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Une randonnée sous les étoiles

Une randonnée sous les étoiles Brandw10
Mar 16 Jan - 15:19

Le destin avance en quête de sens

Ellendrine - Duscisio



Un attentat… des morts… que dire… Comme d’autres, la guilde des maraudeurs avait beaucoup perdu pendant l’attentat d’Opale. Des hommes, des vétérans, un chef. Toute sorte de chose qui avait pour trait de laisser n’importe quelle guilde dans une situation de pleine incertitude pour l’avenir.

Violette également dans cette histoire avait perdu.

Elle avait perdu un œil. Elle avait perdu un second père, celui qui lui avait appris le métier, appris la vie quand son père biologique l’avait quitté pour rejoindre l’autre monde à l'âge de ses 12 ans.

Cette nouvelle perte, la xandrienne l’avait subit de plein fouet. Sa vie de maraudeur lui avait appris qu’il était inutile de faire confiance et de lier d’amitié à qui que ce soit. De toute façon, les gens finissaient par mourir et ceux qui vivaient assez longtemps finissaient forcément par te décevoir ou te trahir. Il n’y avait pas de place pour la confiance et l’attachement pour ceux qui naissaient, grandissaient, vivaient et mouraient une lame dans la main. Telle était l’histoire tragique et continue de la plupart des hommes d’armes, que ces derniers fassent couler le sang des monstres ou des hommes.

Une conviction renforcée par l’influence tardive de sa nébula, cette dernière octroyant pour son hôte un dégoût inconscient des autres et de ses semblables. La vie d’un portebrume était semé d’embûche, ce n’était pas pour rien qu’elle finissait souvent très mal. Un pied dans la brume, l’autre dans ce qui lui restait d’humanité. Une vie de contradiction et d’opposition qui ne fait jamais du bien à l’esprit.

Pour autant, la pure inhumanité, la pure indifférence envers qui que ce soit restait plus une théorie qu’autre chose. Nul ne pouvait être indifférent à tout, ressentir, juger, aimer, haïr. C’était le propre de l’âme, de la conscience et des émotions fussent elles les plus négatives qui soient.

Violette avait pourtant travaillé à son idéal de négation humaine. Elle avait rejeté, elle avait embrassé une solitude constante, une acceptation de son destin funeste, elle avait changé de nature et de personnalité en se créant un personnage repoussant qui que ce soit jusqu’à ce que ce dernier finisse par devenir la réalité, sans doute fortement aidée par la nébula et la faiblesse de la maraudeuse pour les produits stupéfiants et l’alcool. Mais aujourd’hui, face à la mort de ce chef, elle était presque au pied du mur.

Que devait-elle faire ? Quoi qu’elle fasse, tout se terminait de la même façon. Les gens mourraient, elle était la seule à survivre. Seule survivante, elle souffrait. Une vie à enterrer les morts, par impuissance, par effet de sa nébula ou de ses propres décisions.

Elle ne savait pas quoi penser. Quoi qu’elle fasse, tout finissait pareil. Une boucle sans fin de nihilisme, de souffrance et de désespoir. Elle réfléchissait mais ne trouvait pas de réponse.

Sans doute parce qu’il la connaissait bien, feu chef de la guilde des maraudeurs avaient toutefois eu la présence d’esprit de lui laisser une lettre testamentaire. Difficile de savoir ce qu’il pouvait y être écrit, elle ne l’avait pas révélé, se contentant d’un lacunaire “un but” à ses camarades.

Un but… Oui c’était peut être ça. Jusqu’ici Violette n’avait jamais pensé de sa vie au fait d’avoir un objectif. Il fallait dire que survivre quand on était maraudeur ou criminel, c’était déjà bien. Elle avait alors réfléchi un certain temps, lisant et relisant cette lettre avant de se décider, elle se présenterait elle-même à l'élection du chef des maraudeurs.

Enfin… élection… un bien grand mot vu la nature de la guilde. Disons qu’il s’agissait d’une méthode pour éviter de s’entretuer suite à des événements sombres et très coûteux dont plus personne dans l’organisation ne veut entendre parler. Ici pas de vote, pas de démocratie. Seule règle la loi du plus fort et du plus méritant, le faible n’a pas son mot à dire. Le fauteuil serait à celui qui parviendra en premier à réussir une mission particulièrement complexe et dangereuse donnée par les anciens de la guilde. A savoir ramener à Xandrie la fleur nommée Dame des Lacs, fleur rare qui pousserait dans les hauteurs du continent.

Chacun s’organisait ensuite comme il voulait, et personne ne saurait non plus au courant d’éventuels accidents à plus de 3000 mètres d'altitude. Ces montagnes étaient réputées pour être inexplorées et donc dangereuses après tout.

Violette le savait alors, elle avait besoin d’une personne qui s’y connaissait en exploration. Les montagnes étaient en effet un milieu très spécifique qu’elle ne connaissait que peu vis à vis des forêts, des steppes ou de la toundra. C’est pourquoi elle usa des guildes d’informateurs et de messagers pour trouver une personne motivée qu’importe ses raisons pour venir faire un bout de chemin avec elle. D’autres annonces avaient également été envoyé, cette fois ci pour des résultats plus aléatoires mais il semblait qu’une autre personne avait décidé de s’engager dans l’expédition.

Ainsi, toutes ces personnes étaient attendues dans une auberge non loin du port fluvial de la cité de doucerive. Violette était tranquillement posée à une table en attendant de voir les fous ou les courageux qui avaient envie de tester leurs mollets.
Sam 20 Jan - 14:28



Doucerive / Auberge

Fanthret 1901



Fanthret 1901 – Kattorin

C’est une lourde épreuve qui nous attend en ces temps difficiles.
Afin de satisfaire la curiosité et le besoin, la demeure d’hiver d’un jeune élémentaire annonce celle d’un départ qui se veut pour le moins surprenant. Il est pourtant courant en cette période de le voir dans cette région pour les quelques mois où sa demeure au nord est envahie par le froid. Élémentaire plante, il hérite donc de leur fragilité à ses températures. Élémentaire d'origine d’un buisson de rose blanche, il hérite d’une double fragilité. Le fait de rester à Kattorin est devenu une habitude afin de profiter de la chaleur des vents du sud. Cette fois, les effets sont remis sur le chariot un à un, durant le premier mois de l’année.
Qui aurait pensé qu’il prendrait une telle décision ? Les habitants de Kattorin se font une joie d’accueillir l’apothicaire pour s’approprier ses services en exclusivité à deux pas de chez eux pour les trois ou quatre mois qui restaient.
Il n’a rien d’extraordinaire, de son point de vue. Il n’a pas non plus la notoriété d’un noble digne de ce nom, ni de connaissances prestigieuses ou de compétences surhumaines. Pourtant, il a été contacté par l’une de ses connaissances venant d’Opale, datant de cette période où il traversait les pays pour trouver un chez-soi. Le fait d’avoir gardé une correspondance avec cette personne lui est parfois profitable. Quelques nouvelles informations sur la brume ou de simples échanges sur ce qu’il se passe dans le quotidien du vieil homme. Le début de la lettre qu’il relit une énième fois est ce qui lui pousse à retourner sur la route du nord et par contradiction la rejette pour ne pas affronter les températures froides de Xandrie en cette période.

« Salutation, Duscisio.
Tu dois te trouver à la frontière d’Aramila au moment où tu liras cette lettre, je vais faire simple.
J’ai entendu dire que l’on cherche un herboriste volontaire pour se rendre dans une zone inexplorée.
Le lieu du rendez-vous se trouve à l’auberge de Doucerive. Je n’ai pas plus de détail. Je me suis dit que tu serais le meilleur candidat à cause de ta proximité. »

Le reste de la lettre concerne un autre sujet qui n’a pas son importance ici, surtout pour quelques lignes de plus concernant Opale qui le dépassent complètement. L’expéditeur en bas de page le laisse entrevoir la signature d’un vieil ami, mais le contenu principal de la lettre reste ses quelques lignes qui l’obligerait à affronter le froid dans toute sa splendeur. Il a bien quelque effet personnel pour l’affronter, mais depuis sa première expérience d’un hiver particulièrement mordant, il se destitue de ce combat annuel dès que les premières neiges menacent de tomber.
Fragile, il se refuse de faire le déplacement, mais revient souvent à relire cette lettre et se tâte. La curiosité le pousse à se rendre là-bas pour en savoir un peu plus.

Bien malgré lui, le fait de se rendre à Doucerive après un séjour écourté dans la petite ville frontalière au désert du sud.
Le plus dur reste de retrouver les vêtements chauds qui lui permettront de traverser la route vers le nord. Fort heureusement, le voyage se résulte forcément par la destination de sa demeure avant de prendre contact à l’auberge.
Plusieurs effets sont ajoutés, un long voyage de deux ou trois jours suivant la route qu’il emprunte. Oui, il pourrait éventuellement prendre la grande voix, mais cela rallonge le voyage alors qu’il suffit de passer un simple chemin de forêt. Sans oublier qu’il pourrait rencontrer tout ce qui l’horripile. Voiture, machine… Moins il en voit, mieux il se porte.
Dès le premier jour, en fin de journée, Duscisio put à nouveau goûter à ce qu’il redoute le plus. En conséquence, l’élémentaire se couvre d’une couche de vêtement supplémentaire, puis une autre au fur et à mesure qu’il avance. La nuit, il pourrait ressembler à un animal dont la fourrure est tellement épaisse qu’il ne pouvait bouger. Ce n’est pas plus mal non plus, toujours assis et ainsi couvert, il ne sentait plus le vent. Si bien que sa nature semblait laisser quelques bourgeons sortir des ronces qui ornent sa chevelure d’argent. Ce n’est pas vraiment bon signe et il se débrouille pour s’abriter du vent dans le chariot pour couper ses boutons naissants. Bien sûr, ça n’est pas la première fois que cela arrive. Il y a eu des années où il tardait à migrer vers le sud en trouvant des alternatives. Il a de l’expérience, mais préfère tout de même éviter de la renouveler.
Après les trois ans… Non les trois jours nécessaires pour faire les trois ou quatre cents kilomètres qui séparent les deux villes, Duscisio arrive au centre-ville où toute technologie visible n’arrangeait pas ses humeurs. Quoique certaines d’entre elles puissent fournir une bonne source de chaleur qui pourrait le satisfaire, il se résout souvent à ne pas s’en approcher. Certaines d'entre elles utilisent l’électricité et il en a horreur.
Les habitants qui le connaissent sont fortement surpris, déjà pour reconnaître le jeune rosier dans ses nombreuses couvertures, mais également au chariot que beaucoup ont déjà vu pour avoir eu recours aux services bien utiles de l’apothicaire. Quelques échanges avec eux lui permettent de se réveiller. La somnolence provoquée par les rudes températures risquerait de l’endormir pour les prochains jours jusqu’à ce qu'une bonne source de chaleur le réchauffe.
En entrant dans l’auberge qui est normalement le lieu du rendez-vous, le patron de l’établissement l’appelle :

- Hey, jeune homme ! C’est rare d’te voir ici en cette saison. J’te sers quelqu’chose ?
- Un verre d’eau… Non, une cruche d’eau chaude… sucrée si possible...
- J’te fais ça ! Qu’est-ce qui t’a fait sortir de Kattorin ?
- Une connaissance… Quelqu’un rechercherait un herboriste… J’attends de voir ce qu’il en est...


La conversation s’éternise un peu, le temps de chauffer l’eau qu’il a demandée. Les mots de l’élémentaire sont ralentis par le froid dont il n’a point l’habitude et attend sans patience l’eau chaude pour se revigorer au mieux. Si l'on oublie qu’il tremble de tout son être, il a l’air d’aller bien...

Mar 23 Jan - 22:04

Effervescence mentale

Violette - Duscisio


Depuis les attentats d’Opale, c’était l’effervescence et la bousculade partout en Urh. Il était bien difficile de suivre le rythme des nouvelles et de répondre à toutes les opportunités et les catastrophes qui pointaient le bout de leur nez.

L’esprit de la chercheuse était galvanisé et elle ne savait d’ailleurs plus où donner de la tête. Entre les découvertes exhumées par elle et son beau-fils Arno sur l’histoire du Temple de Doulek et l’origine des Sarnegrave, les implications avec les manigances actuelles du XIIIème Cercle et du Mandebrume... il y avait en effet de quoi devenir folle. L’enjeu était donc de localiser, excaver et protéger les racines affleurant de l’arbre sacré à Aramila en priorité. Et ailleurs en Urh si cela était faisable.

Au-delà de cela, il fallait fouiller tout le savoir perclus d’oubli au planétarium et à l’observatoire d’Yfe, gardé par l’Astronome et pléthore de monstres. Et sans oublier la préparation d’une expédition mondiale déterminante vers Zanobie. En attendant de sauter dans la fusée, Ellendrine poursuivait son hyperactivité frénétique pour générer toujours plus de fonds et devancer ses concurrents vers de plus grandes découvertes.

Elle attendait de pied ferme la modernisation du Zeppelin l’Albatros par Cassandre d’Opale afin de pouvoir mieux préparer son expédition hors de l’Enclave avec Artemis. Qui sait si les gobelins n’étaient pas en avance sur eux dans les savoirs interdits du continent d’Yfe pour contrecarrer les actions des ennemis d’Urh ?

En attendant, la guilde des messagers l’avait attrapé littéralement en plein vol de pégase pour lui transmettre une missive qui l’emplit de fierté. Si les académiciens boudaient ses travaux ou se les appropriaient du bout des lèvres, une solide réputation d’experte semblait se transmettre en sous-marin par le bouche-à-oreille dans les cercles d’initiés. A défaut de faire sa fortune et sa renommée, cela lui procurait le noyau du pouvoir : de l’information et des propositions.

Ici, une charmante observation anthropologique des mœurs indigènes des maraudeurs de Xandrie, en pleine période d’élection après la perte de leur gouvernail lors des attentats sur sa mère-patrie. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas froid aux yeux et qu’elle s’était immergée un an auprès des Spectres de Ventdune mangeuses d’hommes qu’on avait pensé à elle ? Ou bien pour sa modeste exploration et sa thèse sur l’histoire nannique du piémont englouti entre les Aiguières et les Chaînes de Fer, dont elle portait à son crédit d’avoir sommairement amélioré la cartographie par endroits ?

Toujours était-il que le danger serait au rendez-vous et que, sans risque, on n’obtenait pas grand-chose. Pas rapidement du moins. Et le temps pressait. Ellendrine avait fait savoir qu’elle acceptait d’accompagner l’une des candidates à l’élection. Oh, ce n’était pas par gentillesse qu’elle favoriserait une candidate par sa connaissance des milieux montagneux. Elle avait, vous l’avez compris, son propre agenda. Gloire intellectuelle, esprit pionnier, argent. Mais, surtout, il se pouvait que l’un des suppôts influent du Cercle se soit réfugié dans les montagnes où se déroulaient leur mission. Une chance infinitésimale de lui mettre le grapin dessus et de reprendre un coup d’avance, pour changer, sur les agissements de l’hydre au cent têtes de cette organisation. La protection de maraudeurs aguerris dans la traversés des Monts d'Argents ne serait pas de refus.

Sortir d’Aramila dans les délais n’était pas commode. On la disait lunatique. Il n’en restait pas moins difficile de s’extraire à certaines obligations liées à la domesticité, comme la promotion de son mari au rang d’archevêque d’Etyr l’y contraignaient. Pour échapper à l’implacable persuasion de Pietro, elle dut d’abord se laisser glisser par la fenêtre du deuxième étage et se hisser à la hâte avec son paquetage sur le tamanain que Farouk lui présentait.

Tout deux embarquèrent au plus vite sur le transporteur d’acier dont elle tenait héritage de la famille Brightwidge. Il effectuait sa traversée mensuelle et devait lever l’encre ce matin. Deux jours plus tard, ils atteignirent Opale où Ellendrine et Farouk embarquèrent dès que possible sur un Zeppelin de liaison quotidienne vers Epistopoli. Le capitaine de bord ne se voulait pas très accomodant et refusait de faire halte à sa demande à Doucerive. La bourgade n’était pas équipée d’aérogare, lui dit-il. Elle eut beau lui rappeler que son père avait fait de très généreuses donations aux infrastructures opalienne, rien n'y fit.

Qu’à cela ne tienne ! Farouk et elle avaient pris les devants en s’équipant de parachutes pour eux et leur caisse de matériel. La stupéfaction se lisait sur les visages mondains lorsqu’ils traversèrent le ponton munis de leurs combinaisons et de leurs lunettes, pareils à des hommes grenouilles, avant d’enjamber et de sauter, sans que la sécurité ait le temps d’intégrer ce qui venait de se passer.

Dans les cieux, Farouk formait de discrets signes en face d’Ellendrine. Ils étaient en formation d'ange pour ralentir leur descente. L’ex sentinelle lui indiquait de corriger lentement leur trajectoire pour se diriger vers un champ dégagé à proximité immédiate de la bourgade. Le temps était quelque peu venteux. Ce n’était donc pas une très bonne idée de sauter. Mais le plan n’était pas modifiable et il n’y avait pas de temps à perdre.

Les villageois purent voire descendre avec lenteur une caisse dont le double parachute s’était ouvert de toiles rouges, avant de dériver vers la forêt. Pendant ce temps, deux silhouettes en chute libre fonçaient vers le sol, décidées à ouvrir leur parachute le plus prêt possible du sol pour se dérober au vent.

Ellendrine ne sautait que pour la cinquième fois, aussi était-elle raisonnablement mortifiée. Mais elle avait toute confiance dans l’entraînement que Farouk avait cumulé ces dernières années pendant qu’elle s’enfermait dans sa bibliothèque. Farouk sembla foncer vers un édifice avant d’obliquer sèchement à quatre vingt dix degrés, ce qui le fit remonter en épingle avant de chuter comme une fronde. Il freina juste avant d’atteindre le sol, où il se posa tel un aigle. Ellendrine, en revanche, refit un tour de piste pour essayer de se ramener vers le centre et dut larguer sa toile pour ne pas se noyer dans le fleuve. Elle chuta de deux ou trois mètres dans un buisson, sa toile s’en allant bâillonner un balcon où des spectateurs médusés s’étaient réunis.

Elle se massait encore les côtes en criant « ce n’est plus de mon âge ! », quand Farouk avait déjà replié son parachute de manière implacable et venait la ramasser. Ils partirent à rire dans un rare moment d’euphorie induit par le grand air et l’adrénaline d’avoir volé comme des oiseaux. Après avoir demandé leur chemin, les petits fous s’approchèrent de l’auberge où ils étaient attendus.
-« Eh bien, vois-tu mon cher Farouk, tu as été mauvaise langue. Nous sommes à l’heure. Impossible n’est pas Ellendrine ! »
-"mmf. Je vais chercher le matériel dans la forêt..." répondit Farouk en regardant sombrement l'autre parachute qu'il lui reviendrait d'aller décrocher.
-"Vous devez être Violette? Je vous reconnais." dit-elle en ôtant les lunettes de son visage et en chassant des boucles qui s'étaient échappées de son chignon serré durant le vol.


Mer 24 Jan - 14:34

Des questions ?

Ellendrine - Duscisio



Accoudée tranquillement à sa tablée, la portebrume leva l'œil vers la nouvelle venue qui l’interpella. Elle la reconnaissait ? En soit ce n’était pas improbable, Violette ayant rencontré beaucoup de personnes dans sa vie que ce soit dans le monde du crime, des maraudeurs ou bien les aléas de la vie tout simplement.

Maintenant que la xandrienne lui portait plus d’attention, il était vrai que la tête de cette vieille dame lui rappelait quelque chose. L’attentat, elle y était du moins s’y était-elle démarquée vers la fin bien que ce ne soit pas nécessairement pour les bonnes raisons.

Ah ouais ? C’est vrai que votre tête me dit quelque chose ? Z’êtes pas celle qui s’est engueulé avec le piaf de l’alliance ? La pote d’Arno ?

C’était vrai qu’en plus de ça, d’une manière ou d’une autre elle était liée à Arno. Décidément, celui-ci avait encore plus de relations et d'activités que prévu. Combien d’activités parallèles ce petit brigand pouvait-il avoir ?

Bah bienvenue dans tous les cas.

Elle cracha alors une dense fumée par ses narines tout en reluquant légèrement la demoiselle. Des lunettes de vol, des cheveux en désordre, la fibre dans l'aventure sans aucun doute. Une bonne et une mauvaise chose aux yeux de la maraudeuse, tout dépendant de l’équilibre qu’elle faisait entre le zèle de la curiosité et la prudence de la raison.

J’vais présenter le topo, mais il reste à attendre encore une personne.

C’est ce moment que choisit le tavernier pour inviter l’élémentaire végétal à la table. Si celui-ci connaissait le personnel de maison, il en était de même pour Violette. Après tout, comme bien des gens du milieu, il achetait pour économiser ses coups de l’alcool de contrebande non taxé par les impôts douaniers. De manière anecdotique, il payait les services des maraudeurs pour convaincre amicalement des clients gênants ou violents de ne plus revenir dans son établissement.

Le classique des problèmes dans ce genre d’activité semi-nocturne, rien de très surprenant.

Z’êtes l’herbo’ je suppose nan ?

Un homme assez fin et frêle. En le regardant comme ça, la portebrume avait un doute sur sa capacité à pouvoir survivre à ce qui s’annonçait. Une expédition classique était déjà éprouvante physiquement, alors en montagne c’était d’un tout autre niveau. Il n’y avait bien en termes d’environnement que les jungles vierges aramilanes où chaque pas devait s’accompagner d’un coup de machette dans la brousse pour rivaliser avec l'exigence physique des montagnes.

Elle lui laissa le temps de répondre avant de continuer, surtout une carte qu’elle déroula sur la table, celle-ci précisant la région mais aussi les aspects connus des monts d’argents.

J'me présente tout d'abord. Violette future cheffe incessamment sous peu de la guilde des maraudeurs. J’vous fais le topo rapide de ce qui doit être fait. L’objectif est de trouver une fleur, la danseuse des lacs qui se trouvent au sommet de ces montagnes. Il y a pas d’information sur cette fleur mais de ce que je sais des rares traces qui en parlent, c’est qu’elle sait se défendre.

Défense qui était floue. Cela pouvait tout autant être une plante vénéneuse qu’un monstre végétal.

Problème. Aucune idée d’où elle se trouve si ce n’est qu’elle est en haut. D’ailleurs personne ne connaît précisément le chemin pour monter en haut. Il y a des restes d’écrits d’anciens explorateurs mais c’est lacunaire.

Le trajet connu est simple. Tout d’abord on remonte le fleuve jusqu’aux villages des bords de montagnes qui connaissent les lieux mieux que nous via les élevages de chèvres. De là bah on aura de quoi s’équiper et obtenir les premières informations. Le début de la montée pourra se faire à cheval, toutefois à partir de 2000 mètres, il faudra y aller à pied car ça va devenir étroit en dangereux. Notez également que plus on va monter, moins les gens qu’on risque de rencontrer vont être capable de parler Uhrois.

Des questions ?

Ven 26 Jan - 10:58



Doucerive / Auberge

Fanthret 1901



Tout de suite après avoir servi une cruche d’eau chaude sucrée, le tavernier ne perd pas de temps pour pointer du doigt une table en particulier. La justification est que la personne qui recherche les compétences de l’élémentaire se trouve à cette table. Encore tout tremblant en serrant fermement la boisson contre son torse, le jeune homme s’installe à la table à laquelle deux femmes se trouvent déjà là. À l’instant et sans surprise, il est plus préoccupé par les températures que par leur présence. La capuche sur sa tête continue de cacher sa chevelure tout en gardant le peu de chaleur qu’il produit de lui-même. Une fois assez, il acquiesce d’un mouvement de tête pour confirmer qu’il s’agit bien d’un herboriste.

- Duscisio Balibe... Herboriste, apothicaire...

Répondre à une très courte présentation, confirmer une fois de plus ses fonctions, ses quelques mots lui prirent bien plus de temps à prononcer qu’une personne normale. Sans perdre de temps, la jeune femme borgne déploie une carte en face de sa compagne de table. La carte ne précise pas une carte des environs. Rien à voir avec les Trois sœurs qui longent de l’ouest au sud de Doucerive dont il parcourt le pied depuis plusieurs années pour y trouver les quelques plantes utiles pour les maux quotidiens. Même si leur nom est écrit sur la carte, reconnaître les Bois rouges au nord et Xandrie qui se trouve à quelques centaines de kilomètres à l’Est montre que ses montagnes sont bien éloignées. Il leur faudra quelques jours… Voir semaines pour s’y rendre. En revanche, rien que présenter la zone telle quelle lui donne déjà quelques questions qu’il garde pour plus tard.

Présenter l’objectif de ce pourquoi ils sont venus ici n’a rien d’extraordinaire. Avec ou sans informations, savoir qu’une plante non répertoriée là-bas suffit à attirer l’attention et l’intérêt du jeune élémentaire. Une seconde… Elle sait se défendre ? La plante est une créature de la Brume ? Cela semble fasciner toujours plus Duscisio qui écoute sagement la suite. Des étoiles pleines les yeux, grands ouverts, le manque d’information sur tous les aspects ne paraît pas le décourager, bien au contraire. Il peut être le premier à répertorier ses principes actifs. Lui financerait-on ses recherches ? Que la réponse soit oui ou non, cela pourrait lui suffire à vivre quelque temps sans problème d’argent tout en continuant à vivre tranquillement à l’écart de toute technologie sous réserve de produire des résultats. Enfin, ça, c'est l’idéal. La réalité pourrait être bien moins réjouissante, mais qu’importe. Il est question d’une nouvelle espèce, donc on ne sait rien. C’est suffisant pour qu’il se porte volontaire. Néanmoins, il y a toujours un problème majeur qu’il n’est pas compliqué de relever à l’instant T : Duscisio n’aime pas le froid.

S’il s’agit de remonter le fleuve au nord, l’Argenté est un large cours d’eau qui suit son lit jusqu'à Xandrie. La ville, pas la région. Afin de compliquer un peu la localisation, les hommes ont eu la bonne idée de nommer leur territoire et sa capitale du même nom... Cela fait bien trop longtemps qu’il n’est pas allé dans une ville aussi grande et il appréhende déjà l’idée. S’il s’agit de La Céleste, la petite ville de Marie-du-Val est un peu plus attirante, bien qu’elle se situe sur le territoire d’Epistopoli. Quant à la suite du voyage, l’idée de se séparer de son chariot fait toujours un peu plus frémir l’albinos dont les yeux ne quittent pas la carte qui vont et viennent entre Doucerive entourée par les Trois Sœurs et les Monts d’Argent qui représente déjà une bonne distance.

- Oui… Comment se rend-on là-bas ?… Nous ne sommes que trois ?… Et fait-il froid sur notre chemin ?

Duscisio est le premier à répondre. S’il attire l’attention, c’est bien en prenant le temps de commencer à sirotant son eau sucrée tant qu’elle est chaude, tout en cherchant comment formuler ses questions d’ordre pratique. Ces trois dernières sont aussi risibles que capitales, pour lui du moins.

- La plupart de ma vie se trouvent dans le chariot... à l’entrée de cet établissement... Il est impensable que je me déplace sans mon outillage... Que ça soit à l’aller ou au retour,... je dois ramasser des fonds pour vivre.

Il n’engage rien sur les températures locales. Sous sa capuche, il est compliqué de reconnaître sa nature plus détaillée qu’un jeune homme d’une trentaine d’années. Fragile en tout point aussi bien visuel et réel, il est également conscient que sa condition physique va ralentir les deux jeunes femmes pendant tout le trajet.

Ven 26 Jan - 17:34

Rassemblement ordonné

Violette - Duscisio


La taverne semblait plutôt animée et la maraudeuse se fondait tout à fait dans son atmosphère populaire, tout en étant d’un calme très professionnel. Le bruit ne semblait en rien altérer sa concentration. Pour une jeune femme, elle lui paraissait froide et déterminée.

-« Mmh, j’imagine que vous pouvez le mettre en ces termes. » répondit Ellendrine à Violette après un temps d’hésitation.

Sa réponse se voulait élégante et diplomate, car de son point de vue, elle ne s’était pas « engueulée », mais avait seulement défendu pied-à-pied la raison et la souveraineté Aramilane. Toutefois, le terme de « piaf » la fit glousser intérieurement et rétablit la balance de son humeur quant à cette déclaration.

-« Vous avez raison. Je suis une connaissance d’Arno. » ajouta-t-elle en éludant son lien de parenté.

Elle prit le "bienvenue" pour une autorisation à tirer une chaise et s’asseoir à table face à Violette. Malgré son air ébouriffé et sa tenue de planeuse, elle avait une posture plus guindée que la majorité des provinciaux de la taverne, mais ne semblait pas se formaliser de la trivialité de l’endroit.

Elle subit une légère inspection visuelle, dont elle profita pour détailler à son tour les traits de Violette d’un peu plus près. Son cache-œil n’était pas présent la dernière fois qu’elles s’étaient vues. Tout en pensant à cela, elle se dit qu’elles n’avaient pas spécialement eu l’occasion de marcher à proximité ou de discuter, étant toutes les deux passablement blessées et en proie à leurs démons intérieurs dans les Limbes. Ainsi donc, Violette était une ambitieuse pour penser accéder à la présidence de la Guilde des Maraudeuses.

-« Quelles qualités pensez-vous détenir pour emporter la compétition et diriger la Guilde à vôtre jeune âge ? » questionna-t-elle sans ambages.

Le troisième complice de cette quête se présenta comme herboriste, un titre approprié pour débusquer une rareté sauvage, mais Ellendrine se demanda tout de suite en toisant le profil incertain du jeune homme s’il aurait la carrure de frayer dans un environnement aussi décharné que les pics glacés de Xandrie.

-« Ellendrine Brightwige. » se présenta-t-elle en retour aux mots de Duscisio. La rondeur d'un léger accent aramilan avait adouci au fil des ans ce que l'on reconnaissait encore très nettement en-dessous comme le raffinement élitiste de l'accent opalien.

Ellendrine laissa la préséance au nouvel arrivant, qui lui semblait étrangement familier malgré son visage noyé dans sa capuche, à bien y réfléchir. Cela remontait à une vie, quand elle s’était écrasée à Doucerive avec un Zeppelin de l’Alliance revenant de Dainsbourg. Ecrasé était un bien grand mot. L’expédition s’était empressée de partir pour fuir un fléau et était tombée dans une avarie météorologique dans le ciel contadien, qui s’était soldé par quelques blessés légers…

-« Je crois que vous avez soigné mon équipage à Doucerive, jadis. Un Zeppelin en atterrissage forcé. »

Très vite, la carte attira toute son attention. Un regard scrupuleux s’attarda sur les mailles du papier en priant pour que la maraudeuse ait eu la bonté de bien nettoyer le bois collant de bière de la taverne. On ne respecte jamais assez la pénibilité du travail des cartographes. Une carte n’est pas juste un gentil outil qui nous dit prestement comment se rendre à destination, c’est un outil d’élévation de l’esprit qui augmente notre intelligence !

Sa main défit la fermeture de sa combinaison pour en tirer un solide boitier noir et en tirer une paire de lunettes en demi-lune, indispensable allié dans la lutte contre la presbytie. Ses yeux balayèrent la région topographique tandis que l’aspirante chef déroulait son plan de route.

-« Des questions ? »
-« Oui. Plusieurs. » affirma-t-elle d’un air résolu, avant de prendre une inspiration méthodique.
« Tout d’abord, a-t-on à dispositions les récits des explorateurs ? Pour la route, je peux vous aider, mais plus nous disposons d’informations entre les cartes et journaux, plus ma lecture topographique sera pertinente. Ensuite, je parle plusieurs langues, savez-vous me dire quel sont les dialectes que nous aurons le plus de chance de rencontrer ? »

Elle reprit en regardant davantage Duscisio pour faire écho à son interrogation : « Enfin, je dois vous signaler que mon acolyte Farouk devrait nous rejoindre quand il aura réussi à récupérer notre matériel pour le voyage. Il doit se trouver dans les broussailles de la forêt actuellement. Nous serons donc au moins quatre. C’est un guerrier et un traqueur compétent. »

Le regard de l’archéologue se voila momentanément de pitié envers celui dont elle croyait se souvenir vaguement qu’il était un élémentaire de plantes. Il n’avait pas encore pris pleinement la mesure de ce en quoi il s’embarquait. L’atterrissage risquait d’être plus difficile que le sien quelques minutes plus tôt. En ce qui la concernait, elle n’avait rien à redouter des variables climatiques. Merci le royaume des nains. Hélas, elle n’était pas encore capable d’étendre cette aménité à son entourage.

Ses doutes sont encore plus marqués quant à cette histoire de charriot bringuebaler à travers le continent, puis dans les reliefs pentus et irréguliers des monts, à cheval… elle laissera la maraudeuse appliquer son jugement sur cela, ne se mêlant pas de ce qui ne la regarde pas. Son esprit revoit néanmoins la sélection drastique qu’elle s’est appliquée à elle-même dans le choix du matériel de relevés géométriques et des piolets d’escalade. Tout ce qu’ils emportent doit pouvoir être porter à dos d’homme, ou abandonné sans regret au palier des 2000 mètres d’altitude. Au risque d’être tout simplement volé.
Dim 28 Jan - 16:32

Des questions ?

Ellendrine - Duscisio



A la remarque de la sudiste sur les critères qui faisaient nommer un chef aux membres de la guilde des maraudeur, Violette n’esquissa tout d’abord qu’un simple sourire.

La force, c’est tout. J’imagine que vous n’avez jamais eu affaire à nous, sachez que chez nous la règle c’est le plus fort prends tout, le faible n’a pas son mot à dire.

En réalité c’était tout de même plus compliqué que cela car il fallait réfléchir un minimum histoire de ne pas se mettre tout le monde à dos, néanmoins ce qu’elle disait n’était pas si éloigné de la réalité. La maraudeuse avait bien trait d’être d’une méritocratie absolue basée sur la force du combat. Les forts étaient au-dessus, les faibles en bas. Il n’était pas question de pistonnage de fragile et d’incompétent ou d’autre chose trop compliqué et chiante pour ce qui était l’inverse même d’un bureaucrate.

Son intention était donc bien d’étaler au sol ceux qui n’étaient pas d’accord avec elle.

Elle laissa ensuite les deux faire connaissance, ce qui alla vite car ils avaient l’air de se connaître, tout du moins indirectement. L’une était sûre d’elle, probablement habituée à ce genre d’histoire, l’autre tremblait de tout son long.

L’élémentaire pris la parole en premier visiblement inquiet de ce qui allait se passer pendant la traversée au point de poser des questions qui étaient parfaitement inutiles et risibles aux yeux de la xandrienne. Ainsi, elle le fixait un instant sans rien dire, pathétique c’était pathétique, pour finalement répondre de manière neutre.

Bin Bateau, cheval, pied. C’est ce que j’viens de dire. Après si tu veux parler du où, visualiser les lacets en montagne, des précipices, des rivières et des trous camouflés par la neige. Niveau température, normal que c’est froid, hiver et montagne c’est un sacré combo. J’imagine qu’au sommet ça doit pouvoir descendre à -20.

Soupirant légèrement elle termina.

Pour vos affaires, et bien c’est à vous de vous démerder. Un chariot passera pas en montagne. Prenez sur votre dos, ce que vous pouvez prendre donc va falloir trancher.

A aucun moment, elle ne se proposait pas de l’aider, pour ainsi dire elle n’en avait que faire de ce qu’il cherchait à obtenir dans cette mission. S’il mourrait c’était de sa faute pas la sienne, il serait pleinement responsable de tout ce qui lui arriverait pour avoir surestimé ses capacités.

‘fin bon. J’préfère vous prévenir que plus vous avez de poids sur vous, plus ça va être difficile. Autant pour votre endurance que par rapport aux aléas de la gravité en milieu fragile.

Elle se tourna ensuite nonchalamment vers l’aramilane. Ces questions étaient déja plus sérieuse que celle de l’élémentaire qui de toute évidence allait vivre des choses qui allaient le forger.

Niveau dialecte, sans doute des trucs dérivés des langues du sud de xandrie. Après j’pourrais pas vous dire avec certitude parce que j’en sais pas grand-chose. Mais bon, soit c’est un dérivé xandrien qui isolé a dévié, soit une langue tellement isolée qu’elle a rien à voir avec ce qu’on connaît. C’est le problème avec les milieux sans contact avec le reste du monde.

Pour votre pote, bin on va l’attendre là. Et ensuite on ira au fleuve.


Le temps passa ainsi, jusqu’à ce que tout le groupe soit réuni. Ceci fait, Violette se leva, invitant tout le monde à la suivre avant de s’arrêter une seconde comme si elle venait de se rappeler un truc.

Ah ouais j’ai oublié. Récupérer la plante, c’est une course. Donc il est possible que des tricheurs tentent de jouer des mauvais coups. Faites gaffe et évitez de faire confiance au tout-venant. Les gens sont inventifs quand il s’agit de trahir, manipuler et tuer.

Elle ne le savait que trop bien.

Le groupe rejoint alors le fleuve, jusqu’à monter dans un navire classique afin de le remonter jusqu’aux derniers villages avant les hauts-reliefs. A des dizaines de kilomètres, tous pouvaient voir la hauteur absolue des dames d'argent. Les faces blanchies par la neige et la glace tandis que les hauteurs s'enfonçaient dans des nuages troubles et épais. L’heure des choix de matériel et des derniers préparatifs. Une partie de ceux-ci les attendait dans ce village, pour le reste et surtout les informations c’était à chacun de se débrouiller en revanche.
Lun 29 Jan - 12:55



Territoire Xandrie / Sur le fleuve

Fanthret 1901



Les deux femmes discutaient déjà quand il arrive sur la table. La première chose qui en ressort est une présentation rapide entre les trois personnes. Si Ellendrine Brightwige – telle qu’elle se présente – semble l’avoir reconnu malgré la capuche, cette dernière précise où ils s’étaient déjà vus. Un zeppelin en atterrissage forcé. Il doit s’agir de cet accident dont il eut vent où il fut demandé à l’aide pour une aide mineure. Si effectivement, c'était le cas, elle devait donc savoir ce dont il est capable et que Violette peut également avoir vent de lui par le bouche-à-oreille. Seule la Brume le sait
Néanmoins, Duscisio reste silencieux le temps de boire sa boisson pour essayer de lui-même se convaincre qu’il s’en souvient, la question la plus improbable est surtout de donner une date à leur rencontre.

- C’est probable… Un aéronef s’est écrasé il y a quelques semaines… J'ai fait que ce que je pouvais…

Le terme années serait plus exact. Si la jeune femme le connaissait, elle devait alors se rappeler cette notion du temps absolument absente chez l’apothicaire. Si ce n’est pas une confusion avec les termes temporels, l’intéressé se souvenait assez bien de l’accident. Ses compétences se limitaient effectivement à soigner les blessés de ce jour-là.

Sans s’attarder, les questions fusent tout comme les réponses dont une pointe d’amusement ou de moquerie se fait sentir dans le ton de la voix. Si cela peut se représenter comme d’un point négatif pour l’albinos, il ne le prend pas mal. Violette ne connaît pas assez l’apothicaire pour se poser la question de pourquoi cette absurdité lui a été demandée. Ce n’est donc pas son ignorance qui marque le jeune homme, mais plus précisément les détails qui ont été donnés sur leur destination qui le convainquent d’une seule chose : il sera un poids. Rien que par cet unique détail, Duscisio a toutes les raisons de refuser de les accompagner. Pour venir à Doucerive en plein hiver, il se relève déjà d’un défi qu’il a plus ou moins réussi. Le climat qui lui permet de ne pas s’endormir tourne aux alentours du zéro degré. Savoir qu’il va devoir affronter une température aussi basse lui fait assez peur. Simple question de survie.

Ils ne seront pas trop de quatre, comme le précise Ellendrine, suite à l’interrogation du nombre de participants au voyage. Ils ne seront pas trop de quatre, dont un herboriste, si l'on en croit les dires de Violette qui précisent tout de même qu’il s’agit également d’une course à laquelle leur vie est en jeu. Il n'y a pas beaucoup de choix et celui de refuser n’est point d’actualité. La femme borgne n’a pas le temps de trouver un autre herboriste dans le court laps de temps qu’il lui est accordé. Si Violette était pressée, il n'y a pas non plus beaucoup d’options. Même s’il n'accepte qu’à demi-mot, il demande un temps pour se préparer. Confier à une personne de confiance de garder ses effets comme il le fait tous les ans, avec une charge en plus qu’il minimise en enfermant tous les biens qu’il n’emportera pas dans sa petite maison à l’extérieur de la ville, son chariot et le cheval au maréchal ferrant. Quant à son outillage, n’allez pas imaginer qu’il s’agit d’une importante cargaison. Le tout tient dans une sacoche qu’il porte en bandoulière au-dessus d’une importante couche de vêtement qui devrait normalement suffire à supporter les températures négatives annoncées plus tôt. Concrètement, Duscisio est juste en train de préparer son séjour à Katorrin, sans aller à Katorrin et sans prendre tous ses biens.

Par la suite, le groupe de quatre embarque en bateau. Qu’il puisse avoir du mal à supporter le froid amenuise par la chaleur fournie pour les passagers autrement, Duscisio semble constamment sur les nerfs depuis qu’il a posé un pied à bord. Faute à la technophobie et à l’électrophobie. Dans le moment où il se sent beaucoup trop oppressé, il passera un temps à méditer à l’abri du vent, aussi longtemps puisse-t-il surprendre le moindre observateur.
Malheureusement, plus il faisait froid, moins il pouvait rester inactif par crainte de ne plus se réveiller. Si tel est le cas, il n’aurait eu que deux destins possibles. Soit il mourrait tout simplement de froid, soit s’endormait jusqu’à ce qu'on l’enracine – littéralement, les pieds dans la terre – au printemps comme n’importe quelle plante pour qu’il commence à fleurir à nouveau. Seules les lois de la nature pourront décider de son destin si cela arrive. Actuellement, bien couvert, il ne faisait que trembloter de froid en observant les montagnes blanches qui constituent leur objectif. Autre point, Duscisio ne semble pas non plus être occupée des quelques roses qui ont poussé dans sa chevelure. Si elles ne sont qu’à l’état de bourgeons, le fait d’exister est une expérience de sa part.
Leur trajet se fait par la visite de quatre lacs – celui du Mesnon, de l’Arbre, Oman, Xandrie – avant de traverser la ville de Xandrie en remontant le fleuve l’Argenté. Tout au long du trajet, Duscisio a su prendre sur soi, aussi difficile cela puisse être. Le bois rouge au nord, qui aurait fait sa curiosité si les conditions le lui permettaient, resterait un fantasme malgré les milliers de kilomètres parcourus jusqu’ici par la force de l’eau et des moteurs.

- Jusqu’ici, c’était plutôt facile… dit-il d’un long soupir sans prêter attention à qui pouvait l’écouter.

Violette a été préventive du fait que tous les dangers vont les guetter et les surprendre à la moindre information. Trahir, manipuler et tuer. À l'entendre parler ce jour-là, Duscisio se fait également à l’idée que cela peut venir de Violette elle-même...


Lun 19 Fév - 15:07

Des questions ?

Ellendrine - Duscisio



Posée tranquille sur le navire, Violette observait tranquillement l’horizon à mesure que le groupe remontait le fleuve vers les hautes montagnes qui petit à petit se dévoilait à l’horizon. En les regardant, la maraudeuse restait silencieuse et finalement après quelques secondes elle commença à soupirer avant de se gratter le haut du crâne.

Chiant, ça allait être chiant. Bon, elle ne pouvait pas vraiment se plaindre si ce n’était que grogner, elle avait une mission vitale pour elle et son avenir à remplir, elle n’avait pas le choix.

Après quelques heures de voyage, le navire fluvial était enfin à quai permettant à tous les voyageurs de pouvoir mettre le pied à terre. Sans vraiment hésiter, la xandrienne prenait les devants, après tout contrairement à ses deux camarades, elle était bien la seule à savoir où aller et quoi chercher ici.

Tout du moins malgré tout, elle entendit l'élémentaire qui sur un ton hésitant semblant presque se féliciter d’avoir passé ce qui n’était même pas la première épreuve. En entendant celà, elle ne put s'empêcher de lâcher un petit sourire narquois en se retournant légèrement vers l’herboriste.

On a pas encore commencé trésor… Néanmoins, je sais pas si t’es habitué aux efforts physiques donc dans ma grande gentillesse, je vais te donner un conseil. La marche en montagne c’est un tiers de physique, deux tiers de mental. Si t’es déjà défaitiste que c’est un tout petit peu valonnée, tu vas t’effondrer dans les premiers kilomètres.

Les gens sous-estiment généralement trop le pouvoir de l’esprit, autant en bien qu’en mal. Un esprit déterminé pouvait accomplir des explois quitte à subir les pires souffrances de l’existence. Un esprit faible en revanche pouvait s’écrouler pour des taches que le corps pouvait en réalité supporter. Plus on se plaignait d’avoir froid, plus on avait froid…

La portebrume se retourna alors vers le village, jetant rapidement des coups d’oeil à droite à gauche comme si elle cherchait quelque chose. Son attention finit par se focaliser sur un arbre duquel elle se rapprocha avant de lever la tête vers la cime, les mains posées sur les hanches.

Tu comptes dormir là longtemps ?

Ouais.

Violette fronça les sourcils.

C’était pas une question, descends où je viens te chercher et ça sera douloureux.

Pfff, qu’est ce que t’es chiante.

J’en ai rien à foutre de ton avis, descends.

Traversant les feuilles, se dévoilait alors une petite créature d’une dizaine de centimètres, la branche de l’arbre s’abaissant pour lui éviter de sauter afin de rejoindre l’épaule de sa maîtresse. Il s’agissait d’une créature rare que tout le monde n’était pas en mesure de reconnaître, un trent, une créature végétale qui dans ce cas précis semblait très jeune, sans doute même pas un an.

T’as fais ce que t’ai demandé au lieu de revasser ?

Le trent haussa les épaules.

T’es bien la dernière personne qui a le droit de parler en matière de paresse.

Les deux regards se croisaient.







Donc… Ouais c’est bon j’ai les infos pour le trajet et j’ai transmis l’argent pour les chevaux. C’est pas le cosmopolitisme des villes, ils aiment pas trop les étrangers par là m’enfin ils me prenaient pour une fée ou un esprit donc ils ont pas trop moufté, tant mieux.

Parfait.

Violette se retourna vers le groupe.

C’est mon familier, elle me colle, donc elle va nous accompagner.

Nichée sur les épaules, la trent faisait des grands gestes de salutations accompagnée d’un grand sourire.

Saluuuttt ! J’espère que ça se passera bien. Vous avez dû vous faire chier à rester avec cette pimb….

Violette lui tirait une des branches qui lui servait de cheveux pour l'empêcher de finir, sans rien dire de plus.

Aie aie aie aie ! Tu me fais mal merde !

Violette se retourna vers le village.

Bon, allons chercher l’équipement.

La maraudeuse invita le groupe à la suivre, afin de se procurer ce qui étaient nécessaire, des vivres, des vêtements chauds et des chevaux pour la première partie du trajet. Après quoi, chacun aurait droit à une bonne nuit de repos dans l’auberge du coin, un lieu assez rustique il fallait le dire mais dont la maraudeuse avait l’habitude.

De son coté, elle mangeait tranquillement à l’auberge, après quoi il serait le temps d’aller dormir…

Mer 21 Fév - 11:07



Territoire Xandrie / Auberge

Fanthret 1901



Pied à terre, la partie la plus facile venait de se terminer. Bien que soulager de savoir qu’il est parfaitement éveillé et suffisamment en forme pour vivre la suite du voyage, la jeune femme aux cheveux d’argent affirme que rien n’a encore commencé. Si tel est le cas, Duscisio voulait bien la croire. Jusqu’ici rien n’était insurmontable si ce n’est l’adaptation au froid qui est loin d’être accompli. Sa nature même insupporte ses températures. Néanmoins, il est avisé de conseil par une personne suffisamment motivé à ce périple. Ce à quoi, Duscisio d’un large sourire et d’un regard qui parait pourtant très déterminé, n’en reste pas moins effrayé à l’idée de lutter contre un froid dont il n’a jamais eu expérience.

- Ne sous-estimez pas les forces de la nature, très chère. Vous pourriez être surprises de ce que je puisse faire. Bien que, je doive vous l’avouer, entre le froid et l’envie d’en savoir un peu plus sur le spécimen que vous cherchez, être un poids trop lourd pour le voyage m’effraie bien plus…

Il garde malgré tout, il se répète sans arrêt que si elle avait besoin d’un herboriste en se rendant à Doucerive, c’est que d’un côté, il était le mieux placé pour cette mission malgré ses lacunes. Les deux tiers de moral sont donc bel et bien là, il n’y a pas à s’en douter. Pour le tiers restant, cela va se jouer sur la préparation finale de ce soir qui devrait pouvoir lui donner l’énergie nécessaire, aider par les couches qui recouvrent son corps pour l’aider à ignorer le froid glacial.
Suite à cela, ce fut au tour de Violette d’attendre quelque chose, ou plutôt quelqu’un. En effet, c’est en levant les yeux qu’elle s’adressa à un petit être élémentaire allongé dans un arbre qui apparemment dormait. Paresser serait plus exact si on en croit l’attitude lassée de la jeune femme borgne sur le trent avec la relation semble être un peu tendue. S’il y avait moyen d’imager leur échange de regard, ils s’échangeraient des éclairs sortant des yeux en s’entrechoquant à mi-chemin. Après un court échange, le trent est désigné comme étant le familier de Violette. Une petite pensée à Seraphah qui lui avait rendu visite il y a quelques mois pour en apprendre un peu plus sur une graine, sur cette petite créature.
Langage, attitude. Vu qu’il ne sera pas élevé dans le même cadre, le trent de l’élémentaire noble sera moins familier, grossier que celui de Violette.

- Quel adorable créature.

Il n’y avait qu’une moitié de sincérité. La première moitié étant sans doute par la ressemblance d’origine avec Duscisio qui pouvait avoir le familier de Violette.
Le programme continue par l’équipement avec lequel Duscisio continue d’être suffisamment pointilleux sur la sensation de froid qu’il pourrait se permettre d’oublier non sans raison. Pouvait-il expliquer qu’il ne sent pas le froid à proprement dit, mais seulement le fait que ce dernier l’endort ? Lutter contre le froid est donc une question de survie pour lui qui ne produit aucune chaleur. Il ne cherche également rien pour se défendre. Estimant que cela n’est pas nécessaire au vu de ce qu’il possède et de Violette qui représente suffisamment leur force de frappe. Si besoin est, Duscisio n’aura aucun mal à utiliser quelques réserves pour mettre hors d’état de nuit le moindre agresseur un peu trop téméraire.

Le soir venue dans l’auberge que leur cheffe de groupe semble déjà connaître. Aucun repas pour l’élémentaire si ce n’est toujours de l’eau chaude extrêmement sucrée en plus d’un pot remplit d’humus frais, suffisamment grand pour y mettre les deux pieds. Déposer contre un mur pour y prendre appuis, Duscisio s’y enrésina pour la nuit où les quelques bourgeons commencèrent à prendre un peu de couleur sans éclore. Anormal en cette saison, mais s’il laisse faire c’est qu’il a une raison. Restant une grande partie de la nuit et dans l’éventualité de discuter avec le Trent pour en savoir un peu plus sur lui ou sur Violette avant de dormir quelques heures en attendant le lever du soleil.

Le lendemain, Duscisio est peut-être le premier réveillé. Profitant du calme pour s’extraire de la terre noire et froide, dépourvu d’une moins étincelle d’énergie. La chevelure du rosier blanc se comporte d’un nombre anormal de bourgeons blancs. Du point de vue d’un humain, la dizaine de fleurs prête à éclore n’est pas si nombreuses, mais en hiver cela présente une anomalie naturelle que Duscisio se gardera d’expliquer en les cachant et les protégeant du froid qui pourrait tuer ses précieux boutons blancs.

Mer 21 Fév - 17:32

Première épreuve

Ellendrine - Duscisio


Une randonnée sous les étoiles Yeonji-rhee-yeonji-rhee-mood06-2015

Pendant les présentations, le regarde la trent s’était un temps arrêté sur Duscisio mais la petite créature n’était pas allé plus loin. Rien d’étonnant à cela quand on connaissait bien la nature des races élémentaires. L’herboriste après tout partageait une nature et une existence semblable à cette dernière, quelque chose que les autres races ou même les portebrumes dont la nébula n’était pas élémentaire ne pouvait pleinement ressentir.

La journée passa, le soleil se coucha, une nuit et il émergea de nouveau de l’horizon. L’aube, signe du départ approchait, il était temps de se préparer. L’élémentaire était le premier opérationnel, la seconde fut le trent qui par curiosité envers l’herboriste avait pris de l’avance sur sa maîtresse.

Le fixant un instant, tout en s’étirant jusqu’à légèrement craquer la fine écorce qui lui servait de peau, elle s’avançait vers son congénère élémentaire.

T’es pas un humain toi.

Son attention vint sur la terre noire qui était retournée.

Tu te plantes dans le sol ? Tu veux tant que ça vivre comme un arbre ?

Elle baillait.

C’est plus confortable un lit.

Il était aisé de comprendre que de son côté, la trent n’avait aucunement l’intention de vivre en phase avec la nature ou comme ses congénères de la flore. Sans aucun doute l’influence de sa maîtresse qui elle-même vivait comme elle l’entendait indépendamment de tout ce que les autres voulaient qu’elle soit.

Deux manières différentes d’appréhender des races cousines.

Quoi qu’il en soit, les deux avaient un peu de temps pour faire connaissance mais au bout de quelques minutes, ce fut au tour des humains d'apparaître. Violette se baissa sans un mot pour récupérer Ziel qui ne mouftait pas en se plaçant sur son épaule avant d'inviter d’un signe du bras ces deux camarades du moment à la suivre vers l’étable où se trouvaient les chevaux.

Chacun avait le loisir d’installer le matériel, puis était enfin l’heure du véritable départ. La maraudeuse se tourna un instant vers Ellendrine qui en bonne cartographe avait sur elle toutes les cartes importantes ou non pour l’exploration.

Normalement pour la première étape qui devrait durer deux jours, c’est simple suffit de suivre le chemin. C’est celui qu’utilise les bergers pour monter l’été afin de faire paître les troupeaux de chèvres et de moutons. Y a le facteur neige mais normalement pas trop de danger sauf pour les lacets à cause du vide à côté. Les chevaux ont l’habitude mais éviter de jouer avec le feu.

On devra déposer les chevaux lorsqu’on aura atteint le refuge des bergers, il y a des gens qui montent la garde en hiver par la bas.

Sur cela… en avant !

En bonne maraudeuse et puis parce que de toute manière elle était celle qui pouvait le plus faire face à une créature hostile, Violette passait devant, les deux autres la suivant dans l’ordre qu’il désirait.

Alors que la marche équestre commençait, Violette tourna un instant son regard vers Ziel.

Vu que ça va tomber tu peux dormir si tu veux.

Je gère la température.

Elle-même était une plante donc la question du climat se posait. Heureusement pour elle, et Duscisio pouvait le voir par son expérience, les traits de la petite trent était plus proche de ceux de plantes nordiques capables de survivre à des hivers rudes qu’à une plante du sud qui mourrait chaque automne pour renaître au printemps. Au pire, elle perdrait ses feuilles et s’assoupirait à mesure que sa sève se contracterait dans les régions vitales, néanmoins elle craignait de son côté plus les climats chauds et secs du sud aramilan que du nord glacial xandrien.

Quelques minutes plus tard, la discussion continuait mais sur un autre sujet.

Y a des trucs qui nous suivent.

Une randonnée sous les étoiles 029e34eb771b41d3ab27042782671346

J’ai vu.

Faut faire gaffe ?

Pas besoin, on appelle ça des ombres blanches. Ca bouffe que des cadavres, c’est trop lâche pour chasser. Ils doivent espérer qu’on va mourir d’une chute. J’imagine qu’ils ont l’habitude de suivre les bergers en espérant un accident pour eux ou un animal du troupeau.

Et effectivement ces petits monstres bien camouflés dans la neige avec la couleur de leurs écailles et de leurs plumages se contentaient de suivre le groupe avec une distance de sécurité.

Finalement, c’est sans vraiment de problème que le groupe parvint à parcourir la première étape du chemin jusqu’aux lacets qui permettaient de monter une cote bien raide vers un plateau de montagne.

En voyant les lacets, Violette s’arrêta, grimaçant légèrement.

C’est plus raide que ce que je pensais…

Elle tourna rapidement l’oeil vers les environs.

Au moins y a pas de saloperie de harpie par ici.

Elle descendit alors de son cheval, la neige lui montant presque aux genoux avant d’attraper le harnais de son cheval.

Faites gaffe, premier truc dangereux. Passez avant la bête et vérifiez que le sol est solide pour pas qu’elle s’écrase dans le vide.

Sur cela… il allait falloir monter bien 200m de lacets…

Ven 23 Fév - 15:53



Mont d'Argent / Flanc de montagne

Fanthret 1901



Au petit matin, la discussion avec le Trent commence par une évidence. Duscisio n’est pas humain. Cette perspicacité l’amuse. Un petit sourire se dessine quand la petite créature se tourne vers la terre noire retournée donc il a dépossédé de tous ses nutriments pendant la nuit qui lui ont permis de faire apparaître ses quelques bourgeons bientôt en fleur. Le processus aurait dû être plus long. Commandez à ses racines de faire le plus vite possible a eu un coup et la courte nuit témoigne d’une fatigue modérée. Ce que l’on pourrait considérer comme un sommeil inconfortable en restant assit sur le lit, le dos courbé, ne semble pas réellement l’avoir marqué. Le trent qui marque beaucoup plus un intérêt à vivre comme tout être humain, son interlocuteur lui reste proche de la nature.

- Disons que c’est dans l’intérêt général. Je vais avoir besoin de beaucoup d’énergie pour la suite du voyage.

Aussi qu’il aurait dû y penser un peu plus tôt au vu de la journée qui s’annonce. L’élémentaire allait se faire très passif au cours de la journée. Observation, adaptation, prudence. La courte discussion qu’ils purent avoir dans le quart d’heure avant que les humaines se réveillent à leur tour.
Aucune perte de temps que tous se dirigent vers les étables avant d’installer le matériel et de lancer le départ. Ellendrine, cartographe, doit avoir les connaissances du terrain. Duscisio l’herboriste, se dispense donc de montrer ce qui pourrait la remplacer dans sa sacoche pour ne frustrer personne. Surtout que pour le moment, son artefact ne sera d’aucune utilité dans les montagnes. Pour quelqu’un de technophobes, la carte interactive trouvera son utilité pour un ermite qui ne s’est pas autant éloigné de son domicile depuis des dizaines d’années. Ce n’est pas la peur qui le retenait à Doucerive. Maintenant qu’il est à plusieurs centaines de kilomètres de sa maison, qui n’en profiterait pas pour s’offrir des vacances loin du quotidien après cette mission ?

D’après Violette, la première étape s’étale sur deux jours où il ne s’agit que de suivre un chemin. Peu d’effort donc si ce n’est une hibernation forcée par mère nature à éviter. La trent montre également une belle différence entre eux à ce niveau-là. Si Violette pense que Ziel aurait besoin de dormir, cette dernière lui fait vite remarquer qu’ils ne sont pas issus de la même essence. Après tout, on trouve toute sorte de plante en Astrebrume. C’est ce qui fait la beauté du métier d’herboriste, à la découverte de nouvelles espèces, ceux à quoi elles servent dans la nature ou dans une concoction. Que ça soit un Perce-gel, un Margounier, un Nélumbo ou une Pandora, la nature trouve toujours une place et une caractéristique qui lui est propre. La raison pour laquelle un petit buisson de rose se trouve dans une région aussi froide, c'est que la seule caractéristique que possède son essence est la beauté de sa propre fragilité à affronter ce qui lui est hostile.
Il en est de même pour les quelques créatures qu’ils rencontrent sur le chemin. Si le terrain est escarpé, les ombres blanches très bien camouflées ne sont pas agressives. Charognard, la prochaine chute sera leur prochain repas sur une pente plus raide que les informations lui sont données.

- Je pourrais toujours leur servir de cure-dent.

Trait d’humour ? Après tout, il n’y a rien à manger sous cette apparente peau blanche. Mordre dans une branche épineuse n’aura rien d’agréable. Au mieux, il pourrait toujours rattraper une des femmes si elle venait à tomber.
Le manque de harpies est aussi une bonne nouvelle, bien qu’elles se suivent à l’odeur.
Violette descend de son cheval pour évaluer la piste. Il avait beau observer la scène, Duscisio ne trouvait aucune utilité à sa présence pour le moment si ce n’est utilisé ses racines pour porter ses pas plus loin au détriment de la fraîcheur de la neige sur ses racines.

- Je peux évaluer un chemin sûr à l’aide de mes ronces si cela peut nous faciliter la tâche.

C’est toujours bon de faire une proposition sur un espace aussi risqué. En passant devant, il peut faire pousser quelques tiges et en faire remonter jusqu’à la surface de la couche de neige pour délimiter le bord. La question est de savoir s’il ne va pas gaspiller son énergie sur les deux cents mètres à parcourir.

Dim 25 Fév - 22:56

Vers la haute montagne

Ellendrine - Duscisio


Une randonnée sous les étoiles Yeonji-rhee-yeonji-rhee-mood06-2015

Si à tentative d’humour de l'élémentaire, la trent avait légèrement rigolé, la xandrienne de son côté était restée totalement impassible. Il fallait dire que de base elle n’avait pas de sens de l’humour, de plus elle n’avait toujours pas totalement appréhendé la nature de l'herboriste, sa camarade n’ayant pas eu l’amabilité de la prévenir d’une manière ou d’une autre.

Son regard restait alerte fixée sur l’horizon et les forêts au loin où de multiples cachettes existaient. En fait elle était même bien trop alerte pour ce genre d’aventure, l’habitude des expéditions dans la brume sans aucun doute. Couplée au fait que contrairement à ses camarades, y compris la trent, elle savait très bien ce que signifiait être en rivalité avec d’autres maraudeurs pour la quête du pouvoir.

Ils étaient comme elle, elle savait de quoi ce genre d'individu pouvait être capable. Raison de plus pour rester de qui vive.

Finalement, le groupe parvenait à la première épreuve, l’élementaire se proposait de faciliter la tâche à tout le monde.

La maraudeuse se retournait alors vers lui, l’examinant un instant comme pour cerner s’il était sûr de lui ou hésitant.

Et bien… Ça dépend de vous. Si vous avez l’expérience en matière complexe d’utilisation de votre pouvoir certainement. La plus grande difficulté pour les manipulateurs de pouvoir élémentaire c’est de savoir être doux avec et de doser.

A vrai dire, il était facile de détruire avec un élément. Protéger ou doser était plutôt l'œuvre de ceux qui avaient de l’expérience en la matière ou une compréhension supérieure de ce qu’était la nature élémentaire, ce qui était une question de talent, sauf sans doute pour les élémentaires et les portebrumes qui avaient des nébulas de même nature.

Violette recula alors d’un pas pour laisser son compatriote passer, l’invitant à avancer d’un geste de la main droite.

Après vous.

Libre ensuite à Duscisio de s’y prendre de la manière dont il désirait. S’il parvenait à faire monter la pente au groupe sans provoquer un éboulement ou une avalanche, ce qu’il verrait en haut n’était pas vraiment pour encourager quelqu’un à se féliciter.

Adieu, le chemin tout simple, celui qui était à suivre était creusé dans la montagne sur des kilomètres tout en restant continuellement au bord d’un ravin qui s’enfonçait des centaines de mètres dans la terre. Une belle introduction à ce qu’était le vide, car suite à ce chemin où le groupe devrait dormir une nuit, la suite serait une crête où le vide était des deux cotés puis enfin encore et toujours de nouveaux lacets.

Heureusement face à ce qui imposait des efforts physiques éprouvants, au loin commençait à apparaître de la fumée. Celle du refuge hivernal des bergers toujours en montagne. C’est à ce moment-là que le trio quitterait le monde connu, pour aller vers les sommets dans des territoires inexplorés et totalement méconnus où les seules informations étaient celles des cartes et des textes sommaires tout autant que cryptiques d’Ellendrine.
Lun 26 Fév - 13:53



Territoire Xandrie / Frontière

Fanthret 1901



Proposition acceptée, constatation personnelle partagée et remerciement de ces derniers. Duscisio se contente de baisser la tête quelques secondes pour réfléchir à la manière de faire. Bien qu’elle semble tout trouver, c’est l’économie d’énergie qui le préoccupe le plus. Une manière simple et efficace de montrer le bord du chemin sans construction complexe, il n’y a qu’une seule possibilité.

Bien qu’il n’eût pas à subir la neige froide en restant sur sa monture, qu’il monte suffisamment bien – en 60 ans, on apprend au moins à monter à cheval – poser le pied-à-terre à un effet inconfortable qu’il absorbe pour faire bonne figure avant de prendre l’avant du groupe. S’il se trouve toujours sous sa capuche, ses fleurs éclosent secrètement en dessous, à l’abri du vent et du froid, dans un micro climat qui leur permettront de ne pas geler. Les exigences lors de leur achat d’équipements portent donc ses fruits. Il dégage une partie de l’épaisse touche de neige avant de s’accroupir, poser une main droite sur le sol, prendre un outil de cueillette dans l’autre et se concentrer un minimum pour qu’à l’abri des regards, les cinq doigts sur le sol gelé reprennent leur apparence originelle. Une ronce par doigts, chacune pousse à une vitesse étonnante alors qu’au bout de quelques secondes la première fait son apparition, montrant le bord le plus proche à sa gauche. Une simple ronce dépasse de la neige, droite comme un I. La suivante quelques mètres plus loin et ainsi de suite jusqu’à cinq avant de les couper en silence les ronces qui dépasse de ses doigts avant de les cacher poing serré et de continuer le chemin pour recommencer la procédure toutes les cinq ronces. Par économie, il passe à quatre, puis à trois sans pourtant montrer de signe de fatigue, change parfois de main à défaut de pouvoir les réchauffer sous la neige jusqu’à que cela ne soit plus nécessaire.

En fin de journée, c’est Duscisio qui restera éveillé toute la nuit près du feu. Maintenir le micro-climat à l’intérieur de ses épaisses couches de vêtement est une priorité absolue. Mains tendues vers le feu quand personne ne regarde, les poings resserrés si quelqu’un se réveille pour une raison quelconque, sauf pour la trent qui s’était marré lors de sa tentative d’humour plus tôt. La scène de Violette totalement impassible à côté est également bien amusant. Rien que de penser encore une fois à cette vision laisse Duscisio échapper un large sourire devant les flammes douce du feu de camp. Il n’oublie pas non plus de se débarrasser des restes de l’une des roses blanches qui ont fané sous la capuche pendant que les autres se referment gracieusement. Une beauté que les deux jeunes femmes n’auront pas le plaisir de contempler cette nuit ni demain et ceux pour toute la durée du voyage. Au lendemain, il recommencera la procédure si la neige se fait trop épaisse jusqu’à atteindre la première étape du trajet. Combien de fleurs se sont fanée pendant ce temps ? Ne comptant que la sécurité du groupe, Duscisio prendra sur lui tout le long. Sa seule pensée étant que tout le monde arrive sain et sauf jusqu’au refuge de bergers. Le quatuor d’aventuriers continue sa course contre-la-montre en y passant une nuit. Avant toute chose, la vérification sur la carte holographique qu’il ne sera plus d’aucune utilité.

Par la suite, Duscisio a préféré dormir en compagnie des moutons plutôt que son équipe. Leur laine attira beaucoup l’élémentaire pour leur chaleur bien gardée entre les fibres animales qui lui serviront à se maintenir également au chaud. Seul bémol étant qu’il devait intégralement se recouvrir pour ne pas servir de casse-croûte à un ovidé en manque de végétation pendant qu’il dormait à leur côté.
Au lendemain, il est le premier levé, réveillant quelques moutons qui bêlent de mécontentement et Duscisio qui se prépare à la suite des événements. Si sa chevelure d’argent est tout ébouriffé par l’électricité statique présent dans la laine, il eut juste le temps de lisser le tout sans arracher les quelques bourgeons restants, nécessaire pour le voyage et à être tout aussi présentable malgré la nécessité de cacher à nouveau sous la capuche pour préserver une atmosphère la plus chaude possible pour qu’aucun bourgeons ne gèle.

Mar 27 Fév - 9:18

Terres inconnues

Violette - Duscisio


Durant la traversée, la scientifique s’était faite avare en mots, ne voulant pas trop interférer avec ses sujets d’études. Elle esquissait de nombreux croquis avec ses pastels, dans l’idée de les reproduire à la peinture à l’huile une fois rentrée à Aramila. Ceux-ci agrémenteraient les pages du journal de voyage qu’elle s’employait à concevoir en traversant les lacs et l’Argenté, que jamais elle n’avait pris le temps de traverser à une allure aussi tranquille, y préférant le vrombissement des hydravions pour leur célérité.

Contemplative, elle admirait les traits méditatifs de Duscisio, tout en se désolant pour ce qui l’attendait. Un jour, à temps perdu, elle lui confia un ou deux secrets sur l’art d’enfiler ses chaussettes par-dessus ses bas pour empêcher le froid mordant d’attraper ses chevilles, mais lui précisa qu’il valait mieux laisser descendre son pantalon de montagne par-dessus le bottes montantes pour éviter que de la neige ne vienne immanquablement s’y loger pour y fondre en cas de chute. Il suffisait de nouer un lacet autour du pantalon pour maintenir son contour le plus immobile possible autour de la chaussure.

Farouk s’harmonisait à merveille avec son silence et ses sourire, auxquels ils répondaient par de brefs hochements de tête, comme si tout deux partageaient un code mystérieux se passant de toute énonciation verbale.

Si la volonté comptait plus que le physique pour franchir l’épreuve des montagnes, Ellendrine et Farouk étaient bien armés. Résilients et patients. Ils avaient au fur et à mesure du périple tiré de leurs caisses d’épaisses fourrures de renard ambré, l’aristocrate se parant d’une toque particulièrement chaude et confortable. Si Farouk endurait en silence le grand écart climatique en serrant les dents, nul ne pouvait imaginer que la fragile Ellendrine n’était nullement incommodé par l’âpreté de l’humidité des vents du fleuve nordique, sous les faveurs de son cristal de tempérance. Sans doute y voyait-on l’âpreté Brightwidge, une morgue qui ne disait pas sa faiblesse et se prétendait à la hauteur.

Une fois accosté, le curieux échange entre la grossière prétendante au trône maraudeur et la petite créature végétale suscita l’intérêt de l’archéologue. Une flamme de curiosité raviva ses yeux clairs alors qu’elle les plissait pour passer à la loupe de son nascent ce qui semblait être un jeune Trent. Surprenamment.

Une main gantée vint réprimer un léger rire à la commissure des lèvres d’Ellendrine alors que la trent traitait sa « compagne » de pimbêche.

Passé une halte revigorante sur un lit de camp, l’exploratrice reprit la route avec la petite troupe en direction du refuge des bergers. Elle avait en effet eu tout le temps de peaufiner ses cartes durant l’interminable voyage le long du fleuve. Viendrait cependant bien un moment où l’existant ne suffirait plus et où il lui faudrait se livrer à de la prospective sur le terrain en conditions météorologiques pressantes. D’ailleurs, déjà, une intéressante escorte les suivait.

Les ombres blanches… Laissant Farouk assurer ses arrière sur le lacet enneigé, elle ôta ses gants pour dessiner ces créatures charognards à l’ombre de son fusain. Son fusil en bandoulière ballotait sur son dos à chaque pas crissant de neige de sa monture. Au bruit que produisait les sabots, elle se dit qu’il faudrait se méfier. La pellicule blanche qui nimbait le paysage était luisante et brillante de soleil. Aussi lisse que du verre, comme si elle avait gelé et fondu plusieurs fois au fil des dernier jour, jusqu’à en polir la surface. Sa solidité était forte mais trompeuse. Quelques fois, un sabot de son cheval perça la croûte et menaça de s’y enfoncer jusqu’au genoux d’un seul coup. En dessous, la neige était beaucoup plus poudreuse et malléable.
La pente raide qui les attendait ne fit que confirmer ses craintes, sous les instructions de Violette. Comme Farouk maîtrisait mal les pièges enneigés, et sans doute Diuscisio aussi, Ellendrine se permit un conseil en dépliant sa canne.

-« Transférez votre poids prudemment. La croûte solide peut céder d’un seul coup en cas de contre-poids mal placé. »
Diuscisio révèle une astuce impressionnante en ce climat méconnu de lui. Si Ellendrine craint un instant qu’il déstabilise le fragile équilibre du manteau neigeux, il parvient à jalonner leur route sans compromettre la stabilité de l’ensemble. Ainsi parviennent-ils sans aucun effort jusqu’au Refuge. Si ce n’est que Farouk commence à souffrir des températures en chute libre. L’archéologue s’en veut de ne pouvoir déverser un peu de son pouvoir en lui et se promet de lui prêter son cristal à certains moments pour alléger ses tourments.

Les voilà à l’orée du saut vers l’inconnu, où peu d’hommes s’aventurent volontairement. Son œil avide scrute l’horizon pastel où l’intense lueur de l’aurore irise les monts d’une lueur orangée. Saura-t-elle identifier la cachette vers laquelle se serait réfugiés les envoyés du Cercle ? Si pour l’instant, elle se prend d’une certaine amitié pour l’élémentaire et profite du soutien de la maraudeuse pour défier les pièges sur leur route, elle saura se détourner sans mal si ses objectifs divergent des leurs.

Mais ses qualités suffiront-elles à identifier le chemin le moins périlleux, quand d’autres adversaires les attendent peut-être au tournant pour disqualifier la borgne. Même si elle possédait une carte idéale de la région, cela ne suffirait pas à l'interpréter sans faille au regard de chaque hiver, qui fait évoluer différemment les glaciers et les risques d'avalanches. Chaque erreur d'interprétation se paiera à grand prix. Pour elle qui a ménager son énergie jusqu'ici, il va être temps d'exposer ses talents.
Mar 27 Fév - 17:13

Introduction à la linguistique

Ellendrine - Duscisio


Une randonnée sous les étoiles Yeonji-rhee-yeonji-rhee-mood06-2015

Comme cela fut le cas lorsque le groupe monta la première pente raide, la fumée alors aperçu se trouvait en réalité à encore des heures de marche. Dans ce monde où toutes les proportions étaient des plus gigantesques, il devenait difficile d’évaluer les distances à vu tant les hauteurs des pics acérés permettaient d’observer des choses qui se trouvaient à des dizaines de kilomètres voire des centaines de l’endroit où le groupe se trouvait.

Une distance qui fut toutefois parcouru, le groupe arrivant au dernier refuge de la civilisation un peu avant la tombée de la nuit accueillit par deux chiens de berger qui courait vers le groupe avant d’aboyer en leur direction sans vraiment être menaçant. Ce genre de bestiole était bien dressé et obéissante en général. Alerté par les bruits ce fut finalement deux bergers qui sortaient du refuge, le premier au corps assez fort était dans la force de l’âge, probablement une trentaine d’année, le second bien plus âgé devait avoir dans les 60 ans et se tenait à l’aide de son bâton de berger, c’était à ce demander comment ce vieux monsieur était parvenu à monter la haut.

Les deux bergers se regardèrent un instant ne s’attendant pas à voir débouler ici un groupe sans prévenir. Ils étaient quelques peu suspicieux et sans vraiment perdre de la posture, ils demandèrent rapidement la raison de la venue du groupe.

(patois xandrien) Té, quois-té ?

Violette haussa les sourcils en entendant cela. Pour du patois xandrien c’était du patois xandrien ça. On ne pouvait même pas dire que c’était du Xandrien puisque la langue qualifiée xandrienne n’était au final que l’addition de tous les patois pour essayer de faire quelque chose de cohérent pour tout le territoire. Là, il s’agissait d’un des patois à l’origine du xandrien, le patois des montagnes, si particulier qu’il était très difficilement compréhensible pour les étrangers qui venaient ici en se contentant de l’Uhrois. En effet les patois xandriens étaient disons très hétérogènes, ceux en provenance des lieux connectés avec le monde ou les circuits commerciaux gardait une certaine cohérence avec l’Uhrois, ceux des campagnes isolées que ce soit montagneuse ou dans le grand nord xandrien au contraire avait dérivé et était la source même de la complexité et de la déviation linguistique qu’avait pris la langue nationale. Tout cela bien entendu renforcé par la structure administrative dévolutive du pays qui encourageait à l’autonomie locale et donc aux développement des particularismes.
Un locuteur xandrien pouvait heureusement plus ou moins comprendre ça, en grande tout du moins, mais même pour Violette il y avait une partie du vocabulaire et de la grammaire qui lui échappait. Des patois elle en connaissait, mais malheureusement pour elle, ceux qu’elle connaissait étaient originaires du nord et non du sud du royaume.
Ainsi pour mieux se faire comprendre par des gens qui de toute évidence ne devait pas bien comprendre l’Uhrois, Violette se mit directement à parler Xandrien, sa langue naturelle, ce qu’elle n’avait pas fait jusqu’ici par commodité envers Ellendrine.

(Xandrien) Vous pouvez nous considérer comme des explorateurs. Pour diverses raisons, nous avons besoin de monter vers les sommets des montagnes.

Une petite discussion d’engagea alors entre les bergers et la maraudeuse.

Pour ces camarades de traversées, une chose sautait alors aux yeux c’était que d’un seul coup la manière de s’exprimer de Violette devenait beaucoup plus fluide, douce et posée que lorsqu’elle parlait dans la langue commune. Il n’y avait plus d’erreur de grammaire ou de conjugaison, le vocabulaire était également quelque peu plus fourni. Les raisons de ses différences étaient évidentes, Violette ne maîtrisait pas bien l’uhrois au contraire du xandrien, son apprentissage de cette langue avait dû être tardif voir fait sur le tas, si bien que le vocabulaire qu’elle pouvait employer avec était fort limité.

Finalement après une petite discussion, le vieux berger finit par acquiescer de la tête

(patois xandrien) D’accord, vous pouvez rester ichi. Mais fais attintion, j’n’sais pos quo qu’i-a là-haut, mais nos ancêtres i-nous ont toudis interdit d’aller pus loin. Ch’est dangereux. I n’a pus d’route, des crevasses cachées dins l’neige. J’espère qu’tu r’viendras vivant.

(xandrien) Ne vous inquiétez pas pour ça, j’ai l’habitude de ce genre de problème.

Elle se retourna alors vers le reste du groupe.

Bon. Ils nous laissent rester ici pour la nuit. Réjouissiez-vous, y aura un toit aujourd’hui.

Une nouvelle nuit passée, sans vraiment d’incident. Le lendemain matin pour enfin faire son entrée dans les terres inconnues, il y avait quelques petits changements. Tout d’abord adieux les chevaux. La première partie du trajet la plus simple était terminée, restait maintenant à franchir les véritables épreuves. Ensuite introduction du cordage, c’est-à-dire que tout les membres du groupe devait être reliée entre eux par une corde. Cela servait à ne pas se séparer, à ne pas oublier une personne qui s’effondre par manque d’oxygène ou bien tout simplement à sauver de la chute quelqu’un qui chutera dans un ravin ou dans une crevasse cachée dans la neige comme cela était plutôt courant en alpinisme.

Le trajet pouvait donc reprendre et devenir plus sinueux, plus difficile, plus long. Mais contrairement à ce que Violette avait put penser, les ennuis vinrent plus vite qu’elle ne l’avait imaginé et n’était même pas fruit de la montagne ou du climat en lui-même.

Au bout de seulement deux heures à patauger dans la neige, le froid et le manque croissant d’oxygène, l’altitude frôlant alors les 3500m, soudainement du bruit, beaucoup de bruit. Quelque chose courait. Soudain apparaissait brusquement à l’horizon, une chèvre qui courait comme si sa vie en dépendait. Et effectivement c’était le cas car juste après un loup géant de 2m de haut fit également son apparition.

La chèvre qui continuait à dévaler remarqua le groupe et commença à courir vers lui.

እርዳታ! እርዳታ! ከዚህ ተኩላ አድነኝ!

Hein ? Même si elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire c’était une langue ça. Cette chèvre savait parler ? C’était probablement une zoantrophe. Effectivement, il lui semblait avoir entendu qu’il pouvait y avoir quelques clans qui vivaient en hautes montagnes. Qui d’autres que cette race pour pouvoir survivre à des climats aussi rudes ? D’autant que vivre ici leur permettait d’échapper à la folie des hommes et surtout à Opale dont l’élite avait tendance à adorer faire de la chasse au zoantrophe, il fallait mieux éviter de parler opalin ou de se dire opalin par ici.

Quoi qu’il en soit, ce disait la chèvre était évidente. Peu importe quoi il fallait faire quelque chose car derrière elle le loup déboulait aussi.

Sam 2 Mar - 5:02

Alpha Lupus

Violette - Duscisio


Dans les longues pentes sinueuses, où ils marchaient espacés pour ne pas prendre le risque de déraper sur l’alpiniste précédent, les hurlements du vent offraient une étrange intimité. Les voix fortes se détricotaient dans le vent, à peine passé la bouche de leur propriétaire.

En queue de peloton, Ellendrine profita d’une pause respiratoire pour essayer de converser avec Duscisio.
-« J’admire votre témérité Duscisio. Pour un homme végétal tel que vous, ces monts doivent être particulièrement éprouvant… » Elle laissa l’idée faire son chemin chez son interlocuteur et le regarda depuis sous la frange de fourrure de sa toque, pour s’assurer qu’il l'entendait bien.

« Si je connais les raisons pour lesquelles j’entreprends ce voyage risqué, j’ai du mal à cerner les vôtres. Pour moi, tout projet digne de ce nom appelle l’inconnu et une part de danger… mais vous avez toujours mené une existence routinière. Et si la prime doit être aguichante, vos talents renommés d’herboriste doivent vous offrir bien des directions possibles sans tout abandonner. Cette fleur est-elle si importante pour vous ? » criait-elle.

Ils se connaissaient d’un passé lointain, que Duscisio situait apparemment à quelques semaines auparavant, compte tenu de sa notion acrobatique du temps. Mais jamais ils n’avaient eu réellement l’occasion de percer les apparences et de se connaître de près. Tout au plus avait-elle fait l’objet de certaines de ses avances dans sa prime jeunesse. Elle n’avait jamais trouvé le bon moment sur le bateau, mais se disait que c’était maintenant où jamais, avant qu’ils n’entrent en territoire hostile.
Une fois la discussion lancée, elle s'était approché très près de lui et se hâta d'ajouter en aparté avant que le groupe ne reparte.

-« Vous qui connaissait si intimement le vivant et le règne végétal… dans votre expérience et dans votre intuition, est-il possible de faire repousser ce qui est mort… peut-on, disons… régénérer une souche qui aurait été tranchée… vous n’êtes peut-être pas au courant, mais l’Arbre-Dieu protège Urh de la destruction et le XIIIème Cercle a sciemment tranché ses racines sous Opale lors des attentats pour la condamner. Je cherche des moyens scientifiques ou métaphysiques de restaurer la vitalité des racines dans la région… »


Elle parlait à un débit lent, interrompu de quelques respirations profondes, car l’air se raréfiait de plus en plus. Assez brièvement, Duscisio eut l’occasion de lui répondre avant que le groupe ne reparte de plus belle.

Les deux bergers rencontrés étaient des personnages intéressants. Ellendrine constata à quel point Violette s’animait à leur contact. Pour sa part, elle n’entendait pas très bien le Xandrien distordu qu’ils utilisaient mais parvenait à suivre le sens général de la conversation en croisant les données entendues avec ce qu’elle pouvait déduire de leur langage corporel et de la situation. La conclusion semblait indiquer que les bergers leur étaient favorables mais les avertissaient d’un quelconque danger s’ils continuaient.

La suite du périple les avaient vu sortir leurs crampons pour adhérer à la croûte de glace et trouver quelque adhérence là où la neige mollissait. Ellendrine ne craignait pas le froid, cependant, elle n’était pas immunisée contre l’hypoxie et se trouvait particulièrement essoufflée par une ascension des plus brèves vers les hauteurs. Encordée entre Farouk et Duscisio, elle tentait de garder le rythme, pourtant bien lent, piolets en main pour mieux s’agripper. La paroi de la montagne était si escarpée que cela commençait à ressembler à de l’escalade.

C’est alors qu’ils virent un spectacle abracadabrantesque se dérouler sous leurs yeux. Une chèvre fuyait à toutes jambes en parlant une langue saugrenue, évoquant les plateaux désertiques. A ses trousses, un prédateur tout en dents et en poils. S’agissait-il d’un autre zoanthrope. Peu importe, la partie animale réagirait tout aussi viscéralement à son pouvoir de domptage.

Elle se hâta de bousculer Farouk et Violette pour remonter la colonne en tirant Duscisio dans son sillage, bon gré, mal gré. La chèvre leur fonçait dessus sur la ligne de crête et s’abrita sans vergogne derrière eux en bondissant entre leurs corps dans un dérapage. Ellendrine eut juste le temps de laisser tomber son sac et de se placer deux mètres en avant, jambes écartées, pour descendre son centre de gravité.

-«HAAAAAAAaaaaaaaaaaa ! » lâcha-t-elle dans un cri primal, une main en avant.
Le mastodonte à la fourrure hérissée aurait pu l’avaler tout entier. Mais il pila des quatre fers en dérapant dans la neige. La colonne d'alpinistes fut arrosée de flocons.

Après un premier coup d’arrêt, le prédateur eut des velléités d’attaque, ses mâchoires claquèrent, et son poitrail puissant sembla s’élancer à deux reprises. Jamais il ne perdait de vue la zoanthrope, ses babines retroussées. Chaque fois, Ellendrine se raidissait sur ses jambes et lui barrait le passage en le foudroyant du regard.
-« AAAAHHH ! … … recule ! .... AAAHHHH ! … en arrière ! »

Transformé par la sécheresse du froid et la hargne, son accent aramilan n’était plus si suave et enchanteur. Elle ne lâchait pas le loup noir, car son don était une danse équilibriste sur un fil, où toute erreur pouvait être fatale. Il lui permettait de faire se coucher des dragons, mais non pas d’annihiler leur volonté. Quoiqu’il soit, ou qui qu’il soit, il devrait maintenant composer avec elle et le reste de la cordée.

Une lueur endiablée étincelait dans ses prunelles grises. Mais le loup géant ne parvint pas à surpasser sa volonté. D’une main, l’archéologue déploya en lenteur une arme surprenante, un lance-pierres. Elle y logea un projectile ridicule. Pas même une pierre, un caillou. Pas n’importe quel caillou. Celui-ci était chargé de l’énergie du nascent de chronomancie qu’elle était enfin parvenue à faire assembler sur un objet plus adapté que sa montre à un usage au combat.
Sam 2 Mar - 16:11



Dans l'inconnu / Mont d'argent

Fanthret 1901



Durant les longues heures qui passent qui pour une fois se laissait écouler chaque seconde comme une éternité par le froid qui les taraudent, les quelques pauses qu’ils s’autorisaient durant leur ascendance afin de retrouver leur souffle dû au manque d’oxygène. Ellendrine qui n’avait eu point d’occasion de lui adresser la parole en profite pour le complimenter. Après tout, c’est l’élémentaire plante qui subissait bien plus l’enfer glacial et ceux malgré les épreuves arrive à se rendre utile pour assurer la sécurité de tous avec le strict minimum.

- Je vous retourne le compliment. Je me souviens de vous. Vous avez changé depuis notre première rencontre.

Depuis l’accident du zeppelin, Duscisio est le seul à ne pas avoir changé entre les deux êtres. Si la jeune femme a pris de l’âge, elle garde une beauté propre, une élégance que l’on pourrait assigner à sa noble prestance. Pas encore mariée, elle s’accompagne maintenant d’un homme et gagne en expérience. Duscisio fait bien pâle figure en restant toujours le même. Si l’aramilane soulève le fait qu’elle ne saisit pas pourquoi il entreprend cette aventure, l’élémentaire n’avait pas non plus la réponse pendant la première étape du trajet. Les séances de méditation sur le fil de l’eau lui donna le temps se faire le tour de ses propres pensées, envies et projets. Cette curiosité le laisse sans voix durant quelques secondes avant de lui répondre en haussant fortement la voix d’un ton étonnamment calme, mais coupable.

- Ça fait trente ans que je vis à Doucerive. Commence-t-il sans se tromper sur la durée. Que ça soit mon instinct de survie ou la peur, je suis toujours resté cloîtré dans une zone de confort à l’excès. La récompense peut jouer, certes. La plante m’intéresse également en tant qu’herboriste, mais disons que je le fais surtout pour moi.

Il reste fixé sur un flocon tout juste tombé sur l’épaisse couche de neige, pensif sur l’épreuve qu’il s’inflige en sortant de cette fameuse zone de confort. Il pourrait très bien avoir abandonné avant même de quitter le bateau pour les amener ici. Il aurait pu dire qu’il retourne finalement à Kattorin après avoir repris ses affaires à Doucerive pour continuer sa vie paisible. Étrangement, il a préféré continuer avec la promesse de nouvelle connaissance et éventuellement découvrir une nouvelle facette du monde qui le regarde avec adversité. Si survivre dans un environnement glacial le réussit, l’élémentaire aura passé l’obstacle le plus dur de sa vie.

- Je me demande à quel point ce voyage va me changer.

La conversation se prolonge sur un autre sujet dans son domaine de prédilection. Sa proximité avec le règne végétal en comparant la situation avec une souche d’arbre avant de poursuivre sur l’Arbre-dieu qui aurait perdu ses racines par un groupe qui se nomme le XIIIᵉ Cercle. Ellendrine chercherait à réparer les dégâts provoqués par un tel acte. C’est là que l’apothicaire, mais également l’élémentaire plante, prend le dessus sur toutes ses personnalités.

- Avez-vous déjà vu un animal ou un être humain vivre sans ses organes internes ? Fait-il pour provoquer une comparaison entre les deux espèces. N’importe quel végétal se nourrit principalement grâce ce qui se trouve dans la terre et dans l’air pour transformer nutriment par le biais d’une usine très complexe qui se trouve principalement dans leurs feuilles. Si vous les privez de l’un ou de l’autre, il ne peut plus se nourrir. Dans le cas exceptionnel de certaines d’entre elle, quand une plante ne supporte pas l’hiver, elle ralentit son métabolisme pour survivre au manque de nourriture. Malheureusement, l’humain ne peut survivre à un tel acte. Il est trop gourmand en énergie.

Une fois les bases posées sur la table, il continue.

- L’arbre-dieu a plusieurs centaines d’années d’existence. Je doute que votre cercle l’est privé de la totalité de ses racines si ses feuilles sont encore présentes. Il mettra peut-être des années ou des siècles à se rétablir, mais nous, les plantes, nous ferons tout pour prolonger notre existence, peu importe le temps que cela prendra.

Il prend une pause, mais se montre plutôt curieux de cette histoire.

- Quand nous aurons terminé avec cette quête, j’aimerais voir l’arbre-dieu au plus près. Avec un peu de chance, je peux connaître l’état de ses racines et donc de sa santé.

Le voilà parti pour une autre aventure après celle-ci. La curiosité. Il s’agit uniquement de curiosité qui l’anime. Même aujourd’hui, il veut en savoir plus sur cette plante que Violette cherche par un combat particulièrement intense contre sa propre survie, ensuite vient l’arbre-dieu qui l’amènera à sortir plus longuement de sa demeure. Voilà un destin qui pourrait bien tourner… Alors que lui-même était récalcitrant à embarquer en plein hiver vers l’inconnu.
Plus tard, leur rencontre avec les bergers locaux s'en retrouve à parler dans un dialecte qui lui était totalement inconnu. Ne cherchant pas plus à répondre, Duscisio laissait la cheffe de groupe faire et de son point de vue, la jeune femme se débrouillait suffisamment bien pour leur permettre d’avoir un toit cette nuit.
Le jour suivant, les voilà parties pour de nouvelle terre dont ils ignorent tout et avec le strict minimum en matière d’équipement. Chacun abandonne sa monture, s’abonne à l’introduction du cordage pour assurer la survie commune de tout le monde en plus de ne pas se perdre dans une éventuelle tempête ou crevasse qui lui serait fatal.
Les deux premières heures se passent étrangement bien si on oublie le manque de ressources respiratoire pour les humains et de température de plus en plus froide mettant en péril l’équilibre de l’élémentaire. Heureusement, les nombreux conseils de l’une des jeunes femmes pour conserver la chaleur porte plutôt bien ses fruits.
La troisième heure commence par une magnifique rencontre d’un gigantesque loup des montagnes courant après une chèvre qui parle… Pardon ?

Duscisio ne comprend pas vraiment ce que l’animal essaie de hurler. Disons plutôt que l’on arrive à le deviner en imaginant ce que pourrait faire une chèvre poursuivie par son prédateur si ce n’est une demande d’aide. De plus, le plus étrange serait de savoir pourquoi une chèvre savait parler. Il serait plus à même de l’aider, mais l’élémentaire est secoué par surprise quand Ellendrine s’avance en le tirant et ne lâche un cri dont on ne pouvait qu’ignorer l’existence. L’arrêt brutal du géant le fourni une couche de blanc supplémentaire. Si la tentative est louable, l’élémentaire s’approche derrière. Il ne bouge pas, ne fait que fixer l’animal. Cherchait-il à sonder la créature ? Ou bien faire acte de présence. L’animal contre le végétal, une certaine pression s’ajoute. De l’intimidation ? On ne peut l’assurer. Serait-ce pour aider la jeune femme dans sa tentative de dompter l’animal ? Présente-t-il une force plus élevée que le loup malgré leur différence de prédation ? Une plante humanoïde serait plus dangereuse qu’un prédateur ?
Peu importe la réponse, la présence de Duscisio derrière Ellendrine suffit à le garder éloigner comme un danger potentiel et à se soumettre si nécessaire. S’il ne le fait pas, l’élémentaire agira pour la sécurité de son groupe.

Lun 4 Mar - 17:21

Introduction à la linguistique

Ellendrine - Duscisio


Une randonnée sous les étoiles Yeonji-rhee-yeonji-rhee-mood06-2015

La maraudeuse écoutait silencieusement la discussion entre ses deux camarades sans vraiment rien, un élémentaire et une personne qui voulait sauver le monde. Voilà qui était bien curieux, c’était une équipe assez atypique. Elle gardait son attention sur l’environnement pour au final ne réagir que lorsque l’élémentaire eut terminé sa petite explication sur la capacité des plantes à survivre.

Il ne mourra sans doute pas pour si peu certes, mais j’imagine que ce n’est que la première étape du plan de ces détraqués.

On sentait qu’il y avait de la rancune dans ses mots. L’herboriste ne pouvait pas comprendre pourquoi, Ellendrine beaucoup plus. Le XIIIe cercle lui avait retiré un œil, pire elle avait été humiliée par l’impuissance contre Yodicaelle, des choses qu’elle contenait mais qui se déverserait sans doute sur la première adepte du cercle qu’elle aurait la chance de croiser un jour. On n’était pas le plus grand aigri du continent pour rien.

M’enfin même si l’arbre crève pas, c’est long à la détente c’est saloperie, le temps que ça repousse des siècles peuvent se passer, assez pour que toute vie se tarisse dans la zone dépourvue d’énergie.

Elle soupira.

Mais bon, ici c’est Xandrie et vous vous doutez qu’on s’en branle de ce qui peut bien arriver aux putes opalines. A leur disparition, ce ne sont pas des larmes qui vont couler, plutôt du vin.

L’éternel passif entre Xandrie et Opale, après tout si ce n’était les élites qui profitaient du système, les xandriens avaient une profonde haine envers leur voisin, une des grandes sources de l’instabilité croissante du pays qui petit à petit se rapprochait d’une guerre civile née du ressentiment anti-opalin. En soit, Violette n’était pas la plus grande haine d’Opale au sens strict du terme, son dégout étant plus portée sur la classe politique xandrienne que sur celle d’Opale. Néanmoins, cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle les appréciait.

De son œil unique, Violette portait alors son regard que Ellendrine.

Mais vous venez du sud il me semble. Ca m’étonne qu’un habitant du désert soit si prompt à aider Opale, surtout depuis que leurs alliés épistotes ont annexés les plaines.

Les aléas de la géopolitique, les relations n’étaient pas au beau fixe. Quoi qu’il en soit, l’heure n’était pas à parler longuement, mais plutôt à avancer dans ces terres inhospitalières et outre mesure survivre à des zoantrophes en pleine chasse, comme ce loup qui poursuivait une chèvre.

Violette au début était dubitatif parce qui venait d’arriver. Une chèvre qui parle, un loup géant, qu’est ce que c’était que ça bordel. Ce fut la bousculade d’Ellendrine qui la réveilla quelque peu, bien que dans un premier temps la maraudeuse ne faisait rien. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas, mais l’utilisation de ces pouvoirs étaient risquées dans ce genre d’environnement fragile. Contrairement aux pouvoirs élémentaires elle n’avait pas le loisir de pouvoir être douce. A la moindre erreur, elle pouvait démarrer une avalanche ou un éboulement, elle le savait. Ainsi la volonté d’Ellendrine d’agir l’arrangeait profondément quand même elle était quelque peu surprise que ce qu’elle considérait jusqu’ici comme une simple civile soit en mesure de se mettre en avant aussi facilement. Il lui semblait qu’elle avait fait quelque chose de similaire dans les limbes, elle avait toutefois du mal à comprendre comment elle pourrait pleinement combattre ce loup sans pouvoir offensif.

Quoi qu’il en soit, le domptage avait été efficace sur ce monstre, lui-même avait alors bondit en arrière pour reculer pour réaliser son ralentissement, son visage affichait une surprise digne d’une réaction humaine. Il n’avait pas l’air de comprendre ce qu’il venait de se passer comme si le concept de cristaux et de nascent lui était inconnu. Son regard fixa un instant Ellendrine, puis Duscisio et enfin Violette qui gardait sa main sur son fourreau en signe d’intimidation.

Finalement comme la chèvre, le loup commença à parler.

Vovs ?

C’était de l’Uhrois, un uhrois lacunaire mais dont le vocabulaire était ancien.

Vovs venez en bas ? Terre interdite ?

Le loup commença alors à hurler, son cri raisonna dans la montagne avant de finalement trouver des réponses. Il appelait sa meute ?

Vovs. Non ennemi. Laisser cheƒvre ici.

La chèvre se cachait encore plus derrière le groupe pour prononcer des choses incompréhensibles lorsque le loup la fixa.

Que fallait il faire ?

Aider la chèvre et se mettre à dos les loups de la montagne ou bien céder aux loups pour un bénéfice inconnu en sacrifiant la chèvre ?

Violette regarda la situation d'un regard froid, à vrai dire les deux situations étaient compliqués. Devoir combattre le clan du loup serait risqué, mais on ne pouvait pas non plus leur faire confiance.

Ellendrine. C'est vous qui êtes la par amour pour les informations et les faunes locales. A votre avis faut faire quoi ?

Mar 5 Mar - 17:39

Âpres négociations

Violette - Duscisio


Cet interlude sur les hauteurs pour discuter du destin du monde avait un parfum de légende. Ellendrine était bien loin de se douter que la maraudeuse pourrait l’entendre à quelques mètres de là, par quelques tours du vent. Elle-même peinait à s’entendre distinctement en sur-articulant.

Duscisio aussi l’entendait, soulignant son grand âge… sa motivation lui était encore inconnue et semblait à l’idée de sortir enfin d’une routine solidifiée dans la durée. Elle hocha de la tête pour signifier qu’elle le recevait à travers les hurlements tourmentés des vents furieux qui les giflaient de cristaux de glace sans trêve. Loin de vouloir le décourager, elle ne nomma pas qu’elle espérait qu’il n’aurait pas à regretter son choix.

-« Le voyage nous change toujours. Ce n’est qu’après qu’on peut mesure combien et savoir si c’est pour le meilleur. »
Le développement de la réponse de l’élémentaire de plantes lui fut salutaire, autorisant une reprise d’haleine dans cette atmosphère d’air raréfié. Ainsi tout espoir n’était pas perdu pour l’Arbre-Dieu, s’ils parvenaient à empêcher d’autres détériorations de survenir. Violette avait raison, cela prendrait peut-être des siècles pour restaurer sa grandeur… si l’on laissait faire la nature à son rythme. Elle avait une théorie un peu folle, en relisant des passages de l’Ahad, sur la manière dont les Anciens avaient pu sceller l’Enclave la première fois, il y a de cela plus de deux mille ans.

C’était une théorie impie qu’elle ne pourrait formuler à haute voix avant d’avoir pu la vérifier sur le terrain. Un autre danger, pour un autre jour, si elle vivait.

-« C’est pourquoi, la meilleure défense est l’attaque, chère maraudeuse. J’ai certaines informations qui laissent penser qu’un membre important du Cercle a pu trouver refuge récemment dans ces monts. Il a pu laisser traîner derrière lui certaines informations par la force des choses, ou croyant sa cachette inaccessible. Je pourrais peut-être révéler un aspect de leur plan, si nous obtenons une piste sur sa présence récente. »

Ce n’était pas la première fois que l’Opalienne essuyait a rancœur d’un ressortissant Xandrien. En ces occasions, elle se réjouissait de son ouverture internationale et d’être aussi vue comme citoyenne Aramilane. Mais les sabots de la guerre menaçaient de la renvoyer au statut d’étrangère, voire d’oppresseur étranger.

Elle laissa le fiel s’écouler sans rebondir sur le sort d’Opale, contre lequel elle ne pouvait présentement rien. L’aristocrate était dans les vappes au moment où Violette était intervenue pour secourir son monarque et n’avait pas idée des circonstances l’ayant privée de son œil, même si elle associait sa mutilation aux terribles événements d’Opale.
Ellendrine s’étonnait de l’incompréhension de Violette, qui avait bien du voir mention de son patronyme célèbre.

-« Vous avez raison en un sens, Violette. Mon regard ne porte pas sur les rivalités politiques. Je vois plus grand. Urh est le dernier confetti propice à la vie sur une planète ravagée. Chaque centimètre de terre perdue l’est pour l’éternité. Au-delà de notre langue ou de mes préférences, je me soucie de notre devenir en tant qu’espèce à long terme. Peu importe à quel point le présent peut être sombre ou les agissements condamnables, il faut garder le futur ouvert pour les suivants. »


Selon elle, chaque goutte de sueur versée et de sang pulsant dans les veines des Urhois devrait aller à la préservation de ce modeste œcoumène sur une planète encerclée par la Brume. Faute de quoi, il n'en resterait plus rien en deux générations.

Elle sourit faiblement à l’intention de Duscisio.
-« Je me réjouis de vous l’entendre dire. Vous êtes un être rare. Un élémentaire végétal ne peut être supplanté par un utilisateur de cristal élémentaire. Peut-être vos pouvoirs seront-ils une des clefs pour sanctuariser le continent. »

L'archéologue ne dit rien des bribes de révélations qui avaient filtré en catimini de certains de ses collègues chercheurs de l’Alliance et du Magistérium. On lui avait appris, via le témoignage d’un  Patrouilleur en mission à Yfe à Panoptès, qu’un jeune Epistote aux yeux violets avait interrogé sur l’Arbre Sacré et que ce dernier lui avait répondu que même avant les événements de Dainsbourg, l’Arbre déclinait, lentement. Il était mourant. D’où l’immixtion de plus en plus fréquente de vagues de Brumes éphémères en Contade. Ces incidents ne faisaient que préfigurer ce qui arriverait inévitablement à chacune des hautes cités, Xandrie comprise. Aussi, le Cercle ne faisait-il que hâter l’inévitable s’ils ne se réappropriait pas la véritable Histoire d’Urh.

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Face au loup géant, Ellendrine ne savait que faire. Malgré la neutralisation de l’animale, la femme n’en menait pas large, semblable à une peluche emmaillotée dans sa doudoune et ses moufles face au prédateur hérissé de dents. On leur demander de sacrifier la zoanthrope, certes, une inconnue, laquelle était incapable de s’exprimer dans leur langue.

Il n’y avait pas beaucoup de temps pour poser un choix aux conséquences importantes, car le loup venait de rameuter tout son clan à la ronde par son hurlement. Violette s’en remettait à elle pour sa quête et leur survie, elle sentait la présence de Duscisio dans son dos en renfort : l’élémentaire avait prouvé que son être était loin d’être anodin par la croissance fulgurante de ronces. Que faire ? Elle haussa les épaules. D’un point de vue totalement impersonnel, ils gagneraient à laisser cette chèvre se faire dépecer, afin de s’assurer -possiblement – une traversée sans encombre du territoire des loups.

Mais humainement, diplomatiquement, elle peinait à se montrer sans cœur. Son regard se porta un instant fugace sur la chèvre, comme pour la comprendre, avant de se reporter sur le loup. Le fait est qu’elle savait assez peu de choses sur les populations locales et leur histoire. En revanche, elle comprenait bien l’ancien dialecte du loup et les jeux de pouvoirs.
-« Novs vovlons seufemen’t passer. Novs sommes sur fvotre chemin par acciden’t. Dites-moi qui fvous êtes et povrquoi fvous pourchassez cette créature. » déclara-t-elle dans une mimique convaincante des intonations du loup.

A sa manière prudente d’établir un contact, Ellendrine gagnait du temps, espérant disposer de plus d’éléments pour fonder une décision et laisser l’occasion aux autres de comprendre qu’elle était tout aussi désarçonnée qu’eux dans cette situation. Bien sûr, si la chèvre pouvait plaider sa cause dans un patois un peu moins tarabiscoté, tout serait plus simple. Farouk reserra ses gants autour de sa mitrailleuse, il était sans doute le premier homme à ne pas se séparer d’un tel fardeau dans l’ascension faramineuse des monts d’Argents. Un jour, peut-être, Ellendrine lui ferait-elle cadeau d’un nascent de spatiokinésie pour sa peine immense et son silence d’or dans ces épreuves.