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Les épices sacrées de Tohorâ [PW Arno]

Les épices sacrées de Tohorâ [PW Arno] Brandw10
Dim 19 Nov - 17:54

Les épices sacrées de Tohorâ

Atahara et Arno

Dans le silence serein du temple de Tohorâ, Atahara se plongeait dans les textes anciens, des parchemins jaunis par le temps, héritage précieux de ses ancêtres d'Améthyste. Ces écrits renfermaient des secrets, des récits, mais surtout, des recettes sacrées d'encens. Elle parcourait avec dévotion chaque ligne, absorbant les connaissances millénaires qui se dévoilaient à elle.

Parmi ces parchemins, un rouleau attira particulièrement son attention. Les caractères gravés dans le papier usé semblaient briller sous la lueur tamisée du temple. Il décrivait des mélanges d'épices spécifiques, capables de purifier les offrandes destinées à Tohorâ, la déesse baleine vénérée par son culte. Une révélation inattendue, un don inestimable de sagesse offert par ses ancêtres.

Mais les noms des épices mentionnées étaient obscurs, des appellations inconnues dans la région aride d'Aramila. Atahara chercha dans ses souvenirs, dans les marchés et les échoppes, mais en vain. Ces ingrédients mystérieux semblaient échapper aux connaissances communes.

Une pensée s'imposa alors à elle, comme un éclair dans l'obscurité. Arno, ce marchand d'épices qu'elle avait croisé autrefois, serait peut-être la clé pour dénicher ces ingrédients rares. Ses souvenirs se dessinèrent clairement : la force de caractère d'Arno, son expertise évidente dans le commerce des épices. Elle se rappela de sa promesse, celle de l'aider si le besoin se présentait.

Décidée à obtenir ces précieuses épices pour honorer Tohorâ, Atahara se leva d'un mouvement fluide et ajusta sa tenue. Le tissu léger des étoffes effleura le sol du temple alors qu'elle se dirigeait vers la sortie. Le soleil éclatant du désert l'accueillit, ses rayons caressant les murs chauds de la ville d'Aramila.

Le grand marché d'Aramila, un lieu animé, vibrant d'énergie commerciale, était son prochain but. Atahara marcha avec détermination dans les rues poussiéreuses, laissant derrière elle le calme du temple pour l'agitation de la cité. Elle gravit les marches usées qui menaient à la porte des halles couvertes.

Une fois à l'intérieur, elle observa les allées bondées, les marchandises étalées, les voix qui s'élevaient dans un brouhaha continu. Malgré le tumulte, elle avança d'un pas assuré, cherchant des yeux un visage familier parmi les marchands affairés. Son regard se posa sur un homme affairé, en train de superviser le chargement de sacs d'épices.

Elle s'approcha sans hésitation et, d'une voix claire, mais empreinte de respect, s'adressa à lui, évoquant leur rencontre passée et son besoin présent.

"Excusez-moi, noble marchand. Vous ne me connaissez peut-être plus, mais je suis Atahara, prêtresse de Tohorâ. Il y a quelque temps, nos chemins se sont croisés lors d'une aventure. Aujourd'hui, je sollicite humblement votre aide. Dans ces écrits anciens, j'ai découvert des recettes d'encens pour purifier nos offrandes à Tohorâ, mais les épices mentionnées me sont inconnues ici. Je me demandais si votre connaissance des marchandises pourrait m'aider à trouver ces ingrédients rares."

Car si elle se souvenait très bien d’Arno, il était largement envisageable que le marchand ne gardait aucune trace d’Atahara dans sa mémoire. Après tout, leur première rencontre avait été vraiment un désastre total, le genre de choses que l’on préfère balayer pour toujours de son esprit. Néanmoins, la prêtresse avançait un nouvel argument.

"Je comprends que votre temps est précieux, mais je suis prête à rémunérer généreusement votre aide dans cette quête. Ce geste ne serait pas seulement pour moi, mais pour honorer notre déesse Tohorâ."


Dernière édition par Atahara le Dim 14 Jan - 16:01, édité 1 fois
Mar 19 Déc - 18:13
Une nouvelle journée, un nouvel ennui. Combien de temps l’échec du Concile allait m’être reproché ? Je tuais le temps plus qu’autre chose, oui du monde passait dans cette halle, oui il y avait de quoi être heureux et les bourses pleines. J’échangeais des banalités de commerçants avec mes voisins, voyant ce qu’ils pouvaient savoir, donner un peu, prenant beaucoup. Rien à se mettre sous la dent, on était sur un marché trop central, les marins ne venaient pas, les caravanes partaient des portes de la ville. C’est là que les informations du monde arrivaient et repartaient, c’est là que je voyais les choses. Par les Douze, je pense qu’on pouvait apprendre plus de choses en donnant un astra à la bonne personne dans un bordel qu’au milieu de ces vieux croulants. 

Tenez madame, merci d’être passé… Oui je transmettrai le bonjour à ma mère.

Voilà à quoi ça ressemblait, quand je ne tapais pas mes doigts sur la planche supportant la balance et les poids ou que je ne souriais pas à un passant qui approchait des étals. Je me retenais de leur adresser une grimace quand ils passaient finalement leurs chemins. Perte de temps du début à la fin. J’encaissais ma punition en silence. On m’appelle de l’arrière, un chargement qui doit partir prochainement. Soit, ça me dégourdira les jambes. Je me redressais approchant les caisses et les sacs chargés d'épices et de baies. Il y en avait pour une somme importante, mais seulement si ça quittait Aramila, tout ce qui vient de loin est rare, tout ce qui est rare est cher. Je m’assure de la qualité du grain, soupèse, croque, inspecte avant d’adresser un signe d’approbation. Ça c’est bon, ça, c’est ta camelote habituelle, tu la fileras à plus crédule. 

Une voix arrive dans mon dos, mon premier réflexe aurait été de me retourner subitement, mais il fallait parfois se réfréner, quelle menace il pourrait y avoir par ici ? À part raviver un mauvais souvenir…

Je me souviens prêtresse, comment allez-vous depuis cette… aventure ?

J’essaye d’être aussi poli que possible, mais il est difficile de voir autre chose que le reflet de mon échec dans les yeux de la tritonne. Je serrais les dents en essayant d’étirer un sourire las sur mon visage. Je lui avais enjoint de fuir la place où se tenait l’automate et je devrais l’aider ? Allons, elle ne devait pas avoir quelqu’un d’autre à qui s’adresser… Des épices rares ? À voir ça, peut-être que le nom me dirait quelque chose et si je pouvais porter assistance j’aurai forcément de quoi asseoir une petite influence sur le culte de la baleine. En plus d’une gratification intéressante apparemment. Il n’en faut pas plus, la situation de la ferme est un peu meilleure, mais on crache pas sur un travail propre et bien fait.

"Dans ce cas, dites-m’en plus. Vous avez le nom des plantes que vous recherchez ?

Je doute de pouvoir répondre à toutes les demandes d’Atahara, surtout si on parlait de plantes rares voir introuvables, Aramila n’est pas le lieu idéal… Mais j’ai déjà une idée de où je pourrai aller m’approvisionner si mon intuition est bonne.
Dim 14 Jan - 16:11

Les épices sacrées de Tohorâ

Atahara et Arno


Le cœur d'Atahara battait avec une intensité croissante alors qu'elle attendait la réaction d'Arno, le marchand d'épices qu'elle avait approché dans le tumulte des grandes halles marchandes animées. Les yeux d'Arno s'étaient levés soudainement, et un éclair de reconnaissance traversa son regard. Un sourire subtil se dessina sur ses lèvres.

Atahara inclina légèrement la tête, reconnaissante pour la courtoisie d'Arno. "Je vous remercie pour votre prévenance, noble Arno. Je me porte bien, et j'espère sincèrement que le marchand d'épices a également connu des jours prospères depuis notre dernière rencontre."

Atahara observa Arno avec une curiosité mêlée de respect. Son visage était éclairé par la lumière tamisée des halles, accentuant la sérénité de la prêtresse. Atahara ressentit une connexion subtile, une compréhension tacite entre eux, forgée lors de l'aventure passée.

"Si je me permets de revenir vers vous aujourd'hui, noble marchand, c'est pour solliciter votre expertise dans un domaine qui vous est familier," déclara Atahara, sa voix empreinte de respect.

Arno, désormais toute ouïe (du moins, c’est ce qu’espérait notre prêtresse), attendait la suite avec une attention particulière. Atahara exposa son besoin, décrivant la découverte des recettes ancestrales, de l'énigme des épices sacrées pour purifier les offrandes à Tohorâ.

"Je ne possède malheureusement pas tous les noms des plantes mentionnées dans ces textes antiques. Notre peuple d'Améthyste, d'où proviennent ces écrits, utilisait des appellations différentes pour les plantes communes ici à Aramila. Cependant, dans les descriptions, je peux reconnaître les Arbres du désert et les Perces-Gel, des plantes familières de ces terres arides."

Le regard d'Atahara parcourait la recette antique manuscrite sur un vieux parchemin, étincelant légèrement, comme si elle cherchait à faire le lien entre les descriptions et les grandes jarres d’épices du commerce.

"La recette mentionne également une plante qui se nourrit de l'âme des morts pour alimenter les vivants," poursuivit Atahara, ses yeux empreints d'une lueur mystique. "C'est une notion particulière, mais peut-être avez-vous déjà entendu parler d'une telle plante au cours de vos voyages et transactions ?"

Atahara attendit, son regard fixé sur Arno, espérant qu'une étincelle de reconnaissance ou de compréhension traverserait les yeux du marchand d'épices. Elle se demandait si les descriptions énigmatiques des plantes évoquaient des souvenirs ou des connaissances cachées dans le monde mystérieux des marchands nomades.

Le calme persista un moment, ponctué par le murmure continu de l'activité autour d'eux. Atahara était consciente que sa requête était complexe, liée à des mystères anciens, mais elle croyait en la possibilité d'une réponse salvatrice dans les paroles d'Arno.

Atahara déposa délicatement la recette manuscrite devant Arno, une offrande humble mais pleine de mystère. "Voici ce que j'ai découvert dans les annales d'Améthyste. J'espère que ces écrits vous parleront d'une manière ou d'une autre."

Pendant qu'Arno s'attelait peut-être à la tâche, Atahara se dirigea vers les grandes jarres d'épices en vente. Les senteurs puissantes et envoûtantes envahissaient l'air. Elle observa chaque étiquette, passant ses doigts sur les grains et les feuilles, cherchant une correspondance avec les descriptions mystérieuses de la recette.

Certaines épices captivaient son attention, évoquant des souvenirs d'Améthyste. Cependant, malgré ses efforts, une ombre de déception voila ses traits. Les noms énigmatiques de la recette semblaient échapper aux réalités des jarres et des étagères.

Elle leva le regard vers Arno, espérant qu'il pourrait éclairer le mystère qui se cachait derrière ces épices sacrées. Les halles marchandes, d'ordinaire bruyante, semblaient soudainement suspendues dans un moment où le passé et le présent s'entrelaçaient autour de la recherche des arômes oubliés.
Sam 24 Fév - 8:38
Ça faisait quelque chose tant de considération de la part d’une religieuse, aussi annexe que soit son culte. S’entendre donner du noble et du vouvoiement, ça pose son homme là. Restons quand même concentrer et revenons au cœur du sujet et à sa forme : c’est une transaction. Et ça, c’est par chance mon domaine. Alors j’écoute. J’écoute et les mots de la tritonne m’amènent à d’obscures connexions entre les plantes. Ma principale crainte étant que les écrits sur lesquels elle se base ne mélangent tout ou ne parle que de plantes disparues aujourd’hui.

Elle avait raison en certains points, des noms qu’elle donnait m’était familiers. Pas tant par leur difficulté à trouver que par le fait qu’ils ne poussaient pas à même le desert. Déjà mes yeux allaient sur mes étals et dans mon palais d’épices. Qui n’avait de palais que le nom, vous voyez, c’est ça que ça fait quand on vous considère autant si vite, vous prenez vite la grosse tête. Je devais avoir quelques fleurs d’Arbres du désert ramenés des contreforts, pour les Perce Gel, ça allait être plus difficile, surtout sous nos latitudes. Néanmoins je pourrai toujours conseiller une connaissance à la prêtresse si son chemin l’amené plus au nord. A moins que ce diable de Gustefal n’ait encore réussi le tour de force de ramener quelques folies clandestines dans son étrange coffre glacé. Ça valait le coût d’aller le voir, j’y prendrai ma commission d’intermédiaire.

La suite me fit un peu plus déchanter, je continuais à écouter notre amie, mais les mots, comme je le craignais, ne font pas directement sens. Alors je grogne, je fais la moue, je cogite. Lorsqu’elle pose le manuscrit, je fais mine de le regarder avec attention, l’écriture est difficile à lire, je ne suis pas un grand lecteur, trop de circonvolution, trop d’allusions. Ces mots peuvent-ils cacher un autre message ? Difficile à croire, leur but n’était pas de cacher des informations, mais de raconter une histoire, de l’enregistrer et de la faire vivre au-delà de leurs auteurs.

Mon regard se redresse sur la halle où la rumeur de la foule commence à se faire entendre, la procession des habitués va commencer, faisons vite pour ce qu’on peut faire ici. Atahara en train de papillonner, l’originaire d’Améthyste semblait également perdu dans ce monde terrestre, comme sur un autre plan, comme sur d’autres souvenirs. Subtil décalage que j’avais pu observer par le passé. Candeur religieuse de penser que tout irait bien car le destin est déjà tracé pour tous et que les Douze ou autres panthéons nous accompagnent et nous guide sur le bon chemin.

«J’ai récemment fait l’acquisition de quelques fleurs d’Arbres du désert, souriais-je, je peux vous en céder pour votre préparation, j’imagine que mon client ne verra pas trop de différence… »

Toujours jouer la carte du sacrifice fait pour aider une connaissance, le dit client n’existait pour l’instant que dans ma tête. On met en confiance comme ça pour la suite, ça me penait mais il allait falloir se rendre à l’évidence.

« Pour les Perce Gels par contre… La plante est trop fragile pour supporter le voyage dans le désert, lui indiquais-je. J’ai peut-être un contact, mais c’est un véritable arracheur de dents, j’ai peur qu’il vous détrousse simplement pour une plante qu’on peut trouver facilement dans le nord. Je m’en occuperai ! »

Rendre un service facile, montrer qu’on veut vraiment aider et se rendre indispensable. La somme avait intérêt à être coquette et l’odieux marchand avoir déjà arnaqué quelques badauds pour être de bonne humeur. Nous avions une entente cordiale avec l’arnaqueur, de là à dire qu’un certain lien obscur nous reliait par quelque entremises… Vous laisserez bien à votre serviteur le bénéfice du doute ? Je ne vais pas vous lâcher tous mes contacts et amis.

Enfin, le plat de résistance, cette mystérieuse plante qui n’avait pas de description et de nom précis au moment de la rédaction du manuscrit. Dans ce genre de situation, il y avait plusieurs solutions. La plus sûre était ailleurs et aller nécessiter un voyage bienvenu. N’allez pas croire que je ne veux pas montrer patte blanche à Aramila pour revenir dans les bonnes grâces, mais ça me démange de voir disparaitre les sourires de pitiés de certains. J’ai encore besoin de temps pour m’y faire et le reste de la famille pourra toujours assurer le minimum pendant que je suis en déplacement.

Je plantais mon regard dans celui de la religieuse, il faudrait se préparer, sans doute partir demain ou le jour d’après avec le prochain convoi traçant dans le désert.

« Pour la suite… Connaissez-vous le bazar ? » murmurai-je.

Le nom était connu, mais pas pour autant apprécié, c’était un secret de polichinelle que les marchands de ces halles s’approvisionnaient en partie dans ce marché trouble. Une fois qu’on avait croqué dans le fruit, difficile de faire marche arrière tant ce qu’on trouvait au cœur du désert rivalisait avec les plus luxueuses échoppes de la cité.

« Si vous êtes disponible, je peux nous arranger le voyage. »
Dim 3 Mar - 11:15

Les épices sacrées de Tohorâ

Atahara et Arno


Les mots d'Arno résonnèrent dans l'esprit d'Atahara, réchauffant son cœur de prêtresse avec l'espoir d'une réussite imminente dans sa quête des épices sacrées. L'offre généreuse de partager les fleurs d'Arbres du désert la remplit d'une gratitude sincère envers le marchand d'épices. Elle accepta avec un sourire, laissant échapper un soupir de soulagement intérieur.

"Je vous suis profondément reconnaissante pour cette offre, noble marchand. Quel serait le prix que vous attendez en échange de ces fleurs précieuses ?" demanda-t-elle, son regard brillant d'anticipation.

Arno lui donna le prix, et Atahara s'empressa de sortir la somme convenue de sa bourse, se sentant impatiente de tenir entre ses mains les clés de son succès. Elle prit les fleurs avec délicatesse, les observant avec émerveillement. Leurs pétales délicats ressemblaient à des ailes de papillon, symboles de la beauté fragile de la nature dans le désert aride.

Cependant, l'optimisme d'Atahara fut tempéré lorsque Arno aborda le sujet des Perces-Gels. Elle ne put réprimer un soupçon de déception alors qu'il expliquait les difficultés pour obtenir ces plantes fragiles. Elle savait que cette tâche serait ardue, mais elle espérait néanmoins un miracle.

"Je comprends. Les Perces-Gels sont des trésors du nord, et il est compréhensible qu'ils soient difficiles à obtenir dans ces terres arides," répondit-elle avec résignation teintée de tristesse.

Elle exprima une nouvelle fois sa gratitude pour les efforts d'Arno, reconnaissant le sacrifice qu'il faisait pour lui venir en aide. Elle renouvela son offre afin de les obtenir sous forme de poudre, sachant que c'était peut-être la meilleure solution dans les circonstances.

"C'est une idée que je vous propose, noble Arno. Je vous fais entièrement confiance pour prendre les meilleures décisions concernant ces précieuses plantes," déclara-t-elle avec un léger sourire.

Puis, Arno murmura les mots "le bazar", et Atahara tressaillit légèrement. Le marché noir de Qadsak, un lieu empreint de dangers et de mystères. Elle savait que s'aventurer seule dans un tel endroit était imprudent, voire suicidaire.

"C'est un endroit que je connais. Mais je sais qu'il est imprudent de s'y aventurer en solitaire," répondit-elle d'une voix empreinte de prudence.

L'offre d'Arno de l'accompagner dans cette aventure inquiétante la remplit à la fois d'appréhension et d'un sentiment de sécurité. Elle accepta immédiatement, admirative de la valeur de son soutien dans cette quête périlleuse.

"Je vous suis reconnaissante de votre proposition, mon cher Arno. Quand pourrions-nous entreprendre ce voyage ensemble ?" demanda-t-elle, son cœur palpitant d'excitation mêlée à une pointe de nervosité.

Atahara visualisa le voyage jusqu'à Qadsak, imaginant les dangers et les défis qui les attendaient dans les dunes de Saleek. Elle se prépara mentalement, rassemblant sa détermination et sa sagesse pour affronter l'inconnu. Dans son esprit, elle récita des prières silencieuses à Tohorâ, demandant sa protection et sa guidance pour cette entreprise audacieuse. Elle se promit de se préparer adéquatement, tant physiquement que spirituellement, pour mener à bien cette expédition vers le bazar obscur de Qadsak.
Sam 30 Mar - 11:56
Bien, quelques espèces sonnantes et trébuchantes dans ma paume, c’était toujours ça de pris. Je comptais rapidement les pièces avant de les faire disparaître dans ma poche. J’avais toute confiance en la prêtresse, elle ne se serait pas amusé à m’arnaquer dans tous les cas. Pas dans son tempérament, mais c’était un réflexe, une habitude. Trop souvent dans ce genre de marché, on priait les Douze sans suivre leurs enseignements… Facile de se cacher derrière des préceptes et d’apparaitre blanc comme neige.

La suite par contre, aller m’amener dans les pattes de quelqu’un qui n’en avait que faire des masques et qui affichait clairement son côté ripoux. Une telle canaille qui tenait tout un coin de la ville par le cou. J’avais une admiration non feinte pour le bonhomme, d’abord, le plan, le départ. La journée était encore longue, je ne doutais pas de pouvoir nous mettre en route rapidement.

Demain.” Annonçais-je à la tritonne. “Il faudra prévoir des affaires pour le voyage, dans l’idéal si vous avez déjà une monture et le nécessaire c’est bien, sinon je verrai avec le convoi, c’est juste que ça vous coûtera plus cher et mieux vaut garder vos sous pour… là-bas.

J’avais bien vu que le nom l’avait tendu, pour qui n’avait pas l’habitude des lieux, ils restaient nimbés de mystères, les toiles chatoyantes cachant une réalité plus sombre et secrète. Même pour moi qui y avait mes habitudes, ça restait le genre de lieux où il fallait être sur le qui-vive malgré la présence de certains confrères.

Retrouvons-vous à la porte Est avant le levé de soleil pour nous greffer au convoi, je nous aurais trouvé le bon d’ici là, promis-je à la prêtresse. D’ici là, préparez vous, la route sera longue…

Et de mon côté, je n’allais pas devoir chômer pour autant. Sur ces mots, j’adressais mes salutations à Atahara, lui souhaitant la réussite sur la voie que lui trace sa déesse et je m'éclipsais déjà vers ma réserve. Tout le long, j’avais refais mes calculs, j’allais pas y gagner beaucoup dans l’affaire. Par contre, entretenir des bonnes relations avec les tritons était toujours un plus et il était évident que la fidèle de Tohorâ avait une certaine influence. Oui, ça valait le coup d’aller le voir et de jouer une nouvelle partie sur un équilibre précaire.

Quittant mon étal, je quittais aussi les chemins pavés et tracés de la ville, l’homme appréciant bien plus l’ombre et le voile opaque des bas quartiers que celui des marchés comme celui où j’étais campé. Une façon comme une autre pour moi de déjà me réhabituer au sable du désert qui me couverait dans les prochains jours. Le teint gris de l’homme ne trompait pas, pas plus que sa façon d’évoluer dans son joyeux souk de façon silencieuse. Celui qui avait permis à Eustache de trouver une couverture à Opale était penché au-dessus du cou d’une jouvencelle qui s’extasiait devant la richesse des étoffes. Lui, il inspirait à pleine narine l’odeur de la chair fraîche. C’était là son apéritif, une tentation et une gourmandise qu’il se permettait. Pas sûr que cette petite sorte de là indemne, mais jamais le gros Strigoï n’avait été pris. Son sourire carnassier n’en finit pas de s’agrandir quand ses yeux se posèrent sur moi. Il continuait de conseiller les dames présentent, semblant presque voler autour d’elles.

Mon doux, minauda-t’il en s’approchant, quel bon vent t’amène ?” Le terrifiant sourire ne partait pas, mais Eustache n’en avait cure, le sous humain le dégoutait proprement et, si ce n’est pour leur relation d’intérêt mutuel, il en serait resté là. Je n’avais pourtant pas le choix, ramenant mes mèches folles de façon plus élégante, redressant mon torse de toute ma hauteur, moi aussi je pouvais marché à pas de loup au milieu des tapis et des sifflements charmés des dames. “J’ai besoin de ton aide, dis-je avec le même ton emprunté et un accent opalien certain. Je cherche des colorants spéciaux pour mon maître de passage ici, il vous envoie ses salutations.

Message passé avec succès, le gros Cassandre n’aurait pas pu découvrir plus ses dents au risque d’en décrocher sa mâchoire. Que de bonnes nouvelles pour ce monstre. Nous évoluions sans hésitation à travers les étals, les tapis, la foule, s’arrêtant par instant pour contempler une étoffe que le gris me déconseillait avant de s'attarder sur une autre plus recommandée pour mon ouvrage. Ainsi, dans cette danse lente de chair et de légèreté, nous nous retrouvions dans le fond de la boutique sans que personne ne se soit inquiété de ma présence ou de l’absence du maître des lieux. Les employés donnaient le change alors qu’il ouvrait la porte de sa réserve obscure. Fini les masques, place à la pénombre, il s’avait y faire pour garder l’avantage, mais je savais aussi qu’il n’en ferait rien. D’autres de l’Ordre le tenaient en laisse et j’avais déjà suffisamment réussit à distillé le doute dans son esprit sur ma vraie place dans l’échiquier aramilan. On ne donne pas le nom de Cassandre si facilement après tout.

Qu’est-ce que tu cherches exactement ? éructa-t’il, reprenant finalement sa vraie voix. J’ai des arrivages de certaines toxines de nos amis de l’ouest, quelques drogues de la Flatterie.” On sentait que se débarrasser enfin de son attitude cajoleuse lui faisait du bien. Un échange plus franc et brutal le changeait de ses habitudes. Au lieu de se caresser les mains et de se courber devant quelques nobliaudes qui se croyaient reines ou quelques gueuses qui se souhaitaient princesse, il était là dans l’attitude où je l’avais connu. Les mains sur les hanches larges, le menton haut et fier, il aurait pu attendre un coup avec l’assurance de pouvoir en amener un plus fort. Je n’irais pas le chercher sur ce terrain. “J’ai besoin de Perce-Gels, qu’importe la forme, dis-je pour couper court, j’aimais très peu le lieu. J’ai mémoire que tu avais un certain coffre qui pouvait en contenir, coffre qui aurait tôt fait de te mettre à mal auprès de nos amis de la Garde… Mais je suis prêt à payer.

Une petite menace, mais une main tendue. Tout le monde pouvait en sortir gagnant facilement, moi plus que tous les autres. Je vous passe des négociations plus ou moins scabreuses, le résultat fut une poignée de main à la surprenante délicatesse. Je reviendrai d’ici une semaine récupérer ma commande déjà payée. Je quittais la pièce sombre, mes yeux se réhabituant au chatoiement et à la douceur des étoffes avant de quitter les lieux. Je m’en étais mieux sorti que ce que je pensais. On s'améliore Arno.



Le lendemain matin, à une heure entre chien et loup, j’attendais la prêtresse près du convoi qui allait nous mener jusqu’au bazar. Un groupe frais, qui avait eu le temps de se reposer depuis une longue traversée de retour de Xandrie. Un groupe expérimenté avec lequel j’avais déjà pu voyager à quelques reprises. Ils étaient tout à fait capables, leur seul défaut étant leur grande prudence, trop grande. Nous allions sans doute mettre un jour de plus pour arriver à destination. Néanmoins avec cette lenteur, on s’assurait un voyage confortable et sûr à travers les dangers du désert, surtout quand c’était le culte de la baleine qui payait pour notre traversée. J’avais quelques affaires à mener au bazar depuis longtemps, c’était l’occasion de les mener à bien.