Light
Dark
Bas/Haut

La chasse, c'est bien. Sauf quand on se trompe de proie.

La chasse, c'est bien. Sauf quand on se trompe de proie. Brandw10
Lun 6 Fév - 19:37


La forêt de l’Arbre-Dieu, la colline aux Corneilles, le Val d’Opale, les terrains de jeu favoris de ce brave vagabond qui errait à travers ces lieux depuis deux décennies. Un peu moins en réalité. Ses nombreux voyages dans le continent d’Uhr le contraignirent à passer moins de temps dans ces terres agréables. La région d’Opale était la sienne. Autant, la capitale l’importait peu, mais ses terres périphériques représentaient son jardin. A moins d’y être contraint, comme c’était déjà arrivé à de nombreuses reprises, il évitait soigneusement les Dunes d’Oman et la forêt de Lavill. La Brume et lui formaient un cocktail explosif.

Traquant une bête rarissime depuis les Monts d’Argent, traversant le Mont et Lac Mesnon, où s’arrêta cette chasse, il décida d’enfin revenir se reposer dans son humble demeure. Une petite grotte, proche du Kattorin. Ici, Artémis avait rapidement accès à un point d’eau, à la végétation et à la chasse. Rien n’avait changé malgré le temps passé loin de sa demeure. De la poussière, oui. Mais l’air y était toujours frais et agréable à respirer. Quelques traces de pas montrait l’apparition de certains prédateurs, mais connaissant probablement le résident, ils n’étaient pas restés longtemps par peur de devenir des proies.

Il était épuisé de son voyage mais n’avait rien à manger. Le ménage attendra plus tard. La priorité était encore de se nourrir. Il observa patiemment les différents apparents. Des branches cassées, des traces de pas, des feuilles écrasées. Cette forêt était riche de vie. Aucun être vivant manquait de quoi que ce soit. Un parfait équilibre. Sélectionnant soigneusement son gibier, la traque pouvait enfin commencer. Il offrait suffisamment d’indice pour inquiéter sa proie, mais pas assez pour être localisable. Ses déplacements étaient précis, légers, mesurés. Pensant suffisamment proche pour donner le coup de grâce, après l’avoir longuement épuisé, il dégaina sa lame pour trancher la tête d’une seule traite.

Son mouvement s’arrête net. Seul un cheveux tomba. Le cheveux d’une femme, d’une Hesperide. Il resta de marbre et rangea son arme sans un mot. Son regard dans le sien, il se demanda si, comme beaucoup parmi son espèce, elle pouvait sonder son esprit. Ses cheveux blancs, sa carrure et ses yeux d’une lueur jaune pouvaient effrayer tout inconnu. L’épéiste malgré de paraître moins dangereux en esquissant un léger sourire.

« Pardonnez-moi, Madame. Je vous ai pris pour… quelqu’un d’autre. », fit-il en guise d’excuse.


Lun 6 Fév - 21:26
Ce jour-là, elle avait décidé de s'éloigner de son terrain habituel. Pourquoi, me demanderez-vous ? Ce à quoi je vous répondrai : n'avez-vous jamais eu envie de découvrir autre chose ? De vous aventurer plus loin que les lieux que vous connaissez par coeur, à la recherche de nouvelles découvertes ? Maintenant, prenez en compte la puissance de la curiosité de notre demoiselle, et vous aurez votre réponse. Même après un siècle passé dans cette forêt, elle ne s'en lassait pas. Il y avait toujours quelque chose à découvrir. Une plante, un animal, plus rarement un lieu... Pourquoi donc s'était-elle aventurée en ville, alors que la Nature lui offrait tant de découvertes mille fois plus intéressantes ?

Silencieusement, elle s'excusa de cette infidélité. Puis elle s'abandonna à la découverte, effrayant des oiseaux lorsqu'elle sauta sur la même branche qu'eux. Puis, comme à son habitude, elle observa la vie en contrebas depuis ce promontoire.

Elle resta ainsi pendant un moment, jusqu'à ce que ses oreilles détectent un son familier. Oh, un ruisseau coulait-il ici ? Elle devait absolument aller voir ! Alors, elle sauta de l'arbre, sans se préoccuper le moins du monde de sa discrétion... Ou plutôt, de son absence de discrétion, le terme serait plus juste.

Une fois proche du ruisseau, elle resta là pendant un moment, observant les poissons, ne s'intéressant aucunement à ce qui se passait en-dehors du cours d'eau. Et si... Prise d'une inspiration soudaine, elle suivit un poisson des yeux, puis, lorsqu'elle se sentit prête, plongea les mains dans le ruisseau... Le poisson lui fila entre les doigts. Néanmoins, elle ne se découragea pas, enchaînant les échecs, mais sa motivation augmentant en proportion. Finalement, sans savoir comment le poisson avait réussi à ne pas s'enfuir après son premier voire deuxième essai, elle parvint à le sortir de l'eau.

Néanmoins, la viscosité des écailles la surprit, et elle dut jeter l'animal sur la berge afin de ne pas laisser ses efforts être réduits à néant en le lâchant dans l'eau. Puis elle l'observa se tordre sur le sol. Et se sentit cruelle de le laisser ainsi souffrir. Alors, elle se saisit d'une pierre trouvée près d'elle et l'utilisa pour assommer sa proie. Lorsqu'enfin cette dernière eut cessé de remuer, elle réalisa enfin ce qu'elle venait de faire. Avait-elle réussi à achever une proie, tels ces loups qu'elle avait observés et étudiés tant d'années auparavant ? Sa proie était plus petite que la leur, mais elle était là. Pourrait-elle enfin savoir quel goût avait la viande ?

Mais c'était sans compter sur un évènement imprévu. Elle vit une lame s'arrêter à quelques centimètres de son cou. Avait-on profité du fait qu'elle ait baissé sa garde pour tenter de l'assassiner ? Ne sachant comment réagir, l'esprit trop embrumé pour se concentrer sur les émotions qu'elle aurait normalement dû percevoir, elle n'osa pas bouger. Lorsque l'agresseur s'excusa, tout ce qu'elle trouva à répondre fut :

- Euh... Vous voulez du poisson ?

Immédiatement, elle s'en voulut. Elle aurait pu lui répondre de mille manières différentes, mais nooooooooon, elle choisissait la plus idiote d'entre elles !
Dés :
Mar 7 Fév - 22:36


« Du poisson ?... », fit-il en observant le poisson fraichement achevé d’une pierre. « Il m’en faudra bien plus. J’imaginais plutôt de la viande et c’est pour cette raison que je m’apprêtais à vous décapiter. N’avez-vous pas vu le moindre gibier aux alentours ? J’étais pourtant certain d’être sur ses traces. »

Manifestement, elle attrapait un poisson à mains nues pour la première fois.  En regardant de plus près, elle ne ressemblait pas à une citadine. Elle devait vivre dans la nature. Pourtant, ici, Artémis ne l’avait jamais aperçue. Mais il vagabondait tellement, dans les autres régions, qu’il se demandait si sa connaissance de sa propre région était fiable. Apparemment non. Depuis tout ce temps, il ne regardait que le gibier. Il aurait certainement pu trouver des pistes, des traces, pouvant l’emmener à cette femme. Ce fut hélas le hasard qui le mena à elle. C’était tout à son honneur, cela dit. L’Hesperide ne faisait qu’un avec la forêt.

« Avec un seul poisson, nous n’irons pas loin. », dit-il en se caressant la barbe. « Observez. » Il retira sa veste en cuir et retroussa les manches de sa blanche chemise. « Vous devez ne faire qu’un avec les éléments. Quelque chose me dit qu’il est plus aisé pour vous de le faire. De mon côté, ça me demande un certain temps. Mais une fois mes sens liés à mon environnement… »

L’espace d’un rapide instant, l’une de ses mains se jeta dans l’eau. Elle pénétra la surface sans quasiment provoquer d’éclaboussure. Après un léger instant de blocage, il remonta son bras et le sortit avec un poisson à la main. « Hm. Trop lent. J’ai perdu la main. », pesta le vagabond. Hargneux, compétiteur, il réitéra l’expérience pour améliorer son temps. Une. Deux. Trois. Quatre. Cinq tentatives enchainées qui débouchèrent toutes sur la capture d’un poisson. Ils gigotaient tous derrière lui. Il dégaina une dague et les acheva soigneusement, les laissant se vider de leur sang. Tout comme le maniement de l’épée, certaines choses ne se perdaient, un simple entraînement suffisait à reprendre la main.

« Ceci est le niveau expert. Une autre technique consiste carrément intégrer la main à l’eau, mais ça demande bien trop de patience pour que je vous l’enseigne. Quand je serai trop vieux et commencerai à manquer d’adresser, peut-être m’y mettrai-je. » Il pointa du doigt le cour d’eau et invita la demoiselle à s’y rapprocher.

« A vous. »



Dernière édition par Artémis De Goya le Jeu 9 Fév - 19:56, édité 1 fois
Mer 8 Fév - 10:50
De la viande ? Il voulait de la viande ? Alors, il était donc possible de chasser seul... Pensive, elle l'observa pendant un moment. D'un autre côté, il semblait disposer d'armes. Là était certainement leur différence. Halie ne cherchait pas à tuer, c'était même plutôt l'inverse : elle soignait... Et faisait fuir les indésirables, sans leur faire plus de mal qu'une intense terreur purement imaginaire. À force d'utiliser ce pouvoir, elle avait d'ailleurs réussi à aiguiser un peu son mental, qui résistait mieux aux visions parfois horrifiantes qu'elle générait...

Cependant, cela ne semblait pas suffire, à en juger par le mouvement qu'elle dut réprimer lorsque celui qui semblait humain laissa les poissons s'étouffer hors de l'eau. Et elle ne ressentait aucune compassion... Comment pouvait-on être si insensible face à une créature qui souffrait ? Son hypersensibilité n'était à présent plus nécessaire, n'importe qui saurait qu'à ce moment, tuer les poissons serait leur faire une faveur. Comme s'il avait lu dans ses pensées, il vint les achever... Mais d'une manière qui lui retourna l'estomac.

- S'il vous plaît..

Puis, reprenant soudain confiance, elle se planta devant lui, non sans un regard contrit vers les poissons ainsi massacrés.

- Si vous pouviez éviter de faire couler du sang... Je suis guérisseuse. Pour moi, quelqu'un qui saigne est quelqu'un qui a besoin de moi. Et je n'apprécie pas vraiment de ne rien pouvoir faire... En temps normal, je les aurais vengés. Mais vous n'en saviez rien, disons que ça passera pour cette fois.

Puis elle revint sur le sol, prenant doucement une tête détachée du corps. Comment avait-elle pu laisser une telle chose arriver ? Tout cela avait été trop rapide pour qu'elle puisse y faire quoi que ce soit...

- Je suis désolée...

Elle resta un moment ainsi, comme pleurant la mort de l'animal, puis, sans se soucier du sang qui en avait profité pour s'écouler sur elle, reprit à l'attention de l'homme :

- Ne faire qu'un avec les éléments... Je sais me fondre dans les végétaux, les animaux sont mes guides et les humains, mes professeurs. Mais tout cela n'est vrai que dans les bois. L'eau... Ce n'est pas mon élément.

Avec une grimace, elle se souvint de sa première (et probablement dernière) expérience avec la mer. Elle avait failli se noyer... Non, décidemment, elle n'y retournerait pas.

Néanmoins, elle eut une idée. Avec un petit sourire en coin, elle lança :

- De la patience, vous dites ? J'en ai à revendre, il a bien fallu l'apprendre, depuis le temps que je suis ici. Alors... Je vais essayer. Comme ça ?

Elle plongea alors la main dans l'eau, appréciant la sensation de ce fluide nettoyant son membre. Un bain semblait tentant, d'un coup... Mais cela ferait indubitablement fuir les poissons.
Jeu 9 Fév - 11:08


Malheur et désespoir. Il pensait passer un moment de pêche des plus sympathiques, mais il était tombé sur la végétarienne-écolo du coin. Quand tu vivais dans une forêt, tu étais de fait un écologiste et le vagabond n’avait aucun problème avec cela. Il aimait sa forêt et la nature de manière générale. De temps en temps, cela lui arrivait de combattre des industries venues raser les bois. Mais, selon lui, la chasse faisait partie de la vie. Respectant les races animales, il s’efforçait de les tuer le plus rapidement possible, sans douleur, d’un seul coup d’un seul. Dans la nature, il existait une loi sauvage, qu’on appelait également la « chaine alimentaire ». L’Homme, naturellement, se trouvait au sommet. Sauf qu’avec le temps, le sommet continuait de s’étendre et l’Homme risquait également sa vie.

Alors non. Ce n’était absolument pas négociable. Le sang continuera de couler et cela était nécessaire pour sa survie. Il chassait en quantité suffisante, jamais à l’excès et pas tous les jours. Aucune espèce n’était en voie de disparition. Des temps où il revenait dans sa forêt, il n’hésitait pas répertorier toutes celles présentes pour s’assurer du bon fonctionnement de l’écosystème. Bref, il ne se laisserait pas intimider par la première venue. Il ne dit rien et observa la demoiselle tenter la seconde technique, plus longue et pas moins meurtrière pour autant. Dans un sens, Artémis la trouvait encore plus perfide que la première.

« Pas tout à fait. Attendez, je vais vous montrer. »

Il retira ses bottes, retroussa les pattes de son pantalon jusqu’aux genoux et se mit à l’eau délicatement. Une fois au milieu de la branche d’eau, il fléchit légèrement les jambes, baigna l’une de ses mains et resta ainsi un long moment. Les secondes parurent longues, les minutes encore plus. Soudain, un prise se referma et il ressortit la main avec un poisson. Il retourna sur la terre ferme, se dissimula dans un buisson et exécuta discrètement le poisson qu’il déposa auprès des autres. Ensuite, il revint vers son apprenti.

« L’idée de cette technique est que votre main doit devenir un élément de ce cour d’eau. Une fois que les poissons estimeront votre main comme un simple rocher, ils passeront sous votre main en imaginant passer sous un tunnel. C’est là qu’il faut la refermer. Au début, on se rate, parce qu’on anticipe pas assez la vitesse de la cible. Ou parce qu’on s’endort et qu’on a les muscles endoloris. Vous pouvez essayer. »

Pendant ce temps, le vagabond alla chercher du bois et des pierres. Il fit un feu et prépara une broche dans laquelle il disposa les poissons pêchés. Pendant la cuisson, entre deux regards auprès de son élève, il partit dans les bois cueillir quelques herbes pour épicer ces poissons. Natures, ils étaient bons, mais c’était tout de même mieux avec des épices. Il n’y avait plus qu’à attendre maintenant. Il scruta chacun des mouvements de l’Hespéride.

« Alors, c’en est où ? »


Jeu 9 Fév - 11:42
Ah. Alors, il fallait vraiment se jeter à l'eau... Littéralement ? Encore perturbée par la frustration qu'elle avait perçue plus tôt, elle ne réalisa pas tout de suite qu'elle n'était pas forcée de l'imiter parfaitement. Et puis, si elle le désirait, elle pouvait même repartir. Il lui suffirait de saisir cette branche, à portée de main, pour s'y hisser et s'éloigner par la voie des branches, comme elle l'aimait tant... Après tout, malgré ses paroles pouvant sembler dures, elle savait que cet homme ne représentait pas de menace pour la forêt, et qu'elle pouvait donc se permettre de le laisser vivre comme il l'entendait. Leurs modes de vie semblaient simplement différents... Ce qui était le cas avec toutes les personnes qu'elle croisait.

Néanmoins, elle devait se reprendre. Les explications prononcées en ce moment, c'était elle qui les avait demandées. La moindre des politesses serait de les écouter. Hochant la tête pendant qu'il parlait, elle alla se placer plus proche du courant, sans pour autant y entrer. Un rocher, n'est-ce pas ? Selon elle, ce serait plus crédible proche de la berge. Alors, concentrée, elle immergea son bras. Il passerait plus pour une racine que pour un rocher, mais après tout, où était la différence ? C'était toujours quelque chose de naturel et non dangereux, n'est-ce pas ?

Sans faire attention à ce que faisait l'homme, ne craignant absolument pas de lui tourner le dos malgré son arme, elle patienta, observant la vie dans le cours d'eau. Elle ne savait pas exactement combien de temps il fallait attendre, mais peu lui importait. Après tout, elle avait l'habitude de rester des heures sur sa branche sans bouger, pour observer des animaux ou des humains sans se faire remarquer. Elle réitérerait donc simplement l'expérience.

Néanmoins, arès plusieurs minutes, elle prit conscience d'une autre vérité : Si elle savait s'installer confortablement dans un arbre, ce n'était pas le cas sur les berges d'un cours d'eau. Assez vite, les crampes prirent possession de son corps. Elle savait que si elle ne bougeait pas dans les prochaines secondes, elle risquait de rester bloquée. Alors, elle tenta le tout pour le coup, refermant la main d'un coup. Elle sentit quelque chose bouger contre ses doigts. Probablement avait-elle touché le poisson, sans l'empêcher le moins du monde de bouger. Et il avait été surpris par le mouvement. Surpris, mais pas apeuré. Même un simple poisson savait qu'il ne craignait rien. Alors, piteuse, elle se retourna vers l'humain :

- Je crois que j'ai prise une mauvaise position...

Elle ne prit pas le temps d'en dire plus. Le feu... De par sa proximité avec les plantes, elle pouvait souvent se prendre pour l'une d'elles. Et le feu... C'était une condamnation à mort pour n'importe quelle plante. Alors, fixant les flammes, fascinée et terrifée à la fois, elle ne put plus prononcer un mot. Devait-elle fuir ? Rester ? Expliquer la situation ? Aucune de ces solutions ne lui semblait correcte.
30% de réussite...:
Jeu 9 Fév - 15:52


Il n’était pas rare de voir les novices ou les experts échouer à cet exercice. Peu étaient en mesure de se concentrer suffisamment, et encore moins capables de rester dans une position statique de longues minutes durant. Artémis lui-même ne l’appréciait pas pour cette raison. Vitesse et agilité lui convenaient bien mieux. Un jour, sans doute, il devra installer une chaise sur laquelle s’asseoir et utiliser une canne à pêche. Ce jour-là, quand il constatera sa déchéance, il se donnera certainement la mort avant la fin de la journée.

« Votre position n’était pas particulièrement mauvaise. En fait, il n’existe pas de réelle position. Elle est propre à chacun et doit être la plus confortable possible. C’est tout. Venez donc récupérer en mangeant le fruit de nos efforts. »

Six poissons, trois chacun, ça suffira pour le reste la journée, songea le vagabond. Pour montrer l’exemple, il tint le poisson chaud d’un bout à l’autre et commença à croquer dedans. La cuisson était parfaite, l’assaisonnement appréciable. Un bon moment passé au plein milieu de cet après-midi ensoleillé. Sa forêt comme il aimait l’appeler n’était pas vraiment sa forêt. Il cohabitait avec d’autres espèces et cela ne le dérangeait guère. Le monde ne lui appartenait. La forêt appartenait à la planète et la planète acceptait de cohabiter avec une multitude d’espèces. Il ignorait cependant qu’une Hespéride vivait ici.

« Je réalise que notre rencontre n’est due qu’au bon vouloir du hasard. Des années que j’arpente cette forêt, de Kattorin jusqu’au Dainsburg, en passant par la colline aux Corneilles et les dunes d’Oman. Pourtant, jamais je ne vous ai vu ou suspecté votre présence. Vous devez être extrêmement habile et méthodique. »

L’amoureux de la nature, l’ermite, le vagabond, le solitaire, appréciait les récits. Etrange pour quelqu’un qui appréciait être seul. Pourtant, il a toujours été apprécié des gens qu’il rencontrait. Cultivé, social, à l’écoute des autres, c’était un bon confident. Mais se retrouver avec une voisine jamais rencontrée, cela le perturbait. Il voulait en savoir plus. C’était même un besoin.

« Parlez-moi un peu de votre mode de vie. Avant votre rencontre, je pensais être le seul à réellement vivre ici. Je découvre que nous sommes deux. Il y a peut-être d’autres personnes, qui sait maintenant. Votre alimentation, votre lieu de résidence, vos astuces… Dites-moi tout. »

Tout mangeant, il ne baissa pas le regard et attendit patiemment le récit de cette demoiselle.



Dernière édition par Artémis De Goya le Jeu 9 Fév - 19:58, édité 1 fois
Jeu 9 Fév - 18:26
Une position confortable... Elle hocha la tête, mais ne put retenir un commentaire :

- Rien n'est plus confortable que la naissance d'une branche.

Puis elle s'approcha. Alors, après la leçon de pêche venait la leçon de dégustation de poisson ? Au début, elle ne fit rien, se contentant d'ibserver l'humain. Il était évident que ce n'était pas la première fois qu'il s'adonnait à un tel régime, il savait y faire. Après un moment, timidement, elle prit un des poissons restants, et l'observa un moment, en huma le fumet, puis lança de nouveau un coup d'oeil à l'homme. Mais elle ne put se résoudre à mordre à pleines dents comme lui, et se contenta donc d'arracher un morceau de chair. Qui s'en allait très facilement, d'ailleurs... Etait-ce normal ? Ou était-ce dû à la cuisson ? Elle n'en savait strictement rien, manquant de l'expérience nécessaire pour cela. Néanmoins, cela ne l'empêcha pas de goûter à ce qu'elle avait prélevé. Puis, avec un sourire malicieux, elle lança :

- Je trouve que ça manque un peu de miel !

Elle prit le temps de pouffer avant de s'expliquer.

- Pardon. Juste, j'adore tellement le miel !

Puis elle se remit à savourer le repas... Jusqu'à ce qu'il attire de nouveau son attention. Oh, il s'agissait d'un autre habitant des lieux ? Cela lui donnait une idée...

- Très bien, je vous le dirai... Si vous me promettez de le faire aussi après ! Les humains sont tous si différents... Et surtout, c'est la première fois que j'en rencontre un qui vit ici. Voilà qui m'intéresse.

Elle ne cherchait absolument pas à dissimuler sa curiosité. Après tout, l'homme en avait fait preuve lui aussi, alors pourquoi pas elle ?
Jeu 9 Fév - 20:29


Du miel, hein, songea-t-il. L’association pouvait être sympathique, en effet. Mais cela aurait pris davantage de temps. En quelques rapides coups, Artémis nota qu’elle découvrait ce qu’était un aliment cuit, sa substance, sa chaleur, sa texture. Il était content d’apprendre des choses aux gens. Dans une autre vie, peut-être, aurait-il été un bon instructeur. Hélas, le monde était trop dangereux pour baisser sa garde et enseigner aux monstres de demain. Il retrouva ses esprits quand l’Hespéride, son apprentie de la journée, reprit la parole.

« Bien naturellement. Je vous ai montré comment je pêchais. Quand nous aurons terminé de manger et que vous m’aurez fait part de votre mode de vie, nous irons chasser. Ainsi, vous connaîtrez mon régime alimentaire… En tant que végétarienne, j’imagine sans mal que je n’ai rien à vous apprendre. »

Il avait beaucoup à apprendre de cette personne, il le sentait. Il avait grand hâte d’écouter son récit. En attendant, il terminait son repas et commença à rapidement aiguiser les lames en préparation à la partie de chasse. Non pas qu’il se représentait cette activité comme un jeu, mais plutôt comme un travail nécessaire à sa survie. A la fois concentré dans sa tâche devenue automatique et son interlocutrice, il patientait.


Ven 10 Fév - 11:56
Elle hocha la tête.

- Installez-vous confortablement, ça risque de prendre du temps.

Elle prit cependant le temps de terminer son poisson avant de parler. Elle n'en avait mangé qu'un seul, mais cela lui suffisait largement. Puis elle prit un moment pour rassembler ses idées, avant de se lancer :

- Alors... Pour commencer, je vis dans le Havre. Il y a... Environ 140 ans, j'ai trouvé cet arbre mort, creux. C'était une invitation, la forêt m'offrait un abri, j'en suis certaine. Donc je m'y suis installée, j'ai creusé l'intérieur pour pouvoir ranger mes affaires... Que j'ai ensuite créées moi-même. Et, même si cet arbre était déjà mort, je me sentais mal de l'avoir blessé. Alors, pour m'excuser auprès de la forêt, et aussi pour la remercier, j'ai planté quelques nouveaux arbres, et, encore aujourd'hui, je prends soin des lieux. Donc voilà, mon mode de vie... J'entretiens les arbres, je fais aussi beaucoup d'artisanat, puisque ce que je crée ne dure pas plus de quelques années, donc il faut régulièrement réparer ou carrément refaire tous ces objets. Une grande partie de ma vie consiste également à aller en quête de nourriture. Vous vous souvenez, quand je vous disais que les animaux sont mes guides ? C'est grâce à eux que je connais les meilleurs endroits pour mes diverses récoltes. Des fruits, des herbes, du miel... Tout ce que je consomme, c'est en suivant des animaux que j'ai su où le trouver. Et quand j'ai du temps, je monte dans les arbres pour observer, de là-haut, les humains de passage. Ainsi, j'apprends beaucoup, sans même qu'ils n'aient conscience de ma présence.

Puis elle se tut. Elle avait beaucoup parlé... Alors, elle revint vers la rivière pour s'y abreuver.

- Grimper aux arbres, sauter de branche en branche, découvrir de nouveaux recoins de la forêt... Et savourer le miel. Voilà mes activités préférées.

Cela lui servait de conclusion. À présent, elle l'observait, à la fois pour jauger sa réaction et pour lui signifier que c'était à son tour de parler.
Lun 20 Fév - 18:28


Récit intéressant. S’installer à l’intérieur d’un arbre, l’aménager, le décorer et le rendre agréable à habiter. L’arbre étant mort, cette construction ne l’a pas fait souffrir. Au contraire, l’Hesperide l’a probablement renforcé et, de manière assez inattendue, le maintenait encore debout. La préservation de l’écosystème, du renforcement de la végétation, serait probablement du fait de cette « dame nature » qui s’occupe de la forêt comme de son enfant. Elle chouchoutait ce havre de paix et il le lui rendait bien. Artémis n’y avait jamais pensé. Quand il suivait un animal, c’était pour le chasser et le manger. En réalité, qui mieux qu’un animal peut dénicher de la nourriture ? Cette logique était implacable et il s’en voulait de n’y avoir songé plus tôt.

Pour être capable de se déplacer d’arbres en arbres, il fallait beaucoup d’adresse et d’agilité. Artémis ne se risquait pas tellement à cette activité. Sauf en cas d’extrême nécessité. Le ratio efficacité/survie était trop mince. Peut-être pourrait-elle lui apprendre à l’avenir. Elle était vraisemblablement amoureuse du miel. Comment le lui reprocher ? Délicieuse texture naturellement sucrée, qui se mariait très bien avec certains formages. Il pensait tout connaître de cette forêt mais il était loin du compte. De nombreuses choses lui étaient inconnues et cela l’émoustillait. Son appétence à la survie n'avait aucune limite. Loin d’avoir les compétences des chercheurs d’Opale, Artémis était un véritable ingénieur de la survie en territoire hostile.

C’était à son tour.

« De mon côté, je ne me souviens pas de ma vie antérieure à mes quinze ans. La faute à cette foutue Nebula qui vit en moi. Et encore, je l’ai appris totalement par hasard. Ainsi, j’apprends à la contrôler pour fouiller dans mes souvenirs. Mon plus lointain souvenir date d’une quinzaine d’années. Je courais dans ces bois. Il pleuvait des cordes. J’étais sale. Maigre. Poursuivi par une horde d’Incubés. Un flash. Absence totale de souvenirs. Je me suis réveillé bien après la tempête, dans une grotte, recouvert de sang. Ce sang – j’en étais sûr – était le mien. Ainsi, le Nebula m’est apparue. Vivez avec une chose qui désire s’emparer de vous, ce n’est pas folichon. Alors, je me battais contre moi-même, contre cet environnement sauvage, mais surtout pour ma survie. »

Une brise passa et il observa le soleil encore haut.

« J’ai appris à écouter l’environnement. Des sons me parviennent grâce au vent. Des traces de pas m’indiquent la race de ma cible et sa direction. Des branches cassées me confirment la direction à prendre. Après, je ne vais vous l’apprendre, il faut finir le travail. Au fil de mes voyages au-delà de ces terres, on m’a appris à utiliser mes lames, certaines armes à feu, puis à cuisiner. Ça peut sembler peu important mais c’est pourtant essentiel. Et d’ailleurs, que cuisinez-vous ? Et comment faites-vous aux nombreux dangers se trouvant ici ? »


Lun 20 Fév - 19:11
Elle l'écouta raconter ses mésaventures. Lorsqu'il mentionna cette blessure qu'il avait visiblement subie, Halie réalisa soudain qu'elle était en train de lui prendre le pouls, comme s'il pouvait encore souffrir d'une blessure probablement vieille de plusieurs années. Alors, elle s'éloigna d'un coup, murmurant une excuse. Qu'est-ce qui lui prenait, de toucher ainsi un être bien portant ? Saleté d'instincts de guérisseuse...

Néanmoins, quand il prit une pause pour observer le ciel, ce fut lui qu'elle observa, plus inquiète qu'elle ne voulait bien l'admettre. Il avait vraisemblablement subi des blessures physiques et mentales importantes... Et, si elle le pouvait, elle voulait l'aider. Mais comment ? Si elle le lui proposait, il pourrait mal le prendre, non ? Alors, elle se contenterait d'attendre qu'il lui demande de l'aide par lui-même... S'il finissait par le faire. Sinon, tant pis. Elle garderait un oeil sur lui, du moins jusqu'à ce qu'il quitte la forêt. S'il quittait le territoire de l'hespéride, cette dernière ne pourrait plus rien pour lui. Dans le cas contraire... Elle savait se faire discrète et passer inaperçue. S'il ne requérait pas d'aide, il y aurait même moyen qu'il ne soit jamais au courant de cette observation. Et puis, observer depuis les hauteurs, c'était quelque chose qu'elle aimait depuis toujours.

Mais voilà qu'il reprenait son récit. Elle se laissa transporter par ses mots, fascinée par les compétences dont il faisait mention. Certes, c'étaient des compétences dont elle n'avait pas besoin, ce qui expliquait certainement qu'elle ne les maîtrise pas, mais il était toujours intéressant d'en apprendre plus. Et puis, faire attention à son environnement, sans le blesser, c'était toujours utile, n'est-ce pas ? Surtout lorsque l'on vivait en pleine nature comme eux...

Elle hocha la tête à la mention de la cuisine. Elle comprenait que certaines personnes trouvaient cette activité importante, même si dans son cas...

- Vous pouvez y voir un point commun avec les animaux, mais... Je ne cuisine pas. J'aime les produits frais. Bon, c'est vrai qu'il m'arrive aussi d'utiliser du miel pour conserver lorsque la récolte a vraiment été bonne, mais c'est rare. Mais peu importe. Au moins, ça me tient occupée, il le faut bien, quand on vit seule...

D'où venait cette légère mélancolie ? La solitude ne devrait pas la déranger, puisqu'elle ne connaissait rien d'autre... D'un autre côté, il était vrai que ses journées se ressemblaient, si on excluait les rencontres occasionnelles qu'elle était amenée à faire. Peut-être là était l'origine de son envie de voyager, en plus d'Alae et des commerçants humains ? Peut-être voulait-elle simplement casser la routine. Après tout, après un siècle et demi, c'était naturel. Mais la demoiselle avait encore du mal à l'admettre.

Puis vint le sujet des dangers. Avec un petit sourire amusé, elle se revit éloigner un nagora d'un groupe d'humains, avec comme seuls outils un panier et un fruit, sans craindre son regard.

- Quels dangers ? Vous savez, je vis ici depuis presque 150 ans. Je fais partie du paysage, les créatures considérées comme dangereuses ne font plus attention à moi. Car elles me considèrent comme une partie de leur environnement. Elles ne sont dangereuses qu'avec ceux qu'elles considèrent comme des menaces potentielles. Et dire qu'une simple compréhension mutuelle pourrait régler tous les problèmes...

Elle marqua une pause, puis se lança :

- À mon tour de poser des questions. Je n'en ai qu'une, qui pourrait vous sembler étrange après ce que je viens de vous dire, mais... Vous pourriez m'apprendre à écouter l'environnement à votre manière ?
Sam 4 Mar - 10:20

Il se laissa faire quand elle vint prendre son pouls. Il continuait de parler et agissait comme si de rien n’était, jusqu’au moment de se rendre compte de son geste. Cela n’avait absolument rien de dangereux ou de méchant, au contraire. Un médecin œuvrant sans cesse pour le bien des autres. Hélas, elle était tombée sur la seule personne qui ne pouvait se blesser de manière permanente ou même tomber malade. Artémis allait relativement bien et personne ne pourra y faire quoi que ce soit. Finalement, son plus gros combat restait le contrôle de sa Nebula et la possibilité de retrouver ses souvenirs enfouis.

Un monde sans cuisine, c’était pour le monde vagabond un monde sans saveur. Non pas que les aliments manquaient de goût. Chacun avait sa particularité et chacun était appréciable à sa manière. Néanmoins, les différents mélanges apportaient des particularités qu’on ne trouvait dans aucune de ces singularités. Il pouvait tout à fait comprendre que l’Hesperide se contentait de manger fraîchement ses récoltes et, en cas de survie, c’était la meilleure chose à faire, mais le Portebrume prenait bien trop de plaisir à manger pour se contenter de si peu.

L’énonciation du danger l’interpella. Pour des résidents tels qu’ils l’étaient, cette forêt représentait davantage un havre de paix qu’un réel danger. Mais elle n’était pas sans savoir que de nombreux voyageurs passaient par ici, souvent avec des chargements remplis de vivres, ce qui n’échappait naturellement à l’odorat développé des espèces présentes. Des attaques de prédateurs contre des commerçants étaient finalement choses courantes. Leur chance résidait dans le fait que la forêt d’Opale, étant beaucoup empruntée, était déjà plus ou moins dénaturée, et donc moins dangereuse. Mais dans cette forêt, comme partout ailleurs, les dangers n’étaient pas forcément les animaux.

« Des dangers existent, ma chère. Je ne pensais pas particulièrement aux prédateurs habituels, dont je rejoins parfaitement votre analyse : ils nous ont accepté. Cependant, vous n’ignorez pas la présence d’êtres infâmes, manipulés par la Brume, descendant directement du Dainsbourg ou d’autres territoires perdus, qui pullulent nos contrées et s’attaquent à tout ce qui est fait de chaire. Ils représentent aussi bien un danger pour nous que pour les animaux. »

Il la laissa songer à cette problématique mais elle préféra sauter sur une autre occasion. Artémis fut assez surpris par cette question. Il lui semblait que les Hespérides étaient dotés d’une ouïe supérieure à la sienne. Peut-être pas.

« Bien sûr. Cela prend un certain temps. Je vous invite à fermer les yeux. Ressentez les choses qui vous viennent. Là, cette petite brise, appréciez-la. »

Il laissa un petit temps de silence.

« De cette brise nous viennent des sons. Le vent, les feuilles qui s’agitent, voire même certains arbres qui grincent. C’est que l’ensemble des personnes peuvent entendre en se concentrant un peu. Allons maintenant un peu plus loin. Cette brise nous rapporte d’autres choses. Des mammifères communiquent entre eux. Une mère et ses petits. Les entendez-vous ? »

Le vagabond ouvrit ses yeux. Il eut envie de partir en chasse, mais il refreina ses pulsions. Il ne mangera pas ce soir. Son compagnon du jour ne tolérerait certainement pas une telle attitude, alors il respecta et contint sans grande difficulté. La chasse n’était pas forcément un plaisir, mais plutôt une nécessité, dicté par un simple instinct de survie.
Sam 4 Mar - 11:21
Des êtres manipulés par la Brume... Elle se souvint de cette conversation avec cette étrange tritonne, Naetish, si elle se souvenait bien. Elle aussi en avait parlé... Etait-ce donc eux, ces fameux "monstres" dont elle avait également parlé ? Mais attendez. Elle se trouvait en présence de quelqu'un qui pourrait probablement la renseigner. Alors, allons-y, posons des questions :

- Hum... Vous savez, j'ai eu l'occasion de parler à quelqu'un qui a aussi mentionné ces créatures modifiées. Et elle a aussi parlé de "monstres"... Est-ce que c'est la même chose ?

Si tel était le cas, il lui faudrait revoir ses définitions. En effet, à ce moment-là, elle avait suggéré qu'elle-même puisse être un monstre aux yeux d'autrui. À présent, elle doutait. Etait-ce vraiment le cas ?

Mais voilà qu'il détournait ses pensées avec quelque chose de bien plus intéressant. S'installant confortablement, elle obéit et ferma les yeux, en confiance. Il n'en profiterait pas pour la trahir, elle en était certaine. Elle sentit le vent, l'entendit se frayer un chemin dans les feuillage. Un oiseau prenait son envol non loin, elle le suivit en pensée tant qu'elle put entendre le battement de ses ailes.
Lorsqu'il mentionna des mammifères, sa pensée revint vers le sol. Entendait-elle cette communication ? Elle dut se concentrer un peu plus. Les oiseaux, elle les percevait sans problème, les connaissant parfaitement, à force de partager le même territoire de branches, mais les mammifères, elle les côtoyait moins. Néanmoins, elle les avait souvent suivis. Alors que cette pensée se frayait un chemin en elle, elle finit par percevoir ce à quoi il faisait référence.

- Et il y a des oiseaux. Partout. Qui chantent, qui volent. Vous, les entendez-vous ?

Elle avait complètement oublié qu'il était censé lui apporter un enseignement. À présent, elle échangeait simplement, à mi-voix, au sujet de ce qu'elle percevait. Les yeux toujours fermés, elle se prit, une fois de plus, à tenter d'imaginer ce que voyaient ces oiseaux, depuis leurs hauteurs qu'elle-même ne pourrait jamais atteindre.
Mar 7 Mar - 22:35

Voici donc sa curiosité en éveil. Elle avait donc rencontré quelqu’un qui avait mentionné ces monstres. Fait assez étonnant étant donné que la plupart des personnes qui rencontraient ces choses n’étaient plus présentes pour pouvoir en parler. Artémis n’avait aucune raison de cacher cette information à sa voisine. Après tout, il n’était pas impossible d’en croiser. La Brume gagne du terrain et ses chiens venaient jouer un peu trop loin de leur domicile, s’égarant parfois jusqu’aux contrées opaliennes. L’hesperide devait naturellement se méfier du danger.

« Des monstres, hein. C’est euphémisme. Il n’existe pas de mot pour décrire ces choses. De la chair manipulée par des Nebulas, vouée à tuer tout ce qui ne leur ressemble pas. Si elles te voient, ta seule chance est de les tuer. Sentiments n’existent pas chez ces choses. »

Les yeux fermés, il pouvait poursuivre la conversation sans quitter son lien avec son environnement. Elle lui demande s’il entendait les oiseaux. Comment ne pas les entendre chanter joyeusement ?

« Oui, les voici bienheureux, ces oisillons. Si je peux me permettre, j’aimerais en savoir davantage sur la personne qui vous a parlé de ces êtres possédés par la Brume. Est-elle toujours de ce monde ? Connaissez-vous son nom ? »

Le vagabond était toujours intéressé par les histoires qui concernaient d’autres aventuriers, comme lui. Pas forcément pour se comparer à ces derniers. Il se savait relativement compétent, mais savait aussi que d’autres l’étaient bien plus encore. Dans ses nombreuses expéditions, desquelles il était souvent revenu seul, il espérait peut-être avoir des nouvelles d’anciens compagnons.

Mer 8 Mar - 10:45
Des êtres sans sentiment, hein ? Il lui serait donc facile de les reconnaître. D'un autre côté...

- Ne rien ressentir n'est peut-être pas si terrible... Honnêtement, je crois que je préfèrerais ceux qui n'ont pas d'émotions. Vous n'avez pas idée à quel point elles peuvent être encombrantes, parfois...

Elle avait parlé à mi-voix, d'une voix douce. Elle n'attendait pas vraiment de réponse, c'était simplement une remarque. Une confidence à coeur ouvert face à quelqu'un à qui elle pensait pouvoir se fier.

- Et de toutes façons, je suis incapable de tuer. Je soigne, c'est plutôt l'inverse. À moins que...

Elle effleura ses cornes, qu'elle avait toujours vu comme une gêne, au mieux.

- Peut-être qu'elles pourront enfin se rendre utile ?

Mais une autre question se posait : voulait-elle vraiment en faire une arme ? Halie n'était pas violente, encore moins une meurtrière. Supporterait-elle de supprimer une vie ? Probablement pas. Alors... Malgré ce qu'il venait de dire, elle se contenterait d'esquiver, si elle croisait l'une de ces créatures. Comme toujours. Elle passerait par au-dessus, "volant" parmi les branches.

Une question la sortit alors de ses pensées. En savoir plus sur Naetish ? Hum...

- Euh, de ce dont je me souviens, elle disait s'appeler... Nae... Quelque chose. Elle m'a parlé d'un désert, et elle était très à l'aise dans l'eau. Et pour ce qu'elle m'a dit... Apparemment, ce n'est pas elle directement qui les a vus, mais une amie. Qui a fini transformée... Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, désolée, ça fait longtemps, je ne me souviens plus trop...

Et puis, elles étaient allées de malentendu en malentendu, ce n'était clairement pas un terrain propice aux confidences prolongées. Enfin, pouvait-elle se permettre une dernière question ?

- Si je peux demander ça... Pourquoi vous voulez savoir ? Vous la connaissez ?

Bon, d'accord, c'étaient deux questions. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas.
Sam 11 Mar - 11:01

« Je comprends, oui. Il est plus aisé de s’en prendre aux personnes qui ne ressentent rien plutôt que l’inverse. Je le pense aussi. »

Il ne prit pas réellement le temps à la réflexion.

« Ne songez même pas à les soigner. D’autres ont essayé avant vous et ne sont plus de ce monde pour pouvoir nous narrer les résultats de leur expérience. J’ai pu en sauver quelques-uns au cours des expéditions, mais la tendance allait plutôt vers la mort. Mon avis serait de laisser les chercheurs, protégés dans leur labo’, réaliser leurs expériences sur victimes des cobayes ramenés directement du Dainsbourg. »

Il la laissa réfléchir. Elle semblait parler de ses cornes. Était-ce dans un but médical ou de défense ? Artémis espérait intérieurement qu’il s’agissait de la seconde option. Elle lui parla ensuite de source qui a rencontré une des bêtes. L’histoire est triste mais malheureusement courante. A l’aise dans l’eau, hein ? Cela pouvait être un élémentaire ou un triton. Le Portebrume connaissait une élémentaire mais elle ne portait pas ce nom. Il se promit de mener une enquête et de découvrir de qui il s’agissait. Le désert en question mentionnait peut-être Aramilla. C’était un début de piste.

« Rares sont les personnes qui survivent à une rencontre face à ces abominations. Alors, je prends souvent le temps d’échanger avec des survivants, j’en apprends toujours un peu plus sur l’ennemi. Et avoir de nouveaux alliés et toujours utile… même si j’ai l’habitude de travailler en solo. »

Foutu tempérament solitaire.

« Et non. Je ne la connais absolument pas. »

Un bruissement, dans un buisson, non loin de leur position, fit réagir le vagabond. Il se leva précipitamment, sans rien dire, et partit aussitôt en chasse. Repérant sa cible, il s’arrêta. Une biche. Frontalement, il n’avait absolument aucune chance de l’attraper. Elle se mouvait bien trop vite pour lui. Elle le repérait bien trop rapidement de surcroît. Il décida de prendre de la hauteur en grimpant sur un arbre. D’ici, il était à peu près certain qu’elle ne pourrait pas le repérer s’il faisait attention. Il ne comptait pas dégainer ses épées pour l’instant. Il saisit quelques dagues dans chacune de ses mains. Agilement accroupi sur une branche, presque au-dessus de sa cible, il se laissa tomber dans le vide.

Alors qu’il s’en approchait, il vit les muscles de la biche se contracter, prête à bondir et prendre la fuite. Avant que cela ne lui soit permis, le chasseur balança deux dagues sur ses flancs. Blessée, la bête partie. Artémis se réceptionna le plus habilement possible, d’une roulade, mais ses articulations craquèrent logiquement étant donné la hauteur du saut, le poids exercé sur celles-ci et naturellement la gravité. Il gémit. Cela ne l’arrêta pas et envoya immédiatement deux autres dagues au niveau de l’arrière-train. Se redressant difficilement, les membres lésés craquèrent de nouveau et le Portebrume sembla se porter bien mieux. Il le savait : il n’y avait plus qu’à suivre les traces de sang.

« Pardonnez-moi. Je ne pouvais me permettre de laisser s’en aller une telle prise, j’ai besoin de protéines. », fit-il dans la vide.

En réalité, ce message était destiné à l’Hesperide qu’il savait à proximité.

Sam 11 Mar - 11:40
S'en prendre à... Non, il avait mal compris ! Mais il ne lui laissa pas le temps de réfléchir avant de... Pardon ? Lui conseiller de renoncer à sa vocation ? Non, ça, c'était impossible. Mais elle n'avait pas envie de se disputer. Alors, elle ne fit pas de commentaire. Mais elle n'en pensait pas moins.

Néanmoins, lorsqu'ils parlèrent de la tritonne, elle lui accorda de nouveau son attention. Peut-être lui donnerait-il inconsciemment un moyen de mieux la comprendre ?

Ah. Il ne la connaissait pas. Elle ne put dissimuler sa moue déçue. Néanmoins, les évènements s'enchaînèrent si vite qu'elle n'eut pas le temps de réagir. Elle fut contrainte d'assister à une partie de chasse... Qui la ramena à des souvenirs vieux de quelques années. Lorsqu'elle avait observé une neute de loups en pleine partie de chasse, avant d'échouer en tentant de les imiter. Peut-être lui pourrait-il lui donner des techniques pour adapter la méthode de chasse des loups à un chasseur seul ? Mais le voulait-elle réellement ? Après tout, cela voudrait dire apporter la mort... Le voulait-elle vraiment ?

Perdue dans ses questionnements, elle n'entendit pas les mots d'excuse qui lui furent adressés. Au lieu de cela, elle se contenta d'attendre le retour de l'humain, attirant un écureuil pour le caresser pendant qu'elle patientait. Rapidement, elle réalisa qu'elle devait s'éloigner du feu pour apaiser son compagnon temporaire. Ce qu'elle fit, en s'éloignant de quelques pas. Elle en profita pour ramasser quelques noisettes qu'elle lui offrit. Elle en était certaine, elle aurait probablement bientôt un nouveau meilleur ami !
Dim 12 Mar - 22:18

Artémis s’éloigna de la zone où il se trouvait quelques instants plus tôt aux côtés de sa rencontre. La biche, après une belle bataille pour survivre, s’était malheureusement épuisée. Elle agonisée, paralysée et respirant de manière trop irrégulière. Le chasseur dégaina l’une de ses épées et acheva la bête de sorte à mourir d’un seul coup. Inutile de souffrir davantage et ce n’était de toute manière pas son but. Il aimait les animaux mais il devait se nourrir. Quand il ne pouvait pas les tuer d’une traite, comme aujourd’hui, cela l’agaçait.

Il hésita à ramener la biche dans sa grotte, qui n’était plus très loin, mais culpabilisait à l’idée de laisser Halie toute seule. Il pesta contre lui-même et souleva la biche pour la placer sur ses épaules. Il avait beau être un homme fort, Artémis ne restait pas moins un être humain. Et cet animal, pour un humain, pesait lourd. Péniblement mais avec des pas assurés, il retrouva l’Hesperide qui s’était légèrement déplacée, maintenant accompagnée d’un écureuil. Il craignait sa réaction à la vue de l’animal mort sur ses épaules. Selon lui, le mieux était de prendre le taureau par les cornes.

« Ce n’est ni pour aujourd’hui, ni pour mon plaisir personnel. Il s’agit ici de ma survie. Je sais que nos coutumes et croyances sont différentes, sauf que j’ai besoin de protéines pour faire ce que j’ai à faire. Beaucoup de protéines. J’aurais préféré ne pas vous montrer cela, mais j’aurais été contraint de vous laisser un long moment. C’était une proie facile et j’ai sauté sur l’occasion. Veuillez m’en excuser. »

Lun 13 Mar - 11:22
Lorsque l'homme revint, elle laissa l'écureuil sauter de ses bras pour aller vivre sa vie un peu plus loin. Songeuse, elle l'observa jusqu'à ce qu'il tourne au détour d'une branche, se soustrayant au regard curieux. Elle se concentra alors sur son voisin. Elle secoua la tête en entendant ses mots d'excuse :

- Non, ne vous excusez pas !

Elle détourna le regard, le temps de trouver ses mots.

- En fait...

Attendez, avant de parler, il fallait savoir exactement ce qu'elle voulait dire. Silence. Puis elle reprit :

- ça va peut-être vous surprendre, mais j'admire les techniques de chasse des loups. Cependant, je n'ai jamais réussi à les imiter. Mais vous êtes seul, et vous avez obtenu le même résultat qu'eux... Comment vous avez fait ?

Elle laissa passer un nouveau silence, puis lança :

- Enfin, vous dites que vous ne vouliez pas me laisser seule ? ça me touche, mais vous savez, j'ai toujours vécu seule, ce ne sont pas quelques heures qui vont y changer quoi que ce soit. Même si j'avoue que maintenant, je suis curieuse. J'aimerais voir où vous vivez, je peux vous accompagner ?

Certes, elle avait formulé sa demande sous forme de question, mais elle commençait déjà à jeter de la terre sur le feu pour l'éteindre, comme si l'homme ne pouvait pas refuser de la laisser l'accompagner... Et ce n'était pas complètement faux. Après tout, même s'il refusait, elle pourrait toujours le suivre depuis les branches. On ne se débarrassait pas si facilement d'Halie si on avait réussi à obtenir son affection !