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[Event] La ville

[Event] La ville Brandw10
Ven 6 Jan - 19:54

POST MJ : LA VILLE



Suspendues à étreindre lascivement nos remparts solides, nos belles routes pavées, nos murs maculés – de sang et de substances moins définies. Magnifiques. Nos quartiers, effondrés aux travers des rues, dans une neige qui n'est plus pelletée depuis trente ans. Oui… Déjà trente ans que nous demeurons ici. Nous avons appris à aimer ces lieux ; ces arches baroques des grandes avenues, effrités, ces potences, ces gibets, qu'ils n'ont jamais pris le temps d'extraire de terre, ces trop hautes pointes effilées qui jouaient avec le ciel ; Que ces édifices sont fragiles… une simple secousse et les voici à terre.
Mais il s'agit là de notre ville.
Une ville dont nous sommes le fantôme, manteau brumeux, qui la revêt, protecteur. Dainsbourg la maudite. Ses anciennes statues à la gloire de leurs idoles – les Esprits comme ils les nomment – tapissent nos rues de leurs têtes, de leurs membres, fracturés. Vandales et pillards ont tentés de nous spolier. Mais tous nos trésors architecturaux, même émiettés, sont restés. Tout comme la plupart d'entre eux.

Et ils se regroupent, à nouveau, là, juste à notre portée. Une bande hétéroclite, comme nous en connaissons. Valent-ils le coup que nous nous intéressions à eux ?

Asgrevain – Cet automate l'on nous avait soufflé des mots sur lui et il a même déjà retenté sa chance par ici… ainsi il n'a toujours pas compris ?
Elizawelle – Une ombre noire à l'odeur désagréable qui n'est déjà que trop de fois venue nous titiller. Dont l'une, au moins, accompagnée de ce pantin mécanisé… Ce n'est pas de notre fait si ils sont repartis en vie.
Aaron – Que penser de celui-ci ? Nous nous condensons, fugaces, à son épaule. Une énigme qui nous déchire à cœur – si tant est que nous en ayons un.
Artémis – Un autre homme bien intrigant que nous avons ici. Ses lèvres ont l'air de remuer, mais ce n'est pas le froid qui le fait chevroter. Nul signe de sa compagne débectable et de son accoutrement de cuir et de masque de leur dernière fois par ici… Nous l'avions pourtant vu passer un peu plus tôt.
Iaso – Un borgne, comme lui, géant parmi les siens, juste au-dessus de la moyenne du groupe. Stoïque, pour le moment, saura-t-il le rester ?
Ces trois derniers, nous sentons des fragments nôtres en eux. Pourquoi donc les ont-ils élus ? Pourquoi se sont-ils abaissés à les embrasser ? Nous sifflons, évasives, à leurs oreilles.
Eve – Et… qui est-elle, cette cornue, une variable étrangère ? Elle a l'allure fière et vaillante, la présentation militaire, les bottes bien dans le rang. Hum… nous la garderons à l'œil !

Ils semblent mieux préparés que les derniers. Tous – ou presque – plaisant d'apparence, qu'ils sont braves, ces immaculés. Ils réclament une chance. On leur a offert ce qu'ils souhaitaient, ils ont été dorlotés avant de se lancer à nous explorer. Des rations, des médications, des munitions, des explosifs. Ils sont prêts, affûtent leurs armes et leurs regards afin de mieux nous percer. Espèrent-ils un rai solaire en ces lieux ? Notre pénombre les désolent. S'ils peuvent se voir entre-eux, sans se regrouper en cercle serré, c'est que nous sommes dans un bon jour, nous le leur permettons. Que nous aimerions être plus chaleureuses… mais notre linceul se mêle si parfaitement au glacial des ruines. Lichens blancs, lierres rampants, herbes folles sourdent à travers les pavés même, la nature est redevenue sauvage. Ils viennent la perturber.

- On t'a réservé l'élite, m'a-t-on dit…

Et te voici, notre hôte favori, le second borgne, tu es venu nous voir tant de fois, quelques voix parmi nous en sont venues à t'estimer. Malgré notre opacité autour de ta silhouette, en trois enjambés, tu traces, libre, vers la troupe qui t'as été laissée. Ne préférais-tu pas être seul, toi, baroudeur ? Seul, avec ton bras mort à ton flan qui n'est pas fardeau pour toi. Décidément de plus en plus étrange. Tout armuré que tu es, aujourd'hui n'est définitivement pas jour de plaisance.

- Mais… *Soupire* ils ont dû se tromper. Réno Callaghn, Maître de la Guilde des Aventuriers, comme vous devez le savoir. Mais certains parmi vous me connaissent déjà, plus que de nom.

Alors que ta voix rauque sinue à travers notre voile, tes yeux se perdent un instant dans le rang, s'arrêtant sur cette Elizawelle, entre autres têtes. Pourrait-elle être plus agréable qu'elle n'en ait l'air ? Après tout, autrefois aussi, tu avais une telle odeur.
Au deuxième passage, un sourire se dessine entre tes traits durs, labourés par les batailles. Tu as mis un temps, mais as finalement reconnu la tête que tu cherchais. Aaron. Un vieil ami t'as parlé de celui-ci. « Un maraudeur talentueux… est un maraudeur désespéré », dit l'adage qui te revient à la pensée en voyant sa mine. Oh, tu nous excuseras bien de nos indiscrétions, mais à trop nous côtoyer ton esprit s'est ouvert à nous. D'un revers souple de la main, tu nous disperses subtilement.

- Nous avons la ville pour air de jeu. Dégagez et sécurisez le périmètre afin de soutenir le repli éventuel des autres équipes et fouillez ce que vous pouvez dans ce centre-ville déjà retourné. Deux tâches que vous pourrez accomplir comme vous le souhaiterez. Mais ne faites pas les têtes brûlées ! N'avancez pas seuls. Et si vous ne connaissez pas encore la Brume… ce sera chose faites d'ici peu, ne soyez pas pressés.

Quels conseils ! Qu'aurais-tu répondu dans ta jeunesse ?
Que vous changez vite, humains… et cette façon de parler de nous, tes amies, nous peine amplement, saches le !

Les portières claquent, les uns assis, les autres dans les remorques à s'accrocher pour échapper aux cahots. Poussières et poudreuses volettent par paquet, des toussotements de nuage noirâtre s'infiltrent en nous. Nous les congédions bien vite, mais ne pouvons que constater ce qu'il vient d'arriver… Il est rare qu'ils entrent dans nos ruines ainsi… Sont-ce deux canons qu'ils ont conduits jusqu'ici ? Sur ces détestables véhicules qui vaporisent le pur de l'air pour ne laisser que kérosène. Phares en spots de lumières vacillant. Nous crépitons autour avant de nous enfumer.

Que souhaitent-ils faire dans nos rues ? Pourquoi sont-ils venus ?

Pourquoi êtes-Vous venus ?

Vous êtes à ce vieux carrefour, celui à l'obélisque fendu qu'une chouette a pris pour nid. Cinq embranchements sans compter d'où vous venez. Mais, vous ne comptiez pas faire déjà demi-tour, n'est-ce pas ? Des murs effondrés dévoilent des escaliers de pierre toujours solides, descendants vers des caves obscures, montants dans des tours qui ont su garder de leurs majestés. À votre niveau, les axes semblent vides. Pas même un cadavre en vue. Du fait de la réputation de la ville, sans doute ne trouvez-vous pas cela réellement plus engageant.
Comment vous inviter ? Comment vous faire rester ?

Et le clocher d'une chambre de prière résonne. Quelques ombres en frémissent dans leurs coins, sous les décombres. La vie alentour se fait encore plus discrète. La votre n'en est que plus saillante.

Bienvenue chez nous, chers hôtes.
Sam 7 Jan - 15:24

LA POURSUITE DU
SECRET ORIGINEL

Première ligne - la ville


En première ligne.

Elizawelle ne pouvait pas dire que ça ne l'inquiétait pas, et pourtant, c’est plutôt une sorte de frénésie qui s’était emparée d’elle en ce froid matin. Jamais l’aventurière n’avait participé à une mission d’aussi grande envergure, et elle brûlait de faire ses preuves. Elle connaissait la Brume et se voyait déjà en leader parmi ses collègues moins expérimentés.  
Peut-être était-elle présomptueuse, toutefois. Les regards qu’elle recevait alors qu’elle traversait les rangs de son escouade ne pouvaient pas paraître plus suspicieux, alors qu’elle semblait bien moins armée, bien moins solide, bien moins expérimentée que ses collègues, visiblement bien préparés. Aurait-elle du sortir dès maintenant son fusil de son sac, ou saisir le revolver à sa ceinture ? Non, ce n’était sans doute pas nécessaire. Ils verraient de quoi elle était capable, en temps voulu.  
Leur meneur ? Réno Callaghan. Un nom connu, qui courrait sur les lèvres des membres de leur groupe, le plus gros de l’expédition, visiblement. Oui, Réno était connu. Un modèle, une légende, un zoanthrope tel qu’Elizawelle ne pouvait que rêver d’atteindre un jour la puissance. Il était réputé pour sa pugnacité, et on disait de lui qu’il connaissait particulièrement bien la Brume. Avec lui, ils étaient entre de bonnes mains.  

La jeune femme s’arrêta au cœur du groupe, détaillant les membres de son groupe, désormais curieuses d’en mémoriser quelques visages.
La stature impressionnante d’Asgrevain dominait sans mal le groupe qui se forme devant elle, tirant un sourire satisfait à la zoan. Elle aurait pu être surprise de le voir là, mais la personnalité volontaire de l’automate faisait de sa présence ici une évidence. C’était un plaisir de le revoir, un plaisir de pouvoir compter sur un compagnon de confiance. Pourrait-elle le saluer avant le départ ?
Pas si loin de lui, la taille et les cornes d’Ève Belerral surplombaient les humains qui l’entouraient. Voilà une autre personne en qui la zoanthrope avait confiance. Elle la connaissait depuis toujours, savait pouvoir compter sur elle au besoin. Ce serait une bonne chose de rester près d’elle...
Car il y avait aussi d’autres personnes qu’elle connaissait. Ce grand gaillard, là-bas, n’était-ce pas Iaso Medici, chef de la garde l’Opale ? Et là, c’était un aventurier, l’opaline en avait entendu parler. Un mec un peu dérangé, selon les rumeurs. Ce garçon en armure, par contre, ne lui disait rien du tout.

Et bientôt, le convoi se mit en route.  

* * * * *

Cette fois, Elizawelle avait bel et bien son fusil entre les mains. Chargé.  

La Brume semblait encore plus dense qu’à l’habitude dans la sinistre ville de Dainsbourg. La troupe marcha un moment sur des pavés magnifiquement préservés, avant de se dégarnir peu à peu au fur et à mesure que de petits groupes partaient explorer les premiers quartiers.  
Tous les sens en alerte, Elizawelle ne laissa pas sa vigilance fléchir. Elle jeta un coup d’œil dédaigneux à ce petit groupe un peu trop heureux qui riait sans vraiment regarder autour d’eux. La Brume les ramènerait bien assez tôt à la raison.  
Dès leur entrée dans la Brume, ceux qui ne l’avaient jamais côtoyé s’étaient fait remarquer par diverses grimaces et regards par-dessus l’épaule. Telle une présence, la Malice surveillait, la Malice guettait. Était-ce parce qu’elle était entourée d’autant d’idiots que Sa présence semblait aussi pesante, ou était-ce la proximité de la ville maudite ?

Celle-ci, pourtant, était vide. Si vide que c’en était inquiétant. Où étaient passés les cadavres qu’on lui avait décrits ? Pourquoi est-ce que les décombres semblaient si rangés, si immaculés, si... silencieux ? La zoan s’éloigna de ce groupe d’hurluberlus qui l’empêchait de se concentrer. Bien vite, devant elle, le chemin s’ouvrit sur un impressionnant carrefour. Dominant la place, l’obélisque, dont le sommet était à peine visible dans la Brume, projetait une ombre inquiétante sur le groupe. Et puis, le silence fut. D’un coup, les conversations cessèrent, laissant place à un son inquiétant, étrange, qui n’avait rien à faire là. Le clocher sonna longuement, comme un avertissement, comme pour rappeler à tous ces bleus qu’ils n’avaient rien à faire là. Qu’elle n’avait rien à faire là.  
Elizawelle s’écarta rapidement du groupe, de ceux qui ne trouvaient rien de mieux à faire que de lever les yeux vers le clocher, figé dans une expression de stupeur. La Brume n’hésiterait pas à s’en prendre à ses idiots, l’aventurière ne le savait que trop bien. Tendant l’oreille, elle balaya la place des yeux, tentant de percevoir malgré la mauvaise visibilité si elle ne pouvait pas voir une ombre se mouvoir ou un caillou rouler. Rassurée autant qu’elle le pouvait, elle reporta son attention sur les différents chemins.  

– Je vais par là, vous venez ? dit Elizawelle en prenant la direction de cet étrange clocher fantôme, sans vraiment regarder qui se trouvait autour d’elle.

Visiblement, ce clocher était habité, même s’il ne faisait aucun doute pour la zoan que rien de vivant ne s’y trouvait. Rien d’organique. Non, c’était la Brume elle-même qui y logeait, elle en était convaincue. Et si son rôle constituait à sécuriser les décombres, cet endroit lui semblait le premier à voir, celui qui, le premier, leur rappelait à quel point l’endroit était non seulement inquiétant, mais surtout incroyablement dangereux.  

Et peut-être... peut-être, au détour d’une tour, réfugié depuis des années dans l’ancienne ville sainte, le retrouverait-elle enfin.
Son père.


Résumé:


Dernière édition par Elizawelle Flatterand le Sam 21 Jan - 4:05, édité 1 fois
Sam 7 Jan - 23:53


Eve n’était pas vraiment surprise de se retrouver en groupe avec lesdits “plus qualifiés” et encore moins en première ligne, elle s’y était préparée et était armée d’une grande épée à deux mains qui faisait presque sa taille et d’une armure assez lourde, même pour elle.

Elle attendait patiemment qu’on leur donne l’autorisation d’y aller, non sans inquiétude, elle n’avait que entendue des rumeurs sur la Brume, rien de bien plaisant. Elle garda son allure droite et suffisante en regardant du coin de l'œil ses compagnons.
Elle était quelque peu “rassurée” d’y voir dans le tas deux têtes qu’elle connaissait, même si elle était légèrement agacée à l’idée de voir l’armoire qu’était son supérieur. Elle ne connaissait que certains personnages de visage, sans pouvoir citer leurs noms cependant sauf pour le meneur du groupe, Callaghan. Si, ensemble, formaient le groupe élitiste de la mission, cela devait forcément être justifié. “On verra bien sur le moment.” pensa-t-elle.


Et sur ces paroles le groupe parti droit vers ce qu’il semblait être la gueule du loup.


Elle regarda cette sinistre ville brumeuse, c’était bien la première fois qu’elle se retrouvait dans la Brume même et pour le moins qu’on puisse dire c’est que l’ambiance même de ce lieu la mettait mal à l’aise, pas au point de sortir son épée qu’elle porte dans son dos mais elle était extrêmement vigilante,  silencieuse avec cette désagréable sensation d’être observée, surveillée. Peut-être est-ce parce qu’elle était un peu plus en retrait du groupe ? Non. Le simple fait être dans la Brume était un problème, ils ne sont pas les bienvenus ici et cela se sentait, pour Eve en tout cas qui ne laissa tout de même rien paraître dans son attitude ou sur son visage, bien qu’elle ait les points fermées, elle était prête en cas de danger.


Le clocher sonna, elle leva la tête vers ce dernier et elle y vit également un avertissement, une nouvelle occasion de leur faire rappeler qu’ils n'étaient qu’intrus ici, à leurs risques et périls. Elle baissa la tête et vit Elizawelle aller vers la tour avec cela une proposition de la rejoindre, la connaissant elle allait y aller même si personne ne se décidait à l’accompagner.


“Je te suis.”


Dit-elle simplement en emboîtant son pas pour se joindre à ses côtés. Selon elle les autres devaient se séparer en groupe, sécuriser la zone semblait essentiel et il n’y avait pas le temps à prendre à aller tous à un même endroit même pour la Brume. Si ils sont tous ici aujourd’hui c’est qu’ils soit fous soit assez confiants pour savoir qu’ils ne vont pas mourir ici. Enfin, Eve l’espérait pour tous en tout cas.
Dim 8 Jan - 21:52


Rapidement, le vagabond comprit qu’il était envoyé dans le corps « principal » de l’expédition. Non pas qu’il était le plus important, mais il s’agissait tout de même de celui qu’on envoyait en tête, en première ligne, se faire détruire ou, s’il le parvenait, à sécuriser la zone pour les autres équipes. Mais rien n’était encore joué. Artémis, lui, s’amusait de redécouvrir ses lieux qui lui furent longtemps fermés. Laisser de simples curieux s’y engouffrer signifiait les laisser se tuer. Ainsi, les Ruines de Dainsbourg n’étaient pas fermées, mais si une patrouille passait dans les alentours en même temps que vous, elle était tout à fait autorisée à vous demander de faire demi-tour.

Il observa rapidement les membres qui composaient son groupe. Loin de lui la prétention de se rappeler de chacune des têtes, mais certains lui évoqueront sans doute quelque chose s’il les croisait dans les ruines. Quelques visages lui rappelèrent des choses. Il ne connaissait aucun d’entre eux personnellement, puisqu’il était souvent seul dans ses aventures. Néanmoins, la réputation de certains d’entre eux n’était pas à négliger. De part sa composition remarquable, l’automate Asgrevin était probablement connu dans tout Uhr. Mieux vaut l’avoir dans son camp, songea le vagabond en l’observant de la tête aux pieds. Son corps tout entier était une arme.

Ensuite, son regard se porta sur une jeune demoiselle, élégante, aux attraits sympathiques, mais surtout cornue. Jamais son regard ne se serait porté sur elle sans cette caractéristique. Outre cet aspect, cette dernière semblait assez disciplinée et pourrait être une très bonne exécutante. Il sera intéressant de voir de quoi elle est capable, pensa Artémis en déportant son regard ailleurs. Il s’arrêta sur une seconde demoiselle. Un aspect tout à fait normal. Rien d’exceptionnel. En réalité, ce fut son odorat qui l’arrêta vers elle. A force de vivre dans les bois, plus que la vue, son nez pouvait sentir des choses relativement subtiles. Cette demoiselle sentait l’animal.

Mais soudainement, sa Nebula s’excita. Au début, il crut à de l’affolement, mais cette dernière semblait réellement s’exciter de la présence de certaines consœurs. Artémis les sentit. Des semblables. Tout proches. Le borgne, déjà. Rien d’autre que le chef de la garde opalienne. Si je l’ai repéré, il est évident qu’il m’ait repéré à son tour, réfléchit le vagabond. Le second, un jeune blond lourdement armé. Il n’était manifestement pas là pour faire de la figuration. Comme tout le monde ici. En plus de l’aventure, beaucoup avaient des choses à prouver en venant ici.

Artémis, lui, n’avait rien à prouver à personne.

***


Dans la ville, exceptés les bruits provoqués par les différentes amures et armes lourdes, le silence régnait en maître. Et la brume, naturellement. Une propreté inexpliquée marqua les connaisseurs. En effet, d’ordinaire, il n’était pas rare de croiser quelques cadavres dépouillés. Néanmoins, ce serait une terrible erreur que de se croire seuls en ces lieux. Le Portebrume, par le biais de sa Nebula, sentait toute la Malice environnante. Présente. Débordante. Asphyxiante. Il en était sensible, comme tous ses semblables, porteurs d’un terrible fardeau.

Un clocher sonna. Concentré, Artémis ressentit un pique d’adrénaline, prêt à pourfendre avec sa lame, mais se ravisa aussi rapidement en constatant qu’il n’en était rien. Avancer avec ces amateurs, ces petits bras le rendait plus craintif, plus vigilant, oubliant tout le reste. Habitué à un travail solitaire, il profita de la faible luminosité pour s’écarter du groupe. L’ermite s’affairait seul et c’était mieux ainsi. Pour son bien, peut-être, mais surtout celui des autres. Alors, contournant un peu le groupe central, Artémis décida de se rendre au clocher. Malheureusement, à première vue, il n’était pas le seul à avoir eu cette idée. Les plus vaillants allaient évidemment se rendre à la seule source de vie apparente.

Forcément.


Résumé:



Lun 9 Jan - 22:41

Sans surprise, Asgrevain faisait partie du bataillon principal. Faire face à l’ennemi de front, s’interposer entre le danger et ses alliés aux os si fragiles, voilà pourquoi il avait été conçu. Il était heureux de reconnaître un chapeau pointu familier au sein de son escouade. Il avait pu constater lui-même la fiabilité d’Elizawelle. Il lui fit un salut de la tête. « Comme on se retrouve, aventurière ! Je ne pouvais rêver meilleure compagnie pour retourner titiller le brouillard ! » Il se tourna vers le reste du groupe. « Heureux de vous rencontrer, camarades, je suis Asgrevain ! Il serait sans doute utile que nous partagions nos noms ? Je préfèrerais ne pas avoir à vous affubler de sobriquets. » Mais l’heure n’était pas aux tergiversations, après s’être enquis du nom de chacun, il était temps de se mettre en route. Il eut tout le temps d’examiner en détail les autres membres de l’escouade sur le chemin. Il n’en connaissait aucun, mais tous avaient l’air de guerriers chevronnés. Il espérait néanmoins que leurs esprits seraient aussi robustes que leurs corps. La première fois qu’il était entré dans la Brume avec une escouade au moins aussi redoutable, leur force de frappe fut bien futile face à certains dangers. Ils pouvaient néanmoins compter sur leur leader, le légendaire Callaghan. Son impressionnante armure ne semblait pas avoir grand chose à envier au blindage d’Asgrevain, mais c’était surtout son expérience qui leur serait utile.

Jamais deux sans trois, encore une fois le contact avec la Brume l’incitait à se renfermer sur lui-même. Elle s'immisçait en lui et faisait palpiter ses circuits, créant des sensations factices, comme le froid et la douleur, qu’il ne devrait même pas être capable de ressentir. Comment les organiques pouvaient rester si nonchalants au contact du brouillard mystique ? Il restait néanmoins impassible et concentré sur ce qui l’entourait, ses yeux qui brillaient rouges étant le seul signe de son inconfort. Dainsbourg ne ressemblait pas à ce que l’automate s’était imaginé - en même temps, tout ce que son système pouvait “imaginer”, c’était un mélange de souvenirs superposés d’Epistopoli et Aramila.

Quand le son de cloche retentit, trois des leurs, Elizawelle en tête, se dirigèrent sans attendre vers la source du bruit - Artemis, l’homme aux cheveux blancs, se tenant quelque peu à distance, n’ayant même pas pris la peine de regarder ce que faisait les autres. Asgrevain venait seulement de réaliser qu’il ne retrouverait pas la cohésion et la discipline de la Garde Sacrée au sein de ce groupe, où chacun de ces forts caractères était libre de n’en faire qu’à sa tête.
Il allait sans dire qu’il fallait s’enquérir de ce qui avait pu faire sonner les cloches, mais il était notoire que la Brume et ses suppôts étaient aussi sournois que rusés. Le robot s’adressa à ceux restés avec lui.
« Je pense que nous devrions les suivre par un chemin détourné. Cela pourrait être une embuscade, il serait fâcheux que nous nous retrouvions tous piégés. »
Ils agiraient probablement à leur guise de toute manière, mais cela ne pouvait faire de mal d’essayer de se concerter.

Résumé:
Ven 13 Jan - 18:32

Cela faisait des années qu’Aaron ne s’était pas senti coupé de la Brume. Habituellement, il sentait au fond de lui sa Nebula tressaillir comme si son esprit écartait de lui-même la menace qu’elle représentait. Depuis qu’ils avaient passé la frontière de Dainsbourg, il cherchait cette sensation sans pouvoir la retrouver.

Cette gêne lui collait à la peau, elle refusait de partir, et ses nerfs se trouvaient encore plus à vif depuis qu’il avait appris que l’automate recruté dans leur escouade était un membre de la Garde et, d’après les rumeurs, un justicier à la moralité inflexible. Tout ce qu’il espérait en cet instant, c’était qu’Aramila ait oublié qu’Aaron Leonhardt existait. Plongé dans ses angoisses, il déambulait avec l’escouade dans les rues de la cité perdue, cherchant du regard la moindre trace d’activité suspecte. Il n’avait malheureusement pas grand-chose à dire au reste du groupe, certains se connaissaient déjà mais il n’en avait rencontré aucun auparavant, leur style vestimentaire opalin expliquait sans doute pourquoi.

Scrutant les alentours, il cherchait à trouver un point d’observation pour éviter une embuscade, mais la Brume semblait encore trop peu encline à les laisser voir plus loin que leur périphérie immédiate, ce qui rendait la navigation dans les rues géométriques de Dainsbourg terriblement frustrante. Il craignait qu’un monstre ne leur tombe dessus à chaque virage, ce qui le poussa finalement à dégainer la lourde mitrailleuse qui ne lui tombait pas des mains uniquement grâce à la puissance de son exosquelette.

Un clocher retentit. La tension monta instantanément au sein de l’équipe, laissant place à un blanc de plusieurs longues secondes avant qu’un groupe ne se détache de l’escouade et ne se mette en quête de la source du tintement. Aaron était occupé à observer les alentours, le doigt posé sur le bouton de rotation de son canon, mais il se ravisa, constatant qu’ils risquaient de se retrouver en sous-effectif si le reste du groupe se contentait d’attendre. Le droïde prit la sage décision de rejoindre le clocher par une autre voie, ce qui convint au Maraudeur malgré ses réticences à l’approcher si jamais il avait réalisé son identité. Sur le point de se mettre en route, il se tourna vers le commandant.

« Messire Callaghan, loin de moi l’idée de remettre en question la force de notre ami métallique, mais je pense que votre expérience de la Brume serait une sécurité confortable pour nous. C’est dangereux de s’isoler sans être en présence d’un Portebrume en harmonie avec la Brume, mais se diriger vers l’objectif par deux points serait vraiment idéal et nous pourrions éviter de nous perdre si vous nous accompagniez. »

À ces mots, il replaça sa mitrailleuse sur le support au bas de son harnais dorsal et entreprit de suivre Asgrevain, lame et fusil à la main.
Sam 14 Jan - 17:40
La Ville
”T’as les lacets défaits”

“Ferme là.”

Le voilà enfin pris pour aller dans la Brume. Cela faisait bien des années qu’il n’y était pas allé, et cela lui manquait. En effet, comment peindre ses fameux tableaux idylliques et mystérieux des paysages offerts par la Malice, qu’il avait pu voir de son unique œil, sans y aller directement ? Et peu importe les ressentiments des Opaliens : ceux en-dessous de lui ne pouvaient que contester dans le Silence sauf s’il voulait tomber sous la législation infaillible. Et ceux au-dessus avaient bien compris que s'il revenait vivant et couronné de lauriers, ce ne serait qu’un plus pour l’Opulente.

Contrairement aux idées reçues, son visage n’était pas pauvre en émotions affichées… Mais il en était absent. Durant le voyage, Iaso ne faisait aucunement paraître une quelconque fatigue autre que par la sueur coulant sur ses tempes, ou une quelconque contrariété face aux agissements de ses comparses. Il les regardait sans aucun dédain ou égo, il était juste désintéressé et méthodique : comme une fourmis face à ses collègues, il avait une mission et la réaliserait.

Le Borgne était alors en première ligne avec un groupe de choc… Une cornue insupportable, un petit homme, une machine immense, un vieillard, une femme avec un chapeau et un homme reconnu pour son expertise de la Brume. Le Chef de la Garde Opalienne était habillé de son habituelle armure en acier, pouvant être catégorisée entre l’armure lourde et l’armure moyenne de plaque, et portée un grand bouclier d’une main avec une épée moyenne… Pour sa taille. Mais il portait bien plus que ça, il avait un ravitaillement caché dans sa dimension personnelle. Quand le robot vient élever sa voix vers le groupe, Iaso releva son œil vers lui et vient répondre quand il peut simplement.

“Iaso Medici.”

“Iaso Medici, gneugneuh… Ça te tuerait d’en dire plus ?”

Sur ce coup là, Iaso devait admettre que la présence insidieuse, cherchant continuellement à prendre contrôle sur ses synapses, avait raison, il aurait pu donner un peu plus d’informations sur lui, mais c’était trop tard. Il vient lancer un regard bref et concis vers sa subordonnée pour noter sa réaction avant de se mettre en route, en position, en garde.

Cette ville était une source d’inspiration incroyable ! Des dizaines d’idées de peinture lui venaient en tête, une ville désolée, la Nature ayant repris ses droits sur la ville-sainte, mais à l'apparence si calme… Sous son heaume, son œil s’activait pour à la fois prendre nombre de brides d’inspirations, mais aussi d’informations pour rester vigilant à toutes menaces possibles. Quand le clocher vient retentir, il vient directement lever son bouclier juste en-dessous de sa visière pour prendre les informations.

“Tu devrais vraiment voir un psy… La voix dans ta tête entend des voix dans la sienne… Cette ville me fait frissonner alors que je n’ai pas de corps.”

Le Borgne vient hocher la tête vers Asgrevain pour signifier qu’il a pris en compte leurs déplacements, avant de s’avancer avec le reste du groupe. Au vu de son attirail et de sa stature, il prit naturellement une position avancée pour pouvoir protéger le groupe avec son bouclier, raffermissant sa prise sur la poigne de son épée.

Stuff:

Code couleur:

Codage par Libella sur Graphiorum
Sam 14 Jan - 20:22

POST MJ : LA VILLE



Il ne vous faut pas longtemps pour décider d'une direction. Un groupe se détache Iaso en tête – après une petite foulée pour rattraper les autres, faisant cliqueter son armure – Ève sur ses talons, Elizawelle l’œil vigilant et un Artémis déçu de la compagnie. Vos pas résonnent dans la Brume. Sourds. Toujours cette oppressante impression de vide. À chaque intersection, à chaque ruelle étroite que l'affaissement d'une demeure n'avait pas étouffée, vous vous attendez à voir surgir une engeance de ce que vous nommez Malice. Peut-être attendiez vous ce shoot d'adrénaline pour vous rassurer ? Mais vous cheminez sans heurt vers le clocher. Il y a bien quelques reflets bleutés dans les miroirs chromés qui se laissent entrevoir par les entrées aux portes arrachées. Rien autour de vous n'en trahit l'origine.

Réno est resté en retrait, estimant la distance qui se créait avec le groupe d'éclaireurs, avisant les alentours, nous reniflant à grands coups. Près de lui Asgrevain et Aaron. Pas les plus discrets du groupe, peut-être est-ce ce qui les avaient gardés en retrait.

L'aventurier vétéran écoute la suggestion de l'automate, rationnelle, éclairée, avant que ses lèvres n'échappent un sourire surpris alors qu'il entend ta question, Aaron, il s'est fait à l'étiquette qu'être à la tête de la guilde lui accorde, mais ici, dans la Brume, la déférence lui semble insolite.

- Un chemin détourné pour éviter d'être pris en tenaille ? Pas une mauvaise idée…

Le chemin direct ne serait en effet pas compliqué à suivre, mais son aide allait être nécessaire pour choisir le second itinéraire le plus propice. Son regard décidé trace à travers le dédale labyrinthique de notre logis. Le chemin est clair à son esprit, comme si, à travers nous, il pouvait en avoir un plan satellite. Mais il n'en est rien. Combien d'heures, combien de jours a-t-il passé à nous fouiller ?

- Quant-à l'harmonie avec la Brume, m'est avis, nos deux groupes ne devraient pas trop en souffrir. Restons à portée de voix avec les autres, mais sécuriser une contre-allée nous saurait que nous être utile.

Mais avec un Hôte dans vos rangs, il va de soi que vous avez un bon avantage que bien d'autres n'ont pas eu.
Réno finit par faire un geste vers vous, vous invitant à sa suite, économisant ses mots. Son regard passe sur l'une des caves ouvertes de la zone. Le réseau souterrain qui traverse la ville pourrait également être utile, mais avec la mauvaise surprise de la dernière fois, il préfère ne pas s'y engager pour le moment. Aussi rapidement que la considération était venue ses yeux retournent à sa vigilance de guide, il dégaine et poursuit, la lame à la main. À votre tour vous quittez la place.

La chouette de l'obélisque hulule, saluant votre départ et son calme retrouvé. Peut-être devrait-elle aller trouver un autre perchoir… qui sait quel trouble vous alliez causer.

* * *

Iaso, Elizawelle, Ève, Artémis : Votre destination se fait plus nette, la bâtisse s'extirpe hors de nos brumes. Décrépite. Son sommet reste nimbé dans notre voile.

Iaso, en tête du groupe, garde ferme en main, tu te tiens près à toute éventuelle rencontre. Par moments, dans le reflet de ta lame, dans le scintillement de ton armure lustrée, tu vois un œil éthéré te fixer intensément. Nimbé de la même lueur bleutée que vous aperceviez sur le trajet. Mais, comme auparavant, rien de matériel dans les alentours ne semble en être la cause. Il n'y a que cette vague paranoïa qui elle est bien réelle. C'est peut-être grâce à elle qu'arrivé prés du pied de la tour, tu es le premier à entendre la fusillade.

Staccato lointain. Guêpes d'acier qui nous traversent, vives, assassines, guidées par l'effroi.
Prêtant l'oreille, vous vous demandez ce qu'il se passe là-bas, dans le quartier adjacent, à quelques centaines de mètres de vous, pour vos collèges d'expédition – car vous êtes quatre cents badauds à fouler nos rues, une véritable invasion touristique comme nous n'en avions jamais connu. De l'autre côté, à votre droite – en direction de la cathédrale – de petits raclements d'os sur la pierre commence à émerger. Des cliquetis fugaces. Se rapprochant. S'éloignant. Ils mènent leurs vies voyez-vous. Ou leurs morts à plus proprement parler.

Elizawelle, ton regard perçant aura bien le temps de distinguer une ombre dans notre opacité. Une main ? Difforme. Tordue. Solitaire. Gesticulant sur des ersatz de pattes osseuses, résidus de côte bien plus que de radius. Puis disparaît sous un tas de gravats. Sporadiquement, nous emplissons tes naseaux de l'odeur de la charogne, juste assez longtemps pour être écœurant, pas assez pour que la plus légère des habituations n'en allège tes sens. Nous complétons ainsi un tableau mental ; celui de ce qui grouille dans le vide fantôme de la cité sainte.
Ève de ton côté, ta nouveauté nous intrigue, nous sinuons à tes cornes, nous engouffrons par tes oreilles dans une brève froideur. Alors, rapidement la sensation de gêne disparaît et tu entends une voix. Familière. Au bord de sanglot. « Mes robes te vont mieux, Ève… *silence*… tu reviendras, n'est-ce pas ? Je sais bien que Katherine est là… Mais… tu ne vas pas me laisser seule ? » Nulle présence de sa silhouette lorsque tu regardes autour de toi. Après tout, Lilith est dans votre maison à Opale. Un beau quartier et une serre si entretenue, si somptueuse. Notre ville est sauvage dans son harmonie, mais les desseins qu'offre ton esprit nous enchante. Peut-être nous mèneras-tu un jour là-bas ?
Artémis, une part de nous se décide à prendre des nouvelles de sa Sœur, excitant ta nébula par notre langage spécifique. Une information nous échappe peut-être et te voilà à tourner le regard vers un soupirail proche. Si près du sol que vous ne l'aviez pas vu, un visage placide, au nez décomposé, vous observe d'un coin d'œil vitreux de derrière des grilles rouillées.

Tout autour de vous s'agite maintenant que vous faites face à la tour en ruine dont le clocher a résonné. La porte est entrouverte, irradiant par l'entrebâillement d'une lueur accueillante, un feu de cheminée crépite, un fumet de fenaison dans l'air qui réchauffe vos os que nous nous évertuons à tenir au frais. Pourtant, vos expirations se condensent à peine avant de venir se mêler en nous. Un courant d'air fait doucement grincer la porte…

* * *

Asgrevain, Aaron : La contre-allée n'est pas si étroite que vous aviez pu le craindre. Votre guide ne vous aurait pas mené dans un lieu ou les larges épées n'auraient pu se frayer un chemin en cas de mauvaise rencontre. Dans le mégalithisme de Dainsbourg, même l'artère la plus sombre laissait largement se croiser les habitants. Par moment vous apercevez – ou du moins croyez apercevoir – les cheveux rouges de la fusilleuse qui vous accompagne par les passages rejoignant l'avenue principale. Vous entendez quelques lointains coups de feu venant de votre gauche. Rien d'alarmant, vous saviez qu'il y avait des affrontements à prévoir. Nous pouvons même sentir une certaine jalousie ou impatience se dégager de vous.

Un mur bréché va peut-être pouvoir répondre à vos attentes. Les premiers signes de mouvement anormales que vous percevez. Un couple de Jiangshis arrachent des morceaux d'un corps sec, curieusement difforme. Ils tournent leurs crânes vers vous, s'en échappe un sifflement rauque. Il n'en faut pas plus pour qu'un troisième se manifeste, juste devant le passage, tendant son bras pour saisir le bras d'Aaron.
Il n'en aura pas le temps.
La chair morte tombe à vos pieds.
Dans un bruit spongieux.
S'étalant dans une traînée noirâtre le long d'un tas de pierre. Réno essuie sa lame sommairement d'un revers vif sur un pan de tissu qui s'échappe à la taille de son armure tout aussi lourde que celle du capitaine de la garde d'Opale. Le mort-vivant s'acharne à vouloir passer dans cette ouverture trop petite, provoquant l'effondrement de quelques briques de plus dans l'allée. Votre peau, votre voix, votre chaleur, votre humanité… tout lui est si insupportable. De l'allure robotique d'Asgrevain il ne fait pas état, seul demeure sa silhouette dans son regard de gouffres béants.

- Ils n'allaient pas être loin…

Nous ne sommes pas les seuls à prendre soin de notre cité. Les habitants y sont également grandement attachés. Ils nettoient les rues inlassablement et… finissent par les souiller inexorablement. De nombreux bruits retendissent derrière vous alors que la goule – que nous maintenons dans ce qui puisse être le plus proche de la vie pour ce qu'il en reste – continu de vous aboyer dessus. Pour finir des raclements d'os commencent à venir par devant. Vous pouvez toujours rejoindre l'axe principal, un passage est à votre gauche à quelques mètres de là. Mais les cliquetis métalliques de vos armures et de l'entièreté de l'automate ont fini par vous signaler. Si toutefois vous pensiez ne pas avoir été repérés plus tôt. Nous nous étiolons, laissant votre vue se dégager, un soutien léger que vous devez à notre magnanimité… Nous ne craignons pas pour vos vies face à ces simples créatures… Nos habitants…

Réno ne vous fera insulte de vous demander de vous préparer.
Vous l'êtes déjà, n'est-ce pas ?
Mer 18 Jan - 12:46

LA POURSUITE DU
SECRET ORIGINEL

Première ligne - la ville


Le Bouclier, la Lame et le Fusil.  

Iaso, Ève et Elizawelle avaient naturellement adopté une formation. C’est avec plaisir que la jeune femme avait accueilli sa vieille amie cornue à son côté et avec joie, elle avait cédé sa place en première ligne au capitaine de la garde, consciente d’être moins vulnérable et plus efficace à l’arrière du trio. Couvrant leurs arrières, elle remarqua rapidement le vagabond qu’elle avait aperçu lorsqu’ils étaient encore à Oman. Il se rendait visiblement au même endroit qu’eux, mais son attitude reflétait son désir de faire bande à part. Le reste du groupe avait pris différentes directions, y compris Réno et Asgrevain qu’elle avait vu partir avec cet homme en armure vers la rue voisine. Le silence s’était alors abattu sur eux, pesant, inquiétant. Il y avait quelque chose d’étrange à cette ville aphone, un non-sens dans un endroit conçu pour une si grande agglomération. Elizawelle avait la certitude que la réputation sinistre de l’endroit n’était pas usurpée, et tous ses sens, humains ou non, étaient en alerte. Dans les rues adjacentes, des bruits d’arme à feu se firent entendre, et les mains de l’aventurière se crispèrent sur son revolver.  

La Brume agissait.  

Elle le voyait au regard de ce vagabond, qui se perdait vers un bâtiment ou rien de ne passait. Elle le voyait à l’expression étrange d’Ève, qui ne semblait plus tout à fait avec eux. Elle le voyait à travers Iaso Medici, le chef de la garde, qui semblait en proie à une curieuse paranoïa. Elle le voyait à cette main rampante, là, qui se faufilait sur le mur, et à l’odeur de charogne, poignante. Des éléments étranges, apparus sans explications, qui l’empêchaient de se fier à ses sens, ceux-ci étant spécialement inutiles lorsque la Brume devenait Malice.  

– La Brume agit. Soyez prudent, souffla-t-elle, préoccupée.

En garde, elle leva son arme devant ses yeux, doigt sur la gâchette. S’ils gardaient la tête froide, ils pourraient s’en sortir. Prudemment, ils se rendirent jusqu’au clocher. Il y avait là une scène étrange, si décalée avec le moment qu’un frisson parcourut la colonne d’Elizawelle.  
Dans la tour détruite d’où avait résonné le clocher, un feu chaleureux brillait, contrastant totalement avec la teinte bleutée que la Brume apposait sur l’extérieur. Une odeur accueillante en émanait, et une pensée furtive traversa l’esprit de la jeune femme.  

Et si c’était son père ?

Il se jouait dans le cœur et l’esprit de la jeune zoanthrope une bataille féroce entre le cœur et la raison. Elizawelle savait où elle se trouvait. Dainsbourg, l’endroit le plus brumeux d’Uhr, ne lui livrerait rien sur un plateau d’argent. La situation était étrange, trop étrange pour ne pas être un piège.
Et pourtant, plus que tout au monde, elle voulait passer cette porte grinçante, poussé par un espoir plus grand que tout ce qu’elle avait ressenti depuis Sa disparition. S’il y avait la moindre chance qu’il y soit, n’en valait-il pas le risque?  

– La tour. Elle semble habitée...

Était-ce une simple illusion causée par la Brume ? Est-ce que les autres voyaient aussi cet endroit chaleureux ? Est-ce que ce son de cloche avait été un appel à l’aide, un moyen d’attirer l’attention de l’énorme bataillon qui s’était formé ?
Elle jeta un œil aux autres. Le vagabond semblait toujours absorbé par cet édifice. Plus exactement, il fixait une grille étroite, qui menait visiblement au sous-sol du bâtiment. Elle hésita. Devait-elle aller le secouer, en valait-il la peine ? Mais il y avait la tour...


Résumé:


Dernière édition par Elizawelle Flatterand le Sam 21 Jan - 4:07, édité 1 fois
Ven 20 Jan - 22:26


Nebula, bon dieu, contrôle-toi ! Tu m’empêches de me concentrer !
- Mes sœurs sont ici, vagabond. Elles me parlent.
- Si je comprends bien, je vais devoir supporter ce vacarme durant tout notre séjour.
- Autant de temps que mes sœurs l’auront décidées.
- Ça promet d’être excitant…


Reprenant ses esprits, le regard du vagabond se figea vers un soupirail. Quelque chose attira son regard. En concentrant davantage son regard, un visage difforme apparut. Un nez écrasé. Une apparence pitoyable et répugnante. Cet appel à la cloche était incontestablement un piège, mais il fallait s’y engouffrer pour nettoyer la ville. Il se tramait des choses à l’intérieur de ce bâtiment. Au moins dans les sous-sols, manifestement. Dégainant l’une de ses lames accrochées à son dos, l’épéiste s’avança, dépassant les deux demoiselles qui l’accompagnaient. La cornue semblait déjà loin. Devait-il tenter de la réveiller ? Le mieux pour elle serait peut-être qu’elle reste à l’extérieur de cet enfer qui se trouvait à l’intérieur. Cependant, la seconde femme reprit rapidement ses esprits et comprit même que la brume agissait déjà. Par ailleurs, elle semblait le regarder, comme si elle s’inquiétait de son état.

« Tout va bien. », fit-il simplement.

Ailleurs, le vagabond entendit du bruit, des cris, probablement une des escouades attaquées. Venir nombreux n’était pas nécessaire ici. Seuls des personnes très compétentes pouvaient survivre. Les autres mourront au premier obstacle. Qui sait, Artémis pouvait aussi y passer dès son entrée dans cette bâtisse autrefois religieuse. La Brume, mystérieuse, envoutante, dangereuse, n’épargnait personne. Cette seule pensée le figeait. Elizawelle le sortit de ses songes en prenant la parole. Ce n’était finalement pas plus mal.

« Je te le confirme. Et pour tout te dire, je compte bien l’explorer cette tour. »

Le Portebrume avança et franchit le seuil de la porte. Elle grinça. Un son strident, glacial pour le commun des mortels. Artémis s’en accoutuma. La chaleur du feu qui crépitait le réchauffa.

C’est un piège ?
- Mes sœurs ne m’ont rien exprimé à ce sujet, mon frère.
- Mon frère ? C’est nouveau. Original. J’ai presque failli me laisser attendrir. Je n’oublie pas que tu souhaites me déposséder, mon frère.
- Quel rabat-joie.
- Maintenant, je sais que c’est un piège.


La lame dégainée, il se mit en garde, prêt à affronter tous les dangers. La Nebula s’excita en lui, comme si cette décision était la meilleure… pour lui. Cette réaction agaçait d’autant plus le Portebrume qui se promit de ne pas tomber dans ce piège. Mais il ignorait totalement le traquenard qui l’attendait.


Sam 21 Jan - 13:21
Forcément, il fallait que ça commence aussi vite.

Forcément, il fallait qu’il soit la première cible.

Aaron bondit en arrière, d’un ou deux mètres de trop à cause de la force de son exosquelette auquel il n’était pas encore totalement habitué. Il parvint à se réceptionner maladroitement, les hydrauliques de ses jambes compensant le poids de l’engin de mort qu’il transportait.

Levant la tête, il vit Reno essuyer sa lame alors que le bras du jiangshi gisait au sol, il prit une grande inspiration.

« Il faut qu’on avance. On ne peut pas savoir combien ils sont et je n’ai pas envie de rester là pour le découvrir. »

La Brume se dissipa autour d’eux, pour leur montrer que les monstres les avaient déjà encerclés. Aaron marmonna un juron et, accompagné du cliquetis mécanique de son équipement, se saisit de la mitrailleuse Dexar qui tenait à l’arrière de son dos. Il enleva la sécurité, le bandeau de munitions déjà engagé dans le chargeur, et ouvrit le feu dans une cacophonie de balles qui n’était brisée que par le tintement des douilles qui tombaient au sol à ses pieds. Les morts-vivants se retrouvèrent déchirés en mille morceaux par la puissance des projectiles tandis qu’Aaron sentait l’exosquelette qui l’empêchait de simplement partir en arrière à cause du poids et du recul de son arme. Le canon cessa de tourner, son souffle de destruction stoppé momentanément alors que le Maraudeur constatait les dégâts qu’il avait causés. Une brèche s’était formée dans le mur de zombies, c’était là leur chance.

« ON POUSSE MAINTENANT !!! » rugit-il

Ni une ni deux, Aaron se lança en avant, les hydrauliques de son exosquelette vrombissant alors qu’ils mettaient tout ce qu’ils avaient pour pousser ses jambes. Dans son élan, il tira son fer, tranchant les jiangshis qui s’approchaient trop près. Il comptait sur le robot et l’ursidé pour dégager le passage avec lui. Le Maraudeur déboucha finalement sur une rue qui menait directement à la tour, plus qu’une centaine de mètres à parcourir, estimait-il.

actions:
Dim 22 Jan - 14:48
Il suffit d’une seconde, une seule, pour que le silence sinistre laisse place au chaos et à la frénésie. Asgrevain dégaina immédiatement sa grosse épée quand l’espèce d’humain tout maigre surgit pour s’en prendre au blondinet avec son exosquelette, dont il ne connaissait toujours pas le nom, mais leur chef fut plus rapide, avec une incroyable vivacité il extermina l’assaillant d’un coup dévastateur. L’automate jeta un coup d'œil à la créature. On les appelle des jiangshis parait-il, ou des “mort-vivants”. Il n’a jamais compris ce concept très organique. Si ça bouge, c’est que ça fonctionne, non ? Pour lui, ils avaient beau être rachitiques, tout desséchés et parfois un peu décomposés, ils étaient semblables à tous les autres sacs à viande, à part qu’ils étaient reprogrammés par la Malice.

Hélas ce n’était pas leur seul adversaire, nombre de ses congénères leur barraient le passage, ils n’avaient d’autre choix que de les affronter.

« D’autres humains séchés, AUX ARMES ! »

Épée brandie dans la main droite, il pointa son index gauche vers les ennemis, sa phalange s’ouvrit pour laisser apparaître son canon semi-automatique, il fit feu pour soutenir la pluie de balle de l’homme sans nom, avec plus d’application dans ses tirs au vu de la cadence nettement inférieure, chaque balle devait tuer, il visait la tête.
Au cri du Sans Nom, aussitôt le déluge terminé, Asgrevain se jeta à sa suite dans la mêlée avec un féroce rugissement synthétique. Il alourdit légèrement le poids de sa lame pour balayer un maximum d’ennemis sur son chemin. Il restait légèrement en arrière par rapport à son compagnon pour couvrir ses arrières et éliminer un maximum d’ennemis : son blindage d’acier ne craignait pas vraiment les assauts de ces frêles créatures, et il leur fallait sécuriser la zone en en tuant le plus possible pour protéger l’équipe d’Elizawelle d’une prise en tenaille.  Néanmoins ces derniers étaient peut-être déjà en danger, or le guerrier de métal était déterminé à ne perdre aucun frère d’arme, cette fois. Alors il devait avancer, à grand coup d’épée et de plomb. Nul obstacle ne les arrêteraient, il en fit le serment.

Résumé:
Dim 22 Jan - 23:01

POST MJ : LA VILLE



Artémis, Elizawelle : L'un après l'autre, vous pénétrez dans la tour du clocher. Un lieu semblant en effet hors de la ville que vous venez de traverser. Un lieu où nous nous faisons discrètes, simple amas nébuleux noyant le plafond. Une chaleur douceâtre s'élève dans l'air, une marmite au-dessus d'un âtre où bout une eau verdâtre à l'odeur alléchante. Avec ce visage décomposé en tête, Artémis, ton regard se fixe vers ce passage qui s'engouffre dans les profondeurs du sol de la ville dans une pénombre qui ne laisse apparaître les contours d'une porte que dans des éclats blancs-bleus vifs et évasifs. Quant-à toi, Elizawelle, ce sont tes espoirs qui orientent ton attention vers cet escalier condamné. Tout le mobilier des étages ont l'air d'avoir été poussés avant de s’écraser les uns contre les autres en une barricade illogique et vétuste. Et… tu jurerais entendre un gémissement venir de là-haut.
Les murs semblent avoir été lessivés, des traînés cramoisies recouvrent les pierres et des inscriptions scabreuses, tant par les à-coups déments qui les ont tracés que par leurs formes sordides, se laissent encore deviner dans des coins exiguës malgré le fatras qui a été massé devant.
Votre observation des lieux s’arrête là.
Une paire d'yeux vous scrute.
Globuleux, presque exorbités. Vous aviez manqué ce petit être caché derrière son tabouret. Un nez crochu, une lippe pendante, une bave grise filant jusqu'à son menton fendu et des touffes de poils bleus. Nous ne savons plus ce que c'était auparavant… s'en souvient-il, lui-même ? Il baragouine quelque chose de sa voix stridente « Intrus ? Voleurs ? Perdus ? » avant de soulever son tabouret, de ses bras démesurés, prêt à s'en servir comme arme d'appoint.
Derrière vous, la porte claque et un étrange phénomène la fait luire d'une aura dorée.
Recommence-t-il avec ses tours tortueux ?
Le bois et les charnières de la porte se font pierres.

* * *

Iaso, Eve : Alors que vous voyez vos compagnons s'engager dans le bâtiment et, alors qu'Iaso commençait à leur emboîter le pas, la porte claque sèchement à son nez. Tu auras beau tenter de la pousser. Rien n'y fait. Le passage semble muré.
Au moins aucun d'entre vous n'est isolé.
Il faut peu de temps pour que vous entendiez des bruits de pas, lourds et précipités, approcher.

* * *

Aaron, Asgrevain : Suivant l'impulsion d'Aaron, vous vous frayez un chemin à coup de lame, entre deux slaves, les corps tombent sur votre passage, crânes explosés ou juste fauchés, certains se relèvent et retournent à l'assaut, pendant que d'autres, les moins belliqueux, les moins affolés, les moins enragés par votre présence, ceux restés en arrière, aident les plus mal en point, sortant des nécessaires de coutures. Vos crissements métalliques et explosifs ont des réponses d'échos squelettiques. Une marée morte s'écoule des bâtiments alentour, plusieurs dizaines de têtes défigurées, mais outre les plus constitués, à l'allure toujours humaine, des morceaux de chairs cavales vers vous. Des mains s'agitant au bout de pattes d'os ciselées, des serpents d'intestins lézardant les murs, des têtes, mâchoires déboîtées, araignées improbables, portées par des pseudopodes de viande pourrissante, innombrables. Un flot débité, aussi vif et agile que désorganisé.

Finalement arrivé à l'avenue principale, Réno grogne. Pur réflexe bestial. Ses dents se font crocs, ses joues se couvrent d'une toison brune, ses yeux s'injectent de sang. Il encaisse le contre-coup de la métamorphose. Avec notre soutien anesthésiant. Son bras mort se fait masse, patte d'un ours armuré tout en muscles animales, qui s'abat sur un mur proche. Provoquant l'effondrement de la pierre déjà fragilisée. Le passage de la non-vie qui vous court après s'en trouve ralenti.

Notre cité… Ah… Pourquoi tant de bruit aujourd'hui ?
Pourquoi déversez-vous vos débris métallique dans nos pierres ?
Sur notre sol ?
Pourquoi dépeuplez-vous nos rues ?
Pourquoi votre odeur de poudre vient étouffer le faste de la putrescence ?
Ils ne demandent que repos…

Asgrevain, par ton doigt ouvert nous nous sommes infiltrées. Tu nous offres un interstice de plus à occuper, qui serions-nous pour le refuser ? Et, qui sait si en recouvrant tes parois internes nous ne pourrons pas te faire moins disgracieux. Ton tir s'enraille, ta chambre à munitions se vide, ses balles transmutées en un liquide acier glacial – gel que tu ressens bel et bien – s'écoulant le long de ta paume.

Les râles et le fouillis organique reprennent dès que le tumulte de la destruction s’arrête. Le sourire de votre chef ne se dissipe pas. Malgré les gerbes de noirceur fétide qui le recouvre partiellement. Il a joué du coude, dans une mêlée plus serrée que vous, au contact avec la viande froide, repoussant les plus hardis dans une danse exaltée. Mais son âge se fait sentir, il n'a plus le souffle de sa jeunesse. Serait-il resté auparavant sous le flot morbide pour faire barrage ? N'avons-nous pas été témoins de telle folie de sa part ? Ses mots se font plus sages.

- Aaron, Asgrevain, on ne reste pas là !

Un rugissement bref, écho à la proposition d'Aaron qu'il regarde avec approbation, alors que le chef aventurier s'élance vers le reste de votre groupe. Vous ne prenez pas gare aux lueurs des miroirs, dans l'élan de Réno, c'est au pas de charge que vous débouchez à la vue d'Ève et d'Iaso, restés au pied du clocher. La première toujours happée dans sa rêverie, le second sur ses gardes, hagard sous la paranoïa. Aucun signe ni d'Elizawelle ni d'Artémis. La porte du clocher semble murée.
Vous arrivez sur les lieux juste à temps pour observer la chute parabolique d'un bras à quelques pas de vous.
Celui-ci ne saute pas pour vous attaquer.
Du sang frais s'en échappe, sinuant entre les pavés.
Les cris et les déchaînements guerriers de vos camarades d'une autre escouade s'intensifient vers l'ouest. Alors que, déjà, quelques ombres rampantes s'approchent de vous depuis l'est. Les plus lents sont à présent à l'avant-garde jiangshi. Réno se tient prêt à les recevoir.

- Essayez de voir si l'on ne pourrait pas leur fausser compagnie… ou à défaut si on ne pourrait se retrancher dans une position défensive. Rester dans la rue ne semble pas une bonne idée, vu ce qu'il vient de nous tomber dessus !

Dans la direction d'où venait le bras sanguinolent vous ne distinguez toujours rien. Seuls les sons témoignent de l'horreur d'un carnage.
Les alentours sont riches en bâtiment ; jouxtant le clocher, une petite chapelle de quartier, en face, une ancienne forge, quelques mètres plus loin vous devinez une enseigne annonçant une garnison de la garde. Même si celle-ci aura été bien inutile alors que nous submergions Dainsbourg. De nombreux autres édifices n'attendent qu'à vous ouvrir leurs portes. Les morts excités par les fusillades doivent déjà être sortis de ceux qu'ils avaient prit pour repères.
Jeu 26 Jan - 21:26
Après qu’il tenta de tirer une nouvelle balle explosive sur un groupe de jiangshis, aucune munition ne sorti du canon, au lieu de ça, un liquide gris accompagné de volutes de Brume dégoulina sur sa main, laissant dans tout son avant-bras et sa paume une sensation de froid si glacé qu’il en devenait brûlant et engourdissait sa poigne. Maudite Malice ! Il secoua la main pour se débarrasser du liquide, referma son canon désormais inutilisable et, avec un grognement, suivi Réno dans sa retraite.

Ils arrivèrent devant Eve et Iaso, mais pas de traces de leurs deux autres compagnons. L’automate s’enquit auprès d’eux :

«Vous allez bien ? Les autres sont à l’intérieur ? Comment auraient-ils pu rentrer ? »

Impossible de les sortir de là pour le moment, le mur du clocher semblait trop solide pour être brisé sans mettre en danger ceux qui étaient enfermés à l’intérieur, et Réno avait raison sur le fait qu’ils ne pouvaient pas rester ici, ils se feraient submerger.

Et puis il y avait ce bras arraché qui venait presque leur tomber dessus, laissant Asgrevain à un dilemme… se réfugier dans un bâtiment était probablement leur meilleure chance de survivre, à supposer que le bâtiment en question ne soit pas rempli d’ennemis, ce qui les mettrait en très mauvaise posture. D’un autre côté, leur rôle était de sécuriser la zone, en outre des gens d’une autre escouade étaient manifestement en danger non loin, et sa programmation chevaleresque lui commandait de venir à leur secours. Mais cela impliquerait de laisser ses alliés face au danger si ceux-ci refusaient de le suivre. Que faire ?

Il n’hésita pas longtemps, comme toujours, son sens moral l’emportait sur le reste. Il pointa le bras ensanglanté. « Je dois venir en aide aux pauvres hères qui semblent se battre là-bas, je ne peux pas les laisser à leur sort. Ne vous sentez pas obligés de me suivre, si cela vous semble trop dangereux. Je propose ensuite que nous nous barricadions dans cette chapelle, c’est un endroit facile à défendre, et qui sait, peut-être la protection des Esprits n’a pas complètement quitté ces lieux… »

Maintenant qu’il avait choisi sa voie, il éleva fortement le volume de son synthétiseur vocal dans l’espoir de se faire entendre d’Elizawelle et Artémis. « EH ! Je ne sais pas si vous pouvez m’entendre là-dedans ! Des humains séchés prennent possession des rues, attention quand vous sortirez ! Donnons-nous rendez-vous à la chapelle, où nous devrions être plus en sécurité pour nous regrouper. Essayez de ne pas mourir ! »

Il ne savait pas si ces mots seraient ouïs, mais il n’avait guère le temps de s’en assurer. Sans plus attendre il se dirigea épée au poing vers l’endroit de la clameur, là d’où venait le membre volant.

Résumé:
Sam 28 Jan - 17:13

LA POURSUITE DU
SECRET ORIGINEL

Première ligne - la ville


La porte se ferma avec fracas, faisant sursauter Elizawelle qui s’était glissée furtivement derrière le vagabond. Elle attrapa son air, plissant les yeux quelques secondes pour s’habituer à la luminosité de la pièce, qu’elle balaya très rapidement du regard avant de commencer par le début : tenter d’ouvrir cette porte. Sans surprise, celle-ci ne bougea pas d’un pouce et elle s’en détourna rapidement.
L’aventurière balaya la pièce du canon de son revolver. Il y avait ce fracas insolite qui avait sans doute autrefois meublé la pièce, monté en d’étranges sculptures dont la plupart semblaient sur le point de s’effondrer. Les murs étaient horrifiants, lessivés d’une couleur rouge caractéristique qui ne laissait pas place à l’imagination. Pourtant, ce n’était rien en comparaison du feu crépitant dans la cheminée et de la merveilleuse odeur de la mixture verdâtre du chaudron. Tout cela n’avait pas sa place à Dainsbourg. Pas du tout.  

Elle n’aurait pas dû entrer dans ce foutu clocher, se maudit-elle. Son père n’y était pas. Elle le savait, au fond, elle le savait bien. Elle l’avait compris depuis longtemps, encore plus depuis qu’elle avait mis les pieds dans la ville fantôme.  
Interrompant sa réflexion, la voix d’Asgrevain résonna au-dehors. Les informations qu’il leur donna n’avaient rien de rassurant. Sans doute valait-il mieux être dans le clocher, dans ce cas. Elle avait confiance en l’automate, savait qu’il s’en sortirait. Se refusant de penser à nouveau à son père, Liz se concentra sur ses options.  
La pièce n’était pas un tombeau sans issue. Un premier passage s’enfonçait vers le sol, sans doute vers les fameux souterrains de Dainsbourg. Eliza se souvenait qu’une escouade est censée s’y trouver. À l’opposé, montant en collimation, un escalier se perdait vers les sommets de la tour. Visiblement abimé, sans doute à cause du tremblement de terre, il semblait néanmoins suffisamment solide pour avoir été emprunté.  

– Nous devrions rester ensemble, fit prudemment Eliza à l’homme qu’elle avait suivi. Il y a quelque chose, là-haut.

En effet, des bruits leur parvenaient. Une plainte, gémissante, étrange.  
Il y avait quelque chose. Ou... quelqu’un ?

C’est là qu’elle croisa son regard, fixé sur eux. Un être étrange, aux yeux globuleux et à l’allure décharnée. On aurait presque pu le croire humain, mais s’il l’avait été, il ne l’était plus. Visiblement apeuré, son apparence laissait deviner un fond de folie et une touffe de cheveux d’un étrange bleuté coiffait sa tête.  
La zoan réagit avec rapidité lorsqu’il leva son tabouret au-dessus de lui. Elle s’écarta rapidement, de manière à garder un œil sur la Chose, le canon de son arme pointé dans sa direction, chargé. Il s’agissait peut-être effectivement d’un humain à l’allure hâve, perturbé par la Brume. Il pouvait toutefois aussi s’agir de toute autre chose.

– Tu... tu parles ? laissa échapper Elizawelle, stupéfaite.  

Elle n’aurait pas dû parler. Se maudissant, elle s’astreignit à reprendre contenance, remettant la créature en joue, prête à tirer s’il le fallait.
Mais ce n’était pas si facile. La voix stridente du personnage avait traversé son âme comme une flèche. Le visage de son père, impossible à occulter, flottait dans son esprit, alors qu’elle refoulait de son mieux le moment d’affronter la douloureuse vérité qui filtrait dans l’armure d’espoir qui l’avait entouré depuis Sa disparition.
Elle ne voulait pas attaquer. Elizawelle n’aimait pas tuer. Elle le faisait, certes sans remords ou hésitation, lorsque sa vie était en danger. Mais elle ne le souhaitait pas. Ainsi, à moins que la chose ne soit une menace, elle la laisserait tranquille.

– Descendons, dit-elle à l’homme, sans lâcher la chose des yeux. Les étages ne nous offriront pas de sortie.

Les sous-sols peut-être pas davantage. Mais il s’agissait d’un clocher, marqué avec évidence par la main panthéiste, et quelque chose lui disait qu’il était relié aux souterrains de Dainsourg, ceux-là mêmes que l’Église avait autrefois été la seule à fréquenter. En allant sur les étages, ils tourneraient le dos à leur seule issu.    

Un nouveau gémissement leur parvint et Elizawelle sera les dents. Elle ne pouvait pas fléchir. Pas maintenant.  

Quelque chose bougeait au fond d’elle. Quelque chose qui se débattait.  
Sauf que ce n’était pas le jaguar.  
Ses émotions bouillonnaient malgré qu’elle tente de les repousser pour rester alerte, à l’affut. Mais en parallèle, une réalisation lui procurait une douleur vivre, pulsante, impossible à ignorer. Une vérité puissante, irrévocable, qui pour la première fois craqua la coquille d’espoir que l’orpheline s’était construit.
Aucun être humain ne pouvait avoir survécu à Dainsbourg.
Elle s’était toujours tenue éloignée de la cité, avait tenu à distance les visions de la Brume à son sujet en se convainquant qu’elle ne trouverait son père nul par ailleurs que dans la ville sainte.  
Mais c’était idiot. Complètement idiot. Maintenant qu’elle y était, maintenant qu’elle constatait à quel point la Brume y était vicieuse, pernicieuse, à quel point la ville sainte était inévitablement maudite, elle avait compris. Si son père n’était pas mort, il ne pouvait pas non plus être vivant. Il ne servait à rien de le chercher.    

Sauf que ça faisait mal.  
Tellement mal.

Elle se força malgré tout à bouger. Après tout, elle ne voulait pas mourir. Dans un sursaut, sans doute stimulé par l’instinct de survie, l’opaline prit une grande respiration, consultant le visage du vagabond, ne laissant rien deviner du combat intérieur qu’elle livrait.

Elle pleurerait son père plus tard.  

Résumé:


Dernière édition par Elizawelle Flatterand le Lun 30 Jan - 0:35, édité 2 fois
Dim 29 Jan - 10:47


Artémis sortit de ses songes grâce aux paroles – vraisemblablement celles du robot – qui alertèrent de la situation extérieure. Chose rassurante, les deux autres qu’il avait suivi étaient maintenant en sécurité. Mais la situation n’était assurée pour autant, encore moins pour les deux se trouvant enfermés à l’intérieur d’un bâtiment religieux, prisonniers de cette Brume maléfique. Une seule issue : les sous-sols. Là où se trouvait théoriquement la créature aperçut par l’épéiste. D’ailleurs, la demoiselle qui l’accompagnait semblait lire dans ses pensées, puisqu’elle proposa la même chose. Avec un peu de chance, l’équipe qui s’occupait des souterrains avaient nettoyé la zone.

Il aurait bien suggéré à la demoiselle de rester ici, mais l’armée ne comptait pas rester ici et se dirigeait vers la chapelle. Finalement, la laisser seule était aussi dangereux que de l’accompagner. Le Portebrume était complètement tiraillé par l’excitations de sa Nebula qui ne cessait de crier en chantant : « descendons ». Artémis avait la désagréable sensation de devoir bêtement lui obéir, mais il savait que c’était la seule option possible. La réaction de cette part de Brume en lui confirmait bien la présence d’un danger à l’étage inférieur.

« Je préfère t’avertir, même si nous n’avons pas d’autre option : un danger imminent se trouve sur notre chemin. », fit le vagabond sans plus de précision. Sans même expliquer comment il avait conscience de ce danger. « Au cas où nous mourrions, je m’appelle Artémis. »

Tous deux décidés à descendre, comme si la Brume lisait en eux, une porte s’ouvrit sur la droite. Cela ne présageait rien de bon. Cela ne donnait aucune envie de poursuivre. Quel accueil, pensa-t-il. Sa tête frappait comme un tambour tant elle était martelée de l’intérieur. Tu as vu ça, mon frère ? Descendons. Cela faisait un moment qu’il pensait l’avoir domptée. Elle était devenue si calme. Si obéissante. Mais ici, elle était chez elle, auprès des siens qui l’attiraient avec force. La seule barrière entre elles : Artémis, un simple vagabond qui résistait tant bien que mal.

« Je passe devant. Je vais avoir besoin de tes talents pour me couvrir. A mon âge, la vue baisse… »

Il tenta de faire de l’humour dans cette situation désespérée. Ils commencèrent la descente. A peine dans les escaliers, les deux aventuriers purent ressentir une légère venant des souterrains. Une brise meurtrière qui les figea. C’était la Mort. Elle était là. Elle attendait patiemment leur venue. Dans cette obscurité, seuls les yeux d’Artémis brillaient. Son corps tremblait. De toute sa vie, malgré les mésaventures incalculables qu’il avait vécu, il n’avait encore jamais ressenti pareille pression. D’ordinaire, il s’offrait toujours une chance de s’en sortir. Cette fois-ci, la pression était telle qu’il pensait déjà mort.

Il se gifla. Se donner en offrande à l’ennemi sans se battre n’était pas dans ses habitudes. Avoir pensé à la mort l’enrageait. Le Portebrume n’était de ses faibles qui commençait un affrontement en partant défaitiste. Il en voulait à la Brume de lui avoir fait ressentir cela. Elle le payera.




Résumé:
Lun 30 Jan - 22:07

POST MJ : LA VILLE



La masse morte se rassemble, restant à distance de la menace qu'elle sent en votre tête d'expédition. Réno a violemment incapacité les premiers à s'être rapprochés. Ils rampent sur le sol, la mâchoire émiettée ; le message est clair : ''N'approchez pas''.

Alors qu'Asgrevain quitte le champs de vision que vous avez depuis le pied du clocher, Réno se fige. Un pressentiment le traverse, une image que nous lui imposons, en toutes bonnes conseillères avisées des moments terribles. Un bras robotique tranché, envoyé suivre l'exacte même tracée que celui, bien humain, qui a chu plus tôt.
Le vétéran avise l'équipement du trio resté près de lui : leurs armures lourdes, leurs lames effilées et la mitrailleuse d'Aaron qu'il a déjà prouvé maîtriser. Il hoche la tête sommairement.

- Bien, le point de rendez-vous est donné ! Tenez la chapelle tant que vous le pouvez !

Puis, il part, s'élançant à la poursuite du chevalier mécanique. Laisser un de ses hommes seul dans la Brume, quand bien même il s'agit d'un automate ? Il ne peut s'y résoudre. Une malédiction que nous avons vue se tisser lentement autour de lui ; à chaque passage, à chaque bataille, à chaque coup porté, à chaque moment d’inattention…

Asgrevain, tu finis par arriver sur les lieux… les lieux d'un massacre déjà achevé.
Les gerbes de sangs sont éparses, mais légions. Sur des mètres, l'avenue est striée des projections d'un peintre dément.
Un pas de plus et tu mets le pied hors de notre étreinte.
Des filaments de notre nuée s'arrachent des interstices de ton blindage.
Nous sommes repoussées.
Par Ça.

Au centre du cercle que nous formons, se tient une créature te dépassant de plusieurs têtes. Ses membres et sa posture bipède, bien que grotesques, lui donne un air humanoïde. Sac de nœuds de chair et de vigne épineuse, la chose serre son poing sur l'épaule du soldat qu'elle tient entre ses griffes lignifiées ; griffes qui pénètrent profondément la carne, broyant l'os en dessous sans mal, alors que l'homme ne produit aucune réponse. Il respire encore, là et pourtant déjà ailleurs. Son bras se fait rivière écarlate et un borborygme finit par être arraché à son détachement de la réalité.

Réno débouche alors dans l'enclave miniature. Il s'en doutait déjà. La raison pour laquelle il est venu tant de fois est sortie de son antre. Les membres de l'escouade que l'automate espérait secourir sont dispersés en puzzle insoluble aux quatre coins de notre cité. Dainsbourg n'est plus cité pour les preux. Tu devais déjà le savoir. Malgré notre dédain pour ce que tu représentes, ton courage t’honore, nous le reconnaissons. Nous avons convié notre ami pour qu'il puisse admirer ta fin, la conter alors qu'il ressortira tes pièces détachées de notre métropole sanctuaire.

- On n'aurait rien pu pour eux ! Faut se tirer d'ici ! Peut-être que Ça ne…

… vous a pas encore vu ?
Trop tard…
Dans un chuintement d'écorce sa tête bascule vers vous. Elle vous observe, ses yeux coulant d'une sève d'un incarnat laiteux.

Un hurlement est poussé, triomphal ; alors que des racines et des ronces s'invitent dans les chairs du mourant, prenant une couleur grenat à mesure que le malheureux pâli, exsangue.
Nous sommes projetées sommairement sur plusieurs kilomètres, balayées par le souffle méphitique, en sillage spectral évanescent. En fond de notre débâcle, tous ceux qui arpentent nos rues peuvent être témoin de l'horreur cataclysmique qui incombe à nos sœurs, bien plus à l'Ouest. Un tonnerre fourmille le ciel, le déchire allégrement, tournoyant en bourrasque éclectique autour d'un mastodonte cornu à l’œil bleu gigantesque.

Le titan du fleuve :

Qu'ont-elles fait là-bas près du fleuve ?
Sottes portions de nous !
Si ce nouvel hôte finit par arriver dans nos rues…
Qu'en restera-t-il ??

Accompagnant le mugissement importun du titan qui s'accapare l'horizon, l’adversaire qui vous fait face hurle une seconde fois, plus langoureusement ; le corps du jeune aventurier tombe, raide, aux pieds de la chose.

Un court instant, Asgrevain, tu te sens défaillir, cette onde te traverse, joue avec ton système, tu ressens Sa haine incommensurable. Elle t'emplit tout entier. Des impressions t'assaillent : ton métal se couvrent de lierres parasites et de paniques ligamenteuses, tu sens ton core se fissurer empalé par une lance immatérielle et tu éprouves des millénaires s'écouler en toi par elle, en flash diffus et insensé. Tu es la terre ; tu es Nature ; tu es barrière ; souillées, corrompues, altérées ; éclatées.
L'onde passe ; aussi fugacement que l'illusion est arrivée, tu reprends contrôle.

Tout est ordinaire.
Notre ordinaire rue maculée, d'ordinaires corps démembrés même cette ordinaire engeance aberrante.

Auprès de toi, Réno n'a plus grand-chose d'humain. Sa nature bestiale s'est libérée en anticipation de l'affrontement à venir. Des plaques de son armure se sont désolidarisées, laissant une épaisse fourrure s'en extraire, si il est déjà grand par nature, voici qu'il a pris encore plus en envergure.
Le rugissement qu'il pousse, lui, n'a plus rien d'humain. Il est Violence ; pour notre grand divertissement. Mieux ne vaut pas l'approcher lorsqu'il est dans cet état. Malgré tout, il se contient, scrute l'ennemi en reculant de quelques pas.
L'autre à l'air encore satisfait de son récent carnage.

Fuyez tant que c'est le cas !!

* * *


Elizawelle et Artémis, vous avez attendu la mise au point d'Asgrevain sur la situation à l'extérieur pour vous diriger vers la porte de la cave. Ignorant à moitié l'occupant des lieux. « Stupide ! Toi parler ! Moi parler ! » crie-t-il dans votre dos, ne lâchant pas son tabouret qu'il tient à présent en bouclier improvisé.
Ton regard, Elizawelle, ton canon braqué sur lui, semble l'avoir apeuré bien plus que déclencher une quelconque réaction violente de sa part. Seule sa voix grinçante écorche tes oreilles.

Vous ouvrez la porte sans mal et comprenez pourquoi nous nous tenons à distance du sol du clocher. En plus des odeurs de Morts, vous êtes accueillis par des arcs électriques émanant d'une étrange structure métallique au centre de la pièce. Elle est alimentée par un générateur qui a connu de meilleurs jours.
« Adieux ! Étrangers… » croasse la voix derrière vous, avant que la frêle porte ne se referme et qu'un loquet ne se fasse entendre. « Nous avons des invités, Kalac ? » résonne une voix caverneuse et enrouée. « Non ! Non ! Rien ! Porte… Coup-de-vent !… Repas prêt !! », le petit être crie de nouveau pour couvrir votre descente.

Des grincements de dents accompagnent vos pas, à chaque marche plus agressifs. Dans les fulgurants éclats hasardeux et sporadiques vous discernez une demi-douzaine de silhouettes décharnées. Elles marquent un pas à votre arrivée et restent sur leurs gardes, sans se décoller du mur du fond de la salle. Artémis, tu reconnais aisément l'une des têtes difformes. Vous ne pouvez-vous empêcher de remarquer que certaines parmi elles portent des manteaux liturgiques en loques. L'humidité de l'air, ainsi que les reflets des éclairs dans des flaques d'eaux croupies, vous permet de comprendre aisément leur réticence ; les électrocutions les ont rendu dociles.

La pâle lumière qui filtre du soupirail vous rappel que vous êtes loin des profondeurs souterraines de Dainsbourg ; mais qui sait où ce tunnel éboulé pouvait bien mener ?

Quelques feuilles, partiellement moisies, étalées sur une table proche de vous, retiennent votre attention. Il faut dire qu'il n'y a pas grand-chose d'autres ici. Des plans, peut-être ? Dur à déterminer, tant l'encre a bavé. Un peu plus loin sur une étagère vermoulue des serviettes de cuir pourraient avoir préservées les pages qu'elles renferment.

Puis, Son hurlement haineux retenti ; résonne dans la pièce sans ébranler les murs et ne laisse qu'une empreinte horrible dans vos esprits quant-à imaginer ce qui pourrait en être à l'origine.
Comme en réponse à cet appel, le générateur de myste se met à tressauter, son ronron lancinant s’apaise, le pilier métallique arrête son activité. Au moins n'a-t-il pas explosé.
Les six ombres n'attendaient que ça pour vous fondre dessus. Leur senteur n'a rien de subtile, pestilence et purulence, porté par un courant d'air glacé ; un courant d'air qui siffle un passage derrière vous ; passage qui semble remonter un peu plus loin, vers la chapelle proche, votre porte de sortie vers la surface et, par la même, vers les calamités qui guettent vos compagnons là-haut.


Récap :
Mer 1 Fév - 17:20
Sa course s’arrêta net devant le carnage. Il arrivait bien trop tard… L’abomination qui lui faisait face quelques mètres plus loin le surplombait largement, bien qu’il fut lui-même de haute stature. Tout en écorce et en sève, seule la Malice pouvait corrompre à ce point la création des Esprits. Pourtant, étrangement, la Brume semblait éviter la créature, soulageant Asgrevain de sa présence pesante et lui offrant un maigre répit. Qu’était donc cette chose devant laquelle même le mal absolu reculait ? Il était si accaparé par cette vision qu’il ne remarqua même pas que Réno l’avait suivi. Aussi fut-il surpris d’entendre sa voix derrière lui. Il avait raison, le pauvre homme empalé dégoulinant de sang, dernier survivant du massacre, était déjà condamné, mieux valait partir. Pourtant, quelque chose qu’il n’identifiait pas grondait en lui, plus fort que les sommations de repli de sa programmation rationnelle. Il devait arrêter ce monstre, ici et maintenant, avant qu’il ne fasse plus de mal. Sans ses balles explosives, il n’était probablement pas de taille, mais il terrasserait l’engeance, quitte à se faire exploser lui-même. Il s’avança d’un pas résolu, prêt à en découdre, quand soudain l’amas de plante tourna ses yeux suintant dans leur direction. Au même moment, un hurlement glaçant résonna. Il vit la Brume qui encerclait la scène ensanglantée repoussée au loin, comme la flamme d’une bougie qu’on aurait soufflée. L’automate se figea et leva la tête, pour découvrir avec effroi un incroyable mastodonte, aussi grand qu’une montagne, déchirer le ciel.
Mais alors qu’il se reprit et voulut charger son adversaire, ce dernier hurla à son tour. Quelque chose d’invisible frappa Asgrevain, cela ne dura qu’une fraction de seconde, mais pour lui cela fut plus long qu’un millier de fois son existence. Durant cette éphémère éternité, l’automate et la créature végétale firent corps. Il ressentit la souffrance et la peine se changer en haine, une haine brûlante qui faisait bouillonner ses circuits et fondre son enveloppe. Une rage que son enveloppe synthétique ne pouvait contenir. La Nature viciée prenait possession de lui, les plantes s'immisçait par tous les interstices jusqu’à complètement recouvrir le métal à l’intérieur comme à l’extérieur de son corps paralysé, tandis qu’il contemplait avec une horreur impuissante une lance traverser sa poitrine blindée et percer son cristal d’alimentation aussi aisément que s’il s’agissait de chair molle. Mais au lieu de mourir, il ne vécut que plus intensément l’altération de la terre, sa détresse confuse à se voir irrémédiablement corrompue.

Puis tout s’arrêta, il retrouva son corps intact, figé au milieu des cadavres. Un écho sourd de la haine résonnait encore en lui, mais tout le reste était parti, comme si cela n’avait été qu’un rêve. Tout cela lui avait semblé si long qu’il avait l’impression d’être revenu à une vie antérieure. Le grondement intérieur qui l’avait poussé à braver sa programmation s’était tu, remplacé par un sentiment de faiblesse physique et de vulnérabilité. Les algorithmes de base ancrés dans son système prirent le dessus, et telle une machine dénuée de conscience, il se retourna avec des mouvements robotiques, et courut en direction de la chapelle, réalisant à peine que Réno, à ses côtés, s’était transformé.

Résumé:
Ven 3 Fév - 2:19

LA POURSUITE DU
SECRET ORIGINEL

Première ligne - la ville


Artémis, puisque c’était son nom, l’avertit du danger imminent qui les attendait.

Elizawelle n’esquissa qu’un rictus en guise de réponse. N’étaient-ils pas tous en danger mortel depuis leur simple arrivée dans la ville ?  
Elle aurait sans doute dû être plus attentive, mais son esprit était bien trop accaparé par ce... Kalac, puisque c’était ainsi que l’appelait la voix grave et sourde venant de l’étage supérieur. Et cette voix, justement. Liz eut du mal à ne pas se détourner du vagabond pour monter ces escaliers qui l’appelaient. Pourtant, elle se l’interdit.  

Ce n’était pas son père.  
Ça ne pouvait pas être son père.  

Kalac s’empressa d’assurer qu’il était seul, et l’orpheline se força à détourner le regard. Son esprit demeura là, dans cette pièce presque chaleureuse, coupée du monde, alors qu’elle emboitait le pas à Artémis qui avait pris les devants. Elle l’avait à peine entendu lui demander d’assurer ses arrières, mais tel un réflexe, son arme demeura en joue, et elle continua à avancer.  
Elle se figea toutefois en découvrant la pièce, éclairée d’une faible lueur caractéristique, bien moins profonde que ce qu’elle aurait cru. Au centre, une machine étrange, visiblement électrique, toujours en activité. Du myste ? Cela n’avait aucun sens. Comme Aramila, Dainsbourg avait rejeté en bloc les technologies du myste et celles d’Epistopoli.  
Elle eut à peine le temps de constater l’état de la pièce. De voir les précieux parchemins qui, si elle avait un peu de chance, lui vaudraient pas mal d’Astras. De remarquer les silhouettes sombres, tenues à distance par l’étrange mécanisme. De constater l’incongruité de l’endroit.

Un hurlement retentit.  

Le cri était inattendu et d’une puissance incommensurable. Pas un tremblement de terre, non, mais une présence écrasante, horrifiante, qui laissa comme une froide odeur de mort autour d’eux. Cette fois, l’instinct prit le dessus. Tel un animal effrayé, le jaguar réagit, détruisant à néant la volonté déjà effilochée de la zoanthrope. Un poil sombre et dru recouvrit rapidement sa peau, des griffes sombres émergèrent de ses mains devenues pattes, l’empêchant de retenir son fusil qui tomba brusquement au sol. Ses os craquèrent sinistrement, mais furent pourtant presque inaudibles en comparaison au cri titanesque qui faisait trembler le monde.  
Sous sa forme animale, abandonnant son arme derrière elle, Elizawelle n’attendit pas que les morts-vivants soient sur eux : elle s’élança, toute conscience oubliée, comme cela ne lui était pas arrivé depuis des années, vers le courant d’air frais.  

Elle avait oublié Artémis. Oublié son père. Oublié son arme.  
Seules restaient sa douleur et sa peur.

Le félin tenta tant et bien que mal de se frayer un chemin malgré les ennemis qui lui faisait face. Dans son élan, son poids en déséquilibra un premier et, atterrissant sur sa poitrine, elle le mit hors d’état de nuire. Sa mâchoire surpuissante se referma en un craquement sinistre sur la tête de la chose, laissant un goût âpre sur sa langue. Elle éventra presque un deuxième d’un coup de patte alors qu’elle tentait, paniquée, de s’extirper de ce sous-sol.
Est-ce l’air frais qui la réveilla de sa transe, ou l’absence de Brume qui libéra enfin son esprit ? Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle déboucha enfin dans la chapelle, Elizawelle reprit conscience de ce qui se déroulait autour d’elle. Dans un douloureux effort, elle se redressa sur ses pattes arrière, qui reprirent la forme de jambes. Ses vêtements étaient dans un état lamentable, mais ce n’était pas ce qui l’inquiétait le plus.  
Elle avait laissé Artémis seul. Alors qu’il lui avait demandé de la défendre. Quel genre d’aventurière faisait-elle ? Malgré la peur, elle rebroussa chemin, son apparence quelque part entre l’humain et le jaguar. Elle ne laissa même pas le temps à son souffle de se remettre de sa course effrénée, ni à ses muscles de se remettre de la douleur causée par la transformation, ni même d’encaisser la brusque chute d’énergie qu’avait provoqué ses transformations.  

Pas question d’avoir une autre mort sur la conscience.  
Elle retournait aider Artémis.

Résumé:
Sam 4 Fév - 12:30


Artémis regretta d’être descendu. La descente déboucha dans une sorte de salle au milieu de laquelle se trouvait un pilier produisant de petits filaments électriques. Suffisamment pour pouvoir apprécier la présence d’êtres immondes collés au mur d’en-face. Il lut dans le regard de la demoiselle qu’elle se posa la même question : du Myste ? Une question à laquelle il faudrait répondre plus tard. En se penchant davantage sur les potentiels ennemis, l’épéiste reconnut la tête de celui qui l’observait à travers le soupirail. Il se retourna vers le soupirail en question. Ils étaient donc plusieurs. Ils semblaient apeurés mais Artémis n’en trouva pas le motif. Une table avec des feuilles, une étagère sur laquelle se trouvaient d’autres documents.

Mais pourquoi étaient-ils apeurés ? La réponse vint rapidement. Un hurlement retentit des abysses, des profondeurs obscures qui se trouvaient devant eux. Cette sensation qui démangeait le vagabond depuis le début, c’était ça. Sa partenaire, elle, se changea aussitôt. Il  comprit d’où venait cette odeur animale, féline. Elizawele était une zoanthrope. Ces instincts lui imposèrent cette métamorphose. Elle se jeta sur le premier venu, le mit à terre et le décapita d’un coup de mâchoire. Terrifiant, pensa-t-il. Un coup de patte plus tard, elle était sortie d’affaire et avait certainement retrouvé la chapelle. Le Portebrume était rassuré.

Il restait cinq macchabés ambulants. L’épéiste dégaina ses deux lames et attendit patiemment l’arrivée de ces derniers. Ils n’étaient pas organisés et foncèrent sur lui sans stratégie particulière. Néanmoins, à cinq, ils étaient malgré tout plus tout plus nombreux. Le premier venu se prit un chassé frontal qui le mit à terre. Artémis réalisa ensuite une rotation complète, en s’abaissant, afin de trancher les membres inférieurs du second. Les trois autres lui sautèrent dessus. Dans sa chute, il enfonça ses deux lames dans la gueule de deux d’entre eux. Le troisième fut projeté en arrière par sa jambe. Sous le poids des cadavres, il dut lâcher ses armes et se redresser. Le premier ennemi repoussé s’était relevé. Le second également. Ils fondirent sur lui.

Il dégaina une dague. Un pas de côté, puis la dague perçait l’oreille. Un hurlement répugnant. Une haleine fétide. Le blessé planta ses griffes dans les côtes du vagabond qui gémit et qui recula sous la pression de son adversaire. Le dernier arriva pour achever leur œuvre qui finit la poussée contre un mur. Et lui mordit le cou. Il abandonna son arme blanche dans l’oreille de sa cible, en sortit rapidement une seconde et, dans la douleur, tenta de perforer les organes vitaux de celui qui empoignait ses flottantes. Quand il sentit les prises de ce dernier faiblir, il le repoussa et égorgea le second qui avait fait suffisamment de ravages sur son cou, ouvert.

Artémis ploya le genou et lâcha son arme, souffrant, essoufflé. Il leva la tête et aperçut Elizawelle qui l’observait, presque dégoûtée par la scène. « Je m’en sortirai. Récupère ton arme, les documents sur la table et les étagères. J’ai besoin de quelques instants pour retrouver mon souffle. »

En réalité, ses plaies se refermaient. Une dent fut même éjectée de son cou. Après quelques secondes, il se releva et récupéra les deux dagues qu’il essuya sur les cadavres. Il retourna ensuite deux dépouilles desquelles ses deux épées dépassaient. Il les récupéra également. Pour finir, il acheva la chose dont il trancha les jambes quelques instants plus tôt. Des grognements venaient encore des ténèbres. Les deux aventuriers se tournèrent vers la source de ce bruit. Puis le Portebrume se tourna rapidement vers Elizawelle : « Remontons immédiatement. Ce qui arrive nous dépasse certainement. »

Comme à son habitude, Artémis passa le premier et enjamba les marches par trois, avant d’enfin arriver à la chapelle mentionnée par l’automate. A la lumière du jour, le vagabond constata qu’une forte quantité de sang séchait sur ses vêtements. Son sang, mais majoritairement celui de l’ennemi. S’assurant que la zoanthrope était bien remontée, il esquissa un léger sourire. Ils avaient tous deux survécu à cette première épreuve. D’autres les attendaient probablement. Il constata que les vêtements de la demoiselle étaient déjà bien entamés. Ce moment de calme n’était que temporaire. Quoi qu’il se passait à l’extérieur de ces murs ou sous leurs pieds, l’ennemi allait inévitablement les cueillir ici-même.

« J’aurais presque envie de me reposer, de baisser ma garde dans cette chapelle, mais mon instinct me dit que ce serait une terrible erreur. »

Cette accalmie n'était qu'un leurre.





Résumé:


Dernière édition par Artémis De Goya le Ven 10 Fév - 10:51, édité 1 fois