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[Event] Le Reclus

[Event] Le Reclus - Page 2 Brandw10
Dim 14 Mai - 20:06

C’était fini ? Le Reclus était définitivement. Artémis en eut la confirmation quand il vit ce dernier disparaître pour de bon. Tant de personnes, tant d’efforts pour venir à bout d’un seul être. Cette abomination était d’un niveau incommensurable. Le vagabond, qui avait beaucoup voyagé, affronté de nombreuses entités, toutes plus étranges les unes que les autres, n’avait encore jamais affronté une telle puissance. Maintenant que l’affrontement était terminé, il s’avouait à lui-même que la mort lui avait susurré des mots à l’oreille. Heureusement que Jessamy avait soufflé une solution à l’ensemble du groupe.

Un cristal apparut suite à l’évaporation du Reclus. Son intensité montrait bien qu’il n’avait rien de commun. Artémis fut attiré, envouté par cette chose, jusqu’à ce qu’une répulsion interne lui interdît de poursuivre sa marche. Prends ce cristal et tu seras éternellement malheureux, lui balança la Nebula. Il retrouva alors ses esprits et la remercia pour ce conseil. Il n’y avait qu’à voir l’état de l’être qu’ils venaient de battre pour envisager l’avenir que présageait un tel cristal. Devenir un errant, immortel et sans but. Cette simple pensée révulsa le Portebrume qui s’en détourna.

Les derniers mots du Reclus, « je voulais », disait-il. Que cela signifiait-il ? Dans un dernier élan d’humanité, il avait abandonné ces derniers mots de sa conscience. Que voulait-il ? Atteindre les cieux ? Un rêve souhaité par beaucoup et malheureusement réalisé pour trop peu. Les aventuriers n’auront jamais la réponse à ce mystère, s’ils s’intéressaient un temps soit peu à ces paroles. Cela n’était que peu de chose, mais Artémis savait que les paroles du malheureux résonneront longtemps dans sa tête. Ce n’était pas faute d’avoir essayé de discuter avec lui. Inutile de te morfondre, reprit la Nebula. Elle avait probablement raison.

« Nous ferions mieux de quitter les lieux. Peut-être que nous avons vaincu le Reclus, mais qui sait ce qui peut encore nous tomber dessus. »

Bien trop de temps passé ici. L’heure était au départ. Ils n’étaient pas encore tirés d’affaire et le vagabond en avait pleinement conscience.


Résumé:
Dim 14 Mai - 20:56

LA POURSUITE DU
SECRET ORIGINEL

Partie II - Le Reclus


Le corps sans vie du Reclus s’était échoué après le combat le plus difficile et le plus éprouvant qu’elle n’avait jamais vécu.  

Jamais elle n’avait ressenti une telle connexion avec le jaguar. Il n’était pas totalement elle, mais pas tout à fait autre chose non plus. Elle n’avait toutefois pas eu le temps d’apprécier ces liens diffus. Elle s’était... Elles s’étaient ? Jetées au combat.  
Les choses s’étaient déroulées à une vitesse folle. Le jaguar avait tenté d’occuper le Reclus, mais celui-ci était intelligent. Retords. Cependant, elle n’était pas seule et comme elle, ses compagnons se mirent en action.

Il se créait une complicité spéciale lorsque l’on combattait pour sa vie en compagnie de certaines personnes. Elizawelle avait d’abord une grande confiance en Asgrevain, l’incroyable et vertueux automate avec qui elle s’était déjà aventurée sous la Brume auparavant. Pouvoir compter sur une personne de confiance l’avait apaisé.  
Artémis, quant à lui, avait gagné sa confiance quelques heures plus tôt. Ils avaient affronté ensemble ce foutu clocher de cauchemar. Elle s’en voulait toujours de s’être enfuie de cette façon lors de ce terrifiant tremblement de terre, mais maintenant qu’elle avait vu le loup, elle savait qu’il la comprenait.

Réno avait à son tour prouvé sa valeur contre ces foutus insectes dans les lugubres souterrains de Dainsbourg. Connaissant déjà son nom et son visage, Elizawelle avait été heureuse de constater que sa réputation n’était pas usurpée. C’était un combattant aguerri et un stratège efficace, et la jeune aventurière était honorée d’avoir accompli cette mission à ses côtés.
Elle avait ensuite rencontré Jessamy et avait été impressionnée par sa ténacité. D’allure chétive, elle n’avait pourtant pas faibli et avait combattu avec pugnacité malgré les douleurs qui se devinaient avec sa canne et qui se lisait parfois sur ses traits. Elle avait été astucieuse, bien préparée et avait posé un regard sensible sur la situation du Reclus.  

À eux cinq, ils formaient une sacrée équipe.

Le jaguar lui transmettait des informations. Elizawelle avait maintenant deux paires d’yeux, deux nez, deux corps pour tout ressentir. Ses consciences étaient à la fois liées et séparées, d’une manière aussi troublante que naturelle. Ce que ressentait le jaguar lui parvenait comme au travers un filtre, mais elle ressentait que cela s’opérait également dans le sens inverse. L’Elizawelle qui se trouvait dans le jaguar n’était pas moins « elle » que celle dans son corps humain et elle n’avait pas besoin de se soucier de ce qu’elle faisait : elles avaient leur propre conscience, mais agissaient en parfaite harmonie.  

Ce fut le jaguar qui lui ouvrit la voie pour porter un coup direct : malgré le regard insistant du Reclus dont un œil la fixait intensément, sa balle vola à l’endroit exact où se trouvait la lueur brillante que son échange de regard avec Jessamy lui avait indiquée. Elle n’étouffa qu’un grognement en constatant que la lueur remontait à présent le long de son bras : elle ne l’avait pas touché, mais cela confirmait que c’était ce que la créature tentait de protéger : un point vital. Elle se prépara à bouger, prenait du recul pour recharger, lorsque la Brume se mêla à l’histoire.  

Le temps s’arrêta.  

Ce n’était pas qu’une métaphore. La Brume s’était épaissie, dissimulant à Elizawelle les détails de la scène depuis sa position éloignée. Le jaguar, lui, perçut cependant l’intégralité de la scène. Il ne perdit rien des actions d’Artémis, Jessamy et Asgrevain, mais surtout, il vit le pouvoir de la Brume à l’œuvre, puis le bras inflexible de Réno transpercer la lueur qui avait migré vers la poitrine du monstre.  
Le temps redémarra lorsque la chose, semblable à un cristal, roula sur le sol. Simultanément, le corps calamiteux du Reclus s’effondra.

Le silence qui suivit fut mille fois plus bruyant que le combat. Pendant un instant, immobiles, ils retirent leur souffle. La Brume se dissipa avant qu’Elizawelle se décide à prendre une inspiration. Au même moment, le jaguar s’effaça et la sensation d’avoir deux corps avec lui. Elizawelle chancela.  
Elle avait l’impression qu’elle allait s'effondrer. Jamais elle n’avait ressenti une telle fatigue. La pression retomba et avec elle l’adrénaline qui la maintenait jusqu’alors debout. Elle posa un genou au sol. Ayant intégré les souvenirs, mais aussi les blessures du jaguar, son corps était couvert de contusions et elle subissait le contrecoup de l’utilisation de ses pouvoirs.  

– On dirait un cristal, murmura-t-elle sans énergie.  

Elle n’en avait jamais vu de tels, mais elle ne s’expliquait pas ce que ça pouvait être d’autre. Il avait cette allure, à la fois moderne et ancienne, qu’avait certains des artéfacts qui provenant des ruines de la Brume. De plus, c’était sûrement la seule explication aux incroyables capacités de régénération qu’avait présentées le Reclus.
Elle se pencha pour le ramasser, le saisit dans sa main. Au début, rien ne se passa, puis elle se sentit immédiatement mieux. Elle sentit ses plaies se refermer et ses contusions disparaître. Avant la fin du processus, Elizawelle avait déjà reposé le cristal par terre.  

– Je n’en veux pas, décida-t-elle d’une voix faiblarde.

À ce moment, Elizawelle s’effondra.  

Elle se réveilla quelques instants plus tard, son énergie à un niveau désastreux. Elle peina à se remettre sur pied, soutenu par la volonté de fer qui ne la quittait pas. Ses aventures précédentes lui avaient appris une chose importante : elle avait vu tant de ses camarades mourir au retour d’un voyage, rendu insouciant par l’accomplissement de leurs objectifs, qu’elle ne sous-estimait plus cette étape importante. Elle ne serait pas en état de se battre, mais si ses camarades la supportaient, elle parviendrait à retourner en sécurité.

Comment se portait l’autre groupe, celui parti à la poursuite de Stolos ? Avaient-ils réussi, eux aussi, à atteindre leur objectif ? Le leur ne lui apportait aucune satisfaction. Tuer cette créature immonde était évidemment nécessaire, mais l’aventurière n’en avait éprouvé aucun plaisir. À présent qu’elle avait le temps de réfléchir, des millions de questions remontaient comme des bulles dans son esprit exténué. Qui avait-il été ? Comment était-il devenu ce qu’ils avaient affronté ? Quel lien cela avait-il avec la catastrophe de Dainsbourg ? Repensant à Krista, elle se demanda si celle-ci avait trouvé les réponses à ses questions.
Lun 22 Mai - 1:06
Le sang pétrole jaillit dans sa gueule et bave le long de ses babines ; son encre trace un récit noir sur la peau à la blancheur de papier. L’écriture est dégoulinante, rampante, férale ; elle marque à vie la créature qui a enclenché son dénouement. La lueur de ses yeux rougeoyants s’éteint un instant ; ses paupières se ferment. Jessamy ne voit pas la lueur trouver refuge dans le thorax de sa proie. Elle n’entend que le bruit spongieux du fer empalant la viande.

Et se sent glisser.

La peau se flétrit sous ses crocs, laissant sur sa langue un arrière-goût de cendre. La carne lui semble devenir matière friable, comme si elle avait enfoncé ses griffes dans du sable mouillé.
Elle se sent plonger. Descendre en rappel dans le corps qui se délite, dans cette vieille caverne où s’entrechoquent trois syllabes. Bientôt, son propre corps retrouve la pierre. Jessamy rouvre les yeux. Elle est agenouillée au milieu de la poussière, ses paumes crispées sur le sol. Jamais une proie ne lui avait ainsi échappé, s’effaçant dans son agonie entre ses doigts. Sa mâchoire se serre. Sa poitrine se soulève doucement. Les plumes sur les côtés de son crâne s’affaissent un peu. Son regard vide fixe ses mains tout aussi vides. C’est fini.

Son attention est happée par la chose qui a roulé non loin. Elle lui fait penser à un bijou, d’abord — quelque chose de précieux. À la lueur du bras faible de l’évaporé. À une sorte de cœur, peut-être. Artificiel comme le métal qui jaillissait de sa carcasse. Peut-être est-ce pour cela que les autres s’en méfient ? Pourtant la femme à l’alter fauve s’empare de ce qu’elle nomme un cristal. Jessamy penche la tête sur le côté ; quelque chose en elle semble changer. Puis, elle rejette l’artefact, et s’écroule.

« Oh non… »

Le souffle court, Jessamy se traîne auprès de la combattante. Sa main griffue entoure délicatement son épaule comme pour cueillir un oiseau blessé. Elle cherche les signes de vie sur son visage, cherche son souffle en tendant l’oreille. Lui aurait-elle ponctionné trop de force, tout à l’heure ? Un soupir de soulagement s’échappe de ses lèvres en la voyant s’éveiller. Elle se rend compte que son propre faciès est encore barbouillé de l’hémoglobine de leur victime, qui goutte dans ses cheveux et sur ses vêtements, tache l’émail de ses crocs dévoilés par le sourire. Elle s’essuie la bouche et le menton d’une main, laissant une trace charbonneuse sur sa peau de lait.

Le chasseur les rappelle à leur situation, et Jessamy ne peut qu’approuver. Sans trop réfléchir, elle se saisit du cristal gisant sur le sol, reliquat de leur traque. Un souvenir. Sans doute pas un héritage… Mais la seule chose qu’il lui reste, du moins, de cette bête désespérée qu’elle a voulu sauver.

« Je prends le truc brillant. Pour le moment… », lâche-t-elle en plongeant le joyau à l’intérieur de sa veste.

Elle ignore ce qu’il implique, et n’a pour indice que des regards suspicieux. La Brume reste muette, vaporeuse au-dessus de leurs têtes — étrangement plus présente qu’alors. Elle délie son corps fébrile dans un grognement, soulevant le nuage de poussière. Rejoint en traînant des pieds le mur où sont appuyés sa canne et son sac. Accroche le paquetage sur son torse, pressant sa nouvelle trouvaille contre sa poitrine. Son bâton en main, Jessamy se tourne vers ses compagnons d’armes.

« Allons-y doucement, alors. »

Son regard dévie sur les traces poussiéreuses du corps du Reclus. Sa gorge se serre. Sa poigne se raffermit sur le bec de sa canne. Ses omoplates et sa colonne vertébrale commencent à la tirailler ; les effets de la potion sont en train de s’estomper.
Il lui faut sortir de ce tombeau.

Mar 6 Juin - 18:16

POST MJ : EPILOGUE

Alors que chacun reprend son souffle, que l'anxiété disparaît peu à peu et qu'un calme pesant règne sur les souterrains, vous vous retrouvez bientôt à vous questionner sur votre nombre. Dans la terre, des traces de pas indiquent que le membre moquant du groupe, Réno, s'est volatilisé. Ou plutôt que quelque chose a attiré son attention, si ce n'est pas la Brume elle-même qui l'a guidé vers un élément important, dissimulé sous Dainsbourg. Car les secrets enterrés ici sont bien plus nombreux qu'il ne le semble à première vue.

Armés de courage et avec les quelques forces qu'il vous reste, vous décidez de lentement faire la procession pour retrouver votre camarade disparu. À certains endroits, les réseaux de grottes semblent avoir été aménagés par l'Homme au point où les murs, couverts par la crasse et la poussière, sont en vérité richement décorés. Il y a longtemps, on se réunissait ici. Pourquoi ? À mesure que vous progressez dans la zone, des motifs au sol se découvrent sous vos pieds : ici un carrelage, là des marches bien découpées. Les tunnels deviennent des couloirs aux nombreux embranchements, mais vous décidez de rester sur la piste de Réno.

Après une dizaine de minutes et quelques escaliers descendus, dont vous avez précautionneusement allumé les torches fixées au mur pour servir de repères, vous voyez une silhouette se dessiner devant vous. Celle du Patrouilleur, vraisemblablement à l'entrée du pièce imposante baignée par la lumière ; une partie du plafond est effondrée et donne directement sur la ville au-dessus. En son centre, une sorte de piédestal règne au milieu du vide, isolé.

[Event] Le Reclus - Page 2 Cdzfeda

Le vétéran vous a entendus arriver. Il soupire tout en se tenant à la paroi avec sa main, par mesure de sûreté. Sous ses pieds, plusieurs dizaines de mètres avant une quantité indéfinissable d'eau au fond.

« - Qu'est-ce que c'est selon vous ? À la base, je pensais qu'il s'agissait d'une sorte de citerne... »

Il se retourne vers vous, son visage reflète une fatigue soudaine. Mais pas celle liée à un effort colossal ; vous pouvez le sentir que le vieux patrouilleur a mis le doigt sur un élément important de sa quête. À mieux y regarder, vous pouvez voir une sorte de levier sous sa main.

« - C'était avant que je découvre ceci, » explique-t-il en actionnant la manivelle.

Vous pouvez entendre un « cloc » émaner des parois quelques secondes avant que d'étranges rayons énergétiques émanent des piliers qui soutiennent les murs alentours pour se réunir au centre de la pièce, là où se trouve l'îlot, créant un dôme qu'il serait visiblement mal avisé de traverser.

« - On dirait un dispositif de sécurité. Reste à savoir s'il était prévu pour garder quelque chose d'y entrer... ou d'en sortir. »

L'homme à la voix rauque a visiblement une petite idée sur la question. Après avoir désactivé le système, celui-ci jauge la distance qui le sépare de l'étendue aqueuse... et saute. L'instant d'après, l'homme a disparu dans un « plouf » sonore... puis remonte à la surface. Après s'être rapproché du pilier central, vous pouvez le voir l'escalader, infatigable, jusqu'à atteindre son sommet après plusieurs minutes de suspens. Une fois redressé, il vous invective :

« - Envoyez moi une corde ou quoi que ce soit qui puisse servir de pont. »

***

Il n'aura fallu que cinq minutes au Patrouilleur pour trouver un point d'attache de son côté, tendre la corde et, tel un funambule, revenir vers vous sans encombre. Alors que vous l'aidez à la réception, celui-ci affiche une expression grave tout en déposant son sac et en dévoilant une sombre trouvaille issue de l'îlot :

« - Je pense avoir un élément de réponse. »

Sous vos yeux ébahis, vous voyez ce qui ressemble aux morceaux d'une statue : deux avant-bras tatoués de glyphes mystérieux, aux poignets enfermés dans une paire de menottes. En y regardant de plus près vous apercevez même qu'il ne s'agit pas simplement de pierre... mais plutôt de chair et d'os pétrifiés par un procédé inconnu.