérieux qu’on ne l’aurait cru. Et un tel niveau d’animation mérite … qu’on s’y intéresse davantage.

Cela sonnait comme une menace, ou un regret. Il n’avait pas pensé un instant à prendre son matériel de contention et il espérait à demi-mot mettre la main sur ce qui était à l’origine de ce projet. S’il s’agissait d’une nebula il pourrait en tirer un fantastique nascent, non ? Il n’avait pas appris grand-chose suite à la percée de Yu’er mais il restait encore des choses à éclaircir et cette perspective mettait son esprit scientifique en émoi. Le dénommé Keshô, ou Keshâ il ne savait plus, se leva et s’indigna et secoua dans tous les sens. Vladimir haussa un sourcil et le laissa aller se jeter dans les sous-sols. Le Docteur croisa les bras et l’observa descendre armé d’un chandelier. Avec un peu de chance, il sustenterait les appétits voraces du marionnettiste. Avec de la malchance, il survivrait. Il ne leur laissa pas le choix de toute manière. La disparition de la dénommée ‘Violette’ lui avait fait perdre toute considération et c’était peut-être avec précision ce que cherchait leur bourreau. Toujours était-il qu’il avait agi de façon irréfléchie et dangereuse. Pile l’attitude à adopter dans ce cadre d’enquête.

- Et bien, le suicide doit être la nouvelle drogue en vogue à Epistopoli. remarqua-t-il, les bras croisés.

Il observait tour à tour Elmire et le Comte. Il s’amusait à conjecturer autant que possible et ces quelques moments qui suivirent la révélation seraient d’autant plus importants pour émettre ses hypothèses. Il y avait là un fiel qu’il serait délectable de purger. Jouer avec ses proies, leur instiller cette crainte qui précédait chaque chasse. Le Baron passa sa langue sur ses crocs aiguisés, goûtant avec plaisir le sang dont il se gorgerait à la fin de cette aventure. Cette odeur de vanille entêtante méritait un accompagnement ferrugineux. Lorsque Lan-Lan et Geralt se décidèrent à descendre, Vladimir se retrouva là, au milieu de cette famille. La tension était palpable, elle lui donnait envie de donner du scalpel. Lan-Lan semblait désireuse de les écarter de la suite des événements. Raison de plus pour ne pas la satisfaire. Elle avait quelque chose à cacher, il en était certain. Une sensation, un instinct. Ah, qu’il aurait aimé la passer au crible de son cristal …

- Bon. Vous conviendrez, chère famille, que rester ici ne nous permettra pas d’éclaircir cela. Pas plus que de vous protéger. J’ai beau posséder d’innombrables talents, je ne suis qu’un scientifique émérite et philanthrope. Je vous invite donc à emprunter cet escalier afin de rejoindre vos convives, mis en danger par vos propres méfaits. Il nous sera plus facile de confondre l’immonde meurtrier qui se cache dans notre petite troupe lugubre. commença-t-il, avant de planter son regard enflammé dans les prunelles de Yu’er. Ce n’est évidemment pas une proposition.

Le changement de ton du Docteur était à glacer le sang. Ses traits s’étaient creusés et son ordre avait claqué dans l’air de la façon dont il s’adressait à ses sujets. Un malaise s’étira entre eux, les mains de la Comtesse se nouèrent et le Comte releva la tête quelque peu gêné par cette attitude. Vladimir lui offrit un sourire.

- Je m’en voudrais s’il vous arrivait quelque chose en mon absence. continua-t-il, sa main tendue vers le passage.

Le Docteur s’empara d’un chandelier et fit signe à Xi Ming d’avancer. La petite compagnie s’enfonça dans l’escalier et les ombres. Les marches craquèrent sous leurs pieds, et des cris de stupeurs mêlés à des pleurs vinrent confirmer ses doutes sur ce qui les attendait en bas. La bonne cuisinière avait aussi rendu l’âme s’il en croyait les cris et le nom scandé. Elle et le majordome. Dommages collatéraux ? Il n’en savait trop rien mais ce tueur aimait bien trop le théâtral. Cela lui serait fatal : pourquoi ne pas se contenter des ombres et de la discrétion ? Il soupira, observa le salon vide une dernière fois en entreprit de suivre la petite troupe. Vladimir passa à côté de l’étrange créature de la jeune femme, s’arrêta une seconde devant, la main sur son outil tranchant. Un shinryu. Il le voyait gigoter çà et là depuis le début de la soirée, inféodé à la Fa. C’était dangereux de laisser une si frêle chose sans surveillance, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver dans les ombres d’un manoir …

- Tu es un spécimen rare, toi …

Quelques instants plus tard, il les rejoint pour assister au début de la représentation de Geralt qui avait l’air de vouloir provoquer le meurtrier. Mais il ne lui prêta pas attention. Il observa les deux marionnettes vivantes qui avaient suscité tant d’émoi. Bon sang, de l’animation purifiée. C’était … si rare. Un corps mécanique fonctionnel, un procédé qu’il n’avait vu qu’en de très rares occasions. Celui qui était derrière tout ça était très doué. Trop doué. S’ils en venaient à se battre, ses créations feraient de formidables adversaires. Pas si différents de jiangshis. Il serra les dents. Un talent dont il se serait bien emparé. Un mélange de convoitise s’infiltra dans sa jalousie, il commença à ruminer quelques ficelles à tirer pour s’emparer de cela. Mais le cinéma de Geralt le tira de ses pensées, attirant toute l’attention vers lui. Il claqua de la langue, agacé, mais décida d’en tirer profit tout de même. Il se glissa dans le dos de la cuisinière transformée et observa comment cette dernière avait été lacérée, travaillée pour leur offrir ce spectacle. Le tueur avait de bonnes connaissances en anatomie, c’était certain. Il sortit avec lenteur son cristal et entreprit de le passer sur la cuisinière. Selon ses conjectures, les réanimés n’avaient pas de sensations.

Elle marchait, marchait. Ses pas la menaient de la salle du meurtre du Majordome à cette pièce. La créature avançait sans heurts en descendant les marches pour aller jusqu’au sous-sol … lente descente de la créature, bercée par le grincement des marches …

Une main claqua celle de Vladimir et le repoussa, ce qui interrompit le flot de ce qu’il s’apprêtait à découvrir.

- La curiosité est un vilain défaut... ou elle se doit d'être discrète sir...

Le Baron revint à lui et fit un pas en arrière. Il dissimula son cristal aussi vite qu’il l’avait sorti et observa la créature qui agissait de façon mécanique. Il fronça les sourcils. Elle agissait de façon différente que ce qu’il avait vu. Elle avait même été jusqu’à descendre, se tourner vers la porte : c’était ce qu’il avait vu avant que tout ça ne cesse.

- Tout comme les cadavres réanimés ne sont pas censés être humains lors de leurs crimes, très chère. piqua le Baron, un petit sourire en coin.

Vladimir se plaça derrière la petite Elmire et entreprit à nouveau de tous les observer dans leurs défauts et leurs qualités. Il laissa le jeu de Geralt se dérouler et entreprit de contempler les échanges entre Xi Ming et elle. Il n’avait plus que deux suspects en vue, à moins que ce ne fut sa soif de sang qui obscurcissait son jugement. Si le bon Geralt avait décidé de se mettre en danger pour la communauté, alors autant en profiter : lui serait l’observateur qui récolterait les fruits de sa prise de risque. Néanmoins, il garda la main sur son scalpel, candélabre de l’autre côté. La lumière des bougies lui donnait un air famélique accentué par l’iridescence du tapis clair de ses yeux.

Attendre et voir … attendre et trancher la proie au vol. Il inspira. Aucun risque inutile : Geral et Keshô étaient parfaits pour cela.

hrp:
Mer 10 Jan - 11:30

vive la démocratie

Ft. Kesha, Lan , Azur, Vlad





L’epistote avait envoyé son message, restant alors seul avec ce qui restait de Marianne. Aux questions qu’il lui posait, cette dernière répondit avec un sourire imparfait. Il y avait après tout des limites à ce qu’un cadavre en début de putréfaction pouvait faire en matière de mimétisme des vivants.

Des motivations ? Il est vrai que c’est le propre de l’homme que de vouloir donner un sens et une raison à toute chose…

Mes motivations… c’est à vous de me le dire Keshâ’rem Evangelisto. Que suis je pour vous ? Un Fou ? Quelqu’un de rationnel ? Un artiste ? Autre chose ? Voici la clef de toute cette énigme précisément… L’important n’est pas qui suis je… mais que suis je…

Vous êtes perdu n’est ce pas ? Face à la conjugaison de deux histoires parallèles qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. D’une part un tueur en série maniaque… D’autre part une famille dont le passif interne ne fait que se révéler au fil des minutes…

Ce qui est vrai, ce qui est faux. Ce qui est important, ce qui ne l’est pas. Peu importe car l’innocence n’existe pas.

Marianne redevint alors silencieuse tandis que le reste du groupe rejoignait progressivement Kesha dans la cave à vin d’abord sans la famille et Vladimir. Le cadavre parfaitement silencieux écoutait alors Lan-Lan exposait ses théories et ses volontés. En interrogeant la morte, elle tentait de lui arracher une information mais celle ci ne lui répondit que par un sourire purement factice.

Des mots toutefois, elle finit par en dire lorsqu’Azur tenta d’énerver le présumé artiste en critiquant ses œuvres et la beauté de son art. A ses mots, Marianna se contenta de hausser les épaules avant de continuer.

La vérité ne se trouve que dans ce qui est réel et factuel. Toute chose qui ressort du concept et de l’idée, de l’idéel en quelque sorte n’est pas vérité mais plutôt perception et opinion. Je suis relativiste en quelque sorte…

Vladimir fit alors son entrée dans la pièce avec la famille. Xi et Elmire resserrés l’un contre l’autre dans l’épreuve. Yu’er déboussolé d’avoir été pendant tout ce temps avec un double d’encre. La comtesse toujours aussi esseulée psychologiquement. Et un comte qui tentait de garder malgré la situation sa posture et son rang par honneur et égo.

Le spectre obtient ensuite quelques informations par le biais de ses pouvoirs avant que finalement Marianne ne l’arrête dans sa tentative, reprenant alors la main pour le compte de son créateur.

Vous voilà tous là…

Soudainement, les portes de la cave à vin se refermèrent.

Vous savez… pendant toute cette petite nuit ensemble je me suis dis une chose. Ce serait trop simple pour moi de vous diviser ou de faire courir partout. Ce ne serait d’ailleurs pas très équitable pour vous. J’ai donc décidé de vous donner une chance, dans ce qui sera sans doute la dernière des épreuves de ce manoir, mais pas la moins longue.

Depuis peu la nouvelle génération joue à un jeu que je trouve à titre personnel fort intéressant. Cela s’appelle le Zoanthropes de thiercelieux. C’est un jeu dans lequel à chaque tour, le groupe doit voter pour une personne mise à mort en espérant que cette dernière soit le coupable.


Elle claqua alors des doigts et la pièce s’illumina, révélant tout ce que Lan-Lan redoutait. Des pots, des statues, des peintures murales. En plein cœur du royaume de l’animation, il n’y avait que peu de doute sur la mort de la personne qui serait prise pour cible.

Je ne vous force pas la main… vous êtes libre de débattre autant que vous le voulez avant de voter.

Toutefois pour vous aider, comme je le disais à votre camarade tout à l’heure. La première question à se poser n’est pas qui je suis parmi vous mais plutôt pourquoi je suis parmi vous. Je suis certain que quelqu’un à la réponse parmi nous.
Ven 12 Jan - 22:13

La lance du chevalier

Complicités morbides



Le tête-à-tête avec les homoncules de chair était glaçant. Il se demandait s’ils ne faisaient que se jouer de lui ou s’il y avait quelque vérité dans ce qu’ils pouvaient lui dire. Un fou, certainement pas. Tout était trop odieusement planifié et s’adaptait à chacune de leur percée par des contre-mesures. Un démon, possible. Pour le reste, il devait y réfléchir. « Que suis-je ? » soufflait Marianne avec malice.

La thèse du spectre soulevée par le Von Arendt lui revint. Un voleur de corps pourrait se jouer avantageusement des enquêteurs, déposséder la psychée de ses victimes de ses attributs, s’infiltrer dans son entourage et disparaître. Mais il ne connaissait pas suffisamment la condition de ces êtres maudits pour écarter cette théorie ou lui donner plus de poids.

Oui. Il était troublé. Et si les deux histoires n’en faisaient malgré tout qu’une ?

Lan-Lan vint couper le silence tendu qui germait sur les paroles de la morte-vivante, pour lui donner une leçon de prudence. Il acceptait l’idée de s’être montré impulsif sous le coup de la surprise. Cependant, il voyait bien que tous ici étaient hypocrites et cyniques à préférer voir leur voisin tomber sans réagir.

-« Vous avez peut-être raison, dame Fà. » En revanche, ses lèvres se pincèrent à la remarque de Gerald. Ce dernier ne devait pas être plus âgé que lui et il percevait dans les termes familiers une hauteur nobiliaire qui lui déplaisait fortement. Décidément, Xandrie avait de drôles de manières. Si le tueur était issu des classes populaires, ses motivations seraient compréhensibles.

Ils devaient se serrer les coudes. Si Lan-Lan paraissait d’une curiosité et d’un sang-froid un peu trop morbides pour une jeune noble, Keshâ convenait qu’elle était encore celle qu'il tenait la plus éloignée de ses soupçons. Le tueur, ou son commanditaire, avait plus de chance de provenir de l’intérieur de la famille. S’il n’excluait pas un autre coup de théâtre, elle avait été d’une certaine aide jusqu’ici.

Elle remania les faits avec clarté sous l’œil plein de convoitise des animations. Il hésitait à répliquer à voix haute, de peur de donner trop d’emprise au tueur. Cela ne ferait que l’aider à mieux les manipuler. Il avait du mal à se rappeler du poème qui ne faisait pas plus de sens maintenant qu’auparavant. Et le nom des tableaux lui échappait. Le titre de « Réalité Occulté » finit par lui revenir à force de retourner son esprit et il se dit que cela pourrait éventuellement être la clé du mystère.

~° Réalité Occultée ? Le secret de l’identité du tueur ? Ou simplement le Comte Lua masquant son déshonneur ? °~


Elle avait bien raison. Être acariâtre, méprisant et monstrueux était dans la nature de Vladimir Von Arendt. C’était son identité au Magistère. Mais comment aurait-il pu commettre autant de méfait au fil des mois en Xandrie sans être repéré loin de chez lui ? Gerald de Dains en revanche avait un visage et des motivations occultes, en dépit d’une attitude désinvolte et joueuse.

Les accusations se resserraient autour du cou d’Elmire. Un domestique était toujours plus invisible qu’une figure notable. Du moins était-ce le point de vue de l’aristocratie. Keshâ considérait que tous étaient égaux et que les domestiques étaient capables d’observer les habitudes suspectes de leurs collègues. Une nouvelle tête aux agissements suspects n’auraient pas laissé d’éveiller les commentaires…l ’amourette paraissait toutefois de plus en plus évidente entre Xi-Ming et Elmire.

En tout cas, les rats avaient rejoint le navire. Tous avaient trouvé le courage d’emprunter l’escalier souterrain. L’Opalien se vit rabroué par une tape espiègle de la revenante. On ne le reprendrait pas à deux fois à jouer de ses nascent et cristaux par surprise pour court-circuiter le jeu. C’est alors que Gerald s’adonna à un numéro de provocation insensé. S’il s’était selon les autres convives montré imprudent en se jetant dans la gueule du loup fleur au fusil, qu’était-il maintenant en insultant ouvertement l’orgueil artistique du maître du jeu ?

Par chance, il n’y eu pas de conséquences négatives. La cuisinière - son cadavre - se lança au contraire dans ce qui ressemblait à un charabia de philosophe Epistote. Les mot "idéel" et "relativiste" semblaient un peu tombés de nulle part au milieu de la boucherie du visage sans vie de Marianne.

Une fois la famille et les enquêteurs tous attablés, la sourricière referma pour révéler le piège meurtrier en lequel s’était mué la cave à vins. Outrageusement décoré comme un chef-d’œuvre d’architecture, ses plafonds et ses murs étaient recouverts de munitions de choix pour un maître de l’animation. Sa gargouille s'était évaporée dans l'éclair lumineux. Un soulagement pour son énergie.

Les fadaises que leur preneur d’otage pondaient étaient absurdes. Il n’était pas question d’équité ni de les laisser gagner. Seulement de tirer un peu plus loin l’horreur et la détresse humaine. Il ignorait ce qu’était le Zoanthrope de Thiercellieux, n’ayant pas vraiment eu d’amis dans l’enfance. Par contre, il ne put que relever les mots « jeune génération ». Comme si celui qui les disait se plaçait au-dessus en termes d’âge. Sauf s’il parlait du point de vue de Marianne. A ce titre, cela ne jouait pas en faveur du comte, de loin l’aîné et le plus pédant quant à son éducation après Vladimir.


~° Il a dit « jeune génération »… °~
murmura-t-il dans l’esprit de Gerald. ~° Comme si lui était plus vieux… le comte Xi Lua ? Il a l’éducation de palabres compliquées. °~

Les règles révoltantes étaient expliquées, à la sidération générale de l’assemblée. A n’en pas douter, beaucoup voteraient sans scrupules pour leurs voisins pour gagner du temps. Les rancœurs et inimitiés étaient nombreuses. Etait-ce cela que le tueur tenait à démontrer ? Le pourquoi de sa présence ?

-« Libres… » ironisa-t-il.

Les invités se toisaient en chien de faïence, dans une suspicion généralisée dans l’atmosphère confinée de la cave à vins. Les accusations dures n’allaient sans doute pas tarder à fuser et Keshâ refuser de tomber dans l’engrenage sans prendre l’initiative. Il pouvait peut-être fausser les règles du jeu… les joueurs devaient s’écharper, se diviser et tuer en s’entre-dévorant. Mais grâce à son pouvoir arcanique d’inertie et sa télépathie assemblée, il pouvait provoquer l’effondrement presque immédiat de n’importe lequel d’entre eux sans signe avant-coureur. Et mieux que cela, sans se trahir, ni blesser quiconque.

Il oubliait une minute que la première personne qu’il avait touché de son esprit en cette soirée était Violette. Le tueur devait donc avoir connaissance d’au moins l’une de ses habiletés. Les autres enquêteurs le savaient également télépathe. Néanmoins, s’il se trompait de victime parmi le clan Lua, cela pourrait passer pour un évanouissement dû à la charge émotionnelle face à la perspective d’être tué.

De son côté, il penchait plus pour le Comte ou Yu’er comme personnalités vindicatives capables de se salir les mains. D’ailleurs, le Comte s’était fait assez discret dans ses interventions depuis le début. La stratégie avait plutôt bien réussi à l’avatar de Violette… Quant à Yu’er, sa haine était révélée et elle trainait avec la fausse Violette. En même temps, Lan-Lan pointait Elmire et il serait intéressant de la sortir de la liste des suspects.

Il aurait bien fait appel au sens des déduction de Vladimir, mais se refusait à lui révéler ses forces et faiblesses. La liaison s’ouvrit donc sur Lan-Lan Fà :
~° Avant qu'il ne soit trop tard, on a peut-être une chance de tout arrêter, seulement si je choisis la bonne personne. Le tueur a l'air extrêmement intelligent et pourra vite comprendre le manège... mais j'ai la possibilité de faire perdre connaissance à une personne sans bouger ni me faire remarquer. Lan-Lan, pensez-vous qu'Elmire soit un bon choix? Je soupçonne plus Yu'er et le Comte, mais si je me trompe sur Elmire, elle est plus impressionnable... le malaise sera plausible... et j'aurais peut-être une seconde chance...°~  Il se rend compte qu'il débite à une certaine vitesse pour économiser du temps, la télépathie n'étant pas limitée par l’articulation de ses lèvres.

Dans son idée, l’avantage d’être passé pour trop fougueux est qu’on ne l’imaginerait pas capable d’une stratégie aussi méthodique. Lan-Lan marque son accord avec son choix et il entonne donc un chant d’inertie d’une voix grave dans l'esprit d'Elmire. Les yeux de la servante s’agrandissent de surprise, elle jette un regard à droite, puis à gauche, avant de s’effondrer au sol à côté de sa chaise. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais elle ne semble pas être l’auteure des animations. Loin de s’affaiblir, elles prennent vie. Le plafond ondoie pour libérer le gantelet d’un chevalier pointant une lance.

Tout file comme l’éclair en lui. Mu par l’instinct, il se dresse en envoyant valser sa chaise, saute sur la table en brisant les ustensiles et tire une dague de son fourrea,u au creux de ses reins. Avant de réaliser ce qui se passe, la lance d’encre est projetée avec force pour empaler Elmire, mais son bras parvient à la dévier d’un coup descendant. Elle se brise au moment où sa pointe heurte la pierre. Keshâ doit fermer les yeux et détourner le visage pour se préserver des aiguilles acérées qui fusent et écorchent légèrement le flanc de Xi-Ming, qui s’est jeté sur le corps de sa bien-aimée pour la protéger.

Finalement, l’entraînement de Maëlstrom lui aura laissé quelques bons réflexes, qu’il ne doit pas au courage mais à l’élan du cœur de sauver une âme innocente. Le tueur aura considéré cette perturbation comme une désignation et le chevalier continue de se mouvoir pour sortir du plafond.


Marianne, jusqu'ici silencieuse, précise. "Le coupable ne peut être révélé que lorsqu'il sera mis face au fait de sa mort inéluctable. Doutes-tu de ton choix Keshâ'rem ? Si tu es certain de toi, laisse-nous la tuer."

Mensonge ? Vérité ? Il ne sait rien du pouvoir d’animation. Toutes ses certitudes volent en éclat.
~° je ne suis pas certain... je ne suis pas capable de la laisser mourir. °~
Lan-Lan lui jette un regard grave et résigné. Tout est sur le point d’arriver. Le chevalier lève l’épée. Xi-Ming va aussi y passer. Les deux amants à jamais unis dans la mort.
-« ARRETEZ!!! » hurle-t-il..

-« C’est ce que vous voulez n’est-ce pas. Le pourquoi expliquant votre jeu. Vous voulez que nous décidions de qui mérite d’être puni.. que l’on devienne coupables en choisissant la mort des autres pour sauver notre vie ?.... .»
 Son regard étréci vogue entre les présents alors qu’il écrase la porcelaine brisée sur la table. Il regarde tout le monde et personne.
« Personne n’est innocent, n’est-ce pas ? Vous êtes relativiste… alors, si on se trompe, ce n’est pas grave… Vous vouliez ma réponse, la voici : un philosophe cynique. C'est ce que je crois que vous êtes.»

Il y aura bien un vote. Moins hâtif que ce que le chevalier pensait. En attendant, Keshâ n’aura pas de sang sur les mains. Il se déteste de s’être résigné pendant une seconde. Il a failli consentir. Sautant à terre, il redresse son siège et se rassoit en silence.



Résumé:


Dernière édition par Keshâ'rem Evangelisto le Mar 16 Jan - 22:12, édité 1 fois
Mar 16 Jan - 10:24

Bas les masques

L'heure des révélations


Comment en étaient-ils arrivés là, déjà? Ah oui. La compassion.

Lan-Lan était toujours assise sur sa chaise, les doigts croisés, son visage de poupée à peine perturbé par ce qu’il se passait autour d’elle - années de torture ont lissé ton coeur, maintenant plus rien ne te surprendrait, petite fleur. Ses petits mots acides indiquaient quelqu’un: Elmire. Pour elle, au moins, c’était le meilleur des suspects. Un suspect qui partage la couche de sa victime, qui peut observer silencieusement toute la famille sans jamais vraiment s’y mêler, qui connaît les secrets, véritable petite souris qui traîne son oreille et que l’on nourrit au passage. Être à la fois dedans et dehors… Comme le tueur, en ce moment. Aussi, quand Keshâ lui intima qu’il pouvait s’en occuper, elle n’avait pas hésité une seconde à lui confirmer ses doutes - si il se sentait suffisamment sûr de lui, pourquoi l’entraver?

Et comme si le tueur avait réponse à tout, la petite cavalcade prit rapidement des proportions dantesques. Aussitôt que la dame tombait dans la vapeur d’un sommeil forcé, une créature toute de peinture faite manquait de la pourfendre. Et son chevalier servant d’aller la rejoindre avec la noblesse d’un cœur amoureux. Un tableau de passions qui aurait peut-être suffit à les libérer de cette nuit cauchemardesque.
Si ça n’avait pas été pour la compassion…

Jeune cœur brave, peut-être que le monde ne te mérite pas. Résignée, la noble regardait la débâcle du plus jeune d’entre eux alors qu’il tentait  d’interrompre le massacre, laissant ses émotions couler partout, éclabousser les murs autant que la peinture du meurtrier, empêchant au passage justice de se faire sur les deux amants maudits de la maison Xi. In extremis, il tenta une approche nouvelle, confronter le tueur à ses idéaux. Novateur, certes, mais peu efficace. Un long, long soupir sortit de ses lèvres. Ce à quoi elle voulait le confronter, c’était la mort. Pouvoir enfin sortir de là, boire la nuit dans un verre de vin, et dormir jusqu’au matin.

A la place, c’était le visage décharné de Mariane qui la regardait sans vie et sans… Rien. Que la chair à vif, yeux vitreux, langue bleue.
Keshâ’rem leur avait au moins fait gagner un sursis. C’était déjà ça - même si elle désavouait sa fougue et son coeur pur, grâce à lui, ils avaient au moins le mérite de souffler un peu. Le boucher était donc parmi eux, mais c’était peu probable qu’il s’agisse d’Elmire, endormie dans les bras de son amant. Bon. Un nom de moins. Et lui, alors? Il n’en menait pas large, mais tout aurait pu être une couverture, après tout.

Du curare. Pour tout le monde. Cyanide, mercure, arsenic… Que tous tombent, et s’en serait fini.

Si c’était si simple… Elle aurait abattu sa plus belle carte aux yeux de tous. Quel gâchis ce serait! Non, savoir raison garder. Souffle, ce sera bientôt fini. Par contre…

Elle échangea un regard avec Geralt. Contrairement à Vladimir qui avait eu le bon goût de leur apporter toute la famille comme un nouveau fardeau et Keshâ dont la bienveillance n’était plus à prouver, le jeune noble semblait avoir du flair, et un certain sens du spectacle - certes avortés trop tôt. Comme elle, il économisait encore ses ressources. Et il était sur une piste. Il avait même essayé de le dire, dans le salon, mais elle n’avait pas saisi la corde lancée… Il était temps de se rattraper, donc! Poussant une natte rouge de son épaule, elle Lan-Lan se leva, posant les deux mains à plat sur la table.

Chère famille Xi, je comprends l’inconfort dans lequel vous êtes, mais le tueur veut un nom.” Elle se sculpta un visage plein de compassion. “Je sais que c’est dur mais… Lequel donneriez-vous?

Cela revenait à leur demander de sacrifier un agneau. Sans grande surprise, aucun ne fut capable de donner quoique ce soit. Bon… Elle aura essayé. D’un geste, elle siffla, rappelant à elle son long reptile d’or qui vagabondait encore dans les étages. Par ces temps, elle préférait le garder près d’elle qu’éloigné. Quand il fut solidement accroché autour de son ventre et son dos, elle se retourna cette fois… Vers Yu’Er. Ne t’en fais pas, Geralt. Tu penses trop fort, je t’entends d’ici. Je m’occupe de lui faire cracher ses vipères pour toi…

Mademoiselle Xi. Ne prenez pas la mouche, l’heure est suffisamment grave comme ça. Nous vous avons croisé avec la maraudeuse plus tôt, dans le couloir. Vous aviez l’air en pleine discussion… Animée. Que vous disiez vous?” Elle la regardait avec une intensité net, qui ne trompait pas. Celle qui lui murmurait qu’elle n'aurait aucun mal à donner son nom, voir à exécuter elle-même la sentence. Lentement, elle se glissa derrière le chevalier de peinture, comme si elle tenait elle-même sa lance dans sa main. “Je pense qu'il serait avisé de ne pas mentir. Au point où nous en sommes, au moindre doute... Vous connaissez tous l'issu.

La jeune Yu’er devint pâle. Bingo. Elle commença à bafouiller, peinant à avaler sa salive. Elle regardait les visages… Tous semblaient dans l’incompréhension - pas d’indices, là, donc. Mauvaise piste… “Je… Je…” Je quoi? Eut-elle envie de lui hurler. Mais elle n’en eu pas le temps. Le tueur semblait avoir réellement réponse à tous, surtout quand elle vit grimper autour de son cou un serpent dessiné à l’encre noir, s’enrouler là, et serrer, serrer fort. Merde.
Merde!

C’est pas vrai! Si proche de l’information. Son sang ne fit qu’un tour - bouillant comme il était, il ne lui en fallait pas plus pour qu’elle se jette sur elle, passant le doigt sur un cristal qu’elle ne prit pas la peine de cacher - l’alchimie, un pouvoir que certains jugent sots, stupides, mais qui pour elle était… Une mine d’or. Aussitôt dit, aussitôt fait: elle posa les mains pleines sur le tatouage qui immédiatement se changea en eau, ruisselant le long de la nuque pâle de la jeune noble. Le sort était déjoué… Sa vie sauve. Et Lan-Lan ne put contenir un sourire triomphant. Pas celui d’une vie sauvée: maintenant, elle lui était redevable. Elle parlerait. Elle la ferait parler.

Trop simple, sans doute. Trop facile. Ce fichu tueur semblait avoir tout prévu, une feuille de route infernale qui leur fauchait l’herbe sous le pied au moindre de leurs efforts. Aussitôt qu’elle eut libérée la fille Xi que tous les autres membres de cette maudite famille commençait à se tortiller sous l’emprise du même reptile autour de leur nuque. Mariane reprit la parole, cette fois-ci à son attention.

Nulle innocence n’existe en ce bas monde…” Parole, parole. Encore des paroles. Mais des paroles intéressantes. La Fà leva une oreille et un regard vers la mutilée. “Votre ami n’a pas eu le cran de faire ses décisions demoiselle. Ainsi c’est donc à votre tour d’être à l’heure du choix. Comme je le répète, le tueur est parmi nous. Vous êtes libre de retirer les serpents de toute personne que vous considérez comme encore non coupable,les autres mourront. Si jamais l’assassin se trouve dans le groupe que vous avez laissé mourir, tous les nons coupables, même ceux qui sont dans le groupe des condamnés, seront épargnés.”

Oh? Oh… Lan-Lan leva de grands yeux surpris vers Mariane et sa peau écorchée. C’était trop beau pour être vrai… Pareille cadeau, vraiment? Quelle idée? Elle voyait danser les reptiles autour des nuques, ne pouvant s’empêcher de trouver le sien bien plus beau. Le tueur était-il si simple? Improbable situation… Mais si il souhaitait tant danser, après tout, qu’ils dansent tous. Aussitôt, elle se retourna vers Yu’er et ses yeux de biches perdues, alors que sa famille comprenait le couperet qui s’agitait maintenant sur leur gorge.

Vous feriez mieux de parler maintenant… J’ai sauvé votre vie, il m’appartient de faire de même avec votre famille…

"Je... je ne sais pas ! Le serpent... on m'a dit que c'était la garantie des contrats fait avec celui qui anime... Il devait m'aider..." Le jeune officière du guet cherchait ses mots avec attention, peut-être même un peu trop. "Pour reprendre ce qui devait être mien..."

Quelle vermine. Lan-Lan eu la furieuse envie de lui attrapper le col, mais elle n’en fit rien. Habile, Mr du Dains, votre avis était le bon. Visionnaire avant l’heure. Elle laissa Yu’er retomber, avant de s’imposer à la famille, légère, lente. Réfléchis, Lan-Lan… Vladimir semblait fulminer tout ce qu’il pouvait, et Azur n’avait visiblement pas l’intention de participer plus. Discrètement, la belladone leva une main, la passa sur la tête de sa salamandre qui se décolla de sa taille avec lenteur. “Je suis désolée mon ami, tu as du travail ce soir. Va faire le tour de la maison, reviens immédiatement si tu trouves quelque chose. Que ce soit quelque chose… Ou quelqu’un.” Immédiatement, le reptile s’envolait et traversait le plafond de cette maudite cave à vin, oh qu’elle aurait préféré en faire de même. Elle ne rayait pas l’option que le tueur se trouve ailleurs, et qu’il ne soit parmi eux que par l’intermédiaire de Mariane.

Maintenant, ses victimes… Quelle position inconfortable. Bien plus habituée à se retrouver intermédiaire qu’exécutante, Lan-Lan trépignait intérieurement. Le coupable… Amateur d’art, chirurgien, esthète, et lancé dans une chasse aux sorcières pour faire tomber les masques… Elmire était au sol, endormie. Cela ne pouvait pas être elle. Son serpent disparaît. La comtesse… Petite femme brisée, coquille vide. Elle le sentait, dans ses entrailles. Ca ne pouvait pas être elle. Son serpent disparaît.
Ne restait que Lua.
Et… Ming lui-même.
Faisant un pas en arrière, ils gardaient tous les deux leurs serpents. Le comte s’en offusqua immédiatement, Ming, lui, semblait plus… Résiliant. Curieux… Il serrait sa bien aimée dans les bras, alors que son père - oups, pardon - le comte s’énervait face à elle, se tortillant comme le verre face au moineau, lui hurlant qu’elle comptait le tuer.

Vraiment, m’accuser d’être votre tueuse? Pour ce que j’y vois, vous seriez votre propre bourreau, cher comte! Vous avez une ultime chance de parler. Ne la gâchez pas: avouez votre crime maintenant, c’est votre dernière chance.

Il n’aura fallu qu’une phrase et la perspective de la mort pour que tous deux, père comme fils mais que les liens du sang d’unissent pas, crachent tout ce qu’ils avaient à cracher.
Tous deux avaient également demandé de l’aide au tueur - l’un pour régler ses problèmes de famille, l’autre pour sa propre protection. Serpents peuvent disparaître…

Hypocrites! Il n’y en a pas un pour rattraper les autres. Vous étiez tous dans le coup, n’est-ce pas?!” Elle aurait pu devenir aussi rouge que ses cheveux si elle n’avait pas eu un sang-froid iné. Tandis que ses doigts s’affairaient sur les nuques nobles, la Fà y voyait plus clair: aucun n’était innocent. Famille cassée, ils s’étaient ligués les uns contre les autres. Pitoyable vérité… “Vous êtes tous coupables!
Au même moment, un autre serpent revenait derrière elle, s’agitant avec nervosité. Huang-Long, tu as accompli ta mission. Quand l’affaire sera tirée au clair, nous pourrons te suivre où que tu le veuilles.
Jeu 18 Jan - 18:21
Ils étaient des proies prises au piège d’un meurtrier qui s’amusait de leur détresse. Vladimir n’était pas une proie. Il n’était pas manipulé, il n’était pas une chose qu’on pouvait malmener contre son gré. A chaque étape, son emprisonnement dans les geôles du Magistère se rappelait à son bon souvenir. A chaque erreur, les paroles du Dr Higgs brûlaient son sang et attisaient les feux de sa haine. Il les préludait tous. Ceux qui osaient hausser le ton contre lui, ceux qui s’attribuaient ses mérites et ses découvertes. Ces pouilleux qui se disputaient pour le sort d’une vie, et dont les fragrances obsédantes alimentaient sa soif. Tout ceci n’était qu’un jeu de dupe, tout ceci n’était qu’une pièce où il n’était qu’un tartuffe en puissance. Il sentait sa colère monter. D’un cran, inexorable. A chaque fois qu’il passait sa langue sur ses canines effilées. La pulpe sèche de son index sur le fil du scalpel.

- Faites-donc votre jeu, édictez-donc vos règles. marmonna-t-il, bien décidé à ne pas y souscrire.

Ils ne maîtrisaient rien et il percevait le fil du marionnettiste se refermer sur eux. Etait-il le seul à le percevoir ? Etait-il le seul à douter de la sincérité de ce fou furieux avide d’attention ? Le réel talent s’exerçait dans l’ombre et ne nourrissait nulle approbation autre que celle de l’efficacité. Opale était à la lumière de ses succès. Pourquoi perdait-il son temps ? Pourquoi … pourquoi ? Ses frustrations accumulées nourrissaient ses propres désirs malsains. Il les observait, les jugeait … et se prêtait au jeu malgré lui. Pire encore, un jeu pour enfants. Pour risibles créatures sans cervelles : le tueur se moquait d’eux. Il l’avait pris pour quelqu’un de talentueux de prime abord, un artiste frustré aux mœurs maladives. Il avait même cru partager avec lui une fibre théâtrale … mais que nenni. Ce n’était qu’une créature ratée, avide et informe.

- Continuez avec vos pantomimes et de vous dissimuler, cher hôte. Quelle inconséquence de jouer à un jeu où vous n’êtes pas certains de gagner … ricana le Docteur, tant il était évident que cet individu ne respecterait jamais sa parole.

Combien de fois avait-il rassuré un sujet en lui mettant entre les mains le bout de tissu avec lequel ses parents l’avaient délivré ? Combien de fois avait-il assuré que tout irait bien en délivrant la dose létale pour achever une mutation dysfonctionnelle ? La Science, le Progrès. Rien ne justifiait le moindre remords quant l’avenir de l’espèce dominante était en jeu. Ce type, là, qui jouait et qui prenait la chaîne trophique comme trône supposé … Le Docteur nourrissait des projets pour lui. La plupart à base de Myste et de seringues.

Quant à la question qu’il fallait se poser … il n’arrivait pas à comprendre pourquoi cet individu désirait tant jouer, tant prouver quelque chose. Pourquoi à eux ? Il avait englué la famille dans les fils poisseux de sa toile de manipulations. Pourquoi envers ces quatre individus arrivés là par un hasard fortuit ?

- Développer, Contrôler … se murmura Vladimir pour garder contenance, se rappeler pourquoi il était là. Il commençait même à douter du hasard de sa venue, de sa désignation. Il chassa cette idée d’une claque mentale. C’était ce que cette chose voulait. Ce que ce sous-être désirait.

Et pourtant … ils jouèrent. Ils jouèrent à son jeu malsain, ne questionnèrent pas ses règles et devinrent les sujets d’expérimentation du marionnettiste. Les filins se resserraient sur le Docteur, il commençait à se sentir à l’étroit. Il connaissait sa nature, il savait de quoi il était fait et que ce Vestige n’était … qu’un faux-semblant. Il savait où il était allé et comment il en était ressorti, d’où son besoin maladif d’y retourner à n’importe quel prix. Ce ne serait pas un assassin de bas-étage qui nuirait à son Grand Œuvre. Il ne pouvait se laisser avoir par un être aussi … écoeurant. Famille ? Complot ? Mais que valaient la réponse à tous les secrets d’Uhr face à cela ? Les humains étaient si … factices.

- Vous êtes si niais, Keshâ, que ça en devient risible. commenta le Strigoï lorsque le jeune homme s’agita autour d’eux. Un véritable délice pour notre cher metteur en scène qui doit prendre un plaisir inimaginable à nous penser torturé par son jeu malsain.

Il avait tenté de finasser et avait produit un étrange effet – certainement lié à un cristal – pour endormir Elmire. Tout le monde était garni de cristaux dans cette pièce, ce qui confortait son hypothèse sur le manque de hasard. Or, cela avait induit une prise en considération de son acte pour mettre à mort la jeune femme. Alors qu’il aurait pu jouer le jeu et profiter de cela, le gamin joua les héros. Il s’était ravisé sur le fait de mettre à mort Elmire et Xi-Ming son fervent défenseur, mais il n’avait pas eu le cran d’aller jusqu’au bout. D’un manque de détermination et de courage affligeant. Quant aux autres ... Geralt était trop indolent et semblait en retrait. La demoiselle Fà … celle-là, il avait d’autres envies à son sujet. D’écraser son air sournois dans le jus de sa propre défaite, de lui faire comprendre qu’ils n’étaient pas égaux. En soi, le jeu de tout politicien.

La seule chose intéressante était ce travail d’animation, trahissant une connaissance du jeu et de ses afférences. Le reste agaçait Vladimir, l’énervait … lui donnait envie de mettre un terme définitif à tout ceci. A tout. A tous. La noble pris le pas, libéra son fiel et tordit les sentiments de la famille pour les pousser à avouer. Perte de temps, perte de temps … Mais elle prouva une chose : tous étaient coupables. Tous étaient de mèche : ce qui n’étonna que peu le Docteur. Sa question eut le mérite de révéler la coercition du tueur, en l’apparence d’un serpent d’encre. Ce à quoi Lan-Lan réagit de façon étonnante : elle … désintégra l’apparition par un simple contact des doigts. Un cristal alchimique ? Voilà qui était … très intéressant … mais à quoi le tueur répondit par un autre pantomime leur indiquant que même le tueur pouvait avoir un de ces serpents. Il parlait de culpabilité, mais de quelle culpabilité au juste ? Coupables, coupables. Tous coupables. Mais la nobliotte ne s’arrêta pas là et reprit le contrôle sur sa … victime. Du cran, la demoiselle, du cran …

Mais elle perdait du temps. Sans un mot, le Docteur se leva et entreprit deux choses. Observer la nuque de chaque convive et, dans un détail plus personnel, l’état de leurs mains. Il les ausculta afin de confirmer un soupçon qui pousserait sa malice à agir et à prendre le contre-pied de toute cette situation. Un dernier tour pour tenter de sauver les meubles, un dernier essai pour gagner le jeu de façon honnête … Il ricana dans sa barbe lorsque, après avoir étudié les mains de la famille jusqu’à la cuticule. Ils avaient tous un serpent, ils avaient tous fait un pari avec le maître d’œuvre … Le sang du Docteur ne fit qu’un tour. Et lorsque l’animal de compagnie de la Dame Fà revint, il sentit son cœur cogner de rage dans sa poitrine. A chaque soubresaut, il se sentait prêt à … basculer. Les règles ne lui plaisaient pas, la constriction le faisait hurler. Il souffla par le nez. Il en avait assez. De ces règles, de cette perte de temps. De cette famille qui aurait mérité ses outils plutôt que son intérêt.

Sans un mot, le Docteur riva son regard de braise sur la Comtesse. Un sourire en coin mangea sa peau pâle, tordit sa peau de parchemin. Il inspira et s’avança d’un pas calme vers la femme éplorée, aux yeux débordant de son maquillage d’avoir trop pleuré. Une ombre se dessina devant lui, bloqua son passage. Le jeune Keshâ.

- Je vous déconseille d'aller plus loin, Vladimir. Opale cause déjà assez de mal en Xandrie. osa l’imprudent.

Le sourire disparut des traits du Baron.

- Opale a causé Xandrie, imbécile : votre bouge infâme n’existerait pas sans moi. Tout ce que vous faites, pauvre sot, c’est le spectacle du tueur. Aussi coupable que les autres ... Je vous achèterai une laisse et vous pourrez pavaner lorsque nous sortirons. Mais en attendant, vous ne faites que donner du cachet à cet assoiffé de reconnaissance. Vous ne vous êtes même pas demandé si cet indolent tiendrait parole, ou pourquoi quelqu’un de, manifestement plus intelligent que vous, accepterait de jouer à un jeu où il peut perdre. Et vous savez ce que les psychopathes détestent, Keshâ ? Vous savez ce qu’ils abhorrent par-dessus tout ?
répondit-il, ses yeux dans ceux de l’humain, son sourire se reconstruisait petit à petit et lorsqu’il lâcha la question finale, un éclat argenté jaillit de ses doigts et traversa la pièce.

La lame s’enfonça entre les doigts de la Comtesse et se glissa dans sa sclère. Le hurlement strident de la femme fit sursauter tout le monde.

- Perdre le contrôle. mima-t-il avec ses lèvres, les animations dans le dos.

L’Opalien se recula d’un pas. Tout se jouait là. Maintenant. Il eut un intense sentiment de soulagement à entendre la situation se déliter, lorsqu’il vit tout le monde écarquiller les yeux et crier de panique. Tous, sans un instant de doute, d’hésitation. Une vraie peur, un vrai traumatisme. Il se tourna vers Marianne qui fit semblant de tressaillir pour se gausser de lui.

- Mauvaise pioche, opalin. Il semblerait que Madame était innocente … ricana l’incarnation.

- Je sais. Et alors ?
ricana-t-il, plongé dans les détails parfaits des entrelacs biologiques de l’animation.

- Et au cas où, je le reprécise, je suis dans cette pièce avec vous. Je ne cherche pas l'efficacité. Je vous laisse une chance. Toutes les informations sont devant vous... que vous soyez en mesure de les saisir ou non. Certains sont passés à une déduction logique de la vérité, d'autres se fourvoient totalement... reprit la créature, qui pensait que Vladimir avait pu se fourvoyer sans dessein.

La chose aurait pourtant dû savoir à quel type de personnage elle avait à faire. Il suffisait d’une petite poussée pour que tout cela sombre dans le chaos … juste un peu plus … et les liens se briseraient. Mais toute action méritait conséquence, et celle-ci ne tarda pas à se manifester.

- Toi ?! Toi ! Je ne te le pardonnerai pas ! hurla Yu’er, des flammes courant autour de ses doigts.

La gamine leva sa main et une boule de magma jaillit de sa paume pour se jeter sur le scientifique. Prêt à une réaction de ce type, il parvint à éviter l’attaque qui frôla sa joue et alla s’écraser contre une chaise. Il perçut la chaleur intense de l’attaque, la chaise vola en éclats et des projections de roche en fusion grésillèrent la salle. Poutres, dalles : rien n’y coupa. Le strigoï la considéra avec un regard mauvais. Ce pouvoir …

- Dangereuse, gamine : un tel pouvoir implique quelques autres secrets …
remarqua-t-il, avant de se redresser. Cependant, je ne vous conseille pas de vous en prendre à moi pour deux raisons : je suis le seul médecin ici, et vous observerez que seule la sclère est touchée. Seconde raison : les sanctions d’Opale seraient immédiates … ainsi qu’un magnifique prétexte.

Il se maintint, affublé du statut de ceux qui se pensaient intouchables. Le chevalier d’encre, quant à lui, commença à se mettre en marche.

- Préoccupez-vous plutôt de cela … indiqua-t-il d’un geste négligent de la main.

Tous le fusillaient du regard, même ses ‘camarades’, dans des degrés divers. Le jeune Keshâ était perturbé, écoeuré. La Fà semblait … intriguée tandis que Geralt manquait étrangement de réactions. Il fronça les sourcils, se tourna vers l’assemblée qui le tenait à présent en joue.

- Merci Marianne, votre réaction était riche en informations. En l’état, votre tour m’a lassé. Et je trouve déplorable que tous ici se livrent sans remords au jeu d’un psychopathe sans percevoir les conséquences de leur inconséquence. Tous coupables, tous condamnés. Votre sémantique vous a trahie, et je ne saurai dire s’il s’agit d’une envie suicidaire ou d’un hubris démesuré. Vous comptiez nous donner une leçon ? Laissez-moi vous en donner une : ce sont toujours les innocents qui crèvent, ma chère. Peu importe les hypocrisies des nobles, ce sont toujours les mêmes qui trinquent, n’est-ce pas ? Croyez-moi, je pratique ce jeu depuis bien plus longtemps que vous ne le pensez … conclut-il, bras croisé.

Il resta tout de même sur ses gardes, les instants qui suivraient seraient cruciaux et il prendrait un malin plaisir à perturber le jeu jusqu’à ce qu’il cède. Il s’amusa des insinuations qu’il instilla dans ses propres, convaincu que chacun irait y trouver son compte de menaces voilées, ou d’aptitudes étonnantes. Qu’ils le craignent, s’ils le désiraient. Mais ils se trompaient de cible. Il riva son regard dans celui de la domestique remaniée.

- Pouvez-vous enfin en finir et arrêter de vous prendre pour un génie ? Cela devient insultant.

Ce n’était pas vraiment du courage, non. Pas tout à fait …
Lun 22 Jan - 14:26

Le dénouement ?

Ft. Kesha, Lan, Violette, Vlad




Mauvaise nouvelle : leur proie n’était pas un sot. La provocation de l’assassin n’eut pas le moindre effet. Le jeune homme eut l’image d’une piqure invisible d’un moustique, indolore, mais qui gratte légèrement de temps à temps. Un homme ou une femme de sang-froid, capable de faire abstraction des piqures pour poursuivre son œuvre. Tout n’était qu’énigmes dans cette partie. Les enquêteurs n’étaient que des distractions pour ce marionnettistes qui se jouait d’eux. Et cet effrayant chevalier noir, bourreau prêt à abattre sa lame sur les coupables, n’arrangeait pas la réflexion.

Ce qui suivit, cependant, fut absolument d’une grande beauté. Jamais Azur n’avait eu la chance d’assister à une pièce de théâtre aussi magistralement orchestrée. Lan-Lan avait judicieusement suivit les sous-entendus de l’assassin avant de descendre et avait donc décidé de creuser dans cette direction. Quelle ne fut pas sa surprise quand Yu’er se mit à bafouer. Et voilà. Comme je m’en doutais depuis le début. Pas pour rien que je suis allé la rejoindre durant son entraînement pendant que les autres tentaient des déchiffrer des tableaux, songea l’homme aux cheveux de suie. Mais alors qu’elle s’apprêtait à faire ses aveux, un serpent fait d’encre vint l’entraver, jusqu’à ce que l’héroïne de notre feuilleton l’en libérât. Ce fut à cet instant que l’officière du Guet balança tout en deux phrases. C’était amplement suffisant.

Mais le dénouement fut le moment des aveux du père et de son… « fils » ? Tous deux également coupables d’avoir sollicités les services du tueur. En d’autres termes, cette famille n’avait de famille que le nom. Même dans sa propre famille composée d’assassins manipulateurs et froids, Azur était à peu près certain de ne jamais vivre une pareille situation. Cette théorie ne tenait simplement sur le fait que tous seraient morts. Cette mise en scène était trop longue à son goût. Beaucoup trop longue. L’entrée en scène de l’opalien fut elle aussi d’une élégance frappante. Un véritable duel se jouait entre ce dernier et mademoiselle Fà. Lequel prendrait l’ascendant sur l’autre ? C’était probablement la clé de ce mystère. Cesse, Azur, entendit-il d’une voix qui lui était extrêmement familière. En réalité, personne ne lui avait adressé la parole, mais son subconscient l’avait rappelé à l’ordre en utilisant la voix de sa mère. Le cerveau était un organe fort étonnant.

« A l’avenir, monsieur Kêsha, évitez d’interrompre mes pensées avec vos messages télépathiques. J’ai deux oreilles qui fonctionnent très bien, tout comme vous. », pesta l’assassin, plus pour se défaire de sa frustration que par colère envers l’espistote.

Vladimir, manifestement nerveux et pris d’une grande impatience, se chargea de la mère pour éliminer un suspect potentiel. La scène ne procura aucun sentiment du côté de l’assassin qui observa sans sourciller. La blessure n’était pas mortelle. Elle survivra avec des soins. Le médecin de profession savait où frapper. Cette attaque eut pour effet de confirmer son innocence. Si son instinct et ses réflexions l’avaient envoyé vers Yu’er, il hésitait maintenant sur la démarche à suivre. Surtout quand Marianna le pantin se moqua de Vladimir : « Je vois qu'à mesure que s'agrandit la distance entre vous et ce cher Higgs, votre ego en fait tout autant. »

« Huh ? », souffla le jeune homme.

Quelque chose n’allait pas. Ce message était clairement adressé à Vladimir, mentionnant un docteur, probablement une connaissance commune. Le tueur avait probablement des connaissances dans la sphère scientifique. Quant à ses compétences, son découpage et la réutilisation des cadavres semblaient être des indicateurs assez fiables. Yu’er, en réalité, ne semblait pas détenir de telles compétences, ni un quelconque réseau chez les savants. La petite pleureuse, dans les bras sa chère et tendre, n’avait pas les épaules pour de telles choses. A moins d’être un foutu comédien et il méritait amplement son triomphe si tel était le cas. Il ne restait alors plus qu’une personne : le comte lui-même.

Il disparut subitement, comme téléporté, comme s’il n’avait jamais été dans cette pièce. Pourtant, après de longues secondes qui parurent durer des minutes, le blondinet réapparut aux côtés du comte en personne. La dague en main, il s’apprêtait poignarder sa cible, quand une lame magmatique le contraignit à esquiver et à annuler son offensive. Yu’er, fidèle fille à son papa, avait anticipé cette idée saugrenue. En aurait-elle fait autant pour son frère ?

« Chaque chose en son temps, Yu’er. Après ton père, ce sera ton tour. Et s’il faut continuer, je m’occuperais de ton frère, de sa putain et de ta mère. », râla l’assassin sans vraiment s’énerver. Disons qu’il avait hâte d’en finir.

Le regard noir que lui jeta Yu’er en aurait probablement arrêté plus d’un, mais pas Azur. Cependant, un élément l’arrêta net. Le chevalier fait d’encre se dirigeait lui aussi vers le comte. Serait-il devenu fou au point de se tuer avec sa propre création ? A moins qu’on ne l’accusât d’être une personne qu’il n’était pas. L’assassin se ravisa.

« Changement de programme. Yu’er, vous venez de sauver votre père et m’éviter un terrible échec. L’assassin est probablement dans cette pièce, mais pas sous la forme qu’on imagine. Mademoiselle Fà, ma pyromane préférée, je suis à peu près certain que vous avez, à quelques détails près, la même idée que moi. Notre amie du Guet pourra probablement vous aider avec ses capacités magmatiques. Brûlons cet endroit de malheurs. Prenez un nouveau départ avec votre famille, Comte. Qui voudrait continuer de vivre dans un tel endroit avec une telle histoire ? », conclut-il en dégainant sa deuxième dague à l’approche du Dark Knight. « Votre regard est encore plus effrayant que celui de cette créature, Vladimir. Reprenez-vous, pardi ! Retrouvez votre aplomb ! »

En le voyant approcher, Azur ne put s’empêcher de désirer l’épée de son adversaire, lourde, élégante et majestueuse. Comme un enfant bavant devant une vitrine, il avait ce visage ahuri devant tant de beauté. Mais quand cette même lame s’approcher dangereusement de sa tête, la raison lui revint aussitôt. « Et si je tentais un truc. », marmonna-t-il. Chose assez inédite, il décida d’actionner plusieurs cristaux simultanément. D’un coup, le temps sembla presque s’être arrêté, tant le mouvement du chevalier allait au ralenti. Azur, lui, avait complètement disparu, comme à son habitude. Mais dans ce même temps suspendu, le bras de la bête d’encre fut tranché, la lame récupérée en plein vol par son nouvel utilisateur qui réapparut comme par magie.

« Comprends-moi, copain. C’est bien trop dangereux de laisser un tel jouet à un amateur. Laisse les pros s’en occuper. »

Le jeune homme aux cheveux de suie, armé d’une longue et magnifique épée, faisait maintenant face à un chevalier désarmé dont le membre se reconstituait sans difficulté.

« Ah oui… J’avais oublié ce détail. », fit-il en baissant la tête. « Dépêchez-vous de ma brûler cette foutue cave ! »

Résumé: